Edit : Johan trouve tout de suite la piste de Mary. Des traces de sangs se présentent devant lui, menant à une clairière non loin, clairière où se trouve le corps sans vie de Mary.

Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas vers où je vais encore aller. Ce qu'il va encore m'arriver. Ce que je sais, en revanche, c'est que plus aucun retour en arrière n'est possible, désormais. C'est sûrement mieux ainsi. Je n'ai plus à réfléchir, plus à y penser. Je vais enfanter, c'est tout. En attendant que l'on ait un rejeton du chaos à disposition, mieux vaut ne pas cogiter. Peut être pourrais-je utiliser mon tout récent contact avec un semi démon, au boulot ? De toute manière si je ne m'étais pas portée volontaire je l'aurai regretté. Je me connais, tout de même. Hayden a vu mon coup d'oeil vers mon compagnon ; c'est simple, rien ne lui échappe. Il le désigne d'office, et nous voilà tous deux futurs parents... Pour le bien de la meute. Je ne préfère pas penser au lot de sacrifices qui seront nécessaires, ni à la mère pitoyable que je vais certainement être. Je ne suis pas Isa, heureusement d'ailleurs. Tout cela, je ne le fais que pour Jonathan, au fond. Il n'y a jamais eu que lui qui ait compté. Le seul, pour toujours. Plus qu'un père, plus qu'un mentor. Je devais être sa Lupa. C'était moi. Je gagnerai ma place, quoi qu'il m'en coute, pour lui, pour moi. Pour que ma lâcheté lors de sa mort n'ait pas été vaine. Je veux rattraper mes erreurs, et chaque nouvelle carte à ajouter à mon paquet est bonne à prendre. Mon attention, fixée sur Hayden, se reporte soudain sur la forêt.

Un hurlement.

Sourd, déchirant, à vous glacer le sang. Je frémis presque. Dans la nuit d'hiver, quelqu'un bient de mourir. Sur notre propre territoire. Une louve. A la mine de l'Ulfric et au vu des circonstances... Mary. Je rêve peut être. Je ne prends pas le temps de réfléchir, finalement. Former des groupes de deux. Je rejoins Irving pour lui glisser quelques mots alors que nous nous enfonçons dans la forêt pour nous transformer.

"Je ne te forcerai pas, si tu ne veux pas, je trouverai quelqu'un d'autre."

Il me regarde, ne me réponds pas. Ses lèvres se posent un instant sur les miennes, puis il se détourne. Je lance mes vêtement dans un buisson, me transforme rapidement alors que l'adrénaline m'envahit. La douleur s'atténue lorsque ma course martèle le sol de la forêt. Je rejoins Irving, lui aussi transformé. Et nous nous élançons à travers l'obscurité des pins, dans ce qui me semble être la direction du cri.

Action ;; Je cours et cherche l'origine du cri

Aurai-je un bienfaiteur ?

Edit : Ash a pris une mauvaise direction. Elle s'enfonce dans la foret et perd la piste.

❝ Smells like divide spirit under the moon" ❞
31 décembre 2017

Il faut comprendre, je suis certaine qu’Ashleigh s’en sortirait bien mieux que moi avec un gamin dans le ventre. Cette pensée me fit sourire, quand je l’avais vu s’avancer, intimant à Irving de faire de même, la chose ne m’avait pas étonnée, qu’Isadora avance non plus. Je regarde autour de moi, et je vois des louves, avancer et je me retrouve encore sur mon rang en arrière. Ce n’est pas le risque qui me dérange, c’est la manière. Je hausse les épaules, je préfère être honnête et ne pas avancer, même s’il s’agissait du bien de la meute. Selon moi, on devrait d’abord consolider nos bases avant de se lancer dans le procréation d’enfants en complicité avec les enfants du démons, on avait bien assez de soucis comme ça. Une métamorphe prit la parole, parlant qu’il était noble de mourir pour une cause. Je soupire, encore une qui a encore trop regardé la télévision. Expérimenter le métissage, j’en frémis. C’était un peu ce qui me dérangeait, tout ceci avait des airs de laboratoires à expériences. J’étais pas de ces gens là, j’étais pas encore passé à autre chose, mon père avait fait des expériences aussi et regardez ce qui s’est passé, ce gros con, s’est cassé. Je sais parfaitement bien que la situation n’est pas la même; mais je préfère quand même laisser les autres le soin de d’enfanter. C’était pas pour moi. Quand on a fait son deuil, on ne se berce pas d’illusions alimentés par des rumeurs et de rituels sataniques.

