La situation était inédite. Il y avait forcément quelque chose qui n'allait pas se passer comme prévu. On ne manœuvre pas une meute de loups garous comme on dirige un bataillon de soldats. Les lycanthropes sont tapageurs et bagarreurs, soumis à de violentes pulsions qui les font parfois plonger dans de grandes colères. Franchement, je ne trouve pas grand chose à reprocher à cette nature sinon qu'elle est imprévisible. Pour le moment, j'estime avoir derrière moi une forte proportion de la Meute. En même temps, je ne saurais plus tolérer l'indécision ou la fronde parmi les miens. Il est temps d'être unis, plus que jamais. Si je ne suis pas celui qui permet d'obtenir ce genre d'union sacrée, comme les humains pendant la guerre, alors je remettrais ma place en jeu. C'est aussi simple que ça. Un leader qui n'est pas suivi peut exister dans les systèmes religieux ou politiques de l'Humanité, mais pas chez les lycanthropes. Alors, je m'effacerais. C'était un autre de ces instants de vérité que l'on estimait primordiaux dans une existence.


Mais déjà, on s'oppose à la motion.


Cian votait contre. Elle avait pourtant elle même balancé les activités de Charlie. Elle voulait quoi alors, que je prenne son amie par la main, pour lui expliquer que, mon dieu, c'était mal ce qu'elle avait fait ? Il était trop tard pour ça. Je ne serais pas le dindon de la farce. Puis, c'est le tour de la petite Alexis de prendre la parole. Je clarifie les choses tout de suite.


| Ce n'est pas l'acte en lui même que je condamne. La mort fait partie des outils de notre survie à tous. Mais la mort sans commandement nous met tous dans la perspective de ce même danger. |


Ashleigh coupe, plus sage et plus implacable que jamais. Pareil pour Isa, qui se fait plus mordante encore. Je sais qu'elle s'est impliquée auprès de la jeune louve, et ma femme y met tout son cœur dans tout ce qui commence à la toucher de près. Sarah opine. Johan, comme toujours, discute. Il cherche une solution, qui n'est pas idiote. Charlie reprend la parole, à genoux. Pendant qu'elle parle, mon téléphone vibre. Je m'excuse d'un souffle, lance un regard à mes Bolverk. Je m'éloigne d'un pas vif. Personne ne répond au bout du fil, juste un crissement... Et le numéro de Mary. Mais pas de voix, rien. Ca raccroche. Je retourne vers la Meute.


| Je n'abandonnerais pas une simple louve à son sort, nous savons tous que les cabots sont un danger pour la société, celle des humains comme la nôtre. J'ai réfléchi, et je pense que la meilleure solution consiste à la bannir, à la laisser se dépatouiller elle seule avec ses problèmes, puisqu'elle les a préféré à la Meute. Mais si elle s'en montre digne, je ne suis pas contre un retour. Je crois que la rédemption. Certains parmi nous ont eux aussi commis des erreurs. Mais je te préviens, Charlie. Tu devras payer de ton sang et de ton courage la place que tu regagnerais auprès de nous. Et cela peut aussi ne jamais arriver. Bats toi pour ce que tu es vraiment, et nous reconsidérerons peut être la question de ton bannissement. Qui est pour cette motion ? Arrêtons de tergiverser, et votons. |


Mon téléphone revibre dans ma poche. Mais cela s'arrête aussitôt. Cette soirée n'en finira donc jamais?

❝ Smells like divide spirit under the moon" ❞
31 décembre 2017

Je n’avais jamais la prétention de changer l’avis d’Hayden. Et je savais bien que mon avis avait du paraître étrange. Bien que ma logique me semblait bonne. Je n’avais pas dénoncer Charlie pour qu’elle quitte la meute. Je n’avais pas dénoncer Charlie pour qu’elle soit abandonné comme un de ces chiens que l’on rencontre dans les refuges pour que le premier gosse vienne adopter. Non, je voulais qu’elle comprenne, qu’elle comprenne la leçon. Mais tout ceci semblait … partir en vrille. Il ne s’agissait plus d’exil, mais de bannissement. Comment réagir à tout cela. Voir Isadora s’en prendre physiquement à Charlie me fit presque bondir. Je ne comprenais pas le rôle de l’ancienne exécutrice. Mais ou était Mary ? Ou était la Lupa, pour l’amour de Dieu ?

