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Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Fév - 20:00

Je devais au moins reconnaître que la vie avait un court on ne peut plus normal pour moi ces derniers-temps. Je n’avais pas eu à particulièrement m’inquiéter de ce qui était arrivé. Je menais ma petite vie tranquille malgré le fait qu’elle n’était pas banale mais quelque part, c’était ma banalité à moi. Je profitais de mon temps libre pour passer d’un réseau à l’autre, tenter de rentrer dans les dossiers de gens intéressants ou dangereux pour moi, je couvrais mes traces évidement. On était jamais trop prudent. D’autant que j’avais depuis peu un projet qui me trottait dans la tête. Les vampires avaient ouvert un nouveau lieu pour les leurs et j’étais curieuse de voir si la sécurité était aussi bonne qu’ils le prétendaient. J’avais les moyens de tester leur système, je n’allais pas me gêner mais pas tant que je n’étais pas certaine de mon coup.
Toujours est-il que j’allais bientôt devoir aller au boulot, je faisais partie des meubles même si j’en avais changé il y a quelques mois. J’avais un style particulier, une originalité qui ne courait pas les boîtes de strip-tease.

Une fois sur place, j’avais enfilé la première tenue du jour. Je commençais toujours plus vêtue que la moyenne mais j’étais une des rares à daigner faire de l’intégral, les clients le savaient et ça payait mieux que bien. Si certaines hésitaient à s’approcher de la clientèle, je n’étais pas de celles-là non plus. Je jouais avec elle, j’étais toujours à la limite. En revanche, je n’étais pas physionomiste pour un balle, je ne me souvenais que de ceux qui filaient un max de billets et souvent. Ces oiseaux-là n’étaient pas si fréquents.
Pour moi, c’était une soirée comme les autres, du moins, jusqu’à ce qu’on vienne me chercher à contrecœur. J’haussais un sourcil, enfilant une veste par dessus ma prochaine tenue. Bien plus légère, la danse et le strip suivant serait salissant au possible. Je réclamais un scotch en passant, me dirigeant vers l’endroit que la barmaid m’indiquait du menton. Une alcôve à rideaux, monsieur, ou madame était discret. J’attrapais mon scotch à peine lancé sur le comptoir et passait le rideau. Un homme. Perchée sur treize centimètre de talons, je posais mon verre.

« Bonsoir... Je suis curieuse de savoir combien vous avez payé la petite nouvelle pour réussir à la convaincre de venir me chercher et combien vous avez ajouté pour qu’on vous installe ici. » La politesse ne tuait personne même si je gardais rarement autant de retenue. Si j’avais une clientèle qui réclamait du vous, elle était assez rare malgré tout. Je ne pratiquais pas la langue de bois, mes questions je les posais sans détours. Je n’étais pas là pour du privé, je ne le faisais pas ou alors pour des enterrements de vie de garçon, le plus souvent et jamais sans l’un des videurs. En l’occurrence, j’avais toujours droit à un vampire, mon patron veillait sur son investissement farouchement. Et puis le vampire avait toujours droit à son petit encas.
Ce que je gardais pour moi, c’était que l’homme en question avait réclamé Amalia et non pas Nizaël et que mon prénom n’était connu que du patron et de quelques rares personnes. De quoi m’intriguer, c’était certain.


Dernière édition par Amalia Thorne le Mar 4 Mar - 12:39, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Fév - 21:21

    J'étais en quête de pas mal de choses, ce soir. Hors travail. Hors obligations de n'importe quel genre. Krystel était partie pour un voyage rapide en France. Pourparlers pour une trêve plus durable dans ce pays. Là bas comme à plusieurs autres endroits du monde, les choses restaient dangereuses. Elle n'avait pas voulu de moi, tenant à ce que je me repose, que je fasse le point. Les évènements s'enchainaient tellement rapidement. Seul au manoir, ne parvenant à m'occuper toutes mes journées, les jours défilaient lentement. Je voyais Cora, parfois. Mais tout n'était pas encore arrangé entre nous. J'avais décidé de sortir. Sans Erin. Je l'avais fait savoir à Krystel, qui comprenait, et qui me fit passer le fait qu'elle ne voulait en aucun cas que je me mette en danger. D'abord, j'avais décidé de sortir m'acheter quelques nouvelles tenues. J'avais ruiné un costume avec Krystel. J'en avais ruiné un autre avec Erin. J'avais beaucoup usé mes tenues de combat, mais j'en avais tellement à disposition que cela ne me posait pas de problèmes. Je n'avais jamais été shopping. L'affaire était expédiée en dix minutes chez le tailleur attitré de la Reine. J'avais payé par carte. Peu de mots échangés. Pas de musique dans la voiture. Personne qui ne parlait en fin d'après midi quand je m'arrêtais manger dans un petit fast food de la périphérie de la ville ; j'étais le seul client. Je pensais alors, mourrant d'ennui et de solitude, à offrir une petite attention pour ma Reine lors de son retour, alors que son absence me brûlait déjà. Je me sentais vide et creux, dénué d'intérêt. J'avais un besoin vital d'elle, de sa présence, de sa proximité. Je me sentais déjà dépérir, et cela me perturbait. Je n'avais jamais ressenti cela avec quiconque. Jana me manquait autrefois, et ce manque était cruel ; j'avais perpétuellement mal à l'époque, une souffrance indicible, de tous les instants. Là, ce n'était pas pareil. Je n'avais mal nulle part. Mais je me sentais seul. Seul et vide. Isolé dans ce vaste monde. Un fantôme. Un fantôme qui se laisse hanter.


    Un présent. Je voulais offrir quelque chose à Krystel. Qu'elle se détende, qu'elle s'amuse. J'avais pensé à des tenues, mais elle en avait bien plus que je ne pourrais jamais en rêver et une imagination sans bornes dont j'étais cruellement dépourvu. Je n'avais aucun goût vestimentaire et n'y connaissait rien en couleurs. Une bonne bouteille ? La blague. Elle est vampire. A moins que... Oui. Bien sûr. J'allais lui ramener une petite gâterie, un met délicat. Une femme à caractère, aussi belle que sauvage, indomptable. La Reine Rouge aime ce genre de friandises qui lui résiste un temps. Comme Erin. Je me demandais toujours combien de temps mon alter ego allait il continuer de résister à la tentation de la plus vieille femme du monde ? Elle finirait par devenir sienne, c'était inéluctable. Et plus longue sera l'attente plus grand sera le désir de Krystel. J'appelais son « cuisinier » personnel, un espèce de chasseur de têtes qui ne furetait pas pour le meilleur employé, le moins cher et le plus qualifié, mais pour ce qui ravirait le plus sa dirigeante. Un vampire expert en goût, en sang, expert en divertissements. Il me confia qu'il avait des vues sur une danseuse de charme, repérée par l'un des gardes. Il m'envoya l'adresse, même s'il aurait préféré la garder pour lui, que les faveurs de la Reine soient dirigées sur sa personne. Je l'assurais qu'il ne serait pas oublié. Je me rendais au bar en question, et commandais un whisky vingt ans d'âge. Hors de prix, mais j'étais un homme de moyens. Ou plutôt je partageais la vie d'une personne de moyens. Je le sirote, je demande au barman d'appeler son patron. Des billets changent de main. On m'amène dans un salon privé, voilé du reste de la pièce. La musique est tellement fort qu'on n'entendra rien. Ca vaut toutes les précautions d'une pièce soit disant insonorisée. J'analyse mon environnement, et me pose sur le fauteuil de cuir, laissant tomber ma veste que j'accroche au porte-manteau, le holster caché dans l'une des grandes poches internes. Je tire un peu sur ma cravate pour la délier légèrement. La fille entre. A peine vêtue. Belle. Jeune. Je soupire. Suis je condamné à ne rencontrer en dehors de Krystel que des filles qui ont au mieux dix ans de moins que moi ? Le monde me renvoie l'image d'un homme qui commence à vieillir. Et qui vieillit perd en réflexes et en efficacité. Bientôt, en un clin d'oeil, e ne Lui serais plus utile. Elle me salue, directe. J'esquisse une ombre de sourire.



    | C'est une personne qui t'a remarquée qui t'as recommandée auprès de moi. Six cent de commission pour le patron. Deux mille pour toi. Enorme somme. Il m'a dit que pour cela, je pouvais te faire ce que je voulais y compris te saigner. Ce crétin n'a même pas vu que je n'étais pas un vampire. T'entendre me dire ce que je suis me surprendrait si tu avais une idée de la vérité. Dis moi quelles sont tes limites même si lui n'en a donné aucune. Tu ne seras pas déçue du pourboire, mais j'incarne une clientèle exigeante. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Fév - 21:59

Le métier que j’exerçais avait hélas tendance à être confondu avec le plus vieux métier du monde. En ça, mon patron actuel était un crétin finit sans sens commercial. Il aurait été capable de filer n’importe laquelle d’entre nous à ses clients les plus blindés. J’avais été clair et il n’avait rien compris. Cependant, je n’en eus la confirmation que bien plus tard.
J’étais effarée que la petite nouvelle ait osé venir me chercher. J’ignorais pourquoi mais je lui faisais peur ou alors je l’intimidais, je n’en savais foutrement rien. C’était pour cette raison que j’étais persuadée qu’elle avait été payée rubis sur l’ongle. Peu vêtue pour mon passage suivant en raison de sa nature salissante et qui ne relevait pas forcément du strip-tease mais plus d’une danse de charme voire même de la provocation pure, j’avais enfilé une veste. Je n’avais aucune confiance en la clientèle. Et tant qu’à passer devant le bar, je me prenais un verre, ça finirait sur ma note.