Un hurlement, mon sang ne fait qu’un tour. Moi qui avait voulu me transformer tout au long de la condamnation de Charlie, je n’avais pas besoin de bien plus. Je regarde autour moi, Hayden demande à ce que tout le monde parte en quête de la cause du hurlement. Je m’isole, et retire mes vêtements que je pose derrière mon abri de fortune qui se définit donc par un arbuste enneigé. Ma transformation est encore longue et douloureuse, trop longue même. Pourtant, une fois commencée, elle ne s’arrête pas. Je sens chacun de mes membres de disloquer, puis se remettre en place, ma peau tombe en lambeau, et enfin je m’élance secouant la sang sur ma fourrure. Je me met à courir avec un autre loup, je serais normalement, certainement partie avec Charlie, mais ils l’avaient tous bannie. Je cours, en suivant ce que je pense être une piste, là d’où pouvait venir le cri, j’humais, reniflais cherchais, j’étais beaucoup mieux dans cet état animal, surtout avec le départ de Charlie. N’avions nous pas assez d’une seule mauvaise nouvelle pour la soirée ? Non, il fallait que ce hurlement vienne ponctuer la soirée, mettre un peu de piment. L’absence de la Lupa, et ce hurlement était lié n’est ce pas ? Je continuais à avancer dans l’obscurité, foulant le sol meuble de mes pattes, humant tous les parfums d’une forêt d’hiver, à la recherche de ce cri, de ce hurlement.

Action ;; Je cours en direction du hurlement.

Edit : Cian n'est pas très loin de son frère Johan. Ce dernier se trouve à une dizaine de pas devant elle, ouvrant la piste qui mène vers Mary. Des traces de sangs se présentent devant eux, menant à une clairière non loin, clairière où se trouve le corps sans vie de Mary.

Je frémissais, en entendant l’Ulfric parler d’enfants avec les métamorphes. Devrais-je le faire ? Y serais-je obligée ? Je n’en voulais pas. Pas du tout. J’étais trop… petite. Je m’efforçais de rester où j’étais, mais j’aurai préféré reculer, me fondre dans la masse. Je n’eus de toute façon le temps de rien dire, que des cris à me glacer le sang retentirent. Que se passait-il ? Tous réagirent, se dispersant pour se transformer. Alors que moi… Moi, j’étais interpellée par Mike, qui me disait de rester. Devais-je être soulagée ? Non, certainement pas. Pas alors qu’il disait qu’il pourrait avoir besoin d’un tigre, si… Si quoi ? Si quelqu’un venait nous attaquer ? Surement. C’était pas encourageant. Je grimaçais, et acquiesçais, blême. Les cris que l’on entendait ne laissait pas de place au doute, de toute façon. Quelqu’un avait sacrément mal, et sa voix portait. Beaucoup. J’en étais mal à l’aise, et effrayée. Mais je ne devais pas. Je fais partie de la Meute. Je ne suis pas faible. Je dois être forte.

Alors je les suis, je rentre. Je prends une grande inspiration, et je plonge dans le bain. « Est-ce que je sors ? Que je me transforme ? Au cas où ? Même si je peux le faire rapidement… Ou est-ce que je me transforme ici ? Qu’est-ce que je peux faire ? » J’avais parlé spontanément à voix basse, pour ne pas alerter les enfants, et Savannah, qui étaient déjà assez surpris de nous avoir vus rentrer. Et alertés, par les cris. Ils ne pouvaient pas ne pas les avoir entendus.

