La Pomme du Diable. Un véritable emblème pour moi-même si je l’avais repris après l’emprisonnement de William. Cela me faisait sourire de repenser à lui. Ça avait été un mariage de convenance également, je ne l’aimais en rien du tout mais nous arrivions à nous respecter. Du moins, c’est ce que je pensais. Moi aussi j’avais eu mon moment où j’avais été du côté de la dissidence, du côté de Mary alors que je pensais qu’on avait les mêmes idées de paix. Depuis j’ai changé, non pas pour ce qui concerne la paix, mais en ce qui concerne comment l’avoir. C’était ma période où je me rebellais un peu, où je n’avais pas encore trouvé ma place. Depuis William, je m’étais beaucoup cherché, j’en avais beaucoup voulu aussi à Julien qui avait ouvertement confronté ma parole. J’avais eu du mal car il avait atteint ma fierté. Depuis lors, je ne cesse d’évoluer, d’étendre ma puissance et de ne laisser aucun obstacle sur mon chemin. Aucun échec également, jusqu’à cette fusillade. J’avais encore cette rage au fond de moi, cette colère profonde qui ne se dissipait toujours pas. En même temps, l’événement était tout récent, toujours dans ma mémoire. Je ne pouvais oublier la douleur de l’acier déchirant ma chair. Inutile de divaguer plus longtemps, je sortis de la voiture alors qu’un de mes gardes m’ouvraient la porte. Je sortis une jambe dévoilant mes escarpins d’un rouge sombre tout comme ma longue robe au décolleté plongeant dévoilant en partie ma généreuse poitrine et de ce fait l’absence de soutien-gorge. J’aimais me mettre en valeur et si je pouvais emmener avec moi un petit humain j’en serais plus que ravie. Seulement, je n’étais pas là pour le plaisir, pas tout de suite en tout cas.

Un fin sourire aux lèvres, j’entrais donc dans ce lieu que j’appréciais énormément. On me salua respectueusement mais je ne m’éternisais guère. Heureusement je savais mettre de côté mon plaisir pour me concentrer pleinement sur mes objectifs, mon statut, mon professionnalisme. Là je ne saurais dire dans lequel j’étais. J’aurai préféré me divertir autrement, sauf qu’il était obligé qu’on en vienne à une discussion. J’avais convié Julien à un rendez-vous ici-même, dans ma salle privée qui me servait également de bureau où je faisais parfois mes entretiens… ou mes tortures au choix. Je montais les escaliers tranquillement, puis arrivais devant la porte et l’ouvris. Je n’eue besoin de dire à mes gardes de rester sur le seuil, je n’avais nul besoin d’eux. Julien était dans la pièce et c’est avec élégance que je m’avançais vers lui, tout proche, le collant avant de déposer un baiser sur le coin de ses lèvres. Je me décalais enfin et lui tournais le dos pour contourné la table basse.

« Je suis ravie de vous voir Julien. »

C’était vrai, même si quelque part je ne lui accordais pas toute ma confiance. Peut-être même pas une toute petite partie. Pourquoi avais-je accepté d’être sa future épouse ? C’était parce que les conditions ne seraient jamais arrêtées et que Julien avait des contacts bien plus importants que les miens. Je voulais étendre mon pouvoir pour avoir plus de puissance. J’imaginais fort bien l’étendue. Seulement voilà, ma mère n’y voyait que concurrence pour elle, alors que jamais je ne me permettrais de lui faire de l’ombre. Je repensais aussi à notre entretien avec Torben. J’étais au moins sur qu’avec Julien qu’il ne m’irriterait pas autant que lui. Je me retournais enfin, devant le canapé en cuir d’une couleur d’un noir profond, contrastant énormément avec ma robe rouge. Je lui fis un fin sourire.

« Je pense que vous savez pourquoi nous avons cet… entretien. » Je m’assis et invitait d’un geste Julien « Mettez-vous à l’aise, je vous prie. »

Je fis une pause, croisant les jambes, posant mon dos confortablement sur le canapé pendant que Julien s’installait.

« Inutile de vous préciser qu’il faut qu’on revoit ce mariage. Notre premier essai envers ma mère fut un échec total. Y avez-vous réfléchi ? Abandonner ou persévérer ? »

Je voulais avoir un aperçu de sa réponse, savoir à quel point il voulait cette union malgré les difficultés majeures encourues. Je ne l’avais jamais envisagé et m’étais rendu compte que j’avais alors moi aussi des avantages. Tout comme garder à l’écart Torben, qui était – je pouvais me le dire à moi-même – ma principale faiblesse. Tout comme aussi le fait que Julien avait énormément de contact, ce qui pouvait être fort profitable. Mes yeux restaient plongé dans les siens, en attente d’une réponse de sa part.

J’avais accueillis le message de Jana avec sérénité. Le fait qu’elle souhaitait que l’on adapte notre projet me confortait dans l’idée qu’elle ferait une excellente épouse. Malgré son jeune âge en tant que vampire, elle avait déjà la mentalité et les mécanismes d’un nocturne rouge digne de ce nom. Depuis la fin des Années Sanglantes je n’avais pas eu l’occasion ni le temps de revenir à la Pomme du Diable, pas même depuis la destitution de William en fait. Si au début j’avais eu un peu de mal avec le fait de l’avoir dénoncé du fait de notre amitié passée, à présent celle-ci n’était plus qu’un vague souvenir tout comme lui et je n’avais plus aucun problème avec cela.

En arrivant dans l’établissement j’observai un peu les lieux histoire de pouvoir me rendre compte de l’ambiance qu’avait sût réinstaurer Jana après qu’il fut détruit au cours de la guerre. Je devais être en avance sur l’horaire car lorsque je me présentai aux gardes qui gardaient le seuil du bureau de la Princesse, ceux-ci m’indiquèrent qu’elle était absente et qu’il faudrait patienter. Lorsque je m’avançai en direction de la porte pour entrer dans la pièce pour attendre la belle, les deux gardes esquissèrent un geste pour me demander de ne pas entrer sûrement mais un regard suffit à les en dissuader. Cela suffit à les impressionner, quand bien même ils étaient en droit de m’en interdire l’accès, après tout la Pomme était une propriété royale en dépit de mon statut de Général. Cependant ils ne semblaient pas avoir les tripes pour dire non au désormais seul Général de la Garde Royale, aussi entrai-je dans le bureau de leur patronne sans pour autant prendre place dans un siège ou le canapé en cuir. Oui j’étais entré mais je n’allais pas non plus m’installer genre je vais épouser votre chef, je savais respecter l’étiquette tout de même et ne doutait pas qu’une telle attitude froisserai ma future épouse. Et cela n’était pas dans mon intérêt.

Au final je n’eus pas longtemps à attendre avant de pouvoir profiter de la délicieuse silhouette de Jana, élégamment habillée dans sa robe rouge qui mettait en valeur ses appétissantes courbes. De joyeuses perspectives assurément à l’avenir.

Le plaisir est partagée Jana. lui répondis-je après qu’elle eut déposé un baiser au coin de mes lèvres, me collant, tandis que j’humais le parfum de son corps. Mon regard suivit son déhanchement pendant qu’elle s’éloignait pour prendre place dans le canapé, tandis que pour ma part j’étais tout debout.

Je ne pris place à ses côtés qu’une fois qu’elle m’y eut invité et m’assis donc près d’elle sans pour autant l’être trop. Le temps était à la discussion, à voir si par la suite un rapprochement serait possible, pour se divertir un peu tous les deux.

Vous connaissez déjà ma réponse ma chère, lui dis-je en soutenant son regard, un léger sourire aux lèvres. je ne suis pas de ceux qui s’arrêtent au premier obstacle.

Assurément il va nous falloir persévérer mais aussi réfléchir à la manière dont nous allons prouver à votre mère nos bonnes intentions. dis-je encore avant de faire une brève pause avant de poursuivre.

Je travaille déjà en ce sens, faisant profiter la Reine via son Servant d’informations qui pourraient s’avérer juteuses. Comme le stipule notre accord, et aussi pour vous montrer qu’il ne s’agit pas d’un accord de paille je vais vous en informer aussi.

En dehors de Krystel et de Badenov, personne n’était au courant de la visite de la louve que j’avais reçu dans mon bureau de la Reds. C’était là un gage de bonne foi de lui en faire part, d’autant que je savais qu’elle saurait le considérer comme tel.

Une louve est venue à ma rencontre récemment, avec pour objectif de demander mon aide pour destituer la lupa actuelle de sa meute et prendre sa place en échange de quoi elle me donnera tout ce que je veux une fois à la tête de ses compagnons. J’attends les instructions de la Reine mais j’y vois là une chance, bien que comprenant quelques risques, pour notre espèce mais aussi pour nous deux.

Alors que j’aurais bien pu en garder le secret et profiter de mon gain une fois l’affaire menée à bien, ma loyauté m’a poussé à en informer votre mère. Espérons qu’elle perçoive cet acte comme tel et non comme une tentative de manipulation. poursuivis-je avant de lui poser une question.

Avez-vous une idée de la manière dont nous pourrions encore prouver notre loyauté envers la Reine ? Je pense qu’il s’agit du seul moyen de l’amener à nous accorder le droit de mener à bien notre projet d’union, qu’en pensez-vous ?

Toujours aussi courtois. Il l’avait d’ailleurs toujours été, mais ne l’avait pas observé tandis que j’étais restée sur le douloureux souvenir du passé. Lorsqu’il m’avait pointé du doigt, dénoncé comme si je n’étais rien. Désormais j’étais là, dans cette pièce, prête à concevoir un minimum de vie avec lui. Ça pourrait être bien, et je ne voyais pas les contraires, je voyais surtout les avantages. Je ne m’évertuais plus à chercher un quelconque amour, bonheur dans une relation. Je ne l’avais d’ailleurs jamais connu, même si Torben m’avait presque tout révélé sur notre passé commun de mari et femme. Pour autant, je n’en étais pas moins devenue plus mûre. J’avais quelques défauts bien entendu, je n’étais pas parfaite et c’était cela qui était attirant parfois. Les gens se faisaient souvent une fausse image de moi j’avais l’impression. Mais bon, il fallait s’attendre à ce qu’il n’y ait pas toute la population vampirique qui soit à mes pieds. Ils devaient leur loyauté à leur Reine, je n’étais que sa fille adoptive après tout. Je m’étais toujours demandé pourquoi elle m’avait choisie, pourquoi elle m’avait sauvée. Et surtout, pourquoi les gens ne s’étaient pas soulevé pour contrer mon titre ? Depuis plusieurs années j’essayais de faire honneur au titre de Princesse, avait trouvé ma place d’ailleurs. Je faisais de mon mieux dans tous les cas.

Plaisir partagé. Cette phrase fit apparaitre un large sourire, presque aguicheur, avant que je lui tourne le dos et que je m’assois dans le canapé en cuir l’invitant dans le même temps. J’aimais ce respect qu’il mettait en ma présence. J’étais son supérieur, soit, j’avais le titre de princesse également. Il était vrai que je ne lui avais pas demandé clairement ce qu’il envisageait lorsqu’il aurait le titre de Prince. En fait ça nous permettait cette entrevue de mettre tout à plat, après l’échec cuisant envers la Reine, ainsi que son servant. Pour le moment, c’était la Reine qu’il fallait convaincre, et le fait que je lui demande si on abandonnait n’était pas non plus anodin. Déjà pour pouvoir savoir ce qu’il pourrait dire – en même temps je doutais qu’on puisse dire non à un titre aussi important. J’étais d’une humeur pas aussi courtoise que cela finalement, même si j’étais sincère quant au fait que j’appréciais le voir. J’avais juste un trop plein que je gardais enfoui en moi mais qui bientôt sortirait sur une cible très probablement en sortant de cette pièce. Mais pour le moment, aucune place pour le plaisir. Il n’y avait nul autre que le professionnalisme.

Ma tête se tourna et je plongeais mes yeux dans les siens, l’écoutant parler désormais qu’il était installé à côté de moi. J’étais ravie de sa réponse, je savais qu’il était du genre persévérant de toute façon, très combattif. J’aimais ce côté-là chez lui, c’était une évidence. Je souris alors qu’il décrivait exactement ce que nous devions faire. Montrer à ma mère adoptive que ce n’est pas pour lui cause du tort ou lui faire de l’ombre. Lui prendre sa place en quelque sorte. Je n’avais jamais envisagé cela, même si c’était certain une union avec Julien me permettrait de grandir encore dans mon pouvoir. C’était cela qui dérangeait la Reine, mais si je choisissais quelqu’un d’autre, serait-elle aussi suspicieuse ? J’avais l’impression qu’on remettait un peu en cause ma loyauté envers elle, tout comme celle de Julien d’ailleurs. J’avais des sentiments assez partagés en définitive. Je ne faisais que l’écouter, ne répondant pour l’instant pas alors qu’il attisait ma curiosité lorsqu’il m’affirmait qu’il travaillait déjà dessus. Je m’interrogeais en me demandant ce que cela peut bien être, et avant que je lui pose la question directement, il s’ouvrit à un long discours pour m’expliquer et je restais silencieuse à son explication. Je restais stupéfaite quand même qu’une louve soit allée voir un vampire. C ‘était bon pour nous bien évidemment, mais n’avait-elle pas un faible pour lui pour venir comme de son plein gré ? Je restais sceptique. Oui c’était bien le mot, très sceptique.

« Un gros risque oui. Si elle se joue de vous, comment ferez-vous ? Si elle vous atteint par un quelconque moyen ? J’espère que vous y avez pensé. Je reste vraiment méfiante. » Je fis une pause en décollant mon dos du dossier et me rapprochant de ce fait de Julien. « La connaissez-vous personnellement ? D’où vient-elle, qu’est-ce qui la motive et quels nets avantages aura-t-elle hormis le fait d’être la future Lupa ? Si du moins elle y parvient. »

J’étais franche, c’est ce que nous nous étions dit non ? Il avait déjà fait preuve de bonne foi en me divulguant l’information. Chose que j’appréciais vraiment.

