Je sentais déjà l'adrénaline monter en moi tout doucement. Ce serait épique à n'en pas douter, même si je n'avais aucune chance de l'emporter face à ces mastodontes, face à ces poids lourds qui étaient là en face de moi, enfin à mes côtés pour le moment. Isadora semblait être la maîtresse de cérémonie, je ne voyais plus celle qui se prénommait Mary Wellsley, un truc comme ça, je n'avais pas bien retenu son nom de famille. Mais peut être qu'elle était en train de parler à faire avec je ne sais trop qui. Je pensais qu'elle parlait avec Aurora mais la jeune femme était là avec nous donc ce ne pouvait pas être le cas, sauf si elle pouvait être à plusieurs endroits à la fois, ce qui était impossible. Isa' nous indiqua alors de sortir de la scène pour aller nous changer. Comme je l'avais prévu, Camille avait joué aux chochottes et n'étaient pas venu pour combattre, dommage, ça aurait pu être marrant. Ce le serait pour moi en tout cas, je ne faisais pas cela sérieusement, surtout que le prix n'en valait pas tellement la chandelle. Si j'avais pu gagner de l'argent, ou quelques choses comme ça, je l'aurais pris plus au sérieux mais là c'était un repas ou une visite gratuite de musée, autrement dit rien de bien spécifique pour moi. Nous arrivions donc à des cabines où il y avait tout un tas de tenue, de différentes tailles, à croire qu'ils avaient prévus qu'il y aurait des grosses mémères car j'aurais pu rentrer 2 fois dans certaines tenues. Je choisissais donc une tenue sexy sans pour qu'autant j'ai l'impression d'être nue ou que l'on voit l'intégralité de mon anatomie. Je choisissais donc une sorte de petit bustier sans manche et sans bride laissant entrevoir mon nombril. Avec ceci, il y avait un petit short moulant mais couvrant ce qu'il fallait de peau pour ne pas être indécent. Il y avait une petite ceinture dorée qui allait bien avec, je l'enfilais donc elle aussi pour maintenir le short qui m'était à peine trop grand. Pour compléter la tenue, il y avait de petites bottes dorées sans talons. (Pour un aperçu de la tenue clique ici) Bref, je m'étais changé, Isadora entra alors à son tour pour prendre une tenue et je sortais à présent de la cabine, laissant mes affaires à l'intérieur de celle-ci. J'attachais mes cheveux avec un élastique en queue de cheval, pour qu'ils ne me gêne pas trop la vue. Isadora ferma à clé derrière nous les cabines, pour que nos affaires ne puisse pas disparaître. Je ne savais pas trop ce que nous allions faire à présent. Y'avait-il un échauffement ? Je ne pourrais vous le dire mais ça ne ferrait pas de mal. La maîtresse de cérémonie prit la parole, je lutterais donc dans un premier contre Aurora, une jeune femme que j'appréciais assez même si je dois vous l'avouer, je ne la voyais pas vraiment se battre contre moi puisque son truc c'était plutôt la séduction mais nous verrons bien.

" J'ai une petite question. Je ne connais pas grand chose au catch, je ne sais même pas quelles sont les prises à faire, s'il y a des choses d'interdites. Le ring de combat se trouve où ? Je ne le vois pas ... "

Oui, je crois qu'en y réfléchissant, ces questions étaient un peu bête mais que voulez-vous, je n'y connaissais rien alors je préférais demander avant de commencer puisqu'Isadora nous le demandait.

Il avait l'impression nette d'être tombé dans un immense guet-appens, avec cette histoire de catch. D'autres hommes et femmes vinrent les rejoindre, jusqu'à ce qu'ils forment une petite bande de concurrents prêts à s'affronter. Cela dit, avant d'aller à la cabane des hommes pour se changer, Isadora les appela, James et lui, probablement pour les entretenir de la teneur des combats. Et pour devoir écouter ce qu'elle venait de dire, le lycanthrope aurait nettement préféré ne pas avoir d'oreilles du tout. Il tenta de protester, mais elle les expédia si rapidement se changer qu'il ne put que ruminer ses récriminations. Et puis, s'il faisait encore une gaffe aujourd'hui, Mary allait tout simplement lui dévisser la tête pour la mettre sur une pique devant la maison à Wolfheaven.
N'empêche que l'image d'Isadora se mesurant à Caïm l'énervait. L'agaçait. Il ne pouvait voir là qu'une très mauvaise idée, en réalité, et un potentiel de problèmes. Cette... créature n'attirait que cela, les problèmes.
Les deux lycanthropes entrèrent dans la cabane où leurs adversaires se changeaient déjà. Johan réalisa, avec horreur, qu'il allait devoir se mettre torse nu. Il arrivait à peine à assumer son corps devant ses camarades loups, il n'avait pas très envie de le faire devant une assemblée d'inconnus. Encore là, il n'avait pas le choix. L'homme se mis dos aux autres et retira rapidement ses vêtements propres, les suspendant précautionneusement pour qu'ils ne soient pas froissés, et mis les vêtements de boxe en évitant les regards des autres. Ceux qu'il imaginait, surtout. Il avait un corps musclé par le sport intensif, comme des petites balades journalières de soixante kilomètres à vélo, mais il ne le voyait pas. Que les cicatrices qui labouraient affreusement ses membres. Profondes, blanches, prolongements de ce que son visage affirmait. Souvenirs de tous les jours, de tous les instants. Un cycliste bleu, donc, comme vêtement, les protections de la même couleur pour accompagner.

Tous sortirent des cabanes et se regroupèrent, attendant les dernières consignes données par la louve. Johan échangea un regard avec le dénommé Andrew, un bref signe de tête pour le saluer, et évita de regarder Caïm. Si celui-ci venait à réellement blesser Isadora, à faire étalage de sa puissance, de sa force, de sa cruauté... non, il ne fallait pas penser à ça. Même si c'était difficile de faire autrement.

Moi, faire un « sport » d'humain ? En aucun cas, jamais de la vie. Je n'avais pas besoin de sport. Je n'avais en fait pas réellement besoin des corps que je prenais sous ma coupe, je ne les utilisais jamais que pour me permettre d'intéragir avec le monde qui m'entourait, avec cet univers bien particulier que je ne pouvais pas approcher autrement. Mais mes pouvoirs, ma puissance en règle générale, étaient bien plus que suffisants pour que je parvienne à mes fins sans m'impliquer physiquement dans des conflits. Mais le chaos est polymorphe est se nourrit de lui même, il pouvait apparaître n'importe quand n'importe où, ma propre souffrance physique le diffuserait, et ce serait comme d'allumer la flammèche. La violence était toujours bonne à prendre, et je savais que le bon esprit ambiant pouvait être fragilisé habilement ; c'était finalement à moi de faire ce qu'il fallait pour que cette clairière prenne des allures de capharnaum, si possible le plus rapidement dont nous en serions capables, pour la simple et bonne raison que l'impatience commençait petit à petit à gagner chacun de mes muscles. Enfin, les muscles de ma chose, bien sûr. Il me suffit d'ailleurs d'un regard vers le corps que j'occupais pour le changer suffisamment pour que cela pèse dans les combats sans pour autant que je n'en sois physiquement transformé. La fibre musculaire se durcit, mes os s'épaissirent de manière déterminante bien qu'infime, tandis que d'une poussée psychique, je prolongeais sur quelques millimètres les os et articulations des mains de mon corps possédé. Modifié de la sorte, j'encaisserais mieux les coups, et mes poings seraient plus douloureux pour ceux qui passeraient à portée. Je n'étais pas un combattant de corps à corps, clairement pas, c'était la spécialisation d'autres démons. Mais au fil des âges, je m'étais fait au corps des hommes. J'en avais baisé, torturé et massacré pendant si longtemps que je connaissais leurs points forts et leurs points faibles. Bien évidemment, je ne devais pas perdre à l'esprit que je me devais de me méfier des loups garous. D'eux, je ne connaissais pas grand chose, à part leur appétit guerrier et charnel, dont j'avais déjà pu faire l'observation.


Je souris presque benoitement quand la louve m'indiqua un cabanon pour homme. J'y abandonnais mes oripeaux d'humain, posant ma chemise, ma veste et mes chaussures, puis mon pantalon, dans un espèce de casier prévu à cet effet. Je jetais un instant un coup d'oeil à la panoplie à notre disposition. Ils avaient mis le paquet sur la mise en scène. La folie du catch, venue apparemment des Etats Unis, avait du bon. On allait pouvoir s'écharper faute d'entraînement, dans une mêlée me rappellant les combats de gladiateurs des temps anciens. Je m'attardais sur une paire de grosses bottes montantes en cuir noir et renforcées ; on aurait dit des bottes de motard. Pour le bas, j'optais pour le pantalon de cuir aussi, d'un cuir noir avec un motif d'éclair de couleur jaune sur le côté de chaque jambe. Je restais torse nu, comme pour beaucoup de catcheurs que j'avais pu voir à cette invention étrange que les humains appelaient télévision. Nous nous mettions en route ensuite, sans échanger un mot, pour revenir avec l'ensemble de la foule qui nous regardait. Certains applaudissaient, d'autres criaient des encouragements à certains. Je fis un petit signe à la foule. En fait, j'étais content d'être là. Je reniflais déjà l'odeur du sang, de la sueur... Pas encore de la mort, mais en douce alliée, je ne la sentais jamais très loin de moi. Elle m'entourait, elle m'obsédait, comme un halo de ténèbres dont j'en aurais fait une cape. J'attendais que la louve nous en dise plus.

Je fis un signe affirmatif de la tête à Irving lorsqu'il me demanda s'il pouvait s'en aller et faire la fonction que je lui avais donné. Au moins commençait-il un peu à comprendre que pour l'instant ce n'était pas le moment de faire la mariole. Il aurait tout le temps plus tard. Là l'heure était trop grave pour que je le permette. Je jetais un coup d'oeil à ma montre, constatant le retard que j'avais sur mon planning. Je sortais de la forêt et trouva un mâle de la meute qui me mit au courant de tout ce qui venait de se passer. Isadora avait ainsi prit la tête des opérations ? Je ne savais pas si je devais m'en inquiéter ou non. D'un côté cela était peut-être le signe qu'elle voulait MA place et devenir Lupa à la place de sa Lupa, c'est à dire moi. Hors de question. D'un autre côté, peut-être avait-elle vu l'urgence de la situation au quel cas elle était plus maligne que je ne l'imaginais. Non impossible. Elle essayait de me prendre ma couronne cette garce et de se montrer aux mâles comme la Louve de la situation. J'allais devoir la punir, mais plus tard. Je passais rapidement à travers la foule et rejoint le groupe que menait l'autre Garce. Je l'écartais sur le côté pour adresser un grand sourire aux volontaires

♪ Excusez moi mon retard, j'ai eu un petit imprévu à gérer. Merci à tous pour votre participation. Vous verrez, ce n'est pas très compliqué. Votre but sera d’immobiliser votre adversaire à terre, le temps que je tape trois coups sur le sol. Attention, vous n'êtes pas là pour vous faire mal. Les coups dans les parties intimes ou les poitrines sont interdits. Vous ne pouvez pas mordre ou griffer. Vous ne pouvez pas porter de coup mortel bien entendu. Il sera plus question ici d'observer votre adversaire et d'arriver à l’immobiliser. Vous jouerez tous sur un ring, et non pas de boue pour ses demoiselles, ce sera pour plus tard. Les groupes ont été faits ? ♪

Je laissais Isadora l'opportuniste m'expliquer ces derniers et je ne pu m'empêcher de sourire en apprenant qu'elle sera contre Caïm. Aucun d'eux n'était une grosse perte et avec un peu de chance, ils s’entre tueraient mutuellement. Je chassais bien vite cette douce pensée de mon esprit et repris :

♪ Humm, Makayla et Aurora, vous serez les premières. Ensuite, Margaret et Andy ; Johan et Andrew ; James et Nelson ; et enfin Isadora et Nathanaël. Les vainqueurs s'affronteront ensuite. Bien allons-y ♪

Je ramenais nos volontaires sur la scène où les avait appelé Isadora. Je tirais sur le rideau du fond qui dévoila un grand ring. Six mâles de la meute le firent avancer jusqu'au milieu de la scène tandis que je reprenais le micro et annoncer tout haut

♪ Mesdames et Messieurs veuillez accueillir nos catcheurs et nos cactheuses ! A vos pronostique ! Qui va l'emporter, qui va perdre ? Pour notre premier combat, nous verrons Makayla face à Aurora. Ensuite, ce sera le tour de Andy et Margaret. L'une d'elle devra se confronter aux vainqueurs désignés lors des combats entre James et Nelson, Johan et Andrew et enfin entre Isadora et Nathanaël. Que les meilleurs l'emportent ! ♪

Et bien, je crois que mes questions étaient assez bêtes du coup, elles sont tombées dans l'oreille d'un sourd, à moins que ce ne soit l'arrivée de Mary Welley, enfin quelques choses comme ça qui perturbe l'organisation qu'Isadora avait préparée. Peu importe en tout cas, j'ouvrais le bal des combats avec Aurora. Je pensais avoir une petite chance de l'avoir mais bon, je ne me faisais pas tellement d'illusions à vrai dire, je ne savais pas du tout me battre, pas encore du moins puisque je commençais à peine la boxe et le tir à l'arc. J'étais encore assez mauvaise même si des signes de progrès s'annonçaient toutefois. Je ne savais pas si la belle diablesse, enfin si l'on veut parce qu'elle était diaboliquement belle, savait se battre. Bizarrement, vu son statut sociale, j'avais comme l'impression qu'elle avait appris à se battre depuis longtemps mais je pouvais me tromper sans doute. Je faisais donc un signe d’acquiescement de la tête vis à vis de la patronne des lieux. Nous arrivions donc de nouveaux sur la scène, là où nous étions il y a quelques minutes à peine. Je ne sais pas trop à quoi je ressemblais dans ma tenue moulante et sexy mais ça ne me dérangeait pas. Je ne connaissais pas grand monde et puis même si je faisais cela devant ma famille, ça ne changerait rien, je le faisais pour m'amuser, pour le délire dirons-nous, pour agrémenter ma journée aussi, une journée qui allait partir dans tout les sens, j'en avais le pressentiment.