Mais ça n’était pas à moi, de décider de quoi dire. C’était pas moi, l’adulte. Et j’étais pas apte à m’occuper des enfants… J’en étais une aussi, après tout. Mais je pouvais me transformer, être redoutable, peut-être me battre et achever des gens. Peut-être être blessée. Mais je devais le faire. Ou je ne ferai pas réellement partie de leur Meute. Même si j’avais très peur. Même si j’étais persuadée que je ne servirai à rien, réellement. Les cris retentissaient, encore. Reviendraient-ils vite, que l’on apprenne ce qu’il s’était passé ?

❝ Smells like divide spirit under the moon" ❞
31 décembre 2017

J’étais sur la bonne piste, Johan était devant moi, bien rapidement des gouttes de sang tâchaient la neige. Je reniflais les tâches rouges qui souillaient le blanc pur. La soirée avait mal commencé et elle allait mal terminé. Je suivais les traces de Johan, qui était sur la même piste que moi. Mon allure se faisait beaucoup plus frénétique, et je m’élançais, parce que l’odeur n’avait rien de bon, il n’y avait rien qui disait que ce que nous allions trouvé allait être la meilleure des choses. C’était une vraie soirée de merde, une fin d’année bien pourrie. Il n’y avait rien pourrait sauver cette année. C’était une sale vie de chien, une mauvaise période pour être une louve. Une clairière, l’odeur de sang y est beaucoup plus forte, il n’y a rien qui pouvait me préparer à ce spectacle. Rien.

Mary ?

Il y avait du sang partout, des membres, des vicères, c’était un carnage. Mary, c’était Mary il n’y avait pas de doute. Il n’y avait aucun doute, c’était notre Lupa. On était trop occupée à bannir une louve, à punir la trahison.. J’eus un hurlement, déchirant suivant l’exemple de Johan qui s’arrêta, ma colère n’en finissait plus, je m’explosais les poumons, j’avais envie de hurler toute ma frustration, le départ de Charlie, la mort de la Lupa, la mort de Mary. La tête, où était la tête, il n’y avait plus qu’un buste, plus de dignité, tuée sous sa forme humaine. On sentait le vampire et l’humain, le vampire, encore et toujours, notre ennemi naturel, avait tué notre Lupa sur notre territoire, pourquoi n’avions nous rien entendu, je m’approchais du çadavre, furieuse. Je n’avais pas connu Mary, ou très mal, pourtant je ressentais comme une douleur, la perte, encore une fois. Moi qui ne pensait plus jamais pouvoir accepter de douleur dans mon coeur. J’étais partagée entre tristesse et colère. Ce n’était même plus de la colère à ce niveau là, c’était une forme de fureur, j’avais un tel besoin de vengeance. Je n’arrivais pas à me calmer, je n’arrivais plus à me calmer. Charlie, maintenant Mary, n’avions pas assez perdu ce soir ? Je m’agitais, attendant Hayden et le reste de la meute, je tournais autour du cadavre, cette odeur vampirique ne me plaisait pas, cette odeur d’humain… Avait-il été deux ? Plusieurs ? J’entendais le long gémissement de Johan, mes yeux se posèrent sur lui. J’étais en colère tellement en colère, tellement furieuse, hors de moi. Je ne tenais plus en place… Je ne tenais plus en place.

Ils ne payaient rien pour attendre.

L’idée du métissage surprend Roxane. Est-ce qu’elle a envie d’être mère ? Son regard glisse vers Alexis. L’adolescente compte sur elle. C’est beaucoup de responsabilités. Elle ne veut pas avoir la vie d’un enfant sur les épaules. Et puis quand bien même elle le voudrait, il faut être deux pour ce genre de choses. Ethan lui a fait faux-bond plusieurs fois, sans s’excuser. Elle n’a pas l’impression qu’il ait envie de s’engager. Et à part lui, et peut-être Malcolm qui lui fait de l’oeil parfois, ses prétendants sont chose rare.

Hayden répond aux divers volontaires, mais sa voix est coupée par un cri très lointain, et pourtant reconnaissable. Roxane l’aurait reconnue entre toutes, cette voix. C’est celle de Mary. Et ce qu’elle exprime est clair, malgré l’éloignement de sa source.

De la douleur.
De la souffrance.
Du désespoir.