« Je ne remets pas en cause votre intelligence ni votre perspicacité, vous n’êtes pas Général pour rien. Que pense ma mère adoptive de tout ça ? Est-elle aussi sceptique que moi ? »

Je ne savais pas s’il avait eu le temps d’avoir un retour de la Reine, mais je voulais savoir pour pouvoir peut-être me rassurer, même si j’étais vraiment peu confiante. Une louve qui venait à un vampire, il fallait vraiment qu’elle ait quelque chose d’important, un gros avantage à la fin pour que ça la pousse à trahir les siens. Oui, j’avais des doutes, mais n’était-ce pas mon devoir après tout ? Tout comme Julien en effet, mais peut-être avait-il des explications à me fournir. Je tournais la tête, manquant de peu d’échapper un soufflement.

« Je ne pense pas que cela suffira, et quel avantage serait-ce pour notre futur mariage ? Ma mère connait déjà notre loyauté, je ne pense pas qu’elle la remette en cause. Non, il faut trouver une autre alternative, quelque chose qui la rassurerait pour sa position de Reine unique. »

Par unique j’entendais aussi seule, veuve en quelque sorte. Peut-être que les personnes, nos ennemis sans doute, la voyaient moins puissante. Moi j’étais certaine que ça allait renforcer la cohésion de la famille royale, mais ma mère avait mis des doutes sur nos intentions. Je ne l’avais pas revu depuis lors, ou pas pour ce sujet précis, donc je n’étais pas plus avancé malheureusement. Mais ensemble nous trouverions une solution.

Alors que nous étions tous deux assis près l’un de l’autre et que la soirée semblait bonne pour n’êtes qu’une entrevue professionnelle en somme, j’imaginais sans mal pouvoir passer un agréable moment avec la Princesse. Mais cela n’était à l’ordre du jour, quand bien même mon appétit croissait à mesure qu’elle se rapprochait de moi. En dépit de ce désir naissant je ne me faisais aucun souci quant à mes appétits, j’avais appris depuis longtemps à les museler lorsque nécessaire et à le libérer lorsque cela était enfin le moment opportun.

Je n’attendrai pas qu’elle se joue de moi pour agir Jana, car n’oublions pas qu’il s’agit d’une louve. De ce fait elle n’en demeure pas moins l’une de nos ennemis aussi je considère chacune de ses paroles comme un piège et demeure prudent en dépit de toutes ses promesses. lui dis-je dans un premier temps avant de poursuivre. Je n’ai aucun lien avec elle si ce n’est d’avoir tué nombre de ses pairs au cours des Années Sanglantes. dis-je encore en affichant un léger sourire de satisfaction carnassière.

L’objectif premier est d’obtenir des informations sur nos ennemis, notamment de leur soutien parmi les humains mais aussi de nourrir en toute discrétion des dissensions dans leur meute. Elle n’aura aucun intérêt à dévoiler notre « collaboration », les siens la feraient exécuter pour cela. Elle a plus à risquer que moi assurément.

Si toutefois elle parvient à se hisser à la tête de son groupe, elle me devra alors une faveur sous peine que je fasse « fuiter » notre accord auprès des siens. Je pense que cela pourra toujours nous servir, par exemple si les semi-démons deviennent un problème.

Je l’écoutai ensuite me faire part de ses doutes et de ses nouvelles interrogations. Malgré son jeune âge pour une vampire, elle avait su profiter pleinement de l’expérience de sa mère et était d’ors et déjà une vampire compétente. C’était là en partie ce qui m’avait poussé à lui proposer ce projet d’union politique et stratégique.

La Reine, via son Servant, m’a confirmé que je pouvais poursuivre cette collaboration en m’indiquant que les services de votre mère avaient déjà lancé un travail de sape au sein de la meute. Il m’a en outre fait la recommandation de ne pas trop m’exposer et je saurais en tenir compte. lui dis-je avant qu’elle ne reprenne la parole.

Je peux comprendre qu’elle craigne pour son pouvoir après les accusations dont elle a été la cible d’une part des nôtres après la disparition de notre Roi. Tout monarque se méfie de ses lieutenants et plus encore de ceux qui lui sont proches. A nous de lui montrer qu’elle peut s’appuyer sur nous au lieu de nous voir comme une menace potentielle. Avez-vous une idée qui irait dans ce sens Jana ?

Je m’inquiétais pour la sécurité de Julien, c’était certain. Je lui en avais fait part et mon regard tout comme mes paroles étaient sincères. Je le faisais en tant que Chef des Chevaliers, donc le supérieur de Julien, mais aussi parce que sa position m’inquiétais tout simplement. Je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit, c’était mon futur époux, un futur prince. Il ne fallait pas qu’il minore les possibilités qu’avait la louve pour le contrer d’une quelconque façon que ce soit. C’était nos ennemis, comme quiconque, même parmi notre propre race nous pouvions avoir des traites. Il ne fallait pas sous-estimer la capacité des gens, surtout de cette louve. Comment avait-elle trouvé Julien ? Et pourquoi lui spécialement ? En tous les cas, je n’étais pas adepte de cette idée qui pour moi n’était en rien flamboyante. Mais si la Reine était au courant, j’imaginais qu’ils avaient déjà tout sous contrôle. Même Torben le savait. Je failli sortir un petit rire nerveux alors que je repensais à la nuit que l’on avait passé, aussi bousculante que possible. Finalement, j’avais l’impression que ma confiance était remise en question, sinon pourquoi ne pas m’en parler ? Qu’avait-donc mes statuts dans ce cas si la confiance n’y était pas ? J’intériorisais cette confusion en moi et cette colère également contre cette incompréhension totale. Il ne fallait pas que Julien puisse la voir.

« J’espère bien, même si je ne remets pas en doute vos capacités. Disons que je reste vraiment sceptique quant à cette louve. Comme vous le disiez, elle est notre ennemi, il ne faut pas l’oublier. »

J’étais ravie d’apprendre par la suite qu’il n’avait aucun lien avec elle. Un soulagement ? Peut-être. Je l’imaginais mal faire alliance avec nos ennemis, mais désormais j’avais appris à me méfier. Je ne voulais pas revivre le cas de William où j’avais frôlé le déshonneur, ma réputation serait ruinée et tous mes efforts également. J’avais pu constater les faits aux Années Sanglantes, je savais qu’il avait été plus qu’efficace, comme bien nombre de nos combattants. Il m’expliqua par la suite le but de cette espèce d’arrangement. Je l’écoutais attentivement, même si je comprenais tout. Il fallait prendre des risques tout naturellement. Mais ça arrivait je trouvais au mauvais moment. Aussi je gardais cette suggestion pour moi. Il n’était pas nécessaire d’en parler. J’avais déjà été plus que ravie qu’il se confie à moi.

« J’espère bien qu’elle a plus à perdre que vous, sinon tout ceci ne rimerait à rien. Je conçois qu’elle puisse parvenir à la tête de son groupe, mais si cela arrivait et qu’elle se retournerait quand même. Après tout, qui prendrait sa place une fois qu’elle sera en haut de la pyramide ? » Je fis une pause avant de me reprendre et d’inspirer lentement. « Je souhaite que ce soit une réussite, ceci dit. Ne me tenez pas rigueur de mes incertitudes. »

Il me confirma que la Reine, que ma mère était d’accord avec tout ceci. Je ne devais donc pas émettre plus de soupçons. Toujours ce Torben qui intervenait, tout comme li était venu me voir dans mon appartement. Je laissais de côté ses pensées pour me consacrer pleinement à Julien et à notre problème commun. Je n’ajoutais rien, je ne savais guère ce que faisais ma mère concernant les loups, j’avais l’impression d‘être mise à l’écart finalement et ça me peinait beaucoup. Je restais pour le moins impassible, ne voulant pas laisser paraître quoi que ce soit. Je joignais mes mains sur ma cuisse lentement, essayant de trouver une solution qui pourrait satisfaire à tout le monde, et beaucoup plus à la Reine.

« Je peux comprendre également, sauf que nous ne sommes pas le départ des accusations. Nous n’avons rien à voir là-dedans. Si notre loyauté et encore remise en question je ne saurais guère comment faire pour lui prouver le contraire étant donné que je ne cesse d’aller dans le bon sens. » Je fis une pause, ne m’étalant pas trop non plus, cachant mon exaspération un peu. « Une idée de comment éliminer la menace ? » Je lâchais un petit rire, avant de me lever et de marcher un peu pour me détendre. « Je suis navrée Julien, j’ai eu des jours relativement… intenses. » Et c’était vrai, c’était peut-être le seul moment où je pouvais me poser mais j’en avais profité pour convier Julien. J’avais juste envie de sang, de chair.

Si je venais à l’oublier, je sais pouvoir compter sur vous ma chère pour me le rappeler. lui dis-je en esquissant un léger sourire à son attention avant qu’elle ne reprenne la parole pour m’interroger au sujet de mon « accord » avec la louve.

Si d’ordinaire peu de vampires étaient en mesure de m’apposer leurs objections ou leurs doutes quant à mes décisions, venant de Jana cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Au contraire c’était là à mes yeux la confirmation que j’avais bien choisi mon alliée à qui proposer mon projet d’union. Avec elle il était même agréable voire reposant de pouvoir échanger quant à mes plans.

Ne vous faites aucun souci au sujet de vos incertitudes Jana. N’est-il pas normal que de futurs mariés tels que nous se fassent part sans détour de leurs avis ? Pour répondre à vos doutes ma chère, la structure même de leur meute pousse les loups à sans cesse vouloir prendre le pouvoir au nom simplement de leur instinct. Alors que chez nous vampires, il ne s’agirait que d’ambition mal placée.

C’est d’ailleurs peut-être cela que votre mère ne parvient pas à cerner chez moi, sauf le respect que je lui dois. Je sais jusqu’où peut se permettre de viser mon ambition. Et ravir le trône à nos Souverains n’en fait pas partie. dis-je d’un ton assuré avant qu’elle ne reprenne la parole à son tour pour aborder à nouveau le sujet des craintes de sa mère à notre encontre.

Il y aura certainement un moment où elle viendra à notre rencontre de manière inattendue et exposera ses exigences. D’ici là, il ne nous reste plus grand-chose à tenter hormis continuer à la servir comme nous le faisons. lui dis-je dans un premier temps avant qu’elle ne me fasse part d’une certaine lassitude tout en se levant pour marcher un peu.

Si votre mère nous l’accorde Jana, nous serions bientôt unis vous et moi. De ce fait, vous pouvez vous confier à moi. lui dis-je d’un ton chaleureux mais pas pour autant mielleux.

Jana n’était pas femme à apprécier ceci d’où mon abstention. Aucune arrière-pensée à mon action simplement si nous devions devenir époux dans les prochains temps, il était désormais normal que je me soucie de son bien-être. Tout en m'adressant à elle j'étais venu dans son dos sans pour autant me coller contre elle, et avais posé une main sur son épaule.

J’étais préoccupé par bien des choses en effet. Je n’arrivais de ce fait pas à bien clarifier mes idées et devant Julien ça m’exaspérait au plus haut point. Ne serait-ce parce qu’il allait devenir Prince et qu’il ne l’était pas encore. Je serais étonnée en même temps qu’il refuse un tel poste quand bien même je lui paraissais confuse. Mais c’était mon cas actuellement. Je m’inquiétais bien trop pour lui alors qu’il était tout de même Général, et qu’en plus il avait l’accord de ma mère concernant la Louve. Je devais lui faire confiance, même si je ne remettais pas à cause sa loyauté ni même sa parole quant aux tactiques différentes qu’il entreprenait. Jusque-là il visait juste, tout comme il avait visé juste concernant William, même s’il m’avait eu dans la cible également. De ce point de vue-là, il avait échoué, mais c’était à mon plus grand plaisir. Non vraiment, il ne fallait pas que je m’inquiète pour lui, mais bien plus pour le plan. Ce que j’avais divulgué ouvertement en lui confiant mes doutes et mes inquiétudes. Je ne pouvais guère être plus franche et Julien devait l’apprécier. De toute façon, je n’avais rien à lui caché, nous n’étions pas encore mariés, et je serais curieuse de voir sa réaction si jamais je lui disais que j’avais baisé le servant de la Reine. Car soyons réaliste, ne dégageait de cette union qu’un désir depuis longtemps contenu. Depuis que j’avais été forcé de boire son sang…

Je lui fis un sourire en guise de réponse à ses mots. Certes, je serais toujours présente pour lui rappeler autant de chose que je le pouvais. Cette louve était notre ennemi, il fallait toujours se méfier, combien même elle avait l’air d’être ravie de l’accord passé. Il continua sur sa lancée, essayant de dissiper mes doutes, même si ça marchait relativement peu. Je saurais bien assez tôt ce qu’il en tirerait vraiment, si au moins l’accomplissement de ce projet devait se faire. J’espérais que ça ne nous retourne pas en pleine face, comme à cette fameuse soirée que e ne digérais toujours pas. Il y avait aussi cela qui m’accaparait également.

« J’espère bien, sinon je reverrais ma décision sur le champ vous concernant. »

Nous apprenions à nous connaître, donc il fallait qu’il sache que si quelque chose se passait mal entre nous, cela causerait sûrement du tort à notre accord, quand bien même nous étions déjà passés voir la Reine pour lui annoncer. J’étais certaine qu’elle serait ravie de recevoir une telle information. Mais nous n’en étions pas encore là, fort heureusement d’ailleurs. Je pouvais avoir des informations qui ne m’avaient pas été divulguées, et franchement, cela me peinait quelque peu oui. J’étais la chef des chevaliers, pourquoi avoir un tel titre si je ne pouvais pas être au courant de tout ce qu’il pouvait y avoir ?

« Mais rassurez-vous, elle nous a mis tous deux dans le même bateau. Ca me peine vraiment de sa part de voir le mal partout. » Je fis une pause, en réalité ça me peinait qu’elle pense que je veuille sa position de Reine. Je ne savais guère si le trône me sied autant. « Sa position n’est guère à envier. »

Et c’était vrai. Je ne savais guère si j’avais les épaules et la patience pour être à sa place. Elle devenait parano à force, encore pire depuis qu’Augustus nous avait quitté. J’entendais de nouveau les mots de Torben concernant notre roi. J’étais certaine que s’il revenait parmi nous, ce serait beaucoup mieux pour ma mère, mais je ne savais guère si c’était mieux pour tout le monde. En réalité, j’avais du mal à comprendre leur lien, leur relation. Peut-être était-ce pareil que ce que je m’apprêtais à faire avec Julien. D’ailleurs ce dernier me fit redescendre sur terre, oubliant mes pensées pour un moment.