J’avais peut être été touchée par le discours de Charlie. Regrettait-elle réellement ? Je ne pouvais pas en être sure, mais ce que je savais c’est que le message était passé, la rédemption pouvait commencer, mais loin des siens, comment être sure qu’elle ne replongerait pas dans ses vieilles habitudes ? En quoi était-ce une réelle solution ? Personne en semblait me rejoindre sur mon avis, j’eus un rire désabusé. Je ne voterais pas pour le bannissement de Charlie. Qu’elle vive la Pleine Lune sous la torture, mais la laisser errer au gré de ses envies sans structures, ce n’était pas concevable. Peut être avais-je tort de me laisser à mon sentimentalisme, et à mon attachement envers la Louve, mais je ne pouvais pas faire autrement. Etais-je la seule à ne pas vouloir laisser une louve s’en aller, aussi traîtresse était-elle ? Je soupirais, je ne savais plus où me positionner. Quand je vous dis que je ne supporte pas les réunions de famille, de meute, parce qu’il faut faire des choix, parler, donner son avis, qu’on vous écoute ou non. Je suivrais la décision de la meute. Peu importe le châtiment, mais ne comptez pas sur moi, pour la regarder partir. Je refuse cette idée. Il fallait arrêter de tergiverser, et voter. Le bannissement ? Contre. Contre, et encore contre. Peu importe si j’étais la seule voix à m’élever contre cette « motion ». Contre, et encore contre.

Contre le bannissement, et Pour, tout autre punition. 

J’étais en colère, d’avoir penser que les choses s’arrangeraient. J’étais énervée d’avoir pensé qu’Hayden trouverait une solution autant juste pour la meute et pour Charlie. Je comprenais qu’il doive penser à la meute avant tout, mais pourquoi me sentais-je frustrée ? Je serrais les dents, serrais les points. Il fallait que je me ferme à l’assaut de sentiments. Il fallait être juste, il fallait être ferme. Il fallait accepter. Il fallait s’endurcir. J’avais pensé à la meute, j’avais pensé à Charlie. La meute l’emportait toujours, mais bannir Charlie, jamais. C’était trop me demander. Je pouvais encore me permettre de ressentir, je n’étais ni Ulfric, ni Lupa. En parlant de Lupa, ou était Mary ? Peu avait beau la porter dans son coeur. Peut être pouvait-elle faire pencher la balance. Peut être…

Roxane connaît Mike et ses difficultés à pardonner. Elle en fait encore aujourd’hui les frais. A mi-chemin entre l’Ulfric et la louve qui lui fait face, elle entend les mots qui s’échappent de la bouche de l’exécuteur. Et elle a pitié de Charlie. La meute pardonnera sans doute un jour ses affronts, mais le pardon sera bien plus difficile concernant celui qui a fait d’elle une louve. Par ses mots elle a rejeté sa famille lupine, et Mike a fait de même envers elle. La Jolfr reste silencieuse, attentive à Charlie et à ses moindres gestes, mais aussi à l’Ulfric. De manière générale, mais encore plus à cet instant, elle n’agit que pour exécuter ses ordres.

Charlie se justifie plus ou moins de ses actes, mais ne s’excuse pas. La changeuse sent l’ambiance se tendre. Elle diminue l’attention qu’elle portait à la fautive pour la reporter sur la meute, qui s’agite et s’énerve. La meute est instable, c’est dans sa nature, et pourtant c’est cette fougue qui fait sa force et son unité. Mais la tension peut déborder à tout moment. Hayden le sent lui aussi. Il renvoie Charlie à sa place, durement. Il s’adresse ensuite à sa Meute. Si certains semblent l’approuver, d’autres pensent différemment, et plusieurs changeurs prennent la parole. C’est le cas d’Alexis. Les supplications silencieuses de Roxane n’auront pas suffi, il fallait qu’elle l’ouvre. La rouquine n’arrive pourtant pas à lui en vouloir. Elle se sent probablement responsable en partie de ce qui arrive à Charlie. Elle a au moins la présence d’esprit de ne pas s’opposer directement à la sentence prononcée par l’Ulfric.

Une voix plus proche s’élève, celle d’Ashleigh, qui soutient officiellement la sentence choisie par Hayden. Un mouvement dans la foule. Isadora. La nouvellement nommée Jolfr ne sait pas comment réagir. Elle tourne la tête vers Hayden, qui n’a pas l’air de désapprouver. Elle fait donc de même. Isadora est officiellement une simple louve. Ce qu’elle fait dépasse les bornes de ce rang. Mais personne n’ignore son ancien statut d’exécutrice, ni son mariage avec l’Ulfric. Elle peut se permettre ce genre de choses, et c’est peut-être ce dont a besoin Charlie pour réagir. Et elle réagit, présentant enfin des excuses pour ses actes, qu’Hayden n’écoute qu’à moitié, s’éloignant légèrement pour prendre un appel. Roxane garde un oeil sur lui, curieuse. Il ne prononce pas un mot et raccroche pour revenir. Il répond à la question pertinente de Johan. Il est temps pour la Meute d’exprimer son choix. Certains sont encore contre. Roxane note mentalement les noms de ceux qui s’expriment ainsi. La Meute est instable, les dissidences lui sont vitales, mais elles peuvent aussi s’avérer dangereuses si elles persistent et s’amplifient. Il n’est pas interdit de s’opposer à certaines décisions, mais si certains se prennent à comploter, il est de son devoir d’en avoir connaissance. La Jolfr se tourne alors vers Charlie, essayant de garder une voix neutre.

