Du catch, des photos, des hommes et des femmes. Et des loups. Plus amusants, des loups garous. J'étais venu pour ça, uniquement pour ça. Sans Maryana, pour la simple et bonne raison que je la testais tout court, et que sa présence n'avait pas aidé durant ma première entrevue avec la lupa, cette jeune louve effarouchée qui s'était mise en travers de ma route. Devais je faire d'elle un exemple pour m'aliéner ses petits ? Non, enfin, je ne savais pas. Peut être viendrais je seulement ce soir pour faire ce que j'étais sensé faire, sur ce monde. Sans fioriture, sans plan, sans arrière pensée. Le chaos pur et simple. Le chaos dans sa forme originel. Du sang, de la panique, des hurlements, des âmes que je moissonne pour le compte de mes maîtres. Oui, c'était envisageable, ça aussi. Si je tuais tous ces gens, répandant leur sang, est ce que leurs pulsions feraient se transformer les loups garous en leur forme animale ? Peut être était ce une expérience que je me devais de tenter. Peut être se joindraient ils au carnage ou s'adonneraient aux pires vices sur les restes sanguinolents d'une humanité dont le destin était couru d'avance. Je respirais à pleins poumons une fois que je fus arrivé sur les lieux de la petite sauterie. La bonne odeur des pins, celle du vent, mais aussi celle plus âcre des hommes, de leur sueur, de leurs pulsions. Et par dessus ce cocktail un peu barbare de senteurs toutes plus aigres les unes que les autres, il y avait celle plus musquée encore de la fourrure, de la rosée du soir sur ces monts, et de l'haleine chargée de sang des animaux qui feraient bonne figure ce soir. J'imaginais déjà le spectacle, s'en était risible. La belle lupa avait elle vraiment besoin d'argent, qu'elle produisait cette grande pantalonade sur ses propres terres ? J'avais envie d'un peu de chaos, décidément, de laisser libre cours à mon inspiration et à ma présence maléfique. J'avais tenté quelques expériences, à ma précédente incarnation. J'avais envie de m'amuser. Je quittais le sentier avec un sourire amusé, alors que la foule se rassemblait à l'autre extrémité du parking.


Je n'eus pas besoin de marcher longtemps pour trouver mon bonheur. Un couple d'adolescents humains en train de se tripoter dans l'obscurité du sous bois. Je partais d'un petit rire, avant de me concentrer pleinement. Je saisis ma puissance et mes pouvoirs, et j'étendais ma volonté jusqu'au corps des deux humains. L'homme, j'agissais directement sur son adrénaline. Je poussais son corps à en synthétiser beaucoup d'un coup, puis je m'attardais sur d'autres zones du cerveau, agissant sur leur substance de sorte à produire les réactions chimiques à la base de toute sensation, de toute pensée. Une fois mon « poison » instillé, je m'attardais sur la jeune femme. Je contrôlais les liquides, ses fluides corporels. Je me détournais au bout de quelques instants. Quelle tête ferait la femme quand elle se rendra compte que son compagnon a déjà terminé tout seul ce qu'elle avait commencé, dans son propre pantalon, réduit à l'état de bête soumise à ses plus bas instincts charnels ? Et lui, comment réagira t'il, quand il se rendra compte d'excitation, sa dulcinée s'est urinée dessus avant de se mettre à pleurer ? Des éclats de voix et des cris perçants retentirent délicieusement à mes oreilles alors que je m'éloignais. Qui avait dit qu'il fallait absolument torture, violer ou tuer pour répandre le chaos ? Le monde n'avait jamais besoin que d'une infime pichenette pour basculer dans la folie. Je reprenais le chemin officiel de la soirée, on me tamponna le bas et on m'attribua un numéro. Décidément, j'étais prêt à m'amuser ce soir...

Une journée mondaine, voilà ce qui m'attendait aujourd'hui, et je dois vous dire que cela ne m'enchantai pas tellement à vrai dire. Pourquoi cela ? Et bien déjà, je n'y allais pas dans le cadre de mon travail, de plus j'avais cru comprendre qu'il ne fallait aucun appareil électronique, donc ni téléphone portable, ni appareil photo ce qui était plutôt fâcheux pour ma part, car je m'en sers tout le temps, surtout par rapport au dernier mais bon, je ferrais sans. C'était pour la bonne cause, donc je faisais un effort mais le programme de la journée ne semblait pas très excitant. Du catch, voilà ce qu'il y avait de prévu, un sport que je trouvais bien médiocre par rapport à d'autres sports de combat. Il y avait une vente de pâtisserie de prévu me semble-t-il, ce qui n'était forcément excitant non plus. Les photos avec le loup domestiqué pourrait être sympathique, cela dépendrait du prix de celle-ci évidemment. Je n'étais pas radine pour ne pas donner mon argent, mais bon, si la photo coûtait trop chère, je m'en passerais, et puis un loup, ce n'était pas ce que je préférais comme animal même si ça doit être impressionnant. Il y avait une petite tombola, je ne savais pas les prix à gagner, mais si je repartais avec un morceau de jambon ou une bouteille de vin, je ne prendrais même pas la peine d'aller chercher mon prix. Quant au spectacle, je ne savais pas de quoi il se composerait, donc je n'en attendais rien.

Aujourd'hui donc, pour faire exception, j'avais louer une voiture à mon nom pour la journée. Oui, parfois certains évènements l'exige. J'aurais pu venir en vélo, jusqu'ici mais comme la journée serait longue, je ne savais pas si mes jambes pourraient me ramener dans de bonnes conditions chez moi et comme je ne pouvais pas avoir d'appareil électronique dans le domaine, je ne pouvais pas laisser ça apparent sur mon vélo. J'avais donc une voiture allemande de couleur noire à ma disposition. Mon téléphone, mon appareil photo ainsi que mon arc et mon carquois de flèches étaient dans le coffre de celle-ci. Je me garais en marche arrière à côté d'autres voitures plus ou moins bien garées à côté de la mienne. Je sortais donc avec mon manteau bleu marine. J'avais donc mon porte feuille dans une de mes poches, ainsi qu'un petit bloc note et un crayon de papier dans l'autre, en espérant que cela soit quand même autorisé car il n'y a pas de métal. En effet, j'avais l'intention de prendre quelques notes au cours de la journée, si j'en avais le temps et si j'en voyais l'utilité aussi, parce que je me voyais mal décrire le catch par exemple. Bref, je sortais de ma voiture donc et me dirigeais à pied vers l'entrée officielle. Je n'avais pas vu de tête connue jusqu'à présent, donc il y avait de grandes chances que je me retrouve seule durant cette journée qui s'annonçait déjà ennuyeuse. Il y avait déjà pas mal de monde devant moi, mais après moi aussi, de toute façon je n'étais pas en retard que je sache.