La panique gagne Roxane, qui perd quelques instants son calme, et commence à marcher sans réfléchir dans la direction de ce cri. Elle aperçoit du coin de l’oeil Alexis qui entreprend de la suivre. Roxane s’arrête, indécise, tiraillée. Il faut qu’elle aille la rejoindre, qu’elle la trouve. Et vite. Nouveau hurlement. Le coeur de la métamorphe se serre dans sa poitrine. Qu’elle que soit la personne qui s’en est prise à Mary, Roxane ne veut pas qu’Alexis risque de tomber entre ses griffes. Avec soulagement elle surprend le regard de Mike. Il n’a même pas fini sa phrase que l’attention de la métamorphe est ailleurs, dans le lointain. Dans la direction du cri.

Ses oreilles cherchent le son de la voix de Mary. Elle inspire, cherche une odeur, quelque chose. Le son devient plus perçant autour, les odeurs lupines viennent agresser ton odorat développé. Tu n’as même pas conscience de t’être transformée. Tes oreilles dressées sont à l’affût, elles pivotent, mais rien de plus que le silence. Les cris ont cessés. Tu cours, pour t’éloigner de la Meute. Toutes ces odeurs t’embrouillent. Tu en cherches une, une que tu connais bien, et qui manquait à l’appel ce soir. Tu cours, tu tournes, tu fais demi-tour. Tes oreilles toujours bien dressées, vers le ciel, à l’affût du moindre indice.

Une odeur lupine puissante s’approche. Hayden a été rapide, et il court déjà vers la forêt. Tu le rejoins, espérant qu’il a trouvé une piste. Quelque chose. Tes pattes sont plus courtes, mais tu es agile et rapide. Le nez au sol, tu cherches quelque chose. Et tu le sens, ce quelque chose. L’odeur transforme ta panique en haine sourde. L’odeur que tu pistes au côté d’Hayden est celle d’un vampire. Ta course ralentit légèrement. Tu ne veux pas perdre cette piste. A plusieurs reprises tu ne sens plus rien, et reviens sur tes pas. A tes côtés Hayden remonte lui aussi la trace laissée par les suceurs. Car ils sont plusieurs. Les odeurs que tu sens se mêlent, se brouillent. Et celle de Mary commence à émerger.

Un hurlement. Celui d’un loup. Ce n’est pas Mary. Tu sais. Tu as compris. Mais tu espères te tromper. Tu espères que ce hurlement n’est pas un hurlement de désespoir. Tu hurles toi aussi. La piste que tu suis se rapproche de ce son déchirant la nuit. Le rythme de ta course s’accélère. Ton coeur va exploser sous la pression. Tout ton corps est tendu vers ce seul but. Trouver Mary. Avant qu’il ne soit trop tard. Si c’est encore possible. Tes pattes fendent la neige, et tu slalomes entre les arbres. Soudain le clair de lune perce entre les arbres.

Tu te stoppes brutalement.
Ta course est terminée.
Tu l’as trouvée.
Mais il est trop tard.

La transformation se termine. Je me débarrasse des derniers vestiges physiques de mon humanité en me secouant du museau à la queue. Je coure ensuite, sans attendre. Une odeur forte, que je connais bien, se trouve juste derrière moi, sous le vent. Roxane me suit. Les autres, je les entends japper, je les entends courir dans la nuit. Nous courons ; je ne prends pas le temps d'attendre que Roxane se mette à mon niveau. Je ne l'attends pas. Je suis un loup, et ce loup a perdu sa compagne. Peut être que Mary et moi ne formons pas le couple classique à la tête de la Meute. Nous n'avons pas accompli le rituel d'union sous la lune le soir de ma prise de pouvoir. Nous n'avons jamais couché ensemble par la suite. Nous nous en tenons depuis le début à une relation platonique, même si celle ci ne lui plaît pas. Dans ma tête et dans mon âme, elle est malgré tout une compagne, une partenaire. Nous avons fait la paix. Nous avons fait en sorte d'avancer. Mary est aussi la Lupa de cette Meute depuis environ dix ans. Je sais que l'espérance de vie des dominants n'est jamais fameuse chez les lycanthropes. J'espère que ma Lupa prendra en défaut ces statistiques macabres que j'ai pu constater nombre de fois chez mon père. Nous courons, encore et encore. J'inspire profondément. La brume du sous bois ne gêne pas mon champ de vision ; je m'engouffre, la fend de ma foulée rapide.


