Irving ne venait pas. Irving n'était pas là. Peut être que si je lui avais envoyé un SMS avant la réunion, ça m'aurait évité de venir pour me faire ch#er à dévisager les autres dans mon coin... Mouais. Je sais que je serais venue quand même, juste pour faire bonne impression. Juste pour paraitre crédible aux yeux d'Hayden par rapport à notre discussion. Mais il n'y avait rien à faire ; je ne me sentais plus à ma place parmi cette meute, ou plutôt ce mélange malodorant de loups et de la sous-race métamorphe. Qu'est-ce qu'ils foutaient là bon sang ?! Je me contenais avec peine, bras et jambes croisés, laissant mon regard dériver sur les divers groupes qui s'étaient formés. Hayd' et sa petite amie méta, sa présence me donnant une excuse pour ne pas aller lui parler. Mike et Sarah. Roxane, Charlie, Mirah... Et Alexis. Je haussais les sourcils en voyant la jeune fille, elle n'était vraiment pas la personne que je voulais voir sur le territoire des loups... Si je l'appréciais, c'était justement parce qu'elle était hors de tout ça. Et je n'avais pas envie qu'elle me voit, moi. La voir trainer avec la clique de Roxane n'arrangeait rien. Je lâchais un soupir.

Puis Son odeur parvint jusqu'à moi. Je frissonnais et tournais la tête dans sa direction. Il arrivait, avec Mary. Et la suite ne se fit pas attendre. J'arrivais ici avec beaucoup d'interrogations en tête mais les réponses que les dirigeants nous offrèrent ne me plurent guère. Je masquais discrètement ma surprise, ma rage et ma colère en enfonçant mes ongles dans mes bras et la mâchoire serrée. Bon, le mariage d'Hayden et d'Isa, c'était une chose mais intégrer les métas dans la meute ? P#tain mais qu'est-ce qu'il avait derrière la tête ? Je n'écoutais plus qu'à moitié ce qui se dit ensuite, après avoir manifesté ma joie pour la nomination de Mike en tant qu'exécuteur. J'appréciais encore bien mon ex-beau frère, et il valait mieux avoir lui comme Bolverk plutôt qu'un autre. Mais la suite, je ne pouvais pas la digérer. Comme si... Comme si les métas violaient notre intimité, violaient les liens sacrés de la famille. Intégrer la meute... C'est impossible, simple question de rétorique : une meute est composée de loups, et ils ne sont pas des loups. Non ils ne comprendraient jamais, et non, même Roxane avec ses beaux discours ne pourrait jamais nous comprendre. Jamais ils ne seraient des nôtres, alors pourquoi essayer de les intégrer ? L'alliance était amplement suffisante. Nous ne sommes pas les mêmes, et ils nous mettent en danger plus qu'autre chose. J'aurais bien tout plaqué, là, à l'instant. Je ne voulais pas en entendre plus, je venais de comprendre que je n'avais plus rien à faire dans cette meute-qui-n'en-n'était-plus-une. Qui n'en n'était plus une parce que désormais que les changeurs s'incrustaient totalement parmi nous. Mais il me restait un peu de self-contrôl et surtout de pragmatisme ainsi je me contentais de me crisper sans broncher. Les miens devaient, au plus profond d'eux, me considérer comme une traitresse, alors mieux valait rester discrète. Même si j'avais la confiance d'Hayden et peut être d'Irving, je ne voulais pas faire de vague. Un instant, j'envisageais de soutenir Isa qui venait de se lever face au couple de dirigeants, mais je me ravisais. On savait que j'étais la protégée de Jonathan et on se doutait bien que je partageais ses idées. Mon opposition pourrait être encore plus mal prise que celle de l'ex-exécutrice. Je ne devait pas prendre ce risque. Pas pour le moment. Je restais donc dans cet état, muette comme une tombe mais intérieurement bouillonante, attendant la suite.

Leur odeur venait flotter autour de nos narines, les dirigeants de la meute venaient de faire leur entrée. Tous les saluèrent dignement, je ne fis pas exception. C'était étrange de les voir si proche, de les voir incarner un couple, alors qu'il n'était juste que les co-dirigeants de la meute. Hayden, en devenant Ulfric avait imposé une nouveauté, celle de ne pas former un couple charnel avec la Lupa. Ce privilège était exclusivement réservé à Isa, qui quelques jours plus tôt était devenue son épouse dans les plus grands secrets de la meute.

J'attendais les déclarations de Hayden et celles-ci ne se firent pas attendre. La première, était la nomination de Mike en tant que Bolverk. Je me joignait à la liesse générale, hurlant également pour célébrer son nouveau poste. Je me tournais vers mon ami, une fois que l'acclamation s'évanouissait. Je l'embrassais sur la joue, puis me reculais.

Félicitations Mike, tu le mérite ! Même si ce ne sera pas un rôle facile !

Mon regard se posait instantanément sur Mirah qui nous regardait. Je ne savais pas comment elle allait réagir face à mon élan amicale. Cela me mit mal à l'aise, car je ne savais pas comment réagir avec mon ami, quand la louve était présenté. Je souriais à Mike, puis reportais mon attention sur Hayden qui continuais ses déclarations. Nous allions connaître un changement dans notre meute. Le nouvel Uflric déclarait qu'il n'avait pas pris Mary pour femme, mais bien Isa. Ce ne fut pas une surprise pour moi, car j'avais été conviée au mariage, ayant été témoin de mon amie. Je la regardais avec tendresse, je savais que la situation n'était celle qu'elle aurait pleinement souhaité, mais elle était heureuse d'être enfin mariée à Hayden. Et cela me rendait heureuse pour elle, qui le méritait tant !

Mais surtout, le fait que l'Ulfric et la Lupa n'était pas un couple comme auparavant signifiait que tous pouvaient choisir son compagnon. Et Hayden l'avait spécifié, nous, louves, ne serions plus considérées comme des objets. Ce changement allait être long et rude, les mâles n'allant pas tous être du même avis. A nous, les femelles de nous imposer, et cela je n'allais pas me faire prier.

Mais je sentais que tout ceci n'était qu'un avant goût de la suite des déclarations de nos dirigeants. Et l'Ulfric confirma mes doutes … Il annonçait que l'alliance allait être renforcée, même que les changeurs étaient invités à intégrer la meute, pour qu'ils deviennent nos égaux. Tout s'enchaîna, mon amie pris la parole pour faire part de son inquiétude, Roxane affirma sa volonté de nous rejoindre, et puis Mike à côté de moi, pris sa défense. Les métamorphes parmi nous, je n'étais pas ravie ni contre. Je ne savais pas, j'étais un peu perdue … Hayden pris à nouveau la parole pour nous dire que cette décision était prise, qu'on ne devait pas revenir dessus. C'était comme ça, un point c'est tout. La loi de la meute reprenait ses droits ! Toutefois je comprenais les craintes d'Isa, aussi je ne pus m'empêcher de prendre la parole.

Uflric, Lupa, mes frères et soeurs, si vous me le permettez je souhaiterais prendre la parole ! Je peux comprendre l'incertitude de certains face à ce renouveau de la meute. N'avons pas été confronté il y a peu à la trahison d'un loup qui était notre chef ? Il nous faut du temps pour nous remettre de cette situation, il se peut que nous soupçonnions certains des nôtres de trahison, sûrement à tord. Il n'est pas évident pour nous d'accepter que l'on nous ait trahi, il est donc normal que nous soyons pour certains réticent à accueillir les métamorphes lorsque nous devons encore affronter certains de nos démons. Je ne suis ni pour, ni contre, mais comme vous l'aviez dit Ulfric, la décision est prise ! Si nous sommes nombreux, nous serons plus forts. Mais il faut que nous gardions la qualité de notre lien. Mais en cela je vous fait confiance pour le garantir. Je serais donc heureuse d'accueillir les métamorphes souhaitant nous rejoindre pour le bien de la meute. Car c'est tout ce qui devrait nous importer, loups comme changeurs !

