La veille j'avais convoqué Nicolas dans le but d'établir un contact avec la meute et pouvoir mettre toutes les rumeurs au clair très rapidement. Je ne comptais pas laisser étendre leurs idées plus loin que ça, c'était bon leur délire ça suffisait, on était responsable de beaucoup de choses mais alors pour leur idée de nous mettre coupable de la mort de leur Lupa, Mary, n'était absolument bon pour nous. Je ne comptais pas leur laisser le plaisir de nous accabler de cela. Pourquoi j'avais choisi Nicolas, parce qu'au niveau confiance et au niveau conseiller c'était peut être, voire certainement le plus sérieux et le meilleur. Je comptais sur lui au niveau à la fois de ma protection mais aussi de la conciliation. Je n'étais pas forcément en bons termes avec les Loups, en fait pour être honnête je n'étais pas non plus en mauvais termes. Disons que c'était pas de mon ressort d'entretenir des relations avec eux, j'étais plus souvent du côté des humains. Ma mère gérait cette relation avec les Loups. Pourquoi je n'avais pas envoyé Jana ? Parce qu'elle était occupée, et qu'il y avait bien un moment où il allait falloir sortir sa tête du bocal et affronter ce genre d'altercations et d'accusations. Nous étions dans l'obligation d'exécuter ce genre de visite de "courtoisie" même si dans mon intérieur, je me doutais bien qu'il allait bien rien avoir de courtois.

Nous nous rendions donc à leur lieu de réunion de la meute, au Nord de Glasgow. Je n'avais pas pu emmener toute la garde rapproché et mise à part un chauffeur et un garde avec moi que j'avais consigné à la voiture, je n'avais que Nicolas au cas où les choses tournaient au vinaigre. Non, nous allons être des adultes responsables. Sous couvert des humains, et sous leurs protections, une fois la patte blanche montrée, je pus pénétrer dans leur repère, suivie du Général de la Garde Royale. Il n'était pas forcément très tard, l'odeur était un peu particulière autour de moi. J'essayais de m'en défaire rapidement, arrivant face à deux femmes. Bonsoir mesdames. Morgane D'Aubusson, reine rouge, je souhaiterai m'entretenir avec l'Ulfric de la meute : Hayden Valentyne. Je n'en dis pas plus, je ne souhaitais pas vraiment échanger avec elles deux. Une rouquine et une blondinette, je ne pouvais même pas déterminer qui était qui. Je voulais juste parler avec l'Ulfric espérant réellement qu'il allait sortir de sa cachette rapidement, plus vite les discussions s'entament, plus vite je sors de cet endroit.

HJ:

HJ:

Je voyais difficilement le temps passer. Beaucoup de boulot à l'hopitail, et de moins en moins envie de le faire. Je me sentais progressivement me détacher de tous ces liens qui me raccrochaient à l'espèce humaine, à ce que j'avais été. Que j'avais continué à être plus ou moins, en plus de ma nature de Louve. Mais cette double-vie commençait tout doucement à m'ennuyer, alors que les affaires de la Meute prenaient de leur importance, assez pour me combler entièrement. Je me savais cependant obligée de travailler, de me comporter comme une humaine parce que je n'étais pas prête de gagner au loto. La nourriture, je pouvais me la procurer moi même, mais le reste... Je ne peux vivre sur mes maigres économies. Mais ce travail m'ennuie, et je passe le plus clair de mon temps à Wolfheaven ou dans les environs. Il m'arrive même de ne pas dormir tous les soirs dans mon appartement. Ces changements, ces modifications de mon mode de vie qui s'opéraient progressivement, naturellement, me convenaient entièrement. Un point négatif demeurait seulement : je n'avançais pas vraiment, pas aussi vite ni aussi bien que je l'escomptais, sur mes buts. Toujours pas de Lupa, mais j'étais persuadée que dans quelques jours Hayden allait nous annoncer que sa femme prenait la place de Mary. Je redoutais ce jour, car il signifierait la fin de mes espoir d'obtenir le rôle de Lupa « légalement ». Il signifierait que je n'avais pas su agir vite et bien. Mais que pouvais-je faire de plus, concrètement ? Pas grand chose. Je continuais mes affaires, je saisirai toutes les opportunités qui se présenteront à moi. Le prédateur est sur le qui-vive, comme toujours.

Je réfléchissais encore à tout cela, ce soir là, alors que mes pas foulaient le sol sacré de notre territoire ancestral. Aucune notion réelle de l'heure, mais il ne devait pas être très tard malgré l'obscurité qui couvrait déjà l'écosse. Je suis sous forme humaine. Mike et Hayden ne sont pas là ; sortis je ne sais où, pour discuter de choses dont j'ai une idée un peu plus précise. Bref. Je ne sais pas non plus depuis combien de temps exactement je marche, mais je n'ai croisé personne, ou presque. Un loup sous forme animale me semble t-il, nous avons passé notre chemin. Je m'habitue à cette odeur pourrie de métamorphe, bien que quand j'y pense, elle me pique toujours autant les narines. Je fais semblant de m'y accoutumer pour de bon, d'accepter leur invasion sur nos terres, dans notre meute, mais en moi la colère bout toujours. Je ne fais rien pour la calmer, je sais qu'elle peut me servir, que, contrôlée, elle peut être un moteur pour mes actes. Mais c'est une odeur tout autre qui me tire de mes réflexions, alors qu’inconsciemment, je me suis rapprochée de l'entrée du domaine.