La piste que je suis devient plus forte ; elle me frappe comme un mur percuté à pleine vitesse. Je me stoppe en dérapant légèrement sur le sol glacé de la forêt. Un grondement s'échappe de ma gueule.


Vampires.


Je sais, je sens ce qu'il est arrivé. La haine et la colère me dépassent. Un hurlement dans la nuit. Je l'entends. Je reconnais ce frère. Je comprends son désespoir. Je coure comme un dératé, et très vite la vision terrible de la mort s'offre à moi en un macabre et funeste spectacle.


Mary est bien là. Je reconnais le loup de Johan. Je reconnais d'autres frères d'autres sœurs, qui arrivent à leur tour. Tous joignent leur voix puissante au hurlement de la Meute qui pleure sa mère. Je gronde. Je ne hurle pas, je gronde. Je m'approche, je me faufile d'une foulée puissante, dominatrice, entre les autres. Je gronde toujours. Je sens les restes massacrés de Mary. Je la renifle. J'arrive près de son visage, alors que le cœur des loups s'élève dans la nuit. Notre mère, notre maîtresse, notre compagne, est là. Déchiquetée.


Et ça pue toujours le vampire. Ils sont déjà loin, je le sais dans mes tripes. J'étouffe un jappement, bouleversé par le coup reçu. Les vampires nous ont atteint en plein cœur. Je suis le leader, je suis le dominant. Je suis seul. Mais je suis un loup. Je sais ce que j'ai à faire. C'est en moi depuis ma naissance. Mon père y a veillé. Je me retransforme. Là. Devant la Meute. Chose improbable. Honteuse, d'ordinaire. Mes os craquent, se réalignent, changent de forme et de taille. Mes crocs tombent, ma chair se déchire. Je lâche un grondement de douleur. C'est plus dur, de se forcer aussi vite à se retransformer. Les secondes passent, puis une minute, puis deux. Je me retrouve nu et haletant autant de rage que d'effort. Je me redresse, lentement. Je me tourne vers les miens. Pose sur eux un regard sombre, un regard dans lequel je ne cherche plus à masquer le poison qui coure dans mes veines. Je les jauge, j'inspire profondément.


Ils ont frappé la Meute en plein cœur. Ils veulent notre mort à tous, la désunion. Ils veulent nous isoler pour mieux nous détruire. Je ne les laisserais pas faire. Je ne peux pas aller contre ma nature de loup.


| Ils ont tué notre Lupa. Ils s'en sont pris à notre identité, à notre conscience collective, à notre âme à tous. Ils pensent qu'ils peuvent nous assassiner sous couvert des humains, ils pensent qu'ils peuvent nous décimer comme des bêtes... Ils ont raison sur un point. Nous sommes des bêtes. Il est temps de leur faire comprendre leur erreur. Nous ne sommes pas apprivoisés, nous ne sommes pas défaits. Nous ne sommes pas leurs objets ! Nous sommes des Loups Garous ! Ils nous ont pris notre mère, nous leur prendrons absolument tout ! Qui est avec moi? | terminais je en hurlant, tâte basculée en arrière, fixant la lune d'un regard sauvage.

Le loup me parlait, et essayait de me tranquilliser, mais je n’y entendais rien. Seul résonnait à mes oreilles le hurlement de Roxane. J’avais douté, d’abord, que ça soit elle, puis j’avais réellement reconnu le cri de ma mentor. Etait-ce un effet de mon imagination, que de le croire exprimant la douleur ? Peut-être. Mais peu importait. Je ne prenais pas le temps de m’éloigner ou même de me déshabiller, je me métamorphosais sur place, en tigresse, déchirant mes vêtements. Peu importait. Seule la détresse que j’avais cru entendre, ou que j’avais peut-être réellement entendue, comptait.