Je m'avançais donc en première sur le ring non loin de là avec Aurora, après que Mary parlent pour faire les présentations de nous tous, enfin surtout de nos combats. Je me préparais à observer la belle pour l'immobiliser le plus vite possible. Je faisais des petits pas sur le côté, je sautais sur place, pour essayer de la déstabiliser un petit peu, mais ça ne semblait pas fonctionner, pire, lorsque je fis un petit saut sur le côté elle vint m’agripper le bras de façon très rapide pour me clouer au sol. J'essayais de me dégager de son corps mais impossible, je n'arrivais plus à bouger. Le combat touchait déjà à sa fin, je n'avais même pas eu le temps de m'amuser que c'était fini mais j'avais été incroyablement mauvaise, je ne pouvais qu'admettre ma défaite sur ce ring. J'espérais simplement que cela dure un peu plus que je puisse avoir ma chance, mais non, je ne pourrais pas avoir mon dîner aux chandelles avec Camille, ce sera simplement la visite du musée, mieux que rien. De toute façon, je ne le faisais pas pour le prix final mais j'aurais tellement aimé pourvoir montrer plus de résistance. Pauvre petite bête chétive que tu es Makayla. Ouvre les yeux, tu n'es qu'une petite brindille qu'un coup de vent pourrait emporter loin, très loin ...

Mary revint subitement et écarta Isadora de la tête des opérations, expliquant à tout le monde les règles de base des combats. Rien de bien compliqué, somme toute. Immobiliser au sol, ça devrait bien se faire, et son adversaire humain... Johan évalua de l'oeil le dénommé Andrew, qui fit de même, sans pourtant dire un seul mot. Sans doute qu'il devait se dire que contre un libraire, il n'avait aucune chance... Cette pensée étira un petit sourire sur les lèvres du blond, qui détourna le regard lorsque les matches commencèrent. Il ne désirait pas vraiment contempler toute cette débauche de violence, uniquement pour le plaisir des yeux. Il préférait encore surveiller ce qui se passait dans la foule. Il repéra une nouvelle fois madame Oppenheimer, en conversation avec un jeune homme qui exhalait... quelque chose de différent. Pas comme un lycanthrope, mais quelque chose qui s'en rapprochait. Étrange. Il fronça les sourcils et continua de détailler l'homme au loin, jusqu'à ce que quelqu'un le pousse un peu pour lui signifier que c'était à son tour d'embarquer sur le ring. Déjà ?

L'homme monta sur le ring et mit son protège-dent, puis se plaça en position le temps que le signal du départ soit donné. Il ne devait pas montrer qu'il était fort, il ne devait pas, il devait... faire comme s'il était un simple humain.
Plus facile à dire qu'à faire.
Johan esquiva un coup, un deuxième, plus rapide que son adversaire humain. Trop rapide ? Il devait ralentir. Ses yeux ne quittaient pas ceux d'Andrew et il espérait que celui-ci ne se doutait pas qu'il y avait quelque chose d'inhabituel, avec son adversaire. Quelque chose d,inhumain, même. Finalement, le lycanthrope laissa l'autre homme l'attraper et tenter de le mettre à terre, chose qu'il contra sans trop de problèmes en repoussant fortement l'humain plus loin. Andrew était fort, tout de même, pour un humain, ça, il devait le reconnaître. Il ne savait pas ça faisait combien de temps qu'ils étaient dans le ring, mais pendant tout ce temps, le lycanthrope n'avait toujours pas répliqué vraiment aux attaques et il sentait que les spectateurs attendaient qu'il fasse réellement quelque chose. Mais il ne pouvait pas. Ça allait être trop facile. Il devait laisser l'impression que l'autre allait gagner, avait une chance.
Finalement, Johan s'avança et prit Andrew à bras le corps et le jeta au sol avec aucune difficulté, comme si celui-ci n'était qu'un fétu de paille. Sans prévenir, tout simplement, et avec une facilité déconcertante qui prit de court plusieurs des parieurs de la foule. Il rit un peu et lorsque les trois coups furent frappés sur le tapis, il aida de bon coeur son adversaire à se relever, puis redescendit en reprenant une expression neutre.

Je sentis le pouvoir de la Lupa l'accompagner alors qu'elle venait sur le devant de la scène, là où beaucoup pourraient la voir et surtout, l'entendre. Je lui adressais le plus franc des sourires alors qu'elle en faisait de même. Quelle petite chienne. Je me ferais un plaisir de la briser personnellement pour toute l'attente et les affronts combinés qu'elle m'avait fait subir depuis notre première rencontre. J'en venais à me laisser dominer par mes pulsions démoniaques. Et si les loups garous n'étaient pas tout simplement trop puissants et surtout trop indépendants pour que je me les aliène ? Je n'en savais rien, mais mes réflexes « naturels » reprenaient bien vite le dessus. Quand je n'avais pas le contrôle d'une situation, j'avais plus que l'envie de me tailler la part du lion en reprenant brutalement le contrôle, c'est à dire à laisser le pouvoir affluer pour organiser spontanément une débauche de destructions diverses. Ce serait si facile. Rien de particulier, rien de difficile. Mais ils étaient nombreux. Les humains aussi. Et il devait forcément y avoir des vampires dans la foule, ou des changeurs. Il devait y avoir là suffisamment de créature pour m'enterrer vivant sous les corps de leurs multitudes. Je devais la jouer plus fine que gros boucher de démon qui détruit tout ce qui bouge. Il suffisait d'un regard, mais comment pourrais tous les détruire ? Je devais simplement répandre le chaos, plutôt que de leur faire goûter. La louve nous renseigna sur les règles du petit jeu qui allait nous y opposer. J'aimais connaître les règles, car je me plairais en toute évidence à les détourner à mon avantage, à les modifier, à les transgresser, de manière à ce que tout le monde puisse le constater sans pour autant que je ne franchisse la limite invisible. Pas de blessures ? Mon sourire se fit plus franc encore. C'était de l'optimisme forcené que de penser cela. Personne de sain d'esprit n'y croirait. Moi en tous cas, je ne l'étais pas. Je lançais un regard vers l'autre louve que je devrais affronter.