Vampires.

Je m'arrête, soudain, comme si l'on venait de me blesser. C'est le cas. Blessée, outrée. Il n'y a pas de toute ; on m'a longtemps entrainée à reconnaître les effluves qui me parvenaient, et celle-ci, celle-ci est celle que je reconnaîtrais entre toutes. Je sens ma louve remuer en moi. Elle a senti, elle aussi. Elle grogne, sors les crocs. Des intrus sur son territoire, et bien plus que des intrus, des ennemis séculaires. Ceux qu'elle a tant aimé mettre en charpie durant ces douces années de guerre. Un grognement rauque, à peine étouffé, s'échappe de ma gorge. Sans plus attendre, je suis l'odeur, et retrouve au bout de quelques pas Roxane, elle aussi alertée par l'odeur. On les a laissé entrer. Comment cela est-ce possible ? Corruption ? Encore un problème à gérer, et non des moindres. Si l'on ne peut faire confiance à ceux qui nous gardent...

Et alors que j'arrive en vue des deux vampires, mon regard s'arrête immédiatement sur le second, celui qui ne parle pas, mais bien présent, aux côtés de la reine. Juste une seconde, imperceptible. Mais je l'ai reconnu. Je repose mes yeux sur la monarque alors qu'elle prend la parole. Je ne sers pas la main, je ne souris pas. Ils sont nos ennemis, et ils le savent.

« Ashleigh. Je crains en effet que vous n'ayez choisi le bon moment pour parler à notre Ulfric. Mais comme l'a dit Roxane, vous pouvez tout autant nous parler qu'à lui. »

Mon regard croise celui de la métamorphe à mes côtés. Pour une fois que nous sommes sur la même longueur d'onde... Je continue, d'une voix toute aussi froide, neutre, dénuée de tout sentiment et de toute humanité. Je n'en n'ai pas plus qu'eux.

« Que nous voulez-vous donc ? Désolé si je vous déçois, mais il ne me semble pas vous devoir un accueil des plus chaleureux, après tout ce qu'il a pu se passer ces derniers jours.. »

Je n'étais pas nerveux. Méfiant, oui, sans aucun doute. Comment ne pas l'être alors que nous nous jetions droit dans la gueule du loup, sans jeu de mots ? Les loups qui nous tenaient pour responsables du meurtre de leur Lupa et n'attendaient sans doute qu'un signal pour déclencher de nouveau les hostilités. Or, nous ne pouvions pas nous permettre une guerre. Pas encore, pas si tôt. Morgane avait décidé de parler à leur Ulfrik, afin d'apaiser un peu les tensions. Mission diplomatique donc. La reine m'avait convoqué la veille pour parler de cette affaire, de son intention d'aller chez les loups et de l'y accompagner. Il était grand temps que Morgane, comme Jana, se montrent et affirment ainsi leur statut, légitime, même s'il était décrié par nos opposants. J'étais flatté qu'elle me sollicite pour l'accompagner. En tant que conseiller et guerrier. Même si j'osais espérer que cela ne nous mènerait pas à un affrontement. Si tel était le cas, alors nous aurions échoué à cette mission délicate.

Nous arrivâmes à destination et dûmes montrer patte blanche pour entrer. Les gardes en faction ne le firent pas de gaieté de cœur, mais pouvaient-ils ainsi refuser l'accès à la reine vampire ? Un peu de sérieux, nous n'étions que deux à pénétrer à l'intérieur, quand il y avait je ne savais combien de loups-garous à l'intérieur. Si nous avions été hostiles, nous ne serions pas venus à deux. Quand bien même je fusse un excellent guerrier, je ne pouvais décimer la meute à moi tout seul. Et la reine ne se serait pas ainsi mise en danger. Nos intentions étaient pacifiques, mais encore fallait-il qu'ils le comprennent. Les loups avaient tendance à être un peu trop impulsif et ombrageux.

Leur odeur nous entourait, déplaisante, mais il fallait s'en accommoder. Je suivais la reine silencieusement, un peu en retrait mais assez près pour intervenir en cas de problème. L'odeur se fit plus forte soudainement, indiquant qu'il y avait des membres de la meute dans les environs et nous croisâmes alors deux femelles. Dont l'une ne m'était pas étrangère. Je souris intérieurement en reconnaissant cette femme, il m'avait donné du fil à retordre à plusieurs occasions lors des Années Sanglantes. Une courageuse combattante. Qui ne me portait guère dans son cœur. L'échange diplomatique promettait d'être intéressant avec cette donnée. J'espérais que cela ne nous porterait pas préjudice. Je ne m'étais pas attendu à la croiser.

Morgane se présenta sommairement, saluant courtoisement les deux femelles et réclamant une rencontre avec l'Ulfrik. La rouquine fut la première à répondre, malgré son hostilité à notre égard, bien palpable. Malgré tout, elle demeure à peu près respectueuse. Autant que cette engeance peut l'être sans doute. Le chef de la meute n'était pas là, malheureusement. Quant à parler devant ces deux femelles... C'était sans doute à Morgane d'en juger. Comment ne pas être sensible aux vagues de haine qui se dégagent de ces deux femmes ? Une haine partagée bien sûr. Nous avons tué beaucoup des leurs et ils ont tué quantité des nôtres. Il existe désormais une trêve fragile. Qui ne demande qu'à voler en éclats. La blonde se présente à son tour. Ashleigh. Voilà donc ma nemesis. Un léger sourire recourbe le coin de mes lèvres alors qu'elle nous livre son nom. Moi aussi je l'ai reconnu.

« Vous ne nous décevez pas. Je suppose que de nous laisser au moins nous exprimer est au contraire une bonne surprise. »

J'adressais un léger signe de tête aux deux femmes en guise de salut. Puis je m'adressais plus particulièrement à Ashleigh :

« Je suis ravi de pouvoir enfin mettre un nom sur votre visage. Nous avons encore des choses à régler vous et moi, mais pas ici et pas maintenant... Et pour être équitable, je me nomme Nicolas. Pouvez-vous mettre vos griefs de côté et écouter objectivement ce que nous sommes venus vous dire ? »

Je m'adressais de nouveau aux deux femmes. Courtois, poli, ne trahissant aucune once de nervosité alors que je demeurais conscient du danger. Mais les loups sentaient ces choses là. Et nous n'étions pas venus ici en menteurs. Alors pourquoi être nerveux ? Je laissais le soin à ma reine de débuter le dialogue si elle jugeait pouvoir le faire avec ces deux chiennes de garde.

Garder son calme, c'était l'une des choses les plus importantes. Mais j'avais comme la simple impression que ce n'était pas le bon moment pour débarquer et en plus cette odeur des plus désagréables ne m'aidaient pas à mieux réfléchir. Pour être totalement honnête, je savais que c'était obligatoire que de me retrouver ici mais en aucun cas je ne voulais passer plus de trois heures dans cet endroit. Si leur sang n'était pas toxique pour mon espèce je pense que mon calme serait d'autant plus court. Mais bon. Il fallait savoir exactement déjà si on pouvait faire confiance à ces deux Loups en face de moi et de Nicolas. D'un regard, je vis rapidement aussi que Nicolas semblait bien connaitre l'une des deux mieux que moi. Un regard suspicieux dans un premier temps, puis la reconnaissance de laisser ces discussions pour un autre moment. Non au delà de tout ça ce qui me dérangeait le plus était que l'Ulfric n'était pas là. Intérieurement j'eus l'envie de leur crier dessus et de faire une crise de suprématie, mais extérieurement il fallait être un peu plus diplomate, du moins plus qu'à l'habitude.

Très bien, alors. Justement. Je ne souhaite que discuter, on ne vient pas en tant qu'ennemi, cependant je trouve qu'on a eu suffisamment de différents avec vos semblables au cours des Années Sanglantes et encore aujourd'hui pour éviter de passer par des intermédiaires. C'est pourquoi je souhaiterais parler à l'Ulfric. dis-je d'un calme déconcertant. Ou alors une preuve, que nous pouvons avoir total confiance en vous deux, autre que votre parole. Je cherche juste à protéger cette entrevue, pour être sure que nos propos ne seront pas déformés Ou que nous ressortirons approximativement entier de ce délire. Une preuve, une simple preuve pour être sur que nous ne faisions pas fausse route. Je voulais être assurée de ce qui allait en retourner. Je ne voulais pas m'aventurer sur des sujets sensibles avec deux filles que je ne connaissais pas forcément.

HJ:

L'odeur était sans appel. Mon odorat ne pouvait me trompait mais j'y croyais à peine ; comment ces saletés de vampires pouvaient ils se permettre de poser un seul orteil sur notre territoire ? Après ce qu'il s'était passé, après ce qu'ils avaient osé nous faire ? Ils n'avaient donc aucune morale, rien. Si j'écoutais ma louve, qui grondait et remuait violemment en moi, je leur aurai sauté à la gorge sans plus de cérémonie. Réduit leurs corps en fluides et viscères sur le sol, sans me soucier de la toxicité de leur sang. J'essayais, pourtant, de contenir ma rage, sans l'étouffer, mais juste la maitriser. Paraître instable était la pire des choses à faire face à ses ennemis. Non. Je devais montrer une image convenable, bien que je n'ai aucune envie de faire bonne impression face à eux. La diplomatie n'est pas mon fort, mais je fais ce que je peux. Roxane a l'air de bien gérer. Elle n'est pas une louve, je suppose que ça y fait, ses émotions, ses pulsions, sont moins présentes et moins exacerbées. Notre nature se rapproche peut être plus de celle des nocturnes que de celle des changeurs, en fin de compte, bien que ça me tue de penser ça. C'est juste un constat. Bref. Mon regard ne peut s'empêcher d'accrocher la figure masculine aux côtés de celle de la nouvelle reine des vampires. Il me reconnaît, lui aussi. Je ne me souvenais pas de m'être montrée à ses yeux sous forme humaine, mais peut être ma mémoire me fait elle défaut. Ou alors, mon odeur lui suffit pour me reconnaître. Il me confie son nom, Nicolas. Banal, commun, et surtout intemporel. Il peut avoir cinq cent comme cinquante ans, bien que je pencherai plus pour la première solution. L'ombre d'un sourire se dessine sur mes lèvres. Mettre mes griefs de côté ? Que sont ils venus faire, si ce n'est pour parler des tords qu'ils nous ont commis ? Mais je les écouterai.

« Oh, j'ai tout mon temps pour régler ces... petites choses. J'écouterai avec attention ce que vous avez à nous dire. »

Oh oui, bien sûr que je les écouterai. S'ils veulent bien parler... Mon regard se repose sur la reine, alors qu'elle demande des preuves de notre proximité avec l'Ulfric. Venue seule, se jeter dans la gueule du loup. Elle a conscience du danger qu'elle prend, mais elle le fait. Elle doit avoir de bonnes raisons que je suis pressée d'entendre. Je réfléchis un instant. Pas question de lui confier nos statuts, et je ne vois pas vraiment quelle preuve leur donner. A part contacter Hayden, mais il est occupé. Je regarde du coin de l'oeil la métamorphe. Je fixe les deux autres, une fois qu'elle eût fini.

« je n'ai rien à ajouter à ce que vient de dire Roxane. Nous nous sommes présentées à vous en connaissance de cause. Si vous ne trouvez pas cette preuve suffisante, je ne peux que vous dire de revenir une autre fois, lorsque notre Ulfric sera là pour vous recevoir. »

Tout dépendait d'eux, à présent.

J'acquiesçais tranquillement alors qu'Ashleigh assurait que nous réglerions nos comptes plus tard, mais qu'elle était toute disposée à nous écouter. Comme la dénommée Roxane. Ah, le parfum de haine qui s'échappait d'elle était délicieux. Haine, mépris, rancœur. Ces femelles avaient sans doute perdu des êtres chers pendant ces années de conflits, comme nous tous. Dommage qu'elles soient trop jeunes pour être capable d'en faire abstraction. Jeunes, inexpérimentées et dominées par leur partie sauvage. Je pressentais qu'il ne fallait qu'une étincelle pour mettre le feu aux poudres et déclencher un incident. La remarque de la rouquine me fit sourire intérieurement. Tant que nous ne les provoquions pas... J'écartais les mains, en signe de paix :

« Je ne pense pas que nous soyons en position de vous provoquer. »

Nous étions deux, ils étaient... Bien plus nombreux, aux aguets et prêts à en découdre. Il aurait fallu être stupides. Même si je continuais à me dire que ce n'était pas une bonne idée de s'être rendus dans leur repère. Une rencontre en terrain neutre, avec des conditions précises aurait été moins dangereuse. Mais Morgane voulait prouver notre bonne foi. Je me retins d'ajouter qu'il fallait aussi que les loups mettent de la bonne volonté et ne se sentent pas offensés pour un rien. Ils étaient parfois chatouilleux. Mais je tins ma langue prudemment, jaugeant les deux femmes avant de savoir jusqu'où pouvait aller leur tolérance à notre égard. Que l'une d'elle et moi ayons un différent pouvait malheureusement corser l'affaire.

Que l'Ulfric soit absent était regrettable. Et Morgane s'interrogeait légitimement sur la pertinence de s'entretenir avec ces deux femmes qui nous barraient la route. Quelle était leur place dans la hiérarchie bien particulière de la meute ? Ce fut la rouquine qui répondit la première. Aucune preuve, sinon, le fait qu'elle se soit portée à notre rencontre quand les autres observaient de loin. Elles échangèrent des regards. Et je fis de même avec Morgane. Après tout, ce n'était peut-être pas une mauvaise idée de s'adresser à elles. Si nous arrivions à les convaincre de notre innocence dans cette histoire, l'Ulfric serait peut-être plus réceptif. Même si je doutais qu'elles soient capable d'objectivité quand elles semblaient si convaincues que nous étions leurs ennemis.

Nous l'avions été. Mais des dangers plus grands encore guettaient la faiblesse dans l'ombre. Nous n'avions pas besoin des loups dans nos pattes pour le moment.

« Il me semble que notre présence en ces murs, au sein même de votre meute soit un signe de bonne foi. Nous ne venons pas en ennemis. Il existe un lourd passé entre nous et beaucoup de griefs, mais certaines vérités se doivent d'être rétablies. »

Je me tus, laissant à ma reine le soin de décider si elle acceptait de discuter avec ces deux intermédiaires ou si elle préférait que nous partions et tentions une entrevue avec leur chef de meute plus tard. Ce n'était pas à moi de prendre cette décision. Mais j'escomptais que Morgane comprenne à travers mes quelques mots que je penchais davantage pour la première option.

A défaut d’avoir confiance en ces Loups, au moins je pouvais leur accorder le bénéfice du doute, je n’en sais rien pourquoi, mais je ne voulais pas me taper cette odeur immonde en plus d’être venue pour rien. Nous avions d’autre chose en tête, et je le faisais très bien comprendre avec mon regard à Nicolas. Le but était que nous faisions clairement passer le message à défaut d’avoir l’Ulfric nous avions les deux autres, Roxanne et Ashleig. Plus vite on faisait passer le message, plus vite on partait, moins de temps on passait ici, que du bénéfice pour nous tous. Et comme venait juste de le faire remarquer Nicolas, nous n’étions absolument pas en mesure de les provoquer. Il serait fâcheux que cette entrevue finisse mal, déjà qu’elle ne commençait pas sous les meilleures hospices on n’allait pas mettre de l’huile sur le feu. C’était suffisant comme ça, j’approuvais donc les paroles de Nicolas [color=white]« Nous sommes là pour discuter pas pour vous provoquer, alors passons à la partie qui nous intéresse tous. » Dans un endroit un peu à l’écart serait mieux, je ne voulais pas non plus que tous les loups écoutent notre conversation d’ordre privée, très privée.

Ne faire aucune vague, il était donc évident qu’accepter cette conversation et cette première entrevue (sans se taper dessus dès le début), était une preuve que nous voulions faire des pas en en avant. « Je pense que vu que nous sommes tous les quatre d’accord, il serait temps de commencer cette entrevue s’il vous plait alors, si votre Ulfric a entière confiance en vous, nous pourrons donc discuter avec vous des tourments et des problèmes de nos deux peuples entre eux. » dis-je rapidement. Allez, dites oui ! Je n’ai pas envie de m’éterniser. Je gardais un regard pour autant sans laisser passer mes émotions sur la tournure des événements.

Mes yeux ne lâchaient pas les deux vampires. Aussi puissants et importants soient ils, ils ne m'impressionnaient pas une seule seconde. Ils en avait conscience, et bien qu'ils se trouvent sur notre territoire, je savais que la réciproque était vraie. Mais cette froideur, ce calme et tous ces beaux propos jouaient beaucoup sur ms nerfs. Je n'étais pas vraiment quelqu'un de versé dans la diplomatie. Bien que je me comportais moi même de la même manière. Mais si cela n'avait tenu qu'à moi, moi en tant que louve au sens le plus primaire du terme, je les aurai déjà réduits en charpie, et la Meute derrière moi. Je ne ferai pas cette erreur de rentrer ainsi dans le jeu et de mettre le feu aux poudres. Ce n'était en aucun cas la ligne de conduite à suivre, et je pouvais m'estimer heureuse d'avoir un peu plus de contrôle sur moi même qu'il y a quelques temps. La suspicion ne disparaitrait jamais, et elle suffisait amplement. Je veillais à ce que cette façade polie ne cache pas une technique pour nous atteindre. Même si les conditions paraissaient suicidaires pour eux. Je savais bien de quoi ces nocturnes sont capables. Si la reine et son général voulaient discuter, eh bien discutons mais cessons de perdre notre temps ainsi. Plus vite ils seraient partis de Wolfheaven, mieux ce sera. Ce sol avait déjà été bien assez souillé par leur race pour des décennies.

Je sens Roxane dans le même esprit que moi ; bien que sa nature inférieure me repousse je dois admettre que nous sommes sur la même longueur d'ondes. Pour une fois. Il est plutôt important d'être en accord avec quelqu'un avec qui vous devez collaborer, même si cet accord ne reste qu'une surface cachant nombre de différents. Face à des vampires, je me trouvais forcée de les mettre de côté. Nos regards se croisent, je la laisse réponde aux deux vampires. Elle leur propose la maison et me demande d'ouvrir la marche. J'acquiesce, sans cacher un rapide regard suspicieux aux vampires.

"Allons-y, venez."

L'intimité est un principe très peu répandu chez les loups où chacun n'est qu'une part de la grande entité qu'est la Meute. Mais alors que j'arrive au niveau de la maison, un regard insistant est bien suffisant pour faire passer le message à mes frères et soeurs : ils doivent nous laisser, ou du moins s'éloigner assez pour donner un peu d'impression d'intimité aux deux nocturnes. Ne pas s'en mêler. Tous les loups présents dans le domaine doivent déjà être alertés de la présence de nos vieux ennemis ; l'odorat ne trompe pas. Je fais sortir les quelques loups et métamorphes à l'intérieur de la maison de manière assez similaire, alors que Roxane, Morgane et Nicolas arrivent non loin. Je prends place sur un fauteuil, et les invite à en faire de même.

"Prenez place."

Je repris la parole une fois que ce fut chose faite.

"Nous sommes seuls, nous pouvons parler sans dérangement. Je suppose que ni vous ni nous n'avons de temps à perdre ; évitons donc de tourner autour du pot."

Ah, que c'était long. Les deux chiennes de garde ne nous rendaient pas la tâche aisée et nous perdions du temps en palabres inutiles. Qu'importe l'interlocuteur finalement, nous avions un message à faire passer. L'Ulfric serait au courant de notre venue, ne serait-ce que par l'odeur que nous laissions derrière nous et qui les incommodaient autant que la leur nous dérangeait. Les loups avaient une hiérarchie bien différente de la notre, la meute était un concept que nous ne pouvions pas comprendre totalement. Ce que nous disions à un loup serait transmis à tous les autres de toutes façons. Je me demandais s'ils connaissaient le concept même de secret.

J'étais peiné que la reine soit obligée de se montrer humble pour pouvoir parlementer avec ces deux femelles. Il était heureux qu'elle soit assez âgée pour savoir faire preuve de patience et de diplomatie, mais cela ne m'empêchait pas de bouillir de l'intérieur que la situation nous force ainsi à faire profil bas. Bien que rien dans mon attitude ne laisse penser à une quelconque soumission. J'essayais juste de ne pas paraître arrogant pour ne pas mettre en péril une situation déjà bien délicate. Je songeais que si Jana avait été à la place de Morgane, les échanges auraient probablement été moins pacifiques. Et ce n'était pas peu dire. Jana, avec son tempérament de feu aurait difficilement accepté ce traitement. Il était heureux que ce soit la plus âgée des deux qui se trouve ici, à mes côtés.

La rouquine nous convia alors à nous installer à l'intérieur, pour une intimité toute relative. Quand elle demanda à l'autre de partir en avant, je compris qu'elle allait sûrement donner quelques directives aux loups, préparant ainsi le terrain et gardant l'avantage. Je souris intérieurement devant cette précaution, dont je ne pouvais leur tenir rigueur. Elles étaient méfiantes et prévoyantes. Pour le bien des leurs. Et apparemment, relativement intelligentes et compétentes. Nous pourrions peut-être arriver à quelque chose si elles parvenaient à laisser de côté leurs sentiments négatifs, leur désir de revanche et leurs a priori.

Nous suivîmes donc les deux femelles, jusqu'à un salon où nous primes place. Ashleigh s'assit la première, nous invitant à faire de même. J'attendis que ma reine se soit assise pour prendre place à ses côtés. J'étais tenté de demeurer debout derrière elle, mais me demandais si cela ne risquait pas de réveiller la méfiance déjà bien trop présente de nos hôtes. Autant me comporter comme un invité. Quand la blonde prit la parole, je retins un léger sourire. Seuls... Dans la pièce. Rien ne garantissait l'intimité de cet échange, mais nous n'allions pas chipoter.

« Effectivement, nous avons déjà suffisamment perdu de temps comme ça. »

Rien que pour pouvoir accéder ici et avoir une entrevue, nous avions perdu du temps en palabres inutiles. C'était autant leur faute que la notre. Nous n'étions que deux bon sang. Ils ne pouvaient décemment pas penser que l'une des reines allait se lancer dans une mission suicide ! La méfiance était une bonne chose, la logique en était une autre. Nous n'étions pas des kamikazes. Et j'avais encore l'intention de vivre de longs siècles. Finalement, nous étions bien plus en situation d'être massacrés que l'inverse. Cela devrait leur servir à être un peu moins sur les dents.

Je jetais un rapide regard à Morgane, avant de reporter mon attention sur les deux louves. C'était à ma reine de lancer le sujet. Et je l’appuierais ensuite.

Cette rencontre ne tournait pas dans mes meilleures attentes, mais je n’avais pas d’autre choix que de me plier aux exigences des loups. Déjà que j’avais cette odeur horrible autant que nous en finissions assez rapidement. Je jetais un coup d’œil à Nicolas qui ne semblait pas forcément aimer la position que j’avais en face des loups. En même temps, à part jouer la diplomatie pour être honnête, je n’avais pas beaucoup d’autres solutions que de m’y plier et de vouloir que tout se passe au mieux. En même temps, plus vite on arrivait à ce que l’on voulait, plus vite on s’barrait, plus vite on rentrait chez nous. Pour autant, il y avait une odeur qui semblait se dissimuler derrière l’odeur des loups. Je fermais les yeux pour oublier pour ne pas me défaire de ma mission première, puis je rentrais à la suite d’Ashleigh, jetant un regard à Nicolas. Ne serait-ce que par un regard, je lui demandais surtout de garder un œil sur les événements autour tout en me suivant. Je ne souhaitais pas qu’on soit pris au piège. Leur faire confiance ? Fallait pas abuser, je n’étais pas stupide. J’adressais un sourire à Roxanne en lui passant devant.

La table des négociations était donc ouverte, et Ashleigh nous invita donc à en dire sur nos attentes et surtout ce qui nous emmenait ici. C’était donc à mon tour de jouer et d’essayer d’atténuer les tensions qui existaient, voire qui coexistaient dans cette pièce. « Cela va sans dire » dis-je en parlant du temps que l’on perdait actuellement sur des choses futiles. « Premièrement, je tiens à vous présenter mes condoléances concernant la Lupa, Mary qui s’est assassiné. Pour autant, je tiens à être bien claire sur ce point, ma sœur ou moi-même, ne sont à l’origine de son assassinat. Je suis ici pour en savoir plus et vous prouver notre bonne foi concernant cette triste affaire. » Je m’attendais bien évidemment à ce qu’elles ne me croient pas. Je laissais donc à Nicolas de me soutenir dans cette quête de la vérité. Le but était de cohabiter, nos deux espèces ne pouvaient clairement pas se sentir mais au moins coexistait dans un même monde, c’était donc trop demander ?

HJ:

Je contenais cette rage, cette incompréhension qui grandissait en moi au fur et à mesure que les minutes passaient. Ca ne s'arrangeait pas, pas du tout. Plus les vampires restaient, avec leurs visages d'ange et leur odeur atroce, plus je sentais ma louve gronder, remuer, cette envie de bondir et de lacérer plus omniprésente. Nous pouvions tuer une des reines et son général. Ce serait une déclaration on ne peut plus nette de guerre, mais ne l'avaient ils pas déjà lancé ? Ils plaidaient que non. Je ne voulais pas les entendre, je ne voulais rien entendre. Pourtant, je devais écouter, et je le faisais. Immobile. Droite comme un i dans le fauteuil. Un regard de fer et de glace posé sur nos interlocuteurs, je retenais toute cette rage, cet ouragan en moi qui ne devait même pas pouvoir être aperçu. Puisqu'il fallait jouer la carte de la diplomatie et du dialogue, j'avais à me comporter en conséquence. Même si tout cela, cette visite, cette démarche, puait selon moi une hypocrisie qui me répugnait tout autant que cette espèce de sangsues. Ils sont vieux, malins, perfides. Mais nous sommes les seuls à être réellement capable de leur tenir tête, nous les Loups. Je ne rentrerai pas dans leur jeu, je ne les attaquerais pas, pas pour les voir saisir l'opportunité de retourner ceci en notre défaveur. On ne sait jamais. Rester prudent, ne donner aucune carte à l'ennemi.

Je serre avec violence la mâchoire, réprimant un grognement, réprimant la louve, gardant une expression la plus neutre possible. Mais c'est dur. Des condoléances. Et mon cul, oui, si ça pue pas l'hypocrisie... Je sens Roxane dans un état assez similaire au mien, mais la Jolfr répond assez calmement. Leur retourne leurs saletés de condoléances pour leur reine à eux, pour faire bonne figure. Pour paraitre coopératifs. Je me contente d'acquiescer. Je reprends cependant, après la remarque de Roxane.

"Nous sommes là pour vous écouter. Mais j'ai vu le cadavre de mes yeux, peu après le meurtre. L'odeur qu'il transportait avec lui ne trompait pas. Nous sommes des Loups, vous des vampires ; je ne vous apprends rien en vous disant que ces choses ne mentent pas. Une odeur de vampire ; qui d'autre aurait pu commanditer cet acte ? Personne ne vous a accusé directement, mais je suis quelqu'un de pragmatique. J'ai besoin de voir pour savoir. De preuves."

Je maitrisais ma voix le plus possible, la garder calme et posée. L'impatience, la rage, tout cela devait rester ancré en moi, uniquement en moi. Il était décisif d'aller le plus loin possible dans cet échange pour pouvoir par la suite se poser, analyser. Ne pas avoir qu'une discussion sans intérêt à ramener à Hayden.

Au moins, il y avait un semblant de civilité alors que Morgane présentait ses condoléances pour la perte de leur Lupa et que Roxane nous présentait celles de la meute pour la perte de Krystel. Évidemment, elles n'étaient pas sincères, mais c'était le jeu de la diplomatie, même si personne n'était dupe. Pour autant, Morgane affirma son envie de découvrir la vérité en assurant que ce meurtre n'avait pas été commandité par le régime vampirique. Et Roxane ne put s'empêcher de trouver étrange que les reines se défendent ainsi sans avoir été accusées. Si Roxane semblait la plus calme des deux, il ne fallait pas se tromper sur la haine qui pouvait consumer son cœur. Mais c'était mieux maîtrisé qu'Ashleigh qui demeura silencieuse avant de finalement venir en renfort auprès de Roxane et d'avouer que le meurtre avait du être commis par un vampire, au vu de l'odeur.

« Malheureusement, il y a très peu de preuves. Et les seules récoltées sont une vague odeur de vampire. Je suppose qu'il n'en faut pas davantage pour mettre le feu aux poudres et laisser les spéculations aller bon train. De là à accuser la royauté d'avoir commandité ce crime, il n'y a qu'un pas. »

Je me tournais vers Roxane, qui trouvait étrange notre démarche.

« Vous ne nous avez pas accusé officiellement, mais cette accusation est dans tous vos esprits. Il est facile de deviner ce à quoi vous penser en additionnant le meurtre de votre Lupa et un vampire. Si la guerre n'était pas si présente dans les esprits, s'il n'y avait pas tant de rancœurs et de haine entre nos races, les choses auraient pu être différentes. Mais là, c'est une déclaration de guerre, n'est-ce pas ? »

Je parlais sans détours. Après tout, ces deux femmes semblaient aimer aller droit au but et bien soit, allons droit au but.

« Or, nous n'avons aucun intérêt à ce qu'une guerre soit déclarée de nouveau. Et puis, si nous avions voulu le meurtre de votre Lupa, nous nous y serions prit autrement, notamment en ne laissant pas une preuve qui nous aurait pointé du doigt aussi clairement. »

Je soupirais. Franchement, c'était du travail d'amateur, or pour abattre une figure politique de façon discrète, il valait mieux engager un assassin professionnel, pour du travail propre et soigné.

« Personnellement, j'aurais fait en sorte d'incriminer quelqu'un d'autre, afin de servir quelque intérêt. En revanche, si je voulais raviver la guerre entre vampires et loups-garous, je m'y prendrais exactement ainsi. Maintenant, la question est de savoir qui a intérêt à ce que nous nous battions de nouveau ? Pas nos reines en tous les cas. »

Je marquais une pause, afin de leur laisser assimiler ce que mes paroles pouvaient bien laisser entendre. Nous avions une seule certitude : ni Jana, ni Morgane n'avaient demandé cela. Krystel non plus, à priori. Elle n'aurait pas fait cela et laisser ses filles se débrouiller avec. Mais notre parole ne suffisait pas, je devais donc les amener à réfléchir et à envisager cette affaire d'un point de vue plus détaché et avec intelligence. Pas simplement foncer tête baissée dans un piège si c'en était un.

« Je ne vois que peu de possibilités : ou bien il s'agit d'un acte isolé, de la part d'un vampire solitaire qui avait une vengeance personnelle à assouvir. Dans ce cas, vous ne pouvez condamner tout un peuple pour les actes d'un seul individu. Et nous serions ravis de mettre la main sur lui afin de le punir à la hauteur de son crime. Ou c'est un complot. Et là, il nous appartient de trouver qui peut être à la tête de cela. Peut-être un vampire, effectivement, malheureusement, j'ignore comment cela fonctionne pour la meute, mais certains vampires peuvent être dissidents. Ou une alliance entre certains vampires et d'autres races... Des humains ? Des semi-démons ? Nous avons un large éventail de choix. »

Je jetais un regard à Morgane, avant de conclure :

« Quoiqu'il en soit, la reine et moi-même avons prit les devants justement car il nous apparaissait que cette affaire ne pouvait que mettre en péril la trêve fragile entre nos races. Les rumeurs vont bon train et empoisonnent les esprits. Il nous apparaissait nécessaire de couper court à tout cela pour rétablir la vérité. Et découvrir les pièces manquantes. Nous ne vous demandons pas de nous faire confiance ou de nous croire sur parole, nous savons cela impossible, mais d'analyser les enjeux et d'en tirer des conclusions éclairées. »

Aujourd'hui se jouer un moment assez historique dans l'idée que nous en étions à venir discuter avec les loups ce qui n'était pas forcément une scène de la vie quotidienne connaissant nos réticences. La confiance n'était pas de mise, par contre nous pouvions parler de diplomatie et Nicholas réussit à résumer l'ensemble de notre désaccord. Un complot contre la monarchie était totalement envisageable, le pouvoir enfin libre n'était pas tombée dans une sourde oreille bien au contraire. En fait, beaucoup l'avaient vu comme une opportunité d'y accéder et de bouleverser le cours normal des choses. La rivière suit son cours, pour autant un torrent peut se créer assez rapidement pour venir perturber le fragile équilibre d'un pouvoir bancale. Ce pouvoir bancal avec ma soeur nous essayions tant bien que mal de faire comprendre que nous étions là dans le but de poursuivre les actions de notre mère, tout en améliorant les conditions. Apparemment ce n'était pas du goût de tout le monde. Vu que certaines personnes tentaient de compromettre cette monarchie en faisant des actes qui mettait en périple l'apparence de paix entre deux peuples à jamais ennemis. Vu comme ça, ce n'était pas évident.

"Je pense que Nicolas a dit l'ensemble de ce que pense le pouvoir du côté des vampires, à vous maintenant de nous dire si vous êtes prêts à collaborer ou alors que l'on recherche chacun des preuves de notre côté quitte à compromettre l'équilibre entre nos deux peuples ? Le but n'est pas que chacun cherche ce qu'il veut entendre, si un vampire a fait cet acte, alors il sera puni comme l'entend notre loi. Nous ne laisserons en aucun cas cet acte isolé, impuni." dis-je simplement pour appuyer la position de la monarchie comme convenu avec Jana. Non nous ne serons jamais amie avec Roxane ou bien Ashleigh, en même temps, rien que d'y penser ça me donner la nausée. Déjà que l'odeur était insupportable, mais est ce que ça nous empêcher de nous comporter comme des adultes. Ou du moins d'essayer de faire semblant.

Roxane gérait assez bien, apparemment. Du moins ne laissait elle rien paraître, même si tous les quatre savions ici quelle haine agitait chacun des deux camps pour l'autre. Peut être était elle plus vive de notre côté d'ailleurs, suite à l'offense faite de pénétrer sur ce territoire sacré, alors qu'il y n'y a pas si longtemps un des leurs y avait fait couler le sang de notre Lupa. L'un des leurs. Cela était non discutable. L'un des leurs ne veut en effet pas dire qu'il agissait sous ordres royaux, mais le contraire montrerait bien à quel point les vampires sont incapables de garder une unité et d'obéir à un chef, une loi. