La situation générale était instable. Non, plutôt totalement merdique. A une époque j’aurais pu sourire de voir les vampires se déchirer, mais à présent ce que j’en retenais c’était simplement que cela fragilisait l’équilibre précaire soi-disant établi entre les espèces. Hood avait fait ce qu’il avait pu en négociant avec la Reine nocturne mais au final cela n’avait rien changé, et son conseiller Donovan qui semblait avoir un lien avec une louve, notre gouvernement était plutôt fragilisé étant donné que tout ceci était secret. Tout ce qui serait tenté par la suite même officiellement pourrait être exposé comme simple problème de conscience.

J’avais commencé à officialiser mon désir de remplacer Hood à la tête de notre gouvernement, prévoyant d’ailleurs de le faire plus en détail lors d’une allocution au Scotland's Herald. Toutefois il me faudrait trouver de nombreux soutiens pour appuyer ma candidature aux élections de Février. Et si j’avais peu de chance d’en trouver parmi les vampires compte tenu de leur connivence avec Hood pour sauver les miches de Badenov, peut-être pourrait-il en être autrement avec les lycans ? Leur révéler l’accord entre notre premier ministre et l’ex reine rouge serait probablement préjudiciable à mon désormais adversaire.

C’était en ce sens que j’avais contacté la Meute afin de rencontrer leur Ulfric. Néanmoins vu nos positions respectives il n’était pas question de l’inviter à me rejoindre au sein de la Brigade, d’autant plus après cette putain de nouvelle attaque que nous venions de subir. Une attaque ciblée et coordonnée de semi-démons montraient que ces derniers s’étaient organisés, comme si on avait besoin d’une seconde preuve après le Saint James.

J’avais choisi le Kelvingrove, un lieu parfait pour organiser une rencontre discrète sans avoir besoin de se cacher plus que nécessaire. Le nombre de ses visiteurs permet de se trouver un endroit discret et loin des regards de curieux. J’avais déjà eu recours à ce lieu au cours de mes affaires passées, mais c’était la première fois que j’y rencontrais une telle personnalité. Hayden Valentyne, j’avais bien obtenu quelques informations à son sujet mais rien de bien concluant en dehors de ce que la meute voulait bien laisser filtrer. Du moins en dehors du fait que les lycans avait dissimulé en leur sein une espèce dont l’existence était tenue secrète.

Bonjour Monsieur Valentyne, lui dis-je avec respect, sans pour autant faire le faux derche. dois-je utiliser le terme Ulfric ou est-il réservé aux membre de votre meute ? dis-je encore avant de l’inviter à me suivre.

Quoi qu’il en soit veuillez me suivre, nous allons trouver un endroit plus discret à l’abri d’oreilles indiscrètes. lui dis-je ensuite nous dirigeant vers une grande salle d’exposition d’art moderne où au milieu de la pièce trônaient quatre cubes insonorisés dans lesquels trois visiteurs pouvaient entrer pour profiter de la projection d’un film d’art.

Entrons je vous pries, désolé pour le côté parano mais j’aime parler en toute sécurité.

Faire vite et bien. La première leçon de mon père. Vite et bien. Dans un monde où tout se passe selon les prévisions qui sont faites, on a l'impression que tout suit son cours naturel. Dès que ça commence à sentir la mort, on prend la sensation tenace que rien n'ira jamais parfaitement bien et que justement, les choses se passent trop vite. Pour autant, cela ne voulait pas dire que nous étions démunis face au destin. Utiliser la vitesse était la clé ; personne n'arrivait jamais à maîtriser le temps qui nous était imparti une fois que les événements s'enchaînaient mais celui qui parvenait à garder une longueur d'avance sur ses concurrents avait l'avantage de conserver l'initiative ou la surprise. Je devais opter pour l'un ou pour l'autre, réunir les deux serait un probable gâchis de ces deux effets éventuels. J'optais pour l'initiative ; j'étais un loup d'action, tout le monde s'accorderait probablement à le dire. Non pas que je sois forcément téméraire, mais je préférais attaquer qu'attendre. Mes préparatifs iraient bon train. C'était pourquoi j'avais d'ailleurs accepté l'entrevue de ce soir. Pour préparer le futur proche où les paroles auront beaucoup moins de poids que la violence brute. La violence et moi étions presque intimes ; je l'avais toujours connue. Contre moi pour que je la dirige ensuite contre les autres. Cette leçon fondamentale inculquée par mon père l'Ulfric n'avait finalement pas été si mauvaise. Injuste, inique même. Mais vraie, finalement, et ce contre toute attente. Elle allait encore me servir, cette leçon qui m'avait tant fait haïr mon père.


Je prenais la peine de me montrer le plus discret possible. J'avais pris un taxi ; car contrairement aux transports en commun ils ne sont que rarement pourvus de caméras, surtout les véhicules des plus vieux chauffeurs. Mon propre véhicule aurait été facilement suivi. Un taxi isolé aussi. C'est pourquoi j'en ai changé deux fois avant d'arriver ici, et j'ai terminé à pied. Mon odorat de lycanthrope ma permis de me rendre compte qu'aucune personne ne semblait me suivre ; aucune trace olfactive ne restait à portée suffisamment longtemps. Si j'avais été suivi, le type était foutrement doué. J'arrivais finalement au lieu du rendez vous. J'étais prêt à tout faire pour sauver la meute de ce sombre destin qui s'annonçait. Oui, tout. Il était aujourd'hui bien plus malséant de juger mon père pour avoir fait la même chose. J'espérais simplement choisir avec plus de discernement. Je ne saluais mon interlocuteur qu'avec neutralité ; aucune chaleur ni marque quelconque trahissant une orientation prédéfinie.