« Oui, je pense qu’il n’y a rien d’autre à faire en effet. »

Je m’étais levée et marchais un peu avant de m’arrêter. Lui faisant toujours dos je lui avouais mon état général qui était quelque peu radié, mes pensées qui n’étaient plus claires et sans cesse parasité. Je ne l’avouais à personne, personne ne devait voir une Princesse dans un état de lassitude intense. Je me devais de garder toujours la tête haute et droite, être toujours impeccable, vernir tant bien que mal cette image. Je sens sa main sur mon épaule et entends ses paroles. Je failli échapper un rire nerveux alors que je me demandais s’il n’allait pas regretter ses paroles. Je me retourne pour lui faire face, m’approchant de lui même si je savais qu’il entendrait chaque mot que je prononcerais. Mon regard transperça le sien. Je savais ce que j’avais à dire.

« Une fureur profonde gronde en moi. J’ai envie de chair fraiche, de sang, de vie à prendre. Cette fusillade me reste en travers de la gorge. Ma sœur a perdu son fiancé et je ne sais guère comment elle va. Notre mariage remis en cause, même si je peux comprendre quelques points de vu concernant ma mère. Et puis ce servant qui reste continuellement autour de moi. » Je fis une pause, avant de m’approcher un peu plus de lui. « Qu’est-ce que cela te fait de savoir que nous étions mariés lui et moi ? »

Devais-je voir là un signe que Jana était encore ignorante de certains aspects de la politique lorsqu’elle me fit part du fait qu’elle était peinée par la suspicion constante de sa mère ? Peut-être. Selon moi c’était compréhensible, bien que blessant pour mon égo de vampire loyale à elle. Augustus son créateur et amant n’était plus à ses côtés pour l’heure, son fils a comploté contre elle. Elle est en droit de craindre pour sa couronne, mais elle ne devrait pas trop perdre de temps à soupçonner les mauvaises personnes sous peine de ne pas voir venir le danger, quand bien même elle avait des yeux partout.

Peut-être craint-elle simplement que je ne cherche à vous manipuler. Après tout vous êtes sa fille, et il est possible qu’elle redoute autant de perdre sa couronne que de vous perdre vous. lui dis-je avant qu’elle ne réagisse à ma main sur son épaule.

Lorsqu’elle se tourna donc pour ensuite s’approcher plus encore de moi, son regard plongeant dans le mien, un frisson me parcouru l’échine en dépit de l’absence d’arrière-pensée dans mon esprit, pour le moment. Elle commença à me faire part de ce qui la troublait au-delà du contretemps que la Reine apposait à notre projet d’union et en vint même à me tutoyer. Etait-ce là le signe que nous venions de franchir une nouvelle étape dans notre rapprochement dans notre projet d’union ?

Je peux apaiser cette fureur si tu le souhaites, lui dis-je en la tutoyant à mon tour comme lui montrer que j’étais prêt à avancer avec elle. je connais bien des moyens d’y répondre sans prendre de risque. dis-je encore en évoquant ma cave, lieu de récréation qu’elle ne connaissait pas encore pour le moment.

Il y a entre ta sœur et moi une sorte d’amitié, enfin ce que je peux offrir en guise d’amitié à quelqu’un. Elle est forte et saura se relever de cette perte, accompagne-là dans cette épreuve ça ne pourra que l’aider. Si tu le souhaite je peux être à tes côtés.

Je n’éprouvais aucun amour pour elle mais l’attraction qu’elle exerçait sur moi, celle-là même qui m’avait fait me tourner vers elle pour ce projet d’union me poussait à présent à lui montrer mon soutient. Si nous parvenions à nous marier, il serait tout à fait normal que j’ai ce rôle à son encontre. Quelque part elle était mon pendant féminin et notre couple pourrait s’avérer un atout de ce point de vue aussi bien pour moi que pour elle.

Vu qu’il n’est pas vampire je peux en déduire que cela date de ton ancienne vie, avant que la Reine ne te transforme et ne fasse de toi sa fille ? Aussi cela n’a guère d’importance à mes yeux. A moins que votre mariage passé ne te cause un souci actuellement.

Continuellement autour de toi dis-tu, mais depuis quand ? Cela date-t-il d’avant notre annonce à ta mère de notre projet ou après ? Peut-être agit-il sur les ordres de notre Reine en jouant sur votre lien passé. Penses-tu qu’il puisse s’agir là d’une manière pour lui ou pour elle de conserver une emprise sur toi ? Il est possible que ce soit dans le but de te maintenir hors d’une éventuelle manipulation de ma part ? Ou pour que tu ne puisses t’attacher à moi… lui dis-je d’un ton aimable sans pour autant être faux.

Je ne savais pas quelles seraient ses réponses mais cela pourrait peut-être signifier une évolution de notre lien. Pas de l’amour oh non loin de là, que ce soit de son côté ou du mien, mais le début d’un attachement particulier peut-être. A voir…

Je m’ouvrais peut-être trop à lui. Surtout concernant la lassitude que j’avais par rapport à ma mère. J’avais l’impression d’être constamment remise en cause, alors que son rang ne m’importait guère. Je ne me voyais nullement être Reine, je deviendrais aussi parano que ma mère. Même si je pouvais comprendre cet aspect. Mais en refusant notre union, elle ne suspectait pas seulement Julien, mais ma décision même. Ce qui me faisait me poser beaucoup de questions finalement. J’aurais souhaité lui en parler directement, mais mes nuits étaient chargées, tout comme devaient l’être celles de ma Reine. Autrement dit, il nous était difficile de se concerter. Je l’avais vu rapidement après la fusillade, preuve une nouvelle fois de mon incompétence. J’accumulais et je devais tout contenir pour moi. En tout cas, chose certaine, je ne pourrais m’ouvrir totalement à Julien. Pas ce soir, alors que mon self-control était déjà bien bas.

« Me manipuler ? Parce que tu serais plus âgé que moi peut-être ? » Je fis une pause. « Pour quelles raisons te suspecterait-elle ? Tu as d’après moi toujours été loyal… jusqu’à m’être à rude épreuve ma loyauté… »

Ce n’était en rien une menace, il fallait qu’il prenne l’information comme elle venait. C’était vrai, il avait failli me faire tomber en même temps que mon mari, William. Fort heureusement j’avais su me relever, même si j’avais eu un temps de rébellion. Trouver ma place avait été difficile à cause de cela, mais j’avais su la trouver finalement. J’avais fini par le tutoyer, peut-être était-ce dû à la fatigue accumulée, aux dures journées qui n’en finissaient pas. Et cette fameuse nuit qui restait en quelque sorte dans mes pensées.
Je lui faisais face à présent, il était bien plus grand que moi et cela m’obligea à lever la tête pour capter son regard. Un léger soulagement alors qu’il souhaitait m’aider dans toute cette fureur, mais le pouvait-il vraiment ? Je ne voyais pas de quoi il parlait, mais avait plusieurs hypothèses qui me firent sourire.

« Vraiment ? Et quelle serait cette solution que tu envisages ? M’offrirais-tu de la chair fraiche pour apaiser ma colère… ? »

Je m’arrête, alors que je sais parfaitement que nous n’en avions pas le droit. Il y avait des choses que nous gardions caché. J’avais droit de vie et de mort sur mes chevaliers et parfois je me faisais un plaisir d’arracher la tête de l’un deux pour un échec qui paraissait très faible aux yeux des autres. Je pourrais le refaire sans aucun soucis, mes crocs avaient un besoin cruel de s’enfoncer dans les épaisseurs de la peau jusqu’à sentir le liquide chaud et délicieux couler dans ma bouche. A ses pensées, je refreinais de justesse l’envie de les sortir. Julien essaya de m’apaiser concernant ma sœur, mais tant que je ne serais pas aller la voir, nul ne pourra le faire. Seul la voir pourrait me sentir mieux. C’était certains, j’irais la voir durant les prochains jours. Elle ne quittait plus son manoir, je n’aurai nul besoin de la chercher.

« Je pense que ça ira, le mieux est que j’y aille seule. J’assume entièrement la responsabilité et le défaut cruel de sécurité qui a coûté des vies. »

Et c’était vrai, je portais sur les épaules les victimes, encore plus celles de Leopold. Je ne savais guère si Morgane m’en voudrait, mais il fallait que cette rencontre se fasse en tête à tête, ce serait mieux autant pour moi que pour elle. Nous pourrions nous parler ouvertement, je l’espérais tout du moins. Elle avait toujours été là pour moi, je me devais d’en faire autant. J’en étais venu à parler de mon ancien mari, Torben, qui était aussi le servant de ma Mère. J’avais envie de voir la réaction de Julien, et m’était arrêté avant d’en dire trop, pour que je puisse savoir ce qu’il pensait réellement. Je ne l’imaginais pas me mentir, alors je l’écoutais attentivement. Je pu percevoir qu’il n’avait pas les bonnes informations. J’étais déjà vampire lorsque la Reine m’avait trouvé, était-ce une information qu’il devait savoir ? En tout cas, je ne l’avais jamais caché.

« Mon amnésie ne me permet pas de t’expliquer précisément, mais c’est cela, nous étions mari et femme à mon époque humaine. Et la Reine m’a retrouvé quelques mois après ma transformation… »

Le mariage me causait un souci ? Non ce n’était pas cela, je n’en avais aucun souvenir, disons plutôt que je n’aurais jamais dû gouter à son sang. Avant cela, je n’avais pas autant de choses qui se dégageaient en sa présence. Désormais, j’avais l’impression que j’étais impuissante face à lui, qu’il m’était énormément difficile de me tenir éloignée. Et lui n’arrangeait pas les choses... Il avait le don de poser les bonnes questions, les pires même qui me faisait me pousser dans mes retranchements. J’avais essayé de rester lucide, mais au final, je détestais la tournure qu’avait prise cette soirée, même si j’avais aimé notre grande partie de jambe en l’air. J’étais en train de réfléchir à ce que je pouvais lui répondre. A dire vrai, je m’étais déjà posée toutes ses questions…

« Je ne sais pas, et ce ne sera ni lui ni ma mère qui pourront me le définir. Je me suis déjà posée toutes ses questions. Il reste présent depuis que nous avons annoncé notre union, mais bien plus encore en moi depuis que j’ai goûté son sang. »

Je ne savais comment il allait réagir. Je le testais sans nul doute, mais il était peut-être le seul à pouvoir me détacher de lui, alors que je savais notre rapprochement inutile. Nous avions baisé. Soit, c’était un désir depuis longtemps intériorisé et ça avait été plus que bon, mais restait toujours le lien avec la Reine que je ne saurais accepter, et le fait que son sang, son odeur m’étaient délicieux. Julien ressentait-il cela pour sa propre pomme de sang ?

Les mots que Jana m’opposait en réaction à mes précédentes paroles sonnèrent comme familières à mes oreilles. Et ce car c’était des questions que je m’étais moi-même posées quelques temps auparavant. Pourquoi la Reine doutait-elle de ma loyauté en dépit de tout ce que je faisais pour la lui prouver ? Peut-être entrapercevais-je quelques brides de ses propres plans, ou au contraire présentai-je une quelconque menace pour ceux-ci au travers des miens ?

Il est peut-être question d’âge en effet, mais tout aussi bien du tien que du mien. J’ai déjà gravi bien des échelons pour un vampire de mon âge et c’est peut-être ce qui la dérange. Que je ne sois qu’un ambitieux convoitant son trône, prêt à tout pour lui ravir sa couronne. lui dis-je avant de réagir avec davantage de… prévenance en ce qui concernait sa dernière remarque.

Je te prie de m’en excuser ma chère mais lorsque William m’a dévoilé sa trahison en s’imaginant que je le rejoindrais, je me suis mis à douter de chacun des nôtres et ce quels que soient son statut ou ses titres. Découvrir que la félonie pouvait germer dans le cœur même du fils de notre Reine m’a rendu des plus suspicieux. lui dis-je repensant brièvement à cette époque précédent les Années Sanglantes. Que ces années me semblaient loin en dépit de leur proximité à notre échelle de temps.

Lorsqu’elle réagit positivement à ma proposition de soulager sa fureur, j’affichai à mon tour un léger sourire. Nous aurions pu en dépit de toutes les lois humaines prendre le risque d’une chasse en pleine campagne mais cela n’était pas la meilleure solution, encore moins la plus sûre vis-à-vis de notre image auprès des humains. Aussi allai-je l’entretenir de mon secret récréatif dont seule Shane avait connaissance jusqu’à présent, lui dévoilant comme promis un autre de mes secrets.

Disons que j’ai une procédure rigoureuse et un endroit sûr qui me permettent de satisfaire certains appétits qui doivent demeurer secret pour nul autre que moi. Et toi à présent si cette fureur a besoin d’être extériorisée sans représenter un risque pour nous ou notre espèce. lui dis-je en replaçant une mèches de ses cheveux derrière l’une de ses oreilles, mon sourire toujours affiché sur mon visage tandis qu’elle reprenait la parole à son tour.

Etre exigeant avec soi-même est une nécessité afin de se maintenir au mieux, mais cela ne doit pas te pousser à culpabiliser alors que tu n’es pas à l’origine de son malheur. Personne n’aurait pu faire mieux avec les contraintes ordonnées par la PES et la direction du Musée. J’ai moi-même tenté de faire jouer mes relations au sein de la bourgeoisie humaine, et dieux sait que j’en compte plusieurs, mais même cela n’a pas suffi à ce que je puisse disposer autant d’agents de la Reds qu’il aurait fallu. De ce fait, j’ai aussi une part de responsabilité. Ne porte pas seule ce fardeau. lui dis-je avant qu’elle ne réponde à propos de son ancien mari, Badenov.

Par ses paroles elle m’en apprenait davantage quant à son propre passé. Ainsi donc elle avait été liée à celui qui deviendrait par la suite la Pomme de sa future mère adoptive. Ceci était incroyablement machiavélique et vicieux. D’un côté Krystel s’était liée à son ancien ennemi qu’il était en tant qu’ancien de l’HCV, lui avait volé sa femme et en avait fait sa fille adoptive après que cette dernière fut transformée par un autre nocturne. Je pensais pouvoir toucher du bout des doigts toutes les tortures psychologiques que la Reine avait pu faire subir à Badenov mais étais conscient d’être encore loin de la réalité en la connaissant.

