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Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Juin - 17:26

Son parfum est terriblement présent. Je ferme les yeux. Je cache l’ombre vorace de mes iris. Je m’immobilise. Juste une statue de marbre. Juste un souffle qui ne s’échappe plus depuis des siècles. Je me gorge. J’avale. Je me souviens. Je n’ai jamais oublié. Quelque chose a changé, une nuance insaisissable. Une épice étrange. Mais le reste…Le reste n’est que lui. La musique devient bulle étouffée frôlant mes oreilles. La Nuit se referme doucement, je crois l’entendre rire. De qui rit-elle ? De moi ? Vraiment ? Il n’existe que cette fragrance. Une douleur au creux de moi qui pulse d’amer, d’acide. Qui saigne d’un sang intemporel. Si je n’étais…Je hurlerais de souffrance. Sous mes paupières closes, la folie. Les vents contraires des souvenirs. La douceur. La tromperie. L’horreur. La haine. J’ai tenté tant de fois, épuisée, rongée de rage, meurtrie de douleur, j’ai tenté tant de fois d’effacer, d’oublier…

L’orbe glacial de mes iris se dévoile, lentement, parsemée de tempête à venir, étreinte d’absolu, de déni, flamboyante de souvenir, d’oubli…Le musicien joue. Il ne regarde pas vers moi, ni vers lui. Il ne regarde rien, prisonnier de sa passion, des sons qui s’échappent de son instrument, innocent sans doute de la mort qui l’entoure. Frêle silhouette auréolée de puissance qui se tient à ses côtés. Musicien inconscient…Joueuse ma main volte et la pièce traverse l’air. Elle sera le tintement. Le glas. Le moment. Ce frémissement savoureux. Ce soubresaut révulsant. Ce destin qui se joue dorénavant. L’histoire ne peut être remontée, ne sera jamais changée. L’avenir reste page blanche. Réécrire. Décider…Je t’aime encore…Tellement. Et puis la pièce tinte, décide du commencement mais ne sera pas fin. Chaussés de la tendresse d’un cuir de marque, mes pieds s’enchantent de la marche vers lui…Lui…

Le charbon de ses yeux. La ligne indomptable de sa lèvre. Le pli indistinct de ses émotions gelées. Parce que si je ne suis que froideur, que glace, il est bien pire. Le vent soulève un instant ces mèches…Fascinée, je regarde leur danse…Quatre siècles mon amour…Des plaies ouvertes, suintantes encore. Qui es-tu désormais ?

Il n’existe rien de pire que l’espace que je laisse entre nous. Juste un souffle de sylphide. Et je plonge, je me noie dans l’opaque de ses iris. Je n’en connais plus les contours, je n’en reconnais plus le chant, mais toujours elles restent envoûtantes. Les ténèbres affrontent la lumière illusoire de mes prunelles.

Tic-tac…Le temps s’écoule. Qu’il m’affronte, comme il a si bien su le faire…J’apprendrais ce qu’il est, ce qu’il est devenu. Il redeviendra mien, comme il l’a toujours été…Juste ce souffle sur les braises de ma vie. Ravivant ce désir ombrageux d’espérer encore…Juste vouloir qu’il m’aime…Un peu.

« Nicolas… »

Ce prénom si souvent susurré, hurlé, gémit…Coulant entre mes lèvres, un miel sauvage, râpeux et terriblement doux en même temps…Mes paumes sont des magiciennes d’étranges tandis qu’elles voltent a lui, qu’elles se posent, insouciantes, amazones sur ses joues…L’ombre sulfureuse de mes lèvres se plie et révèle un sourire flou…Qui se déposera au prémices de sa bouche, légère, si légère qu’il se pourrait que ce ne soit qu’un rêve…Et puis je m’éloigne, a regret, la mer d’azur de mes iris mouvantes d’ombres qu’il ne pourra jamais deviner, qu’il ne pourra jamais comprendre…
Scylla van Heland

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Juin - 17:28

Edimbourg était une ville qui ne manquait pas de charme si on ne prenait en compte que le centre, ancien, chargé d'histoire et non la nouvelle ville, chargée d'enseignes récentes de mode. Rien n'égalerait jamais mon pays d'origine. J'aimais profondément la France et je m'y rendais encore régulièrement, nostalgique de ce pays qui m'avait vu naître... et mourir. En près de cinq siècles, de profonds bouleversements avaient eu lieu, ravageant les terres de mon enfance, pour en faire autre chose. Je n'étais pas contre la modernité, loin de là, mais parfois, la nostalgie m'envahissait quand je voyais certains paysages disparus, remplacés par des villes... Désormais, ils n'existaient plus que dans ma mémoire et dans les peintures et gravures anciennes.

Néanmoins, l'Ecosse était une terre riche, de légendes et de toute beauté, bien que récemment ravagée par les Années Sanglantes. Mais ce n'était pas le première fois que ces terres connaissaient la misère et la mort et sans doute pas la dernière, bien que les ennemis changeaient. Je savourais le calme de cette soirée, déjà bien avancée, toujours amateur de ces artistes de rue qui ravissaient mes oreilles et celles des autres passants. Il y avait parfois des artistes médiocres, souvent des musiciens talentueux et parfois, certains avaient un réel don.

J'aimais à me mêler aux humains. Quand bien même, je ne souhaitais pas accéder à cette humanité qui m'avait été enlevée, quand bien même, j'avais toujours trouvé étrange l'idée de vouloir nous octroyer des droits, alors que nous n'étions pas humains et ne le serions jamais, je n'avais jamais méprisé cette humanité et ces représentants. Ils étaient ma nourriture, mais je les respectais pourtant, les humains étant capables de grandes choses, aussi bonnes que mauvaises.

Pourtant, ce soir, alors que mon regard s'attardait sur un de ces artistes, je sentis une étreinte glacée broyer mon cœur, ma poitrine me semblant soudainement lourde alors que je sentais une présence bien trop familière, malgré ces siècles à ne pas l'avoir éprouvée. Je savais depuis longtemps que je ne pourrais échapper éternellement à cette rencontre. Elle faisait bien trop partie de cette vie qu'elle m'avait imposée pour en disparaître à tout jamais... Et je devais reconnaître être surpris qu'elle ai mis tant de temps à se manifester auprès de moi.

A regrets, mon regard quitta le musicien pour se porter vers celle qui m'avait créé... Celle qui m'avait arraché ma vie, tout ce qui en faisait la saveur, pour m'ouvrir à la nuit, dans un désir égoïste de possession. Elle avait abattu les obstacles, simplement, sans regrets, sans aucune considération pour la vie. Enfant capricieuse qui réduisait en cendres ce qui la gênait. Je l'avais haïe pour cela... Je l'avais adorée. Elle m'avait fasciné, elle avait su me détourner de mon chagrin, m'offrant la chaleur de ses bras, la tendresse et la fougue de son étreinte... Oui je l'avais adoré. Et détesté tout autant en apprenant la sinistre vérité.

Et ce soir, il était sans doute temps de rendre des comptes, Scylla venant réclamer son dû.

J'étais son infant, nous serions à jamais liés, à moins que l'un de nous ne meure... Ou qu'elle ne décide de m'affranchir de ses liens. Chose que j'imaginais difficilement. Mais à sa décharge, elle n'avait jamais tenté de m'imposer sa volonté. Et n'avait pas cherché non plus à me récupérer pendant tout ce temps, alors qu'elle en avait largement eu le pouvoir. Qu'avait-elle donc attendu ?