« L’éloignement est un mal nécessaire. Si la Meute te pardonnait sur de simples paroles, tu ne te sentirais plus vraiment chez toi, tu te sentirais indigne. Ce que l’on t’offre, c’est la possibilité de racheter tes fautes pour de bon, de retrouver un jour la place que tu as eue dans cette famille. De la retrouver, et de la mériter. Tu en es capable, je le sais. »

Roxane se tourne vers Hayden. De par sa proximité avec lui, elle entend le portable vibrer quelques secondes dans la poche de l’Ulfric.

« Je suis comme vous l’aurez compris, en faveur de cette décision.»

Elle a utilisé le mot décision, et non proposition. La décision revient à l’Ulfric.

HRP:

J’écoutais, et j’avais peur pour Charlie. Peur que tous ne la rejettent, ne l’aiment pas, plus. S’ils l’avaient aimée un jour… Je ne savais pas vraiment ses relations avec les autres loups. On ne parlait pas beaucoup de ça. Et on se parlait pas depuis quelques temps. Mais ça voulait pas dire que je voulais qu’il lui arrive malheur. Qu’on l’isole de nous, comme ils l’annonçaient. Je fus instantanément sortie de mes pensées, en voyant la maman de Savannah frapper Charlie. Je savais, que les loups étaient violents. Cha me l’avait dit, après tout. Mais je fus prise par surprise, sans vraiment comprendre. Même si ce que disait l’ancienne exécutrice était vrai. J’étais blessée par mon amie comme je l’avais rarement été. Mais ça n’en faisait pas moins mal pour elle, qu’elle soit agressée physiquement comme ça. Mais peut-être que, si ça lui faisait mal physiquement, ça lui ferait du bien, au fond. Je savais pas. C’était l’une des nombreuses choses des loups qui me dépassaient. Ils me dépasseraient encore longtemps, et leurs coutumes avec, de toute façon…

Je soupirais, ne sortant pas à nouveau du rang. Observant, et uniquement ça. Pour mieux décider. Si tant est que je le pouvais… J’avais peur de ce qu’impliquait l’exil. Même si j’allais pas beaucoup en cours, que j’étais pas très intelligente ni très cultivée, j’avais entendu parler de plein de choses comme ça. Surtout dans Roméo et Juliette. Roméo était exilé, et je crois qu’il allait être tué, s’il revenait sur les lieux d’où il était exilé. Et si c’était pareil pour Charlie ? Et si elle pouvait pas revenir, jamais, je pourrais aller le voir ? Je me rapprochais doucement de Roxane, en retrait par rapport aux loups importants près d’elles, je devais lui demander. Je pouvais pas ne pas demander.

« Roxie, dis… Je pourrais encore lui parler ? La voir ? Hors de, hors d’ici ? Même si… Même si je supporte pas, même si je suis en colère, même si je lui en veux, même si elle aurait jamais du rien faire à Alois, je… Je peux pas ne jamais lui parler. »

Je résistais à l’envie de saisir sa main, et reprenais mon mutisme, pour ne déranger personne, maintenant que j’avais demandé. Si elle disait non… je sais pas. Mais je pouvais pas m’opposer à son exil. Je savais pas quoi proposer d’autre, en plus. Je grimaçais en entendant Hayden dire qu’il ne condamnait pas le meurtre, mais l’inconscience derrière. Je ne pourrais jamais accepter ça, je crois. Mais je devais ne rien dire, cacher ma crispation, prétendre accepter. Ou ne pas m’opposer à ça, mais sans tuer personnellement. Je soupirais en revanche de soulagement, en l’entendant. Elle pourrait revenir ? Je ne me détendais pas, mais j’avais de l’espoir pour elle. Et j’étais prête à pardonner, si elle faisait l’effort. Je la fixais, espérant qu’elle tournerait le regard vers moi. Que Charlie verrait, tout ce que je ressentais. Qu’elle comprendrait qu’elle m’avait fait mal, mais que je croyais en elle.