Après ses paroles je pris une seconde pour réfléchir avant de lui répondre. Qu’elle ait dû s’abreuver de son sang ne me dérangeait pas, d’autant qu’il en allait de sa vie à ce moment-ci après la fusillade où elle avait été blessée. Qu’elle ait préféré son sang au mien alors que je lui avais aussi proposé à ce moment-ci n’était pas non plus quelque chose qui m’avait blessé. D’autant qu’à présent je comprenais la raison de ce choix, enfin je l’imaginais. Mais était-ce là la seule fois où elle avait gouté à son sang ? Aucune idée.

Lorsque tu t’es abreuvé de son sang au Musée pour survivre, il est possible que tu ais répondu à un ordre muet de ton inconscient du fait de votre passé commun et ce malgré ton amnésie. dis-je dans un premier temps. As-tu succombé une autre fois à ce désir de boire son sang par la suite ? Ne crains aucune jalousie de ma part concernant ceci, il est un humain après tout et leur rôle est d’étancher notre soif. D’autant que pour l’heure notre union n’est pas encore officielle.

Cependant à l’avenir je dois bien t’avouer que cela ne serait pas pour me plaire. D’autant qu’il nous faut savoir si ce besoin peut nuire à notre union prochaine. Mais aussi de déterminer la manière dont il nous faut agir pour t’en libérer. Si c’est ce que tu souhaites bien entendu.

Qu’elle nourrisse encore un désir pour lui, que ce soit d’un point de vue charnel ou nutritif, n’était clairement pas quelque chose que j’apprécierai après notre union. Jusque-là j’estimais ne pas être en droit de lui intimer l’ordre de se priver de lui quand bien même cela pourrait m’être plaisant. Restait à éclaircir un point.

Ce désir que tu éprouves pour lui. Penses-tu pouvoir déterminer s’il s’agit d’un sentiment de nostalgie de votre ancien lien ou plutôt celui que tu pourrais ressentir de faire de lui ta Pomme de sang ? lui demandai-je pour conclure, conscient que la seconde option serait plus compliquée à gérer.

J’avais l’impression que tout tournait autour de mon jeune âge. Julien me l’avait spécifié, ma Mère n’arrêtait pas et Morgane me le faisait savoir également. J’avais aussi l’impression que le fait que je m’élève au rang de Chef des Chevaliers de la Reine n’avait pas du tout aidée. Soit, je n’étais encore que très jeune, mais je n’étais plus jeune dans ma tête. J’essayais d’être à la hauteur et pour cela j’essayais d’être le plus méfiante possible. Apparemment je devais peut-être l’être envers Julien, comme l’était la Reine en vérité, même si je faisais partie de cette union. Il était vrai que Julien avait franchi bien des étapes, bien des échelons aussi comme il le certifiait. Je ne savais pas si c’était un but pour lui finalement de franchir autant d’étapes, de devenir prince finalement ? Je souris alors que je constatais que ma Mère déteignait sur moi. Je pouvais aussi émettre des doutes également, même si pour moi Julien avait fait ses preuves. Me trompais-je véritablement ?

« En tout cas, en plus d’avoir à faire à elle, tu auras à faire à moi, lien de mariage ou pas. » C’était en quelque sorte un avertissement, mais il le savait très bien j’en étais consciente. « Elle peut surgir chez n’importe qui. Toi tu pourrais par exemple tout comme moi également, sauf qu’il faut toujours avoir des preuves solides, les simples suspicions ne suffisent pas. »

Je n’étais pas là pour ressasser le passé, surtout que je l’avais fait venir pour parler de notre futur. Je comprenais bien sa position mais je l’avais tellement haït ce jour-là. Il aurait porté des accusations fondées je ne dis pas, mais ça c’était passé tout autrement. Tout ça était derrière moi, je ne pensais pas le faire réagir au quart de tour, de toute façon il n’était pas idiot au point de disjoncter complètement en ma présence. IL avait un certain sang-froid, un calme plat que j’appréciais finalement. Encore plus alors que je grondais intérieurement d’une rage profonde. D’ailleurs je lui avais envisagé de m’offrir un cadeau. Un cadeau très cher alors que je savais pertinemment que nous ne pouvions chasser en ces terres, même si je me permettais de boire le sang de mes servants et de quelque rare fois d’un humain alors que nous baisions. Cela m’était toujours aussi difficile de succomber au plaisir charnel sans succomber aussi au plaisir du sang. Parfois je dérapais tout simplement, mais l’homme qui acceptait d’être dans mon lit ne peut se plaindre.
Je l’écoutais attentivement, toujours devant lui presque collé l’un à l’autre alors que je le laissais effleurer mon visage et replacer une mèche qui ne me gênait point jusque-là. Je me surpris à le vouloir tout entier et réfrénais cette envie presque aussitôt.

« Une procédure rigoureuse et un endroit sûr ? Tu attises ma curiosité… quel est donc ton secret ? » lui soufflais-je alors qu’un fin sourire étira un coin de ma lèvre.

Je voulais en profiter autant que lui, si du moins ce secret pouvait m’être intéressant. Je me demandais de quoi il parlait et je n’imaginais pas toutes les autres choses qu’il cachait. Car si nous n’étions pas futur mari et femme, m’aurait-il tout dit ? M’aurait-il parlé de la louve ? Je ne pensais pas, et cela ne fit que rajouter à mon cœur déjà bien chargé. Nous passions désormais à ce qui me torturait jour et nuit. Oui c’était le mot, car la culpabilité pouvait ronger jusqu’à l’os pour ne plus s’en dépêtrer. Elle commençait en moi doucement, et j’étais sincère quand je lui avais dit que j’assumais. Peut-être trop comme il me le disait, mais avait-il vraiment raison au fond ?

« Je suis exigeante, c’est un fait, mais je ne suis pas d’accord avec toi sur l’origine. Si la sécurité avait été optimale, Leopold serait toujours parmi nous. Et si ma Mère avait été présente ? Si elle aurait été touchée ? Je n’ose imaginer mais pourtant ça reste présent dans ma tête. » Je fis une courte pause. « Tu as aussi ta part de responsabilité, mais la mienne est bien plus grande, bien plus lourde… » Ma main glissa sur son torse pour remonter et se positionner sur sa nuque alors que j’effleure ses lèvres doucement et me ressaisie bien vite alors que je sens la faim en moi se dévoiler brutalement. Je stoppe mes crocs in extremis et me décale de lui alors que je partais sur un tout autre sujet. Il mit un peu plus de temps à me répondre, peut-être cherchait-il les bons mots, ou cachait-il peut-être de la colère ? En tous les cas, je voulais qu’il soit sincère et j’attendais patiemment sa réaction. Je souris intérieurement alors que j’entends ses mots. Ordre muet de mon inconscient ? Faux, j’étais bien consciente que son sang m’avait réveillé des émotions, j’avais tellement aimé mais je repensais aussi à la Reine, à la courte entrevu où elle m’avait fait comprendre que c’était l’unique fois que je pourrais boire son sang. Il était à elle, c’était son servant et je ne pouvais pas interférer, combien même je souhaitais le posséder tout entier. C’était ça le véritable problème, mais grâce au lien avec la Reine, cela me réfrénait un peu. Même si toute la frustration je l’avais déjà donné à Torben l’autre nuit.

« Je vois que personne ne peut comprendre mon ressenti, car aucun autre vampire n’est amnésique… Cela m’a fait ressurgir des sentiments auquel je ne m’attendais pas, les renforçant encore davantage. » Je laissais échapper un petit rire nerveux, mes doigts se mirent sur ma tempe et je reculais pour faire quelques pas. Je ne pouvais rester en place et me positionnais devant un meuble où il y avait des verres et du whisky à porter de main. « Tu n’as rien compris. Il est le servant de la Reine, il lui appartient et son sang lui est très précieux. Je peux te dire que c’est bien la dernière fois que ça arrivera, je n’ai nullement envie de décevoir à nouveau ma Mère… » Je me servis un verre, le bu d’une traite alors que c’était de sang dont j’avais besoin, encore plus quand j’entendis la suite. Je me retournais, usait de ma rapidité extrême pour me poster devant lui, plongeant mon regard sombre dans le sien. « Pourquoi cela nuirait-il à notre union ? Qu’as-tu contre le servant de la Reine ? » Ma main se posa sur son torse, au niveau de son cœur avant de reprendre. « Je choisirais ce que je veux… »

Le fait qu’il me dise ouvertement que ça ne pourrait pas lui plaire ne m’aidait guère, mais pouvait m’aider d’un côté. J’étais encore perdue le concernant et je ne voulais en rien parler de mes émotions avec lui et le fait qu’il me déstabilise complètement. Il était ma faiblesse, je le savais désormais. Ses derniers mots m’étonnèrent. Pomme de sang ? Il ne le sera jamais, n’avait-il pas compris qu’il était uni à la Reine ? Je sentais l’exaspération monter en moi comme une flèche. Il suffisait d’un rien ce soir, mais je me contrôlais.

« Je suis née il y a neuf ans, je suis née à trente et un ans. Je n’ai absolument aucun souvenir de mon passé avec Torben alors que pourrais-je ressentir ? La nostalgie ? Combien même j’ai réussi à avoir quelques pièces du puzzle, le passé ne m’intéresse pas, seul l’avenir compte. » je fis une pause avant de reprendre plus doucement. « Torben appartient à la Reine, mais ce que je peux ressentir te dérange n’est-ce pas ? » Je quittais ses yeux, son corps pour me diriger de nouveau vers le meuble, vers l’alcool et me servi un autre verre avant de porter le liquide ambré à mes lèvres.

Je n’en doute pas et en suis même ravi, j’apprécie cette loyauté envers ta mère. lui dis-je en esquissant un léger sourire en guise de réponse à son avertissement. Rappel inutile car déjà évident. Effectivement, elle peut surgir chez n’importe qui et même chez moi qui sait. Mais c’est pour cela que je forme mes subordonnés à m’éliminer si jamais je venais à trahir. La loi est la même pour tous, la trahison signifie la mort. lui dis-je ensuite pour finir sur le sujet de la félonie.

Pourrait-elle comprendre que je prévois dans mes procédures l’éventualité que j’en vienne à trahir un jour ? Il serait intéressant de le savoir. Je me pensais à l’abri d’un jour trahir mes Maîtres mais d’ores et déjà je souhaitais m’en prévenir. Peut-être qu’un jour je le regretterai mais pour l’heure cela me semblait normal.

Un lieu que nul ne connait. Un endroit que j’utilise depuis plus d’un siècle et qui ne peut représenter un risque pour notre peuple en termes d’image. Et s’il venait à être découvert il apparaîtrait alors comme un lieu de luxure et de dépravation simplement. Ceci correspondrait à l’image que se fait la vermine de nous, celle-ci étant bien loin d’imaginer ce qu’il en est réellement.

Je peux te le dévoiler un peu plus tard dans la soirée si tu le souhaites. lui dis-je cette fois en affichant un sourire franc en réponse au sien, son regard laissant briller une étincelle carnassière. Se contenait-elle au point de ne pas satisfaire l’ensemble de ses appétits ? Alors elle ne pourrait qu’apprécier le loisir de ma cave.

Je ne réponds pas à ses paroles suivantes, occupé à savourer la sensation de sa main sur ma nuque, de ses lèvres qui frôlent les miennes. Je profitais de ce moment fugace avant qu’il ne se meure et qu’elle ne s’éloigne de moi et prit la parole, ainsi qu’un verre d’alcool.

Effectivement il est de ce fait probable que je ne puisse réellement comprendre ton ressenti dans sa pleine mesure, mais cela ne m’empêche pas d’essayer non ? lui dis-je sans ironie aucune avant de poursuivre après qu’elle eut fait un rapide aller-retour entre le meuble et moi qui étais resté immobile.

Je lui porte le respect dû à son rang, mais en dehors de cela il existe un sentiment entre lui et moi. Nous ne nous apprécions pas, moi pour sa suffisance et la supériorité qu’il affiche face à nous vampire quand bien même celle-ci est réelle de par la nature du lien qui le lie à ta mère. Et lui par mon attitude autant que par ma confiance en moi-même qu’il doit voir comme de l’arrogance. Ajouté à cela qu’à l’origine je n’étais pas au service de notre Reine mais à celui d’Augustus. Mais cela c’était avant que je ne devienne Maître vampire et ne fasse mon serment de double allégeance, attachant alors ma loyauté et mon engagement de manière égale à nos Maîtres. lui dis-je sans ironie aucune avant de poursuivre, sa main sur mon cœur.

Cela nuirait à notre union dans le sens où mon égo de mâle et d’époux n’apprécierait pas te voir fricoter avec lui. D’autant que cela ne serait à mon sens pas une bonne chose pour l’image de notre couple. dis-je en posant ma main sur la sienne. Je n’ai pas pour objectif de te contraindre à quoi que ce soit Jana. Tu es libre de choisir celui que tu veux.

Les paroles qui suivirent m’éclairèrent davantage quant à sa situation, du moins l’espérai-je, mais aussi à mon sujet. Nous n’étions pas encore mariés Jana et moi que je ressentais déjà une pointe de jalousie dans les sentiments qu’elle pouvait éprouver pour Badenov. Ce sentiment nouveau pour moi était à mon sens un symptôme du début d’attachement que je pensais éprouver pour elle. Etait-ce là une bonne chose ? Aucune idée.

Seul l’avenir compte… commençai-je après qu’elle eut mis fin à notre proximité pour se resservir un verre. Dans ce cas la question est de savoir qu’elle avenir souhaites-tu ?

Ce fut à mon tour d’user de ma vitesse vampirique pour réduire significativement la distance entre nous, près de ce meuble dont je sortis une poche de sang encore chaud, un arrivage du soir. Je l’ouvris et en bu une gorgé, une goutte perlant au coin de mes lèvres, avant de lui tendre la poche.

Oui cela me dérange, car je ne veux pas qu’il ait une emprise sur toi, quelle qu’elle soit. . lui dis-je en la serrant contre moi en déposant un baiser au coin de ses lèvres.

Je veux que tu puisses choisir ton futur, celui que tu veux à tes côtés pour l’éternité, sans que quiconque ne puisse fausser ton jugement ou ton avenir. Pas même moi.