Les combats s'enchaînèrent. Je ne pus qu'éclater d'un petit rire en voyant ma vieille ennemie Aurora faire la belle accoutrée comme elle l'était, utilisant sans doute son pouvoir se séduction sur tous les mâles présents, de sorte à les exciter un peu plus par ce combat de femme, qu'elle remporta d'ailleurs rapidement, comme une experte qu'elle n'était pourtant pas. Elle mettait le feu, il n'y avait pas à dire. Moi même, je ne serais pas contre un peu de Chaos de son propre crû... Ensuite, d'autres combats s'enchaînèrent, voyant parfois un peu de sang couler, et l'expression de la force brute. Je me sentais grisé par toute cette situation, jusqu'à ce que mon tour vienne de monter sur le ring improvisé. Je souris loyalement à mon adversaire, cette femme qu'on me faisait combattre. Je m'inclinais doucement face à elle, pour ensuite me redresser fièrement de mon corps d'humain que je possédais, et que j'avais dénudé en partie pour les besoins du spectacle. Je n'osais pas la frapper. Faussement bien sûr, parce qu'en la saisissant par la main pour l'envoyer grâce à ma force récemment améliorée, droit contre l'un des coins du ring, je vins ensuite me presser contre elle. Je faisais en sorte d'essayer de la porter sur le coin, de sorte ensuite à la faire basculer comme je l'avais vu à la télé droit vers le sol du centre du ring. Mais je profitais de ce contact prolongé pour lui murmurer à l'oreille.


| Il va falloir que tu me laisses gagner, la louve. Pour la simple et bonne raison que si tu ne le fais pas, je vais balancer au Roi des vampires et à sa Reine votre nombre, votre adresse, et votre existence. Ce serait fun, un nouveau génocide de boules de poils, pas vrai ? |


Je la laissais bien évidemment me repousser et me frapper du revers, pour me faire reculer. Agile comme un chat et forte comme... un loup. Elle entreprit de me mettre en pièce. Je la laissais faire un moment, saignant par diverses coupures superficielles. Puis, je me redressais d'un bond, serrant son coup d'une main, pour la saisir par le haut du pantalon de l'autre. Je la portais le plus haut possible au dessus de moi, avant de la faire chuter en la rabattant le plus durement possible contre le sol. Je me glissais sur elle, de sorte à tenter de remporter ce match. Si elle ne jouait pas son arrogante, bien sûr.


| Comme moi, tu veux ta chance sur ce monde, pas vrai ? Si tu me laisses gagner, je te débarrasse de ta lupa qui te pourrit la vie, de la manière dont tu jugeras la plus appropriée. En échange, tu reconsidères sérieusement ma proposition de protection de la meute. On a un deal? |


1.... 2..... j'avais presque gagné, mais au final, l'arrangement comptait plus que le résultat du match.

Il n'aimait pas ça du tout.

Johan n'avait pu s'empêcher de lever le pouce en direction de Tolin, comme pour lui dire que tout allait bien, et de donner une tape dans le dos de James pour l'encourager avant son combat. C'était barbare, c'était si loin de ce qu'il aimait, mais le bref moment où il avait osé se battre, prendre l'autre à bras le corps pour le jeter au sol, l'avait grisé. Une sensation un peu effrayante, tout de même, il devait l'avouer. Le lycanthrope prit une longue gorgée d'eau, des gourdes avaient été apportées près du ring, et il observa le combat de James. Un combat plutôt acharné : l'humain était fort et malin. Il grimaça en voyant le nez de son frère de meute saigner et se dit que tout allait bien, quand même. C'était un loup. Il allait gagner ce combat, voilà tout. Il n'y avait même pas à spéculer. James s'économisait, peut-être pour faire un effet de surprise, mais il en avait encore dans le ventre. Il applaudit bruyamment lorsque l'humain fit finalement mis au sol et donna une serviette à James pour qu'il puisse éponger le sang sur son visage.

« Bon combat. Ton adversaire était pas mal du tout. Un peu plus et je croyais que tu allais le laisser gagner. »

Le lycanthrope osa même un petit clin d'oeil à l'homme, taquin, mais il perdit toute sa superbe et tout son sourire lorsque les deux prochains combattants se révélèrent être Caïm et Isadora. Non. Ça, ça sent encore plus mauvais que tout.

Le sourire faussement loyal du démon fit gronder le loup en lui, ainsi que tout le combat. Il voyait clairement les lèvres du démon parler, mais il était incapable de percevoir ses mots. La foule parlait, criait, l'empêchait d'entendre, irritait son ouïe fine qu'il tentait de tendre pour savoir ce que l'autre disait. Ou même de lire sur ses lèvres, mais les mouvements étaient si brusques qu'il ne pouvait rien faire. Ses ongles se crispèrent sur sa cuisse lorsqu'il attrapa la femme comme si elle ne pesait rien, la jetant avec violence contre le sol du ring. Il lui semblait même avoir poussé un petit glapissement, comme un chiot inquiet, comme un louveteau apeuré, tandis qu'un des autres membres de la meute avait posé une main sur son épaule avec force pour l'empêcher de se ruer sur le ring.

« James, es-tu capable d'entendre ce qu'il lui dit ? »

Il avait lui-même murmuré, tentant de décrypter les mouvements des lèvres de l'homme. Avait-il lu 'débarrasse' ? Ou 'protection' ? Il ne savait même pas. La poigne de son frère loup était encore plus forte, crispée sur son épaule. Il n'était apparemment pas le seul à ne pas aimer ce combat aucunement égal.

Je ne m’attendais pas à ce que Mary arrive et me traite de cette manière-là. Elle me donnait l’impression d’être une petite fille prise en flagrant délit de faute, alors que j’avais géré ce qu’elle n’avait pas fait. Etait-ce ma faute si elle avait été accaparée avant ? Je m’étais très bien débrouillée, et je n’eus même pas le droit à un merci. En même temps, je le savais pertinemment. Jamais elle n’avait montré le moindre signe de gratitude à mon égard, cela n’allait pas commencer aujourd’hui. Je décidais de me taire, la laisser penser qu’elle avait gagné ou je ne sais pas quoi d’autre. J’avais franchement passé l’âge et je ne voulais pas perdre mon énergie dans le vent. Surtout en cet instant, alors que j’allais devoir me mesurer à une créature surnaturelle et on ne peut plus puissante. Me concentrant sur ma tâche à venir, je ne fis pas vraiment attention aux combats précédents le mien, pas même celui de Johan. Enfin si, je le suivis un peu mais de manière discrète. Je savais qu’il ne risquait rien, tout comme James ou Makayla d’ailleurs. N’avais-je pas fait en sorte que cela ne tourne pas mal pour eux ? Je leur signe de tête pour « saluer » les vainqueurs. J’étais restée comme une statue sur la scène, ne bougeant pas d’un pouce, réfléchissant et me concentrant sur ce que j’allais faire. J’étais tiraillée entre plusieurs envies, plusieurs émotions. Devais-je me montrer prudente ou intrépide ? Devais-je le laisser gagner ou me battre comme jamais pour lui prouver ma supériorité ? Je n’en savais rien, et lorsqu’on nous annonça comme le prochain combat, je n’étais toujours pas décidée. Lorsqu’il s’inclina devant moi, je n’en fis pas de même. Hors de question de lui exposer ma nuque, ma fierté de Louve me l’empêchait. Je me contentais d’un vague signe de tête et c’était amplement suffisant. Mon visage était fermé, inexpressif au possible. Je suis l’exécutrice de la meute et quand je suis en mission, rien ne peut me détourner de cette dernière. Là, je prenais ce combat comme une mission que je devais accomplir pour les miens. Nous montâmes sur le ring et tout s’enchaina très rapidement. Aucun de nous deux ne laissait l’autre prendre le dessus. Je feignais quelques faiblesses pour que le public n’y voit que du feu. Me battre comme je l’aurais fait pour une exécution n’aurait pas été une bonne idée. Il fallait que je prenne des gants et certains points faibles et ouvertures que pensaient avoir trouvé Nathananaël étaient voulus. Au début en tout cas. Je ne fatiguais pas, mais il fallait avouer que ses coups portés n’étaient pas des plus doux. Il y allait comme une brute et sans ma lycanthropie et la force qu’elle me donnait, j’aurais pris très chère et j’en étais consciente. Ne laissant cependant rien, je l’agressais également, faisant tout pour le déstabiliser. C’était plus fort que moi, je ne pouvais pas le laisser gagner. Je ne pouvais pas le laisser humilier notre meute par mon biais. Profitant d’un contact, mon adversaire le glissa à l’oreille quelques paroles qui m’arrachèrent un rire. Ma réponse fut de le repousser violemment et de lui rendre plus de coup. Il se prenait pour qui au juste ? En tout cas, il aurait dû s’abstenir de me dire de tels propos. Pourquoi ? Parce qu’en me demandait de le laisser gagner il gonflait mon égo. Il n’était pas capable de prendre le dessus sur moi sans tricher. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui sourire férocement, de le défier un peu par la même occasion.