Je devais la retrouver, et la soutenir. Même si je ne savais pas ce qu’il se passait. Même si j’aurai du mal. Mais fort heureusement, d’autres cris surgirent, comme un écho. Et les bruits s’amplifièrent, progressivement, me donnant une piste, me guidant dans la forêt sombre et que je ne connaissais pas si bien – même si je m’y étais baladée à de nombreuses reprises, depuis deux semaines que j’y étais confinée la nuit.

Je ne perdais pas de temps, n’évitais rien, me griffais de nombreuses fois, mon corps se retrouvant parsemé de petites coupures que je ne sentais pour l’instant pas, mais qui seraient surement extrêmement douloureuse quand le coup de fouet que je ressentais se dissiperait. Je foulais le sol, de plus en plus rapidement, sans discrétion aucune, espérant me diriger au bon endroit.

L’odeur de mort m’assaillit, de sang, et une odeur déplaisante que je n’arrivais pas à associer à quoi que ce soit. Je me figeais, perturbée par elle. Avant de voir la renarde que je connaissais si bien, de la bousculer un peu, de me blottir contre elle, en essayant de ne pas l’écraser. De lécher son visage, même si ça pouvait sembler bizarre. Je suis là, et même énervée parce qu’elle veut m’interdire de voir Charlie, je sens qu’elle a besoin de moi.

Notre course martèle le sol de la foret. Irving à mes côtés, je tente de suivre l'odeur. Nous continuons ainsi pendant plusieurs minutes, et rien ne se passe. Nous nous sommes égarés, nous avons perdu la piste. Nous le savons tous deux, et nous cherchons sans cesse à la retrouver. Pourtant je sens qu'au fond de moi, cela n'a presque plus d'importance. J'ai lancé ma louve, et elle a soif de liberté. Je pourrais courir ainsi pendant des heures, sans plus me soucier du cadavre qui git quelques part, et du cri persant qui a fait trembler nos entrailles à tous. Si j'avais été seule, je l'aurai sûrement fait. Continué en solitaire, peut être bien toute la nuit. Peut être me serais-je délectée au passage de quelques petits animaux, et retrouvé par hasard la trace de la victime. Et j'aurai fait très mauvaise figure à la meute, cela n'en parlons pas.

Un nouveau hurlement déchire la nuit. Tout aussi strident, tout autant emplit de désespoir.

Nous bifurquons brusquement à gauche, d'un même mouvement, sans nous regarder, sans nous concerter. J'accélère la course, lui aussi. Tous deux savons que c'est là que nous devons aller. Nous répondons à l'appel sourd du malheur de l'un des nôtres. Bien que je n'ai plus que peu de considération pour la plupart des miens, ma louve, elle, répond par l'instinct. L'odeur envahit mes narines, alors que je ne suis plus qu'à quelques mètres de la scène. J'aperçois le loup d'Hayden, et un autre que j'identifie comme celui de Johan. D'autres encore, qui arrivent en masse. Mes pupilles acérées détaillent la vision macabre. Le corps de Mary, son corps humain. Démembré, couvert de sang, on a du mal à la reconnaitre. Surtout... surtout que sa tête manque à l'appel. Toute poisseuse de sang, elle git, dépouillée de tout, sur le sol froid et nu. Et ça pue le vampire et l'humain à plein nez. Deux vagues totalement contraires se fracassent en moi. Mary est morte. Ma proie est morte. La vue de son cadavre m'emplit d'une joie sauvage, satisfaction presque malsaine, que je cache bien. La joie de l'humaine ambitieuse, égoïste. Je sais que je dois jouer la comédie, et cette puissante effluve de nocturne m'y aide particulièrement bien. Ma louve ne voit que cela. J'oublie qu'il s'agit là du cadavre de ma proie, pour ne penser qu'au meurtrier. Cela me fait mal, de penser que je dois cette mort à mes pires ennemis. L'identité de la victime ne change rien au fait qu'ils nous ont attaqués, directement. Sur notre propre territoire, notre propre domaine, ils ont osé frapper. Je laisse échapper un grondement, tandis qu'Hayden reprend forme humaine. Sous nos yeux à tous. Et il y arrive plutôt bien. J'écoute son discours, qui galvanise ma part animale. Depuis le temps que je rêve de sang, de guerre, et de mort. Cette fois ce n'est pas un petit grondement de fond qui s'échappe, mais un hurlement, que je joins à celui d'Hayden, les yeux fixés vers la lune. Venger la mort de Mary ne m'intéresse pas. Mais la place de Lupa libre, et la promesse de la guerre sont les plus belles choses qui puissent arriver le nouvel an.