Hp:


J’avais failli arquer un sourcil alors qu’il me disait qu’il formait ses subordonnés au cas où il flancherait. Il n’y était pas obligé, car la Reine s’en chargerait personnellement s’il devait lui arriver de tomber dans un autre camp, de ne plus savoir où était sa place. Moi-même je m’en chargerais, même si j’avais déjà eu ce cas avec William et que je n’avais presque rien vu venir. J’étais encore jeune à cette époque, même si ej l’étais toujours aujourd’hui. J’avais des choses encore à apprendre c’était certain, je ne voulais pas me faire avoir de nouveau avec un mariage. Savait-il que j’étais peut-être plus suspicieuse sur cette nouvelle union ? Peut-être, je m’en rendais compte moi-même à dire vrai. Mes unions ne s’étaient jamais bien terminées, pourquoi celle-ci se ferait-elle autrement ? Je devais me ressaisir, ne plus pensée de la sorte sinon ça allait me tuer pour de bon ce soir. Déjà que je n’étais pas tout à fait dans mon état normal…

« Je vois que tu prévois déjà au cas où tu tomberais d’un côté qui n’est plus le nôtre… je ne sais pas si ça doit me rassurer ou m’inquiéter. »

Autant lui dire les choses comme je les vois, comme elles sont dans ma tête. Car oui, il prévoyait déjà sa mort si jamais il était pris d’une folie, mais la Reine ne lui permettrait pas de vivre un instant de plus si cela devrait arriver. Tout comme William d’ailleurs où il avait été l’exécuteur direct. Julien couvrait ses arrières, mais aussi pensait au possible futur tant positif que négatif. Il n’était pas Général pour rien, j’aimais sa façon de penser, son intelligence en somme. Et encore plus ses secrets qui pouvaient m’être utile. Il m’avoua celui qui avait attisé ma curiosité, et mon regard se fit plus intense alors que j’essayais d’intégrer chaque mot qu’il prononçait. Il pouvait percevoir au plus profond de mon regard l’appel du sang qui me serait fort profitable. Au moins pour évacuer tout ce que j’avais en moi. Il m’intéressait, ce lieu m’intéressait grandement.

« Dépravation… Luxure… Mmmh… intéressant… » Je fis une pause alors qu’il pouvait bien sentir l’envie que j’avais de voir ce lieu. « J’aurais envie de voir ça oui. » un large sourire étira mes lèvres, il me donnait bien plus que je ne pensais, mais ce n’était pas plus mal. J’avais des choses à faire après cet entretien mais cela pouvait attendre. Si au moins je pouvais me distraire et étancher cette soif profonde de sang et de violence, ça me convenait parfaitement. Je contenais depuis bien trop longtemps tout ce que je ressentais, si Julien m’offrait une voie pour m’en défaire, je ne la laisserais pas passer, c’était certain.

Il appréciait le contact de ma main alors qu’elle se glissait doucement dans sa nuque et que j’effleurais ses lèvres… pour un court instant. Avant que le désir d’alcool ne se fasse sentir, même si en vérité le sang me serait bien plus désaltérant. Mais j’enfilais ce liquide ambre cul sec, me satisfaisant de ce goût pour l’heure. Je préférais cet alcool au true blood que je pouvais demander. L’exaspération se faisait sentir en moi alors que je lui disais que personne ne pouvait comprendre mon point de vue, mon ressenti face à une situation, face à mon amnésie. S’il n’y avait pas eu Torben je n’aurais pas eu de problème comme cela. S’il était resté mort…
Julien me surpris à vouloir me comprendre. Ses mots étaient-ils sincères ? Je ne savais pas si pour lui c’était une bonne chose qu’il souhaite essayer de me comprendre. Supporterait-il si je lui disais que j’avais déjà posséder le corps de Torben ? Que nous avions baisé dans mon appartement quelques nuits auparavant ? Je laissais un sourire transparaître sur mes lèvres à ses pensées.

« C’est intéressant, personne n’essaie de se mettre à ma place, et toi tu le ferais ? Pourquoi ? »

J’avais bien conscience que notre union n’avait rien à voir avec un quelconque sentiment d’amour, du moins pas pour l’instant même si je sentais une certaine attirance s’installer petit à petit. Il était bel homme, il fallait l’avouer, il était intelligent aussi et rester une part de lui qui m’étonnait un peu, son côté compréhensif pour certaine chose, dont mon amnésie par exemple. Je n’avais jamais eu quelqu’un qui avait voulu me comprendre, pas même Torben. Je voulais donc être sûre de ce qu’il recherchait, de ce qu’il voulait dire par là pour ne pas tomber dans quelque chose que je n’aimerais pas par la suite. J’avais besoin de soutien, sans nul doute, je ne voulais pas m’accrocher au premier venu. Nous avions encore beaucoup de chose à nous raconter…

Je l’écoute parler, il pose sa main sur la mienne qui est toujours sur son torse. Mes yeux ne le quittent pas alors qu’il continue à parler et que je conçois ses paroles. Eprouverait-il de la jalousie ? C’était intéressant… Pour le moment je n’avais pas de pomme de sang, mais serait-il aussi dominant si je prenais d’autres hommes dans mon lit ?

« Je comprends tes paroles, il y a aussi des gens à qui je voue une grande haine. Mais même si je n’ai jamais eu de pomme, comment réagiras-tu concernant d’autres hommes que j’emmènerais avec moi ? Ne s’agit-il là que de Torben ? Les hommes que je prends avec moi sont plus que consentants, cela ne pourra nuire à notre union, pas même le Servant de ma Mère… » Je fis une pause, alors que je savais très bien que mes mots pouvaient provoqués chez lui tout un tas de réactions. La colère peut-être. Aussi intelligent soit-il, il pourrait peut-être supposer que j’avais déjà pris Torben dans mon lit. Je repris presque aussitôt. « J’ai appris à vivre de ma solitude, quand bien même elle n’est pas très longue, mais toutes femmes ont des besoins et je me les approprie. Si tu n’es pas là à ce moment, je prends qui je veux… »

Je le testais aussi un peu, il fallait l‘avouer. Je venais de lui dire ouvertement ce que je ne dévoilais guère devant d’autres hommes. Je ne m’embarrassais pas de paroles quand j’avais envie de sexe, je prenais l’homme, il me satisfaisait et il ressortait. Si j’en avais envie et qu’il ne soit pas dans les alentours, je prendrais quelqu’un d’autre. Et puis... j’adorais chercher ma proie, c’était un plaisir certain dont je ne pouvais me privé. A moins que Julien ne soit assez efficace, mais ce n’était pas le sujet du soir. J’avais terriblement dévié, mais j’avais un besoin cruel de parler, de converser avec mon futur époux. Je devais tout savoir et il devrait tout savoir également…
J’avais apprécié qu’il me dise qu’il me contraignait à rien du tout, que je pouvais choisir qui je voulais, mais je doutais réellement de ses paroles. Il m’interdisait déjà de fricoter avec Torben, cela me dérangeait même si je savais qu’au fond cela m’aiderait. Je ne savais pas encore si j’étais tout à fait prête. Là était bien le problème. Je brisais de nouveau la proximité entre nous pour me resservir un verre. J’évitais soigneusement sa question car je ne savais guère encore ce que je voulais comme avenir. Enfin plutôt si, disons que mes pensées étaient brouillées et que ça m’était juste insupportable. J’aurais mieux fait de repousser sévèrement Torben, qu’il ne soit plus dans mes pensées. Être tirailler de la sorte… Je fermais les yeux alors que le liquide atteint mes lèvres. Je sens alors Julien juste derrière moi. J’ouvre les yeux soudainement et pose le verre alors qu’il comprend bien vite. Trop même à mon goût. Oui il avait une certaine emprise, et le problème était de savoir si je voulais m’en défaire. Si j’écoutais ce que je ressentais, c’en était fini de moi.

Il glisse sa main sur ma taille, me vole un baiser alors que je sens le goût du sang dans sa bouche. J’approfondis le baiser, possédant ses lèvres complètement avant de m’arrêter. Mes crocs se réveillent brusquement et j’accepte sa poche qu’il me tendait. Diable que cela faisait du bien de boire du sang frais, du vrai, pas une synthèse qui me répugnait tout simplement. Je sortis un gémissement de satisfaction avant de la lui retendre, je l’aurais bien fini mais il me fallait garder tout de même un certain contrôle. Ma main de nouveau arpente son torse pour se glisser sur sa nuque, je lui souris.

« Tu émets là de belles paroles. Je veux aussi que celui qui soit à mes côtés puissent me protéger, que je ne puisse pas avoir le moindre souci avec ses subordonnés… je crois que tu as quelqu’un dans ton entourage qui a déjà reçu une leçon de ma part pour avoir osé me violenter… » Je laissais mes mots en suspens. Je parlais bien sûr de Yâaquov, qui avait osé lever la main sur moi. Il fallait que je sois certaine de son entourage, pour le moment, à cause de ce vampire, je n’en étais plus certaine.

Spoiler:

J’appréciais que Jana me fasse part de son avis de manière directe à propos des différents sujets que nous étions en train de traiter. Au moins cela nous permettrait de jouer cartes sur table et de ne pas nous embarrasser de faux semblant et autres ronds de jambes inutiles dans le but de ne pas laisser place au hasard dans notre union prochaine. Ceci était la condition sine qua none à mon sens pour que notre mariage ne soit pas un échec.

Tu n’as aucune raison de t’inquiéter tant que ta loyauté envers nos Maîtres demeure, tout comme la mienne. lui précisai-je afin qu’elle ne s’offusque pas de mes paroles. Non je ne mettais aucune menace dans mes mots ni ne reparlais du passé, mais je présentais un simple constat où je nous mettais sur un pied d’égalité. Elle comme moi ne pouvions être certains de ne jamais trahir nos Dirigeants, et ma manière de voir les choses me poussait à mettre en place des procédures qui signeraient la perte de celui qui viendrait à comploter, elle comme moi.

Alors je te ferais partager ce secret tout à l’heure. lui dis-je en affichant un sourire carnassier en réaction à son désir de découvrir ma cave que je pouvais lire en elle.

Lorsqu’elle m’interrogea au sujet de la raison qui me pousserait à comprendre sa situation, son amnésie, je pris un instant avant de lui répondre. Non pas car je lui mentais mais parce que je ne souhaitais pas laisser de place à une mauvaise interprétation de mes paroles ou de mes actes à son encontre.

Si je me contente de rester spectateur de ce que tu ressens ou de ce que tu vis, je ne pourrais être un véritable soutien pour toi. Quand bien même notre union n’est pas une action mue par l’amour, je ne me vois pas agir autrement à ton égard. Tu as un problème et tant que ton futur époux il est de mon devoir de chercher à te comprendre pour mieux te soutenir. lui dis-je sans sourire cette fois afin de souligner la véracité de mes paroles et de mon intention.

Alors que nous étions encore très proches elle et moi, nos mains se touchant et nos regards se croisant, j’écoute ses paroles au sujet de Badenov qu’elle extrapole aux hommes en général. Je pense qu’elle se trompe quant à la raison de mes paroles au sujet du Servant de la Reine et du fait que je sois contre une relation entre Jana et lui. Il fallait que je clarifie la situation aussi repris-je la parole alors qu’elle s’était éloignée pour se resservir un verre d’alcool.

Entendons-nous bien Jana, que ce soit avant ou après notre mariage tu es et resteras libre de satisfaire tes appétits avec qui tu le souhaiteras comme nous l’avions décidé lors de notre dernière discussion, et il en sera de même pour moi. lui rappelais-je sans aucune animosité ou agressivité que ce soit. Et il en sera de même lorsque tu te choisiras une Pomme de sang je peux te l’assurer. Si j’éprouve une certaine animosité à l’égard de Badenov, la jalousie que je pourrais éprouver à ce que tu satisfasses tes appétits avec lui n’est pas le moteur principal de mon souhait que tu ne couches plus avec lui dès lors que notre Reine nous donnera son accord.

Je veux dire par là qu’en termes d’image cela serait préjudiciable pour l’image même de notre union justement, aussi bien auprès de notre espèce que des autres. Tout finit par se savoir et le fait que toi, une des Princesses vampires couche avec le Servant de la Reine après ton mariage avec le Général des armées de ta mère ne serait pas bon. Je ne te parle pas de mon égo mais du fait que cela fragiliserai l’image de force que nous souhaitons afficher via cette union. lui dis-je encore avant de me taire un instant. Je n’étais pas certain d’être véritablement parvenu à m’exprimer comme je le souhaitais et ne le saurai qu’avec sa réaction, si elle se sentait blessée par mes paroles alors c’était que je m’étais mal exprimé. Je comptais sur son parler direct pour me signifier cela.

Ne vois là aucune intention de t’offenser de ma part, et pardonne-moi si c’est le cas car ce n’est pas là mon but, bien au contraire.

Sa main sur ma nuque après qu’elle eut bu quelques gorgées de la poche de sang, se refusant de la finir complètement en me la présentant à nouveau, me fit frémir. Au gré de nos rencontres et de nos échanges je me surprenais à ressentir une attirance, plus que physique peut-être même, pour elle. Je ne savais pas encore si cela nous mènerait un jour à éprouver de l’amour l’un envers l’autre mais décidai de ne pas brimer ce sentiment de ma part à son égard. A voir si cela deviendrait réciproque de son côté. Le sujet qu’elle aborda ensuite m’éloigna de cette réflexion muette et m’amena à reprendre la parole pour m’exprimer à ce sujet.

Laisse-moi te montrer qu’il ne s’agit pas que de belles paroles, mais de mes véritables intentions, pour nous. lui dis-je dans un premier temps avant de poursuivre. De tous ceux que je commande, il a fallu que tu rencontres Yaâqov. dis-je en affichant un léger sourire, non pas moqueur mais simplement amusé par l’ironie de cette rencontre.