♪ Croyez-vous vraiment que nous sommes sans ressource face à vous ? Que diriez-vous que nous livrions votre fille à la police et que nous dévoilions votre identité ? ♪

J’avais profité d’un nouveau contact pour, à mon tour, m’adresser à lui. Il voulait nous griller ? Nous pouvions en faire de même sans aucun problème et il le savait. Je ne mentais pas. S’il venait à nuire à notre meute, nous en ferions de même. Il avait beaucoup plus à perdre d’ailleurs. Si on venait à savoir quel monstre il était, non seulement nous le combattrions autant, mais les humains et les vampires, voulant encore se montrer comme les sauveteurs de leur proie, en feraient de même. Comme si les prédateurs dévoilés au grand jour allaient laisser un être aussi puissant que Nathanaël en vie… Ils avaient trop à perdre, surtout que ce dernier pourrait prendre le dessus sur eux. Continuant sur ma lancée de le frapper au mieux et de ne pas le laisser gagner, je me battais comme la louve que j’étais. Mon agilité et ma force m’aidaient énormément dans ce combat, et même s’il gagnait du terrain, je ne lâchais rien. Je continuerais de me battre comme on me l’avait appris, comme si ma vie en dépendait. Ma louve jubila lorsque son sang coula et portée par cette émotion je commis une erreur, lui laissant une belle ouverture qui m’expédia tout droit au tapis. Je savais combien il était dangereux d’avoir trop confiance en soi, et je m’étais pourtant faite avoir comme une débutante. Me collant contre le sol, il essaya de nouveau de me convaincre de le laisser gagner et cette fois il me proposa de se débarrasser de Mary. La proposition aurait pu être alléchante, et il le savait d’ailleurs. Seulement ma fidélité envers la meute mais surtout le souvenir de mon ancien ulfric était plus grande que ma haine envers ma Lupa. Et Dieu sait pourtant que je ne la supporte pas. On tapa un coup contre le sol, un deuxième, et au troisième je l’avais repoussé et m’étais relevée.

♪ Vous et moi sommes complètement différent. Pensez-vous réellement que j’allais accepter? Que j’allais vous laisser faire main basse sur les miens en anéantissant notre leader ? Je n’ai aucunement confiance en votre parole et en vos mots. Je préfère encore mourir plutôt que de passer un pacte avec vous. ♪

Au moins les choses étaient claires. Ce n’était peut-être pas une bonne chose de lui tenir tête, mais j’en avais cure. Je me fichais de ses propositions et jamais je n’accepterais la moindre chose venant de lui. Je le toisais encore un peu du regard avant de me jeter sur lui et de rependre la « mêlée », décidée plus que jamais de le mettre à terre et l’emporter sur lui.

Je partais d'un petit rire intérieur quand je vis que la louve ne daignait pas s'abaisser devant moi comme je lui avais d'abord rendu la politesse. Je ne savais qu'il ne s'agissait pas tant d'un défi à la base, puisqu'elle avait cette petite lueur de bestialité et de sauvagerie dans le regard. Quelles délicieuses et pitoyables créatures, trop fières et trop imbues d'elles mêmes. Ils reproduisaient le même comportement que ces animaux qu'ils singeaient, ils ne courbaient jamais l'échine que devant un autre supérieur. Elle ne m'offrait pas le même respect qu'à sa Lupa. Heureusement, d'un côté. De cette arme potentielle qu'étaient les loups garous, je ne souhaitais pas le moins du monde les savoir indisciplinés et incapables de vivre en groupe. Mais ça je savais déjà qu'ils étaient capables. Leur organisation en meute, quasi-tribale même, était quelque chose que je comprenais. Les humains aussi vivaient d'une organisation analogue la toute première fois que j'avais pris consistance dans cet univers matériel. Je savais aussi qu'il fallait une solide solidarité de groupe pour survivre à un génocide orchestré par des créatures aussi nombreuses et puissantes que l'étaient les vampires. Les loups garous avaient ce mérite insoupçonné, que je me devais d'exploiter. Ou de détruire avant qu'ils ne deviennent un danger sérieux. Je voulais plus que tout m'amuser avec eux. Tant de force, de bestialité, dans un corps d'apparence humaine. J'avais envie de les avoir, de les subordonner, d'en faire mes objets. Qu'il serait délicieux d'assouvir toutes les pulsions malsaines et violentes sur des individus aussi endurants. Je m'en régalais d'avance. Les choses pouvaient prendre une tournure agréable,c 'était un fait. Quelle délicieuse créature que celle avec qui j'échangeais des coups. Je savais qu'elle était un prédateur féroce. Qu'il serait bon d'attiser les flammes de la haine dans ce corps ouvert à la brutalité ! Elle me rendait coups pour coups, œil pour œil et dent pour dent. Je partais d'un rire ouvertement amusé et moqueur, alors que je laissais l'espace d'une infime seconde mes yeux de démon transparaître dans ceux de mon enveloppe charnelle, le noir de mes pupilles se dilatant totalement, de sorte à lui montrer l'obscurité de mon âme. Tout spectateur non averti n'y aura vu qu'un jeu de reflets, mais elle, elle savait ce qu'elle avait vu. Je la saisis par les cheveux pour l'attirer brutalement contre moi.


| Faites donc, beauté. Révélez mon identité au monde. Cela ne vous sauvera pas, votre race est en déclin. Quand je suis venu pour la première fois dans ce monde, vous étiez nombreux, vous viviez libres. Et aujourd'hui ? Vous vous cachez comme des rats, vous vivez reclus parce que vous avez peur. Je suis éternel, vous savez. Dénoncez moi et l'humanité ne verra dans mon regard que son propre reflet... |