| Bonsoir, directeur. Valentyne suffira. |


Je suis l'homme, sur mes gardes comme toujours. Si c'est un piège, il le paiera très cher.


| Peu importe, la sécurité n'est qu'une conception relative. Pourquoi m'avez fait venir ici ce soir ? Je pense qu'il ne s'agit pas de m'informer de l'arrestation des coupables du meurtre de ma Lupa, n'est ce pas? | dis je d'un ton plein de désapprobation

Valentyne donc comme il souhaitait être appelé, me salua simplement. A sa manière de parler, sa manière d’être, je savais ne pas avoir à faire avec un politicien. Il transpirait une allure de meneur, déterminé. Cela me plut car au moins nous parlerions sans détour, bien que ceci ne fût pas pour autant un gage de vérité de sa part. Allais-je moi-même devoir la travestir ? Si je venais ici en me disant que non, j’ignorais s’il en serait de même à la fin de cet entretien.

Nos services sont toujours à l’œuvre pour trouver les coupables, nous travaillons de concert avec les autres services de polices afin de ne rien omettre. Personnellement je n’écarte aucune piste, essayant de déterminer à qui profite le crime. Que ce soit en interne malgré le peu d’informations dont je dispose au sujet de votre meute, chez les vampires en ne me limitant pas aux évidences, et même en m’interrogeant au sujet de ma propre espèce, par souci d’intégrité. dis-je en réponse à ses mots acerbes, mais comment lui en vouloir.

Si j’ai demandé à vous rencontrer c’est en partie pour parler de collaboration inter-espèce. Face aux semi-démons nous humains sommes limités, et nous avons besoin de vous. Avant tout, oui la même demande sera faite aux vampires. dis-je pour couper court à toute suspicion d’hypocrisie chez mon interlocuteur. A vous de voir si vous souhaitez proposer un volontaire. Si cela se fait, il ne sera pas en contact avec le volontaire nocturne. Cette collaboration n’a aucun caractère obligatoire, contrairement à celle que Hood a conclu avec l’ancienne reine rouge. dis-je encore en évoquant la circulaire au sujet des pommes de sang avant d’entrer dans le vif du sujet.

Ce sujet était la raison officielle de ma venue, mais vous aurez compris que cela n’aurait nullement nécessité que nous nous retrouvions dans un cube insonorisé. repris-je avant de poursuivre.

J’ai décidé de me présenter aux élections de Février pour prendre la place de Hood. Je vous épargne les sensibleries mais pour faire simple j’estime qu’il n’agit plus dans l’intérêt général, allant jusqu’à sacrifier sa propre espèce pour plaire aux vampires. Sa connivence avec les nocturnes est telle qu’il me faut le soutien de votre espèce pour espérer prendre sa place. Pour autant même si j’ignore bien des choses au sujet des lycans, j’en connais d’autres. Comme l’existence des métamorphes en votre sein.

Nul menace dans mes paroles monsieur Valentyne soyez en certain. Je n’ai aucun intérêt à vous contraindre, je veux votre soutien par choix même s’il n’est à vos yeux qu’un moyen parmi d’autres pour préserver un tant soit peu votre espèce. lui dis-je en ayant conscience que je courais un risque à lui parler avec une telle franchise. S’il le voulait il pouvait me tuer en un instant. Tout comme s'il voulait m'envoyer chier.

Je sais grosso modo quel genre d'homme est Mc Borough. Son histoire est loin d'être secrète, même si j'imagine qu'il essaie de garder un certain contrôle sur l'intimité de sa vie privée. Quand on est commandant de la brigade PES, qui s'occupe des arrestations les plus spectaculaires et du « problème de société » le plus prégnant et le plus médiatisée à l'heure actuelle, on n'a pas à se dire que le mec doit être un parfait inconnu. C'est même plutôt tout l'inverse, en fait. Il y a plein de trucs, sur lui. Partout. Dans les journaux. Ceux d'avant-guerre, encore trouvables sur le net, sont les plus pertinents. Les quelques sources libres pendant les Années Sanglantes sont sympas aussi. J'ai appris pas mal de choses sur le parcours de Mc Borough, sur ses « amis » de l'époque. Oh bien sûr, la fiabilité de telles sources d'informations n'est pas facile à établir... mais en prenant garde, on a tout de même l'essentiel des informations. Quoiqu'il en soit, l'humain ne tarde pas et commence son laïus. Et voilà qu'il commence à me rassurer sur l'enquête concernant Mary. A qui profite le crime ? Je le toise d'un regard noir.


| A qui profite le crime ? C'est pas aussi évident que le nez au milieu de la figure? |


A moins bien sûr qu'il ne s'agisse d'une manœuvre politique de hood voire meme de Mc Borough lui même. J'y avais pensé. Je n'étais pas le dernier des abrutis. Si je pensais qu'effectivement, les vampires étaient derrière l'assassinat cela ne m'empêchait pas d'entrevoir toutes les possibilités. Et de me préparer à la guerre. Me préparer au conflit contre un ennemi revenait dans les circonstances présentes à se préparer contre tous les autres, ce qui n'était pas négligeable. Je fronçais les sourcils à la proposition de Mc Borough.


| Je peux toujours voir avec mes loups, mais il me faut des garanties. |


J'allais le questionner sur l'accord dont il parlait, s'il parlait d'autre chose que de l'injuste réforme pour nourrir ces saloperies à crocs. Je fronce encore en peu plus si c'est possible mes sourcils épaix et broussailleux, devant l'avalanche d'informations. Je réfléchis et pèse mes mots.