Je passais les rideaux lestés et les refermais derrière moi, posant mon verre. Ma question avait fusé, il avait répondu. Voilà qui méritait d’être honnête. Un mince sourire étira mes lèvres. Mon patron était un abruti et je comprenais à présent ce qui avait poussé la nouvelle à venir me chercher, elle n’avait pas eu le choix. À ce prix, c’était la porte si elle avait refusé. Je levais les yeux au ciel. « Amusant comme cet homme a tendance à oublier que ses danseuses ne sont pas des putes ni des sacs de sang quand il a de l’argent dans les mains. » Mon boss savait très bien ce que je pensais de lui et de ses méthodes. Le prix lui avait fait perdre le peu de bon sens qu’il avait. « Quand bien même vous étiez un vampire, ça n’y changerait rien. Aucun nocturne n’a jamais planté ses dents dans ma chair sans mon consentement. » Ce qui n’avait rien d’un exploit, je ne portais pas de bijoux en argent par pure coquetterie même si je ne sacrifiais jamais le style pour le pratique. Sur un ton égal au sien, je reprenais. « Je suis une danseuse, une strip-teaseuse, autrement dit, je suis la pour le plaisir des yeux et pas du corps ce qui n’empêche pas de toucher. J’ai peu de limites aussi, il faudra être plus précis. Que la clientèle soit exigeante ou non, je donne toujours le meilleur. Quant à celui qui m’a mentionné, j’espère qu’il se mordra la langue jusqu’au sang, mon prénom n’est pas un bonbon que je distribue comme on donne des bons points à l’école. S’il est un des vampires qu’il m’arrive de côtoyer... faites lui savoir qu’il se fournira ailleurs si j’apprends qui il est. » J’affichais clairement ma contrariété à ce sujet. Je n’étais pas une marchandise. « Mais puisque vous le connaissez, il me faut savoir si vous demandez Amalia ou Nizaël, il y a une vaste différence. Méditez bien votre réponse, il n’y aura pas de changement d’avis possible ou acceptable. » Une distinction qui semblait ridicule mais qui pourtant valait son pesant. L’un ou l’autre, c’était totalement différent. Celle que j’incarnais en tant que Nizaël était professionnelle, c’était un rôle, un jeu, mon job... S’il me réclamait moi, ce serait autre chose car je n’étais pas à vendre et tout dépendrait de sa personne, de ses volontés. S’il se plantait, il n’aurait rien, même contre deux milles biftons.

Je repris mon verre sur la table et en bus une gorgée avant de le reposer et de m’asseoir, croisant les jambes, découvrant en partie mes jambes et ma tenue pour une danse qui semblait compromise. La plupart des hommes perdaient le fil de leur pensée devant de longues chaussées de pareils talons. Était-il de ces hommes-là ? Irréfléchis, au contrôle relatif et donc problématique ou bien avait-il la tête froide ?


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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Fév - 22:49

    La fille sourit un peu, apparemment ravie que je lui réponde avec autant de franchise. Je ne dois pas ressembler au client type dans ma manière de l'aborder. Physiquement, bien sûr que si. Homme de moyen, la quarantaine, l'air seul sur le visage. Elle devait en voir défiler par bataillons complets. Mais pas avec ce ton professionnel, presque froid. Pas avec cette authenticité dans la réponse, avec ce manque absolu de gêne, de honte, de suffisance née de l'argent. Je ne suis pas venu ici pour la reluquer ou pour la sauter, ni pour lui faire du mal. Je suis venu ici pour le travail. Bien sûr, je compte bien l' « essayer ». Aucun moyen pour moi d'imaginer que je pourrais l'offrir à ma Reine si au final elle n'en vaut pas la peine. Comme cette masseuse pour Cora, qui avait délié tous ces muscles que je passais mon temps à tendre, à gonfler, à meurtrir. Amalia était ici pour satisfaire d'autres manières ces nerfs mis à rude épreuve, ces sensations physiques presque mortes dans ma mémoire mais qui ne demandaient qu'à revenir. Je bois une gorgée de mon verre. Je pense que j'aurais dû prendre une bouteille. Cora est indifférente à mon état d'ivresse, que je contrôle toujours au maximum, et Krystel qui déteste me voir dans un état second est absente. Si cela se trouve, boire la détendra au travers moi. Ce qu'elle peut me manquer, cette diablesse qui joue avec la vie, avec la mort, qui va bouleverser ce monde sous son pas conquérant. La fille semble dépassée par la goujaterie de son employeur. Réveilles toi, chérie. On est toujours l'objet de quelqu'un dans ce monde. En prendre conscience et en faire un avantage est bien plus intelligent que se croire indépendant et libre. Je souris de manière plus prononcée à ses paroles.


    | Tout le monde a son prix. |


    J'en étais l'exemple incarné, même si Krystel ne m'avait jamais acheté à coups de mallettes pleines de billets. Aucun vampire n'avait jamais planté ses crocs pour la boire sans son contentement ? Je ne lui proposais pas autre chose. Dans l'intimité de sa demeure, ma Reine Sanglante ne laissait jamais sa faim prendre le pas sur le libre arbitre de ses donneurs. En fait, elle aimait au moins autant la volonté de ses victimes de se faire sucer jusqu'à la moelle que le sang en lui même. Le sang, elle en aurait toujours d'une manière ou d'une autre. Le désir, la déférence, étaient des choses éminemment différentes. Éphémères et capricieuses. La fille a le même ton blasé que toutes ces prostituées et ces strip teaseuses que j'ai rencontré dans ma longue vie passée dans ce genre d'endroits. Il faudra être plus précis. Vindicative et rebelle. Je comprends le sommelier de la Reine. Il a repéré la perle qui saurait contenter ses nombreux appétits. Encore reste-t-il à la manoeuvrer bien comme il faut.


    | Vous ne pouvez combattre le pouvoir de l'argent. Sauf par le sexe. Ce que vous refusez. Vous ne pouvez donc contrôler ce genre de choses. Vous vous rendez précieuse auprès de vos clients. Mais pas assez. |


    Ainsi va le monde, ainsi en a t'il toujours été. Une différence entre son personnage et sa personnalité elle même ? Du caractère en veux tu en voilà. Je ne médite pas ; je suis un homme qui agit le plus souvent à l'instinct une fois plongé dans l'action. Je ne construis plus de plans dans la « tourmente ». La belle s'asseoit et dévoile sa peau. Je la regarde, appréciateur, comme un amateur de vin devant une bonne bouteille. Joli. Mais ça ne fait pas tout. Je relève mes yeux vers les siens.


    | Je veux Amalia. Nizaël, je ne la louerais pas comme tes autres clients. Si tu me plais, je l'achèterais. Amalia reste libre. Elle devra apprécier que j'apprécie, autrement je ne vois pas l'intérêt de tout ceci. Je n'ai pas l'âme d'un violeur, vois tu. Je ne fais rien aux filles qui ne font ça que pour payer leur loyer, nourrir leurs gosses ou par esprit de rebéllion. Où est le plaisir quand il est arraché. Si ces premiers termes te vont, tu peux finir ton verre et commencer quand tu veux. Ou tu peux me poser d'autres questions, mais l'heure tourne et si je dois rallonger pour te garder, tu devras te surpasser plus encore. C'est toi qui voit. |

Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyJeu 27 Fév - 0:04

J’étais d’un naturel sans gêne et j’aimais qu’on ne s’embarrasse pas de chichis avec moi tant que ça restait raisonnable et poli. Si ça ne gênait pas certaines d’entre nous d’être appelée par des noms d’oiseaux, on ne me paierait jamais assez cher pour ça.
À vrai dire, je m’étais attendue à un client lambda, en goguette malgré le fait qu’il ait en sa possession mon véritable nom mais il y avait quelque chose de plus. La franchise, presque de l’indifférence malgré tout. C’était curieux. Cela dit, il avait raison, tout le monde a son prix, moi aussi. Ça n’était pas tant les manières du boss qui m’emmerdait dans l’histoire mais bien qu’il aurait été capable de me lâcher avec un vampire assoiffé. Savoir, c’est avoir du pouvoir et je ne manquerais pas de m’amuser un peu à ses dépends très prochainement. Les retours de bâtons, ça me connaissait. Mais pour l’heure, j’avais autre chose à penser qu’à ma petite vengeance personnelle.
J’en revenais donc à cette histoire de prix. « C’est un fait. » Et c’était précisément pour cette raison que je luttais contre moi-même et mes ressentiments grandissants. Comment réagirais-je face à ce prix ? Tôt au tard, je devrais me poser la question. Pour l’heure, je ne bradais rien, pas même pour le plaisir.

J’annonçais la couleur, sans ménagement, sans détours. Qu’il apprécie ou non, le résultat était le même. Je lui parlais avec toute la franchise qui était mienne. Je ne me préoccupais même pas de savoir si oui ou non, il aurait pu me coffrer pour mes petits dons du sang de plus en plus occasionnels. Je devais avouer de ce côté-là, que je me permettais très largement de prendre mon pied au passage ce qui n’était pas le cas autrefois. « Il y a des concessions que je ne fais que parce que j’en ai envie, qu’importe le prix si ça n’est pas le cas. Comme pour mon sang, le sexe est affaire de plaisir, pas d’argent. » Voilà au moins qui était clair et ça n’avait rien d’une invitation. J’espérais qu’il avait saisi le message. Dans le cas contraire, je ne voyais aucun problème à lui faire comprendre plus clairement.
Quant à qui il désirait, c’était une toute autre histoire. Je ne faisais pas particulièrement de dissociation par honte ou quoi que ce soit de ce genre, c’était une histoire de confort personnel, de sélection et d’envies. Nous y revenions.

Assise, je laissais entrevoir un peu de ce qui se cachait sous la veste. Il était de ceux à garder la tête froide. Moins problématique mais pas moins dangereux. Il me fixe droit dans les yeux, je ne détourne pas le regard, je le soutiens. Il me voulait moi, pas mon personnage. Il était présomptueux de croire qu’il pourrait acheter ma deuxième peau. Je souris franchement.
Bien. S’il me voulait moi, c’était moi qu’il aurait. Moi l’extravertie, moi l’extravagante, moi celle qui ose tout sans aucune honte ni complexe. Sans répondre, je finissais mon verre et me relevais, ouvrant la ceinture de ma veste sans m’en départir. Je me levais, laissant entrevoir une tenue plus que légère d’une blancheur irréprochable. « Alors c’est moi que tu auras, patiente un instant. » Je me levais et passais ma tête et un bras par le rideau. De quelques signes, je signifiais que j’annulais mon passage et qu’on m’amène ce que je désirais. Mes gestes étaient connus et l’un des videurs disparut en ce sens. Le patron ne releva même pas, il savait que son intérêt était de la boucler à présent qu’il avait gagné son pari avec lui-même, un pari qu’il paierait un peu plus tard.
Je revins à mon client quelques secondes plus tard posant sur la table une bouteille d’un whisky hors de prix. J’avais l’œil concernant les boissons et je me plantais rarement. Par une trappe dissimulée pour ne pas gêner l’œil de la clientèle, on venait de me faire parvenir ce que j’avais demandé. Je me saisis de deux rubans de soie blanche et sans effort ni même hésitation, je montais sur la table tout en laissant glisser ma veste au sol. Je m’avançais jusqu’à lui, mes pieds de part et autre de son verre. « Puisque c’est moi que tu as réclamé, je veux connaître ton nom. » Et pendant que je lui parlais, je passais les rubans dans des anneaux, les gestes fluides, naturels, de ceux qu’on ne remarque pas. Et pour l’instant, je gardais une amplitude de mouvement fluide. J’ignorais évidement qu’il était homme à tout voir car c’était dans sa nature, bien que cela ne l’aiderait pas à deviner ce que je préparais. Avec moi allait de paire la surprise et l’improvisation.


