je devais faire vite, trouver un plan d'action et me dépêcher de l'exécuter. Déjà, me fondre dans la masse ne m'apparaissait pas comme une mauvaise idée, bien au contraire. Je devais continuer de me mêler à la foule, de faire ce que je pouvais pour passer inaperçu au possible, le temps que je débusque les loups garous et autres hybrides, et aussi que je parvienne à mettre la main sur Aurora. Je devais faire preuve d'une prudence extrême, mais je faisais confiance à mes pouvoirs pour m'aider le cas échéant ; il n'y avait pas à dire rien ne remplaçait l'expérience de la puissance. J'étais capable de tout faire à tout moment, et j'étais donc à peu près certain de m'en tirer sans encombre de ce qui s'appellerait peut être bientôt une embuscade, mais le but n'était pas simplement de s'en tirer à bon compte, mais aussi d'obtenir gain de cause. Il me faudrait donc être aux aguets, prêt à tout pour remporter la mise. Je me rapprochais d'une humaine que je venais de repérer ; elle se présentait sous le prénom de Sasha. Je lui souris, sans pour autant ressentir la moindre joie ou la moindre satisfaction, mais c'était le propre des démons d'imiter à la perfection le commun des mortels, sinon comment les infiltrer pour faire notre office ? Elle me dit de ne pas m'inquiéter, que les organisateurs allaient probablement se manifester et que tout devait avoir été prévu à l'avance. Aucun souci pour moi. Sasha avait l'air gentille. J'adorais m'en prendre aux personnes gentilles. Si les choses tournaient au vinaigre, je saurais tout de même avec qui je pouvais faire l'apologie du chaos. La manipulation était de mon côté. Je pris cependant l'attitude la plus civile possible, souriant et semblant on ne peut plus honnête aux yeux de ce monde que j'exécrais.


| Oui, pourquoi pas ? Il va vite faire chaud dans ces sous bois avec tout ce monde. D'autant qu'il y a du catch masculin et féminin de prévu, de quoi faire monter la température!| | plaisantais je


C'est alors qu'un homme arriva. Je prenais une grande inspiration et sondais son âme, une curieuse sensation m'envahissant. Un loup garou. La dernière fois que je l'avais vu, il défendait la lupa, sous sa forme lupine, grognant et hurlant après moi. Sale bête. Il devait m'avoir reconnu aussi ; j'avais pu témoigner de l'effet saisissant que nos deux « espèces » pouvaient se faire en elles. Mais je me doutais qu'il ne se transformerait pas ici ni maintenant, dans le sens où il y avait trop de témoins. Rapporterait il ma présence à la lupa, cette Mary Wellesley qui devait maintenant avoir fait alliance avec Aurora en me trahissant ? Je n'en savais rien. Je comptais lui signaler ma présence sans provoquer la meute ni éveiller les soupçons de l'humaine, qui commanda un kir royal.


| Moi, ce sera un whisky. Un talisker, si vous avez. Peu importe le prix, on est là pour ça, non ? |


Sasha faisait l'animation, dirait on. Je me tournais vers le loup garou.


| Et vous monsieur, aimez vous les loups ? Peut être pourriez vous nous présenter à l'organisatrice de l'évènement ? J'aimerais beaucoup la .. rencontrer. |

Mary s’avança bien vite pour régler le « problème » par elle-même. Lorsqu’elle nous ordonna à tous de nous en aller, je ne pus m’empêcher de lancer un regard vers Johan. Non je n’étais pas inquiète pour lui. Je savais que ma Lupa n’était haineuse qu’envers moi. Le libraire était un jeune loup dans la meute. Elle le remettrait à sa place, sans le brusquer, juste avec des mots puis irait occuper la fonction qu’elle s’était attribuée et que j’ignorais d’ailleurs. J’avançais avec mes compagnons lycanthropes, restant en retrait tout de même par rapport à eux. Je me baissais, faisant mine de chercher une boucle d’oreille que j’avais mise dans ma main, pour gagner encore un peu de temps. Bien que je savais qu’il n’arriverait rien à l’homme, je ne pouvais pas m’empêcher de l’attendre et de m’en rendre compte par moi-même. D’ailleurs s’il y avait besoin, de lui intimer de se calmer et de ne pas en vouloir à notre chef, pour le rôle qu’elle m’avait donné. Vraiment cela ne me dérangeait absolument pas, encore moins en sachant que tous mes frères étaient présents. Rien ne pouvait m’arriver et je préférais ma place à celle d’Alexander qui allait devoir prendre des photos avec des inconnus toute la journée, sous sa forme lupine. J’entendis plus que je ne vus Mary s’éloignait dans les bois et rejoindre l’assistance. Ce ne fut qu’à ce moment là que je me retournais pour voir le père souriant. Bon au moins cela ne s’était pas si mal passé finalement. Je fus on ne peut plus étonnée par contre lorsqu’il me prit par la taille si bien que je n’eu pas le temps de réagir. Je le laissais faire, alors qu’il me dire que nous en discuterons plus tard. Je regardais dans la même direction que lui quand il jeta un coup d’œil aux alentours et fut encore plus surprise quand il me vola un baiser avant de s’en aller. Je restais figée quelques instants, avant de secouer la tête comme pour me réveiller et lui emboiter le pas, lentement. Je ne comprenais vraiment rien aux hommes c’était indéniable. Pourquoi avait-il fait cela ? Pour me remercier ? Pour « marquer son territoire », comme l’avait fait plus tôt un de ses frères loups en se vautrant sur moi ? Ou est-ce parce que … ? Allez savoir. Oh cela n’avait pas été désagréable, on parle tout de même de Johan là. D’ailleurs c’était pour ça que je n’en revenais pas. Parce qu’il s’agissait du loup le plus timide que je connaissais.

En attendant il me fallait sortir de ses pensées et me dépêcher si je ne voulais pas subir – une nouvelle fois – le courroux de Mary. Je débouchais bien rapidement sur l’assemblée qui se pressait autour du bar. On pouvait voir James qui semblait sur tous les fronts et quelque part, être dans son univers. C’était à se demander s’il n’avait pas exercer ce métier. Je me forçais à ne pas regarder le loup surprenant et me mêla à la foule. Je passais à côté de ma Lupa, et senti tout de suite que l’homme à côté d’elle, se présentant comme M. Fontayn n’était pas humain, ni lycanthrope d’ailleurs. Son odeur était… Etrange, fascinante, pleine de mystère. Je ne pu m’empêcher de tourner la tête vers lui et de le dévisager, un peu comme une femme ayant vu un homme qui lui plaisait, alors que je n’avais pas fait attention à son physique. Je butais contre une silhouette et j’entendis un liquide se déverser sur des vêtements. Oh pas sur les miens – et heureusement car je me serai faite bien engueuler par l’organisatrice de l’évènement – mais sur ceux de…