Charlie avait la douce impression que sa cervelle allait se faire la malle ou tout simplement imploser et lui couler par les oreilles. Elle ne devait pas faire de vagues par respect pour Mike et éviter que ses conneries ne lui retombent dessus mais surtout elle ne voulait pas attirer l'attention sur elle et le fait qu'elle n'avait toujours pas choisi qui de Mary ou Isadora elle devait appeler pour s'occuper de son entraînement. Elle aurait du sécher cette réunion en disant qu'elle était malade ou bloquée sous un éboulement en pleine forêt. Son regard se posa indifférent sur Roxane qui se proposait au poste de Jolfr, franchement est-ce que ça pouvait étonner quelqu'un ? Elle était plus louve que certains qui en avaient les gênes.

* Comme toi pauvre tâche. La grande déception de l'année qui n'est jamais fichue de lui faire ce qu'on lui dit. * balança une petite voix à la voix nasillarde.

Comme elle le redoutait depuis le début les choses commençaient à déraper. Isadora affirma sa position contre cette idée. Charlie n'aurait rien dit en temps normal mais lorsqu'elle entendit Alexis dire qu'elle voulait intégrer la meute, elle manqua un arrêt cardiaque, une explosion de la boite crânienne et sans doute pas mal de truc dû à ce pic de stress qui venait de faire éclater ses neurones. Mais quelle abrutie ! Elle aurait peut-être tenté une approche plus douce pour essayer de la faire atterrir avant qu'elle ne promette de donner son sang et danser autour d'un feu avec une plume serrée entre les fesses mais elle entendit Mike venir au secours de Roxane pour contredire Isadora. S'en suivi tout un tas de monde qui n'était pas tout à fait d'accord sur ce que la Louve pensait et ne s'était pas gênée pour partager.

« De toute façon pourquoi vous vous bouffez le museau ? Il y a que Roxane qui veut vraiment venir dans notre meute, les autres s'en tamponnent comme de l'an 40. Et c'est tant mieux, non ? »

Son regard se posa sur Alexis quelques secondes avant de détourner le regard avant de se dégonfler. Si elle devait la détester parce qu'elle la rejetait ouvertement mais lui permettait d'éviter les problèmes de la meute c'était toujours ça de pris. Elle dévisagea les quelques métamorphes qui étaient dans les parages. Les mains dans les poches elle prenait son attitude de gamine énervante que tout le monde connaissait ici.

« Vous vous demandez qui est digne de nous mais eux ils ne voient en nous que des lointains cousins que l'on supporte pendant les réunions de famille et pour qui on vendrait même pas une chemise. De toute façon c'est pas comme si les métamorphes allaient bouleverser l'issue du conflit qui nous oppose aux vampires. » dit-elle avec un soupçon d'arrogance dans la voix, assez pour mettre le feu aux poudres de certains nerfs déjà échauffés.

Son regard s'était calmement posé sur l'Ulfric. C'était lui qui avait dit ça, mots pour mots ou presque. Et maintenant il pondait un truc pareil ? Contrairement à Isadora elle n'était pas offusquée par le fait que les métamorphes n'aient pas le même sens de la Meute qu'eux, ce qui l'énervait c'est que l'idée n'était peut-être pas stupide, loin de là même mais la seule personne qu'elle ne voulait pas y voir venait de dire qu'elle voulait en être. Les autres restaient tous muets, comme si les Loups n'étaient finalement pas assez dignes selon eux d'être plus que des cousins.

Elle finit par se rapprocher d'Alexis. Elle fuyait toujours son regard avec une douleur qui lui enserrait le cœur lorsqu'elle ouvrit la bouche. Il était trop tard maintenant pour faire machine arrière, elle avait commencé à dire des choses désagréables à tout le monde autant y aller franchement et comme ça elle pourrait changer de continent sans le moindre regret. Si elle sortait d'ici en vie.

« Qui crois-tu tromper Lex ? Tu serais même pas capable d'écraser un moustique qui vient de te piquer. »

Elle se serait gifler de dire un truc pareil, devant tout le monde qui plus est mais si seulement elle pouvait être choquée, la frapper et partir pour ne plus la revoir se serait tellement plus facile pour la suite. Elle du se mordre la langue, la chair de la lèvre pour ne pas lui demander pardon ou quoi que ce soit, elle devait rester dure et froide avec elle, du moment qu'elle ne venait pas dans la meute. Elle était déjà fragile et trop innocente pour être parmi eux mais depuis qu'elle était la prisonnière de Constance c'était inconcevable qu'elle reste au contact permanent des Loups. Elle finirait par faire une gaffe et se serait la fin.

Je baissais la tête, pour cacher combien j’étais interloquée par l’intervention du petit qui avait voulu me remettre à ma place. Je lui avais rien fait pourtant. Et pourquoi il en voulait à Savannah ? J’allais lui demander, mais la maman de Savannah me dit qu’on en parlerait plus tard… D’accord. J’acquiesçais légèrement. C’était pas le moment, peut-être. En tout cas, elle me parlait d’une voix douce. Elle était gentille. Savannah avait de la chance. Mais moi aussi, avant. Je secouais la tête. C’était pas le moment non plus. Si Maman était là, parmi eux, je la verrais. Alors je m’efforçais d’écouter. D’assimiler, même si je ne comprenais pas bien ce que ça impliquait. De réfléchir. Pas longtemps, pas assez longtemps peut-être aux yeux de tous, mais ma décision était prise.

Même si je ne pus m’empêcher de laisser place à la surprise, sentant la main d’Isadora dans la mienne, la voyant se baisser pour être à ma hauteur, même si je ne pus m’empêcher de douter un instant. Jeune et innocente… Peut-être. Mais optimiste ? Avec des soucis de mon âge ? Non. Ca n’avait jamais été le cas. Mais ça, madame Doy… madame Isadora ne le savait pas. Elle ne savait rien de ma vie passée, et ne savait pas ce que je faisais pour survivre sans être encore enfermée par les services sociaux. Et mieux valait qu’elle ne le sache pas. Que je renonce temporairement à ma liberté pour ne pas y renoncer davantage si je venais à retomber dans le système, en la cédant à une vampire… Si j’avais bien compris quelque chose, c’était leur haine mutuelle. Alors je me tairais.

J’avais frémi, lorsque leur chef s’était exprimé. A la merci des vampires… Je n’aurai pas compris s’il l’avait dit avant. Mais depuis… Depuis que Constance me tenait en son pouvoir, je ne pouvais que comprendre. Elle aimait mon sang, elle me l’avait dit, je l’avais vu. Et celui des autres comme moi. Je me laissais distraire un instant, n’entendant que la fin de ce que Sarah dit. Elle m’avait effrayée au premier abord quand nous nous étions vues… Que penserait-elle, elle, de ce que j’avais dit ? J’y pensais plus, alors que Charlie parlait. Me ridiculisant. M’ignorant, et me réduisant à… rien. A rien du tout. Je croyais qu’elle n’aurait pas pu faire pire, mais elle vint vers moi. S’adressa à moi. M’insultant. Alors qu’elle disait qu’elle m’aiderait. Qu’elle était ce que j’avais de plus proche.