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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyDim 2 Mar - 21:54

Travailler pour la Reine des vampires est un métier et même plus encore que ça, une vocation. Ca ne s'improvise pas, ça ne fait jamais l'affaire de se lancer là dedans sans préparation. Pour arriver à une place aussi privilégiée que la mienne en claquant des doigts. Je n'avais pas été fait à l'origine pour servir une Reine comme elle. Certains pourraient m'y croire destiné, mais ce n'était absolument pas le cas. Le destin n'a rien à voir. Il n'y a pas de destin mais ce que nous faisons, dit l'adage. C'est faux. Il n'y a pas de destin mais ce que l'on nous fait. Krystel m'avait emprisonné, capté comme un gamin bloque une mouche sous un verre. D'un revers de la main, elle m'avait mis hors jeu, elle m'avait préparé à subir la mort par asphyxie, privé de son sang et de l'addiction qu'elle avait fait naître en moi. Mais non. Elle m'avait appris une fois qu'elle eut dominé mon esprit. Elle m'a appris et m'a orienté. Elle m'a rendu destiné à la servir. Je ne l'étais pas à l'origine. Ce qu'elle ne veut pas elle le jette tout simplement. Si la jeune danseuse de ce soir voulait vraiment monter dans sa carrière, elle n'allait pas avoir d'autre choix que celui de se cramer pour son travail, que de s'y donner corps et âme, de s'y investir suffisamment fort pour ne plus vivre pour elle même. Sacrifice hautement idéaliste presque toujours impossible dans la réalité. Mais sacrifice nécessaire quand on a pour ambition de servir le divin sur ce monde et de s''y tailler la part du lion à ses côtés. Je ne savais pas encore quelle serait la réponse de la jeune femme. Quelque part, je m'amuserais probablement des deux. Un rien égayerait cette soirée morne et solitaire, et ce rien je comptais bien le rendre autrement plus intéressant. La fille acquiesce ; elle a donc conscience que son corps et son âme elle même a une valeur marchande. Bienvenue dans mon monde. Mon propre prix a moi avait été de détruire mon âme d'alors pour la reforger, et ce prix était parfois lourd à assumer.


La belle avance qu'elle reste maîtresse de son propre plaisir et de ses envies. Soit. Si elle le pense. Elle n'a donc encore jamais eu à lâcher prise pour subir pire encore. Je ne sais pas si je dois l'envier ou la plaindre alors je choisis ma réaction usuelle qu'est l'indifférence. Je lui souris un peu plus franchement alors que je l'entends discourir sur le plaisir.[/i]


| Non, ma toute belle. Le sexe est affaire de pouvoir. L'argent comme le plaisir ne sont qu'un moyen de l'obtenir. |


Qu'elle dise et pense ce qu'elle veut. Finalement, moi je m'en fiche bien. Ce qui m'importe nettement plus, c'est de commencer à lui montrer ce qui l'attend si elle passe son test avec succès. Après tout, travailler pour Krystel demande quand même un rien de préparation, pour ne pas commettre d'impair. La fille accroche mon regard. Elle n'a pas peur de moi, pas un seul instant. Elle sourit plus encore que précédemment. La danseuse engloutit son verre et ouvre sa ceinture et laisse entrevoir ses « vêtements ». Blancs. Je n'aime pas le blanc, je préfère le noir. Ou le rouge. Voire le bleu. Mais Krystel aime bien, elle. Elle aime surtout le salir de sang, ce qui n'est pas incompatible avec ce genre de distraction.


| J'ai tout mon temps. |


Sauf si je dois payer plus cher. Mais mes exigences iraient alors croissantes. Elle prévient quelqu'un au dehors, probablement pour éviter que l'on nous dérange. Elle revient avec du très bon whisky. Encore un extra ? Heureusement que l'argent coulait à flot... la belle laisse tomber la veste et grimpe sur la table, ses pieds encadant mon verre. Elle me demande mon nom... Et je lui offre mon premier sourire franc de la soirée.


| Je m'appelle Torben Badenov. |


Je ne m'attends pas à ce qu'elle me connaisse. Je n'ai pas peur qu'elle le répète. Quel intérêt pour la police qu'un client de bar de « danse » prétende être quelqu'un qu''ils ont enterré ? Je ne risquais rien de cette vérité, hormis qu'on la prenne pour un mensonge. Peut être a t'elle entendu parler de moi pendant la guerre. Après tout, je menais les humains pro-vampires contre l'armée britannique et contre les loups garous. Je la remarque passer ses rubans dans des anneaux, et je ne sais absolument pas ce qu'elle me réserve.
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Mar - 12:38

Je n’avais pas prévu que ma nuit de travail se déroulerait ainsi mais soit. Les surprises allaient de paires avec ce travail et là, la surprise m’avait rendue curieuse sans être imprudente. Je me méfiais du monde qui m’entourait. Ce monde me voulait morte, ce monde m’aurait volontiers disséqué, je n’étais pas dupe ni naïve bien que je me raccrochais encore à mon humanité. Je n’étais pas encore tout à fait prête à leur tourner le dos malgré le fait que tous étaient prêts à nous chasser comme des animaux. Ils ne valaient pas mieux dans le fond. Tout était question de point de vue.
J’ignorais pour l’instant qui était l’homme en face de moi mais je voulais une réponse et je finirai bien par l’avoir tôt ou tard. Au service de qui il était restait également un mystère mais de ça, je ne me préoccupais pas. Mon existence à elle seule était une menace alors quelques soient ses maîtres ou employeurs, je risquais autant.

Notre conversation quoi que tournant sur le prix de chacun me dérange puisque je tente de maintenir certaines valeurs. J’en ai de moins en moins et j’en suis parfaitement consciente. Lui en revanche n’a pas à le savoir. Qu’il pense que je m’effarouche, que je m’insurge, soit, mieux vaut qu’il ne prenne pas conscience de ce qui me passe réellement dans la tête. Je préfère sourire à ses propos sur le pouvoir. Il a raison mais je me refusais pour l’heure à céder à ce genre d’obtention de pouvoir. « Peut-être aurons-nous l’occasion d’en parler plus longuement un autre jour. »
Pour l’heure, j’avais autre chose à faire, il m’avait réclamé, c’était donc moi qu’il aurait. Je n’avais besoin que d’un court instant pour réclamer ce que je souhaitais. Je lui réservais quelques surprises et je ne doutais pas que ce que j’avais réclamé était en train de faire beaucoup parler dans nos locaux arrière. J’osais tout, ils le savaient, mais ils avaient l’imagination restreinte pour aller jusqu’où j’allais d’autant qu’il venait de m’annoncer qu’il avait tout son temps. Parfait.

Le whisky que j’avais posé sur une table proche de lui mais pas sur la table centrale était payé de ma poche, pas de la sienne mais cela, il l’ignorait. Il avait payé bien assez pour que je le lui offre. J’étais tout de même sympathique.
Sur la table, les poignets enroulés à présent dans les rubans, ces derniers m’encadrant, lâches, j’écoutais sa réponse. Je souris. Badenov. Ainsi n’était pas mort si c’était bien lui. Si je connaissais son nom, c’était uniquement parce que j’avais l’oreille attentive et cet homme... avait une réputation longue comme le bras. « Si tu es réellement qui tu prétends être, j’en suis enchantée. »

Je me penchais en avant, jambes droites, pour tremper un doigt dans son verre. Je ne pouvais décemment pas gâcher un bon whisky... je portais mon doigt à mes lèvres et attrapais donc son verre avant de le poser derrière lui, sur le rebord, m’ingéniant à rester proche avant de me laisser glisser en arrière. Je me donnais ainsi l’élan nécessaire pour remonter la jambe le long de la barre. J’entortillais mon pied dans le ruban, comme le faisaient les acrobates. Je dosais efficacement la pression sur les rubans tout en m’aidant de la barre pour élever mon autre jambe, la calant de la même manière. Mes gestes étaient fluides, précis, révélant mes années de pratique en la matière. Il était clair que je n’aurais pas pu acquérir une telle maîtrise en restant chez moi les bras croisés.
La tête en bas, mes cheveux balayant la table, les lanières de la jupe retombant lentement, mon regard rivé dans le sien depuis le début, je détachais le tissu qui s’échouait lentement en étoile sur la table. Je me laissais lentement redescendre, emmenant les rubans avec moi, les faisant glisser des anneaux. Assise, les jambes repliées sous moi-même, je lui tournais provisoirement le dos.
D’un mouvement lascif, circulaire, mes jambes entraînant mon buste, je lui fis de nouveau face. Toujours assise, jambe écartée sur la, je me saisis des pans de sa veste, me laissant glisser sur la surface de la table et l’obligeant à se rapprocher. Je passai mes bras derrière lui pour me saisir d’autre chose et le poser derrière moi. J’ignorais alors que j’allais le satisfaire en couvrant le blanc de rouge. Lentement, je lui échappais ayant retiré au préalable mes chaussures qui venaient de s’échouer au sol et de deux gestes fluides, je me débarrassais également de mes bas, les attaches du porte-jarretelles battant mes cuisses en rythme alors que je me relevais lentement.

Pas une fois je n’avais lâché son regard, pas une fois je n’avais brisé le rythme de ma danse, m’adaptant au rythme de la musique qui passait. Je me saisis alors du récipient que j’avais posé de la même façon que je m’étais saisie de son verre et j’en épanchais le liquide rougeâtre et épais sur moi. Pas du sang bien sûr... Je lui offrais en privé ce que j’aurai dû faire devant un public, ce que je ne faisais jamais.
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Mar - 22:18

La jeune femme avait attisé ma curiosité, juste ce qu'il fallait pour que je ne cherche pas plus d'échappée par l'alcool. Pour le moment j'étais concentré sur elle, vaguement intéressé par son petit jeu et par ce qu'elle avait à me dire. Attractive, elle l'était. Ce n'était pas la femme la plus belle du monde mais ce n'était pas la beauté que l'on venait voir dans une danse de ce genre. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu'elle n'était pas regardable, loin de là. Elle était plutôt jolie, comme je l'avais déjà remarqué. J'attendais de voir si elle détenait la flamme susceptible de passionner Krystel, et susceptible de me faire m'arrêter véritablement sur elle. Cora l'avait eue, cette flamme. Et elle l'avait toujours. La belle brune me savait monstrueux mais cela ne l'empêchait ni de me tenir tête ni de me désirer pour ce que j'étais. Avec le temps, j'avais appris à accepter qu'elle puisse m'aimer pour ce que j'étais, même si je savais que cet amour était teinté d'une profonde détestation concomitante de ce qui m'empêcherait d'être à elle pour de bon. Krystel l'avait, cette flamme. Bien évidemment. Chez elle, il s'agissait même d'un ouragan de feu en comparaison. Elle était incroyable, belle, intelligente, ambitieuse. Croqueuse d'hommes et conquérante, elle n'en était pas moins intéressée par le bien être de ceux qui servaient ses desseins. Enfin, Jana l'avait aussi, la flamme. Mais avec elle, le feu n'avait jamais autant mérité le qualificatif de traître. Elle pouvait vous réchauffer pour vous brûler l'instant d'après. Au fil des années, j'avais connu des femmes qui avaient ce tempérament, cette force qui m'attirait vers elles. Mary, Andréa il fut un temps. D'autres avaient partagé ma vie en en étant cruellement dépourvues. Victoria. Rachel. Toutes n'ont pas ce qu'il fallait... et je savais que la Reine avait ce même besoin que moi.