♪ Makayla ? Oh excuse moi, je ne t’avais pas vu. Attends, Suis moi ♪

Ne voulant pas que Mary ne s’aperçoive que je venais de salir la tenue d’une de ses invités, je pris la main de la jeune femme, fermement, et l’entraina jusqu’au bar où se trouvait…. Oh non tout mais pas lui. J’eu un léger arrêt avant de finir ma route, comme si de rien n’était. Je fis signe à Johan de venir jusqu’à moi, James étant occupé par le démon. Je lui dis un peu confuse de ma maladresse et toujours un peu confuse par son baiser aussi

♪ Tu peux me passer une serviette mouillée s’il te plait. J’ai heurté cette demoiselle et j’ai bien peur d’avoir tâché ses vêtements. D’ailleurs, encore une fois, je suis vraiment désolée Makayla ! On peut pas dire que ce soient les meilleures retrouvailles possibles pour toi ! ♪

J’étais à la fois contente et étonnée de voir la jeune femme. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu et même si nous n’avions pu eut de nouvelle l’une de l’autre, j’avais toujours un sentiment très sympathique envers elle. Elle appartenait à un pan de mon passé on ne peut plus heureux. Du coup, le fait de la revoir ne pouvait que me faire plaisir. On sortait souvent avant, quand elle ne gardait pas Savannah pour moi.

Faire le barman ne l'amusait pas particulièrement, mais c'était un rôle convenable. C'était une histoire de rapidité et de gentillesse, de sourire aux clients qui se présentaient et de les servir rapidement. Et James assurait vraiment comme un chef, ce qui l'aidait beaucoup à lui-même garder une certaine contenance. Ses yeux détaillaient les visages, s'arrêtant parfois sur une odeur, une impression, un ressenti étrange. C'était fugace, parfois, et à d'autres moments, fort. Une odeur qu'il connaissait le fit lever la tête et voir Mlle Oppenheimer, la policière qu'il avait rencontré à la bibliothèque, et il lui fit un petit signe de la main pour la saluer, accompagnant ce signe d'un sourire. Il n'avait pas eu de nouvelles d'elle depuis leur rencontre, donc il concluait que tout allait relativement bien pour elle. Tant mieux. Pas de nouvelles, bonne nouvelle, comme le dit le dicton.
Une jeune fille s'accouda au bar et lui demanda qui était la personne qui parlait avec Mademoiselle Beauregard. Surpris, le lycanthrope chercha de qui elle parlait et tomba sur Mary, en pleine discussion avec une jeune femme très séduisante et un jeune homme. Poliment, avec un sourire sympathique, il répondit, servant un verre à un autre client au même moment :

« Mary Wellesley, l'organisatrice de l'événement. »

Pas besoin de plus d'informations.

La demoiselle s'éloigna après avoir obtenu l'information et il put donc se concentrer sur sa tâche. Enfin, jusqu'à ce qu'une odeur forte, dérangeante, le trouble encore une fois dans son travail. Caïm. Celui qui était venu lors de son entrée dans la meute, celui avec son odeur qui donnait envie de fuir. Johan échangea un regard de connivence avec James, qui était celui des deux situé le plus proche de l'homme et de Mlle Oppenheimer, qui se retrouvait à discuter avec lui. Le blond aurait voulu lui dire par un simple regard de s'éloigner de cet homme et de ne pas lui parler, mais il ne pouvait pas faire ça. S'il le faisait, Mary allait réellement lui arracher les yeux. Il se contenta donc de pincer un peu les lèvres et de laisser James s'occuper de servir les deux clients.
Au loin, il vit Isadora se rapprocher du bar et bifurquer vers lui en voyant Caïm. Réflexe identique et compréhensible. Elle était accompagnée de la jeune fille qui lui avait précédemment demandé qui était Mary, une jolie tâche d'alcool ornant désormais ses vêtements. Il grimaça un peu et la fit venir plus proche du bar, s'assurant que Mary ne voit pas la gaffe de la louve.

« Oui, attends, je vais en chercher une du côté de James. »

Quelques pas pour aller chercher une serviette mouillée à côté de l'autre lycanthrope, assez pour capter quelques mots de Caïm. Aimez-vous les loups. Il savait évidemment ce qu'ils étaient. Johan revint vite près d'Isadora et de Makayla, comme elle l'avait appelée, donnant la serviette mouillée à la lycanthrope. Leurs mains s'effleurèrent, il ne put résister à la tentation de la serrer un peu avant de lui laisser la serviette, se redressant pour vérifier que la lupa était toujours occupée avec Mlle Beauregard et l'autre invité. Tout était beau. Un petit signe de pouce levée en la direction d'Isadora et de la jeune femme, avant de servir un verre à un nouvel arrivant au bar.

« Ça va, elle ne regarde pas par ici. »

J'étais là, pour le moment, je ressemblais à un plot au milieu d'autres plots, enfin plus ou moins. Les animations ne commençaient pas encore. Pourtant, même si le catch ne m'intéressait pas du tout, ce serait mieux que rien. Je demandais donc à un barman, le blond qui était la femme qui discutait avec Camille et Aurora et il me répondit simplement que c'était l'organisatrice de cette journée, Mary Wellesley. Je garderais un oeil sur elle, on ne sait jamais ce qui peut arriver dans des rassemblements comme celui-ci. Je m'éloignais donc, ne regardant pas tellement devant moi. Quand on me fonça dessus. Et bien, la journée semblait être vraiment génial. J'aurais pesté haut et fort mais celle qui venait de renverser de l'eau ou je ne sais trop quoi sur mes vêtements n'était autres qu'Isadora que j'avais cru voir. Ainsi elle était là. Le fait que ce soit elle me donna le sourire. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu. Mon dernier appel en date n'avait pas aboutis, je l'avais cru morte pendant un moment avant de me rappeler le proverbe suivant : "Pas de nouvelles, bonnes nouvelles", même si je me doutais que ce ne devait pas être le cas pour la jeune femme. Elle fut apparemment aussi étonnée que moi voir plus de me retrouver ici. Pour des retrouvailles, c'était pour ainsi dire renversant. Elle ne m'avait pas vu, mais moi non plus, sinon j'aurais essayé de l'éviter. Mais bon ce n'était pas grave. Mes vêtements étaient tâchés, tant pis, je n'en avais pas de rechange, enfin, il ne me semble pas en avoir mis dans la voiture. Et puis je n'allais pas ressortir maintenant, ce serait bête. Isadora et le barman semblait bien se connaître. L'avais-je déjà vu à son appartement ? Je ne pense pas, après, je n'ai jamais été là à épier les moindre gestes de mon ancienne voisine. Elle était tellement désolé de m'avoir renversé cela dessus.