J'avais craché ce mot comme une insulte, parce que s'en était une d'une part, mais aussi parce que c'était la vérité. Ils avaient peur de prendre leur destin en main, de se réveiller, de conquérir la place qui était la leur. Ils savaient que les vampires étaient les plus forts pour l'instant, et les humains pis encore. Mais ils ne faisaient rien contre ça. A vomir. Pensait t'elle que mon but était l'anéantissement de toute vie sur ce monde, pour qu'elle réagisse de la sorte ? Elle se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Le chaos se nourrissait de la masse des damnés, pas d'un unique carnage généralisé. Le combat continuait. Elle souffrait, moi aussi. Je ressentais la souffrance du corps que j'occupais comme un précieux présent, des plus exquis. Je me nourrissais de toutes ces délicates sensations comme autant de bienfaits de mes créateurs. La louve choisissait donc le chemin de la mort. Pas de pacte ? Je souris. Quelle force de caractère ! Vraiment délicieux...


| Tout change. |


Elle me repoussa et je poussais un rire de dément, m'étouffant presque dans cette carcasse trop petite pour ma puissance.


| La voie de la souffrance me convient aussi. |


je regardais le bar. Toutes les bouteilles, tout le verre contenu sur les plateaux, dans les réserves, bref tout ce que je voyais, explosa soudain en centaines de fragments, éclaboussant de liquides les personnes alentours. Je me retournais vers la louve.


| La fête est terminée, dans ce cas. J'en ai bien peur. |

Quoi ? Ce n’est pas parce que j’ai promis de surveiller une meute de bêtes poilues que je n’ai pas le droit de m’amuser un minimum. Certes, je suis venue ici grâce sous sommation de Mary Wellesley et certes à nouveau je souhaite que notre accord soit parfaitement mené. Dans mon propre intérêt. Je n’ai pas pour autant l’obligation de ne pas profiter de la soirée comme je l’entends. Je ferme les yeux et frémis d’excitation lorsque je sens le cuir sous mes doigts et l’ambiance presque lubrique qui commence à régner. Ce n’est pas pour rien que le premier match qui va avoir lieu sera celui qui m’opposera à Makayla. Non. Nous allons provoquer les foules, les exciter, les rendre fous. J’en rirai presque à gorge déployée. Je n’ai peut-être pas une expérience poussée de la race humaine mais je sais cela ; lorsqu’il s’agit de désir ils ne valent pas mieux que des bêtes et sont prêt à tout pour les assouvir. Je fais glisser ma robe de mes épaules et enfile les vêtements moulant, presque provocant que j’ai trouvé à ma portée. Indécente à souhait, je serai presque plus convenable si je me rendais nue sur le ring. Je souris de façon carnassière avant de quitter les vestiaires et de monter sur la place.
Je regarde la foule par-dessus mon épaule voit les regards mâles, quelques fois femelles s’attarder sur moi. Comme le ferait une véritable professionnelle, j’envoie quelques signes de la main, quelques baisers. Je devine la réaction chimique qui les anime et soupir presque d’aise. Après… Plus tard. Je serai toute à eux. Ils seront tous à moi. Et si ce n’est ce soir, ce sera les suivants. Je ne suis aucunement pressée.

Rapidement, je saisis le bras de Makayla et la cloue au sol. Il faut dire ce qui est, la victoire m’a été plutôt facile et elle m’a bien aidée. Alors que j’entends les trois coups frapper le ring, je rejette ma chevelure en arrière et sourit à la foule qui m’acclame. Une révérence et je quitte le lieu. Non sans avoir jeter un regard à Caïm. J’aurais presque envie de le narguer, de lui montrer que j’ai eu une longueur d’avance et qu’il a déjà perdu ce combat-ci. Peut-être même celui à venir. Supérieure, je me contente d’un regard hautain avant de me consacrer à la petite humaine. Je saisis ses épaules un sourire sur les lèvres.

- J’espère ne pas t’avoir blessée. Si tu le souhaites je partagerai mon prix avec toi. Nous pourrions passer une délicieuse soirée toutes les deux.

Petite âme juvénile, naïve que je croque petit à petit. Elle m’amuse énormément et sa crédulité fait qu’elle n’en est que plus délectable. Je me donne encore quelques nuits avant de la désinhiber et la rendre aussi peu morale que je peux l’être. Attendant la suite des évènements et avant de connaître le nom de mon futur adversaire, je l’invite à prendre une consommation au bar. A mes frais. Après tout je peux me le permettre, j’ai eu l’excellent instinct de choisir une hôte pleine aux as. Lorsque nous quittons les coulisses de la scène, je me mets à balancer légèrement ma chevelure et lancer des regards appuyés aux hommes aux alentours. M’attardant certaine fois à un bras pour le remercier de ses félicitations. En vérité, j’aime l’odeur qu’un mâle excité dégage. Cette moiteur, ce parfum légèrement musqué. Je me sens parfaitement dans mon élément. Certaines fois je détourne leur attention sur Makayla. Délicatement afin qu’elle se sente tout autant désirable. Ce qui, j’en suis certaine m’aidera à le corrompre dans les jours futurs. Nous finissons par rejoindre le bar alors que le second combat se termine. Et là, je ne sais pas pourquoi, j’ai une folle envie de retourner observer de plus près ce qu’il se passe. D’être au milieu de ces humains et bêtes soumis à leurs appétits pervers. Je laisse mon argent à l’humaine et me faufile parmi les corps suintants de la foule.

Lorsque le quatrième combat se déroule je regrette presque d’avoir accepté cet accord avec la louve sachant qu’elle ne m’autorisera jamais à croquer l’un de ses chers petits. Pourtant, le sang qui coule ne fait que me rendre plus fébrile et enjouée. Je laisse quelques fois une main trainer sur un postérieur. Frôle un autre corps. Je m’amuse comme une petite folle gardant un œil avisé sur la scène. D’autant plus que Caïm y entre. En compagnie d’une des bêtes de la meute. Je suis du regard chacun de leurs mouvements et me rend rapidement compte que le démon essaye d’empiéter sur mon terrain. Qu’il essaie de soudoyer son adversaire. Je souris en la voyant se battre. Ce n’est pas parce que l’on est un démon de plusieurs millénaires qu’on est forcément supérieur dans tous les domaines. Petite vengeance personnelle plutôt délectable. Je l’avoue. Rapidement refroidie lorsque j’entends les bruits de verre brisés aux alentours. Je ne devrais pas me sentir concernée, je ne devrais pas prendre cet étalage de pouvoir comme une attaque personnelle. Mais désormais liée à la meute d’une façon bien particulière, je suis comme impliquée parce qu’il vient de se passer. Sans hésiter une seconde je fais appel à mon don et pétrifie tous ceux que je n’ai pas relevé comme appartenant à la meute. Ainsi que ce cher démon. Je traverse la foule après m’être assurée qu’il n’y a pas de mouvements excepté les nôtres et me rend au bord du ring, les poings sur les hanches. Un faciès tiré par le dégoût que me provoque mon ennemi de toujours. Arrogante, enragée mes mains se mettent automatiquement à mimer mes propos.