Une musique assourdissante dans les oreilles, je finissais de fermer mon dernier carton. Je m'étais décidée à laisser mon appartement et de retourner vivre à Wolfheaven. J'en avais besoin pour tout vous dire. Il me fallait me ressourcer en quelque chose, me retrouver et ce n'était pas dans ce lieu plein de mauvais souvenirs que j'allais y arriver. Et puis, avouons le : depuis que j'avais mis au monde deux enfants je me sentais affreusement seule dans cet endroit. Je commençais à devenir folle à force de ne penser qu'à ça, au point d'en être venue à me transformer en plein milieu de mon salon sans l'avoir voulu. Il fallait que je redresse la situation et je ne pouvais le faire qu'en présence d'autres loups. Leurs odeurs m'apaisaient et surtout ils étaient la seule famille que je possédais. J'aurais pu en parler avec Johan oui. Je n'en avais rien fait. Pourquoi ? Parce que j'avais l'impression que nous avions fait un pas en avant et deux en arrière. Naïvement j'avais pensé que de traverser cette épreuve ensembles nous aurait... Comment dire ? Rapprochés ? Réconcillés ? Allez savoir. En tout cas rien n'était arrivé. Il était temps que je cesse d'espérer des choses qui n'arriveraient jamais. J'avais même, dans la foulée, virée mon avocat, ou du moins, je lui avais dis de laisser tomber le dossier de garde que nous avions en cours. C'était me faire du mal pour rien et cela me faisait perdre de l'énergie. Clayton avait plutôt bien pris la nouvelle, Savannah beaucoup moins. De toute manière elle refusait de m'adresser la parole depuis plusieurs semaines alors pour ce que cela changé. Non ce n'est pas affreux à dire, c'est juste la réalité et croyez le ou non je me sentais mieux dans mes baskets depuis que j'avais fait le point. Il était temps que je retrouve un but à poursuivre qui lui serait réalisable. J'avais dans l'idée de prendre des cours du soir en économie en vu d'obtenir en diplôme du secondaire tout en travaillant la journée bien entendu.

Mais pour l'heure, il me fallait me presser. Mary m'avait demandé de me rendre très tôt à Wolfheaven pour me préparer. Je ne savais pas en quoi cela consisté mais je savais déjà que cela n'allait pas me plaire... Et pour cause. Trente minute plus tard, je me retrouvai face à une femme qui s'amusait à me peinturlurer le visage. Berk. En plus ses produits avaient une odeur très étrange et je n'arrêtais pas d'éternuer. Derrière moi un homme s’affairer à faire quelque chose de mes cheveux « épouvantables » d'après ses dires. Le tout sous le regard très satisfait de ma Lupa qui semblait prendre son pied à chaque grimace que je pouvais faire. Une heure, une longue heure pour que ses humains finissent par partir et me laisse respirer tranquillement... Jamais une heure me m'avait semblé passer aussi lentement. Bon dire que cela n'en avait pas valu le coup serait en mensonge. Je me trouvais presque jolie avec ce maquillage et cette coiffure. Ce n'était finalement pas déplaisante de ressembler à une femme. J'aimais particulièrement les fleurs naturelles qui étaient accrochées dans me cheveux que l'on avait légèrement frisés. Elles dégageaient une odeur très agréables. Mais pas le temps de me contempler outre mesure. Il me fallait à présent m'habiller... D'une robe >.> A croire que j'étais une vraie poupée aujourd'hui. Je gardais mes questions pour moi et enfilais le vêtement blanc que l'on m'avait porté dans ma chambre encombrée par six cartons qui représentaient toute ma vie. Pathétique hein ?

Onze coups sonnèrent, annonçant notre départ. J'ignorais encore ce que me réserver la chef de notre meute et fut soulagée de me retrouver pieds nus et non affublée de hauts talons. Elle nous somma de l'attendre à notre point de rendez-vous où nous recevrons nos ordres. Je fis le trajet en compagnie de plusieurs loups dont James, le potentiel futur Ulfric. Ce que j'en pense ? Et bah si on nous soumet à un vote, il aurait ma vote. Cela vous suffit comme réponse ? Je l'avais souvent observé et il me paraissait être un loup plein de sagesse et assez fort pour soutenir la meute... et supporter Mary ce qui serait son plus grand défi à mes yeux.

Il nous fallut une demi-heure pour arriver à l'endroit convenu. Il n'était pas question que des humains puissent investir notre havre de paix aussi facilement. Le périmètre de l 'événement avait été mesuré avec soin, tout comme les règles pendant ce dernier. Tout avait été fait pour que l'on ne pollue pas notre domaine. Sans me soucier de la robe que je portais je m'asseyais dans l'herbe en tailleur, respirant toutes ses odeurs naturelles si douces, mêlées à celles que dégagées mes frères. D'ailleurs l'un d'eux vint littéralement se coucher sur mes genoux. J'arquais un sourcil en sentant un loup se vautrer ainsi sur moi, avant de soupirer. Alexander avait toujours le chique d'agir de telle manière à ce que je lui accorde mon attention. J'essayais de le déloger et laissais tomber en voyant qu'il n'avait pas l'intention de bouger. S'il pensait que cela impressionnerait le moindre loup qu'il se montre aussi « possessif » envers moi, il se trompait. Tous s'en fichaient totalement. Parce qu'il s'agissait ici dans son acte de me désigner comme sa propriété.

♪ Tu n'as vraiment que ça à faire ? Si tu salis ma tenue, c'est notre Lupa qui ne sera pas contente. ♪

Tiens, j'avais bien hâte de voir sa tête lorsqu'elle le verra vautré sur mes genoux tel un mâle essayant de s'imposer comme celui à qui j'appartenais. Lui qui ne s'était jamais mouillé devant elle. Comprenait-il seulement que ses actions étaient vaines ? Allez savoir ce qui se passait dans sa tête. Je quittais ses pensées pour venir fixer un point dans la forêt. Des lycans firent leur entrée, mais pas n'importe lesquels : des cabots. A l'exception de Johan, je n'avais qu'une seule envie lorsque j'en voyais un : les bouffer. Ils étaient trop marginaux pour faire parti des nôtres et souvent ils finissaient par s'attaquer à des humains. C'était lorsque cela arrivait que j'entrais en scène : j'étais chargée de les poursuivre et de les exterminer sans autre forme de procès. Mes poings se serrèrent en pour cacher la tension qui m'habiter à les voir là, je vins perdre mes doigts dans la fourrure du loup allongé sur mes genoux qui lui non plus ne pouvait pas s'empêcher de les fixer avec férocité. Nous n'étions pas à l'aise avec ses derniers et la tension qui régnait était on ne peut plus palpable. Je me montre même « affectueuse » envers Alexander en caressant son pelage. Il me fallait occuper mes mains autrement qu'en essayant de tuer ses indésirables...

Depuis l'arrivée des jumeaux, Johan était exténué. Il avait réussi à obtenir un congé à la librairie, Joshua prenant la place de gérant pour le mois, mais ça ne l'empêchait pas de consacrer toute son énergie à Niahm et Kean. On ne l'avait pas prévenu qu'être père était si exigeant et il comprenait enfin son propre père, qui l'avait élevé seul puisque sa mère était partie sans laisser de traces peu de temps après sa naissance. Ses heures de sommeil étaient franchement réduites et ses seuls moments de repos étaient quand un loup de la meute passait pour voir si tout allait bien, le laissant aller courir pour se dépenser. Ou alors quand il allait voir la meute avec eux, habituant les autres à leur odeur, dérangeante et forte.
Il n'avait pas l'habitude de rester inactif. Même si avoir des enfants était tout sauf un moment de repos.
Pour la journée, il avait réussi à trouver une jeune étudiante en lettres, une cliente fidèle de la librairie en fait, qui acceptait de garder les bébés très jeunes. Elle s'était extasiée devant les deux poupons, déjà bien grands pour leur âge, et avait enregistré toutes les précautions qu'il avait déballé avec angoisse. Son numéro de cellulaire s'il y avait un quelconque problème, l'emplacement de toutes les fournitures imaginables, le numéro de téléphone de son père. Il avait même failli lui donner celui d'Isadora, mais bon. Il ne fallait pas non plus exagérer.