" T'en fait pas, on va juste croire que j'ai un peu trop bu et que j'en ai renversé sur mes vêtements. La honte ne m'a jamais tué, tu le sais bien ça. Savannah a bien déjà renversé de la nourriture sur mes vêtements. D'ailleurs, elle va bien ? Et toi ça va ? Comment cela se fait que tu sois partie comme ça d'un coup ? J'ai essayé de t'appeler sur ton portable mais l'appel n'a pas abouti, tu en as changé ? Désolé, ça fait beaucoup de questions ... "

Et encore, j'en avais bien d'autres à lui poser. Bref, je nettoyais donc un peu la tache d'alcool sur mes vêtements. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. J'étais contente de la retrouver. Je me retenais de la prendre dans mes bras, mais si elle était une employé pour la journée, elle ne pouvait sans doute pas se permettre trop de familiarité avec moi. Enfin, de toute façon, nous aurions l'occasion de se nous retrouver un peu plus tard sans doute, dans un moment de calme.

Ais-je rêvé où Johan… Non j’avais du imaginer. Pourtant, j’étais certaine qu’il avait esquissé un geste encore moi en me tendant la serviette mouillée que je lui avais demandé pour nettoyer la tâche que j’avais fais à Makayla. J’étais à la fois certaine qu’il m’avait légèrement serré la main en me passant le tissu, et à la fois persuadé que j’avais du rêvé. De toute manière il y avait bien longtemps que je ne comprenais plus les hommes – fallait-il encore que j’ai ce savoir avant – et ce n’était pas aujourd’hui qui allait combler mes lacunes. Entre Alexander et le libraire, je ne savais plus où donner de la tête. Je ne savais pas à quel jeu ils jouaient et je n’étais pas sûre d’aimer ce dernier. J’en sais rien. En fait c’était ça le problème, et bien entendu, j’étais trop tétue et… timite ? Oui c’est ça, timide pour leur demander directement. Je craignais la réponse que j’aurais, quelle soit ou non agréable à entendre. Et puis deux loups se battant, ce n’était pas du tout le moment. Je me contentais donc de lui sourire un peu gênée, avant de me tourner vers l’humaine et m’excuser sincèrement pour ma maladresse. Je ne l’étais pas d’habitude, mais le brin avec qui ma Lupa discutait m’avait troublé. Je lançais d’ailleurs un nouveau un regard vers lui, avant de me détourner vers le démon qui parlait avec James. Je ne me sentais pas du tout en sécurité et j’étais crispée sur mon fauteuil, bien que je cachais plutôt bien. Je me reconcentrais sur mon ancienne voisine, à qui j’allais devoir mentir, optique qui ne m’enchantait pas. Si je n’avais pas gardé de contact avec les personnes présentes dans mon « ancienne vie » c’était tout simplement parce que je ne voulais pas être obligée de leur raconter des mensonges à longueur de temps. Au pire, il y avait Johan pour m’aider. Ouais, je ne pus m’empêcher de cela, au moment même ou il m’assura que Mary ne regardait pas dans notre direction. Tant mieux, je n’avais pas envie de rallonger la liste des choses qu’elle pouvait me reprocher. Je lui fis un sourire un peu tendre, avant de répondre aux tonnes de questions de Makayla. Je ne pus m’empêcher de rire quelques secondes d’ailleurs en l’entendant s’excuser pour ses interrogations. Oui vraiment elle ne semblait pas avoir changé et c’était agréable, vraiment agréable

♪ Normalement si tu appliques bien le chiffon mouille dessus, ça devrait partir. Ca sèchera vite. Alors pour te répondre. Aux dernières nouvelles elle va bien. Toujours égale à elle-même, aussi caractérielle et adorable qu’avant. Elle me manque affreusement et c’est toujours aussi dur de vivre sans elle. Je l’ai de temps en temps au téléphone ou par mail. Si tu veux je te donnerais ses coordonnées ? Elle sera contente j’en suis sûre d’avoir de tes nouvelles. Moi, disons que ça peut aller, mieux beaucoup mieux. Je suis partie parce que… ♪

J’ai été mordue par un lycanthrope et je suis devenue moi aussi une louve-garou ? Non je ne pouvais pas lui dire ça. Cette partie là de l’histoire allait devoir rester secrète. D’ailleurs la version officielle était que j’avais été victime d’un malade qui m’avait gardé pendant un mois, avant qu’on finisse par me retrouver et me libérer. Je poussais un soupir avant de reprendre.

♪ … Je ne pouvais pas rester. C’était trop dur, tu vois moralement. Je venais de La perdre et puis avec cette histoire… Bref, j’avais besoin de changer d’air. Et toi, qu’est-ce que tu deviens ? Tu habites toujours au même endroit ? ♪

Tout ce que je venais de dire était totalement vrai. Je m’empêchais de regarder vers Johan, parce que j’avais peur du regard qu’il pourrait porter sur moi. J’avais été très lâche, oui très lâche et ce n’était pas l’aspect de ma vie dont j’étais le plus fière. J’espérais vraiment qu’il ne me verrait pas comme une femme irresponsable et… Attendez une minute. Depuis quand je me préoccupe de ce que pense une personne de moi, encore plus un homme ? A croire qu’il m’avait fait complètement tourné la tête… Ce qui était vrai d’ailleurs et ces dernières actions envers moi ne m’aidaient pas à y voir plus clair. Je pris les mains de la jeune femme dans les miennes.

♪ En tout cas, je suis désolée de ne pas t’avoir donné de nouvelles. Pour me joindre, je t’avoue que c’est dur. Je vis chez des amis, temporairement. Mais du coup, j’ai pas vraiment de numéro à de donner. ♪

Je me pinçais la lèvre inférieure parce que j’étais vraiment embêtée de ne pas pouvoir lui donner un moyen de me joindre. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’essayais une nouvelle fois de la laisser de côté. Et puis j’eu une idée, sans doute un peu folle.

♪ sinon… Johan? Tu veux bien lui laisser ton numéro? ♪

Johan répondit au sourire d'Isadora, elle était si jolie quand elle souriait, nettoyant son comptoir avec un deuxième torchon qu'il avait été cherché une nouvelle fois près de James, comme pour le soutenir dans sa conversation avec Caïm. Lui montrer qu'il était là si quelque chose tournait mal et qu'il n'allait pas être seul avec cette... créature. L'homme était en train d'entretenir le client des loups sur un ton posé, agissant comme s'il n'avait jamais vu Caïm et comme n'avait pas envie de lui sauter à la gorge. Il pouvait le sentir, le percevoir, et lui aussi en se sentait pas calme près de lui. Johan avait sourit à James, l'encourageant à rester aussi calme que ce qu'il était toujours, et était repartit de son côté après avoir humidifié le linge avec lequel il nettoyait désormais le comptoir du bar improvisé qui avait été monté. La première vague de visiteurs qui désiraient un verre gratuit s'était calmée, ceux-ci savouraient leur boisson en attendant probablement l'arrivée du loup, ou encore le fameux catch féminin qui avait été tant publicisé. Ça lui donnait la possibilité de surveiller tout ce qui se passait sur le terrain et de tendre l'oreille à la conversation d'Isadora avec la dénommée Makayla, qui semblait bien connaître la louve. Une amie ? Probablement, et tant mieux. Une ancienne amie, surtout, de ce qu'il comprenait à leur conversation. Du temps où elle vivait avec sa fille.