- Je te prierais de chercher d’autres jouets Caïm. Cette meute est sous MA protection. Cesse de jouer à l’enfant et de faire un caprice parce que tu n’as pas obtenu ce que tu souhaitais. Tu es plein de ressources et tu trouveras certainement autre chose à faire pour me montrer à quel point tu es puissant et bla bla bla. Maintenant tu peux aussi en faire à ta tête, on provoquera un carnage et on sera probablement renvoyé là où nous sommes censés être. Tu peux me dire que tu n’en as rien à faire, mais je ne crois pas que tu souhaites perdre l’occasion en or que tu as avec ta « fille ». Je te prie donc de terminer ce combat bien sagement. Veux-tu ?

Je m'amusais de la situation, je m'en délectais. Je savais que j'avais franchi une limite invisible, mais les loups ne l'avaient ils pas fait les premiers en repoussant l'idée même de m'avoir à proximité d'eux ? Ils avaient essayé de se battre, et ils avaient perdu. Leur défaite se résumait à une idée toute simple. Ils m'avaient fait perdre patience. Je piquais une colère. Bête à dire, et foncièrement pathétique, mais bien réel. Une entité qui se met en rogne n'est rien en comparaison d'un caprice d'humain. J'avais la capacité de massacrer toutes les personnes présentes, ou de les obliger à se plier à ma volonté. Mais juste une bonne dose de chaos suffirait pour ce soir. Je pouvais déjà le sentir se répandre autour de moi, par la peur et l'appréhension grandissante. Je laissais l'atmosphère déjà moite s'alourdir un peu plus de ma présence, le démon que j'étais emplissant l'atmosphère d'une tiédeur malsaine. Rien n'était fini. Tout commençait. Je ne contins même pas un sourire quand un individu bondit en arrière alors que tous les gens alentours se faisaient asperger de verre brisé, et éclabousser d'alcools et de boissons diverses. Il fallait bien sentir à cet instant présent, la froide et terrible révélation qui étreignait le cœur de tout un chacun. Sans doute que personne n'arriverait à nommer cette sensation de façon aussi rapide que limpide ; ce n'était jamais qu'une impression, un sentiment d'appréhension horrible qui empêchait fatalement les gens de raisonner clairement. Je savais que je visais juste. L'heure n'était plus aux alliances ni à la politique. L'heure était à l'amusement. Et un démon était du genre à se détendre comme un petit fou, quand on le laissait jeter son dévolu sur suffisamment d'âmes humaines...


Alors, il se passa quelque chose de surprenant. Aurora s'impliqua. Personnellement. Je lui jetais un regard plus étonné que réellement vindicatif ou belliqueux. Je savais qu'elle se trouvait là, à portée de main. Elle avait figé l'assemblée, à part elle même, les loups galeux, et moi. Je ne savais pas avec clarté si son pouvoir ne pouvait m'atteindre ou si elle l'avait fait à dessein. J'optais finalement pour cette seconde explication alors qu'elle s'avançait vers moi. Belle et sulfureuse comme le démon de la luxure qu'elle était. Elle réveillait mes instincts démoniaques. Qu'il aurait été bon de massacrer tout le bétail humain qui nous entourait, de nous délecter de la souffrance formidable que pouvaient encaisser ces loups, avant de finalement nous adonner aux vices les plus exécrables et les plus répudiés par toutes ces pâles divinités humaines. Bien entendu, Lilith joua de nouveau les fières à bras. Je la regardais sans réagir, me contentant d'arborer un mince sourire. Je cachais aussi habilement que possible la joie que je ressentais. Me connaissait elle si mal qu'elle aurait pensé que j'allais abandonner ? Je n'en savais rien. L'un prenait l'avantage sur l'autre au fil des millénaires en jouant sur l'incompréhension dont nous faisions immanquablement l'objet. Terminer le combat ? Sagement ? Ma fille ? Mon sourire se fit plus prononcé, alors que je constatais que Lilith avait toujours le même défaut. Quel rôle pouvait bien avoir la coercition, la menace, et toutes ces choses, quand nous avions de toute manière l'éternité devant nous pour nous amuser et nous venger des vivants ? Je partais d'un petit rire.


| Visiblement, ces chiens galeux se sont montrés plus malins que je ne m'y attendais, ils se sont dégotés un autre protecteur. Remballe donc toute ta plastique possédée au travers cette humaine, Lilith. Cea ne servira à rien avec moi. Crois tu donc que Maryana est mon unique occasion, mon arme secrète ? Penses tu que j'ai peur du bannissement ? J'ai l'éternité pour revenir, Lilith. Tout comme toi. Et tout comme tu sais que tu ne pourras maintenir tous ces gens figés si je te force à pomper un peu plus sur tes pouvoirs. Nous savons l'un comme l'autre, que tu es autant excitée que moi à l'appel de toute cette immonde débauche que je m'apprête à provoquer. Veux tu vraiment la guerre ? Si je n'ai pas eu les loups, j'aurais les vampires. Et ils sont plus nombreux. Et si humains à leur manière, qu'ils en sont d'autant plus malléables... J'ai donc une autre idée. |


Je m'approchais d'elle, reluquant son enveloppe charnelle d'un regard de connaisseur. J'en avais engrossé des milliers, des humaines faites comme elle. Mais je voyais clairement la chose hideuse que toute cette chair renfermait.


| Tu me laisse à mes affaires, et je te laisserais aux tiennes. Mais tu me laisses aussi faire notre... Comment dire, notre travail ? Nos maîtres ont soif d'âmes, et de sang. |


Je vins lui susurrer à l'oreille.


| Gardes les loups sous ta coupe, et laisses moi réunir d'autres créatures. Forgeons une alliance, et faisons baigner ce monde dans son sang... |

J'avais perdu de façon ridicule, j'avais des progrès à faire concernant le combat au corps à corps, mais ce n'était que partie remise, j'en étais bien certaine. Je savais que j'aurais l'occasion de recroiser la route d'Aurora un jour ou l'autre, mais elle n'était pas la plus importante. J'aurais tellement voulu m'amuser un peu plus sur le ring mais peu importe. Nous descendions du ring, j'étais un peu dépitée mais ça passerait rapidement. Je n'allais pas me laisser abattre pour si peu, n'est ce pas ? Ce n'est pas le genre d'une Brown d'être défaitiste. Aurora me demanda si elle ne m'avait pas blessé mais ce n'était pas le cas. Je lui faisais un petit signe négatif de la tête pour la rassurait même si j'étais presque certaine qu'elle me demandait cela par pur principe. Elle me dit qu'elle partagerait son prix avec moi pour que nous passions une délicieuse soirée. Ces paroles me redonnèrent immédiatement le sourire, comme si ... Comme si je me voyais déjà en train de dîner avec elle dans ce restaurant, puis finir la nuit chez elle ou chez moi dans les draps l'une de l'autre. Étais-ce vraiment une proposition cachée ? Je ne le savais pas, en tout cas, je me sortais cette pensée charnelle de la tête. Le tournoi n'était pas fini, loin de là. Je ne m'attardais pas trop sur les combats suivant à vrai dire. Dans sa générosité, Aurora m'invite à boire un verre à ces frais et m'accompagne au bar par la même occasion. Je croise du regard Camille avec une brunette que je ne crois pas connaitre. Elle me laisse alors son argent avant de regagner le ring, ou en tout cas de s'en rapprocher, me laissant plus ou moins seule à ce moment là. Je n'ai même pas eu le temps de la remercier pour le verre qu'elle venait de m'offrir. Tant pis, elle reviendrait sans doute vers moi un peu plus tard. Je me tournais alors encore en tenue de catch vers Camille et donc la personne qui était à ces côtés.