J’étais blessée, mais j’étais surtout en colère. Elle voulait voir que j’étais pas faible ? Je me battrais contre elle, s’il le fallait. Sans vraiment réfléchir, dominée par la rancœur que ses paroles avaient fait naître en moi, je laissais le tigre prendre possession de moi, feuler pour provoquer Charlie, l’inciter à se transformer et à se battre contre moi. J’eus tout juste le temps d’entendre le loup qui était devenu Bovlerk… ou quelque chose comme ça… réprimander Charlie et me dire que c’était mon choix. Mon choix était fait. Je voulais savoir me défendre, seule. Ne pas compter sur les autres. J’apprendrais. Et ça, ça… C’était Constance qui me l’avait fait réaliser, même si je détestais le reconnaître. Si j’avais été encore sous ma forme humaine, Charlie aurait vu ma déception, la blessure, et la provocation aussi, le désir d’en découdre. Mais elle n’en verrait rien, actuellement. Seulement le tigre, avide de prouver sa supériorité, ou en tout cas de prouver qu’il n’était pas aussi faible qu’on l’entendait.

HRP:

Intrigue n°1

Les paroles de l’ancienne exécutrice n’étonnent pas Roxane. Elle s’attendait à faire face à ce genre d’opposition. Elle ne s’attendait pas cependant à ce que cette opposition vienne d’elle, la compagne de l’Ulfric. La métamorphe pensait qu’ils en avaient discuté ensemble.

Le regard endurci par la vie de Roxane se pose sur Isadora, la défiant presque. Elle n’est pas une louve, c’est vrai. Mais ce qu’elle a vécu, pendant ses années de solitude comme aux côtés de la meute, ont forgé sa volonté et son sens du sacrifice. Elle ne laissera personne la rabaisser ni remettre en doute sa force et son courage.

Une voix s’élève, une voix qu’elle aurait préféré ne pas entendre. Celle de Mike. Il la déteste elle le sait. Aussi s’attend-elle à ce qu’il prenne parti pour Isadora. Mais les mots qu’il prononce sont pour la défendre, elle. La métamorphe qu’il blâme à tort de la mort de son père. Roxane est décontenancée. Ses ennemis comme ses alliés ne sont pas ceux qu’elle attendait. Mais elle ne laisse rien paraître. Elle reste digne, et écoute le nouvel exécuteur exprimer son avis pro-rapprochement inter-espèce. Elle ne peut s’empêcher de l’admirer. Lui sait laisser ses rancœurs de côté pour défendre l’intérêt de la meute. Hayden ne s’est pas trompé dans son choix.

La métamorphe sent une présence s’approcher. Elle n’a pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s’agit. Alexis. Pourquoi s’avance-t-elle ? Ne voit-elle pas que ce n’est pas le moment ? Isadora a bien compris l’affection que Roxane porte à l’adolescente, et elle a déjà essayé de s’en servir pour ébranler sa volonté. La voix de la luciole s’élève, faiblement. Elle veut rejoindre la meute, elle aussi. Roxane ne peut pas lui en vouloir, pas vraiment. Après tout c’est à elle de choisir. Roxane n’est là que pour la guider, pour l’aider, pas pour lui donner des ordres.

Evidemment Isadora en remet une couche, appuyant sur la faiblesse d’Alexis, son jeune âge. Avant de s’adresser à Camille. La métamorphe l’avait presque oublié. Leur leader. Etonnant qu’il n’ait pas encore pris la parole, qu’il ne l’ait pas défiée pour le poste de Jolfr. Elle se tourne, comme le reste de l’assemblée, vers lui. Il bouillonne intérieurement. Il le montre à peine, mais elle le voit.

« J’ai conscience de cela, Isadora. Mais si certains des miens ont fui, combien se sont battus pour protéger leurs frères, leurs cousins. Certains ont perdu la vie pendant les années sanglantes, en se battant à vos côtés, et non en défendant leur propre vie. Quant aux loups, je ne remets pas en cause ton dévouement, mais tous n’ont pas cet esprit de meute avant tout que tu mets en avant. Certains ont trahi il n’y a pas si longtemps cette même meute à laquelle ils appartiennent. Ai-je besoin de te le rappeler ? »
Le ton de Camille est sec à la fin de cette phrase, tranchant. Il marque un silence, se calme, avant de reprendre. « Ceux des miens qui souhaitent faire partie de la meute ne le font pas dans leur propre intérêt, mais pour l’intérêt de tous, de chacun d’entre nous. C’est dans cette optique que je souhaite le faire, et je demande à tous les métamorphes d’avoir cela en tête lorsqu’ils prendront leur décision. »
Camille s’est avancé lui aussi, rejoignant la rouquine et l’adolescente.

Roxane s’apprête à prendre la parole derrière Camille, mais elle est interrompue par Hayden qui remet les choses au point tel le leader qu’il est. La meute doit écouter ses chefs. Les loups doivent se plier à leur volonté, pour le bien de tous.

L’une des louves s’avance pour appuyer la décision de l’Ulfric, et surtout le fait que les loups n’ont pas leur mot à dire. La métamorphe l’écoute avec attention jusqu’à sentir Camille se rapprocher de son oreille.
« Je n’apprécie pas que tu te sois proposée pour le poste de Jolfr proposé par Mary. J’espère vraiment que ce n’est pas une ruse pour m’évincer. Je ne me laisserai pas faire. »
Roxane n’est pas vraiment surprise qu’il ait mal pris le fait qu’elle exprime le désir de prendre des responsabilités dans l’alliance, elle regrette juste qu’il laisse parler son égo au lieu de penser à leur bien à tous. Surtout maintenant. Ce n’est ni le lieu ni le moment pour un combat de coqs. L’hostilité et la méfiance qu’il lui adresse depuis quelques temps l’énerve. Elle ne comprend pas vraiment ce qu’il a contre elle, mais il va falloir qu’ils règlent ça. Juste pas maintenant.

« Ce n’est pas un stratagème pour t’évincer. Tu restes le leader des métamorphes. Tu es celui dont les métamorphes ont besoin à ce poste. Je pense juste que je suis mieux placée que toi pour prendre le poste qu’a proposé Mary. »

Le corbeau s’apprête à répliquer, toujours en chuchotant afin que personne, à part Alexis qui est juste à côté, ne les entende. Mais il est interrompu par la voix hystérique de Charlie, qui s’en prend avec véhémence à tout le monde. Elle est presque insultante envers les métamorphes. Roxane met quelques secondes à comprendre la raison de ce comportement, mais elle finit par le faire. Alexis. Evidemment que la louve n’allait pas laisser leur luciole s’impliquer dans la meute. Elle est dure, agressive. Roxane sent l’adolescente se tendre à côté d’elle. Si Roxane a compris la réaction de Charlie, elle n’est pas sure que ce soit le cas d’Alexis. Et il ne faudrait pas que cette dernière fasse une connerie.

Tandis que la voix de Mike résonne à nouveau pour remettre Charlie à sa place, Roxane pose sa main sur l’épaule d’Alexis.

« Calme-toi Lexie. S’il te plait. »

Dafné prend la parole à son tour, répondant à Charlie avec une hargne dont elle ne la savait pas capable. Les paroles de la louve l’ont blessée. Il fallait s’y attendre. Les métamorphes ne se laissent pas insulter sans répondre.

« Lexie ? »

La métamorphe sent le frémissement de la peau sous sa main. Elle va se changer. Là. Maintenant.

« Ce n’est pas le moment. Contrôle-toi. Tu sais le faire. Je te l’ai appris. Concentre-toi. »

La voix de la rouquine chuchote des conseils à voix basse, mais elle sent qu’il est déjà trop tard. La peau pâle de l’adolescente se recouvre déjà de poils, et un feulement sort de sa gorge.
Roxane ne réfléchit pas, elle n’en a pas le temps. Elle doit réagir. Avant qu’un loup ne le fasse. Elle a l’avantage d’avoir pu anticiper sa réaction.