Quoiqu'il en soit, celle ci était plus intelligente qu'il n'y paraissait. Elle pensait encore pouvoir contrôler la situation et son propre destin, cela se voyait et se sentait derrière chacune de ses paroles. Mais cela ne l'empêchait pas de choisir envers et contre tout, et cette capacité de discernement et cette volonté étaient intéressantes. M'encourageaient en tous cas à pousser ma curiosité un peu plus longtemps. La fille balaie mes paroles en évoquant une éventualité qui me fait sourire, face à un tel aplomb.



| Cela suppose que tu me plaises et donc qu'il peut y avoir un autre jour, petite présomptueuse. |


La fille me sourit lorsque je lui révèle mon identité. Elle ne devait pas me connaître... Et elle me détrompe aussitôt en me disant qu'elle était enchantée de me connaître. Là, elle pique outrageusement ma curiosité. Adoratrice des vampires ou fan de tueurs, comme dans ces séries américaines d'avant la guerre ? Mon sourire s'accentue.


| Si tu sais vraiment qui je prétends être, tu ne devrais pas l'être. |


J'aimais jouer à ce petit jeu, c'était assez délassant. Alors, elle commence son petit show. Sensuelle, elle goûte mon verre qu'elle met à l'abri, avant de commencer pour de bon des mouvements lascifs, sensuels et terriblement précis. Il y avait quelque chose de dangereux dans sa manière de se mouvoir, quelque chose qui décidément me plaisait bien. Renversée, ses cheveux frôlent la table alors que sa jupe dévoile ce qu'il y a en dessous, y compris ce qu'il n'y a pas. Sa chair se dévoile, et elle me regarde fixement, s'effeuillant en rythme. Se rapprochant de moi, elle se saisit de quelque chose placé derrière moi. Je suis détendu, je soutiens son regard plus que je ne regarde ce corps svelte qui s'offre à mon attention. Elle se renverse et se laisse couler le liquide carmin sur sa poitrine, maculant sa peau et sa tenue du liquide rougeâtre qui na pas l'odeur du sang. Factice, probablement. Je tire de ma poche intérieur un billet, que je glisse sous ses dessous.


| Vas y, continue. | lui intimais je
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 5 Mar - 1:12

Qui il pensait que j’étais, que je pouvais être n’avait aucune espèce d’importance. Oui, je risquais gros, c’était certain mais l’unique fait de vivre était une insulte à leurs yeux alors je n’allais pas m’arrêter de vivre, d’être celle que j’étais pas prudence. Je ne péchais pas par bêtise pour autant, j’étais réfléchie, mesurée. Un paradoxe pour qui me voyait de jour ou de nuit. Derrière la danseuse et la strip-teaseuse, il y avait la hackeuse, la passionnée d’électronique et de communication. La fille qui appréciait le silence, le calme et la mesure. Plus loin encore se dissimulait le semi-démon, la femme prête à défendre chèrement sa vie sans aucun scrupule. De tout ça, il n’avait aucun besoin d’être conscient. Je n’étais pas de celle qui éprouvait par ailleurs le besoin de se confier. La mort, c’est les autres.
Jusqu’au bout, j’aurai de l’emprise sur ma vie, chaos ou non. Il était insidieux chez moi, un automatisme naissant des agressions du monde extérieur, visibles ou non. Pour l’heure, je maîtrisais tout ce qu’il m’était donné de maîtriser, me vengeant en parasite invisible.

À sa réflexion sur ma présomption, je souris. « Tout comme il était présomptueux de croire que j’étais susceptible d’accepter. » J’étais à vendre mais s’il avait mal présenté, je lui aurai clairement fait avaler au moins un de ses billets. Ça n’était pas comme si ce fait n’était jamais arrivé par ailleurs. Les crocs de quelques vampires m’avaient aussi servi de perforatrice à billet aussi dangereux le geste soit-il.
Quant à son identité, il doutait que je le connaisse réellement. Nous ne nous étions jamais croisé mais ça ne m’empêchait pas d’en savoir assez sur lui pour m’en méfier comme de la peste noire bien que celle-ci ne pourrait certainement pas me tuer, contrairement à lui. « Et pourtant, je ne changerai pas ma formule pour autant. Torben. » Je prononçai son nom avec une langueur certaine, faisant glisser légèrement ma langue entre mes dents, avant de sourire comme aurait pu le faire une ingénue pas si ingénue que ça. Fascinée, oui, je l’étais, évidement. Mais je n’étais pas rendue stupide pour autant. J’avais passé l’âge de la pamoison depuis longtemps. Si cet homme avait eu la moitié du pouvoir d’un semi-démon, il aurait fait régner la terreur comme personne.

Ma danse entamée, je ne m’occupais plus de savoir ce qu’il est, ce qu’il était et ce qu’il pourrait être. Je dansais pour lui, je me dénudais pour lui, je lui offrais plus que ce que je n’offrais d’habitude. Il avait mon attention, mon savoir-faire, mon improvisation, mon imagination.
Lentement, le liquide rougeâtre teintait le blanc de rouge, sinuant entre mes seins, sur mes seins, dessous et par dessus le corset blanc souillé d’écarlate alors qu’il glissé un billet dans mon dessous. D’un geste expert, je dégrafai le corset qui retomba sur la table, corset que je dégageais d’un geste sec et franc alors que j’étalais à présent l’ersatz de sang sur les toutes dernières barrières de tissus qui ne laissaient plus beaucoup de place à l’imagination.
Si mes gestes avaient étaient rythmés, précis et gracieux jusqu’ici, ils étaient à présent plus précis encore mais aussi bien plus rythmés, plus secs, plus sauvages, conformément à la musique. Je n’usais plus de la barre mais bel et bien de ma propre souplesse pour maintenir ma chorégraphie. Quelque part, j’étais plus sanguine, plus naturelle, fait que j’ignorai moi-même. J’utilisais les rubans, à présent tâchés, comme un outil pour capter le regard, le focaliser là où je le désirai. Le liquide traçant des motifs aussi étranges qu’improbables au fur et à mesure de ma danse. Monsieur serait tâché mais je ne m’en excuserais pas.
D’un geste dissimulé dans ma danse, j’ôtais mon soutien-gorge, l’envoyant rejoindre le sol, profitant de mon élan. La seule raison qui me poussait à garder le dernier morceau de tissu protégeant mon intimité, c’était le billet. Billet que je récupérais et pliais sur la longue pour le coincer entre mes lèvres alors que la musique ralentissait. Ralentissement qui sonna le glas du dit morceau de tissu qui s’échoua à ses pieds à lui alors que je descendais de la table en passant le billet derrière mon oreille et que je lui passais l’un de mes rubans autour du cou. Mon regard était joueur, provocateur au possible mais farouche. Je le rapprochais de moi d’un geste brusque en posant mon pied droit entre ses jambes. J’étais nue, couverte d’un liquide ressemblant à s’y méprendre à du sang, les cheveux en bataille. J’aurais pu être une incarnation de la vierge sacrifiée, une image qui me poussa à sourire franchement.

J’en avais terminé mais le spectacle avait-il était à son goût.
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyDim 9 Mar - 15:53

Je souris à ses paroles ; la jeune femme n'est pas dénuée d'intelligence comme cela arrive pourtant assez souvent. Elle a de l'esprit. Je ne sais pas si c'est toujours une bonne chose quand on est danseuse de charme, mais cela ne pouvait que l'aider à gagner plus d'argent. Je ne savais rien de ses motivations profondes, après tout, elle voulait peut être jouer de son esprit pour gagner un maximum de fric avant de tirer sa révérence. Si elle était aussi intelligente que je le pensais, sans doute avait elle déjà compris qu'elle ne pouvait vivre bien longtemps de ce genre de métier et que ce type de source de revenus avait tendance à se tarir relativement rapidement. On ne pouvait être éternel sur cette Terre et moins encore lorsque l'on jouait de ses attributs physiques, quelque chose d'éminemment vulnérable et de limité dans le temps. On ne pouvait pas dire que les choses allaient en s'arrangeant... Mais il fallait reconnaître aussi que pour qui savait retirer son épingle du jeu, il y avait beaucoup de monnaie à se faire. Les mecs paumés et friqués (ou non) étaient légion et plus encore depuis les Années Sanglantes. C'était le moment idéal pour se lancer dans ce genre de carrière, d'autant que ce type d'endroits était surveillé par la police et par le gouvernement pour éviter que les vampires ne s'en servent comme banque de sang et de sexe. Autant dire que c'était le genre d'opportunité qu'il fallait saisir avant qu'il ne soit trop tard. Bref. Cela ne m'importait guère ; je n'étais pas dans cette situation et je ne le serais sans doute jamais. Je ne masque pas le sourire qui orne à nouveau mon visage.


| Tout comme de croire que je t'aurais laissé le choix. |


Un infime soupçon de danger, voilà ce que je trouvais pour égayer un peu cette performance qu'elle m'offrait. Je ne comprends pas ce qu'elle fait, pourquoi elle joue ainsi de mon identité et de mon prénom. Qu'est ce qu'il lui passe vraiment par la tête ? Je n'en sais rien. Je ne sais pas ce qu'elle veut et cette ignorance me laisse sur mes gardes. Bien sûr, je ne pense pas qu'elle soit vraiment dangereuse. Elle s'amuse de la situation, c'est tout. Je lui laisse bien ces quelques miettes je ne suis pas venu ici pour cela. Le liquide dont elle s'asperge coule entre ses seins, mouille le peu de vêtements qu'il lui reste et trace de rouges sillons sur sa peau autrement assez claire. Le contraste est frappant. Dommage que sa tenue ne soit blanche en majorité, même si je reconnais que l'effet ne serait peut être pas le même avec des accessoires d'une autre couleur, noirs en particulier. Amalia se dévêt encore un peu plus, ce qui flatte mes sens et excite mon désir. La belle sait jouer des pulsions de l'homme ; le sexe et le sang, synonyme de violence. Elle sait y faire, sans problème en plus. Elle se laisse aller à un rythme rapide et sensuel, et finit par dévoiler l'intégralité de son corps. Souriante et féline, la belle se rapproche de moi et m'alpague du regard, que je soutiens, amusé. Puis, je laisse aller mon regard jusqu'à la courbe de ses seins ; elle n'avait pas une grosse poitrine mais elle allait bien avec son corps svelte, et son sexe attirait la convoitise. Mes mains tapent l'une contre l'autre, applaudissant son spectacle avec une langueur toute volontaire, les yeux dans les yeux.