« Si elle a vraiment le droit de se racheter, je suis pour. »

J’avais hésité, avant de dire que j’étais d’accord si on avait le droit de la voir, tant qu’elle ne venait pas sur le territoire des loups. Mais je pouvais pas. Parce que si l’Ulfric disait non… alors je serai coupable, si je le faisais quand même. Non, j’irai la voir, c’est tout. Je reculais dans la foule, après la réponse de Roxie. Je devais envoyer un SMS à Charlie. Quand je pourrai. Après. Pas devant tout le monde. Je voulais pas gaffer.

Charlie se débattait comme elle pouvait. Pauvre petit animal... Elle nous faisait à tous un grand doigt d'honneur en nous parlant de la famille McAllister, avant d'essayer de se racheter, non mais je vous jure... Bon, personne n'a dit que je ferais mieux dans sa position, mais ce n'est pas prêt d'arriver. Je l'espère de tout mon coeur, et je ne vois strictement pas pourquoi il en serait autrement. Ma petite intervention finie, je me retire, et observe tout ce qui se passe sous mes yeux. De toute manière on ne va pas s'éterniser trois heures sur elle, Hayden a prit sa décision et ne reviendra pas dessus. Vote ou non, je le sais, c'est évident. Pas besoin de le connaitre comme moi pour s'en rendre compte. Bref. Je note les réactions de chacun. Peu s'opposent, mais il y a tout de même des protestations. Cian. Je sais qu'elles sont proches, mais je ne pensais pas qu'elle prendrait ainsi sa défense devant tout le monde. Pas qu'elle me déçoive, mais j'en tiendrai compte à l'avenir. Le reste de la meute, dans l'ensemble, soutient la décision. Certains annoncent juste leur position, d'autres argumentent. Un bruit léger me parasite du côté d'Hayden : son téléphone vibre dans sa poche. Je note églament. L'abcense de Mary n'a pas l'air de plus le déstabiliser que cela, mais je sais qu'il peut très bien cacher ses pensées. Il sera bien obligé d'évoquer le sujet, si quelqu'un n'évoque pas la Lupa avant, posant la question. Je reviens à la scène se déroulant sous mes yeux, alors que Mike en remet une couche. J'enchaine, à la suite d'Alexis. Je n'ai pas grand chose à dire, je ne tiens nullement à répéter ce qui a déjà était annoncé.

"Je suis également pour cette sanction. Si tu tiens véritablement à la meute, montres toi en digne."

Juger une traitresse, ça me donne bonne conscience.

Et voilà. Nous allons y arriver. Charlie sera châtiée pour la trahison commise, et le message restera fort pour le prochain qui s'y risquerait. Je ne serais pas aussi patient. Maintenant, tout le monde était prévenu que je ne rigolais pas. J'étais un Ulfric. Peut être pas le plus dur et inflexible qui soit, peut être pas non plus celui que la Meute méritait, mais j'étais Ulfric. Ma parole a force de loi, plus encore en l'absence de la Lupa comme ce soir. Je modifie ma motion et la propose au consentement de la Meute. Mon loup n'est pas satisfait. Il est en colère, et j'ai soif de sang. Plus que de sang, j'ai envie de violence. Si je ne veux pas perdre le contrôle, il faudra que je coure longtemps dehors pour me calmer, dans les monts brumeux et forêts de pins du domaine. Ou que je couche avec Isa, elle seule capable de me canaliser. Peut être les deux. Cian vote contre. Roxane pour ; comme tout le monde. Certains détaillent, d'autres soutiennent froidement la motion. Je sens que certains auraient voulu aller plus loin, mais il semblerait que nous soyons tous guidés par l'intérêt supérieur de la Meute. J'espère qu'il en est réellement ainsi. Parce que la décision est prise, elle est irrévocable. Mon visage se ferme, se durcit. Je me raidis, avant de lâcher la sentence.


| Charlie Mc Allister, cette Meute a décidé de te bannir. Puisses tu montrer plus de courage à tenter de retrouver son sein qu'à l'avoir défendue en premier lieu. Qu'un de mes seconds te raccompagne aux limites de ce domaine qui n'est plus le tiens à partir de ce jour. Tes anciens frères et sœurs seront amenés à te revoir pour juger de tes efforts. |


Ton autoritaire, définitif. On la raccompagne ; je me retourne, fais le tri de mes pensées. J'entends les pas qui s'éloignent. Je ne sais qui décide de se charger de la bannir physiquement. Ils s'éloignent. Je me retourne. J'inspire profondément. J'élevais la voix à nouveau, m'efforçant de ne pas croiser le regard de ma femme. Il me coûtait beaucoup d'aborder ce sujet, en sachant que ses bienfaits n'étaient pas pour moi.