« Pardon Lexie »

La louve a remplacé l’humaine avant que les pattes imposantes du tigre n’aient pris leur appui sur le sol. Elle a l’expérience des transformations rapides, ce que n’a pas encore l’adolescente. La louve grogne, un avertissement bref mais sans équivoque. Puis elle bondit. Maîtrise, contrôle, rapidité. Malgré son poids plus faible, elle percute le tigre avec efficacité, et se rétablit sur ses pattes en quelques secondes, ouvrant la gueule à quelques centimètres de la gorge palpitante d’Alexis. Le message est clair. Arrête tes conneries, et reprends ta forme humaine.

C'est plus fort qu'Isadora. Ce besoin viscéral de veiller aux intérêt de la Meute tels qu'elle les perçoit. Ce besoin de s'opposer à l'autorité légitime pour protéger ses frères et sœurs quand elle perçoit du danger. Ce n'est pas justifié, pas alors qu'elle sait mes difficultés et la précarité de ma position. Ses arguments sont recevables, mais elle aurait dû, elle devrait se taire justement pour protéger cette meute à laquelle elle a pourtant failli en une occasion, mais une occasion importante. N'a t'elle pas compris que si cette réforme ne passe pas, je serais défié et peut être vaincu à la prochaine lune ? Peut être que si. Peut être son attitude a t'elle quelque chose à voir avec la présence de Johan ce soir. Je le cache habilement, mais je suis jaloux. Tout serait tellement plus facile si ce loup devait être mort plutôt que vivant. Les jumeaux n'auraient qu'un seul père et Isadora, qu'un seul amour. Et je n'aurais aucun rival d'après la culture de notre Meute. Tout serait plus simple. Mais mon père, à grand renforts de coups de bâton, d'insultes et de brimades, m'a appris qu'être Ulfric n'avait rien de facile ni d'aisé. C'était compliqué, difficile, ça vous déchirait constamment les entrailles. C'était précisément le cas à cet instant précis, plus encore en entendant le crayon de Mirah parcourir son papier pour relater comment le grand Ulfric libéral de la Meute avait planté sa carrière en un temps record. Foutus métamorphes ; ne pouvaient ils se saisir de cette opportunité que je leur présentais ? Sarah me suit. Pas Ashleigh. Tout cela se réglera plus tard. Charlie, la jeune louve que j'ai récemment rappelé à l'ordre, prend la parole. Elle est dure. Presque cruelle. Il faut dire que les métamorphes ont l'air bien mous ; incapables de prendre leur destin en main. Je m'approche d'elle, le regard rivé dans le sien, d'apparence calme et sans expression particulière, mais tout le monde peut entendre la menace dans le ton de ma voix.


| Ton comportement n'aide pas à ce qu'ils nous considèrent comme autre chose que des cousins, Charlie. |


Mes paroles avaient un côté évident pour tout le monde, mais Charlie comprendrait aussi le sous entendu. Alexis était peut être relativement inoffensive, mais elle même n'avait pas brillé lorsque la chance de faire honneur aux siens s'était présentée. Qu'elle commence par prouver sa valeur avant de vouloir la preuve de celle des autres. Je ne pouvais le lui dire plus clairement, ce serait l'humilier aux yeux de la Meute et je ne voulais pas détruire les espoirs que je fondais en elle. Mike la recadre, et je lui fais confiance pour démolir l'impétuosité de Charlie si celle ci se représente. Pour autant, Isadora et Charlie ont raison sur le fond plus que sur la forme. Il est fini le temps où les loups donnent leur sang sans retour.


| Non, la Meute n'a plus les moyens de protéger ceux qui n'en font pas partie. Nous sommes trop peu nombreux et trop isolés. Si les métamorphes pensent pouvoir vivre par eux mêmes, qu'ils essaient. Que ceux qui veulent un avenir pour tous les changeurs s'avancent. |


C'était le moment où j'avais besoin de l'appui de Mary. Quoiqu'il en soit j'avais pris la seule décision politiquement valide. Si je continuais à sacrifier les miens, une partie de la Meute se retournerait contre moi. Je n'avais pas une position suffisamment solide pour y griller mes seules cartouches. Une métamorphe s'élève pour exprimer ses doutes, tandis que Camille prend enfin la parole pour soutenir la motion. Mais la jeune méta se transforme et se fait menaçante envers Charlie. Roxane réagit, et se transforme pour contrer sa protégée. Je gronde, laissant ma colère prendre le dessus un instant alors que je dévisage les deux transformées avant de reporter mon regard sur les loups de ma Meute.


| Roxane se comporte déjà comme une Jolfr et Alexis comme une louve. Pourquoi douter ? Pour répondre aux doutes des autres métamorphes, la Meute est une famille. Avez vous toujours fait l'unanimité dans la vôtre, avez vous connu une existence sans problème auprès des vôtres ? Ceci n'est qu'une épreuve, la moindre parmi celles qui se profilent ! |


Je me retourne vers les deux transformée, d'un ton qui n'appelle aucune contradiction.


| Reprenez figure humaine. Il n'est pas dit que je tolérerais la moindre indiscipline dans ma Meute. |


Et vers tout le monde à nouveau.


| Que ceux qui veuillent procéder au rituel rejoignent la Lupa, que ceux qui ne veulent pas sachent que leur décision n'est pas irrévocable ; si vous changez d'avis et prouvez votre loyauté vous serez les bienvenus à nouveau. Prenez garde à ce qu'il ne soit pas alors trop tard... Quant aux loups, j'ai entendu vos avis, et en ai tenu compte. Seriez vous prêts à abandonner ceux qui souffriraient à vos côtés, pour sauvegarder votre histoire et vos traditions, votre liberté et votre vie ? |


Mary, j'ai besoin de toi, maintenant.

J’écoute attentivement, prenant sans broncher les paroles qu’Isadora profère à mon attention d’une voix douce. Je ne suis pas d’accord, mais elle ne me brusque pas. Elle ne me connaît qu’à peine, ne connaît pas mon histoire, pas entièrement. Elle sait peut-être que mes parents ont disparu pendant les années sanglantes, si elle s’en souvient du moins. Mais elle ne sait pas que je ne suis que leur fille adoptive, elle ne connaît rien de mon passé. Elle ne peut pas. Et je ne veux pas. Les seules à savoir ça sont Ashleigh, surement, si elle l’a vu dans mon dossier médical, Charlie et Roxane. Et je ne veux pas que ça change. Mais elle ne peut pas savoir que je ne suis pas aussi faible qu’il n’y paraît. Mais elle le verra. En temps et en heure. Je ne savais pas encore que ça serait précipité…

J’écoutais Camille, attentivement. Il parlait de choses que je ne connaissais pas, qui me dépassaient. J’apprendrais, en temps et en heure, ce à quoi il faisait allusion. Je demanderai à Roxane, ou à Charlie. Si elles voulaient m’en parler. Peut-être que ça ne me regardait pas. Mais si je devais faire partie de la meute, ne devais-je pas connaître son histoire ? Et l’histoire des miens, des nôtres, des métamorphes ? Il était temps que j’en apprenne plus. Et que j’apprenne à les connaître. Même si c’était précipité. Je fronçais les sourcils en entendant Camille parler à voix basse à Roxane. J’étais juste à côté, mais j’entendais. Et je ne comprenais pas. Roxane n’était pas comme ça. Je ne disais rien, pour autant.