| Pourquoi ne pas révéler l'information sur les métamorphes, et comment l'avez vous su ? Je ne peux pas penser que vous l'ayez fait par pure bonté d'âme. Et pourquoi nous vouloir comme alliés ? En quoi sommes nous plus légitimes pour vous aider à prendre le pouvoir que les vampires ? Je sais que vous êtes un opportuniste, Mc Borough, je me suis renseigné sur vous. C'est admirable dans beaucoup de situations. Mais je ne jouerai pas l'avenir de ma Meute sur un simple coup de dé. |

Le loup répondit sèchement à mes propos concernant le décès de sa lupa, invoquant l’évidence. Tentait-il de me tromper à propos de sa manière de raisonner ? Un leader ne pouvait ni ne devait se contenter de croire l’évidence, surtout à notre époque. Il y avait tellement de possibilités quant à la raison de ce meurtre. Chaque espèce – officielle ou non – pouvait comporter au moins un individu pour qui ce crime représentait un gain. En revanche restait à déterminer qui en avait les moyens et ne risquait pas de se retrouver lié à cette affaire.

Les vampires semblent tout désignés mais ne serait-ce pas des plus risqué ? A moins qu’ils ne misent justement là-dessus. L’Humanité elle n’a aucun intérêt à ce que les lycans soient affaiblis, sauf pour plaire aux vampires. dis-je en évoquant l’éventualité que Hood en soit à l’origine. Restent les Semi-démons qui eux ont intérêt à attiser tous les conflits possibles entre les différentes espèces. Il ne faut pas non plus négliger lycans et métamorphes, les uns pour un titre à prendre, les autres pour dénigrer votre alliance « inter-changeurs ».

Je ne voulais pas lui faire la leçon mais simplement lui montrer qu’il pouvait y avoir bien plus de coupables que les apparences le laissaient croire à première vue. Je répondis brièvement à ses mots au sujet de l’intégration de lycans au sein d’une équipe de la Brigade.

Dites-moi lesquelles vous sembleront indispensables, j’ai carte blanche pour ce qui concerne la Brigade, Hood ne pouvant réduire mon champ d’action en ce qui la concerne depuis que j’ai indiqué me présenter face à lui. lui indiquai-je avant d’écouter ses questions suivantes.

Tous les métamorphes n’ont pas accepté votre alliance. dis-je, sous-entendant que je tenais des informations de l’un d’entre eux. Me voilà donc à travestir la vérité, du moins par omission. Je ne souhaitais pas lui dire que je tenais cela de la bouche même de l’une de ses louves, du moins pas pour le moment. Quant à révéler cette information, comme bon nombres elles étaient verrouillées au plus haut niveau. Je pourrais vous en dire davantage à ce sujet si vous le souhaitez.

Je n’ai rien à cacher de mon passé d’autant qu’il est facile de se renseigner sur moi avec la magie d’internet. J’ai un passé d’intégriste religieux agissant au nom d’un Dieu pour qui le pire a été commis. Je ne rejette pas ce passé bien qu’aujourd’hui ma conception des choses et mes motivations soient bien différentes. Le bien commun, l’intérêt général sont désormais le moteur de mes actions, de mes décisions, même si c’est difficile à croire notamment avec mon passé. dis-je avant de faire une brève pause. Je doutais qu’il comprenne mon changement de perception ni même qu’il puisse simplement le croire.

Vous êtes les seuls à ne pas corrompre notre gouvernement et c’est là ce dont j’ai besoin pour redresser la barre. Hood n’est qu’un pantin entre les mains des vampires, preuve en est cette circulaire au sujet des pommes de sang mais pas seulement. Hood a dissimulé la vérité quant à la mort de l’humain de l’ancienne reine vampire. Torben Badenov n’est pas mort au court des Années Sanglantes, et il m’a fallu un bon moment avant de l’identifier et de pouvoir lancer son arrestation. Nous y serions parvenus si les semi-démons n’avaient pas débarqué au Saint James.

Mais là encore Hood a ordonné de passer sous silence le fait que la PES avait lancé une opération pour l’arrêter au Saint James. C’est pour cela qu’officiellement il n’est question que de semi-démons au centre commercial. Comme je vous l’ai indiqué, Hood n’est qu’un pion aux ordres des vampires. Il faut que cela change. dis-je encore pour conclure.

Je teste les réactions de Mc Borough. Je sais que cet enfoiré est un animal politique, donc je ne me fais pas de souci sur le mensonge qu'il va probablement me servir sur un plateau. Ce qui m'intéresse surtout ce n'est pas tant la vérité que la forme du travestissement de la vérité qu'il me réserve. Cela peut m'éclairer sur la raison de son mensonge et sur l'orientation qu'il veut donner à notre relation. Bien sûr, je ne m'en fais pas trop. Je sais qu'il va tout me dire, car cette démarche est la sienne et il a bien plus d'intérêt que moi à cette rencontre. Encore que j'ai besoin d'une nouvelle arme, de nouvelles alliances, pour pouvoir bouleverser les rapports de force dans notre contexte actuel. Je savais que me lancer de suite dans des représailles intempestives ne servirait pas notre cause. Si j'y allais sans préparation et que je lançais la Meute au casse-pipe, cela ne pouvait avoir qu'une seule issue. La décimation de notre espèce, comme aux temps anciens où le Roi des Vampires, dit on, avait voulu exterminer notre espèce. Les nôtres avaient été massacrés pendant des décennies, poursuivies jusqu'au cœur des plus profondes forêts. Nous avions survécu. Nous pourrions peut être survivre à une prochaine tempête, mais j'étais Ulfric, pas un jeune loup téméraire. Je devais adopter une vision d'ensemble, et ne pas parier le sort de mon espèce sur un simple coup de dés. Je haussais les épaules.