| J'ai aussi une autre annonce à faire, tout aussi grave pour l'avenir des nôtres. Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai envoyé notre historienne à l'étranger. Je lai chargée d'enquêter sur la reproduction naturelle pour les loups garous. Et cette semaine, pour la première fois, Mirah Bridgestone m'a envoyé des résultats. La reproduction naturelle est impossible. Pourtant, des facteurs... Extérieurs, peuvent altérer l'ordre des choses. Mirah a pu me confirmer ce que je soupçonnais, au regard de ce qu'il est arrivé à Isadora et Johan. |


J'avale difficilement ma salive. Parler de ce sujet, parler d'eux, m'est extrêmement coûteux, douloureux même.


| Je ne forcerais personne, car le processus est dangereux. Mais il existe. Deux lycanthropes ne peuvent procréer qu'à proximité de séides du Chaos usant de leurs pouvoirs. Nous devons décider de ce que nous faisons de cette information... Les humains nous ont interdit de nous reproduire par contamination. Il n'y a que nos mâles désormais qui vont pouvoir engendrer de nouvelles générations. Soit nous acceptons cet ordre naturel mais inégal des choses. Soit nous prenons en main notre destin, avec les risques que cela comporte. Y aurait il des volontaires pour s'y risquer ? |

hors RP:

Après que la métamorphe se soit prononcé, elle est surprise d’entendre l’opinion de Mike, semblable à la sienne. Elle s’en amuse intérieurement. Elle ne devrait pas. L’heure est grave. Mais elle ne peut s’empêcher d’imaginer ce que ça a dû coûter à Mike, d’avoir la même opinion qu’elle. Si il s’en est rendu compte évidemment. Car il ne doit avoir du mal à penser à autre chose qu’à Charlie, et à sa trahison envers lui.

Alors que les membres de la Meute s’expriment à tour de rôle, Lexie s’approche de la Jolfr, lui demandant à mi-voix si elle pourra quand même parler à Charlie. La voix de la jeune fille fait fondre le coeur de Roxane. Comment le lui refuser ? Comment le lui interdire ? Elle sait à quel point les deux changeuses étaient proches, et à quel point Alexis a besoin de stabilité, d’avoir autour d’elle des gens sur qui elle peut compter, en qui elle peut avoir confiance. Roxane ne pourra jamais remplacer Charlie. Elle sera là, évidemment. Mais le lien qui les unit est différent de celui unissant Charlie et Alexis. Pourtant les lois sont strictes, et la métamorphe doute que la communication soit autorisée.

« Non. Si Charlie quitte la Meute, tu ne pourras pas la voir. On en discutera demain, ou tout à l’heure si tu as besoin.»

Elle ne pourrait pas la voir. Mais moi, en tant que Jolfr, il faudra que je m’assure que Charlie ne tourne pas le dos définitivement à la Meute. Il ne faudrait pas qu’au lieu de chercher à regagner sa place, elle veuille se venger, et devienne un danger pour eux. Si les deux changeuses sont d’accord, et si elles promettent d’être discrètes. Roxie peut s’arranger pour faire office d’intermédiaire. Passer des lettres, ou même organiser une rencontre un jour. Mais ça doit rester exceptionnel. Elles ne pourront pas se voir tous les jours. Et personne ne doit savoir.

Hayden demande à l’un d’eux de raccompagner Charlie. Roxane hésite quelques secondes. Elle se demande si ce serait une bonne ou une mauvaise chose que Mike le fasse. Mais elle n’a pas le temps de prendre une décision, Mike a déjà attrapé la louve par le bras, la traînant sans ménagement vers la sortie du domaine. Roxane a de la peine pour Charlie. Elle va passer un sale quart d’heure, c’est certain. Mike n’est pas un tendre, et elle l’a touché personnellement. Ce qu’il laisse poindre en public n’est sans doute rien comparé à ce qu’il ressent, et à ce qu’il dira ou fera lorsqu’ils seront seuls. Mais Roxane ne peut plus rien pour Charlie.

L’Ulfric ne laisse pas le temps à la Meute de réagir à ce départ forcé. Il poursuit avec une autre annonce concernant les recherches de Mirah sur la reproduction lupine. Cette annonce ne concerne pas vraiment Roxane, qui est une métamorphe. Elle est destinée aux Louves. Un espoir pour ces femmes rendues stériles par la transformation d’engendrer une descendance. Mais un espoir qui n’est pas sans risque. Roxane n’intervient pas. Ce n’est pas son combat. Mais elle n’est pas entièrement extérieure à cette nouvelle idée. Sa dernière rencontre avec Maryana sera finalement peut-être utile à la Meute. Elle a eu raison de suivre son instinct, et de ne pas la dénoncer à la Police en trahissant sa présence.