C'était étrange de l'entendre non pas mentir, mais masquer la vérité si habilement. Ce qu'elle disait était probablement vrai, seulement, elle cachait une partie de la vérité, celle qui n'était pas avouable et ne le serait jamais. Ou pas de sitôt, dans tous les cas.

Ses yeux couraient du terrain, s'attardant sur certaines figures et sur les loups qui patrouillaient et accueillaient les visiteurs avec le sourire, à Isadora. Bon, il n'était pas discret, elle devait savoir qu'il écoutait la conversation. Laver le comptoir, laver les fûts à bière, replacer les verres, vérifier que rien ne traîne, traiter quelques commandes, ça allait bien, mais il restait très concentré sur ce qu'elle disait. Et pourtant, il fut tout de même surpris quand elle lui demanda s'il pouvait donner son numéro à la jeune femme. Son numéro à lui ? Ça, ça voulait dire qu'elle le considérait comme un ami chez lequel elle vivait ? Ou ça supposait plus ? Déjà, elle lui faisait confiance pour transmettre les messages de son amie et qu'il était quelqu'un à rejoindre, qui aurait où elle était... c'était bon signe, non ? Ça ou Makayla allait tout simplement se faire des idées à leur sujet. Des idées pas nécessairement erronées, d'ailleurs, mais bon. Ça aussi c'était une possibilité qui fit rosir ses joues un peu. Johan passa sa main dans ses mèches blondes et fit un signe de tête positif, souriant à Makayla, sa main descendant pour caresser doucement le dos d'Isadora pendant qu'il lui répondait par l'affirmative à sa suggestion :

« Oui, bien sûr. Attendez, je trouve un papier... »

Il pêcha un coupon sur le comptoir et un crayon et griffonna son numéro au dos dudit coupon, puis le tendit à la demoiselle.

« Tout sera transmis sans faute, je vous l'assure. Je vous conseille de vous éloigner, il ne faudra pas bloquer l'accès au bar. Si vous avez encore besoin d'aide, je serai ici. »

Et il ne fallait pas que Mary s'aperçoive qu'Isadora restait trop longtemps au bar. Si elle allait parler plus loin avec son amie, ça allait convenir, mais si elle restait ici, c'était à risque de problèmes, disons-le clairement.

Oui, j'avais poser plein de questions à Isadora mais en même temps, je ne l'avais pas vu depuis quoi ? Une année sans doute. Je ne me souviens plus exactement quand elle est partie, mais je ne m'en suis pas aperçue tout de suite me semble-t-il. D'ailleurs, je m'en suis voulue à ce moment. Nous étions quand même assez proche, j'aurais pu sans aucun doute l'aider. Enfin, après tout, il y a des choses qu'il faut mieux garder pour soit. Mais elle ne se départie pas de toutes ces questions. Elle était souriante, elle avait lâchée un petit rire lors de mes excuses. C'est vrai que j'avais poser beaucoup de questions en quelques secondes. Savannah était loin d'elle, c'était bien dommage. Elle me proposa de me donner ces coordonnées. Je ne sais pas si c'était une bonne idée mais je ne pourrais refuser l'offre évidemment. Elle m'assura qu'elle serait contente d'avoir de mes nouvelles. Cela faisait un petit moment qu'elle ne m'avait pas vu, elle devait se souvenir de moi certainement, mais sans doute était-elle passé à autres choses depuis qu'elle ne me voyait plus, enfin, je ne sais pas du tout à vrai dire, peu importe. Elle me dit ensuite qu'elle était partir parce qu'elle ne pouvait pas rester. Bon, elle était floue à ce niveau mais après tout, ça ne me regardait sans doute pas. Ce n'est pas comme si elle avait des comptes à me rendre après tout. Nous étions proches, mais pas au point d'être la confidente l'une de l'autre. Elle avait eu besoin de changer d'air, je le comprenais. Un petit mot sur ma porte ou dans ma boite aux lettres ne m'auraient pas fait de mal sans doute, mais bon, dans des situations comme celle-ci, on ne pense pas à tout. Je ne sais pas si j'y aurais pensé si j'avais du moi aussi partir en catastrophe pour des raisons plus ou moins obscures. Je n'en saurais pas plus la concernant, mais rien que de la voir là devant moi, en vie, j'étais heureuse. Des retrouvailles tellement inattendues qu'elle me donnait le sourire alors que jusqu'à présent, je n'étais guère enchantée de venir ici. Finalement, j'avais bien fait de venir, vraiment bien fait oui !

" Moi, je n'ai pas changé. Je suis toujours dans mon appartement, je fais toujours pleins de photos. Je suis d'ailleurs tellement déçue d'avoir du le laisser dans la voiture aujourd'hui. Nous aurions pu prendre une petite photo de nous deux, ça nous aurait fait un bon souvenir. "

Oui, mon appareil photo me manquant clairement mais qu'est ce que je pouvais y faire ? Rien du tout malheureusement. Si j'avais voulu l'emmener, j'aurais été refoulée et je n'aurais pas eu ces retrouvailles humides donc je préfère l'avoir laisser que d'être partie d'ici. Elle me dit que pour la contacter se serait difficile, elle vivait chez des amis. C'était dommage que je ne puisse pas la joindre, mais alors que j'allais lui dire qu'elle pouvait prendre mon numéro de téléphone, elle parla au barman blond, Johan apparemment. Elle vivait donc chez lui ? Possible, vu qu'elle voulait qu'il me donne son numéro. Elle lui faisait donc suffisamment confiance pour cela ? Oui, assurément, donc je pourrais lui faire confiance moi aussi, c'était bon à savoir en cas de besoin lors de la journée si Isa' n'était pas dans le coin. Il prit un coupon sur le bar et griffonna son numéro de téléphone qu'il me donna. Il m'assura que tout serait transmis. J'en prenais bonne note et garderait précieusement le bout de papier. Je ne prendrais sans doute pas immédiatement des nouvelles de la mademoiselle Doyle mais d'ici quelques semaines, je le ferrais sans aucun doute possible.

" Merci ! "

Je n'ai pas trouvé d'autres mots à dire au barman. Je me voyais mal l'appeler Johan vu que je ne le connaissais pas. Mais il avait raison, nous ne devions pas bloquer l'accès au bar. Il fallait nous éloigner. Et puis, je devais les laisser travailler. Isadora et Johan étaient employés par madame Wellesley, je n'avais pas ce statut, j'étais simplement invitée.

" Je devrais te laisser travailler, je suis sûre qu'on se trouvera un moment dans la journée pour discuter un peu plus. Pendant le catch peut être, parce que je sens que ce n'est pas quelques choses qui va me passionner. Enfin, si tu peux évidemment. Je resterais à vue. "

Je lui faisais un petit sourire. Si elle voulait discuter tout de suite ce serait vraiment bien, mais j'en doutais, elle avait pleins de clients à servir, elle n'étais pas payée pour discuter avec une seule invitée d'une année d'absence, enfin, logiquement quoi !