| Vous leur léchez les bottes depuis des années, une fois de plus une fois de moins, qu'est ce que ça change? |


Je réfutais en bloc toute information pouvant être liée à une quelconque discorde ; je n'avouerais jamais devant un étranger que l'ambition peut être meurtrière chez nous autres lycanthropes.


| Ce n'était pas un loup ; les odeurs ne nous trompent pas. Et je sais reconnaître une attaque de vampires quand j'en vois une. En sus, une louve voulant défier Mary n'avait rien à gagner par cet assassinat, car sans revendication elle devra affronter d'autres prétendantes, ce qui multiplie les combats et donc les risques. Un métamorphe ne sait pas se transformer en vampire, jusqu'à preuve du contraire. |


L'homme me parle de ses convictions passées, mais si je ne lui intente aucun procès d'intention, mais je note cependant qu'il ne détaille pas autant ses motivations présentes, ce qui forcément me met sur mes gardes. Ensuite, je serrais les poings. Badenov, pas mort ?


| J'étais prêt à concéder le statu quo aux vampires si les humains nous accordaient les mêmes droits qu'à eux. Que pouvez vous faire pour nous ? Et que pouvons nous faire pour votre « élection » ? |

J’ignorais ce que Valentyne pensait de moi, d’autant plus qu’il avait connaissance de mon passé publique. Je n’étais pas naïf il ne partageait pas ma pensée du bien commun qui m’animait, allant bien au-delà de simplement préserver l’Humanité seule. L’esprit de meute des lycans le poussait à n’avoir que pour objectif de protéger les siens, telle était sa nature. Mais qu’importe tout cela, seul comptait la possibilité de peser face à Hood et ses maîtres vampires.

Vous vous trompez lourdement. Je n’ai jamais léché le cul de qui que ce soit, du temps de la contrebande, de l’HCV ou depuis que je suis du côté de la loi. C’est pourquoi on m’a rendu les rênes de la Brigade après ma suspension. dis-je en évoquant vaguement différentes périodes de ma vie avant de reprendre à sa suite.

Effectivement. Pour autant pensez-vous qu’il soit impossible que des vampires soient au courant pour l’existence des métamorphes et donc qu’aucun de ces derniers ne puissent servir les nocturnes? Leur discours n’était pas des plus homogènes lors de la mascarade de débat télévisé sur cette question.

J’évoquais là simplement une réflexion personnelle et non une remise en question de ce qeu venait de me dire mon interlocuteur. Il venait par la même occasion de me fournir quelques brèves données supplémentaires qui confortaient mon idée qu’intégrer des lycans au sein de la PES était une bonne chose.

Le statu quo est une nécessité mais effectivement pour cela il faudrait aplanir les privilèges accordés à certains auparavant, notamment cette circulaire 56-7102. Cela revient à les autoriser leur infiltration au sein des administrations humaines, et donc à prendre les rênes du pays avec les conséquences que vous pouvez deviner. Que faire donc ?

Sacrifier un autre pan des humains de ce pays en promulguant une loi similaire vous concernant vous autorisant à recruter de nouveaux lycans ? Tout comme ce recrutement de pions pour vampires vous comprendrez que je me montre réticent à nourrir les rangs de votre espèce au détriment de la mienne. dis-je en lui parlant avec sincérité à ce sujet.

Quels droits supplémentaires désirez-vous pour votre espèce monsieur Valentyne ? Ces droits qui m’apporteraient votre soutien public.

Je commençais à en apprendre plus, à comprendre certaines choses. Cela dit, c'était bien sûr le but de ce type d'entretien... mais non seulement j'apprenais à découvrir qui était Mc Borough, mais que je commençais aussi à saisir certains événements qui intervenaient en toile de fond. Je comprenais ce qu'avaient fait les vampires et je commençais aussi à entrevoir les raisons qui avaient commencé à opposer Mc Borough et Hood, alors que le second avait toujours semblé bénéficier de l'attention et de la protection de son supérieur. Je savais que Hood avait longtemps protégé le directeur de la PES, voire l'avait carrément couvert. Pour tous les représentants des espèces surnaturelles, il s'agissait véritablement d'un secret de polichinelle. Il y avait eu ces bavures, ces enquêtes rapidement masquées et étouffées aux yeux du grand public, qui avaient eu on ne savait quelles conséquences... Tout ça pour dire que la trahison de Mc Borough pouvait paraître vraiment lâche et grave, mais il y avait derrière cela un exécutant qui ne pouvait plus cautionner la politique menée par son dirigeant. Je n'étais pas un imbécile ; Mc Borough n'avait absolument rien d'un bon samaritain, principalement du fait qu'il s'agissait d'un tueur et d'un politique humain, malgré son statut civil. Il avait plus de poids qu'un fonctionnaire normal aurait dû en avoir, et je n'étais vraiment pas certain de trouver ça normal. Je me trompais lourdement ? Je savais que Mc Borough rencontrait des loups et des métamorphes, du moins c'était une rumeur tenace. Et je me demandais s'il n'était pas capable d'essayer de placer des agents jusque les semi démons. Je hausse les épaules. S'il veut se poser en paladin, qu'il le fasse.