❝ Smells like divide spirit under the moon" ❞
31 décembre 2017

La décision avait été prise, tout le monde sauf moi avait décidé de bannir Charlie. C’était la décision de la meute, j’avais voté contre, certes, mais qui étais-je pour m’insurger contre une décision voter, quand chacun à pu donner sa voix ? C’était une décision de l’Ulfric, un choix de la meute. Impossible de contrecarrer, Charlie était bannie. Je regardais chacun des loups présents, chacun leur tour, qu’aucun d’eux ne demande la pitié s’ils leur arrive la même chose. Si cette décision était juste, je trouvais qu’elle avait goût amère. Si Charlie ne regardait personne, je décidais qu’au contraire, jusqu’à ce qu’elle arrive à mon dos, je la regarderais, car je n’avais pas honte de ma décision. J’avais fait ce qui était juste, j’avais suivi mes convictions et respecter mes principes.

Pour moi, on n’abandonne jamais un animal blessé, et pourtant c’était ce que l’on faisait, je serrais les poings, énervée, par encore sur le bord de la rupture, mais je restais droite, silencieuse, mâchoire serré. Mon téléphone se mit à vibrer, je décidais de ne pas bouger, tant ce que je pourrais lire allait porter la louve en moi à sa limite. Je n’allais pas courir après Charlie, ce n’était pas mon genre. Et qu’allais-je lui dire ? Je n’aimais pas le sentimentalisme.

Et sans autre forme de procès nous passions à tout autre chose. C'était pas un peu rapide. Bannir une louve, passer à autre chose. Devenir mère. Je restais sans rien dire, tant l’idée venait me perturber dans ma recherche de calme. Avoir des enfants, j’en avais fait mon deuil, sans trop de chagrin, mais j’avais réussi à comprendre que ça n’arriverait jamais, et si pour y arriver il fallait contredire l’ordre, naturel, mais injuste, certes des choses, qu’on ne compte pas sur moi. Ce n’était pas tant la prise de risques qui me posait problème, mais plutôt… la suite. Parce que sans vouloir vexer personne, les deux jumeaux avait l’air selon moi bien difficile à supporter. Je n’avais pas d’instinct maternel, et par conséquent, je doute que sans volonté, on arrive à quoique ce soit. Je reculais d’un pas en arrière, me gardant de parler. Avoir des enfants, voilà une idée qui désormais me semblait saugrenue. Je ne me voyais pas lever la main, enthousiaste, déclarant que si c’était pour l’intégrité de la meute, aucun problème pour utiliser mon utérus. Non, c’était définitivement pas qui j’étais, ni ce que je voulais. C’était pas vraiment le délire du moment, surtout quand une louve venait de quitter les lieux. Non, des enfants non. Je me remettais dans les rangs, tout ce que je voulais maintenant, c’était aller me balader, et boire jusqu’à plus soif, pour l’instant, je ne ressentais que de la frustration et de la colère.

Moi candidate pour aller au bord de l’enfer, faire un enfant et revenir. Je vais passer, merci. Je restais silencieuse, je préférais qu'on ne me demande pas mon avis sur ce sujet là.

J’aurai voulu suivre Charlie, pour lui dire au revoir, et lui dire que je voulais la voir bientôt. Je l’aurai fait, si Mike ne l’avait pas prise sans ménagement par le bras. S’il ne l’avait pas éloignée, comme une moins que rien. Mon cœur s’était serré, à la voir considérée comme ça. Je ne savais pas ce qu’il en était pour ceux autour de moi, mais Charlie restait quelqu’un qui avait une grande importance pour moi. Une très grande, bien plus que quiconque n’en avait jamais eu. A part mes parents, même s’ils ne voulaient plus de moi, et Roxane. Mais c’était pas pareil. Je m’étais apprêtée à faire un geste pour les suivre, quand les mots de Roxane m’avaient arrêtée net. Non. Non, je ne pourrais pas ? Et pourquoi ? Ils n’avaient pas dit que c’était interdit. Ils avaient juste dit qu’elle ne pourrait revenir que quand elle aurait pu prouver s’être rachetée. Et si personne ne la voyait, comment pourrait-elle le prouver ? Donc si quelqu’un pouvait la voir, pourquoi pas moi, plutôt qu’une autre personne ? Je savais, moi, que Charlie avait voulu bien faire. Qu’elle avait juste cherché à m’aider, en tuant Alois. Alors quoi ? J’allais laisser Roxie m’interdire de la voir ? Non. Tant pis, si elle m’avait dit non. Je le ferai quand même.