" Voilà, je me suis fait battre à plat de couture, j'espère que tu n'avais pas parier sur moi Camille au moins. "

Je faisais en même temps un petit signe de tête à celle avec qui il parlait avec un petit sourire. Je devrais avoir honte de me trimbaler comme ça devant autant de monde mais la honte ne m'avait jamais tuée, et puis, j'attirais quelques regards féminins et masculins sur ma personne ce qui ne me déplaisait pas au final. C'est alors que j'entends des bruits de verre un peu partout autour de moi ? Qu'est ce que c'est que ce cirque ? Mon verre contenant du coca vient lui aussi d'exploser sans me faire mal. Il ne reste que le bas du verre, le haut ayant explosé laissant couler au sol la plupart du contenu. Camille demanda alors autour de lui si nous n'avions rien même si cela ne m'était pas directement destiné, je lui répondais que ça allait.

" Personnellement ça va, mais nos verres viennent de se suicider je crois. Ils en ont eu peut être marre de contenir autant de liquide, qui sais ? "

Oui, même si la situation pouvait paraître grave à première vue, je ne pouvais m’empêcher de faire une petit touche d'humour. Que c'était-il produit ? Qu'est ce qui pouvait faire que le verre se brise ? S'il y avait eu une cantatrice en train de chanter, j'aurais pu comprendre mais là, il n'y avait rien de tout cela. Des ultrasons peut être ? Je ne savais pas, mais il devait bien y avoir une explication. Peut être que cela faisait partie de la fête après tout, que Madame Wellesley avait prévu de nous faire ce coup là même si j'en doutais fortement. Mais sans doute que la réponse arriverait plus ou moins vite cela dit.

Depuis quand cette guerre a commencé, je n’en ai aucune idée. C’est devenu une sorte de réflexe au fil des millénaires. Caïm gagne, je me venge. Il contre-attaque et je réponds. Un jeu sans fin entre deux entités qui s’amusent à répandre le chaos et la terreur à chacun de leur passage à la surface de la Terre. Jouer à celui qui ramènera le plus d’âme auprès de nos maîtres. Celui qui dominera le plus et le mieux. Et pour cela il n’y aucune réelle règle. Nous pouvons créer des alliances, les détruire, saisir les meilleures opportunités dès qu’elles se présentent ; car après tout, nous ne dépendons de personne et tant que nous soumettons les autres, récoltons notre labeur tout est justifié. Tout est de bonne guerre comme disent ces humains. Je crois bien que c’est un principe auquel j’adhère de plus en plus. Enfin… quoi qu’il en soit, nous voilà une fois de plus l’un face à l’autre. Et cette fois-ci J’ai une longueur d’avance. Ah ah ! Je lui rirais bien à la tronche si j’étais moins digne et préoccupée par mon apparence. Qu’est-ce qu’il en dit de ça ! Hautaine comme je sais l’être, je le dévisage. A la fois excitée et écœurée de devoir à nouveau faire face à lui. Finalement c’est ce à quoi se résument mes objectifs. Le dominer. Et tous ceux qui se trouvent dans cette pièce ne sont que de petites pièces à utiliser pour parvenir à mes fins. La surface de la Terre n’est qu’un vaste terrain de jeu sur lequel je m’exerce et exige. Presque.

Même si ça me fait mal de l’avouer, il est plutôt doué dans son domaine l’abject et de sentir nos deux puissances côte à côte me donnent des envies de domination. De balancer ma couverture à la poubelle pour assouvir chacun des petits êtres présents dans cette pièce. Mais ce serait trop rapide. J’aime apprécier chaque instant, faire dans la… subtilité en quelques sortes. Prendre mon temps et savourer chacune des âmes dont je me délecte. En cela nous différons. Et il me le fait rapidement comprendre en partant d’un petit rire. Oui, si nous ne sommes bannis, nous pouvons revenir plus tard. Achever notre tâche. Dans quelques décennies, siècles ou millénaires. Qu’importe. Mais je ne compte pas pour autant abréger de sitôt cette visite-ci. Je sens qu’il y a énormément de potentiel, quelque chose de sombre et d’excitant dans l’air qui rend les humains totalement fous. Ces pauvres bêtes soumises qui se font sucer leur sang dans des bars sombres, des soirées de débauches, des orgies comme on en a plus connu depuis l’époque romaine. Tous mes instincts sont dehors, prêts à capter la moindre étincelle et lancer un brasier de luxure et de déchéance. Rien qu’à l’idée je sens le désir irrépressible de dominer chaque mâle de cette pièce. De créer un véritable désordre sensoriel et d’enflammer les esprits. Je me retiens cependant puisqu’il s’agit justement du but de Caïm. M’orienter vers tout autre chose et me faire lâcher prise.
Je ne réagis pas lorsqu’il s’approche de moi, s’attardant sur le corps de mon hôte. Contrairement aux autres êtres de cette pièce, il connaît ma véritable apparence, sait que tout ceci n’est qu’un leurre pour amadouer les faibles esprits et les manipuler d’autant plus facilement. Mais je dois avouer que j’ai plutôt eu bon instinct en choisissant cette Aurora. Elle m’ouvre facilement les portes que ce soit grâce à son statut ou ses jambes élancées. Alors qu’il me susurre à l’oreille j’émets un son rébarbatif avec la langue et parle à voix haute afin que chacun puisse m’entendre.

- C’est moi où tu me prends réellement pour une imbécile Caïm ? Comme si j’allais t’accorder ma confiance. Tel que je te connais, une fois que tu auras obtenu ce que tu souhaites tu trouveras un moyen pour me renvoyer et terminer ton travail seul. Faisons donc cela. Pars t’occuper de tes bêtes à crocs et moi je reste ici à régler mes petites affaires avec Mlle Wellesley. Et que la meilleure gagne.

Je lève ma main et me saisit de la nuque de son hôte comme si je scellais notre arrangement d’une bise. Réflexe que j’ai appris à prendre depuis que je travaille à la société Tru Blood afin de garder ma couverture. A mon tour je me mets à murmurer au creux de son oreille.

- Mais ton offre est des plus alléchantes et a éveillé ma curiosité cher collègue.

Je laisse glisser ma main le long de sa joue et retourne à ma place de départ, non sans jouer avec les atouts que prodigue le corps de mon hôte.

- J’espère que tu as apprécié la vue. Je crois avoir été plutôt inspirée pour celle-ci.

Un sourire sur les lèvres, j’attends quelques secondes avant que le temps ne reprenne son cours et plonge à nouveau dans l’ambiance bordélique que le démon a créée. J’inspire à pleins poumons, une envie irrépressible de jouer s’installe dans mes veines. Des milliers d’idées germent dans mon esprit. Voilà longtemps que je n’ai plus été aussi stimulée.