| Eh bien effectivement, je n'avais encore jamais vu un show pareil. Tu méritais l'argent que j'ai dépensé pour t'avoir... Mais as tu d'autres compétences, d'autres spectacles, ou celui ci était il le seul? |


Je reprends mon verre et me sert un grand verre de whisky, que je hume avant d'en boire une gorgée.


| Et dis moi aussi pourquoi je vois cette lueur dans ton regard alors que tu sais qui je suis, ce que j'ai fait. Tu es la seule à n'avoir peur de moi ou à être suffisamment intelligente pour ne pas le montrer. Pourquoi? |
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyDim 9 Mar - 16:42

Lui et moi jouions à un petit jeu qui n’était pas pour me déplaire. Il n’impliquait rien de bien méchant mais ça m’amusait et puis c’était une bonne façon de jauger l’autre. Connaître son identité était certes un point majeur et pas des moindre vu le spécimen qu’il m’était donné d’occuper mais ça ne suffisait pas. Il était dangereux, il était un danger pour moi et je ne risquais pas de perdre ça de vue. Le tout était de prendre garde, de faire attention, de ne pas dépasser les limites que je m’étais fixée.
Je pouvais jouer autant que j’en avais envie, montrer mon caractère mais certainement pas céder à tout ce qui me faisait plaisir. Ici, la question ne se posait pas mais elle pourrait se poser en autre temps et en d’autres lieux, ce qui n’était pas une très bonne idée.

Quelque part, je ne doutais pas une seconde qu’il ne m’aurait pas laissé le choix mais il n’aurait pas forcément été simple de me plier à sa volonté. Je n’étais pas un animal que l’on pouvait mater cependant, je me gardais bien de surenchérir cette fois. Je lui adressais juste un clin d’œil. C’était nettement plus prudent.
Je pensais, sans doute à raison le laisser perplexe. Combien d’autre que moi aurait pris la fuite en apprenant qui il était ? Sauf qu’à mes yeux, ça n’avait aucune importance. Tout le monde était une menace potentielle, ça ne changeait rien qu’il soit un tueur reconnu. Il était juste une menace à prendre plus au sérieux. Et quand bien même, je ne fuirai pas, c’était comme ça.

Je lui fis ma danse, je lui offris même l’un de mes shows, en privé. Une première. Mais pour ce prix-là, ça le valait bien. Une fois cela fait, je laissais mon pied où il était et je m’assis sur la table, pas gênée pour un sous d’être nue et certainement pas indisposée d’être couverte d’un liquide rougeâtre épais. Je me fichais d’ailleurs bien de salir tableau sol et fauteuil, ça faisait partie des frais. « Si ça avait été du déjà vu, j’aurai aussitôt cessé de le faire. Je n’aime pas les rediffusions sauf si elles ont un intérêt réel ou qu’elles sont tombées dans l’oubli. Ce n’est évidement pas ma seule démonstration. À l’occasion, j’use de feu, d’alcool, de reptiles et je ne me prive pas pour utiliser ce que j’ai pu apprendre d’un acrobate que j’ai côtoyé. Tant que c’est réalisable et sans danger, je tente. Qui n’ose pas n’avance pas. Mais qu’entends-tu par autres compétences ? » Je me méfiais sans le montrer de ce terme. Dans le genre bénin, j’étais capable de tenir un bar, j’avais dû en passer par là et par conséquent, peu de cocktail m’était inconnu mais je supposais que ça n’était pas à ça qu’il faisait allusion. Pareil pour la couture humaine qui était un talent forcé. J’avais beau cicatriser à grande vitesse, il fallait parfois limiter les dégâts avec du fil et une aiguille.
« La réponse est simple. Vivre dans la peur est stupide. Ça n’apporte rien et ça empêche de vivre. Je refuse de céder à un tel sentiment. Et tant qu’à être nez à nez avec un potentiel danger... » Je ne me privais pas de lui toucher le nez à ces mots, me fichant de le lui peinturlurer. « ...autant en profiter et le regarder dans les yeux. Je refuse tout autant de mourir bête et tu n’es pas inintéressant. » À ces mots, je me levais pourtant avec souplesse remontant sur la table avec le même degré de contrôle de mes gestes que depuis le début. J’ouvrais les rideaux sans complexe réclamant un verre pour moi. Alors que la musique baissait d’intensité, certains clients, se rendant compte de ce qu’ils avaient raté sifflèrent de mécontentement, je m’inclinais me foutant pas mal de leur indignation. Qu’il se plaigne au patron. Mon verre entre les mains, apporté par une barmaid, je refermais le tout. « Excuse-moi, une petite soif. Ne t’inquiètes pas, cette consommation sera sur ma note, tout comme ta bouteille. » Je me rassis, toute proche, croisant les jambes sans me revêtir, il n’en avait pas montré le souhait après tout. « Qu’y a-t-il de si surprenant à refuser de tourner le dos et fuir devant la peur ? S’il y a bien une chose que les dernières années auraient dû nous enseigner, c’est de faire face et de tirer son épingle du jeu non ? Moi, j’ai appris. »
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyVen 14 Mar - 13:15

La fille s'amuse. Moi, je la teste. Cela ne veut pas dire que j'en n'en retire aucune satisfaction, mais surtout que je suis capable de garder mes objectifs à l'esprit sans me laisser me prendre la tête avec ce qu'il se passait sous mes yeux. Là, devant moi, une femme nue, et séduisante. Animale presque. Prédatrice dans tous les cas. Elle est prête à jouer, à s'amuser, à oublier pour une seconde ce qu'elle fait pour survivre pour profiter d'un partenaire intelligent avec qui elle peut tenir une conversation solide, objectivement soutenue et bourrée de sous entendus. Elle aussi poursuivait peut être ses propres objectifs ; je ne devais en aucun cas la sous estimer et en venir à considérer qu'elle était une proie facile. Ce n'était pas le cas. Elle était dans son élément social, dans son environnement de travail. J'étais sur son terrain. Et je l'avais même confortée dans sa propre position, lui assurant un surcroît de légitimité qui lui avait permis de s'assurer de sa position. En clair, la strp teaseuse avait bien plus les moyens de me tenir tête que l'inverse, et elle pouvait d'autant plus aisément cacher les cartes dont elle disposait... J'allais dire dans sa manche, mais ce serait bien peu approprié sachant l'absence totale de tissu pour la vêtir. La confiance qu'elle arbore alors qu'elle n'a jamais été aussi vulnérable représente très clairement la mainmise qu'elle conçoit vis à vis de sa propre situation, bien plus que la simple force de l'habitude. Prudent et précautionneux, même si elle connaissait déjà mon identité, restaient pourtant les maîtres mots de la conduite que je devais maintenant tenir. Pas adopter ; j'osais espérer qu'il s'agissait depuis le temps d'une seconde peau qui ne me rendait certes pas imperméable aux balles, mais qui remplissait tout de même son office.


La jeune femme m'explique son point de vue sur ses petits spectacles, ce qui me conforte dans l'idée qu'elle pourrait effectivement reproduire son cirque devant la Reine elle même. Si elle a l'imagination pour se réinventer, évitant par là même la lassitude de celle que je servais, alors était elle sans doute la plus à même de pouvoir contenter la soif de beauté, de sensualité et de tout ce qu'affectionnait la Reine, au moins pour un temps. Feu, alcool, reptiles, autant d'accessoires qui moi ne m'émoustilleraient pas plus, mais qui pouvait rendre ses spectacles bien plus attractifs pour celle que je servais. Je soutiens son regard et n'hésite pas un seul instant en me demandant si je ne devrais pas plutôt lui mentir. Je lui donne ma réponse sur le même ton neutre.



| Tes compétences en matière de plaisir, bien sûr. De sexe. |


Si cela l'offusquait, et bien, tant pis. Je finirais mon verre, puis la bouteille, et je rentrerais à l'hôtel de la plus proche pour me reposer avant de reprendre la route demain matin. Finalement, le résultat de l'escapade ne m'importait peu. Ce n'était pas le but principal de ma venue ici. Je souris à ses paroles. L'insouciance et la témérité de la jeunesse avec un rien de la posture blasée des individus plus vieux qui pensent avoir tout vu.


| Vivre dans la peur est au contraire un atout indéniable pour la survie. Mais ce qui compte, c'est d'utiliser cette peur et non pas d'en être esclave. |


Je savais de quoi je parlais. Les armées les plus modernes n'entraînaient plus à ignorer la peur, mais à l'épouser, à la contrôler. Quand on a peur notre cerveau est cent fois plus attentif aux bruits, à ce que l'on voit ou à notre instinct. Il suffisait juste d'éviter de prendre ses jambes à son cou... La jeune femme finit par s'éloigner et sortit de l'alcôve, et quand elle revint je l'écoutais.


| Et comment comptes tu tirer ton épingle du jeu avec moi? |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyLun 17 Mar - 18:38

Qui il est, avait une importance, ce pour quoi il était venu aussi. Il s’était diverti, c’était évident mais ça n’était sans doute pas l’unique raison de sa présence. La façon dont il parlait en attestait clairement. Il me restait. Pourquoi ? Je n’en avais pas la moindre idée. Et si je savais qui il était, je ne savais pas exactement qu’elles étaient ses intentions. Voilà où nous en étions.
J’étais en terrain connu, j’avais certaines choses à portée de main qui pourrait m’aider à me défendre si j’en avais besoin mais il fallait reconnaître que je n’étais pas une combattante. J’avais l’avantage de guérir vite, de vite passer par dessus la douleur ou du moins de la subir dans une moindre mesure mais jamais ça ne ferait de moi quelqu’un capable de se défendre au mieux. Dangereux, il l’était sans conteste plus que moi, voilà pourquoi je ne cherchais pas davantage à montrer ce que je pouvais être. Ç’aurait été montré, quelque part, ce que j’étais réellement. Un risque que je ne courrais jamais.
Si certains d’entre nous usaient et sur-abusaient de leur pouvoir, je n’en faisais pas partie. Il était déjà bien assez traître comme ça puisque je ne le contrôlais pas le moins du monde. Je guérissais, c’était une fatalité, un état de fait. Et je n’évitais pas certains coins par hasard. Personne ne guérit d’une entaille profonde en quelques minutes comme je le faisais et je n’étais pas un vampire, ça se voyait comme le nez au milieu du visage.