Plus le temps passait, plus je sentais de créatures autour de moi. Leurs âmes ne semblaient pas avoir la même saveur que les autres. Je serais bien curieux d'y goûter, mais pas tout de suite. J'étais sensé être venu pour des tractations avec la meute, mais il me semblait désormais évident que quelque chose clochait. Les lycanthropes dont j'avais sondé l'âme avait beau être les mêmes qu'à l'occasion de ma rencontre avec leur groupe, ceux ci ne faisaient rien qui trahisse le fait qu'ils me reconnaissent. Pourtant, si j'étais capable de les identifier sous leur forme humaine alors que certains n'avaient été aperçus que sous leur forme lupine, c'était bien qu'eux avaient dû me sentir ! Si c'était bel et bien le cas, il fallait avouer que ça continuait d'être un peu inquiétant dans le sens où j'étais de ce fait superbement ignoré de la part des loups garous. Cela pouvait avoir deux significations. La première était qu'ils m'avaient bel et bien reconnu, mais qu'ils voulaient me voir quand il y aurait moins de monde, c'est à dire moins de témoins. Cela pouvait s'avérer aussi bénéfique que sanglant. La seconde hypothèse était qu'il y avait casus belli entre nous et qu'ils me signifiaient par leur indifférence une fin de non recevoir. Dans tous les cas, je n'avais pas fait le déplacement pour rien et j'avais plutôt hâte de savoir concrètement de quoi il en retournait. Avoir du sang de loup garou plein les mains ne me dérangeait pas, mais je voulais d'abord pouvoir explorer toutes les autres options, juste au cas où je me serais trompé malgré moi sur leurs intentions faussement belliqueuses. Cela dit, je n'avais jamais vraiment été quelqu'un d'optimiste ; je me forçais d'analyser les faits froidement, avec un esprit aussi détaché des évènements que bourré de calculs. Je devais analyser, pas interpréter, sinon je ne manquerais pas de me tromper. Alors qu'on me ramenait mon whisky, je constatais dans l'attitude indifférente l'âme presque glacé du loup garou qui me servit. Je le vis dans ses yeux, même si son attitude n'était pas agressive. Il m'avait reconnu, et il ne m'aimait pas. Tant mieux ! Le chaos se nourrissait d'émotions fortes, de sensations néfastes et malsaines. Je m'en serais voulu de m'acoquiner avec ce genre de créature que je désirais m'aliéner pour leur formidable potentiel.


Il me répondit d'un ton détaché, comme s'il n'était pas un loup garou et comme si je n'étais pas un démon. Je souris presque imperceptiblement quand il me dit que les loups étaient intéressants mais qu'il ne les côtoyait pas, ceux ci vivant à l'état sauvage. Je comprenais le message sans ambiguité, la menace sous jacente à ses propos, menace qui se fit encore plus évidente pour quelqu'un d'averti comme moi quand il me dit que les loups étaient des créatures violentes dès qu'ils se sentaient menacés. Mon sourire se fit plus prononcé ; ainsi donc ils se sentaient menacés par ma présence ? C'était un bien pour moi, dans ma position actuelle. La menace que je faisais peser sur eux ne pouvait que me servir, car un lycanthrope n'est pas réputé pour sa patience. Ensuite, il me répondit d'un ton laconique sur le fait que je ne pouvais pas voir Mary Wellesley. Devais je y voir un refus définitif de poursuivre les négociations, ou devais je être plus nuancé ? Je me contentais de soutenir son regard.


| Ah, je vois. Dommage. Je l'ai déjà rencontrée et j'aurais aimé lui reparler. Après tout, je lui ai fait une offre intéressante quant à l'avenir de l'endroit, et des loups qu'il renferme. |


Je me tournais vers Sasha.


| Santé! | dis je en entrechoquant nos verres.

Bon au moins, j’étais fixée sur le comportement de Johan a mon égard. Il avait en tête, sans plus vraiment l’ombre d’un doute, qu’il y avait plus que de la fraternité entre nous. En cet instant, il n’était pas question de marquer un quelconque territoire, juste de… Juste de quoi d’ailleurs ? De me montrer son affection ? De faire comprendre quelque chose ? Non parce que je ne comprenais absolument rien aux hommes et à leurs « signes ». Ils étaient un mystère pour moi, autant que les femmes pouvaient être des énigmes pour eux. Je ne savais pas si c’était le cas pour tous de ne pas savoir déchiffrer ce qu’attend le genre opposé. Allez savoir. De toute manière ce n’était pas le moment pour se poser ce genre de question. Je profitais du fait que Mary soit occupée et emportée dans une conversation pour moi-même faire un brin de causette avec Makayla. Ca devait faire quoi ? Un an, voir plus allez savoir. Cette partie de ma vie est plutôt flou en fait, et c’est voulu que je ne m’en rappelle pas clairement. Trop de douleurs, de rêves brisés, de déceptions avaient frappés à ma porte au cours de cette période. J’étais en tout cas contente de la revoir, surtout qu’elle semblait en pleine forme. Je lui souriais lorsqu’elle m’annonça qu’elle faisait toujours des photographies, domaine dans lequel elle était douée dans mes souvenirs. D’ailleurs si je fouillais dans les affaires, j’étais sur de retrouver des clichés de ma fille et de moi, prise par ma voisine de l’époque. Elle me proposa de s’échanger nos numéros, et je ne pus m’empêcher d’être embêtée de ne pas pouvoir lui passer un moyen de communication. Je ne connaissais rien à internet, je n’avais plus de portable et il n’était pas question que je lui donne le numéro ou l’adresse de Wolfheaven. Je demandais à Johan s’il voulait bien lui laisser ses coordonnées à lui, ayant totalement confiance en lui. C’est là qu’il vint me caresser le dos, comme un petit ami avec celle qu’il côtoie. Il me ou plutôt nous faudra mettre toutes cartes sur tables, mais plus tard. Il avait raison, ainsi que la jeune femme : je devais me remettre au travail avant que ma Lupa ne s’aperçoive que je flâne.

♪ On se voit plus tard c’est promis ! Faut que j’y retourne sinon l’organisatrice ne va pas être contente… ♪

Je fis un dernier sourire à l’humaine puis la laisser. Je jetais un coup d’œil du côté de James, toujours en compagnie de ce démon. Il ne m’inspirait vraiment aucune confiance et je sentais que les choses allaient mal tourner à cause de lui. Je tournais mon regard droit devant, juste à temps pour ne pas percuter un homme d’âge mur. Je lui fis un sourire un peu gêné, avant de me faufiler de nouveau dans la foule. Enfin plus précisément vers Mary. Je n’avais aucune envie de la voir, cependant mon devoir était de la prévenir de la présence de l’autre. Je me stoppais en m’apercevant qu’un autre démon était présent, une femme, avec qui ma chef discutait en plus du jeune homme. Je fis les derniers pas qui me séparaient du groupe, avant de déclarer :

♪ Veuillez m’excuser de vous intérompre. Mary, il est au bar avec James. ♪

Elle me fit un geste affirmatif de la tête avant de me donner la coupe qu’elle avait dans la main. Comme si j’étais une serveuse. Elle me demanda, à moi et au jeune homme qui sentait drôlement bizarre si nous pouvions la laisser en compagnie seulement de la femme à l’allure chic. Je lui fis oui de la tête avant de prendre le bras de l’homme et de l’éloigner un peu du duo féminin. Prenant mon rôle de « potiche » avec cœur, je lui fis un de mes plus beaux sourires avant de lui dire

♪ Il semblerait qu’à présent, je dois vous tenir compagnie. Je m’appelle Isadora, et vous ? ♪

Je devais me faire violence pour ne pas porter toute mon attention sur l’homme que j’avais déjà perçu par le passé et éclipser totalement la présence de mon plus grand atout. Mes hypothèses étaient vérifiées par sa présence grâce à cet évènement. Je jetais un coup d’œil furtif au numéro que l’on avait apposé sur sa main. Cela me permettait d’avoir plus d’information sur sa personne. En attendant, je saluais les deux invités, en demandant à l’homme de décliner son identité poliment. J’étais persuadée que lui aussi mourait d’envie d’en savoir plus sur moi, mais il était trop bien élevé et se maitrisé trop bien pour le montrer ouvertement à tous. J’attrapais une coupe sur un des plateaux que portaient un de mes loups, au moment où il m’indiqua qu’il s’appelait Camille Fontayn… Je connaissais ce nom, j’en étais certaine. Cela me revint très vite d’ailleurs. Alors qu’il me détailler, je lui demandais

۴ Seriez-vous le riche héritier dont parle énormément la presse people ? Je suis étonnée de ne pas voir une ribambelle de jeune femme vous entourant, et vous suppliant de les épouser. A moins que Mademoiselle Beauregard fasse partie de votre horde, ce qui m’étonnerait, au quel cas, je m’excuse de vous déranger dans votre conversation. Je n’ai pas pu m’empêcher de venir vous tenir compagnie. N’est-ce pas étrange ? ۴

Je faisais énormément de sous entendus pour sur. Je voulais savoir ce dont il avait conscience concernant les miens, et ma personne. Aurora était au courant de ma vraie nature et connaissant la sienne, je savais que si elle s’intéressait au dénommé Camille, c’était juste pour s’arranger à se retrouver dans le même lit que lui et s’adonnait à son péché favori. Non pas qu’elle m’avait parlé de tout cela, mais j’avais fais quelque recherche de mon côté. Que des rumeurs, des contes pour enfants, certes, mais j’y avais apporté un grand intérêt depuis ma rencontrer avec Caim. J’étais soulagée pour l’instant que l’on ne m’ait pas signalé sa présence. Avec un peu de chance, il ne se montrerait pas, et aurait compris que ma meute n’était pas à lui. En attendant je fis un sourire un peu charmeur au jeune homme et m’inclinais légèrement devant lui à ses paroles.

۴ Je plaide en effet compable. Mais il ne s’agit pas seulement de ma générosité, mais de celle de tous les invites presents. Cette cause, celle des enfants orphelins me tient très à cœur. J’avais les ressources nécessaires pour faire un geste, alors je l’ai fais. ۴

Je rejetais mes cheveux en arrière, dans le seul but de diffuser un peu plus mon odeur aux narines de Camille et de voir sa réaction. Rapidement cependant elle fut remplacée par une autre on ne peut plus déplaisant à mon gout. Isadora. Pourquoi donc venait-elle m’enquiquiner avec sa présence ? J’eu très rapidement ma réponse et lorsque mes yeux se posèrent sur Caïm, il n’avait plus rien de charmeur ni de sympathie. J’avais laissé place à une froideur et une neutralité parfaite. J’observais un instant ce qui se passait au bar avant de dire

۴ Monsieur Fontayn, pourriez-vous nous laisser s’il vous plait ? Je dois m’entretenir avec Mlle Beauregard au plus vite. Isadora vous tiendra compagnie à la place ۴

Dès que la louve fut éloignée avec le changeur, je dis rapidement à la démone et d’un ton bas de telle manière à ce que personne ne capte mes paroles

۴ Il est temps que nous mettions en pratique notre contrat. Allons voir Caïm, et faisons lui comprendre qu’à présent, ma meute relève de votre domaine et non du sien. Il serait regrettable qu’il nous dévoile tous aujourd’hui. Ni vous ni moi n’avons envie que le grand public découvre notre véritable visage. ۴

Le soleil était levé depuis plus d’une heure, et j’étais déjà en sueur dans mon petit appartement. Mon corps détestait l’inactivité, et si j’étais moi-même incapable de colère, je sentais bien par mes muscles que je devais bouger et me dépenser. C’était d’ailleurs la raison qui me poussait à entamer une nouvelle série de pompes, après avoir fait quelques tractions sur la barre fixe accrochée dès mon arrivée. C’était le meilleur moyen, pour moi, d’occuper mon corps, puisque mon esprit s’occupait seul. Je songeai au mail que j’avais reçu le matin même. L’ordinateur, c’était un équipement fournis par l’Eglise HCV, tout comme le portable, pour que je me tienne prêt et toujours opérationnel. En même temps, au prix où ils se payaient mes services, il était normal que je leur concède quelques points, comme une obéissance parfaite et une disponibilité absolue, ce qui me convenait parfaitement. Mon téléphone sonna, me faisant lever un sourcil. Je me levais prestement, collant le téléphone à mon oreille tout en cherchant ma bouteille d’eau. C’était un message de mon entraîneur qui me réclamait au stade dans une heure. Parfait, j’étais déjà échauffé. Je le rappelai, lui assurant que j’étais au stade dans vingt minutes, puisque je comptais m’y rendre en courant. Mon réveil affichait six heures. Je n’avais pas choisi le plus flemmard des entraîneurs visiblement ! Ni le plus laxiste. Ca m’allait. L’HCV voulait que j’aie une couverture publique à afficher si quelqu’un se renseigner sur moi et mes étranges réflexes. J’avais longuement hésité entre cascadeur et sportif professionnel, pesant avec clarté le pour et le contre des deux professions. Dans un sens, cascadeur était le métier le plus pratique puisqu’il me permettait de rester dans l’ombre, mais il n’exploitait pas toutes mes capacités. En revanche, le biathlon était l’un des sports que j’estimais le plus, sans doute parce qu’il me permettait de mettre à l’épreuve mon endurance et la précision de chacun de mes tirs. La formation que j’avais eu à Moscow et mes capacités naturelles avaient fait de moi une véritable machine à tuer, il s’agissait à présent d’apprendre à me contrôler. A contrôler mes réflexes de tueur, puisque ça ne plaisait pas aux autorités apparemment… Ce n’était pas de ma faute si on m’avait appris à mettre mes ennemis hors combat au premier signe d’agression dès qu’un angle de tir ou d’attaque s’ouvrait non ? Je haussai les épaules à moi-même, laissant Piotr dans l’appartement. Je n’avais pas besoin de grand-chose, hormis d’une tenue de sport supplémentaire, de mes papiers d’identité et de mon couteau de chasse (de chasse aux vampires, inutile de le préciser…) et tout tenait dans un sac de sport passé dans le dos, un holster avec son 9mm battant sur ma cuisse, caché par un survêtement un peu long et large. Je descendis en courant les escaliers, mon souffle toujours aussi régulier. La rue était déserte, du fait de l’heure matinale, et c’était mieux comme ça pour moi. Vingt minutes plus tard, et j’étais en train de m’échauffer au tir dans une salle spécialisée. C’était pour la forme, bien sûr, puisque mon entraîneur s’était aperçu que je n’étais pas un débutant. J’en étais à ma troisième série quand ce maudit téléphone sonna. Aussitôt, je cessais les tirs pour répondre. L’HCV voulait que j’aille à une réception… Moi ? Je haussai les épaules, acquiesçant puisque je n’avais pas réellement le choix. Mon entraîneur regarda l’heure et haussa lui aussi les épaules.