Laisse-moi t’expliquer un peu plus le personnage. Comme tu as pu le remarquer il n’est pas un vampire comme les autres. Il aurait dû mourir, mais au lieu de l’exécuter je l’ai puni comme Augustus l’a fait pour moi par le passé, me refusant de priver notre espèce d’un élément tel que lui. Sa nature fait de lui un fantôme du passé que j’ai contenu par la violence et la douleur car son esprit est resté bloqué en 1944. Son esprit torturé ne conçoit pas notre monde tel que nous le voyons nous. Pour lui nul autre que moi ne peut le commander. Il ne sert nos Maîtres que parce que je le lui en ai donné l’ordre car le traitement que j’ai dû lui imposer l’a façonné ainsi. Il est comme un animal dompté par celui qui lui a imposé sa supériorité et ne conçoit pas le monde dans sa réalité. Je dirais même qu’il n’a pas pleinement conscience du monde dans lequel nous vivons. Ceci étant dit son attitude n’était pas correcte et il a été puni pour cela. Il sait désormais comment se comporter avec toi et tu n’auras plus à craindre de comportement d’insubordination de sa part. lui dis-je pour conclure.

Comment parvenir à faire véritablement comprendre à quelqu’un ce qu’était réellement Yaâqov ? Aucune idée néanmoins j’avais essayé de l’expliquer à Jana, en espérant là-encore être parvenu à le faire sans l’offenser.

Hj:


Sur ce point, nous étions intraitables et apparemment absolument d’accord. Il n’y aurait pas de traitrise et je serais intransigeante comme je l’étais déjà avec d’autres. Je lui faisais entièrement confiance sur ce point, il avait déjà prouvé combien il pouvait être loyal, c’était aussi pour ça que j’avais accepté sa demande. Il y avait aussi d’autres points qui m’attiraient chez lui. Sa grande influence avec des yeux éparpillés partout, je voulais pouvoir profiter de ses innombrables contacts, tout comme ses secrets qui me révélaient au fur et à mesure, en particulier celui qui apparemment pourrait étancher ma soif de meurtre. J’aimais le découvrir pas à pas, même si je me demandais s’il avait toujours quelque chose à me faire découvrir. J’avais l’impression qu’il en avait tout une gamme. Ca me surprenait oui, mais pour un Général et en connaissant un peu sa personnalité, je me disais que c’était tout à fait possible.

« Sur ce point nous sommes donc entièrement d’accord. » ajoutai-je juste pour clôturer la conversation sur laquelle nous avions dérivé. Il y avait tant d’autres sujets auquel nous devions parler, en autre celui le plus important qui était notre mariage. Mais parler d’autres choses, dérivé autant que je le souhaitais ne me dérangeait pas. Au contraire, je pouvais voir comment se comportait Julien, comment il allait se comporter plus tard alors que ce serait sans doute l’homme à qui je confierais mes doutes, mes plans et bien d’autres choses encore. Je lui étirais un sourire des plus malicieux alors qu’il m’indiquait que j’allais pouvoir avoir le loisir de voir ce dont il voulait me parler depuis tout à l’heure. Quel était ce secret ? J’avais hâte de le découvrir. Je le laissais lire en moi comme bon lui semblait. Il devait voir combien cette invitation m’excitait. Je l’avais par la suite poussé à la réflexion avec ma question qui était volontaire de ma part. Je ne le quittais pas des yeux, m’emparant de son regard pour lire chaque émotion qui le traversait. Si du moins il en avait, je ne l’avais vu que rarement porter de véritable marque d’affection. Peut-être le verrais-je à l’œuvre avec sa pomme de sang quand nous nous rencontrions enfin. Je laissais moi aussi un petit temps de réflexion après ses paroles et ne cachait pas ma curiosité.

« Tu as là des paroles qui me touchent, j’espère que ce n’est pas un récit mille fois récité dans ta tête pour pouvoir justement me toucher là où il faut… » Je lui souris alors que je me rapproche un peu plus de lui. « J’aime de plus en plus ta conception d’un couple, quand bien même les sentiments ne sont pas au rendez-vous… » C’était à moitié vrai, je ressentais un peu plus d’attirance pour lui, parce que je me préoccupais beaucoup plus de sa vie privé et comment il voyait les choses dans un couple. Je ne le lâcherais jamais, je n’arrêterais jamais de le tester car je n’avais pas fini encore de lui poser tout un tas de questions pour que je sois certaine, pour que ma mère ne puisse pas me dire que je m’étais trompée. Je n’aimerais pas la décevoir, comme j’ai dû la décevoir avec William. Les mariages n’étaient pas mon fort, et Julien le savait je lui avais déjà dit que je devais être poursuivi par une espèce de malédiction. Peut-être ne vivais-je que pour être seule. La solitude ne me dérangeait pas, en même temps j’étais encore bien jeune. Je me demandais comment mon opinion tournerait d’ici à quelques centaines d’années.

« Je sais, c’était un de nos communs accords, tout comme pour les pommes de sang mais la mienne n’est guère pour bientôt. » Oui, j’avais dû mal à cerner le lien qui unissait un vampire et sa pomme, peut-être parce que je ne l’ai jamais ressenti. Si c’était les émotions que j’avais pour Torben, alors j’étais réellement dans une impasse, dangereuse qui plus est. Je pris le temps de réfléchir avant de reprendre. « Je ne vois pas les mêmes choses que toi, mais peut-être est-ce dû à mes pensées qui sont un peu embrumés. De toute façon, il va falloir que je parle à ma Mère bientôt, pour tout mettre en ordre et tout mettre à plat. J’en ai besoin pour ne plus pouvoir m’éparpiller, et aussi pour lui prouver que notre union ne lui serait pas préjudiciable. » Elle ne ferait que renforcer la famille royale, car après le meurtre de Leopold, nous étions plus que désunis. Trois femmes seules, Augustus encore endormi et n’ayant pas récupérer pour revenir. Je me demandais combien de temps nous resterions en vie. Oui, c’était exactement mes pensées. Et aller voir la Reine pouvait me rassurer, même si elle finissait par me dire définitivement non, même si elle préférait m’unir à quelqu’un d’autre ou unir Morgane, même si elle était en deuil. J’avais besoin d’elle en vérité, même si ses paroles pouvaient me blesser énormément.

Je détestais être dans cet état, surtout devant Julien. J’étais plus que désorienté, combien même j’essayais de rester plausible. J’aurais pu m’énerver, mais j’étais las. Las de devoir toujours tout contrôler, las de devoir fermer mes pensées sur des souvenirs de cette nuit qui m’étourdissait sans arrêt. Le sang ingéré me permet de mieux me contrôler mais je ne résiste pas à l’envie de lui faire part de ce que je ressens.

« J’ai beau être jeune, je comprends ce que tu veux dire. J’essaie également de te comprendre, mais j’ai toujours eu du mal… je prends ce que je veux, ce que je souhaite, et jusque-là tout allait bien. Jusqu’à ce qu’il revienne, m’accaparant totalement. Je me sens emprisonner, mes pensées le sont… » Je m’arrête, j’essaie de donner des mots à ce que je ressens mais c’est extrêmement difficile. « Je ne cesse de les contrer, mais elles ne cessent de me persécuter. » Et c’était vrai, s’il n’avait pas été le servant de la Reine je me le serais approprié tout entier. C’était le lien avec la Reine qui me permettait de m’éloigner, de me dire que la nuit avait été une grave erreur. Il ne fallait plus que je le revois, car c’était facile d’être forte ici, mais en sa présence c’était presque impossible. Il me rendait folle, voilà tout. Je ne pouvais le tuer, et ne savait guère comment faire pour seulement l’oublier. Avais-je bien fait d’en parler à Julien ? Je ne savais plus, je m’écartais de lui, du moins autant que je le pouvais car je buttais rapidement sur le meuble derrière moi. Je venais de lui faire part de ma rencontre avec Yaâqov, qui avait mal tournée. Ce qu’il ne savait pas non plus, c’était que je l’avais croisé à la Reds, autrement dit dans ses locaux. Avant d’ajouter quoi que ce soit, je l’écoutais tandis qu’il me parlait de lui. Je n’avais même pas besoin de lui poser des questions, j’écoutais juste attentivement. Avant de froncer légèrement les sourcils.

« Je dirais qu’il est dangereux. Il n’a absolument pas la même vision que nous, il n’a d’allégeance qu’envers toi alors qu’il devrait l’avoir sur la famille royale, encore plus envers la Reine et le Roi. J’aurai pu le tuer, tu aurais peut-être dû le laisser mourir. » Je me stoppais, alors que j’avais sortis tous ses mots très rapidement. Il m’avait plus qu’énervée en vérité, et je savais en plus que j’étais bien faible pour le tuer, quand bien même j’avais mes gardes à côtés. Je ne pouvais rien faire seule et cela m’exaspérais au plus haut point. Je me retourne, verse encore de ce liquide et le laisse couler le long de ma gorge avant de reposer le verre brutalement. « J’espère bien, sinon c’est la mort qui l’attends. » Les mots étaient sortis tout seul, je ne sentais pas le verre se briser dans main, les morceaux s’enfoncer dans ma chair doucement, faisant couler mon propre sang sur le meuble. « J’espère que je n’aurais pas d’autre surprise de la sorte avec un autre de tes dits subordonnés. » Saute d’humeur, cela va de soi. J’étais un brin lunatique, mais c’était surtout parce que je ne contrôlais rien en ce moment et que ça commençait sérieusement à me peser. Si ce n’était pas Julien derrière moi, je l’aurais bien vidé de tout son sang.

J’étais à peu près certain que Jana me testait par cette discussion de ce soir mais ne m’en offusquai pas le moins du monde. Vu ses antécédents en matière de mariage je ne pouvais le lui reprocher, et voyais même là une bonne chose à vrai dire. Son union avec William avait été un véritable échec et je me demandais si cela était dû au fait qu’il lui avait été imposé par sa mère. Le fait que cette fois-ci notre union soit un projet commun pourrait rompre la malédiction dont elle se pensait la victime. Encore fallait-il que sa mère nous l’accorde, et ça ce n’était pas encore gagné.

Je ne tiens pas à te tromper sur mes intentions et la conception que j’ai de notre couple Jana. En tant qu’épouse, tu seras mon alliée, véritable et de ce fait je ne conçois pas mon rôle à tes côtés autrement. dis-je encore à ce sujet avant que la discussion ne revienne sur son lien avec l’humain de sa mère.

Elle réagit plutôt succinctement à ma précision quant aux hommes qu’elle voudrait utiliser pour satisfaire ses appétits à l’avenir. Si ces brèves paroles ne me permirent pas d’avancer dans la compréhension des sentiments qu’elle éprouvait au sujet de Badenov, les suivantes me rassurèrent en quelque sorte. Qu’elle ait envie d’en parler avec sa mère pourrait être une bonne chose pour elle mais comportait quelques risques. Sa mère pourrait voir là l’occasion d’éloigner sa fille de son Général trop sûr de lui à son goût. Rien ne pouvait l’empêcher d’unir Jana et son humain, hormis peut-être la perspective que cela pourrait dévoiler aux humains qu’elle protégeait celui qu’ils recherchaient sous le nom de La Mort et des conséquences que cela pourrait avoir sur l’image de notre espèce. Je me devais de faire part à Jana de cette inquiétude que suscitait cet entretien à venir entre sa mère et elle.

Je dois t’avouer que cette rencontre prochaine entre vous deux n’est pas sans risque à mes yeux pour notre projet d’union, quand bien même je sens qu’elle est une nécessité pour que tu puisses te défaire de l’emprise qu’il semble avoir sur toi. dis-je d’un ton neutre mais en affichant, l’espace d’un très bref instant, l’ombre d’une inquiétude sur mon visage.

Notre Reine, et tu sais combien je lui suis loyale, pourrait décider de t’unir à lui. D’un coup elle ferait gain multiple. L’emprise de Badenov serait assurée sur toi, cela nourrirait peut-être ces sentiments dont tu m’as parlé tout à l’heure, et elle parviendrait par la même occasion à t’éloigner de moi. Bien entendu un tel choix de sa part ne serait pas moins risqué pour l’image de notre espèce aux yeux des humains et l’amènerait peut-être à se méfier davantage encore de moi. Aussi je suis un peu perplexe quant à l’issue de votre discussion prochaine, mais comprends bien que je ne suis pas du tout contre cette entretien car je sais qu’il t’es nécessaire. lui dis-je en lui dévoilant mon ressenti et mon inquiétude, une première aussi bien à son encontre qu’envers qui que ce soit.

Alors laisse-moi t’aider à te libérer. lui dis-je simplement sans pour autant m’avancer vers elle, après qu’elle s’était reculée contre le meuble derrière elle. Non pas que l’envie m’en manque mais je voulais par-exprimer le fait que je ne souhaitais pas m’imposer à elle ni la pousser à quoi que ce soit. Elle restait maîtresse de ses décisions.

Elle s’emporta ensuite après que j’eu repris la parole pour parler de Yaâqov, peut-être à cause de lui mais aussi à ses maux imposés par Badenov dans sa vie. Elle me tourna le dos et se servi un verre qu’elle vida aussitôt avant de le briser entre ses doigts, son sang coulant peu à peu par ses plaies. Je décidai de lui laisser quelques secondes pour souffler puis m’approchai de nouveau derrière elle. Venant contre son dos je passai un bras autour de sa taille et posai ma main sur son ventre. Puis de l’autre je pris sa main meurtrie et en ôtais un à un les quelques débris qui étaient encore fichés dans l’une ou l’autre de ses plaies.

Ni de lui ni d’aucun autre. lui dis-je en déposant un baiser sur sa main, goûtant par la même occasion à son sang. Un délice qui me causa un frisson avant que je ne reprenne la parole. Et si je te montrais ce lieu, là maintenant ? Tu as besoin de te libérer Jana, laisse-moi t’en donner l’occasion.