Pas plus que je n’écoutais Roxane qui m’intimait de me calmer, de me contrôler. Je me contrôlais parfaitement, même si elle ne s’en rendait pas compte. Bien sûr, j’étais en colère, vexée, blessée. Mais ça ne motivait pas ma transformation, pas du tout. Il n’était pas question de mes sentiments, mais de prouver que je n’étais pas l’enfant inutile que tout le monde voyait. Je pouvais être chétive sous ma forme humaine, je ne l’étais pas sous ma forme animale. Pas sous celle de tigresse, du moins. J’entendais les excuses de Roxane, mais je n’y prêtais guère d’attention. Je ne lui en voudrais pas. Elle ferait ce qu’elle avait à faire, ne comprenant pas que je ne voulais pas mettre la meute à feu et à sang. Ne comprenant pas ce que je cherchais à prouver. Je le lui dirai, plus tard. Elle savait que je n’étais pas sereine quand je me transformais en tigre, que je devais maintenir un contrôle conséquent quand je le faisais, ne pas relâcher mon attention un instant. Je lui expliquerai, si elle ne comprenait pas. Elle le ferait plus tard, peut-être, d’elle-même.

Mais moi je comprenais. Malgré la colère, malgré les œillères que je voulais placer autour de mes yeux. Je savais pourquoi Charlie agissait ainsi, même si je me refusais à le reconnaître. Et je devais lui prouver à elle aussi que je n’étais pas seulement l’adolescente faible qu’elle connaissait. Je poussais Roxie, alors qu’elle me bondissait dessus, avant qu’elle ne m’atteigne – montrer que je ne suis pas sans ressource, encore. Puis me soumettre, alors qu’elle n’est qu’à très peu de distance de ma gorge et pourrait la déchirer. Je suis parfaitement calme, là, en l’instant. Je me surprends moi-même. Je n’ai pas peur, je sais que j’ai agi comme il le fallait. Même si je n’en saisis pas bien l’implication, l’Ulfric me le confirme alors qu’il déclare que je me comporte comme une louve. Ce que je voulais, ni plus ni moins. J’acquiesce d’une manière bien humaine, alors qu’il nous ordonne de nous retransformer. Je ne m’étais pas souciée du mouvement de défense que certains loups avaient initié. Je n’étais pas menaçante, ils s’en seraient rendu compte bien assez rapidement. Je me retransformais, rougissant de ma nudité que je n'étais pas habituée à exposer et étant plutôt à mal à l'aise de le faire, mais restant digne, regardant droit devant moi, défiant quiconque voudrait encore parler de ma faiblesse. Je n’étais surement pas la plus forte, loin de là, mais je m’entrainerai, s’il le fallait. Et personne ne me ferait revenir sur ma décision.

Et ben voilà, elle venait de lancer un pavé dans la mare. La situation était jusqu'à présent molle comme une douce nuit d'été, elle venait de déclencher un Tsunami. La tension monta d'un cran, comme elle s'y attendait ce fut Mike qui réagit le premier. Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine en entendant son nom être dit de manière aussi forte. Il pouvait pester en espagnol autant qu'il voudrait elle resterait droite et n'en démordrait pas, Alexis n'avait rien à faire là. Pas parce qu'elle était trop faible ou quoi, elle n'avait pas véritablement le droit de juger ça mais parce que c'était dangereux au vu de sa situation. Si quelqu'un l'apprenait elle était fichue et même Constance pèterait un câble si elle revenait tous les quatre matins en sentant le chien mouillé. Elle se mordit la langue pour ne rien répondre à Mike mais c'était plus fort qu'elle.

« Un débat ? Encore faudrait-il que les intéressés prennent la peine de répondre. » dit-elle à mi-voix consciente qu'elle en avait assez dit en criant pour aujourd'hui.

Tout le monde était tendu, tout ça parce qu'elle avait dit une stricte vérité : personne se bougeait le fion et ils attendaient simplement que les choses se passent. On demandait aux métamorphes de parler et ils restaient passifs, quant aux loups on leur demandait d'attendre comme des piquets et de la mettre en veilleuse. A ce rythme dix ans plus tard on y était encore. Une métamorphe s'avançait d'ailleurs pour lui reprocher ses propos. Elle aurait voulu lui répondre simplement d'aller se faire voir parce qu'aucun d'eux n'avez la force de dire ce qu'ils pensaient. Elle n'était peut-être pas aussi forte que tout le monde le voudrait et faisait pas mal d'erreurs mais au moins elle donnait des réponses quand on lui posait une question. Elle se contenta de lui répondre par un soupire et un regard blasé. Si elle voulait une réponse à sa question elle n'avait qu'à regarder ses comparses qui attendaient Dieu sait quoi pour réagir.

Mais elle finit par baisser la tête en entendant l'Ulfric lui rappeler de manière subtile son propre échec qui ne lui permettait pas de juger Alexis. Elle pinça les lèvres et devait se faire à l'idée que personne ne comprendrait que dans le fond le seul problème qu'elle avait c'était Alexis même elle ne comprenait pas pourquoi elle l'affichait comme ça. Elle n'écoutait plus rien, concentrée sur les possibilités pour éviter l'inévitable. Ce n'est qu'en sentant l'air se charger d'une certaine pression qu'elle releva les yeux vers la jeune fille qui se métamorphosait en tigre. Roxane avait agit de manière plus rapide pour intimer au tigre de calmer ses ardeurs. La Louve quant à elle n'avait pas bougé d'un centimètre en comprenant ce qui se passait.

L'Ufric parla de reprendre figure humaine, elle l'entendit dire qu'elles avaient toutes deux une attitude de louves. Il manquait plus que ça. Elle était en train de retirer son manteau quand Alexis repris forme humaine nue comme un ver. Elle lui lança le vêtement à elle d'en faire ce qu'elle voulait mais se retrouver complètement nue devant tout ce monde ne devait pas lui faire terriblement plaisir. Elle eut du mal à réprimer un regard triste dans sa direction. Elle ne voulait pas comprendre ce qui l'avait poussé à faire ça et elle ne voudrait sans doute plus jamais lui parler. Avec un soupier lassé elle s'éloigna du groupe, vu qu'on ne leur demandait pas leur avis en fin de compte (pourquoi les avoir fait venir s'ils ne voulaient pas qu'ils réagissent ?).

Les mains dans les poches elle rejoignit Isadora, sans le moindre sourire, elle n'avait même pas envie de faire semblant et visiblement l'ancienne exécutrice n'était pas d'humeur. Son regard se posa sur le jeune loup qui s'amusait dans les branches sans se soucier de ce qui pouvait être dit plus loin. Le dos tourné au groupe, elle n'avait aucune envie d'en savoir davantage sur cette réunion, de toute façon ça ne changerait pas sa vie, elle n'avait pas son mot à dire, elle en avait fini avec leurs conneries, elle avait mieux à faire que de brasser de l'air pour les autres.

J'avais comme la bizzare impression de manquer d'air. De cruellement manquer d'air. Mon avenir, NOTRE avenir, l'avenir des loups et de la meute était en train de nous filer entre les doigts, sans que nous ne puissions rien faire. Je l'ai bien vu, Hayden n'a même pas accepté le point de vue d'Isa, sa propre femme. Que je m'y mette moi aussi ou non, ça n'aurait rien changé. Ou alors en pire. Sans dire que mes confrères allaient se mettre à hurler que j'étais une traitresse quand je prendrais la parole, il ne fallait pas que je contredise ouvertement les dirigeants. Je tenais à garder une certaine position dans cette meute. Quand bien même l'envie de réagir me démangeait, je n'en fis rien. Agir avec pragmatisme, comme toujours.