J’attendais sur le parking du domaine. On m’avait dit qu’un Anton Paragrieneri devait m’accompagner. Peut être avait-il plus d’instruction que moi. Je considérais d’un froncement de sourcil les gens qui laissaient toutes leurs affaires à l’entrée. Visiblement, ce qui était métallique et donc dangereux ne pouvait pas entrer dans le domaine ce qui était fâcheux. S’il y avait bien quelque chose qui pouvait me faire ressentir de l’agacement, voire de la colère, c’était bien de me détacher de mes armes. Mais s’il le fallait, je pouvais m’en départir quelques heures… il me suffisait juste de voir où je les posais et le temps qu’il allait me falloir pour les récupérer. Je n’en avais pas besoin pour me défendre contre des civils non armés, j’étais moi-même une arme mouvante, mais ce n’était pas agréable. Je patientai à l’extérieur quand je le vis arriver. J’étais adossé à une voiture garée, avec cette nonchalance et ce flegme qui me caractérisaient, mais je savais aussi dégager une aura de dangerosité, que certains prenaient pour de la folie ; mais je savais aussi me faire discret, n’étant pas homme à prendre les devants pour imposer sa volonté. J’étais bel et bien un soldat formaté et conditionné, et je ne m’en irritais pas quand bien même j’en avais conscience. Je n’étais pas stupide…

« Anton Paragrieneri je suppose ? »

J'avais donc à présent un moyen de contacter Isadora, et ça me faisait plaisir, vraiment, ma journée se passait finalement mieux que prévue. D'ailleurs, elle retourna travailler en servant des clients comme elle devait le faire depuis qu'elle m'avait renversé, je ne sais trop quoi dessus. C'est alors qu'un jeune barman vient me trouver se présentant comme Irving Anderson. Euh, qui ça ? Il essaya de se situer dans l'espace temps en me disant qu'il était jeune à l'époque, environ 3 ou 4 ans de moins que moi et qu'il était dans l'équipe de basket qui avait remporter le championnat au dernier semestre. J'avais bien peur de ne pas le remettre malheureusement. Cela aurait était du football, à la rigueur, j'aurais pu m'en souvenir, mais le basket et moi ça fait pour ainsi dire deux. Je ne regarde, ni ne suit pas ce sport donc ...

" C'était en quelle année déjà ? Non, parce que le basket et moi ça fait deux. Tu aurais fait du foot, je me serais peut être souvenu mais là, ça ne me dit rien, je suis désolé Erding. "

C'était bien Erding ? Irving ? Arf, je n'avais même pas retenu son prénom. J'étais désolé pour lui mais je ne le reconnaissais pas. Je le regardais avec un petit sourire en mettant la tête légèrement sur la droite comme pour lui dire que vraiment, je ne le reconnaissais pas. Je n'avais pas tellement bougée depuis ce temps là, mais lui devait peut être avoir grandit, ou alors avait-il pris du muscle, je ne saurais dire. Il n'était pas moche, mais il tombait pour ainsi dire plutôt mal.

" Je suis désolé, hein, mais bon, je crois qu'il serait mieux que tu ailles servir les clients en souriant. Si tu veux on se parle plus tard quand tu seras moins occupé. Je suis sûre que tu me repéreras dans la foule, non ? "

Je lui faussais compagnie avec un petit sourire, et une petite tape sur l'épaule. J'espérais qu'il ne le prenne pas mal, mais en tout cas, je ne fermais la discussion. Oui, plus tard ce serait mieux, là, il devait travailler de toute façon. Je me serais bien permise de lui faire un petit bisou sur la joue pour le contenter mais j'étais déjà partie dans la foule. L'homme qui discutait au bar avec l'autre barman me faisait limite peur, je préférais me faire discrète dans la foule quoiqu'il arrive. Mais finalement, en voyant Isadora tenir la discussion avec Camille, je n'ai pu m’empêcher d'aller dans leur direction. Oui, je sais, ce n'est pas très bien, mais je n'ai pas pu ignorer Camille plus longtemps. J'ai même entendu sa question !

" Allons faut regarder le programme Camille, je crois qu'il va y avoir d'abord du catch ! C'est bien ça Isa' ? "

Ou comment s'incruster avec deux personnes que vous appréciez, que vous connaissez mais qui elles ne se connaissent pas. Je ne savais d'ailleurs pas si je devais saluer de la main ou faire la bise à Camille, du coup, dans l'ignorance je faisais seulement un sourire béat, comme si j'étais heureuse de les voir tout les deux.

" Mais dit moi Camille, je ne savais pas que tu connaissais Aurora, tu es venue avec elle ? "

Oui, là, c'est ma curiosité qui a parlé mais je ne pouvais pas ne pas savoir, ce serait tellement énorme qu'ils se connaissent depuis longtemps. Si cela se trouve, elle est sa petite amie. Dans ce cas là, je dirais qu'il a très bon gout, Aurora était une femme tellement sublime. Quoique, Isadora aussi était belle donc il ne perdait pas au change

Le réveil sonna, bouleversant le calme de la chambre il indiquait six heures du matin. Je l’éteignis le regard encore endormi mais l’air serein sans ronchonner par ce réveil matinal. Je me levai et fis mon lit, tirant la couette et plaçant les coussins avant d’ouvrir la fenêtre tout en me remémorant ma soirée de la veille ainsi qu’une partie de la nuit. Après avoir passé quelques heures à méticuleusement éplucher des dossiers j’avais sorti tout mon attirail de guerre pour une nuit d’enquête. J’avais arpenté les rues de Glasgow armé jusqu’aux dents dans l’espoir de dénicher des informations sur les vampires. Je m’étais rendu dans ce bar ignoble, la pomme du diable. Un lieu de fête tenu par un vampire et où ces créatures du diable se mélangeaient à celles de Dieu. Ces hommes et femmes vendaient leur corps et leur âme au diable sans impunité. La décadence d’une part – que je jugeais bien trop grosse – de l’humanité n’était pas sans me contrarier. Je secouai la tête aux souvenirs de ce lieu maudit. La nuit dernière n’avait rien donnée malheureusement. La tournée des bars et des rues de la ville ne m’avait rien apportée et j’étais rentré bredouille. Je n’étais pas déçu, je savais que le travail d’un soldat de Dieu n’était pas aisé et qu’il nécessitait de nombreuses qualités comme la patience.