Je l’avais convié à un rendez-vous pour pouvoir parler de la suite de notre rencontre avec ma Mère et Torben. Je ne m’étais pas attendue à être aussi lunatique et avoir les pieds embourbés dans quelque chose que je ne maîtrisais pas m’énervait vraiment. J’espérais rester posée devant lui, au lieu de ça je ne cessais de le questionner, de lui laisser échapper mes doutes. En même temps cela pourrait lui donner un bon aperçu de ce qu’il subirait après le mariage. Parfosi j’avais moi-même mes faiblesses, des moments où je ne me reconnaissais plus. Ou plutôt me laissant aller à mon penchant le plus sombre de mon côté vampire. C’était bon, seulement si je pouvais le laisser sortir comme bon me semblait. Ce que e ne pouvais pas, ce que je n’avais pas pu faire depuis des semaines maintenant. J’avais ce poids qui ne cessait de s’étendre sur mes épaules et je me surpris à me demander quel était celui de ma Mère, s’il était infiniment plus important. Je souris intérieurement, m’efforçant de le croire sur parole. Je savais combien les gens pouvaient changer, même après un mariage. Les humains le faisaient régulièrement, pourquoi cela ne toucherait pas les vampires ? Oui, un peu parano, mais il était assez intelligent pour savoir que j’émettais des doutes. L’entrevu avec la Reine ne cessait de tourner en boucle dans ma tête…

« Je t’assaille un peu, mais tu le sais très certainement, je te test et j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur. Comme tu dois le savoir et je te l’ai déjà avoué, j’ai l’impression de ne pas être faite pour le mariage…. N’as-tu pas peur des conséquences néfastes ? »

Le premier j’avais été atteinte, le deuxième avait achevé mon mari. Le prochain m’ouvrirait à quoi ? La mort ? Mes pensées étaient de plus en plus embrumées, de plus en plus loufoques au fur et à mesure que j’essayais d’entrevoir un passé avec Julien. Je n’étais pas si forte que cela, et ça m’insuppotait que Julien puisse me voir dans mon plus mauvais état. Je lui avais confié avoir besoin de ma Mère, plus que jamais en vérité. J’avais besoin de parler avec elle, qu’elle s’ouvre à moi sur ses doutes en tête à tête. Peut-être me révèlerait-elle des choses importantes, des choses que je n’avais pas vues. Je ne savais pas trop ce que j’attendais d’elle, peut-être n’aimerais-je pas ses paroles, mais serais-je au moins fixé et peut-être me ramènerait-elle sur la bonne voie. Elle était occupée, trop à mon sens mais je savais quelles responsabilités pesaient sur ses épaules. J’écoutais attentivement Julien me confier ses doutes. Pour la première fois, j’avais l’impression de ne pas être la seule à me poser des tonnes de questions. Son cerveau devait tout aussi fulminer que le mien. Il avait compris l’emprise qu’avait Torben sur moi, et devait comprendre combien ça m’était difficile de rester de marbre en sa présence, de contrer sans cesse tout ce tas d’émotions. Il était sur que je le fuyais comme la peste depuis l’autre nuit. Inutile de retomber dans le panneau, il fallait qu’il épouse Cora et qu’il fonde une famille, peut-être s’écarterait-il de moi et j’aurais le cœur tellement brisé que je ne pourrais faire autrement que de me refermer totalement. C’était le choix idéal, mais pour cela il fallait encore du chemin. Je ne savais ce que devenait la Pomme de Sang de ma Mère, mais peut-être que Mère avait des projets en son encontre, comme elle en avait toujours d’ailleurs. Je voulais évidemment lui demander directement si elle m’avait prévu à un autre, sans même penser à Torben, mais à un autre vampire, quel qu’il soit.

« M’unir à Torben ? » Comme si je venais de tilter, de revenir à moi soudainement. Je repris un peu plus posée. « Je suis obligée d’aller la voir Julien, j’ai besoin d’elle car je n’ai personne à qui d’autre confier ce que je ressens. Lui parler de notre union bien sur sera à double tranchant j’en suis bien consciente. Mais depuis notre entretien avec elle, tu sais combien notre mariage est incertain. Ne me met pas de doutes te concernant en souhaitant que cela se fasse rapidement. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais au vu des circonstances, je ne peux me tourner que vers elle. Même si je ne m’attends pas à ce qu’elle soit adorable avec moi, je sais parfaitement comment elle est. »

Je m’arrêtais, comprenant parfaitement tout ce qu’il m’avait dit mais c’était un besoin vital que de pouvoir parler à la Reine. Je ne pouvais faire autrement car j’avais l’impression de dérivé doucement vers je ne savais quel chemin. Je voulais qu’elle me remette sur la voie, que ce soit brutalement ou non d’ailleurs. Je pourrais me tourner vers Morgane, mais c’était de Krystel dont j’avais besoin. Je ne réagis pas à ses mots suivants. Il voulait que j’accepte son aide ? Savait-il seulement ce que je ressentais pour pouvoir m’aider ? J’en doutais, et mon emportement envers Yaâqov détruisit tout. Ne restait que la colère, la sensation d’impuissance et le goût du sang dans ma bouche que je voulais satisfaire en prenant la vie. Je ressentais tous ses tourments qui s’emparaient de moi petit à petit, je lui avais dit violemment qu’il ne fallait plus que ça arrive, qu’il ne fallait plus que je me rende compte de ma faiblesse et que son entourage soit plus qu’irréprochable. J’avais supposé avoir épargné la vie de son subordonné, sans savoir si j’aurais été capable physiquement de la lui enlever. Il était plus âgé, et s’il avait osé lever la main sur moi, il se défendrait très certainement. Je ne voulais plus de ça, le comprenait-il ? Alors que je m’engouffrais petit à petit, je le sentis s’approcher de moi, son torse touchant mon dos et sa main s’insinuant au niveau de ma taille pour se poser sur mon ventre. J’ouvris les yeux alors que je ne m’étais pas rendu compte que je les avais fermés et regardais ma main alors que je sentis presque aussitôt la douleur des fragments de verre dans ma paume de main. Mon sang parcourait ma main, avait déjà salit le meuble et je regardais Julien m’enlever les morceaux un par un pour ensuite porter ce délicieux breuvage à ses lèvres. Ma main parcourra son bras qui m’entourait avant de rejoindre sa main et posais ma tête sur son épaule, alors que j’avais entendu ses paroles. J’espérais bien, autant pour lui que ses chiens. Je ne voulais pas de cette union si ça pouvait être dangereux pour moi, il le savait. J’écoute ses autres mots et je me retourne rapidement, me collant à lui alors que je mes deux mains sur son torse empoignent le tissu le séparant de sa peau, le salissant de mon sang par la même occasion, involontairement. Mes yeux s’engouffrent dans les siens alors que je m’approche doucement de son visage. Mon regard trahissait l’envie de meurtre et de sang immense.

« Montre-moi. » Pas besoin de plus de mots, il avait compris et j’espérais bien que ce fameux lieu me satisferait.

Avant même que je ne fasse part de ce projet d’union à Jana il y a quelques temps en arrière, j’avais tenté d’imaginer différentes choses qui pouvaient en résulter. Néanmoins je n’avais pas imaginé en venir à me dévoiler autant face à elle, tout comme je ne l’avais pas imaginé en faire de même. Etait-ce plutôt bon signe ou au contraire un funeste symptôme ? Je me plaisais à penser qu’au contraire j’avais bien choisi mon alliée et future-épouse. Peut-être qu’il s’agissait là de l’illustration de mon sentiment lorsque je voyais en elle mon pendant féminin, celle qui saurait me compléter et pour qui je serais aussi une complémentarité.

Je comprends Jana ne t’inquiète pas. Il est normal que tu me testes et cela ne me dérange pas bien au contraire. J’y vois là une preuve de maturité et de prudence. dis-je dans un premier temps alors qu’elle m’interrogeai quant à d’éventuelles craintes.

Contrairement à ce que tu as pu me dire, je ne pense pas que tu sois victime d’une malédiction en ce qui concerne le mariage. Le but de tous nos échanges est bien de mettre les choses à plat entre nous, afin que nous voyions cette union de la même manière et que chacun de nous y trouve sa place et son intérêt. De cette manière aucun de nous ne pourra être lésé.

Il ne s’agit pas là que d’une union de convenance Jana, mais bien de sceller une alliance entre toi et moi. Une union désirée par nous deux et non imposée. C’est pour cela que je ne redoute aucune conséquence néfaste. lui dis-je pour essayer de la rassurer alors qu’elle reprenait la parole au sujet de son besoin de parler avec sa mère. Il fallait que j’apporte une nouvelle précision afin qu’il ne puisse y avoir d’erreur d’interprétation.

En te faisant part de mes craintes au sujet de ta rencontre prochaine avec ta mère je ne voulais pas dire que je voulais passer outre ou presser les choses, loin de là. Afin que tu puisses faire ce choix en toute liberté je souhaite t’en laisser le temps. Je n’ai rien contre le fait que tu veuilles parler avec la Reine Jana, je te l’assure. Entretiens-toi avec qui tu voudras, fais part de tes doutes à qui tu le souhaites. Ainsi seulement tu pourras prendre la bonne décision pour toi. lui dis-je d’un ton doux mais pas pour autant mielleux.

Lorsqu’ensuite elle se retourna face à moi et agrippa mon torse de ses mains, son regard plongeant dans les miens me communiquant tout son désir de sang et de violence. Nos visages s’approchèrent alors qu’elle parla brièvement.

Viens. lui dis-je simplement en déposant un baiser sur ses lèves avant de la prendre par la main et de la mener rapidement dans l’ombre d’une ruelle proche. J’allai la mener à ma cave, lui dévoiler ce lieu qui me permettait de satisfaire mes appétits aussi sanglant soient-ils. Si mon lieu secret lui plaisait il nous faudrait envisager d’en construire un similaire dans notre demeure conjugal afin que nous puissions en avoir un en commun.

C’est partit. lui dis-je simplement en me mettant à courir à travers la nuit, sa main toujours dans la mienne. Vu notre différence d’âge je pourrais la distancer sans mal mais ce n’était pas là mon but aussi tins-je sa main dans la mienne jusqu’à ce que nous soyons sortis de la ville, usant de notre vitesse vampirique afin de rester invisibles aux yeux de tous. Une fois dans la nuit de la campagne écossaise, foulant les terres séparant Glasgow d’Edimbourg, nous poursuivîmes notre course folle. Sans nous arrêter je décidai de lui glisser quelques mots dans un murmure qu’elle seule pourrait entendre ici-bas.

Sens le vent sur ton visage. Ferme les yeux et écoute. Tu n’es pas faite pour subir une quelconque emprise. Tu es un oiseau de liberté. Veux-tu de cette liberté Jana ? lui dis-je donc en lui offrant un sourire plein de promesses sincères. Quand bien même nous utilisions les technologies humaines pour tout un tas de choses, les voitures, les portables, l’informatique, je ne pouvais me passer du plaisir de courir à vitesse vampirique à travers la campagne écossaise. Je partageai là avec elle un de mes plaisirs, avant de lui dévoiler ma cave.

Il nous faut te trouver une proie parmi le bétail. As-tu une préférence ? Homme, femme, adulte, enfant ? lui dis-je alors que nous arrivions aux abords d’Edimbourg, enfin dans la campagne proche de sa banlieue pour être exact.

Pouvoir satisfaire mes appétits dans ma cave ne signifiait pas pour autant que je capturais qui bon me plaisait. Comme j’avais commencé à l’apprendre à Leslie il me fallait suivre une procédure et un protocole stricte par mesure de prudence. Lorsque Jana m’aurait indiqué son souhait pour ce soir, je la mènerai ensuite vers un lieu où nous pourrions lui trouver sa proie qui satisferait son appétit de sang et de violence cette nuit. Et ensuite je la mènerai chez moi…

Il comprenait parfaitement. Bien. Je ne le pensais pas autrement de toute façon. Il avait la capacité de s’adapter à toutes choses, à toutes situations. C’était mon point de vue, sinon pourquoi serait-il Général ? J’avais l’impression qu’il n’avait aucune faiblesse, mais c’était encore là un défaut cruel que j’avais. Je me sentais tellement faible de par mon jeune âge, c’était aussi pour cela que mon union avec Julien serait bénéfique. Je voulais pouvoir être sûre de la sécurité qu’il m’offrirait, ce pourquoi j’avais aussi peu aimé rencontrer Yaâqov, même si au début il m’avait intriguée de sa démarche fantôme dans ce couloir de la Reds. Julien m’en avait dit un peu plus, et j’avais émis des hypothèses qui s’en rapprochaient. Quoi qu’il en soit, j’espérais qu’il lui ait fait une bonne leçon, sinon la prochaine rencontre avec moi sera peut-être la dernière. Je ne lui souhaitais pas, surtout dans mon état actuel où j’avais un besoin cruel de chair fraiche, que ce soit vampire ou humain d’ailleurs. Fort heureusement pour lui, j’avais su me contrôler durant notre rencontre, désormais, j’avais l’impression que je pouvais exploser à tout moment. Pourquoi ne m’en rendais-je compte véritablement que maintenant ? Parce que Julien était à mes côtés ? Je n’en savais trop rien. J’appréciais les compliments qu’il me faisait, car je les entendais pour la première fois. Maturité ? J’aimais qu’il me voit de la sorte alors que je n’étais encore qu’une enfant pour certains. La prudence était toujours de mise et c’était ma Mère qui me l’avait apprise. Tout comme bien d’autre chose…

« Malédiction… c’est peut-être étrange de sortir ce mot mais c’est peut-être le seul qui convient. En tout cas nous verrons bien ce que résulteront de ce mariage avec moi. Peut-être n’y aura-t-il rien de néfastes, mais au moins tu es prévenu… » Je fis une pause alors qu’un fin sourire étira mes lèvres. « Mais j’aime cette franchise et cette confiance qui s’installe peu à peu, j’espère qu’elles resteront acquises au fil du temps. »

Oui car c’était avant tout ces deux choses qui nous permettraient de continuer sur la bonne voie. Quand est-ce que nous nous étions éloignés l’un de l’autre William et moi ? Je ne savais plus. En plus j’étais encore bien jeune, toute fraiche venue et j’aimais que l’on clarifie les choses ensemble lui et moi aujourd’hui. Au moins espérais-je avoir un mariage en paix, ce qui n’était pas encore le cas pour ma propre personne. Je n’étais absolument pas en paix, quelque chose de sourd grondait en moi et il avait fallu qu’il sorte alors que Julien était présent. Il n’avait pas l’air de s’en offusquer et il me comprenait parfaitement. J’avais du mal à croire qu’un homme puisse être à ce point compréhensif. Peut-être n’en avais-je croisé encore aucun. Tous ceux qui croisait mon lit n’était présent que pour satisfaire mes appétits sexuels, pas pour faire la causette. Très peu gagnait mon estime, Julien l’avait ? En tout cas ça en prenait le chemin. C’était pourquoi je ne cessais de le tester. Tout comme je l’avais fait il y a un instant en le mettant en garde concernant ses propos envers mon possible entretien avec la Reine. Non pas que j’avais mal compris ses mots, mais je les avais détourné pour qu’il puisse m’éclaircir, me rassurer en quelque sorte. Et il avait toujours trouvé réponse correcte jusque-là.