La réponse à ma question tomba claire et nette. Au moins ne passait-il pas par quatre chemins. Tant mieux. « Je vois. Pour qui ? Car à l’évidence, nous ne parlons pas de toi, n’est-ce pas ? » Je n’étais pas dupe. S’il avait pris un certain plaisir à me regarder danser, à m’effeuiller, à me donner à fond, il n’avait pas réagi comme la majorité des clients. Il avait apprécié mais il m’avait jaugée plus qu’il ne m’avait réellement regardée. Je connaissais par cœur les regards, les gestes, les désirs et il ne faisait pas partie de ce lot. Cet homme-là ce serait lassé. Ce qui, je devais bien le reconnaître, piquait allègrement mon orgueil et ma curiosité.
De plus, la façon qu’il avait de parler de la peur était intriguant. Je jouais avec un feu sacrément dangereux mais je m’en fichais un peu. J’étais curieuse de cet homme-là. « Sais-tu seulement ce qu’est la peur, la peur réelle, celle qui dévore la raison, la prudence et qui ravage tout sur son passage ? » J’avais des doutes. Il avait le visage de l’homme qui ne craint rien, l’assurance de ceux qui peuvent se permettre de tourner le dos à ce genre de considération. C’était un luxe. Un luxe que je n’aurai jamais. Orgueil, curiosité, jalousie. Il réveillait de bien sombres sentiments chez moi.

Je bus une gorgée avant de considérer sa question. « Il me semble que je suis déjà bien partie pour la tirer, cette épingle. Dans le cas contraire, tu aurais déjà embarqué la bouteille. Tu n’as pas précisé qui tu représentais. Je ne suis pas dupe, tu n’es pas ici pour toi, pas uniquement du moins. Tu as un regard tout à fait différent de la clientèle habituelle. Je pense ne pas me tromper en disant que tu n’es pas à la recherche d’une débutante effarouchée. Ce genre de filles, on s’en lasse vite. On finit par se rendre compte que la rafraîchissante nouveauté lasse et on revient souvent vers des valeurs sûres. Tu parles de sexe mais il ne s’agit pas que de cela sinon, tu aurais mis les pieds dans un bordel, pas une boîte de strip-tease. Tu parles aussi de pouvoir. Si un certain nombre de gens qui en possède aiment dominer, d’autres recherches l’authenticité. De plus, tu n’as pas demandé un personnage et tu es donc conscient que je ne suis pas uniquement une danseuse, une strip-teaseuse. Sache que je vais au bout des choses et que je possède bien peu de scrupules. Que recherches-tu réellement ? Torben Badenov ? » Dans le fond, la question était on ne peut plus légitime.
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Mar - 19:48

Je n'allais pas tarder à devoir prendre une décision. Ou bien la refaire danser, ou bien partir. Ou encore, je pouvais l'amener avec moi dans une chambre d'hôtel pour pouvoir me rendre pleinement compte des compétences attendues pour quelqu'un qui serait bientôt amené à servir la Reine des vampires, si jamais ce projet de cadeau se concrétisait. Quoiqu'il en soit, je n'étais pas homme à rester assis le cul sur ma chaise en attendant que les choses ne passent pour de bon. Je savais reconnaître des opportunités quand j'en voyais et surtout, quand ne pas forcer le destin ou la chance. Pragmatique au possible, se retirer pour ménager ses pertes qu'il s'agisse d'hommes, d'argent ou de matériel, voire plus grave de temps, était pour moi quelque chose de parfaitement envisageable. Je n'étais pas non plus cent pour cent à l'aise avec le fait que la jeune femme semblait connaître et croire à mon identité, c'était là un danger supplémentaire que je ne pouvais que prendre en compte dans toute ma stratégie la concernant. Gérer les imprévus était une partie omniprésente et rébarbative de mon travail, mais une part non moins essentielle de celui ci. Je ne pouvais pas me permettre la plus petite erreur ou la plus infime probabilité que les choses me retombent dessus. Il faudrait que je prenne la pleine mesure de la menace qui pesait sur moi, et plus encore sur la Reine au travers moi. Je continuais de la jauger quand je lui dis ce que j'attendais d'elle. De but en blanc, comme ça. Sans gêne ni implication, avec la distance toute professionnelle que je lui avais imposée depuis le début de nos échanges. La fille en tous cas, ne cachait pas son intelligence. Une bonne comme une mauvaise chose.


| Quelqu'un d'important, que tu rencontreras en temps voulu si tu le souhaites toujours à ce moment là. Mais non, nous ne parlons pas de moi. |


Je n'étais pas du genre à entretenir des maîtresses régulières, à moins que cela ne soit une opportunité qui me servirait pour accomplir l'une ou l'autre de mes innombrables missions en cours. La danseuse ne semblait pas rebutée ; elle devait avoir l'habitude de rencontrer des clients quelques peu étranges sinon sociopathes. Une étincelle sauvage, presque animale, passa dans mon regard quand elle parla à nouveau de la peur. Bien sûr que je l'avais connue. Dans ces tunnels. Dans ces tranchées. Ces ruines. Seul avec mes pensées, dans ce pays étranger, tenu par la peur la plus fétide. Quand Jana m'avait été enlevée. Quand j'avais fait parler son tortionnaire. Cette peur là avait pour moi le goût de la folie. Je ne lui répondais pas, me contentant d'hausser les épaules. Elle n'était personne ; en tous cas pas quelqu'un avec qui j'irais partager ces bien sombres terreurs. Nous n'avions pas la proximité nécessaire. Je souris à ses paroles suivantes, laissant même échapper un léger rire alors que je tourne la tête sur le côté pour me resservir à boire, négligeant totalement ce corps dénudé qui s'offrait à moi. Je fais couler le liquide ambré dans le verre et en admire les reflets avant de le porter à mes lèvres, et d'en engloutir une petite partie. Je me retourne, me lève. M'approche suffisamment près pour effleurer son corps.


| J'ai besoin de quelqu'un capable de flirter avec la mort, au sens propre. Quelqu'un qui n'a aucune des limites conventionnées par les humains. T'en sens tu capable ? Et si oui, comment comptes tu me le prouver? |
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyJeu 27 Mar - 13:55

Il était risqué de lui avoir dit que je connaissais son nom mais il était difficile de passer à côté alors qu’il avait causé tant de problème. Il faut connaître son ennemi et puisque je n’étais pas à apte à attaquer ou à me défendre avec efficacité, j’avais donc mes méthodes pour éviter les emmerdes. Pas toujours suffisante mais utile. Un jour, je n’aurai d’autre choix que d’apprendre à être autre chose qu’un cyberdanger mais l’heure n’était pas venue. Je n’étais pas encore assez... à l’aise avec ma répulsion grandissante. Je n’avais pas oublié le plaisir que j’avais ressenti pendant la belle époque et c’était ça qui me faisait peur. Car j’avais parlé de peur et celle-là... je vivais dedans, malheureusement.
Cet homme attendait quelque chose de moi et je ne savais pas quoi, ni pour qui. Je n’aimais pas ça mais je devais bien faire avec. Je ne pouvais pas me permettre de pousser ma curiosité trop loin. Ça aurait été plus que suspect et sa réponse à ma question renforça mes convictions. « Et bien... L’avenir m’apportera la réponse bien assez tôt dans ce cas. » Il était inutile de poursuivre sur ce chemin, j’en étais convaincue. Et même si j’avais un peu plus d’informations, ça restait mince. Il n’était pas là pour lui, mais pour quelqu’un, comme je l’avais deviné mais je me tiendrai éloignée du sujet jusqu’à ce que vienne le moment, s’il venait.

Je l’observais quand j’avais parlé de la peur et ce qui passa dans son regard était inquiétant. J’avais appris à décoder les attitudes et la sienne, en plus d’être froide, était calculée. Une telle lueur n’était pas visible chez tout le monde. J’ignorais ce qu’était devenu set homme et qui il servait mais il était bien plus dangereux que je ne l’avais cru. Je restais curieuse mais plus prudente aussi. J’étais une ennemie, pas une humaine. Je ne devais jamais l’oublier et ça m’était de toute façon impossible.

L’entendre rire était une chose étonnante. Ainsi donc était-il capable de rire. J’avais eu des doutes. Mes paroles l’amusaient visiblement. Je préférais largement ça plutôt qu’il ne se pose d’avantages de questions. Aussi, quand il s’approcha de moi, au point de m’effleurer, je posais ma main sur sa joue puis sur sa nuque quand il parla, approchant ma bouche de la sienne quand il eut fini sans finaliser le contact. « Je suis l’enfant de la folie. J’ai épousé mes propres envies. Je ne suis pas de celles qui rêvent d’une belle vie. Je joue avec les rêves, je plume les pigeons, je n’ai honte de rien de ce que j’accomplis. Je prends ce que le monde me donne et ce qu’il refuse de me donner. » J’approchais mes lèvres de son oreille pour murmurer. « Je vis avec la mort, je flirte avec elle. » Je reculais en souriant, le relâchant. Sa joue et sa nuque étaient maculée de rouge. « Je ne peux le prouver car personne n’a la même vision des choses. Tout dépend donc de ce que tu réclames comme preuve, de ce que désire la personne pour laquelle tu es venu ici. »
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyVen 28 Mar - 20:19

Curieux de la réponse de la chanteuse, je l'étais assurément. Il faut dire que cela prouverait sa soit disant inventivité et que celui permettrait également de se rendre compte de l'étendue réelle de ses talents. Ce que je voulais par dessus tout, c'était qu'elle me montre qu'elle n'était pas ennuyante et digne de mon intérêt. Sinon, je ne tarderais pas à partir. La fille termine avec la peur et avec tout ce sujet, elle comprend que cela ne sert à rien de disserter avec moi sur le sujet et cela lui permet donc de se focaliser sur quelque chose qu'elle maîtrise bien plus, à savoir le fait qu'elle est est une séductrice et tout à fait capable de se tailler une place de choix en ce monde par la seule force de ses charmes. Je savais qu'elle était bien trop intelligente pour s'en contenter mais que cette même intelligence impliquait qu'elle soit parfaitement consciente qu'il s'agissait de son atout principal au jour d'aujourd'hui, et donc qu'elle ne pouvait pas le négliger. Evidemment, qu'avec ce genre de constat, la jeune femme se sentirait bloquée... Et elle aurait bien raison de le penser. Son destin avait besoin du coup de pouce nécessaire et obligatoire pour que les choses n'aillent en s'arrangeant, ce qui la poussait par la même occasion à être dans une posture relativement attentiste. Et voilà que moi j'arrivais, avec tous mes dangers et toutes mes promesses. Pour avancer, cela demandait du courage, presque de l'inconscience même, tant les choses étaient obscures. Je ne me privais pas de ce petit effet.