Je m'efforce d'afficher un air distant, mais c'est peine perdue. Je me crispe, ma louve s'agite, de fait je me tends encore plus pour la contenir. Si l'on me regarde, ça ne passe pas innaperçu. Heureusement je ne sens pas le regard d'Hayden posé sur moi, ou alors qu'un bref instant et il n'en fait pas grand cas. Ou plutôt si, je le connais. Il garde pour plus tard. En dehors de cette réunion. Je voudrais également arriver à ne pas écouter; mais je n'y arrive pas. Mike défend son Ulfric, Camille défend la motion, Roxane sa place. L'opposition d'Isa est vaine. Charlie réagit à son tour, de manière brutale et impulsive. Ses mots sont vrais, ses mots sont vains. Je le sais, sinon je l'aurais rejointe. Elle que je méprise tant. Mais sa fureur fait réagir Alexis, que je vois se transformer en tigre. Rien qu'avec son dossier médical, je sais à quoi m'attendre avec elle. Son nom passe la barrière de mes lèvres dans un murmure. Alexandra, qui était devenue Alexis. Une enfance toute aussi dure que la mienne. Pourquoi m'étais-je attachée ? Parce qu'elle m'avait attendrie. Il fallait bien que je me l'avoue. Et là, elle s'apprêtait à faire une grosse c#nnerie. Une formation se créa autour des dirigeants, moi même, d'instinct j'esquissais un pas vers eux. Mais il n'y avait rien à craindre, je savais qu'Alexis ne s'en prendrait pas à eux. Hayden calme le jeux rapidement, Charlie part boudeuse et la métamorphe se retrouve nue.

Quant à moi, j'ai profité des quelques secondes d'innattention générale pour m'écarter discrètement. Je me rends compte qu'Isa a fait de même, son fils perché dans l'arbre. Je vois Charlie la rejoindre d'ailleurs, mais je reste dans mon coin, me contentant de jeter un regard à l'ex éxécutrice. Je n'avais rien à lui dire; sinon que j'étais amplement d'accord avec son point de vue.

Je ne peux tout de même pas partir décament, je me contente de m'adosser contre un arbre, à quelques mètres d'Isa et Charlie, et de calmer ma louve et mon sang bouillonant.

Je ne savais pas encore la direction que la conversation allait prendre mais j'étais persuadée d'une chose, cela ne me plairait pas le moins du monde. C'était bien beau que le nouvel ulfric veuille marquer son territoire, mais là, il allait bien trop loin dans ces réformes ! Jamais aucun ulfric avant lui n'avait fait cette proposition, et ceci était bien pour une raison. Même si nous étions des cousins, nous n'étions pas fait pour vivre en meute ensemble, jamais ! Mais il semblerait qu'il veuille se tirer une balle dans le pied en agissant de la sorte. Pourtant, je restais dans l'attente pour le moment, avant de me mettre en avant parce que tout simplement je ne pouvais pas rester là, à ne rien dire, je devais donner mon point de vue et convaincre le mal fondé de cette idée complètement farfelue et à côté de la plaque. Isadora semblait avoir donc encore son mot à dire, et même si je n'appréciais pas tellement la personne, ces paroles avaient du sens. Elle semblait être en désaccord avec son mari. Puis, elle s'adressa à Camille qui était resté bien trop passif jusqu'à présent, comme s'il n'était plus que l'ombre de lui-même. Je l'avais toujours soutenu depuis le début, alors j'attendais sa réaction pour donner la mienne, en espérant allé dans son sens. Isadora disait clairement que sa priorité serait les loups, et qu'elle n'en avait rien à faire de nous, rien à faire. Je pouvais la comprendre, la famille avant tout, et non la faction avant les liens du sang. Si l'ancienne exécutrice réagissait de la sorte, alors il y avait de fortes chances que les autres pensent la même chose, non ? Elle ne me semblait pas être un cas à part malheureusement. L'ulfric répondit donc à ces paroles. Il n'approuvait qu'à moitié sa femme. Et dire qu'ils s'étaient mariés, je commençais à me demander pourquoi mais là n'était pas le sujet. Et ce qu'il dit ne me plu pas du tout.

Si nous intégrions la meute, les loups devraient subir notre présence, une décision que je jugeais idiote car imposée véritablement contre la volonté d'une majorité apparente. Le groupe des métas n'étaient pas forcément dans une démocratie, mais à l'entendre dire, nous ne pourrions même pas donner notre point de vue, ce que je ne pouvais pas tolérer. J'écoutais donc les réactions de chaque côté. L'une des plus vives fut celle de Charlie qui m'étonna un peu. Je la connaissais un peu et elle semblait être plus impulsive que je ne le pensais. Elle accabla son amie en lui disant des choses qui m'aurait vexée. Pour qui se prenait-elle ? Pour quelqu'un d'important alors qu'à ma connaissance elle n'était qu'une simple louve. Mike le lui fit d'ailleurs comprendre. Alexis n'hésita pas à se transformer d'ailleurs. Je voulais réagir mais je ne fis rien car Johan posa une question qui était à mon sens importante. Si nous n'acceptions pas de rejoindre à proprement parler la meute, l'ancien accord tiendrait-il toujours ? Ou serions nous seul ? Camille semblait en tout cas avoir choisi son camp, et il rejoignait les loups, Roxane et Alexis avec une facilité déconcertante. Je ne le reconnaissais plus vraiment là. Où étais le Camille que je connaissais ? Certainement pas parmi nous. Même si on lui avait parlé de cette réforme avant, qu'il avait eu le temps d'y réfléchir, je le voyais mal dire et agir de façon aussi prompte alors qu'il n'avait pas décroché un mot avant qu'Isadora ne lui adresse la parole comme s'il était un simple métamorphe, et non le Camille qui s'était mué en leader au fil des ans. Bref, je ne savais plus où me placer dans tout ça. Roxane demanda à Alexis de se calmer se transformant en louve alors que ma petite Dafné s'énervait à son tour. Elle n'aurait pas du dire les choses de cette façon en usant de plus de diplomatie, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, Charlie avait été blessante, encore plus qu'Isadora qui ne nous visait pas directement même si ... La réponse de l'ulfric fut clair, c'était accepté ou décamper. Non mais je rêve, c'est quoi cet ultimatum là ? Bon, l'ulfric à parler, et personne derrière lui n'a dit un mot, je dois donc réagir ! Maintenant !

" Avant que vous ne partiez, j'aimerais dire un mot. Je ne vais pas me proposer pour être Jolfr, ce rôle ne m'intéresse pas. J'ai écouté tout ce qui a été dit, et je ne suis pas d'accord sur des points. J'aime, cher ulfric que vous marquiez votre territoire de la sorte, des réformes, c'est une bonne chose mais là, vous allez clairement beaucoup trop loin. Je ne connais pas toute l'histoire de la meute d'Ecosse, mais jamais les loups et les métamorphes ne sont alliés de la sorte auparavant. Jamais. Et c'est bien pour une raison ! Même si nous sommes cousins, nous sommes une famille lointaine, est ce pour autant que nous devons nous rejoindre dans ce cocon qu'est la meute ? Non, je ne le pense pas, pas du tout. Le système que nous avions jusqu'à présent était idéal au vue des derniers événements. Je trouve cela dommage de vouloir le changer et le laisser sur le bord de la route ceux qui ne sont pas d'accord pour vous rejoindre. Le fait que nous ne soyons pas en démocratie m'irise aussi clairement le poil. Nous n'avons donc pas notre mot à dire ? Si vous décidez de quelques choses nous allons devoir subir ... Et toi Camille tu es d'accord avec ce diktat ? Je t'ai toujours soutenu mais là, je crains que je ne le puisse. Il est clair que la cohabitation telle que vous le désirez va faire des étincelles. Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, ne vous en déplaises. Je m'excuse pour cette longue tirade, mais je ne peux pas aller dans votre sens, pas avant plus de réflexion, car entendre ça, d'un coup s'en s'y être préparé avant et bien ce n'est pas possible pour moi. Je pense qu'avant de dire un oui définitif cher métamorphe que vous devriez bien réfléchir au pour et au contre de cette affaire. "

Et je m'arrêtais là, car à mon sens, j'aurais pu parler encore et encore sans que cela n'ai plus d'impact.