« D’accord. »

Non, je n’étais pas d’accord. Mais le dire ne servirait à rien. Je me reculais, laissant Roxie à sa fonction. Peut-être était-ce plus important que notre amitié. Peut-être n’avait-elle pas le choix, de me dire non, des fois qu’on l’entende. Ou peut-être que si. Je m’en fichais. J’étais déçue, en colère, un peu vexée, même. Et je ne comprenais pas. Même si les termes d’exil étaient clairs, ça n’indiquait pas ne plus parler à des gens qu’elle aimait. Dans Roméo et Juliette, les amis de Roméo vont bien le voir…

Je me suis raidie, en entendant parler de Mirah. J’avais bien vu, qu’elle n’était plus chez elle. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais coupable d’avoir été chez elle regarder tout ce qu’elle avait écrit, alors qu’elle était absente en mission pour l’Ulfric. Ca n’était pas bien. Mais personne ne le savait, alors ça ne pouvait pas faire de mal, si ? Je l’avais dit à la lupa, mais peut-être avait-elle oublié… Ou pas écouté. Je savais pas trop. Elle n’avait pas réagi, en tout cas. Je croisais les bras, résistant à l’envie de sortir mon téléphone pour écrire à Charlie. En tout cas, ce qu’ils disaient, ça me concernait pas. J’étais pas une louve, j’avais pas ce problème. Enfin, je crois, j’avais jamais essayé. J’étais presque sûre d’avoir pris une teinte pivoine, en pensant à ça, mais j’espérais que personne ne verrait. Il faisait pas jour, après tout.

La sentence tombe, telle un couperet. Je trouve tout de même Hayden généreux de permettre à Charlie de tenter sa chance. D'autres n'auraient pas agi ainsi. Peut être se rend t'elle compte de sa chance, peut être pas. La réponse ne m'importe que très peu. L'Ulfric ordonne qu'elle soit raccompagnée hors du domaine. Je croise le regard de Roxane et de Mike. Je suis la moins proche de Charlie, peut être devrais-je y aller moi, mais le loup ne m'en laisse pas le temps. Déterminé, il s'éloigne avec elle. C'est son droit après tout, il la considérait comme sa propre fille. Je détourne bien vite mon regard d'eux pour parcourir l'assemblée et revenir à mon compagnon d'un ancien temps. Je tente de ne plus y penser mais cela reste douloureux de le voir ainsi, son odeur si proche... Ma louve n'y est pas insensible.

Mais il n'a pas fini ses révélations. Je le vois tenter de maitriser ses respirations alors qu'il se retourne vers nous. L'absence de la Lupa va t'elle enfîn venir sur le tapis ? Je n'ai plus entendu son téléphone vibrer. Lorsque le nom de Mirah tombe, je comprends que je devrais encore attendre pour Mary. J'écoute attentivement, curieuse de savoir quelle nouvelle peut le mettre ainsi à fleur de peau. La reproduction est donc possible. A proximité de rejetons des enfers. Et Hayden demande des volontaires, obtenant pour réponse un silence de mort. J'affiche malgré moi un air circonspect et indécis. Etre mère ne m'a jamais attiré. Apprendre que j'étais désormais stérile ne m'a posé aucun soucis ; au contraire d'ailleurs, j'étais libre d'entreprendre ce que je voulais sans avoir à penser à des moyens de contraception.

Mais que ne suis-je pas prête à faire pour arracher une miette de gloire ?

Je réfléchis, encore. Pour la première fois, ma recherche de reconnaissance rencontre mes propres barrières. Suis-je capable d'élever des enfants, est-ce compatible avec mes fonctions et ma manière de vivre ? Si je pouvais les refiler à quelqu'un d'autre pour les élever après, ce serait parfait. Mais le faire, juste pour la gloire, pour en avoir encore un bout, alors que je m'acharne à en arracher des morceaux avec mes crocs comme une forcenée depuis toujours ? Je dévisage les miens, indécise. M'envoyer en l'air aux limites des enfers, c'est tout de même une proposition alléchante, mais.. C'est de la folie. Je me pince les lèvres. Tout s'enchaine dans ma tête. Isadora fixe Hayden dans les yeux, et se propose, alors que deux jeunes louves se sont déjà avancées. Merde ! Je suis folle.