Je m’activai alors à mon rituel matinal. Je commençai par prier ce qui consistait à m’agenouiller au sol face à un crucifix tout en récitant les paroles religieuses en terminant par remercier le Seigneur pour cette nouvelle journée qu’il m’offrait. Après avoir fait le signe de la croix j’étais suffisamment serein pour attaquer la journée qui s’annonçait. Aujourd’hui le programme était quelque peu différent de celui des autres jours. En effet l’HCV m’avait contactée la veille par téléphone pour me faire part d’une « mission ». J’avais accepté avant même de savoir en quoi cette dernière consistait. J’avais reçu quelques heures plus tard un e-mail me détaillant le lieu de la mission, les objectifs et mon coéquipier. Je devais me rendre à Wolfheaven, un grand mont au nord de la ville. Une sorte de fête en plein air était organisée, une journée mondaine organisée par une certaine Mary Wellesley, propriétaire de la réserve naturelle des loups d’Ecosse.
Je relis l’e-mail assimilant toutes les informations avant d’attaquer ma journée par un peu d’exercice physique. Je commençai par un footing matinal d’une petite heure avant d’aller m’entrainer dans mon entrepôt. Je profitais d’avoir posé ma journée de travail face à cette mission pour m’entrainer un peu et vérifier mes armes par la même occasion. Je passai également à l’armurerie pour récupérer l’un de mes automatiques que j’avais fait réparer et pour acheter quelques balles.

Bien vite l’heure de me rendre à Wolheaven approcha. Je montai dans ma voiture vêtu simplement comme me l’avait précisé mon contact à l’HCV, m'informant qu’il était inutile de se faire trop remarquer. J’arrivai au mont et garai ma voiture derrière une file d’autre. Je repérai bien vite Alexei Ivanov dont on m’avait envoyé le profil, appuyé contre une voiture, un peu trop décontracté à mon gout. J’arrivai devant lui et le saluai poliment.

« Tout à fait, enchanté de faire votre connaissance Monsieur Ivanov. Allons-y. »

J’emboitai le pas vers un stand à l’entrée de la réserve. On me pria immédiatement de déposer toutes armes ou objets dangereux. Je m’exécutai déposant un couteau que je portai encore sur moi. J’avais pris soin de laisser le reste de mon artillerie dans ma voiture dans un endroit très spécial que je gardais pour moi. Je payai par la suite les cinq livres requises pour l’entrer avant de me tourner vers Alexei Ivanov. Celui-ci adoptait un regard hostile à l’égard de la personne qui se chargeait de récupérer les armes.

« Un problème Alexei ? »

Je me demandais comment toute cette histoire allait finir. Déjà, je jouais parfaitement mon rôle d'individu venu s'amuser, mais avec un minimum de classe quand même. Je ne m'abaisserais jamais au niveau de ces humains qui se promenaient en bande, ivres morts, pour alpaguer les beautés qu'ils apercevaient ou pour commettre quelques rapines. Non pas que je ne l'avais jamais fait par le passé ou que cela ne pouvait servir les desseins du Chaos, simplement j'étais passé à un niveau au dessus en ce qui concernait la fin du monde et tout le tintouin. La jeune humaine qui m'accompagnait semblait apprécier la compagnie que je lui offrais, bien qu'elle ne répondit pas avec la même emphase que moi au toast que je portais. Elle dit cependant qu'il lui apparaissait comme agréable d'avoir un bon verre par cette chaleur. Je pouvais la comprendre. L'humidité et la pesanteur de l'atomsphère sous les frondaisons était telle que l'on risquait de suer à grosses gouttes sous peu. Sauf en ce qui me concernait, pour la simple et bonne raison que j'occupais une enveloppe charnelle que je contrôlais totalement, de la plus banale inspiration aux réactions physiques les plus complexes. Je commandais à cet esprit nécrosé de commencer à transpirer à une vitesse extrêmement modérée, que l'on pense que mon déodorant faisait que j'étais l'un des seuls à ne pas me mettre à montrer aussi facilement des signes de la chaleur que je pouvais ressentir au travers de ce corps que je possédais totalement. J'aimais la chaleur, elle me rappelait certaines zones de la dimension infernale d'où je venais. Gratuit ? J'arquais les sourcils.


| Ah bon, les boissons sont gratuites ? J'avais compris qu'il s'agissait d'une fête de charité, enfin quelque chose dans ce goût là, et donc que par conséquent nous devions mettre la main à la pâte, de montrer notre générosité en consommant... Pour les activités, j'avoue ne pas en avoir la moindre idée. Sans tarder, il me semble, sinon les gens vont finir par se demander pour quoi ils sont venus. |


Je paraissais plus étonné encore quand ce fut le tour du serveur loup garou de se servir lui même un petit remontant, de sorte à trinquer avec nous. Mon odorat ne savait pas identifier la boisson qu'il s'était servi. Quelque chose de nouveau, qui n'existait pas à ma dernière incarnation. Ou alors, il m'avait bien eu et j'étais tout simplement incapable de remettre un nom sur cette odeur pour le moins étrange. Je fis un sourire tout ce qu'il y avait de plus commercial et avenant au loup, malgré la situation.


| C'est cela oui. Sauver les loups. J'en ai parlé avec Mrs Wellesley a notre dernière rencontre, et elle semblait plutôt prendre à cœur tous les soucis que la meute peut traverser ces derniers temps... |


Comme si j'étais un naturaliste en herbe, m'intéressant au vrais loups peuplant ce domaine ! Ces bestioles ne m'avaient intéréssé qu'au Moyen Âge. J'avais pourtant lu beaucoup d'ouvrages récents sur le domaine, mais les scientifiques d'aujourd'hui étaient très pattes molles. Ils pensaient que jamais un loup n'avait attaqué d'humains, sauf si l'humain était « en tord ». Pauvres animaux stupides d'humaines. Tout juste bons à s'émerveiller devant des créatures dangereuses alors que les dits animaux pensaient ces humains comme un bon steack. Les meutes de l'époque, affamées par la raréfaction du gibier durant certaines périodes, avaient tué leur content d'humains... Mais jamais autant que les loups garous eux mêmes. Je restais interloqué par le manque de civisme du loup. Quelle créature fascinante ! Je me tournais vers Sasha.


| Hum... Je suis sûr qu'il ne disait pas ça pour vous. Vous êtes ravissante, vraiment. |


Du coin de l'oeil, je venais de repérer Isadora et Mary. J'attirais à moi tout le pouvoir démoniaque possible. Si les deux enfoirées cherchaient la bagarre, la forêt verte, jaune et orange en cette période de l'année, allait bien vite devenir rouge.