À cheval sur son fidèle destrier, soit sa bicyclette, puisque sa future voiture était en pleine réparation lors de ses rares temps libres, il arriva à la maison des loups, où il en profita pour passer des vêtements propres, après un rapide passage à la salle de bain pour se rafraîchir et éviter de sentir la sueur du sportif aguerri. La consigne de cette journée était d'être présentable, sans non plus être pompeux. Un jean gris et propre, sans trous miraculeusement, une chemise blanche, à manches longues évidemment, pas de cravate. Johan tenta de placer ses cheveux, mais ses mèches blondes refusaient d'obéir. Tant pis. Il était bien comme ça, non ? C'est bien là qu'il aurait voulu avoir l'approbation d'Isadora. Surtout qu'il ne savait pas ce qu'ils allaient faire, pendant cet événement, et que ça l'angoissait tout de même un tantinet.

Il était déjà temps de partir. Le lycanthrope remit ses espadrilles un peu avachies et suivi les autres loups, restant à une distance respectable d'Isadora, qu'il n'avait presque pas reconnue. Coiffée, maquillée, dans une robe blanche, elle était loin de la femme fatiguée et exténuée qu'il avait connue, ces derniers mois. Son cœur battait idiotement trop vite dans sa poitrine et il accéléra le pas pour aller se placer à ses côtés, mais un loup le coupa dans son entreprise, lui jetant un regard féroce. Alexander. Johan serra les poings et attendit que tous furent arrivés au point de rencontre pour se diriger vers Isadora, assise au sol. Avec Alexander couché sur ses genoux. Oh, il n'était pas de nature jalouse, mais à cet instant, cette affection le piqua. Depuis la naissance de Niahm et Kean, ils ne s'étaient que peu parlé, leur relation étant revenue au point neutre. Au moins, ils ne se criaient pas dessus. Mais ça l'embêtait et l'attristait à la fois tout de même. Ses yeux clairs se firent presque féroces pour Alexander, comme pour lui sommer de foutre le camp sans un seul mot.
L'homme s'avança vers la jeune femme, souriant, lui glissant un compliment comme salutation et détaillant son visage étonnamment sérieux :

« Tu es ravissante. »

À peine le compliment dit avec un sourire qu'une odeur le frappa violemment et il se retourna pour voir les nouveaux arrivants. Des cabots. Comme lui. Ou non. Comme lui avant. Il réalisait, pour la première fois, à quel point pour quelqu'un de la meute, l'odeur des cabots était différente. Il sentit ses frères se tendre, Isadora également, et ne comprit pas immédiatement toute cette tension. Peut-être parce qu'il en avait été un, également, et qu'il savait ce que c'était. Johan ne fit que faire un pas de plus pour se placer derrière la brune, les mains dans les poches de son pantalon.

Je n'étais pas mécontente d'arriver enfin à la fête. J'avais une bonne heure de retard, déjà, ça commençait très mal. J'avais été obligée d'abandonner mon taxi sur un parking improvisé et de marcher. Moi, marcher. Amusant... Décidément, ces loups avaient le sens de l'humour, un humour qui ne me faisait guère sourire. J'allais flinguer mes escarpins, nom d'une pipe ! Et tout cela pourquoi ? Parce que j'avais eu la malchance de croiser Mary, la Lupa, et qu'elle m'avait reconnu. Elle m'avait dit connaître l'odeur des démons, c'était bien ma veine ! Du coup, en échange de son silence, je me retrouvais obligée de chaperonner sa petite soirée. Rien de tel qu'un démon pour jouer les gros bras. Seul ombre au tableau, c'est moi qui risquait de déclencher des bagarres, avec une robe pareille ! L'air était saturé de testostérone. Sans mentir, ni mauvais jeu de mot, j'avais vraiment du chien dans ce petit bout de soie rouge, extrêmement près du corps. A la limite de la vulgarité. Mais j'étais Lilith, la luxure, je pouvais tout me permettre. Même d'être narcissique et présomptueuse.

Je dû rapidement faire demi-tour lorsque, au loin, je vis Caim. Il était là, lui aussi ? La poisse ! Manquerait plus qu'on se croise... Notre relation n'était pas toujours au beau-fixe, et je n'avais aucune envie de me disputer avec qui que ce soit aujourd'hui. J'avisais une file d'attente un peu plus loin. Non ! On allait vraiment oser me faire faire la queue comme n'importe quel vulgaire... oh oh. Etait-ce bien Camille Fontayn que je voyais là ? Un riche héritier, à ce que j'en savais, un français avec de belles manières. J'avais entendu parler de lui. Quiconque avec un peu d'argent et de pouvoir était bon à mettre sur la liste de mes connaissances. De plus, sa tenue négligée chic, décontractée, lui faisait un cul d'enfer ! J'étais déjà sous le charme. Avec un regard enjôleur, je demandais à plusieurs hommes de me laisser leur place dans la queue pour pouvoir me placer juste derrière Camille.

Décidément, ça n'avance pas vite... maugréais-je avec une petite moue boudeuse, assez fort pour que Camille m'entende

Est-ce qu'ils ont vraiment peur qu'on essaye d'introduire une bombe dans leur petite sauterie? continuais-je avec un peu moins de mauvaise humeur et davantage d'ironie dans la voix

C'est moi qui aurais dû avoir peur. J'étais plus ou moins chargée de la sécurité, soi-disant, et voilà que déjà j'étais arrivée en retard et obligée de faire la queue comme tout le monde. Je dansais d'un pied sur l'autre, ces talons commençaient à me faire souffrir. Et il fallait rapidement que je trouve un miroir pour remettre en place ma poitrine dans mon décolleté, elle menaçait à chaque mouvement d'en sortir. Oh ce que cela aurait été gênant... Enfin pour moi.