« Je suis également volontaire, s'il le faut. »

Putain, je viens de faire la pire connerie de ma vie. Mon regard croise celui d'Irving, alors que je lui demande silencieusement de me rejoindre.

Je n'aurais pas pu prévoir ce qui suivait, même dans un bon jour, même avec un coup de main. C'était tout simplement trop étrange, nous autres loups, parler reproduction ? J'avais déjà assisté à des trucs franchement pas super moraux d'un point de vue humain ; ces séances d'accouplement ou ces fêtes à la lune qui dégénéraient parfois. Surtout avant que l'on rejoigne la Meute d'Ecosse, beaucoup plus prude sur cet aspect. Mais quand même. Je savais que j'allais en choquer plus d'un. Finalement, après tous ces millénaires où nous avions été incapables de nous reproduire entre nous, nous avions peut être intégré, au fond, le fait qu'une force obscure, divinité ou malédiction, ne nous prive d'une famille au sens humain du terme ? Je proposais aussi quelque chose qui aurait de profondes répercussions. Que deviendrait la Meute, si chacun commençait à enfanter de son côté ? Il fallait encadrer tout ça. Ma Lupa et moi même devrons prendre les enfants sous notre aile, au moins pour leur éducation de loups, comme nous le faisions pour les individus récemment transformés. Oui, il fallait organiser une espèce de tutelle, une co-éducation en quelques sortes. Mais s'il fallait y réfléchir, la question ne se posait pas tout de suite. Cian refuse. Les métamorphes restent silencieuses. Je reprends. Je dois aller au bout.


| Cette proposition vaut aussi pour ceux qui voudraient essayer d'avoir des enfants entre cousins changeurs... Je sais que Clearwater entretenait un temps une relation avec une métamorphe. Si des couples sont volontaires, c'est possible aussi. |


Je me sentais étrangement mal à l'aise en évoquant ce métissage ; peut être parce que les métamorphes ne ramenaient pas comme nous toutes les choses au sexe ou à la violence. Nous avions des pulsions, nous ressentions depuis toujours le besoin de nous reproduire. Les métamorphes étaient des créatures naturellement solitaires... Mike revint, je sentais l'odeur de son sang mais ne posait pas de question. L'instant était important, j'en parlerais avec lui plus tard. Isa se glisse à côté de moi, me parle de Charlie. Le silence se fait pesant. Ma femme me dit finalement qu'elle veut retenter le coup. Je la regarde avec des yeux ronds. Ashleigh est également volontaire, et je ne loupe pas son regard vers Irving. J'allais contredire Isa, lorsque bien sûr, son beau chevalier blanc vole à son secours. Et l'entendre, encore une fois, s'élever contre moi, contre mes idées, me fit un peu plus pencher en faveur de ce que je venais de proposer. Je le toise non sans une certaine sévérité.


| Crois tu vraiment que je prendrais une décision aussi dangereuse si je n'étais pas convaincu de son bien fondé ? Je sais tout ça. Mais je sais aussi qu'Isadora avait rejeté les moyens de la Meute... Pour différentes raisons. |


Tout le monde avait compris que je parlais de Mary.


| La Meute a d'énormes moyens, nous sommes plus unis qu'autrefois. Nous serons présents, tous. Isadora, je refuse que tu te portes volontaire pour mes beaux yeux. Je te l'ai dit à de nombreuses reprises. Il ne se passera rien avec moi que tu n'auras voulu. Ashleigh et Irving, c'est donc sur vos épaules que repose notre avenir. Venez me voir à la fin de la réunion, avec Mary, je vous... |


Un hurlement perçant venait de se faire entendre dans le lointain, dans les ténèbres de la forêt de pins. D'instinct, je sus de qui il s'agissait. Mary. Tout le monde avait entendu, tout le monde s'était retourné vers le lointain.


| Mike, prends deux des nôtres et va protéger les enfants et nos jeunes dans la maison. Les autres, vous vous transformez et formez des groupes de deux. On la retrouve, coûte que coûte, vous m'avez bien compris? |


Et son hurlement retentit encore, un long hurlement de souffrance, à vous glacer le sang. Mon oeur se fige. Je comprends. Son retard, ses appels. Qu'est ce qu'il se passe ? Quelle horreur va encore nous tomber dessus ? Je ressens pour elle une peur terrible ; même sans être ma compagne, elle est ma Lupa, ma louve, mon loup l'appelle, veut la retrouver. Je coure derrière le couvert des arbres, non loin, et vire mes vêtements en quelques instants. Motivés par la peur de ce qu'on va trouver, je me transforme rapidement mais non sans douleur. Je coure dans l'obscurité sans attendre.