« Je fais ce choix en toute liberté, je sais pertinemment ce qu’il peut m’attendre, autant positif que négatif, mais je ne vais pas fuir ma Mère. Il faut que je puisse la voir, qui sait ? Peut-être aura-t-elle changé d’avis ? » J’en doutais fortement, mais c’était pour lancer quelque chose de positif avant que tous mes tourments ne reviennent me hanté pour, j’avais l’impression, toujours. C’était affreux de se sentir comme ça, terrassé par tout un tas de sentiments. Qui avait dit que les vampires étaient dépourvus de sentiments ? Ca me faisait bien rire… cela m’aurait arrangé dans cette situation. Je ne serais pas en train de froisser la chemise de Julien en cet instant, ni même de lui montrer ouvertement mon instabilité des plus certaines et l’envie féroce de tuer et d’étancher une soif infini.

Il déposa un baiser sur mes lèvres, avant de m’entrainer par la main et de me mener rapidement à une ruelle sombre, au abord de la Pomme du Diable. J’entendis ses mots et sourit alors qu’il m’entraina avec lui dans une course folle, une rapidité hors du commun. Il pouvait aller plus vite mais il me distancerait très certainement. Non il allait à mon rythme, ne lâchant pas ma main alors qu’il aurait pu. J’aurai pu le suivre tout simplement, là j’étais entrainé avec lui. Je ne savais strictement pas où il m’emmenait. Je savais que nous quittions la ville, arpentant les terres séparant les deux grandes villes. J’entendis ses mots. Le vent qui se plaquait sur mon visage et s’engouffrait dans mes cheveux me faisait du bien. Je respirais oui, je me sentais libre alors que j’avais fermé les yeux, mais je savais que ce n’était que bref, un court instant avant que mes yeux ne s’ouvrent de nouveau et que tout ressurgissent. J’avais besoin d’aide, j’avais accepté celle de Julien avec son petit secret qui avouons-le, attisait férocement ma curiosité. Je me demandais ce que cela pouvait être. Et alors que nous courrions à travers la campagne écossaise, il me posa une question. Je n’eue à réfléchir, c’était vite vu.

« Un homme. » lui murmurais-je également alors que mon ton cachait tout le plaisir que je pourrais avoir à attaquer ma proie. J’étais de plus en plus impatiente et sans m’en rendre compte j’avais serré un peu plus sa main.

La vitesse à laquelle elle me fit part de sa réponse quant à son choix pour ce soir me fit afficher un léger sourire. Ajouté à cela la pression de sa main qui raffermie sur la mienne, je pouvais affirmer que ses appétits commençaient à monter peu à peu. Parfait, la surprise n’en serait que meilleure, je l’espérais.

Elle désirait donc un homme aussi modifiai-je la destination de notre course, ayant opté pour le lieu qui correspondrait le mieux à son choix. Je ne savais pas encore ce qu’elle s’imaginait au sujet de ce que je me préparais à lui présenter mais je voulais que cela soit au mieux pour elle. Je l’amenais donc jusqu’à un club échangiste d’humains où les vampires se faisaient rares car étant très privé. Pour ma part j’avais usé de mes charmes et de l’hypnose pour pouvoir y entrer sans pour autant révéler mon identité. L’avantage de cet établissement c’était l’anonymat complet de ceux qui venaient s’y ébattre, arrivés en couple ou seul.

Lorsque nous arrivâmes devant l’établissement je pris Jana par la taille et la fis entrer avant moi dans le bâtiment. La pénombre était presque omniprésente, seulement percée de-ci de-là par quelques zones de lumière tamisée. Les humains présents ne pouvaient que deviner les silhouettes qui s’agitaient devant eux. N’apercevant pratiquement jamais les corps de leurs partenaires dans leur ensemble. Avant que quiconque ne put voir nos visages nous choisîmes chacun un loup parmi ceux proposés à l’entrée et nous en parâmes. La moitié de notre visage ainsi dissimulée nous pouvions évoluer parmi les clients sans se soucier d’être reconnus.

Quoi de mieux qu’un supermarché du sexe pour faire ses courses ? lui dis-je dans un murmure inaudible pour nul autre. Lorsque tu auras fait ton choix, nous serons à ses yeux un couple à la recherche d’un partenaire. Après quelques paroles et un brin d’hypnose, nous le convaincrons de se rendre chez nous pour plus d’intimité. Alors je t’emmènerai au lieu promis avec ton dîner. poursuivis-je comme si nous étions deux humains parlant de leur steak du repas prochain.

Bien entendu il s’agit de ta surprise, alors je te laisse le plaisir de charmer ce partenaire une fois que tu l’auras trouvé. lui dis-je encore tandis que nous progressions parmi les corps dénudés et actifs, sa main dans la mienne, posant un regard ici sur un binôme, là sur un groupe plus important.

Pour le moment elle ne pourrait pas encore lâcher la bride à ses pulsions, à ses envies de violence et de sang. La phase une de mon protocole était la séduction. Bien plus discret que d’enlever une personne dans la nuit, en tout cas pour la proie qu’elle voulait ce soir. Car je ne voulais pas qu’elle se contente d’un clodo, vermine parmi les vermines. Non, ce soir je voulais qu’elle ait le choix. Parmi la clientèle de l’établissement elle avait tout un étalage de morphologies et corpulences, d’origines ethniques. Il était suffisamment select pour que sa clientèle ne compte pas le vrp de campagne en mal de sensations. Elle aurait droit à un morceau de choix.

Je m’imaginais déjà le goût du sang emplir toute ma bouche, mes crocs perforer la chair si fragile et si délicieuse. J’espérais que Julien ne me fasse pas de farce, auquel cas ce serait lui mon dîner pour ce soir, même si je savais qu’il était plus âgé et pouvais m’arrêter quand il le voulait. Mais je ne pensais pas à ça, non, pour le moment, je me laissais aller à le suivre, a essayer de comprendre comment il allait faire pour m’aider tout simplement. Avec cette faim dévorante en moi. Je me demandais si c’était normal d’ailleurs, peut-être était-ce dû à mon jeune âge, je ne savais pas trop. Mais je perdais les pédales quand je n’avais pas ma dose, c’était certain et ça commençait à être très clair dans ma tête. En plus du fait que Torben avait fait qu’empirer les choses. Il fallait que je me renforce si jamais nous venions à nous rencontrer de nouveau, ce qui était fort probable d’ailleurs car ma Mère l’envoyait souvent sur le terrain. Finalement, Julien me permettrait peut-être de m’apaiser, et dans l’entretien que je voulais faire avec ma Mère, je n’hésiterais pas à lui dire combien j’étais tourmentée et que peut-être que Julien arrivait à me canaliser finalement. Me comprendrait-elle ? L’accepterait-elle ? Je n’en savais absolument rien, mais j’étais bien décidée à aller la voir.

Ma réponse ne se fit pas attendre sur la proie que je désirais. Je n’étais pas fan des femmes, pourtant je pourrais étendre mes fantasmes mais pour le moment je me satisfaisais des hommes. Les enfants étaient de bien trop faible proie, ils ne m’intéressaient guère. Ce pourquoi j’avais choisi un homme, au moins pourrais-je me permettre de mettre un autre visage pour me permettre de me calmer. Comme le jeu de fléchette, sauf que la tuerie remplaçait ce jeu. Je m’égarais. Nous nous retrouvâmes devant un établissement que je ne connaissais pas. Ou du moins j’émettais des hypothèses dans ma tête et je n’avais pas tout à fait tort. Je me laissais de nouveau guider par Julien, me faisant entrer avant lui et nous choisissions des masques, ce qui convenait parfaitement pour nous. Je n’avais pas envie qu’on me reconnaisse, ni lui d’ailleurs. C’était juste parfait.

« Mmmh… Julien comment fais-tu pour lire en moi si facilement ? » d’un ton des plus espiègle alors qu’un sourire carnassier se lisait sur mes lèvres. « Comment pourrais-je n’en prendre qu’un alors que je sens cette ambiance de sexe intense autour de nous… » Magnifique oui, ça donnait envie d’en prendre plusieurs en effet. Ca n’était pas pareil que la Pomme du Diable ou parfois il m’arrivait de prendre un humain pour qu’il satisfasse mes envies sexuelles. Là c’était mon envie de sang et j’avais de plus en plus le besoin de planter mes crocs et de boire abondamment. Je serrais de nouveau sa main un peu plus fort, alors que toutes ses parties dénudées m’excitait davantage. Je peinais pour ne pas sortir mes crocs, alors que mon regard arpentait la pièce. L’obscurité ne me dérangeait guère, je pris le pas sur Julien alors que je lâchais sa main, j’étais sûr qu’il resterait derrière moi. Mais je me glissais au travers des gens présents, essayant de trouver la proie idéale, celle qui me plairait le plus. Puis un homme attira mon attention, de par son regard posé sur moi alors qu’il avait juste envie de me dévorer. Je riais intérieurement car il ne serait pas déçu. Je ne me dirigeais pas vers lui, jetant un coup d’œil à Julien pour qu’il comprenne. Il était avec quelques personnes dans un coin, mais leur conversation ne l’intéressait plus, il ne me quittait plus du regard. Je le laissais languir, errant un peu plus alors que j’usais de mes charmes à distances. Il avait l’air d’être déjà totalement envoûté. Trop facile… Je me dirige vers lui alors que j’entraine avec moi Julien, lui prenant de nouveau la main. Cet homme qui allait bientôt être mon dîner était assez grand et imposant. Je devinais assez bien la forme de ses muscles en arpentant les zones découvertes. Mon dieu qu’il était appétissant. Une fois devant lui, j’enroulais mon bras autour de la taille de Julien, tandis que mon autre main glissait sur son torse. Avec un sourire ravageur et un regard tout en profondeur, je l’invitais.

« Que dirais-tu que je t’arraches à ton ennui et que tu puisses lui servir… » je regardais Julien avec un fin sourire avant de reposer les yeux sur ma proie. « … un agréable moment de pure folie ? » Impossible qu’il ne résiste, il était déjà à cent pour cent à moi et son sourire le trahissait déjà avant qu’il ne divulgue sa réponse positive. Je n’étais plus qu’à deux doigts de le prendre maintenant.

Lorsqu’elle passa le masque qui allait dissimuler une part de son visage, la rendant parfaitement anonyme aux yeux de quiconque en ce lieux tout comme moi, ses paroles firent naître un sourire sur mes lèvres, aussi espiègle et carnassier que celui qui ornait son visage. Si je parvenais à percevoir ce qui pourrait lui plaire, satisfaire certains de ses appétits, c’était parce que nous étions pareils elle et moi en un sens. C’était cela qui me faisait me reconnaître en elle, malgré notre différence d’âge. Elle avait une certaine maturité quand bien même elle pouvait en douter, mais aussi une vision des choses qui ne me laissait pas indifférent.

Nous sommes pareils toi et moi. dis-je dans un murmure qu’elle seule pourrait entendre avant que nous avancions entre les clients. Si ce n’était qu’une supposition auparavant, je commence à m’en rendre davantage compte au gré de nos rencontres, et de nos discussions franches.

Lorsqu’après notre marche nous fit avancer encore, je sentis sa main se resserrer sur la mienne me confirmant que sa faim grandissait en même temps que son excitation. Pour ma part je ne demeurais pas indifférent non plus à tout ceci, au fait qu’en plus d’éveiller mon corps tout cela attisait aussi ma soif de sang mais ce n’était pas là l’objectif de la soirée. Le but de ma surprise était de partager avec elle un autre de mes secrets et de répondre à ses appétits, pas aux miens, du moins pas dans un premier temps. C’est-à-dire que sa proie serait son dîner à elle. A voir si elle voudrait spontanément le partager, si non je ne m’en offusquerai pas le moins du monde car je n’avais envie de lui imposer un quelconque partage mais bien de lui permettre de satisfaire pleinement ses appétits.

J’affichais un nouveau sourire de prédateur amusé lorsqu’elle lâcha ma main pour s’avancer seule entre les corps dénudés et en action. Pour ma part je me contentai de la suivre plusieurs pas derrière elle mais sans pour autant la quitter des yeux. Lorsqu’elle se retourna un instant, nos regards qui se croisèrent nous permirent de communiquer sans prononcer un mot, aussi lui répondis-je d’un simple sourire. Elle avait trouvé sa proie. Je poursuivis ma marche jusqu’à la rejoindre alors qu’elle était restée à une certaine distance de sa cible, déjà ferrée. Elle me prit par la main et m’entraina doucement à sa suite avant d’enrouler un bras autour de ma taille et son autre main sur mon torse, alors que je me contentai de garder mon sourire charmeur sur mon visage. Elle s’adressa alors à sa proie et lui porta l’estocade finale, celle qui finirait de lui attacher sa cible. Parfait.

Habille-toi et attends-nous dehors sur le parking derrière l’établissement, le temps que nous allions chercher notre voiture. dis-je à l’attention de l’humain à la carrure imposante alors qu’il s’était levé. Pendant qu’il s’habillait et prenait la direction de la sortie, je pris Jana par la taille et déposai un baiser au coin de ses lèvres avant de lui adresser quelques mots à l’oreille quant à la suite des évènements.

Ton supplice a assez duré ma chère, il est temps de nous rendre là-bas avec ton repas. Viens. lui dis-je alors en la prenant par la main puis en l’attirant à ma suite.

Nous regagnâmes rapidement la sortie, en prenant soin de ne pas attirer l’attention des humains pour autant en « disparaissant » soudainement du champ de vision d’un éventuel spectateur. Nous atterrîmes alors dehors et rejoignîmes sans un bruit la proie de Jana qui n’était pas encore sur le parking et sous les caméras de surveillance.

Ne lâche pas ma main. dis-je dans un murmure inaudible à Jana avant de bondir en usant de toute ma vitesse vampirique, supérieure à celle que pourrait atteindre Jana du fait de son jeune âge. Attrapant l’humain au passage, ce dernier ne pesant rien sous mon bras, je l’hypnotisai sans ralentir ma course afin qu’il n’émette aucun son et ne se débatte pas, puis pris la direction de ma demeure, celle que j'occupais en tant que shérif d'Edimbourg et où se trouvait ma cave.