J'observais une partie des loups qui foutait simplement le camps de la discussion. Non, mais je croyais simplement rêver là, ce n'était pas possible, dans quel cirque étions-nous ? Cela était clair pour moi, il se fichait bien qu'on les rejoigne, ils ne voulaient pas de nous, Charlie l'avait dit clairement, et au vue du comportement des autres, elle avait dit tout haut ce que la majorité pense tout bas. Mais ce qui me décevait le plus dans cette histoire, c'était le comportement de Camille. Mais que lui arrivait-il ? Qu'est ce qu'il avait fumé pour rembarrer Dafné de la sorte ? Il lui parlait comme si elle était son chien et encore, il lui aurait mieux parler à son chien. Je sentais tout le désappointement sur le visage de l'hermine. Je commençais à bien la connaître et ce n'était pas en parlant de la sorte qu'il arriverait à la convaincre, à la récupérer. Camille avait des propos bien trop sûr de lui, comme si on lui avait fait un lavage de cerveau. L'ulfric avait été semble-t-il très convaincant dans ces propos pour que le corbeau agisse et parle comme s'ils étaient de grands amis de longues dates. Je ne reconnaissais plus l'ami que j'avais connu il y a de cela quelques années alors que nous formions les métamorphes en un groupe qui serait alors soudé, jusqu'à aujourd'hui et une réforme voulu par l'ulfric de la meute et adoubée par celui qui se faisait appeler notre leader. Ces paroles semblaient être si limpides, elle semblait pas être contestable, et ce qu'il me répondit me fit faire une grimace encore pire que celle qu'il avait fait en m'écoutant raisonner de façon logique ! Il n'avait plus de logique là, plus rien, à croire que son cerveau d'humain était véritablement remplacé par le cerveau du corbeau. Je serrais les dents. J'avais envie de m'approcher de lui et de lui mettre une baffe pour le faire réagir ! Tu es conscient de ce que tu es en train de dire ? Non, il avait été drogué, je ne sais pas, je n'avais pas de mots pour dire la totale hérésie qui sortait de sa bouche. Je n'attendais pas que l'ulfric réponde à mes propos, je réagissais immédiatement à ce que mon ami, si je pouvais encore l'appeler comme ça, disait, à cette trahison qu'il était en train de proférer.

" L'union fait la force, je le crois et je le croirais toujours mais là ce n'est simplement pas réaliste. La situation que nous avions jusqu'à présent été très bien. Pourquoi vouloir la faire évoluer de la sorte ? Je veux bien croire que l'on veuille marquer de son empreinte la meute, en faisant des réformes, mais là c'est simplement stupide. Je ne vois en quoi nous serons plus protégés en agissant comme certains loups le veulent. Ouvre les yeux, regarde, une bonne partie des loups s'est mis à l'écart, car ils ne s'intéressent pas à nous, c'est assez évident pour moi. Des cousins restent des cousins, ils ne deviennent pas nos frères et nos soeurs en un claquement de doigts. Si nous faisons ce qu'ils désirent, nous allons perdre notre liberté, mais aussi notre identité. Rappelle-toi, il y a quelques années à présent, nous avons formés le groupe pour avoir cette identité commune justement. En agissant comme tu semble le vouloir, nous perdons cette identité à nouveau. Je ne sais pas quels ont été les arguments qui t'ont été donné, mais j'ai comme l'impression que tu as subis un lavage de cerveau, tout est différent chez toi, ton attitude, tes actions, tes propos. Tu n'es plus que l'ombre de toi-même. Je t'ai toujours soutenu jusqu'à présent, et tu me brise le coeur là, sincèrement. Pourquoi ne pourrions nous pas continuer à vivre et à agir comme nous le faisions à présent ? Où est le mal à continuer d'agir de la sorte ? "

Mes yeux s'étaient remplis de larmes, pour plusieurs raisons. Je détestais dire ce que je venais de dire, ça me faisait mal de me délier de Camille, car je l'avais toujours soutenu. La seconde était une colère sourde qui s'était peut être un peu sentie dans ma voix, j'étais en colère contre lui, mais surtout contre cet ulfric qui lui avait semble-t-il retourné le cerveau. Je ne savais ce que les deux me répondraient mais il semblait être clair que j'étais contre cette réforme, improbable, désuète, idiote, qui ne correspondait pas le moins du monde à la réalité des choses.

la Fronde. C'est ce que je récolte pour prendre les décisions qui feraient de nous une force unie et prête à survivre au plus grand défi de notre histoire. La fronde de ma compagne, la fronde de mes plus jeunes loups, la fronde des métamorphes. Je finis par croire que les détracteurs de la Meute ont raison. Les métamorphes ne pensent finalement pour beaucoup qu'à eux et leur petit confort. Aucun soutien ne me vient de Mary. Est elle dépassée par les évènements ou choquée de la tournure que prennent les choses, qui nous semblaient pourtant si naturelles ? Charlie, Isa, Johan, les petits, Ashleigh, tous tournent le dos à la réforme. La rouquine reprend la parole. Je n'aime pas l'ironie et le sarcasme dans sa manière de s'adresser à moi. Ais je fait preuve du même irrespect en m'adressant à eux ? Non. J'ai posé les choses clairement, calmement, en prenant leur défense. Mais son individualisme et son égoïsme forcené reprennent le pas. Lees métamorphes sont, je le sais, bien moins soumis à un instinct grégaire, un besoin de collectif, que nous autres loups. Ils vivent seuls et ne se sentent jamais aussi bien qu'en solitaire. Je le savais, mais je pensais qu'on pourrait surmonter tout ça, nous notre repli sur nous mêmes et eux pareil. Camille intervient dans le sens de cette union de nécessité. Je crois savoir, selon des rumeurs, qu'il aurait lui même été l'objet des vampires et en tiendrait rancune tenace. Normal qu'il défende ce rapprochement. Il laisse le choix pourtant à ses partisans, qui semblent le dévisager comme s'il est devenu fou. Et quoi, vous ne voulez pas survivre, vous ? Je reste estomaqué de ce que redis la rouquine derrière. Stupide. Je suis stupide ? Stupide de vouloir sauver les miens ainsi que sa misérable peau d'ingrate ? Je gronde, le loup en moi et l'Ulfric m'imprégnent et je dois me maîtriser pour ne pas me transformer. Je dois intercepter Isadora au passage qui remonte les rangs comme une furie. Je la bloque d'une main contre son torse, la maintenant derrière moi et lui lançant le regard sombre qui fut autrefois l'apanage de mon propre père. Je comprends ton combat et ta fierté ma louve. Moi aussi, je t'aime. Mais je ne me laisserais pas insulter.