Ton coeur s’arrête en même temps que tes pas. Dans la neige repose le corps de Mary. Le corps, inerte, de Mary. Ta Lupa, ta soeur, ta mère. Tu refuses la vérité, et pourtant elle est là, face à toi. Gouttes rouges sur le blanc de la neige. Morceaux de chair blanchis par le froid et la mort. Et cette odeur. Celle que tu haïssais déjà. Mais tu n’arrives pas à haïr. Tu le devrais, pourtant. Et tu les haïras. Pour ce qu’ils ont fait, ce qu’il lui ont fait. Tu restes immobile, les yeux fixés sur le corps en lambeaux. Tu n’arrives pas à penser, à détacher tes yeux de ce corps, de son corps.

Ca ne peut pas être vrai. Ca ne peut pas. Mary ne peut pas être morte. En toi se réveille l’orpheline que tu es devenue le jour de ta première transformation. L’enfant, impuissante, perdue, seule, abandonnée. Mais si tu as fui face aux flammes lorsque tes parents sont morts, là tu restes, les pattes plantées dans la neige. Le froid ne t’atteint pas encore. Ta course a réchauffé ton corps et les flocons qui se posent sur ton pelage fondent et glissent le long des poils en fines gouttelettes. Ton coeur, lui, est froid. Gelé. Tu ne veux pas ressentir cette douleur qui commence à pointer, à mesure que tu comprends, que tu acceptes.

Une forme passe entre tes yeux et le corps de Mary. La silhouette d’un loup vient passer dans ton champ de vision. Hayden. Tes yeux suivent ses mouvements. Ton regard n’est plus fixé sur cette image, encore incrustée dans ton esprit. Tu ne vois qu’à travers elle. Le reste t’apparaît comme lointain, flou, secondaire. Les larmes coulent, une à une, de tes yeux. Ta douleur est humaine, trop humaine pour ton petit corps sauvage. Tu sens la transformation picoter ta peau, mais tu la contiens, tu la renfermes. La douleur que tu ressens n’est rien par rapport à la douleur que tu ressentiras dans une peau humaine.

Tu ne comprends pas les paroles, tu n’arrives pas à y prêter assez d’attention, mais tu sens la haine dans la voix de l’Ulfric. Tu la ressens, et elle commence doucement à faire son chemin, à venir remplacer cette douleur qui a gelé ton coeur. Elle est bien plus confortable, la haine. Bien plus gérable que cette douleur qui te brise. Bien plus familière et rassurante. Elle t’envahit, te réconforte. Chasse cette douleur trop forte pour toi. Tu es seule. Tu ne peux pas gérer ça. Haïr est plus facile.

Les hurlements des loups répondent à Hayden, exacerbant ton désir de vengeance. La guerre est ouverte. Tu te joins à eux, mais ton cri n’est pas aussi puissant que tu le voudrais. La douleur est toujours là, sourde, omniprésente. Elle brouille ta volonté, elle t’écrase. Tu jappes timidement, essayant de montrer que toi aussi tu veux leur peau, mais tout ce qui ressort de ton cri, c’est la douleur que tu tentes d’ignorer.

Soudain un choc te sort de ton immobilité. Alexis. Ta haine timidement affichée fond. Le contact du tigre contre toi te pousses à libérer cette douleur. Tu n’es plus seule. A deux vous pourrez la gérer, l’accepter. La vague de souffrance et de solitude prend de la hauteur, et vient t’envahir complètement. Si les autres bougent, réagissent, repartent, toi tu restes là, dans la neige, seule avec ta douleur, et avec Alexis. Tu la laisses t’entourer, te lécher. Des larmes coulent, et font fondre la neige en tombant au sol. Tu te roules en boule, et laisse la peine s’exprimer.