Le temps passait déjà lentement dans cette fil d'attente. Oui, je sais, aujourd'hui, je ne suis pas forcément de bonne humeur, mais quand on m'enlève mes jouets, notamment mon appareil photos, ça ne peut pas aller. Surtout que le domaine est magnifique d'après ce que j'ai pu entendre et la visuellement devant moi, il y aurait déjà de quoi faire de belles photos donc c'est encore plus frustrant que ce que j'imaginais. Etre dans une dans réserve naturelle de loups, autrement dit, en plein milieu de la nature sans pouvoir prendre de photos est l'une des choses les plus frustrantes que je n'ai jamais connue, mais bon, je dois faire avec. Je soufflais déjà, et je crois que j'avais pas encore finie de le faire, ça non. La journée débutait mal, il faudrait que les animations soient à la hauteur des espérances, voire carrément au dessus pour me redonner le sourire. Par dessus le marché, pour le moment, je n'avais vu aucune tête de connue, c'était encore plus frustrant donc. De toute façon, je n'étais pas là en tant que photographe, j'ai envie de dire, heureusement sinon, je me serais fait bien engueuler par le chef qui aurait été déçue que je ne ramène pas de photos. Il y avait bien une photo de prévue avec un loup que je sache, mais ça ne serait pas suffisant, c'était plus que certains et puis cette photo va sûrement me coûter la peau des fesses mais bon, quitte à être un plus près d'un appareil photo, ce sera un mal pour un bien. J'avançais donc doucement mais sûrement dans cette fil d'attente qui ne cessait de s'allonger. Mais que font les gens devant pour que cela soit si long ? Je m'impatientais vraiment, j'essayais de ne pas le montrer mais ça commençait à être difficile pour moi mais bon que voulez-vous, il y a des jours sans, et aujourd'hui en ferrait certainement partie. Mon tour arriva enfin. Tout semblait être en règle. On me tamponna sur la main un numéro, le 258 suivi d'une tête de loup, ou ce qui y ressemblait. Il y avait donc déjà 257 personnes avant moi ? Ou ce numéro était simplement le hasard ? Je ne sais pas en tout cas, il y avait du monde derrière moi encore, c'était certains. Combien de personnes étaient attendues aujourd'hui ? Impossible de vous dire, mais il devait y avoir du monde, beaucoup de monde, trop de monde certainement pour qu'il ne se passe aucun incident, mais cela, nous le verrons par la suite.

Aujourd’hui, nous verrons tous nos efforts portés leur fruit. Oui cela ne faisait pas de doute dans mon esprit. Du genre têtue, je n’allais rien se dérouler de travers. Il n’était pas question que l’on nous fasse une nouvelle fois du tords. J’avais tout prévu de A à Z et tout était en place comme je l’avais décidé. Je dois bien avouer que James avait eu une excellente idée. Lorsque j’avais évoqué l’importance d’agrandir nos rangs et de faire une alliance avec ses changeurs, il avait tout de suite pensé à un évènement mondain sur nos terres pour que nous soyons en position de force. J’avais accepté son idée, lui faisant bien comprendre tout de même que bien que brillante, elle restait tout de même dangereuse. J’avais ainsi tout fait pour ne rien laissé au hasard. J’en étais même venue à recruter les cabots de la région pour qu’ils nous assistent aujourd’hui. S’ils refusaient d’aider la meute, et bien nous les exécuterons. De plus, ils seront payé pour leur service avec une coquette somme ce qui avait plu à plus d’un. Je n’avais pas pu me contenter de les menacer si je voulais qu’ils nous protègent comme je le désirais. La moitié de leur salaire leur avait été versé avant, et la deuxième moitié ne le serait que s’ils accomplissaient bien leur tâche…

Ce matin là, je m’étais levée à l’aube pour courir. J’avais besoin de cette activité avant d’attaquer une journée qui s’annonçait très longue. Je devais « accueillir » Isadora qui avait décidé de vivre à Wolfheaven le temps de se retrouver un travail et payer ses factures. Je ne pouvais pas me dire heureuse de la voir débarquer, mais en tant que membre de la meute, je n’avais pas pu lui refuser. Je comptais bien me venger en commençant par lui infliger une longue préparation pour notre journée mondaine. Vu comment elle pouvait se fringuer et se présenter devant les autres, c’était un miracle qu’un homme se retourne sur elle. Et vu qu’aujourd’hui je comptais lui donner un rôle spécifique, il me fallait la relooker. En voyant la coiffeuse et la maquilleuse s’occuper d’elle, c’était à se demander comment elle avait pu faire deux aussi beaux louveteaux. Non parce qu’on ne pouvait pas dire que les deux bébés faisaient partis de la catégorie « repoussant ». Je n’avais pu les voir que trop peu souvent mais j’avais pourtant constaté ce fait, comme tous les autres loups d’ailleurs. En pensant à eux, il me fallait dire à Johan qu’il devait beaucoup plus souvent les amener à Wolfheaven. Pour l’instant on se déplaçait beaucoup chez lui, toutefois, la tendance allait devoir s’inverser et très rapidement. Ils appartenaient à la meute après tout. Et surtout, je l’avoue, je voulais voir la tête et le cœur d’Isadora se briser lorsque je m’occuperais de lui. Non je ne me suis toujours pas décidée à être douce avec elle. Et puis quoi encore ? Je comptais d’ailleurs mettre Johan dans mon lit et m’arranger pour qu’elle le constate par elle-même. Ensuite seulement je la laisserais tranquille. Elle m’avait volé mon Ulfric, j’allais lui prendre ses enfants et le loup pour qui elle avait de l’affection et avec qui elle n’arrivait à rien.

En attendant je la laissais pour me préparer moi-même. Je n’avais pas grande chose à faire étant beaucoup plus jolie que la deuxième femelle de la meute. Je comptais en fait pouvoir prendre un bon bain, et me détendre une nouvelle fois avant de mettre les pieds directement dans cette journée qui s’annonçaient très riche. Une heure et j’étais fin prête. Je dis à un des loups où tous devaient se rendre avant de prendre ma voiture et quitter le lieu. J’avais quelques affaires à régler avant de rejoindre ma meute. Je garais ma voiture dans le parking improvisé, pour l’instant vide. Je rejoignais très rapidement l’entrée et informa aux cabots qui étaient déjà sur place que s’ils voyaient arrivé notre invité de marque – soit Aurora – ils devaient la faire passer devant tous les autres, de telle manière à ce que ce Caïm constate sa présence. Elle était pour l’instant un atout primordiale pour notre meute et notre accord la protégé autant qu’il nous protégeait. Je ne leur avais rien dis de plus. Ils ignoraient le pourquoi de cette journée et le danger qu’était l’homme qu’ils devaient surveiller de près. Après tout ils ne faisaient pas partis de la meute, je n’avais aucun devoir envers eux.

En parlant de meute, je rejoignais très rapidement les miens. Une tension était palpable entre mes loups et les cabots. Quoi de plus normal ? Je fus satisfaite d’entendre James essayer de calmer les notre. Par contre voire deux loups entourer notre exécutrice ce n’était pas pour me plaire. Je décidais de passer outre pour l’heure en tout cas. Des humains se pressaient déjà à l’entrée et nous n’avions pas de temps à perdre. Je fis signe à tous de s’approcher afin qu’ils m’entendent, vu que je ne comptais pas parler forts

۴ Appaisez-vous mes frères. Aujourd’hui nous sommes tous frères, appartenant à la même espèce, que nous vivions de manière solitaire ou en groupe. J’attends de vous un travail en équipe parfait, afin que tous puissent répondre au mieux à nos attentes. Vous savez tous la tâche qui vous attends. Solitaires, vous serez chargé de la protection de vos semblables mais également des humains. Vous avez tous reçu le portrait de l’homme et de la femme que vous devez surveiller. Johan, tu tiendras le bar avec James. Les autres, vous vous mêlerez à la foule. Doyle, tu charmeras les hommes venus seuls et tu les occuperas jusqu’à ce que je les dirige vers la salle de spectacle. Alexander, tu restes là pour l’instant. Doyle viendra te chercher quand tu devras faire ton entrée… ۴

Je fis ensuite signe aux loups d’aller prendre la place que je venais de leur donner. Nous avions un planning bien précis, avec différents évènements à tel ou tel moment de la journée. Il n’était pas question que nos invités s’ennuient et s’en aillent trop vite.