Je m'avance vers la rouquine, et respire profondément.


| Alors tout cela n'est qu'un coup politique ? Je suis un chef stupide ? C'est ça que tu veux dire ? |


Je me retourne vers la Meute et l'ensemble de la communauté.


| Le pouvoir m'indiffère, nos petites querelles aussi, et je ne pense pas que nos différences soient insurmontables. Personne ici n'a compris ce qu'il se passait autour de nous ? Les vampires ont mené nos espèces à leur perte presque deux fois successives ces dernières années, pendant les années sanglantes, et en montant mon propre père contre notre cause. Oui, vous avez bien entendu. Il nous a trahis pour eux. Pour le pouvoir qu'ils lui promettaient. Les vampires ne sont pas nos amis. Les semis démons nous ont causé eux aussi grand tord. Et quoi ? Vous voulez continuer à attendre que la prochaine tentative suffise à nous exterminer ? Je ne force personne à nous rejoindre, mais la Meute n'a ni les forces ni le pouvoir de protéger ceux qui n'en font pas partie ; nous ne sommes plus assez nombreux et nous sommes trop surveillés pour ça. Mes loups accueilleront ceux qui le veulent, au vu des réactions des autres qui se défient de nous, comme leurs frères, car ces métamorphes là auront prouvé qu'ils n'étaient ni ingrats ni égoïstes comme certains autres, qu'ils veulent bâtir un futur commun où tous les changeurs ont un avenir. |


Je reviens vers la rouquine, du même regard vindicatif.


| Je ne me laisserais pas insulter plus longtemps. Mes loups ont raison de se méfier de certains d'entre vous, si vous êtes incapable de concevoir de faire cause commune avec nous. Vous avez le front de m'insulter sur mon territoire, devant les miens. Je pourrais réclamer votre peau mais je ne salirais pas mes crocs avec votre lâcheté et votre irrespect. Tirez vous d'ici, vous avez fait votre choix. |


Je jette un regard à Mike. Si la rouquine n'obtempère pas, il devra la foutre dehors manu militari. Je me retourne vers la congrégation.


| Je suis pour cette union et ferais tout pour qu'elle fonctionne. Je garantis que mes loups en feront de mêmes, pour ceux qui voudraient devenir leurs frères. Mais maintenant, je ne peux rien vous dire de plus pour vous convaincre. Si vous ne souhaitez pas nous rejoindre, si vous préférez l'égoïsme à l'unité face à nos ennemis, partez maintenant. Que ceux qui restent se préparent à sceller le rituel de la fraternité. |


Ce regard qui ne me uitte plus en dit long. J'ai été plus libréal et humaniste que tous les Ulfrics précédents. Les métamorphes n'y voient pas leur chance ? Je ne vais pas les forcer. Que l'un d'entre eux ou un de mes loups me défie encore, et je n'aurais pas d'autre choix que de provoquer le fauteur de troubles en duel. C'est ça, ou renoncer au pouvoir et provoquer un nouveau cycle d'instabilité qui sera fatal à la Meute.

S'éloigner de tout ce bordel c'était la seule solution que la Louve avait trouvé. Visiblement les loups s'étaient tendus en l'entendant réagir de la sorte parce que ça montrait peut-être un peu trop le caractère impulsif des Lupins. Les métamorphes quant à eux semblaient vexés qu'on pointe du doigt leur caractère passif. Si elle était restée là à répondre à Dafné elle aurait sans doute eu des mots ou des gestes déplacés parce que tout ça c'était trop.

Le ton semblait monter avec Camille qui tentait d'exposer son point de vue, Elecktra qui ne le comprenait pas... Son regard se perdit parmi les branches où le jeune Loup grimpait. En rejoignant Isadora elle avait dans l'idée de lui demander de reprendre son entraînement. Elle n'avait aucune envie de le demander à Mary. Parce que Mary c'était un animal politique qui plaçait ses pions si elle en avait besoin et Charlie n'avait aucune envie de se retrouver embarquée dans un truc qu'elle ne comprendrait qu'en partie. Isa au moins était franche, honnête et elle vivait uniquement pour la meute l'exemple sur lequel elle voulait s'appuyer. Les mains dans les poches elle se rapprocha d'elle alors que Ashleigh les avait rejointes en restant à l'écart malgré tout.

« Isadora, je voulais juste vous demander si vous pouviez reprendre mon entraînement. L'Ufric a dit qu'il vous en parlerait et que je devais choisir entre vous ou Mary pour faire... »

Elle ne savait pas vraiment s'y prendre mais en gros elle voulait juste lui dire qu'elle préférait lui faire confiance à elle plutôt qu'à la Lupa pour son cas personnel. La Lupa était ce qu'elle était, il n'y avait rien à dire mais elles ne parviendraient pas à s'entendre et ça risquait de virer au bain de sang assez rapidement si Charlie s'énervait comme elle venait de le faire à présent.

Elle essayait de mettre des mots sur ce qu'elle pensait tandis que Johan les rejoignait. Elles reprendraient peut-être cette conversation plus tard car déjà elle entendait Elecktra craquer littéralement. Les réactions qui allaient en découler ne seraient sans doute pas très belles à voir. Le manque de respect dans ses propos allaient en froisser plus d'un. Mais que pouvait-elle vraiment faire dans le fond ? Y aller et lui dire de se calmer ? Elle était franchement mal placée pour faire ce type de remarque mais après un coup d’œil à Isadora celle-ci était déjà partie. Elle se rapprocha de Johan en entendant Hayden répondre à tout le monde.

« Leur identité... On aura tout entendu, comme si on allait les forcer à devenir des loups. »

Charlie n'avait plus le choix, elle devait rester à l’écart pour éviter d’attiser les fureurs qu'elle avait déclenché. Mais même si elle avait décidé de lui tenir tête avec certains de ses propos elle restait tout de même confiante quant à sa manière de diriger la Meute.

L'ulfric réponds à ma mise en condition comme je le pensais. Oui, il a très bien compris : sa réforme dans son ensemble est mauvaise. Même les loups s'en sont allé, pour moi cela prouve tout. Mais il semblerait que mes propos soient reçus d'une mauvaise façon. Pourtant, ils ne sont que le reflet de la vérité des faits. Pourquoi vouloir faire de nous ce que nous ne sommes pas ? Toutes ces années, je suis venus souvent ici, sans appartenir à la meute, j'ai combattu à leurs côtés, mais il semblerait que tout cela soit balayé d'un coup à cause d'une réforme qui n'a pas lieu d'être mais surtout à cause de mes propos qui ont voulu faire éclater une vérité que les loups et Camille ne semblent pas comprendre. Moi qui avait fait les efforts avec lui pour créer une osmose entre nous, il est en train de tout faire foirer et de baiser les pieds de l'ulfric. La lupa est muette, je me demande si elle a vraiment envie de cette réforme. Pourtant, je le vois dans le regard du loup qui me fait fasse, c'est moi qui suis en tord. Il s'approche, il veut me faire peur mais ce n'est pas le cas. Je sais que je suis plus faible que lui, même transformée, mais qu'est ce que j'en ai à faire ? Il ne va pas me tuer là, tout de suite pour des propos qu'il n'a pas compris. Je l'écoute donc, je sais que les autres loups ont entendus ce que j'ai pu dire. J'avais simplement dit les choses comme elles devaient être dites, mais il avait pris ça pour un manque de respect. Il ne devait pas avoir l'habitude qu'on discute ces décisions le nouvel ulfric, que quelqu'un se montre un peu à la hauteur, il faut dire qu'il avait à sa botte des toutous bien dociles. Mais je me gardais d'en dire plus, je ne voulais pas attiser les flammes qui étaient là, je n'avais pas envie de faire en sorte que le feu qui était là ravage tout. En tout cas, les métamorphes en présence m'avaient entendu, à eux de voir ce qu'ils voulaient faire à présent. Isadora que je n'appréciais pas du tout, vint mettre son petit grain de sel. Je la regarde cracher son venin, je regardais son mari et je disais quelques mots.

" Bien, je pense qu'il est assez clair que nous n'arriverons pas à être d'accord cher ulfric, et vous autres loups. Je ne suis pas quelqu'un d'égoïste, j'ai toujours œuvré pour les métamorphes, j'ai simplement du mal à comprendre pourquoi du jour au lendemain, nous serions obligé de rentrer dans la meute alors que notre union était très bien. Bonne chance à vous pour la suite, je vais la préparer de mon côté. "

Mon regard se portait sur Dafné, je ne savais pas si elle serait avec moi ou pas. Je tournais les talons, je n'avais strictement plus rien à faire ici. J'espérais ne pas être la seule à partir maintenant, mais bon, si c'était le cas, je commençais à élaborer la suite.