| Les métamorphes qui ne nous ont pas rejoints ont fait leur choix. Ceux qui sont contraints par les vampires, ne devraient ils être protégés par vos services ? S'ils ont choisi cette servitude, nous n'avons plus rien en commun, ni eux ni nous. |


J'écoutais avec satisfaction les propos du directeur sur l'abrogation de la circulaire 56/7102 donnant tous ces droits absurdes aux vampires. Il pose une question ouverte. Et voilà qu'il met sur le tapis les reproductions des loups garous. Je grimaçais en l'entendant parler de lycans. Je n'aimais pas ce terme, ce diminutif. Je restais bref.


| La fin du fichage de tous les loups garous, la fin de toutes les formes de discriminations à notre encontre qu'il s'agisse de droits citoyens, de l'insertion professionnelle ou sociale. La plupart d'entre nous ont tout perdu lorsque leur nature a été dévoilée au monde. Et jusquà preuve du contraire, mes loups attaquent beaucoup moins de gens que les bêtes à crocs. Ce serait déjà un début. Mais c'est vous qui venez vers moi. J'attends votre proposition, dans le détail. |

Encore faudrait-il qu’ils soient connus officiellement. dis-je avant de lui poser une question au sujet des changeurs. A ce propos les métamorphes sont-ils aussi immunisés contre l’hypnose des vampires ?

Les lupins n’étaient pas connus pour leur sentimentalisme et leur dirigeant le montrait bien. Pour autant je ne pouvais pas le juger, autant pour mon passé que pour ma conception du monde et des moyens à mettre en œuvre pour atteindre mon objectif. Il ne perdit rien de sa franchise lorsque vint le moment d’aborder ce que je pouvais lui apporter, et par extension son espèce.

Un début ? Cela faisait beaucoup de changements à mettre en place, ce qui ne manquerait pas d’en vexer plus d’un. Qu’importe. Même si je devais plaire au plus grand nombre pour gagner l’élection contre Hood, il n’était pas question de baisser mon froc. Je voulais la paix, même si cela devait passer par la vexation de certains pontes.

L’égalité citoyenne et législative, c’est faisable et légitime. dis-je pour commencer. La fin des privilèges accordés aux vampires, votre droit d’accéder à l’économie et l’investissement, à la bourse. Les vampires sont présents en tant qu’investisseurs voire dirigeants dans bon nombre de grandes entreprises au niveau nationale et même au-delà. Le droit fiscal vous sera ouvert.

Je peux aussi vous offrir l’accès aux résultats des expériences secrètes de la Brigade, celles-là même qui nous ont permis d’adapter notre arsenal depuis la fin des Années Sanglantes pour affronter chacune des espèces surnaturelles. Je peux même vous laisser l’accès à celles qui concernent les semi-démons, l’ennemi principal. Car en dépit des rancunes séculaires, de la haine qui ne pourra jamais disparaître, les semi-démons sont ceux qui sont les plus dangereux. Ce sont eux qui ont tiré les ficelles qui ont abouties aux Années Sanglantes. Et je suis certain qu’ils œuvrent pour un nouveau conflit de cette ampleur. lui dis-je avant de me taire un instant.

Je ne pouvais lui offrir une loi telle que la circulaire offerte aux vampires, en revanche je pouvais aplanir les privilèges accordés aux nocturnes et ouvrir les droits citoyens. Cela ne changerait probablement pas les mentalités mais le message serait clair : paix et égalité. Il y aurait bien certains pour se plaindre mais ce serait mieux que de se coucher. Je gardais une question muette pour le moment, à savoir s’il fallait ou non officialiser l’existence des métamorphes. Je comptais bien lui demander son avis mais pas dans l’immédiat.

Je fronçais les sourcils aux paroles de Mc Borough. D'apparence anodines, mais qui pourtant en disaient long. Il fallait bien dire que c'était assez révélateur du système judiciaire britannique et de son efficience depuis les Années Sanglantes. Cette justice était on ne peut plus orientée, cela au moins apparaissait comme définitivement certain. Je me demandais aussi si je devais répondre à ce que me demandait l'homme sur les métamorphes. Je choisissais l'honnêteté, autant pour ne pas compromettre le reste de la conversation que parce que le chef de la brigade pouvait très bien déjà connaître la réponse et me tester. Et au pire, l'apprendre d'une autre manière. Alors, autant lui dire directement plutôt que saper les bases chancelantes d'une confiance déjà bien ténue.


| Non, pas à ma connaissance. Les métamorphes ont pour seul pouvoir de changer en toute forme qu'ils ont déjà rencontrée, il me semble. Et ils ont comme un pouvoir masqué à s'attirer des ennuis. |


Ca, c'était le moins que l'on puisse dire. Il suffisait de voir Alexis, ou tous les autres qui avaient rejoints nos rangs par peur des problèmes qu'ils rencontraient, notamment avec les vampires. Cela avait quelque chose à voir avec leur sang, mais j'imaginais très bien aussi qu'il y avait comme qui dirait une propension chez ces créatures naturellement solitaires à s'isoler face à leurs prédateurs. J'étudie le visage de Mc Borough lorsque je lui demande diverses évolutions pour mon espèce, pour ma Meute. J'hésitais à parler du cas des cabots. Le loup-garou concerné par son espèce que je voulais protéger voulait garantir leur sécurité à eux aussi, mais l'Ulfric que j'étais voulait faire passer la Meute avant toute autre chose. Il fallait que j'opte pour un compromis, et rapidement. Déjà, il semble vouloir opter pour l'égalité des lycanthropes vis à vis de l'Humanité. J'espérais qu'il allait penser à l'égalité en tous points. Droit de vote, fin de notre recensement particulier, et tout ce qui en découlait. La fin des privilèges accordés aux vampires était quelque chose que je souhaitais ardemment, mais cela ne risquait il pas de trop destabiliser la société ? Ces connards avaient détruit Mary, méritaient ils que je m'inquiète de la stabilité du corps social ?


| De manière générale, j'aimerais une proposition de réforme constitutionnelle écrite, ancrant dans le droit l'assimilation des lycanthropes à l'Humanité, avec malgré tout le respect de notre droit et de nos traditions. Je veux que la Meute soit associée au Royaume Uni comme l'étaient autrefois les dominions du Commonwealth. Nous jouissons des mêmes droits, nous avons les mêmes devoirs, mais nous pouvons nous diriger et nous gérer par nous mêmes. Je sais que cela risque de peser sur votre campagne, une réforme constitutionnelle. Mais notre appui ne pourrait être acquis qu'à ce prix ; ma Meute ne voudra autrement pas me suivre sur une vassalité envers les humains. |


J'étais révolté de la perspective des études, mais il fallait que je reconnaisse que cela pourrait servir.


| Si j'ai ce que je demande au nom de la Meute, nous nous battrons auprès de vous pour détruire ces démons. Je serais prêt aussi à envoyer des lycanthropes au sein de votre brigade. Mais tout passe par mes conditions préalables... |

Mon interlocuteur était dangereux car il avait conscience de son pouvoir, cela transpirait dans ses requêtes. Pour le moment je ne réagis pas davantage qu’un acquiescement de la tête à ses paroles concernant les changeurs mais repris la parole quant à ses demandes afin d’adaptés dans l’instant les ébauches sur lesquelles j’avais d’ors et déjà planché avant cette rencontre, et la suivante avec les nouvelles dirigeantes vampires.

Le Commonwealth n’est pas qu’un simple accord entre différentes nations. Dans la continuité de mes projets d’équité entre espèces, les nocturnes devront bénéficier des mêmes accords de manière officielle bien que ces-dits bénéfices leurs sont déjà acquis. Bien qu’ils devront être mis par écrit et signés conjointement, voici en gros les termes de ce traité constitutionnel.

Comme il en est déjà factuellement le cas, vos territoires respectifs seront considérés comme territoires indépendants et vos lois y seront seules appliquées.
La sécurité des membres de chacune des trois espèces devra être assurée conjointement par la constitution d’équipes d’intervention d’élite mixtes où lycans et vampires ne seront pas en contact. Ces mêmes équipes seront déployées dans le cadre de la lutte conjointe contre les semi-démons.
Chacun membre des trois espèces, si tant est qu’il n’aura enfreint aucune loi, jouira des mêmes droits civiques que tout un chacun. L’économie, le droit à la propriété, le droit au travail ainsi que la libre circulation – sous réserve du respect des lois en vigueur – seront aussi accordés à toutes et tous. A contrario, tout criminel et ce quelle que soit son espèce d’origine, se verra déchu de ces mêmes droits et sera jugé selon les lois en vigueurs sur le territoire où auront été commises les infractions. dis-je avant de me taire un instant. Restait un point à aborder, enfin du moins avant la question au sujet des changeurs.

Je sais que Hood a organisé une rencontre il y a quelques temps entre votre défunte lupa et l’une des nouvelles reines vampires à l’époque princesse. Si cela n’était que purement consultatif il pourrait en être autrement désormais. Pensez-vous qu’un genre de triumvirat puisse être constitué, avec vous, l’une des reines vampires et moi si je viens à être élu en dépit de la haine séculaire entre votre espèce et les vampires ? lui demandai-je avant de me taire à nouveau pour écouter sa réaction à ma tirade.

Je poussais mais sans me mettre en optique de négociations ; c'est à dire que je ne montais pas plus haut pour pouvoir accepter un prix plus bas. Je demande des conditions et j'attends qu'elles soient remplies. Sans doute existe t'il d'autres personnes qui accepteraient des conditions moins élevées que les miennes. Comme l'Ulfric précédent ou la Lupa qui m'avait accompagné jusque là. Eux avaient parié l'avenir de la Meute sur moins que ça. Je ne les jugeais pas en disant cela, il me semblait normal que je puisse avoir de hautes attentes vu que je traversais une période très compliquée pour tout le monde au sein de la Meute, et que les responsabilités les plus importantes m'échoient. C'était compliqué. J'essayais de jauger l'homme en face de moi par la même occasion, je pensais bien qu'en le mettant en difficulté il en révélerait plus sur lui que d'ordinaire. Je ne me faisais pas pour autant d'illusions. Ce type était un flic et un politicien, il y avait forcément un gouffre entre ce qu'il affichait et ce qu'il pensait réellement. Mais si je pouvais gratter la surface ne serait ce qu'un peu, c'était toujours ça de pris et je n'y manquerais pas. Je me demandais à quel point Mc Borough était en train de me manoeuvrer. Ce qu'il me disait me plaisait autant que cela me rebutait, c'était incroyable de se rendre compte à quel point. J'aimais ce genre d'idéal. Groupes d'intervention ? J'adhérais à l'idée. Il semblait en tous cas obsédé par les semi-démons, peut être à juste titre justement. Je hochais la tête à sa proposition. Cela me convenait dans l'ensemble, bien sûr. Je n'aimais pas les vampires, mais je me refusais à nourrir pour eux la même haine qu'ils nourrissaient pour nous. Je n'étais pas un assassin dans l'ame. Sa dernière proposition me semblait... etrange. Pas forcément déplaisante, mais cela augurait une situation particulière, inédite.


Je réfléchis un long moment avant de finalement reprendre la parole.


| Un Triumvirat ? Quelles en seraient les conditions de fonctionnement et le statut juridique? |


Je reprenais, aussi rapidement.


| Ces conditions m'agréent, mais ej veux des garanties. En plus de ça, je veux la vengeance pour ma Lupa. Je veux le responsable sur un plateau, jugé selon les lois de la Meute. Etes vous en mesure de me le garantir? |

Mes paroles semblaient convenir à mon interlocuteur mais était-ce réel ou de simples apparences ? Tout n’était que manipulation et écran de fumé de nos jours, j’en savais quelque chose car j’avais dû passer bon nombre d’accords pour récolter des informations, des contacts. La fin justifiait les moyens certes mais parfois cela n’empêchait pas de s’interroger. Cela en valait-il la peine ? Qui en valait la peine d’ailleurs ? Puis les images des victimes revenaient, humaines ou non d’ailleurs, et ma résolution reprenait son assurance.

Je dois encore rencontrer les nouvelles dirigeantes vampires mais dans l’idéal il faudrait que celui-ci soit constitué d’un représentant de chaque espèce.
Vous, moi et l’une des sœurs royales, bien que je ne sois pas sûr qu’elles acceptent de ne pas être présentes toutes deux au vue de leurs communications ces derniers jours. Si tel était le cas, voudriez-vous avoir quelqu’un à vos côtés dans ce dispositif, votre prochaine lupa ou un de vos conseillers ?
Pour ma part je resterai le seul humain au sein de ce Triumvirat s’il devient réalité. dis-je avant de me taire un instant.

Si tout était fait au seul nom de l’ancienne reine rouge sous son règne, dorénavant les vampires agissaient sous l’égide des deux sœurs. A mon sens cela était une erreur car deux gouvernants pouvaient représenter un signe de faiblesse d’autant que l’une des deux était plus jeune que la plupart des membres de son espèce et n’était qu’une enfant adoptive.

Quant à son statut il aura une existence officielle et la valeur juridique qui ira avec. L’idée est d’avoir un système ressemblant à l’ONU quelle que soit l’image de cette structure à travers le monde. Le but recherché avec ce Triumvirat n’est pas de plaire à l’opinion publique ou d’afficher une image d’unité bien qu’il serait hypocrite du gain ce ceci. Mais le véritable objectif d’une telle constituante est une concertation, une prise de décision voir même de légiférer ensemble au-delà de ce qu’apportera la réforme constitutionnelle.

Je ne dis pas que ce sera simple ou que les discussions y seront calmes et sans heurt. Mais je suis prêt à faire avec pour éviter de nouvelles Années Sanglantes. dis-je encore avant de réagir à sa dernière requête.

L’ensemble de mes services travaille d’ors et déjà pour trouver le coupable. Si on le trouve il vous sera livré sans interrogatoire de notre part, et sera jugé sur votre territoire selon vos lois comme indiqué par mon projet de réforme constitutionnelle. J’espère juste que s’il vous fournit des informations qui peuvent s’avérer cruciales pour une autre espèce que la vôtre vous nous la ferez partager. lui dis-je encore avant de me taire sans prêter la moindre attention à la production artistique projetée dans le cube où nous nous trouvions.

Je ne savais pas dans quel but Mc Borough me disait tout ceci. Pensait il que cela le sauverait de la suspicion de la Meute devant l'incapacité évidente des humains à faire la lumière de tout ce qu'il s'était passé ce soir de réveillon ? Ou alors qu'il voulait simplement le pouvoir ? Ce qu'il me semblait évident et que je devais rester sur mes gardes, tout ce qu'il me promettait était presque trop beau pour être vrai. Je savais pourtant que l'homme n'avait pas le choix. Hood avait le soutien du peuple. Même fragilisé, il avait toujours la situation en main ou en tous cas donnait l'impression de l'avoir. S'il n'avait su mettre définitivement un terme à la menace provoquée par les créatures démoniaques, il parvenait malgré tout à maintenir le calme chez toutes les autres parties prenantes du pays pour éviter un conflit généralisé et destructeur. Il avait du mérite. Certes, les attaques des semi démons continuaient de menacer son œuvre, mais autrement il y avait tout de même de larges perspectives.


En fait, je me rendais compte que Hood, s'il avait eu ces idées, serait peut être assuré de gagner et les élections, et la paix pour tout le monde.


Mais ce n'était pas Hood qui était là devant moi. C'était Mc Borough. Je n'avais pas beaucoup de confiance en lui mais n'en avait pas beaucoup plus pour le premier ministre en place, qui avait laissé bien trop de libertés aux vampires à mon goût. Je me rendais compte que j'étais peut être la première personne à qui il parlait de son plan, lorsqu'il me dit qu'il n'avait pas encore l'aval des Reines. Je réfléchissais. Siéger avec des vampires comme des égaux me dégoûtait, mais d'un autre côté... Je me rendais compte que je n'avais pas forcément le choix. J'allais devenir père d'une ado, prochainement, j'avais une femme et des enfants en bas âge qui, s'ils n'étaient pas de moi, comptaient énormément. J'avais toute une Meute à défendre,à préserver. A nous de faire en sorte que cela compte...


| Bien sûr. Si elles sont deux, j'estime que mon égale dans notre hiérarchie siègera avec nous. Vous seriez peut être avisé de prévoir quelqu'un pour vous accompagner également... |


Je le contredisais légèrement, mais m'assurer qu'il partage la communication et le pouvoir inhérents à sa place me rassurerait sans nul doute. J'étais assez assuré de ses paroles, finalement il semblait vouloir s'engager assez loin. J'inspirais profondément.


C'est dans ces moments que se décide l'histoire.


| Livrez nous ce coupable, et faites une déclaration publique d'attention. Et je discute avec mes seconds de la marche à suivre. Ce projet me semble très ambitieux. Bonne chance pour le faire vivre. Mais si vous remplissez mes conditions, je convaincrais les miens. |

Contrairement à mon interlocuteur, je lui avais offert de longues tirades, en même temps j’y étais bien obligé car c’était moi qui venait en demandeur et devais donc lui exposé ma proposition. Lui donc me répondais par de brèves paroles mais qui suffisaient pour me faire part de sa réponse.

Je serais probablement le seul représentant de mon espèce si ce Triumvirat prend forme. Je ne connais que trop bien les travers de mes semblables et je ne veux pas que ce projet de paix soit biaisé par une quelconque ivresse du pouvoir. Ce qui ne signifiera pas pour autant que je travaillerai seul, j’ai une équipe derrière moi qui partage ma vision des choses mais surtout mes projets de paix générale.

Mes quatre acolytes, les vestiges de ce que j’avais un temps appelé les Gardiens, étaient les seuls dont je pouvais être sûr. Ils m’étaient tous redevables car je les avais tous tirés d’un mauvais pas à un moment de leur vie où nul ne leur tendait la main. C’était ainsi qu’ils avaient décidé de me suivre sans faillir ni me trahir et qu’il en serait de même jusqu’à leur mort. Ils étaient tous experts dans leur domaine, et leur autre point commun en dehors de bosser avec moi était qu’ils étaient tous d’anciens militaires.

Il en sera donc ainsi. Avant de vous quitter, avez-vous une requête, un message que vous souhaiteriez- que je transmette aux reines vampires ? lui demandai-je encore pour conclure.

Il allait être temps de nous séparer, l’amorce d’accord que nous venions de conclure étant un bon démarrage au processus de paix. S’il s’agissait là d’un bon début je ne pouvais pour autant m’enflammer d’un optimisme rapide. Il me restait encore à rencontrer les reines vampires puis à concilier les requêtes de chacun.

Mais dans l’immédiat le plus dur allait être de poursuivre l’enquête sur l’assassinat de la lupa. La brigade pouvait beaucoup de chose mais j’avais besoin de l’aval de son leader pour pouvoir approfondir celle-ci.

Encore une chose : pour les besoins de l’enquête j’ai besoin de pouvoir interroger un maximum de personnes. Je vous demande officiellement et personnellement l’autorisation d’interroger les membres de votre meute afin de recueillir leurs témoignages de près ou de loin au sujet de la lupa. J’ai besoin d’en savoir plus à son sujet, notamment de ses liens au sein et en dehors de la meute. Il me faudrait l’accès à ses biens immobiliers si elle possédait en dehors de votre territoire ainsi que de votre établissement la Lune bleue. Me l’accorderiez-vous ?

Au moins avais je le sentiment de ne pas être venu pour rien. Je m'étais demandé depuis le départ ce que me voulait le directeur de la Brigade PES en dehors du fait de me faire part de l'incompétence de ses services pour retrouver l'assassin de Mary. Maintenant, je savais qu'il aait un plus grand dessein en tête, et si je ne lui vouais aucune confiance je me rendais compte que venir me rencontre pour évoquer ces différents sujets avec moi avait dû être tout sauf facile. Je connaissais la réputation et un peu l'homme ; on ne pouvait pas dire que Philipp Mc Borough soit l'homme le plus ouvert et le plus tolérant de tout le Royaume Uni... Pour le moment j'essayais surtout de réfléchir aux implications de ce qu'il disait. Je voyais bien que du point de vue de la Meute, il s'agissait probablement du meilleur compromis possible ; j'aurais une peine de tous les diables à trouver meilleur arrangement. Oh bien sûr, un territoire cent pour cent réservé à la Meute serait sans doute le mieux pour nous, mais je me méfiais des répercussions à long terme de toute cette affaire. Il fallait y réfléchir, il fallait en débattre. Je devais recueillir l'avis de mes subalternes pour être amené à prendre une décision. Pour autant, je ne démordais pas de ma demande.


| Oui, justement. Qu'il s'agisse de vous ou de vos succésseurs si ce système devait fonctionner longtemps, je pense que mettre toutes nos espèces à égalité est la seule manière que nous ayons de pouvoir fonctionner. Mettre une règle différente pour les humains serait un dangereux point de départ pour on ne sait quelle déviance prochaine. Cela sous entendrait qu'il existe des différences entre nous. Pourquoi pas votre future chef de cabinet, ou ministre de l'intérieur, ou ce que vous voulez? |


Je me fichais bien de qui il prendrait, l'important était avant tout qu'il prenne quelqu'un. Je me doutais qu'un type comme lui devait avoir légion de subalternes à placer aux postes clefs, je ne m'en faisais donc pas trop de ce côté là. S'il insistait encore, ça n'allait pas manquer de devenir suspect, vous pouvez me croire... Je le dévisage lorsqu'il évoque la fin de l'entretien. Je me lève et lui tend la main, pour serrer la sienne fermement.


| Qu'elles ne se mettent pas entre la Meute et la justice. Pour les informations concernant Mary Wellesley, je vous communiquerai le numéro d'une personne proche de Mary Wellesley. J'attends de vos nouvelles directeur, bonsoir. |


Et moi de prendre congés