Je fus de nouveau frappé en plein cœur quand mon regard caressa sa longue silhouette féminine, remontant lentement, jusqu'à plonger dans ses yeux bleus. Elle était encore plus belle que dans mon souvenir, plus mystérieuse. Elle avait une aura qui m'avait toujours subjugué. Je l'avais deviné dangereuse dés les premières minutes de notre première rencontre. Et fascinante. C'était une véritable beauté, mais auréolée d'une grâce irréelle. Et quand elle souffla mon nom, je me sentis tressaillir, retrouvant cette voix à nulle autre pareille, envoûtante.

Après quatre siècles de séparation, elle avait toujours un certain pouvoir sur moi et ce n'était pas du à notre lien. Seulement, j'avais changé durant tout ce temps, je n'étais plus le jeune homme naïf qui était tombé si facilement entre ses griffes. Qu'importe ce qu'elle éveillait en moi, je ne lui opposerais qu'un masque de froide politesse. C'était devenu si facile. Je l'épinglais du regard alors qu'elle approchait, que ses mains se levaient, lentement, pour venir se poser sur mes joues. Je restais de marbre, ne lui offrant pas le plaisir d'un sourire, ni l'affront d'un recul. Rien, je ne lui donnais rien, sinon l'indifférence. Une indifférence mise à mal quand ses lèvres effleurèrent ma peau avec la légèreté d'une battement d'aile de papillons. Intérieurement, je ressentis l'émoi. Mais je refusais de lui laisser voir la moindre emprise à mon égard. Elle recula. Je m'étais attendu à beaucoup de façons de nous retrouver... Beaucoup de réactions différentes de sa part. Mais pas vraiment celle-ci, comme si rien n'était arrivé, comme si je n'avais pas essayé de la tuer, lui déversant toute ma haine et mon mépris.

« Scylla. »

Ma voix était froide, dénuée d'émotions, un brin ennuyée.

« J'aurais presque pu penser que tu m'avais oublié après tout ce temps. »

Et j'aurais infiniment préféré que ce soit le cas.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Juin - 17:34

L’oubli.

J’ai essayé.

Me perdre dans le temps, que mes souvenirs s’envolent comme autant de grains de sable. Je l’ai tant voulu. Mais de cela, je ne soufflerais mot. La courbe de mes lèvres s’incurve, devient joueuse, devient amusée. Comme un secret que l’on murmure à une oreille et dont on accueille le dépôt.

« Pourquoi ? »

Pourquoi l’as-tu pensé ? Je l’ai laissé libre. Je l’ai laissé me quitter. Je l’ai laissé me blesser, m’emmener presque aux portes des Limbes. Je l’ai laissé me faire mal, presque me tuer. Je l’ai laissé faire. Amante éconduite, repoussée, dévastée. Je l’ai laissé faire…Parce que nul autre choix ne m’était offert. Je n’aime pas mon prénom dans sa bouche, vomit par ses lèvres. Je n’aime pas ce qu’il représente. Je n’aime pas ce qu’il est. Pour l’heure du moins. Il a remodelé ses contours, je dois réapprendre. Réapprendre encore. Mais quel défi savoureux. Un mystère qu’il m’offre. Ce qu’il fut, ce qu’il est devenu. Je plisse les paupières, voile l’ombre bleutée de mon regard de ténèbres volages. L’ébauche d’un sourire se dessine sur mes lèvres. Je frémis. De lui. De sa présence. De son odeur qui envahit l’air. J’aimerais m’y lover, ne plus jamais en bouger, comme un nid qui ne serait que moi, que lui. Un fantasme. Une irréelle envie. Ce qu’il m’a refusé…

« Je ne t’ai jamais oublié. »

Non jamais. Son image en toile évanescente sur mes rêves. Son parfum en musique de mes songes. Il y avait quelque chose de douloureux, une souffrance sourde, pulsant au rythme d’un cœur mort. Je le sentais, au creux de mon ventre, au creux de ce que je suis.

« Il n’y avait pas cette indifférence autrefois…Mais je suppose qu’elle est de circonstance. »

Je ne l’aime pas. Sans doute ne l’aimerais-je jamais. Indifférence. Je préférerais sa haine, sa colère déversée comme un poison, sa rancœur en pique droit sur mon cœur.

« Je ne sais pas si j’aime ce que tu es devenu. »

Mensonge. Atroce mensonge. J’aime ce qu’il est. Je l’aimerais toujours. Cette étincelle glaciale dans ses yeux, ce rictus ennuyé, à peine caché. Même lui, je l’aime. Il se fichera de mon avis, mais je le lui dis. Qu’importe en vérité, je saurais ce qu’il est. Je réapprendrais a nouveau. Je mettrais des mots sur nous, quelqu’ils soient. Je l’ai décidé il y a longtemps. Le courage m’a manqué peut être autrefois, mais pas aujourd’hui…Jamais aujourd’hui.
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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyVen 27 Juin - 18:08

Pourquoi... Parce que cela faisait plusieurs siècles que nos chemins ne s'étaient pas croisés. Et je savais que ce n'était pas parce que j'avais fui. Elle pouvait me retrouver n'importe où, n'importe quand alors pourquoi avoir attendu tout ce temps ? Je découvrais qu'après tout ce temps, la rage incontrôlée qui m'avait envahi et poussé à l'attaquer s'était essoufflée. Il ne restait nulle colère quand je la regardais, quand je ressentais de nouveau ce désir poignant en attardant mon regard sur ses lèvres pleines, délicatement ourlées d'amusement.

« Tu aurais pu revenir beaucoup plus tôt. »

A mon tour, j'esquissais un léger sourire, mais qui n'avait rien de tendre ou d'amusé. Il était froid, autant que mon regard noir posé sur elle.

« Je ne me suis jamais bercé d'illusions. Tu aurais pu me retrouver quand tu le désirais. »

Et elle ne l'avait pas fait... Se doutait-elle que m'acculer ne lui aurait attiré que ma haine et mon dégoût ? Qu'il fallait que le temps passe, que de l'eau coule sous les ponts pour qu'elle puisse espérer une confrontation sans que cela ne vire en règlements de compte ? C'était possible... Scylla s'était montrée égoïste, capricieuse et sans scrupules pour avoir ce qu'elle voulait. Et elle s'était étonnée de ma réaction... Avait-elle oublié ce que c'était qu'être humain ? Que de ressentir des émotions comme l'attachement ? Elle était plus vieille que moi, déjà vampire depuis de nombreuses décennies en jetant son dévolu sur moi. Avait-elle alors perdu toute trace d'humanité ? Ou avait-elle été ainsi durant son vivant ? Je devais avouer ne pas savoir grand chose de sa vie avant... avant nous. Je ne comprenais pas totalement Scylla. Et ne la comprendrais sans doute jamais. Elle était mystérieuse et insaisissable.

Elle avoua alors ne m'avoir jamais oublié. Je soupirais, détournant le regard pour regarder l'artiste de rue. Autour de nous, les gens ne semblaient pas sensibles à ce qu'il pouvait se tramer entre les deux immortels que nous étions. Alors que j'avais l'impression que toute la tension entre nous crépitait dans l'air. Une tension qui émanait de moi, pas d'elle. Elle semblait à l'aise, comme si nous nous étions quittés dans les meilleurs termes en nous quittant, ce qui était loin d'être le cas pourtant. Je ne commentais pas. Elle me reprocha pourtant mon indifférence. Je me fendis d'un sourire cruel.

« Et que pensais-tu donc trouver ? »

Elle ajouta ne pas savoir si elle aimait ce que j'étais devenu et cette fois, je me permis un rire grave, teinté d'ironie. Nous nous étions quitté il y a 4 siècles et voilà qu'elle se permettait ce genre de jugement, avec une ingénuité confondante. Elle était trop franche... Elle aurait presque pu me tromper.

« Et pourtant, quelque part, c'est à toi que je le dois, assume donc ce que tu as façonné sur un mensonge. »

J'étais à la fois sincère et injuste. Oui, elle m'avait créé et oui, j'avais du apprendre seul quand j'étais parti. Mais la suite, je ne la devais qu'à moi, devenant l'immortel que je voulais être, loin de son influence possessive.

« Mais tu peux vivre avec le souvenir de ce qui a été, ce sera sans doute moins dérangeant que la réalité. Ne cherche pas à connaître ce qui est Scylla, je ne souhaite plus avoir à faire avec toi. C'était le cas quand je suis parti et cela le demeure encore. »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyVen 27 Juin - 18:43

« Oui, c’est vrai. J’ai toujours su où tu étais. Du moins…Je savais que tu étais en vie. C’était suffisant…A l’époque. »

Je souris. Atrocement. Alors que je me meure de ses yeux sur moi. De son mépris dans ses mots. Je ne sais ce qu’il est dorénavant. Je l’imagine. Comme je l’ai toujours fait. Grand. Fort. Vainqueur. Il a toujours eu cela en lui. Mais au-delà….Ces peintures qu’il créait. Des reflets de lui. Des esquisses, des relents…Il pouvait m’opposer un masque déjà écrit, je devinerais toujours au-delà.

« Je ne sais pas. Mais cette indifférence te va bien. »

Oui. Elle couronnait ton front avec majesté. Elle se sublimait elle-même dans tes bras. Je ne l’aimais pas, parce que jamais je ne serais indifférente a lui. Jamais. Je refusais qu’il le soit. Combien aurait il tous les droits de l’être. Cette indifférence, je ne l’aimais pas. Je n’en voulais pas. Elle n’était qu’une couche abstraite qui explosa lorsqu’il me répondit. Que je goutais le poison de sa rancœur, savamment distillée.

« Un mensonge ? »

Les mots glissent doucement, s’enveniment. Un mensonge. Je ne lui avais jamais mentit…

« Je ne t’ai pas mentis Nicolas. Interroges toi, Chevalier. »

Le sourire est mesquin, la douleur est…Eclatante dans les iris polaires. Mon attitude devient reine outragée, l’azur transperce les ténèbres qu’il m’oppose.

« Lorsque tu as exigé la vérité, je te l’ai livrée. Tu as voulus, tu as eu… Renierais-tu tes propres souhaits ? Le mensonge, c’est toi qui l’a créé. Qui l’abreuve, qui le nourris. Interroges toi réellement Nicolas…Qui a mentit ? Qui s’est mentit ? »

Le venin gronde, enivre l’air. Succombe peut être. Je ne le sais pas. Je n’ose savoir. Lâcheté ? Non je m’étais promis de ne plus l’être. Prudente ? Oui. Je refusais qu’il m’échappe encore. Je refusais ses piques jetées avec tant de précisions. Je refusais les plaies qui s’ouvraient une à une, sous son regard, sous ses mots.

Et le rire s’écoule, langoureux, ténébreux. Il ne sera qu’une chape de douceur âcre.

« Je n’ai cure de tes souhaits, Nicolas. »

La reine assène. Tranche. Brutalement. Puis elle se détourne de lui. Mon regard erre un instant, sur l’éphémère vie humaine. Puis les iris s’enrobent de ténèbres, de voiles indistincts. Etrange.

« Ils ne seront pas exhaussés. »

Les mots deviennent hache tranchantes, sentences, jugements.

« Tu veux savoir. Parce que cela tu ne pouvais pas l’entendre. Mais tu veux savoir. La raison. Le pourquoi. Pourquoi elles sont mortes. Tu veux te défaire de ta culpabilité…Parce que ce paravent derrière lequel tu te caches n'est pas vra.i »

Je ris doucement mais l’ombre de mes prunelles se teintent d’atroce, de volonté implacable.

« Me haïr….C’est facile, te haïr toi-même beaucoup moins…. Alors…Veux tu savoir ? Au bout de quatre siècles…Oseras tu me poser cette question ? »
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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyDim 29 Juin - 18:21

    En l'écoutant, je me demandais quelle aurait été sa réaction si j'avais été tué. Je la savais attaché à moi, sentiment confirmé alors qu'elle était désormais en ma présence, malgré ces siècles d'éloignement. Elle n'avait jamais oublié. Aurait-elle été peiné de ma mort ? Certainement. Et je commençais à me dire qu'il lui avait fallu beaucoup de courage pour rester en dehors de ma vie pendant tout ce temps, avec les risques que cela comprenait. Et en même temps, je ne l'aurais pas acceptée si proche auparavant. Malheureusement, mes sentiments à son égard étaient bien plus complexes que je ne l'aurais souhaité. Il aurait été aisé de ne ressentir que colère et haine pour elle, voire du mépris. Mais en réalité, je ne la haïssais pas. Elle m'avait toujours fasciné, toujours intrigué. Je n'avais pas cherché à voir plus loin à l'époque, mais les années m'avaient appris la réflexion. Et je découvrais avec une certaine horreur que j'essayais de la comprendre. J'aurais du me complaire dans cette feinte indifférence, mais ce n'était pas le cas.

    Et sans pouvoir m'en empêcher, je lui rappelais que j'étais devenu ce qu'elle avait créé dans le mensonge, en m'arrachant ma famille sans vergogne, sans remords et en récupérant ma passion sans s'en émouvoir, sans ressentir la moindre culpabilité. Et cette accusation, lancée sans haine ni colère, mais avec une certaine lassitude parut la surprendre. Elle me rétorqua qu'elle ne m'avait pas menti. Je haussai un sourcil, curieux de savoir comment elle allait expliquer ce qu'il s'était passé entre nous alors. Comment elle considérait l'effacement de sa rivale de façon si drastique. Et d'une enfant.

    Je restais stupéfait par sa façon de voir les choses. Certes, quand j'avais demandé des réponses, elle me les avait fourni. Mais si je n'avais rien demandé, jamais elle n'aurait avoué. Et cela portait un nom.

    « Je ne comprends même pas comment tu as pu recueillir ma fougue en sachant ce que tu avais fait. Comment tu as pu avoir l'indécence d'être la cause de mon deuil et de ne même pas t'en émouvoir. N'as-tu donc aucune conscience Scylla ? Aucune âme ? Ne connais-tu la culpabilité ou le remord ? »

    Je parlais sans haine, mais ma voix oscillait entre l'incrédulité et le mépris. Comment pouvait-elle seulement espérer me conquérir en pensant ainsi ? N'avait-elle toujours pas compris après tout ce temps ?

    « Accuse-moi de m'être leurré, de m'être voilé la vérité, c'est sans doute ainsi que tu entrevois la vérité. Et sans doute est-ce vrai, quelque part. Il était plus aisé de fermer les yeux et trouver la consolation dans tes bras que de s'avouer se vautrer dans la luxure avec un monstre. Mais il existe plusieurs formes de mensonges. Le silence en est un. Si je ne t'avais accusé, Scylla, aurais-tu fini par avouer ? »

    Ainsi, il était venu le temps des explications. Soit, j'étais prêt pour cela. Mais elle, l'était-elle ? Pouvait-elle confronter sa vision des choses à la mienne ? J'avais toujours pensé que l'esprit de Scylla n'appartenait plus tout à fait à ce monde. Parfois, elle confinait vers la folie, sans jamais s'y abandonner. Quel drame avait donc façonné ainsi son esprit, son âme et son cœur ? A quoi bon me poser ces questions, je ne voulais pas de Scylla dans cette vie. Et sans surprise, elle avoua ne rien avoir à faire de mes envies. Elle ferait comme bon lui semblerait.

    « Naturellement, depuis quand te soucies-tu de ce que les autres souhaitent ? »

    Créature égoïste. Pourtant, elle me déstabilisa quand elle reprit d'un ton tranchant que je voulais savoir pourquoi elle les avait tué, une question jamais formulée jusqu'à maintenant, car je n'étais pas prêt à entendre la réponse.

    « Parfois, je t'envie de ne pas connaître ce sentiment. »

    La culpabilité. Elle était souvent injustifiée, mais tenace. Ce n'était pas ma faute si elles étaient mortes, si une vampire obsessionnelle avait jeté son dévolu sur moi... Ou peut-être que si en acceptant de lui parler, en cédant à son charme. Malgré tout, Scylla m'étonnait à se montrer si pertinente, si clairvoyante dans mes propres sentiments. Et c'était fortement déplaisant. Je soutins son regard. Elle avait touché un point sensible et elle jouait avec ma fierté. Lui poser la question lui donnait le pouvoir sur moi. Ne pas lui poser ne ferait que révéler une lâcheté que je cherchais à combattre. Dans tous les cas, j'étais piégé. Mon expression se teinta de lassitude alors que nous ressassions un drame vieux de plus de quatre siècles.

    « Très bien. Pourquoi les as-tu tué ? »

    Je pensais connaître la réponse. Elles étaient des obstacles entre elle et moi. Voilà tout. Une autre version viendrait changer ma vision des choses. Sans que cela ne l'absout de son crime.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyDim 29 Juin - 19:26

Je touche. Je blesse. Je distille. Je me trompe. Je trébuche. Je fais tellement avec lui. Sentiments improbables. Parfois dérangeants par leur intensité. Un tourbillon qui n’avait de cesse de me battre de vents tranchants, malgré ces décennies, malgré l’isolement dans lequel je m’étais dissimulée. Absoute de mes péchés ? Non. Je ne le serais sans doute jamais. Blanche ? Pure ? Ces mots si beaux dans la bouche des poètes devenaient corrompus sur mon front. Faux, tellement faux et…tellement douloureux. Jamais je n’avais pu prétendre à leur couronnement, jamais…

Il m’accuse. Se fait juge. Avec raison ? Avec tromperie ? Je n’en suis pas sûre. Je suis un monstre. Il a raison, je l’ai toujours été. Humaine ou non. Juste ce voile de noirceur en langes, le mépris et la haine en lait nourricier. Je m’étais leurrée avec lui. Trop jeune, trop folle, trop égoïste. Même encore maintenant. Je l’écoute, je l’écoute parce que sa voix m’envoute, trop d’année sans lui, hantée par son souvenir, par ce qu’il était, parce qu’il est dorénavant, même si j’ignore encore, même si je ne sais. Trop de siècles seule…tellement seule…Il ne me comprendra jamais…Et pourtant, je veux encore…Je veux…

J’accepte ces paroles comme autant de piqûres. Légères mais si précises, perçant la peau des ténèbres dont je me suis toujours enveloppée. Déchirant, sans jamais lui montrer la fêlure dans mes iris. Je l’ai voulu, je ne peux lui en vouloir. Cela me fait rire, doucement. De la soie filée dans l’ironie, dans la douleur qui se coule entre mes lèvres.

« Si je dis non…Serais-je enfin à la hauteur de ce que tu dessines de moi ?. Ce serait beaucoup plus simple, Nicolas. De ressentir du remords, ou de la culpabilité. Beaucoup plus simple. Facile même… »

Plus facile que cette tempête, que cet ouragan. La conscience de mes actes, y voir tout l’horreur, n’en rien regretter juste à cause de lui. Oui, j’étais égoïste. Je ne m’en étais jamais cachée. Déesse transformée en monstre, qui a tellement voulu donner, tellement voulu recevoir…Qui n’avait jamais eu que des stigmates forgées dans la douleur. Alors oui, j’avais dévoré, j’avais tué, j’avais détruit. Je le ferais encore, je le sais. Une vengeance posthume ? Ce serait si simple, si facile…Non c’était bien au-delà. Sa question devient un écho dans mes prunelles, un caléidoscope sombre et azuré. Des vérités, des mensonges. La réalité, l’imaginaire. Les fantasmes, le rêve. La voracité, l’avidité, la rédemption désirée.

« Non. »

Juste un souffle qui percute l’air avec tellement de force qu’il en devient douleur. Et pourtant, combien pouvais-je l’aimer, combien pouvais-je accepter ces coups, les laisser me toucher sans jamais ne laisser voir la goutte de sang corrompus qu’il provoque…Combien je rêve encore de ses bras…De son sourire, alors innocent, alors vrai…Le voile de mes cils s’abaisse, trouble l’éclat bleu glace, un instant suspendu. Le désir aliéné de briser son indifférence. De serrer le nœud de mes liens sur sa gorge. De déchiqueter ses désirs d’indépendance, d’assoir mes pouvoirs sur lui. D’en user, d’en abuser, de le briser encore…D’écarteler sa vie présente…Caché par le voile soyeux. Retenir les rênes de ma propre voracité, d’opposer un mors acide sur mes propres envies alors qu’il les déchaine sans même le savoir…

« A tes yeux, je ne serais jamais qu’une créature monstrueuse qui lacère sans relâche et se délecte du sang qu’elle répand. Des gémissements et des cris qu’elle provoque, n’est-ce pas Nicolas ? Si tu le désire, je peux être à cette image, détruire cette petite vie que tu t’es construite sans moi. Te pousser à trahir cette reine dont tu es si fier, te regarder piétiner tes propres valeurs pour finir par en être brisé…. »

Un chuchotement que le vent lui portera, qui fera naitre la répulsion, le dégout dans ses yeux. Je le sais, je l’imagine. Et j’en ris.

« Tu ne sais pas ce que recèle mon cœur, cela ne t’a jamais intéressé. Jamais intrigué. Pris dans les voiles de ce qui t’arrangeait, de ce qui t’arrange. Tu m’as conduite aux portes même de l’Enfer, mais jamais tu ne t’en es douté, c’est…Terriblement hilarant…Et pathétique. Soit, choisis, je peux être ce monstre que tu veux tant voir en moi ou ce que tu refuses si désespérément de voir en moi.»

Mes lèvres s’incurvent lentement. Je le sais. Cette question l’a hanté longtemps. Il n’a jamais osé. Est-il seulement capable de m’entendre ? Combien rien ne pourrait devenir une raison. Alors je glisse vers lui, attirée comme jamais. Ne pouvant réfréner les élans de mes pas, combien savais je qu’il était dangereux…Et les mots coulent, comme un murmure intime

« Te souviens-tu de son visage ? Après tant de temps, te souviens-tu du sourire de Gabrielle ? Moi oui. Je me souviens de son rire, de chacun de ses traits. De la lumière qui émanait de ses cheveux lorsque le soleil les touchait. Du regard qu’elle avait lorsqu’elle posait les yeux sur toi. Je me souviens de tous d’elle. Elle avait ce que je n’avais pas…Mais plus encore, elle était ce que je n’étais pas. Ce que je n’aie jamais été, ce que je ne serais jamais. L’aurais tu seulement soupçonné dis-moi ? Plus que toi, elle avait une vie qui m’avait toujours été refusée. Je la hais toujours tu sais… »

Puis l’ombre qui danse dans mes iris s’abreuve d’oubli, de perdition dans un passé déjà révolu, déjà joué…

« Quant à ta fille…Je l’aurais laissée vivre…Je l’aurais fait si la mort ne planait pas déjà sur son âme. Une senteur âcre, douloureuse. Une aura si sombre, si suintante…Elle aurait continué à vivre…Deux mois, tout au plus, percluse d’une souffrance qu’elle n’aurait pas comprise. Tu aurais prié ce ciel inutile pour sa survie, tu aurais pleuré devant ses larmes, devant sa pâleur morbide…Elle t’aurait maudit de la laisser souffrir ainsi… »
Scylla van Heland

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Juin - 22:09

    Malgré moi, je sentis un frisson glacé, imaginaire, et pourtant désagréable, courir le long de mon échine alors que Scylla me réplique qu'il serait bien plus facile d'éprouver de la culpabilité... Cette absence de remords est... glaçante. En psychiatrie, cela a un nom, ou du moins, s'apparente à une pathologie : la psychose. Une absence de notion de bien et de mal... Scylla en était-elle atteinte. Elle a raison, cela me conforte dans mon idée. Et cela me glace le sang en même temps... Parce que dans ces paroles, je sens comme un regret douloureux de ne pas être capable de ressentir ce genre de sentiment. Et je n'ai aucune parole à lui adresser suite à cet aveu. Je ne sais même plus que ressentir à son égard... Trop d'émotions contraires en moi... L'envie de fuir, l'envie de la comprendre, de l'aider... De la changer. De la rendre davantage conforme à ce que j'aurais aimé qu'elle soit. A ce que je pensais qu'elle était autrefois, avant qu'elle ne me révèle sa vraie nature. Ada était devenue Scylla... Empruntant le nom d'un monstre mythologique. Et pourtant, malgré les paroles, je ne la considérais pas ainsi, cela aurait été trop simple et même offensant.

    Pourtant, cet accès de compassion fut presque balayé alors qu'elle me répondit sans honte que non, elle ne m'aurait jamais apprit la vérité si je n'avais abordé le sujet. Je m'en étais douté. Je détournais le regard, lointain, avant de murmurer :

    « Je le savais. Mais merci de cette honnêteté. »

    Mon regard épingla soudainement le sien, alors que j'étais pensif soudainement.

    « Tu as peut-être raison. Tu ne clames pas aux 4 vents la vérité, mais jamais tu n'as menti quand je te l'ai demandée. »

    Un mensonge par omission demeurait un mensonge, mais je devais reconnaître que Scylla n'avait jamais menti à une question directe. Il fallait juste savoir poser les bonnes questions. Sinon, elle se drapait derrière son mystère et cette aura nébuleuse. Je l'avais pratiqué, fut un temps... Et je me rendais compte que je n'avais rien oublié, même si j'étais rouillé. Et toujours un peu vulnérable en sa présence. En revanche, je ne pensais pas déclencher son ire si rapidement. Je vis son regard changer, son expression se modifier légèrement. Et je compris la menace aussitôt proférée. Je me raidis alors qu'elle laissait entendre qu'elle pouvait me contrôler et me forcer à trahir ma reine, mon allégeance, à piétiner mes valeurs et mon honneur. Et même si j'étais un vampire, il me semblait ne jamais avoir perdu cet honneur si cher à mon cœur. Ma voix était douce alors qu'elle tranchait la glace des siennes.

    « Non. Non, tu n'es pas que cela à mes yeux et c'est bien pour cela que les choses sont si difficiles... »

    Pour cela que je ne m'étais pas détourné d'elle sitôt qu'elle était apparue, pour cela que je ne parvenais pas à lui opposer totalement mon indifférence ou mon mépris. Je n'étais pas certain qu'elle m'ai entendu alors qu'elle continuait de plus belle, m'accusant de n'avoir jamais cherché à la connaître, de l'avoir fait souffrir. J'étais soufflé de tant d'égocentrisme... Voilà que je devenais le bourreau quand c'était elle qui avait fait de ma vie un enfer. Je conservais pourtant mon calme, intervenant d'un ton posé :

    « Tu sais que si tu m'imposes ta volonté, si tu me forces à me renier alors tu me perdras. Irrémédiablement. »

    J'étais sûr de moi, mais combien de temps cette considération m'empêcherait de connaître ses chaînes ? Combien de temps avant qu'elle ne juge qu'elle se contenterait bien de mon obéissance, à défaut d'autre chose ? J'avais envie de lui répondre que pour qu'elle soit quoique ce soit pour moi, il faudrait encore que je lui accorde du temps, mais je me retins, conscient qu'elle me répondrait qu'elle ne me laisserait pas le choix de toutes façons. Nous verrons bien à ce sujet. Mais quand elle parla de Gabrielle, je lui jetai un regard rien moins qu'amène. Naturellement que je me rappelais son sourire... Elle m'avait ébloui dés le premier regard, dés le premier sourire et j'avais su que je la voulais dés lors, même si l'entêtée jeune fille m'avait fait languir. Pour elle, j'avais renoué avec ma famille. Pour elle, j'aurais tout fait... Et je ressentais toujours de la culpabilité d'avoir tant désiré Scylla alors que mon cœur avait été à Gabrielle. Et voilà qu'elle me confirmait l'avoir haïe d'avoir ce qu'elle, elle n'avait pas. C'était de la jalousie, poussée à son paroxysme. Je fermais les yeux, m'exhortant au calme devant cet étalage de cruauté. Et pourtant, je percevais une perche tendue... Un aveu. Gabrielle avait été ce que Scylla n'avait jamais été. Ce qu'Ada n'avait jamais été. Je ne savais rien de sa vie. Je me doutais qu'elle n'avait pas été heureuse, surtout à la lumière de cette façon de parler de celle qui avait été mon épouse.

    « Bien, tu l'as assassiné par jalousie. Qu'importe ce qu'a été ta vie, rien ne justifie cela. Et tu n'auras jamais mon absolution. »

    Mais quand elle parla de Marie... Si j'avais pu pâlir davantage, j'aurais été translucide. C'était encore plus intolérable de l'entendre en parler. Mais au delà de la douleur, la surprise put se lire dans mes yeux sombres alors qu'elle me révélait que la mort planait déjà sur l'enfant. Je pouvais l'accuser de mensonge mais... Jamais elle n'avait ouvertement menti.

    « Elle... Elle était mourante ? »

    Malgré moi, j'eus un rire qui n'avait rien de joyeux.

    « Alors comme cela, tu t'es faite ange libérateur ? Tu l'as tué par... miséricorde. »

    J'oscillais entre mépris, cynisme, incrédulité et d'autres sentiments, trop complexes pour être déchiffrés.

    « Quelles qu'aient été tes intentions, je ne te pardonnerais jamais cette interférence dans ma vie... Je ne suis cependant pas assez ingrat pour te maudire de m'avoir offert l'immortalité. Je me suis leurré à ton sujet dés le départ... Finalement, je me suis toujours trompé te concernant. »

    Que ce soit au début, en la pensant inoffensive, ensuite, en trouvant une maîtresse attentionnée... Et finalement, en ne voyant qu'un monstre.

    « Mais je ne suis pas certain d'avoir envie de te connaître. »

    Je marquais un silence... Avant de demander brutalement :

    « Qu'as-tu ressenti ? Quand tu as bu le sang d'une enfant jusqu'à lui ôter la vie ? »

    Question cruelle. Pour elle, mais surtout pour moi. Je n'avais pas spécialement envie d'entendre le récit des derniers instants de ma fille mais... Une curiosité trop grande me forçait à poser la question. Et peut-être attendais-je plus de cette réponse que je ne le pensais. Et que la suite de notre relation en dépendrait.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyMar 1 Juil - 16:54

Mon épaule se lève, doucement, tendant la soie improbable d’un tissu qui me couvre. Merci ? Je n’en ai nul besoin. Il n’a jamais su ce qui errait en moi. N’en a jamais été curieux d’une certaine façon. Néanmoins, sans doute n’avais-je été aussi vraie qu’il me l’était possible qu’avec lui. Uniquement avec lui. Mais encore une fois…L’amer me remplit un instant la gorge, s’étale sur ma langue qui ne sait reconnaitre que la souffrance, l’acide. L’obscur choque l’azur, il n’hésite pas et plonge au-delà de mes iris. Qu’espère-t-il y voir ? Parfois, cette question me hante, tout autant que la réponse… En avais-je peur ? Peut-être. Il ne voyait qu’un monstre, là où j’étais multiple. L’innocence ravagée avant même de naitre, conçue dans le péché originel, dans la violence. Le sang. Peut-être avais-je toujours porté en moi l’atrocité, l’horreur. Gestation improbable, accouchement déchirant. Il serait si doux de se complaire dans son étreinte, de laisser l’envoutante sauvagerie s’emparer de ce que je suis. De m’y perdre, d’y mourir pour toujours. Ada disparaissant à jamais. Le chant est ensorcelant et cela fait tant de siècles que je lui résiste, des années à la brider, à tirer sur ces chaines avec une énergie forgée au-delà du réel. Juste…Pour… Juste pour le souvenir de son sourire. C’était pathétique, parce que ce sourire…Il n’avait jamais été à moi. Jamais réellement. Alors oui, au-delà de l’atrocité de mes actes, il y avait la jalousie, l’avidité, le plaisir intense de voir cette vie qui me narguait disparaitre…Tout en sachant…en devinant…La cruauté…

La prunelle se teinte un instant de douceur. Quelque chose d’étrange, de volatile mais qui est. Parce que je l’ai entendu, mais puis je seulement le croire ? Non. Non pas alors que je lui conte les secrets de cette nuit-là. Il a posé cette question, je ne peux pas me défiler. Jamais je ne l’ai fait. Pourtant, je le pourrais. Asséner le coup tranchant de la volonté sur la sienne. Le sienne qui vacillera, qui se brisera parce que jamais elle ne sera supérieure a la mienne tant que le sang pulsera en moi. Je lui accorde la raison avec un sourire. Qu’importe ce qu’il existe ici-bas, malgré mon désir dévorant de le faire mien a jamais. Malgré les murmures dévoyés de la facilité. Non, jamais.

« Je le sais. »

Et je ne veux pas te perdre. Mais le silence couvrira cette pensée d’un voile opaque, dissimulant l’iris océane qui pare mon visage.

« Je ne cherche pas d’excuses Nicolas. Je n’en ai jamais cherché, quant à l’absolution… »

Durant un instant, il me semble ressentir la morsure du cuir sur ma chair, comme un sifflement aigue qui déchire de ses dents la peau, le sang qui coule, et cette voix cauchemardesque…Ce chant ténébreux, grésillant, atroce. Mais je laisse cette phrase voguer sans fin. Sans qu’elle ne chute, sans réponse…

« Ange libérateur ? Je ne sais pas. Mais je connais la douleur Nicolas. »

Ma main s’élève doucement, effleure sa tempe :

« Celle qui te ronge ici… »

Puis il glisse, caresse sensuelle ? Non malgré le plaisir évident qui m’étreint, une chaleur oubliée…Je m’arrête sur sa poitrine :

« Celle qui dévore, ici… »

Ma main retombe, petit papillon léger…

« Et la douleur n’accouche que de monstre. L’ais je libérée ? Peut-être. Bien avant que cela ne la torture. En avait conscience ? Savait-elle, comme seuls les enfants devinent ? Peut-être. »

Elle m’avait souri. Etrangement. Elle m’avait souri. Pourtant la peur errait dans ses yeux devant moi. Elle avait tremblé. Et elle m’avait souri. Le même que le sien…

« Il n’y avait alors qu’un moyen de la sauver…Aurais-je dût le faire ? M’aurais tu pardonner sa vie sauve et éternelle ? A jamais enfermée dans un corps enfantin mais éternellement avec toi ?»

Si le regret ou le remord avait un gout, il serait sans doute celui qui me perce la langue en cet instant. Je ne peux regretter la mort de Gabrielle, cela m’est impossible. Mais celle de Marie…Est un souvenir cuisant, une épingle chauffée à blanc qui pénètre et me rappelle, toujours, jusqu’où peut aller ma folie.
Et puis il se reprend, me choque. A tel point que mon iris se fige de glace, craquante sous les mots qu’il prononce, se fissure sans que je ne puisse rien y faire, laisse entrevoir une goutte de temps suspendue, le regret qu’il m’accuse de ne pas connaitre. Le monstre devient une reine outragée, je laisse la distance étirer ses tentacules froids entre nous. Et la chape polaire s’écoule de mes lèvres blanches.

« Tuer l’innocence, combien soit elle pervertie de mort, n’est jamais sans conséquences, Nicolas. Je te souhaite de ne jamais connaitre le gout qu’ont les larmes de sang. Me demanderas-tu si elle a souffert ?»

Quelque chose frémit sur la chair de mes lèvres :

"Non, elle n'a pas souffert."
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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyMar 1 Juil - 19:47

    C'était fascinant de regarder défiler les émotions dans le regard de Scylla. Un regard dans lequel je me serais volontiers noyé à l'époque... Et peut-être encore maintenant même. Au cours de cette longue vie qu'elle m'avait offerte, je n'avais croisé aucune femme qui sache capter mon attention à ce point. Dommage que tant de beauté recèle également tant de cruauté. Je tressaillis en l'entendant me menacer de se servir de son pouvoir sur moi pour m'amener à trahir ma reine. Et j'osais lui rappeler qu'alors, il n'y aurait plus aucun espoir pour elle et moi. Paroles qui laissaient supposer que pour le moment, c'était encore le cas, malgré la morgue affichée quand je l'avais aperçue. Je comptais fortement sur cette envie désespérée que je l'accepte pour ne jamais rien m'ordonner, mais je n'étais certain de rien. Elle s'était abstenue pendant tout ce temps... Mais la frustration pouvait bien avoir raison de ses derniers scrupules. Je lui annonçais cependant que je ne lui accorderais jamais mon pardon, qu'importent ses raisons. Et je ne sus jamais si cela la peinait ou si elle s'en moquait alors que sa phrase restait suspendue dans l'air.

    Cependant, au cours de ces explications, que nous aurions sans doute du avoir il y a de cela des siècles, mais que j'étais trop jeune pour écouter sereinement, elle m'apprit que ma fille avait été malade. Assez gravement pour ne pas en réchapper. C'était là une information totalement inattendue et qui me bouleversait davantage que je ne l'aurais voulu. Si j'avais compris l'assassinat de Gabrielle de sa part, celui d'une enfant était demeuré un mystère. Et voilà que le voile était levé... Et Scylla passait d'amoureuse possessive et sans scrupules à ange miséricordieux, ce que je lui fis remarquer, non sans une certaine ironie. Une ironie qui glissa sur elle sans l'atteindre, alors qu'elle répondait très sérieusement, qu'elle connaissait la douleur, se rapprochant de moi jusqu'à me toucher, ses doigts effleurant ma tempe, puis mon torse, sa paume contre mon cœur.

    Je n'avais plus rien à répondre. Je devinais le drame qui avait tissé sa vie, sans en connaître la nature. Oui, sans aucune doute, elle connaissait la douleur. Moi aussi. Pas la douleur physique, du moins, pas à son paroxysme, mais cette douleur morale, ce trou béant dans la poitrine, à la limite du tolérable. Quand elle affirma que la douleur n'accouchait que de monstre, je lui jetai un regard aigu. Elle parlait en connaissance de cause... Je le sentais.

    « Et tu sais de quoi tu parles. »

    Ma voix était douce, grave alors que je la regardais. Marie avait-elle su, inconsciemment, qu'elle allait mourir, avant même de croiser le chemin de la vampire ? Je ne me souvenais pas avoir remarqué quoique ce soit d'anormal, mais je n'étais pas souvent chez moi... La famille n'était pas ce qu'elle était maintenant.

    « Non. Non, cette existence n'est pas pour une enfant. Pas pour une innocente. Mais je ne te pardonnerais pas davantage sa mort. »

    Même si c'était là un acte de miséricorde ou du moins était-ce ainsi qu'elle le présentait. Et ma question, vint, cruelle, précise. Elle ne s'y attendait pas. Moi non plus. Son regard se chargea de glace, alors qu'elle répondait d'une voix tout aussi froide.

    « Rien ne t'y obligeait Scylla. Absolument rien. L'as-tu vraiment tuée simplement pour lui épargner la douleur, ou l'as-tu fait pour éliminer tout obstacle et te raccrocher à cette mort prochaine pour pouvoir vivre avec cet acte ? »

    Des enfants mourants, il y en avait partout, et il y en aurait encore. Elle ne leur accordait pas tous une mort rapide... Quand elle me confia qu'elle l'avait pas souffert, ce fut à mon tour de me faire glacial.

    « J'espère bien qu'en plus de tuer une enfant, tu ne la ferais pas souffrir, car tu serais alors réellement le monstre que je t'ai accusé d'être il y a si longtemps. »

    Et il n'y aurait plus de retour possible.

    « Qu'est-ce que tu veux Scylla ? Qu'on reprenne les choses là où elles se sont arrêtées ? Qu'on reparte de zéro ? Tu veux que je cesse de voir l'assassin de ma femme et ma fille quand je pose les yeux sur toi et que je découvre qui est... Ada ? C'est ça que tu attends de moi ? »

    Cette fois, ce fut à moi de la toucher. Ma main se glissa derrière sa nuque alors que je la dominais de ma taille.

    « Dis-moi... En quoi les choses seraient-elles différentes maintenant ? Crois-tu que tu possèdes quelque chose que je puisse aimer ? »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyMer 2 Juil - 9:52

La colère danse une valse improbable, envenime la glace qui ne peut que fondre a son contact. L'azur flamboie d'atroces flammes noircies de blessures.

" Je suis ce que je suis,Nicolas, je n'ai jamais nié mes travers ni même rejeté tes accusations puisqu'elles sont vraies. Ne dépasse pas mes limites en sous entendant ce que tu ne peux même pas comprendre. Combien te voulais je, je ne l'ai pas tué pour cela, après tout je n'avais qu'a attendre, la nature de son mal aurait mordu a ma place et lui, il l'aurait certainement fait hurler de souffrance."

Qu'importe la folie de ce passé qui n'avait de cesse d'hanter les siècles que nous traversions. Qu'il y ai regrets, remords, larmes, il y aurait toujours cette ombre dévorante en toile de fond. Perdue dans mes songes, je laissais le silence planer malgré ses questions, ces interrogations. Un silence qu s'étire et qui ne se brisé que par moi puisqu'il doit en être ainsi n'est ce pas. Je suis un ouragan d'émotions bien trop violentes, si violents qu'elles ne s'inclinent que devant ma volonté. Un bouclier si usé dorénavant qu'il menace a chaque instant de se fissurer....Et Ada disparaîtrait définitivement. Il a raison. Je le veux lui parce que je veux ma propre sauvegarde, parce que je sais que je finirais par sombrer si il ne peut me tendre le coeur. C'est dérisoire,je le sais. Une parcelle de paix dans l'océan constant des haines, des colères déchaînées. 4 siècles sont passés, les frontières de ma propre psyché ne m'ont jamais parues aussi fragiles.

Entendre le prénom donné par une serve voilà 600 ans réanime mes iris voilées. L'entendre de sa bouche à lui. Une musique aussi étrangère que familière. De même que sa paume qui glisse sur la peau glacée de ma nuque. Juste un frémissement apaisant, étrangement apaisant.

"Ada...Cela fait des siècles que je n'ai pas entendu ce prénom. Etrangement, il m'a été facile de l'abandonner pour en revêtir un autre, autrefois. Je veux que tu me rappelles qui elle est, Nicolas. Mes doigts deviennent gourds et froids, tôt ou tard, ils laisseront s'échapper les rênes que je tiens serrés...Je veux que tu apprennes a les retenir lorsque je flancherais. Alors que cela te plaise ou non, je ne sortirais pas de ton éternité."

Un tressaillement secoue la surface plane de mon âme lorsqu'il me demande pourquoi, pourquoi m'aimerait il. Durant une seconde, la glace de mes prunelles vacille, s'éffrite. Qu'ais je ? Je ne sais pas. Aériennes, mes paumes encadrent ses joues. Volage, le pouce effleure sa lèvre.

"Je n'ai jamais su comment t'aimer Nicolas, alors cette question je crains de ne pas pouvoir y répondre.
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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptyVen 4 Juil - 13:27

    Je savais que je tâtonnais au delà même des limites que je m'étais imposé, il y a longtemps de cela, vis à vis de Scylla. C'était risible en réalité. Je l'avais côtoyé pendant des mois, nous avions été proches... Intimement proches. Et pourtant, je ne savais rien d'elle. Rien de sa vie d'avant. Ce que je savais n'était construit que sur notre rencontre et les extrêmes qu'elle avait employé pour m'avoir. Pas vraiment de quoi se faire une idée précise de sa personnalité, de son histoire et pourtant, cela m'avait suffi. Elle avait tué une épouse et une enfant pour avoir un homme. Cela avait suffit à la cataloguer dans une case : monstre. Folle. Et d'autres adjectifs peu valorisants du même acabit. Maintenant, j'étais de nouveau confronté à elle et surtout à sa réalité. L'image que je m'étais faite de Scylla venait se heurter contre celle qu'elle me laissait entrevoir en me livrant la vérité. Sa vérité. Mais que je ne mettais pourtant pas en doute. Elle avait avoué le meurtre de Gabrielle par jalousie. Pourquoi chercherait-elle soudainement à diminuer l'impact que pouvait avoir la mort de mon enfant à mes yeux après cela ? J'avais beau l'observer, je ne décelais nul mensonge en elle... Si Scylla n'était pas exempte de vices, notamment de nager en eaux troubles, j'étais assez honnête avec moi-même pour admettre qu'elle répondait avec franchise quand on savait poser les bonnes questions.

    Et à la lumière de ces révélations, je sentais le sol s'ouvrir sous mes pieds, prêt à m'engloutir. J'en avais le tournis à vrai dire. Trop de choses se bousculaient dans ma tête... Et dans mon âme. Ressasser le passé n'était pas sans conséquences, c'était certain, et je garderais toujours en tête le souvenir du sourire de Gabrielle ou de l'adorable visage de Marie... Avec tendresse et nostalgie. Mais Scylla était bien vivante, du moins autant qu'un vampire puisse l'être et ne me laissait aucunement indifférent, surtout après cette entrevue informelle et pourtant prévue depuis le départ. Seule la date n'était pas fixée. Je fis sans doute preuve d'une cruauté inutile en l'accusant d'avoir profité de la maladie de Marie pour la tuer et faire ainsi d'une pierre deux coups. Je vis la colère illuminer ses iris azurées. Elle était... outragée ? Oui, c'était ce qu'il m'apparaissait, alors qu'elle me rétorquait froidement qu'elle n'aurait eu qu'à attendre. Donc, elle l'avait tué par miséricorde?

    J'avais des difficultés à assimiler cela. Cela ne collait pas avec cette image que je m'étais forgée et qui se fissurait à chaque nouvelle parole. Le miroir de son image se fragmentait lentement, prêt à se briser, à voler en éclats pour révéler quelqu'un d'autre. La question était de savoir si j'étais prêt à accepter ce changement. A lui accorder une seconde chance. Pourquoi le ferais-je ? Que lui devais-je ? Ma survie ? Oui, simplement par égoïsme, pas pour réellement me sauver la vie. Juste pour ne pas lui échapper. Je ne devais rien à ma créatrice. Et pourtant, je demeurais là, à l'écouter, à tenter de comprendre, à l'accuser... Et à toucher la raison de son retour du bout des doigts.

    Je sus que j'avais visé juste quand elle s'anima à l'écoute de son prénom. Son vrai prénom, celui que personne ne devait connaître, à moins qu'elle n'ai certains favoris et que ce privilège ne soit plus mon exclusivité. Mais j'en doutais. Doute confirmé quand elle souffla son prénom et ajouta que cela faisait des siècles qu'elle ne l'avait pas entendu. Elle m'avoua alors que c'était effectivement ce qu'elle attendait de moi : que je l'aide à se rappeler qui était Ada... A ne pas laisser Scylla l'engloutir totalement. Je vacillais sous le poids de cette demande.

    « Ainsi, tu veux faire de moi le gardien de ton âme ? »

    Il y avait de l'incrédulité dans ma voix. Qui n'était à peine plus qu'un murmure.

    « Comment pourrais-je te rappeler quelqu'un que je n'ai moi-même pas connu ? »

    Après tout, elle était déjà Scylla quand elle m'avait rencontré. Elle était déjà ce monstre qui semblait prêt à l'engloutir... Mais avait-elle désormais un désir de rédemption, de ne pas basculer totalement ? Avec fatalité, je me rendis compte que j'étais déjà prêt à accepter. Pas pour elle, ni pour moi, mais plutôt parce qu'il était plus judicieux de tenir Scylla à l'oeil, que de la lâcher dans la nature avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Oui, c'était la seule raison. N'est-ce pas ? Pourtant, quand je lui demandais pourquoi je ferais cela, si elle pensait que je pourrais aimer quelque chose en elle, elle hésita, avant de répondre avec cette franchise qui me déstabilisait.

    « As-tu seulement jamais su comment aimer tout court ? »

    La question était posée avec calme et douceur. Nous n'étions pas seuls dans cette rue et pourtant, j'avais l'impression que nous étions isolés de tous... tous ces gens indifférents à la scène qui se jouait sous leurs yeux et qui bouleversait totalement mon univers.
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MessageSujet: Re: Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé]   Croiser son destin sous forme d'indifférence | [Livre II - Terminé] EmptySam 5 Juil - 1:30

« En es-tu seulement sûr Nicolas ? En vérité, tu ne m’as jamais connu, mais je sais moi qui tu as connu. »

Parce qu’il n’a jamais eu l’idée de penser à moi réellement. Qu’importe ce qu’il a pu ressentir pour moi. Un maelstrom indescriptible sans aucun doute, une tornade de désir et de haine. De dégout. Il a oublié celle qui lui parlait. Celle qui l’écoutait. Il a oublié, ce que j’étais et pourtant, il est le seul capable de la raviver. Sa présence me force à me souvenir, à plonger en moi constamment. Mes envies, mes désirs accentués parce qu’il est. Une obsession ? Sans aucun doute. Mais qui plongeait ses racines bien au-delà de ce qu’il songeait. Il n’effleurait que la surface et sans doute usais je de liens qui n’existaient plus qu’à mes yeux. Il pouvait m’opposer un refus, je ne le laisserais pas faire. Ma propre sauvegarde confiée au creux de ses prunelles. Un ancrage, un bouclier, bien plus encore. Egoïste jusque dans l’amour peut être. C’était peut-être une erreur ou peut-être pas. Je ne savais pas vraiment, au-delà des ouragans qu’il savait déchainer en moi. Quatre siècles sans sa voix, son regard…C’est folie que de lui demander telle faveur.

L’amusement scintille un instant de silence, chassant le trouble de l’azur. Non, je n’ai jamais su. L’on ne m’a jamais montré. Je n’ai connu que ce que la terre porte de pire, de plus terrible et si cela n’avait pas fait naitre une volonté d’airain alors...Je n’aurais pu survivre.

« Sans doute pas. »

Un souffle délicat, chargé du froid de l’air. Nuage de buée charriant juste un murmure vibrant entre ironie et regret. Un étrange couple des plus improbables, j’étais sans doute la seule à connaitre leur mariage. Les secrets d’une union qui ne doit être, qui ne peut être. Mais qui est, parce que je le veux. Ma paume glisse comme un souffle sur sa joue pâle, il est un plaisir que je ne cesse d’admirer, combien ses yeux peuvent luire dangereusement. Je ne sais ce qui tourne au creux de son esprit, il est opaque, même pour moi. Surtout pour moi, il n’était qu’un livre ouvert avant, mais le temps a peaufiné son œuvre n’est-ce pas ? Le contraire aurait été étonnant. Et finalement, je cède. Baisant ce qu’il m’a refusé durant quatre siècles, quelque chose trésaille au cœur de ma psyché, comme un ronronnement avide et en même temps terriblement apaisé. Parce que je ne suis que cela, des extrêmes si contraires qu’ils s’attirent trop fort.

« Je sais que tu sauras me trouver lorsque ta décision sera prise. Bonne nuit Nicolas. »

Un soupir, un sourire et juste le vent qui emporte ce qui fait de moi ce que je suis.
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