La fille semblait surprise de m'entendre rire. Je ne savais pas pourquoi ; m'avait elle déjà imaginé comme un psychopathe ou un sociopathe suffisamment froid pour ne pas désirer clairement toute cette chair qu'elle m'offrait à bout portant ? La fille se fait lascive quand je m'approche d'elle, me caresse la nuque et sur la joue, s'approchant comme pour m'embrasser. Elle me sortit un laïus qui aurait probablement fait s'enfuir la plupart des hommes. Pas parce qu'elle faisait peur, mais parce qu'elle était folle. Je connaissais ce genre de folie. Un sourire vint orner mes traits, comme d'habitude depuis le début de cette petite conversation. La fin de ses paroles semblait être une dérobade, mais j'aimais le trait d'esprit bien involontaire ; elle ne pouvait connaître son surnom.



| Tu n'as pas fait que flirté avec la mort, tu t'es dévoilée à elle. Et je n'ai rien d'un pigeon, comme tu l'as déjà compris. |


je m'écarte d'elle et retourne m'asseoir. Je me sers un nouveau verre de whisky, avant de le porter à mes lèvres. Je me retourne vers elle. Elle ne m'a pas convaincu ; elle n'a même pas essayé. Mon sourire s'accentue encore.


| Je veux une preuve qui en serait une à tes yeux. Si elle est véridique et assumée, je le verrais, je m'en rendrais compte, et cela me conviendra aussi. Mais tu peux aussi abandonner. J'ai beaucoup de vices et de défauts, mais je ne force personne. |


sauf à mourir, mais il s'agissait là de mon dû, de l'oeuvre de la Mort.
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyJeu 3 Avr - 13:43

Plus qu’une danse et une preuve de mes capacités, ce soir, j’étais poussée plus loin que ma vie actuelle ne m’avait jamais poussée. S’il m’arrivait de plus en plus régulièrement de tenter de tromper l’ennui, ce soir, c’était réussi. Je m’étais attendue à une simple danse pour un mec plein aux as mais je m’étais retrouvée devant un homme dont le nom avait été entaché plus d’une fois. C’était risqué mais j’aimais ça.
Je jouais avec mes armes, je n’étais pas une combattante, pas plus que je n’étais capable de me défendre en dehors de ma capacité à me soigner des blessures les plus graves, des infections les plus virulentes. Cependant, j’étais douée à tous les jeux dangereux en raison de ma confiance en moi quasi illimitée. Je ne craignais pas les blessures, pas plus que je ne craignais de mourir. Il en fallait certainement beaucoup pour avoir ma peau.

Il était venu me voir sans que j’en connaisse la raison exact, ni même qui était la personne qui lui avait communiquée mon nom et j’en savais encore moins sur la personne pour qui il était là. Mais ils n’étaient pas nombreux à connaître mon véritable nom en entrant dans ces murs.
Je souris quand il me dit que je m’étais dévoilée. Comme il avait tord... mais je n’allais pas le détromper. « Effectivement, tu es loin d’être un pigeon, un changement agréable s’il en est. Quant à la mort... » J’eus un léger sourire. « Elle m’évite. » Je ne me pensais pas invincible mais il ne pouvait soupçonner quoi que ce soit. Au pire, il me verrait comme une femme dont la raison avait été emportée avec la fin des Années Sanglantes. Combien avait perdu la tête aussi bien au sens propre qu’au sens figuré après tout ?
Je le laissais regagner sa place alors que je me levais. « Bien. » Quand j’avais réclamé mon matériel tout à l’heure, on m’avait tout fourni. Du colorant jusqu’au combustible en passant par mes reptiles. « Les vices... cette chose formidable... mais s’il y a bien une chose qui les renforcent, ce sont les symboles. » J’ouvrais le vivarium et laissait le serpent gagner sa place habituelle autour de mes bras et sur mes épaules. « Je vis dangereusement chaque jour qui passe parce que tout le monde a un vice, justement. Le mien, c’est le paradoxe. » Je m’assis sur la table sans me préoccuper du serpent sifflant près de mon visage, un couteau à la main. Mon patron n’allait pas être heureux mais il avait tout intérêt à la boucler. « J’ai été amenée à faire bien des excès. » Je déposais un flacon de sang ridiculement petit mais largement suffisant pour guérir un être humain normal. Il était évidement frelaté pour donner le change. Je me devais d’être prudente.

Je commençais à jouer avec le couteau, main à plat sur la table, doigts écartés en le fixant dans les yeux. « Vois-tu, la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Ma mère était folle. Mon père un lâche. » Histoire fausse. « La souffrance peut devenir gérable avec le temps, c’est ce que la folie m’a appris. » De plus en plus vite, la pointe de couteau passait d’un creux à un autre. Aller. Retour. Aller. Retour. Je le fixais toujours droit dans les yeux, ne sillant pas une seule fois avant de planter violemment le couteau entre mon index et mon majeur et puis de le planter devant lui, mettant ma main à côté. « Que ce soit cette lame ou des canines, je connais leur douleur. J’en connais aussi les plaisirs. » Le plaisir du couteau dans des chairs adverses. Le plaisir des canines en s’envoyant en l’air.
Pendant ce temps, le serpent n’avait cessé de siffler sous l’agitation mais je ne m’en étais pas souciée un seul instant. Par là, je lui prouvais que l’anxiété ne faisait pas partie de mes défauts. De plus, il était clair que ce dernier restait dangereux. Pas du venin non, mais il aurait très bien pu resserrer ses anneaux sur mes bras et me faire rater mon coup, me plantant le couteau dans la main par la même occasion. Tout était une question de calme et de maîtrise. Il devait être le genre d’homme à le savoir.
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyLun 7 Avr - 22:46

Ne forcer personne. Etrange constatation qu'hormis dans la mort, je laissais toujours le choix aux gens qui m'entouraient, dont mes cibles. C'était assez étonnant. Je n'avais jamais été amené à forcer qui que ce soit, sauf en ce qui concernait bien sûr la difficile transition de la vie à la mort. Ça, forcément, c'était toujours quelque chose de compliqué, pour tout le monde y compris pour les plus courageux. Mais pour le reste... Oh, bien sûr, je mettais parfois la pression sur quelques dissidents, ou bien je faisais en sorte d'orienter certaines décisions. Mais au final, la capacité de choisir, bien qu'incitée ou entravée, restait une liberté forte dans toutes les relations que j'étais amené à nouer. Peu importait les raisons, peu importait en fait même le sens de tout ce que j'entreprenais. Le viol ne faisait pas partie de mes méthodes, que le viol soit psychologique ou sexuel. Un brin de mon passé d'homme qui se voulait probe, juste, honnête, en bon serviteur de Dieu et de son pays ? On pourrait le penser. J'aimerais qu'on le pense. Ainsi, on me mésestimerait. En fait, ce n'était pas du tout le cas. Si je ne recourais pas à ce type de travail, ce n'était aucunement pour un motif éthique ou spirituel. C'était tout simplement que pour aboutir aux résultats désirés dans chacune action que j'entreprenais, il y avait toujours d'autres ressorts beaucoup plus efficaces. Briser quelqu'un par quelque chose d'aussi trivial que le sexe pouvait être dévastateur, mais utilisé à mauvais escient, les conséquences pouvaient être bien trop imprévisibles. Imprévisible. Voilà un mot que j'abhorrais dans ma nouvelle fonction. Je ne me permettais pas de recourir à n'importe quel outil ou méthode qui amène à rendre mes estimations plus complexes et plus volatiles. Mais si un jour je devrais le faire, je le ferais sans sourciller. Tout dépendait des circonstances.


Celle de ce soir ne requéraient pas pareils arrangements...


Je souris doucement quand la fille, la danseuse, me dit qu'elle a bien compris qu'elle n'avait rien compris.



| Pour le moment, mais gare à ce que le couperet ne tombe à un moment inattendu... |


Un soupçon de danger stimulait bien plus que cela n'effrayait. Je me crispais de manière infime lorsque je la vis se saisir d'un serpent. Je comprenais bien sûr que cela faisait partie du show, du spectacle, mais je n'avais jamais aimé les créatures potentiellement dangereuses. Mon instinct me dictait invariablement de les tuer ou de les surveiller. Je me forçais à concevoir que la créature à sang froid n'était pas plus inutile que tout ce qui était dangereux mais qui pouvait être toléré. Je ne comprenais pas du reste, quel était le petit manège de la jeune femme. Serpent, du sang a priori humain à l'odeur très forte, presque viciée, et un couteau. Elle me parle des siens, et j'écoute. Je ne sais s'il s'agit de son scénario ou de sa véritable identité ; des vérifications seront effectuées avec le temps. Je regarde son petit jeu sans sourciller, avant qu'elle ne plante le couteau entre nous. Je n'étais pas aussi précis avec une lame. Mon art de la mort se jouait bien plus de la discrétion, de la rapidité et de la connaissance de l'ennemi que de la précision. Je n'étais pourtant pas manchot avec un couteau effilé. Je m'approchais de la jeune femme, soufflant presque contre ses lèvres.


| Maîtrise, oui. Mais tu n'as pas encore souffert. Tu aimes le danger. La sensation du risque. Mais que se passe t'il lorsque le risque se concrétise. |


Je me resservais un verre. Je commençais à avoir chaud, et je réfléchissais moins rapidement. Je ne pouvais pas rester insensible à l'alcool au bout d'un moment, même si je réfléchissais toujours avec discernement, repoussant fermement les chimères éthyliques.


| Bon. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu es chère, mais ton corps est agile et sûr, et tu es plutôt intelligente. Je te propose de t'engager pour un petit galop d'essai. Disons cinq mille pour l'essai. Une soirée, une nuit presque complète. Si tu acceptes, tu devras refuser la plus petite limite. Coucher avec une autre femme, peut être aussi avec un homme. Peut être avec plusieurs individus des deux sexes. Accepter de donner ton sang, peut être à plusieurs reprises. Accepter peut être, de souffrir un peu. Je n'ai pas besoin d'une prostituée. J'ai besoin d'une artiste à l'esprit très libre qui accepte de se prostituer. Tu t'en sens les épaules, maintenant que c'est dit, ou non ? |
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyDim 20 Avr - 21:07

Souriant légèrement sous sa remarque, je me redressais et me servais un verre, ma propre consommation. Si j’avais un luxe, c’était celui de pouvoir picoler à outrance avant de frôler la catastrophe. Un petit talent bien utile du reste. « Je sais à quoi ressemble ce couperet, il a déjà tenté de m’avoir. » Une évocation qui ressemblait fort aux Années Sanglantes. Seulement... ce couperet n’était pas celui que l’on pouvait croire. « Mais je m’en soucierai quand il se représentera, attendu ou non. » Avoir peur de la mort était idiot. Nous finissions tous, sans exception aucune, au fond du trou... humains, loups, vampires ou semi-démons. Aucune vie n’est éternelle. Au mieux ou au pire, elles sont prolongées. Simple question de temps.

Une fois ma petite démonstration effectuée, je m’assis, ne me préoccupant toujours pas de mon absence d’accoutrement. Sans me débarrasser de mon reptile, je persistais à le regarder dans les yeux. Que ce soit lors de mon manège que lors de nos conversations. Regarder le sol n’est pas une chose que je faisais volontiers et je ne le fais pas plus aujourd’hui. Il voulait celle que j’étais ? Il l’avait. En grande partie du moins... car jamais je ne pourrai être moi-même qu’avec mes semblables. Telle était la vérité. Une vérité qu’il n’avait aucun besoin de connaître. Il était, de toute manière, bien trop dangereux pour ça et je n’étais pas née de la dernière pluie. La confiance était un luxe, un luxe que je ne pouvais pas me permettre, en aucun cas. C’était un privilège des faibles, des imbéciles et des innocents. Je n’étais rien de tout ça.

De nouveau, un sourire étira mes lèvres. « Qui es-tu pour juger de la souffrance d’autrui ? » Il n’y avait là rien d’hautain, c’était une véritable question. Je ne connaissais, en effet, rien à la souffrance, la souffrance réelle. Il ne pouvait le deviner mais la question n’en demeurait pas moins pertinente. La douleur, la souffrance, étaient chez moi, des sensations diffuses, sourdes. Je ne les ressentais pas en tant que telles. Ces sensations étaient sources de soucis quotidiens. Un apprentissage constant. Pour appuyer ma question, je poursuivais. « Quand la folie étreint une personne, la souffrance n’est jamais loin. Voilà pourquoi je me permets de te demander qui tu es pour juger. » Je ne m’offusquais pas non plus. Ma génitrice m’avait donné matière à réfléchir sur la souffrance, sur la folie, sur ce que j’étais. Qui peut se targuer de s’être relevé après avoir pris un téléphone sur le crâne et dégringoler des escaliers, le tout en n’écopant que d’un poignet brisé ? Personne à ma connaissance, personne d’humain.
Car si ma véritable histoire n’était connue de personne. Il avait en main les cartes pour trouver la trace de la femme que j’étais officiellement. En cela, s’il voulait vérifier ou enquêter, il lui serait facile de découvrir que j’étais née dans un hôpital psychiatrique. Hôpital dans lequel ma mère était toujours internée, il me semblait du moins. Il trouverait que je n’avais pas de père mais il ne trouverait rien concernant les circonstances de ma mise en... circulation. J’avais pris grand soin d’en effacer chaque trace avec une précaution maniaque.

Je reposais mon verre en écoutant sa proposition, remettant par la même mon serpent dans son vivarium, prenant la peine de replier le couteau, de le ranger. « J’accepte. » Une déclaration aussi courte que risquée et dangereuse. Je m’engageais sur une voie vraiment très glissante. Les miens n’étaient pas réputés pour faire du zèle en la matière et je ne faisais pas exception. Chaque vampire qui avait partagé un moment à mes côtés avaient vu en moi une femme étrangement libérée sur bon nombre de pratiques. Je ne m’étais jamais prostituée, je n’avais jamais eu à le faire... Mais qui que soit la personne pour qui il était là, à mes risques et périls, je devais en savoir plus.

Et puis... Il avait éveillé en moi une curiosité presque malsaine.
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyDim 27 Avr - 14:45

La confiance en elle même qu'affichait la jeune femme m'indifférait. Tant mieux pour elle si elle était convaincue d'avoir la maîtrise de la situation. Si j'avais bien appris quelque chose au cours de mon existence, c'était qu'il y avait de l'importance à toujours remettre en question sa place et ce que nous considérions à propos de notre sécurité. Nous ne pouvions jamais rien garantir dans ce domaine. Jamais la plus petite assurance. C'était la base même de mon métier. Aucune certitude, un contrôle tout relatif. Il fallait s'y faire... Elle aussi avait donc survécu à quelque chose. Comme tout un chacun dans un monde dangereux, j'imagine. Il n'y a pas de secrets ; tout le monde a dû faire quelque chose de plus ou moins condamnable et dangereux dans l'existence pour se tirer plus ou moins indemne de périodes potentiellement horribles avec les Années Sanglantes, avant et après. Vivre sans trop y penser. Je n'avais jamais su décider si c'était une bonne chose ou pas, celle d'ignorer la mort. C'était quelque chose qui pouvait s'avérer dangereux, tandis que l'épouser prenait une tournure presque inconsidérée à tout ce que nous pourrions faire. Je ne répondais rien à ce qu'elle me dit. Je n'y voyais pas vraiment d'intérêt. Parler de mort avec une danseuse de charme, c'était un peu comme discourir de philosophie avec un chien enragé. Ca n'avait aucun sens et ça ne faisait rien avancer. J'avançais, justement, en lui proposant de se mettre au service de la Reine. Elle n'avait pas encore passé tous les tests, c'était un fait.


Qui je suis pour juger de la souffrance de quelqu'un ? La folie. Elle en parlait comme si elle la connaissait. Peut être était ce le cas ; je ne saurais en jurer ni en juger au vu de tout ce qu'il pouvait se passer autour de moi, que ce soit de mon fait ou non.



| J'en connais simplement un rayon. Cela passe parfois pour de la folie. Souvent, en fait. Je pense qu'il s'agit juste d'un pragmatisme tellement fort qu'il me permet de m'affranchir de certaines barrières morales. Ce pourquoi je suis venu te proposer beaucoup d'argent en échange de souffrance et de plaisirs entremêlés ou non. |


Qu'elle ai bien conscience qu'elle allait probablement mettre les pieds dans un véritable guêpier où elle pourrait laisser des plumes. La fille accepte. Il va falloir qu'elle ne montre aucune limite. Finalement, je ne devrais peut être pas partir aussi rapidement... Et conclure les choses. Je m'approche d'elle et pour la première fois, je la touche. Ma main passe de son épaule dénudée à son bassin, lui frôlant ensuite négligemment l'entrejambe.


| As tu un appartement ma jeune beauté? |


L'explication de la demande se passe de commentaires...



[HJ ; a toi de voir si on cloture ou pas ^^, on n'est pas obligés de tout jouer ni d'aller plus loin]
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Torben Badenov
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MessageSujet: Re: Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]   Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé] EmptyVen 2 Mai - 13:14

J’ignorais pour qui il travaillait et je doutais très fortement du fait que je puisse trouver ça par mes méthodes habituelles. J’étais douée mais je ne l’étais peut-être pas à ce point. J’avais eu vent du nom, du personnage mais ce que j’en savais remontait à très loin. Une éternité à l’échelle médiatique.
J’étais à peu près certaine qu’il se foutait quelque part pas mal de la personne que j’étais. Son seul souci, peut-être, vu le discours de l’homme était de savoir si j’étais un danger. Étant donné que sa race, comme toutes les autres voulaient nous voir morts... je devais en être un potentiel. Une raison de plus de rester prudente et de la jouer soft ou presque.
Cependant, je restais moi-même, pour les besoins de mon image, de ce que je renvoyais, de l’argent que je pouvais me faire. Je ne courais pas après mais ça me semblait de l’argent facile à faire, risque ou pas, il serait toujours temps de mettre les voiles. À priori du moins puisque je ne savais rien de son employeur, un trou dans l’affaire qui me déplaisait légèrement.

J’écoutais ce qu’il avait à me répondre concernant son jugement de la folie... Pragmatisme... Il est vrai que l’on pouvait à la limite qualifier le geste de la femme qui m’avait mise au monde de tel. Elle avait voulu supprimer une abomination tout en n’étant pas bien sûre qu’elle avait raison d’agir ainsi. Cela dit, si elle avait certaines circonstances... atténuantes disons. Sa folie était bel et bien réelle. Son cerveau, son psychique, sa moralité ne se remettraient jamais.
J’avais pensé à mettre fin à ses jours, mais c’aurait été de la miséricorde, de la pitié, un cadeau et pour elle, je n’avais pas assez de considération pour lui offrir la paix de l’esprit. « Pragmatisme... qui sait, peut-être est-ce cela. Je n’en sais rien. » J’haussais les épaules pour appuyer mes dires.

Son approche alors que j’avais accepté sa proposition ne m’étonne pas. Je me laissais donc aller, pas le moins du monde mal à l’aise ou crispée, je souris même. « Évidement. Mais il va te falloir patienter un instant. Je ne peux ni sortir dans cette tenue, ni me balader ainsi. » J’étais toujours colorée des pieds à la tête après tout et je ne doutais pas de du fait qu’il préfère m’avoir bien plus clean sous les mains.
Je me levais donc, passant mes doigts sur sa joue, son cou. « Je reviens vite. » Sur ces mots, j’enfilais ma veste, ramassant les vêtements éparpillés, foutus sans aucun doute et je sortais non sans avoir tout remis en ordre, sauf le colorant. Le nettoyage se demerderait, comme toujours. Passant à côté du comptoir, je jetais négligemment ma tenue au fond de la corbeille que me tendait une barmaid avant d’aller me doucher rapidement.
Je revins ensuite chercher Torben. Je n’avais pas pour habitude d’emmener les hommes, ou les femmes chez moi mais je devais faire exception. Il ne pourrait juger de ma personnalité en entrant dans mon appartement, si ce n’est que j’étais très versée technologie et passe temps multimédia en tout genre. J’avais plus de consoles dans mon salon qu’un jeune étudiant que l’on pouvait qualifier de geek ou de nerd. Au fond, mon appartement était un miroir de vie banale, en dehors de mon amour des nouvelles technologies.


HRP : Est-ce qu'il te faut plus d'infos sur Malia ou quoi que ce soit suite à ce rp pour des répercussions probables ?
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Les hommes ont la langue bien pendue, peut-être un peu trop 〆 [Livre II - Terminé]
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