Il fallait passer le barrage de la sécurité. J'étais arrivé au beau milieu de la foule, et je savais que je pouvais tout aussi bien attendre mon tour si je ne voulais pas attirer de suite l'attention sur mes faits et gestes. Alors je pris mon mal en patience. Cela ne me demandait pas beaucoup d'efforts dans le sens où les démons sont des entités venues des limbes. Dans notre univers obscur et ténébreux, un millénaire pouvait passer en un battement de cœur, alors que pouvait me chaud quelques minutes d'attente ? Je devais remarquer que le terrain convenait exactement à l'idée que je m'étais fait de ces hauts monts boisés la dernière fois que j'étais venu. Réserve naturelle mon cul, ou alors les loups garous se définissaient eux mêmes comme une espèce animale en voie de disparition. Ce qu'ils étaient quelque part, c'était un fait que je ne pouvais que remarquer de mon propre côté. Ils avaient subit des siècles de guerres constantes contre les vampires. Ils avaient fini par perdre car ils n'étaient pas moins forts, au contraire, mais immensément moins nombreux. Rares étaient les rejetons des loups garous, plus rares encore leurs transformés. Les vampires pouvaient infecter une population en à peine quelques mois si le loisir leur en était laissé. Mais le grand défaut de l'espèce à crocs et vivant la nuit était son arrogance. Dans leur destinée bouffie de prétention, les suceurs de sang n'avaient pas cru que d'autres espèces vivaient comme eux dans le secret, utilisant leur propre modèle pour éviter de subir le sort funeste des loups garous. Métamorphes ils s'appelaient. Mais je leur préférais leurs cousins. Beaucoup plus forts, rapides et puissants. Il fallait faire quelque chose, utiliser tout ce potentiel. Mary Wellesley ne m'avait jamais rappelé. Elle m'ignorait, mais elle ne savait pas à qui elle avait à faire. Il était possible aussi qu'elle fut préoccupée par d'autres choses, mais je n'y croyais pas vraiment. Ce qui me semblait certain, c'était que les choses avaient assez traîné.


Sitôt passé le barrage de la sécurité, je sentais une source de pouvoir. Une grande source, avec qui j'avais récemment renoué. Lilith. Ainsi donc, elle aussi était ici. Par pur désir de provoquer le plus grand chaos possible comme l'entité imprévisible qu'elle se trouvait être, ou pour un but plus obscur ? Je savais que ses pouvoirs lui permettaient de séduire les hommes. Etait elle là pour rendre ces animaux de la meute fous d'elle ? Je n'en savais rien, mais elle en avait les moyens, et je savais durant notre précédente rencontre qu'elle savait probablement des choses qu'elle me cachait et vice versa. Je ne devais en aucun cas la laisser me devancer, ce serait aussi dangereux qu'indésirable ; je ne tenais pas voir mes plans contrecarrés par elle, ce serait violent et assez douloureux d'en arriver là. Je m'efforçais de me calmer avant de tout détruire, je me devais d'abord d'en savoir plus. Je ne voyais ni ne sentais encore de loups garous, ainsi plongé au milieu de la foule. Mais je pouvais percevoir et presque effleurer du bout de ma conscience des âmes qui n'étaient humaines qu'en partie. Je m'approchais d'une jeune femme [Sasha] qui avait mis un jean moulant et qui était maquillée. Une jolie petite humaine, qui me servirait à me fondre dans la foule. Je lui fis mon plus beau sourire en m'approchant, arborant avec ma veste de cuir l'air du mauvais garçon au sourire ravageur. J'avais un peu modifié les habitudes de mon hôte en l'habillant de la sorte, mais je m'adaptais selon les situations.


| Bonsoir mademoiselle ! Nate Gordon, je suis désolé de vous déranger, mais je vous avoue que je suis un peu perdu... On était sensés voir des loups, faire des photos et voir du catch. Vous savez où se diriger? |

« Quoi ? »

L'exclamation incrédule du lycanthrope retentit étrangement fort dans le silence qui suivit les ordres de la Lupa. Venait-elle réellement de dire ce qu'il avait entendu ? Qu'Isadora allait devoir charmer les hommes venus seuls et les occuper jusqu'à ce que Mary les dirige ? Comme une, enfin, une prostituée ? Ses yeux descendirent sur la jeune femme assise à ses pieds, dans sa jolie robe blanche, et il comprit enfin pourquoi elle avait été coiffée, maquillée, si joliment mise. Une envie soudaine de lui-même essuyer ses chaussures boueuses sur sa robe, pour gâcher le tableau et défaire l’œuvre de la Lupa, mais il ne le fit pas. Par contre, il n'allait pas laisser passer ça. Il s'était déjà tu, une fois, et ça avait joué contre lui. Il préférait être fidèle à Isadora qu'à Mary, encore. Ils étaient des frères, ils étaient une famille, et avant même de ne pas laisser la femme qu'il aimait et estimait tant faire ça, il ne laisserait jamais une soeur ou un frère le faire.
Johan s'avança et se plaça devant Isadora, ses yeux étant revenus à la lupa. Ce n'était pas un ordre, qu'elle venait de donner, c'était une torture. C'était donc ça, sa sacro-sainte notion de fraternité, à Mary ? Envoyer une soeur faire le tapin ? Tout pour qu'il ait envie d'être dans la meute... et tout pour qu'il garde ses enfants éloignés de cette femme. Surtout Niahm. Il regarda quelques instants James, soutenant ses yeux calmes qui l'enjoignaient à ne pas sauter à la gorge de Mary. Il était calme, face aux cabots, il n'en avait même rien à faire, des cabots. Il en avait été un, il en était encore un même pour lui, donc ce n'était pas qu'il devait craindre de lui. Il devait savoir que la chose qui le touchait le plus, c'était que quelqu'un s'en prenne à Isadora. Comme ça venait d'être fait. Sa voix fut sèche, franche, et la fatigue et la colère ne l'aidant pas à garder son vocabulaire poli et posé, la phrase qu'il avait voulu dire sorti plutôt comme il l'avait initialement pensée :

« Si tu désires qu'il y ait quelqu'un qui fasse la pute, va le faire toi-même. »

Il savait que quelques loups n'étaient pas partis, écoutant avec intérêt pour avoir qui allait gagner cet échange. Johan était prêt à laisser sa place au bar à Isadora, il préférait la savoir aux côtés de James que dans la foule à devoir charmer des hommes venus seuls. Il préférait même devoir lui-même faire la partie charme que de laisser la brunette le faire. Et même si c'était un ordre de la lupa et qu'elle allait peut-être s'entêter vu qu'elle respectait toutes les règles stupides de la meute, il allait tenir son morceau avec acharnement.

Un drole de manège se jouait autour de moi, manège que je n’étais pas sure de comprendre et d’apprécier. J’avais l’impression non pas d’être une louve mais un os que l’on se battait un peu par fierté. Cela avait commencé avec Alexander et étrangement son comportement n’était pas au gout de Johan. J’avais levé un œil interrogateur vers lui lorsqu’il lança un furieux regard au loup couché sur mes cheveux. Je n’étais pas un objet, et ni une propriété. J’essayais d’écarter de moi une nouvelle fois le jeune loup qui ne voulait rien entendre, et qui ne semblait pas vouloir lâcher le moindre centimètre. Je soupirais et laissais tomber. Qu’ils se battent si cela les plaisait. De toute façon ils n’obtiendraient absolument rien. Une querelle de virilité, nous n’avions absolument pas besoin de cela. Au compliment de Johan, je me contentais d’un sourire poli, mon attention étant bien vite détournée par ses cabots. C’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à me montrer « gentille » et accueillante avec eux. En même temps, en tant qu’exécutrice de la meute, il en aurait été étonnant. Nathanaël m’avait inculqué à entreprendre au mieux ce rôle. En dehors de Johan, je n’avais jamais été plaisante avec un loup hors meute. Je devais tuer ceux qui bouffait ou s’en prenait aux humains, et avec le temps, je les avais tous mis dans le même panier. Finalement j’étais contente qu’Alexander soit couché sur mes genoux. Il m’empêchait de me lever et me montrer hostile avec les nouveaux arrivants. Une pression se relâcha légèrement lorsque James s’approcha. Il était apaisant comme loup et ses paroles et son odeur étaient essentielles. C’était le mâle qui avait été le plus proche de notre ancien ulfric, et ce dernier avait toujours eu sur lui l’odeur de James. Elle était du coup réconfortante à mon odorat et rassurante. Et puis, elle se mêlait à celle de Johan, qui me plaisait également. Avec les deux loups dans les parages, je me sentais tout de suite mieux.

Et puis tout retomba comme un soufflé sortant tout juste du four. Mary fit son entrée et je ne pus m’empêcher de redouter ce qu’elle allait encore m’inventer. Je fus soulagée du poids d’Alexander qui décida qu’à présent, il valait mieux pour lui qu’il se montre aussi proche de moi qu’il l’était jusque-là. Il s’assit à côté de moi tout de même, et je devais lui reconnaitre cela… Enfin si je devais lui reconnaitre quelque chose. Parce qu’entre lui et moi, il n’y avait absolument rien et je comptais bien ne pas changer ce fait. Je voulais une vie plus saine à présent et ce n’était pas en étant un loup que je l’aurais. Et puis je devais me concentrer sur ce que Mary attendait de moi. Je ne laissais rien transparaitre à ses paroles. J’avais l’habitude qu’elle me donne les basses tâches et qu’elle veuille m’humilier. Je m’en fichais de toute façon. Si elle pensait que j’allais dire la moindre chose, et lui donner une raison de me virer, elle se trompait. Je me contentais d’un signe affirmatif de la tête et me releva. Si on m’avait dit ce qui allait se passer ensuite je ne l’aurais pas cru…

Et pourtant.

A peine la Lupa avait-elle finit de parler qu’une voix s’éleva et pas celle que l’on aurait pu attendre. Je tournais la tête vers Johan, ne pouvant pas m’empêcher de le regarder on ne peut plus étonnée. Jamais encore il ne s’était manifesté d’une telle manière, encore moins envers la chef de notre meute. Je ne comprenais pas ce qui se passait et pourquoi il paraissait aussi en colère. Mary n’avait pourtant pas exigé quelque chose insensée pour lui et je ne lui connaissais pas de problème avec l’alcool. Je compris encore moins lorsqu’il fit quelques pas pour se placer devant moi et se mit à parler d’un ton on ne peut plus sec. J’aurais voulu dire quelque chose, faire quelque chose, mais je restais clouée sur place. Par ses propos, par le choix de ses mots et surtout par le fait qu’il dise quelque chose par rapport à une tâche que l’on m’avait attribué. Je finis par sortir de ma torpeur. Je ne pouvais pas ne rien faire, parce qu’il allait se faire démolir par Mary, par James ou/et les autres loups.

Je ne savais pas du tout quoi penser de la réaction de Johan. Quelque part j’étais touchée, tout autant que j’étais choquée en fait. Personne encore ne s’était affirmée de la sorte pour moi, et c’était plaisant et dérangeant aussi. Surtout venant de l’ancien cabot, qui ne l’avait jamais encore fait. Je posais une main sur son épaule l’espace d’une ou deux secondes et lui dit

♪ Ce n’est rien et il ne s’agit que de leur tenir compagnie. Je vais le faire, cela ne me dérange pas. Mettez nous en route. ♪

Je lui jetais un regard rassurant, lui faisant comprendre que ça ne me posait pas de problème. Sans doute l’ignorait-il mais j’étais avant femme d’un avocat. Les soirées mondaines j’en avais fait et dans ses dernières, les femmes servent de distraction, et de décoration. Il ne s’agissait pas ici de plus et de toute manière je ne le permettrais pas. Je jetais un coup d’œil à James pour qu’il m’aide à raisonner le libraire et lui faire comprendre qu’il n’avait pas besoin de redouter la moindre chose. Je ne savais pas trop à quoi était-ce dû cette réaction et je ne pouvais m’empêcher de me poser des questions. Etait-ce parce que j’étais sa sœur de meute ? Ou plus … ? Je ne savais pas surtout que par le passé, lorsque j’avais attendu son soutient, il ne s’était pas manifesté. C’était à ne rien comprendre. Je ne savais vraiment pas ce qu’il avait dans la tête et quels étaient les moteurs de la réaction qu’il venait d’avoir. Ne voulant cependant pas le braquer, je lui avais parlé doucement, comme une soeur l’aurait fait avec son frère. Je n’étais pas en colère, enfin je n’étais plus en colère. Depuis que je ne n’étais plus bouffée par les hormones, j’étais redevenue d’un calme olympien, trait de caractère qu’il ne devait sans doute pas me connaitre. D’ailleurs que savions-nous mutuellement l’un de l’autre ? Je fis un pas puis me retourna vers lui et lui fit signe de marcher avec moi. J’espérais être fixée avant la fin de la journée sur ses véritables intentions et pensées. Qu’attendait-il de moi ? C’était une question qui me brûlait les lèvres depuis qu’il avait quitté mon appartement, emportant les deux enfants que j’avais mis au monde et que jamais je ne pourrais voir…

Je commençais à peine à discuter, à lier connaissance, avec le charmant jeune homme devant moi dans la file d'attente que deux cerbères en uniforme de la sécurité arrivèrent dans ma direction. Au début, je crus qu'ils venaient pour l'homme, un peu louche et au regard collé à mes fesses moulées dans une robe sublime, qui se trouvait derrière moi. En réalité, les deux gardes venaient bien pour moi.

Mademoiselle Beauregard ? Madame Wellesley est navrée de vous avoir fait attendre, elle vous invite à entrer immédiatement.

Légère révérence du cerbère. Charmant. Un sourire illumina mon visage. Je pris le bras de Camille, d'autorité, sans lui laisser le temps de réagir. Je me retournais vers les deux gardes de la sécurité et, d'un ton froid et tout ce qu'il y a de plus condescendant, je m'adressais à eux :

Monsieur Fontayn ici présent m'accompagne. Je pense que cela ne dérangera pas votre patronne, je me trompe ?

Tout dans mon attitude laissait deviner quel affront ce serait me faire que d'oser me contredire. Les deux gardes s'inclinèrent et nous dirigèrent, monsieur Fontayn et moi, vers l'entrée. Ce faisant, nous essuyâmes les regards courroucés de plusieurs personnes qui attendaient depuis bien plus longtemps que nous pour entrer. Une fois à l'intérieur, nous nous approchâmes du bar. Autant en profiter en attendant que la Lupa vienne me trouver pour la "mission" que j'étais sensée remplir pour elle. Je n'avais fichtrement aucune envie de me mettre à ses ordres, mais je m'étais engagée au près d'elle et je n'avais de toute manière guère le choix. Pour cette fois. J'étais bien décidée à ne pas me laisser faire, il me fallait seulement un peu de temps pour trouver une parade à cette situation ô combien déplaisante.

Pardonnez mon attitude quelque peu cavalière, monsieur Fontayn. Je m'appelle Aurora Beauregard, et visiblement en ce moment Mary Wellesley m'a à la bonne. Alors autant en faire profiter d'autres que moi.

A nouveau, je lui adressais un sourire des plus charmeurs. J'avais tout à fait conscience que mon attitude envers lui était déplacée et bien trop... directe. J'allais le faire fuir à l'attaquer de cette manière. Mais je préférais prendre le risque. Au moins ainsi, il ne m'oublierait pas et ne risquais pas de me confondre avec d'autres, petites sottes qu'il pouvait côtoyer. J'avais une très haute opinion de moi-même mais après tout, n'étais-je pas la seule, l'unique Lilith que la Terre ait connue ?

A peine eu-je pensé cela qu'une puissance étrangère vint titiller le bout de mes orteils. Je frissonnais, brièvement. Caïm. Cela ne pouvait être que lui. Je pestais intérieurement, dissimulant non sans mal à monsieur Fontayn ce qui se passait. Caïm... Je le sentais tout près, et suite à notre dernière rencontre je n'étais pas pressée de le revoir.

J'avais donc le numéro 258 sur le bras, allez savoir pourquoi, sans doute pour la loterie ou je ne sais pas trop quoi qui aurait lieu tout à l'heure, si je n'étais pas morte d'ennui d'ici là. Non, parce que pour le moment, ce n'était vraiment pas le top tout cela. J'avais donc passé la sécurité sans soucis, même si je me sentais nue, sans téléphone, mais surtout sans appareil photo. La paysage était pourtant si beau, j'aurais pu prendre de magnifique clichés mais au lieu de cela, on m'orienta vers le bar qui semblait avoir été installé pour l'occasion. Il était assez simple mais visiblement, on avait pensé à tout ou presque dans le coin. Apparemment nous avions droit à une boisson gratuite, la seule choses qui ne serait pas payante sans doute aujourd'hui, car même si j'allais m'ennuyer, je le sentais bien, j'allais devoir donner mon argent, et si j'étais à sec, je donnerais ma culotte, elle doit avoir quand même un peu de valeur, non ? Non, mais si je n'ai plus un rond, je ne donnerais plus rien tant pis. Je sais que le mot d'ordre est générosité mais il ne faut pas abuser quand même et puis nous étions à Glasgow, certainement qu'il y aurait quelques personnes que je connais qui étaient aussi invité à cette petite sauterie.

Pour le moment, je n'avais vu personne, mais ça ne saurait tarder sans doute, enfin, je suppose, je ne sais pas trop. Je me rendais donc au bar pour prendre un verre de vin, comme pour me rappeler aux bons souvenirs de Monsieur Ray'. Pourtant, je n'aimais pas tellement ça, mais l'occasion était trop belle pour que je ne puisse pas y avoir droit. Il y avait déjà du monde dans le domaine et il y avait encore du monde qui arrivait. Je ne sais pas combien de personnes étaient attendues, ni qui avait pu être invité mais il y aurait du monde par ici. Peut être que nous nous amuserions, mais la première chose qui était prévue, était sans doute celle qui me plaisait le moins. J'essayais de garder le sourire comme souvent mais pour le moment, ce n'était pas gagné. Il fallait absolument que je trouve une occupation autre que de celle de boire mon vin. Je décidais donc de fixer mon regard sur un point imaginaire comme pour ne rien voir de ce qui m'entourait, comme pour me croire chez moi ou presque. Je ne sais pas si ça fonctionnerait mais en tout cas, je ne voyais rien d'autres à faire pour le moment, pour tout vous dire ...

Lorsque le loup ouvrir la bouche pour montrer son interrogation, je me tournais vers lui. Qu’est-ce qu’il n’avait donc pas comprit ? Tout était pourtant clair, voir même limpide. Je fis signe aux cabots de s’en aller et de rejoindre leur poste. Cela ne les regardait pas. Ils partirent, trainant un peu des pieds, voulant entendre ce que Johan avait à dire. D’ailleurs nous nous serions tous bien passé de ses mots, surtout en ce moment. Ma décision de lui plaisait pas ? Il osait même me dire de faire moi-même, je le cite « la pute ». Je le regardais sans bouger, sans montrer la moindre réaction. Je suis une Lupa et je sais me contrôler contrairement à celui que j’avais sous les yeux. Ainsi cela le dérangeait de voir Isadora discuter avec des hommes ? N’était-ce pas la preuve que le qualificatif qu’il vient d’employer lui correspond ? Car après tout, cela ne l’aurait pas dérangé sinon. Je laissais l’autre idiote lui répondre mais lorsqu’elle lui fit signe de le suivre, je me plaçais devant Johan

۴ Laissez nous. ۴

Simple, clair, et direct. Je m’adressais à tous les loups presents, que je ne voulais en tant que spectateur. Cette affaire ne regardait que le jeune père et moi-même vu que ce sont mes autres qu’il désobéit. Je le pris par le bras et sans lui laisser la moindre chance de me résister je l’emmenais un peu plus loin. J’étais certes une femme, toutefois, au-delà de mon apparence fragile, j’étais une redoutable louve, ayant plus de puissance que l’on ne pouvait se l’imaginer. Une fois que nous fûmes bien à l’écart, et que les loups furent en route – Isadora compris – je le lâchais. Plantant mon regard dans le sien, je lui dis alors

۴ N’oublie pas ta place Johan et à qui tu t’adresses la prochaine pas. Nous ne jouons pas aujourd’hui et tu ne peux pas imaginer une seule fois l’enjeu de cette journée. Que crois-tu ? Que je laisse venir des inconnus sur nos terres pour le plaisir? Tu connais ta mission et tu t’y tiendras. Que tu ne sois pas d’accord avec moi, cela n’est pas un problème. Tu es des notres, tu peux exprimer ton point de vue. Mais il y a des manières et des endroits pour le faire. Il n’y a pas de place pour des chevaliers sur un grand cheval blanc. Ensuite t’es-tu seulement demandé vraiment pourquoi je l’avais mis à cette place ? Puisque tu ne sembles pas comprendre je vais donc te l’expliquer. Etant il fut un temps la compagne d’un grand avocat, Doyle s’est se mélanger à la foule et distraire cette dernière. Il ne s’agit pas de faire la pute comme tu l’as si joliment dit, mais tenir discuter et se mêler aux autres. D’ailleurs saches qu’en effet, je vais moi aussi faire « la pute ». Maintenant que cela soit clair : Oui je ne L’aime pas. Seulement l’avenir et le bien-être de la meute sont mes seules préoccupations en ce jour. D’ailleurs cela devrait être également le cœur de tes préoccupations. Tu tiens à Elle, sais-tu seulement qui elle est ? Tu serais je pense bien déçu en apprenant tout ce que nous savons. ۴

Sur ses mots, je le laissais et me dirigea d’un pas très rapide vers l’évènement que j’avais planifié à la seconde prêt. Je n’avais pas laissé l’opportunité au jeune loup de me répondre. Je n’avais pas le temps pour ça. Plus tard oui, et d’ailleurs j’enverrais surement James s’en occuper. Il avait l’habitude des jeunes mâles de la meute après tout. Prenant un verre, je me faufilais parmi la foule, jusqu’à ce que je sente deux odeurs on ne peut plus familière : Lilith et cet homme si mystérieux. Je vins tout de suite à leur hauteur et leur dit :

۴ Quel plaisir de vous revoir. Mlle beauregard, je me vois honoree de votre presence. Monsieur? ۴

Il s'était fâché vite. Trop vite. Il était d'un naturel patient, pourtant, profondément diplomate, mais à cet instant, lui-même avait été surpris de sa véhémence et de son agressivité envers Mary. L'air s'était chargé, immédiatement, devenant lourd de cet affront et de ses possibles conséquences. Peut-être était-ce la fatigue, probablement en fait, qui le rendait irritable. Peut-être également son penchant profondément féministe et son refus de voir une femme jouer à la décoration, à l'objet d'art et à la charmeuse, uniquement pour divertir. Peut-être aussi, plus que sûrement, était-ce qu'il ne voulait pas qu'Isadora soit diminuée. Elle ne le méritait pas. La main d'Isadora sur son épaule fit descendre la tension d'un cran, dans son corps, et réaliser qu'il risquait de se faire dire qu'il avait gaffé. Et plus que jamais. Il échangea un regard avec la louve, mais la Lupa demanda à ce que les autres les laissent. Elle et lui, exclusivement. Diantre. S'il sortait en un seul morceau de cette discussion, il allait se considérer chanceux.
Mary s'avança et le prit par le bras pour le tirer plus loin, comme elle l'aurait fait avec un enfant impertinent. Attitude qu'il avait eu, par ailleurs, donc il ne s'offusqua pas de ce traitement infantilisant. Il garda ses bras croisés sur son torse, dans un réflexion de protection involontaire, et écouta sa Lupa sans rien dire. Il aurait voulu lui dire que ses mots avaient dépassé sa pensée, mais elle ne le laissa pas parler. Sans doute était-ce mieux. Il savait qu'Isadora avait été mariée, mais il ne savait pas qu'elle avait déjà fait la potiche auparavant. Il savait que Mary ne l'appréciait pas, mais jamais elle ne le lui avait dit si franchement. Ensuite, elle avait raison sur le fait qu'il ne connaissait pas réellement la louve.

Il connaissait d'elle ce qu'elle avait bien voulu lui dire, dans des moments de faiblesse. Il connaissait ses colères, sa rage, la flamme qui la dévorait, moins ses instants tendres, patients, bien que ceux-ci existaient. Et elle ne le connaissait pas.

Un peu piteux, le lycanthrope regarda la jeune femme s'éloigner en silence. Isadora était plus loin en retrait, et il alla la rejoindre en retenant un soupir. Il restait frustré de voir les deux femmes réduites au rang d'objets décoratifs, mais il ne pouvait apparemment rien y faire. Il sourit à Isadora et la prit par la taille, admirant une nouvelle fois son allure nouvellement féminine. Il l'aimait dans ses vêtements défraîchis, avec ses cheveux en bataille, mais ce changement l'avait agréablement surpris.

« Nous parlerons plus tard, il y a déjà plusieurs personnes au bar qui attendent et je ne peux pas laisser James s'en occuper seul. Quand il y aura une accalmie, je te ferai signe. »

Un petit regard aux alentours et il se pencha pour subrepticement voler un baiser à la brune avant de s'éloigner rapidement, un sourire sur les lèvres. Arrivé au bar, il dit juste un « Désolé » pour James avant de prendre les commandes des clients en souriant, endossant son rôle de vendeur dans lequel il était à l'aise. Il allait devoir s'expliquer avec l'homme plus tard. Il avait agit et réagit comme un louveteau et non pas comme un homme, comme un adolescent qui ne sait pas se contrôler. Dire que c'était lui, de la meute, qui était père... Un bien joli modèle. Là, il devait penser au travail, aux consommations à servir, et non pas à sa gaffe. Il y penserait plus tard.

Sans appareil photo, j'étais comme orpheline de quelques choses. J'allais donc faire jouer mon observation qui n'était pas trop mauvaise en général. J'étais accoudée au bar, j'avais ma première consommation, la seule de gratuite entre les mains, des barman arrivaient devant l'affluence, un blond qui était loin d'être moche, celui en place était déjà moins séduisant, mais non pas dénué de charme. Mais je ne m'attardais pas trop sur le personnel en place pour cette belle journée bien morose pour ma part pour le moment. Est ce que cela allait changer ? Je ne le pensais pas le moins du monde, quand j'aperçue, Camille au bras d'Aurora. Alors là, j'étais grandement étonnée de les voir tout les deux. Ils se connaissent depuis quand ? Il faut dire que je ne peux pas connaître toutes les relations de tout le monde, mais là, j'étais pour ainsi dire vraiment étonnée de voir qu'apparemment, ils étaient venus ensemble. Ils doivent donc être assez proche, je ne sais pas trop. Si cela se trouve, ils se sont rencontrés sur le chemin et ils ont sympathisés de cette façon mais ça m'étonnerait. Et puis Aurora est une grande séductrice, donc cela ne serait guère étonnant qu'il tombe sous le charme de la non moins magnifique Beauregard. Elle portait tellement bien son nom, son regard pouvait en faire tomber plus d'un, telle une mitraillette tirant ces projectiles sur la foule masculine. Et puis les femmes qui ne sont pas farouches à ce genre de relations aussi ne peuvent pas rester insensible. Et puis ces vêtements qui la mettaient parfaitement en valeur, elle avait du style, un gout inimitable, en tout cas difficilement. Je me voyais mal les déranger alors qu'ils étaient en train de parler à une jeune femme, sans doute pas plus âgée qu'Aurora, et qui elle aussi avait un charme fou. D'après les regards tournés dans leur direction, elle semblait être quelqu'un d'important. Je demandais à un des barmans qui était la personne qui parlait avec Mlle Beauregard.

" Dites moi, qui est la personne qui discute avec Mlle Beauregard. Elle me dit quelques choses mais je ne me souviens plus où je l'ai vu. Vous devez la connaître, non ? "

La question paraissait peut être bête mais au moins je serais fixée sur qui observer de loin dans la foule. Mais je fus alors encore plus surprise. En effet, à travers la foule, j'ai cru voir une personne que je connais bien mais que je n'ai pas vue depuis trop longtemps mon dernier appel n'ayant pas abouti. Isadora ! Étais-ce un mirage ? Je ne sais pas, car l'instant d'après je l'ai perdue dans la foule. L'avais-je vraiment vu, ou bien n'étais-ce qu'une personne lui ressemblant ? Si c'était elle, je devais la retrouver pour avoir de ces nouvelles. Mine de rien, elle me manque, je l'appréciais bien. Mais la journée était encore longue, j'aurais sans doute l'occasion de la voir plus tard. Enfin, j'espérais pouvoir l'intercepter si c'était bien elle.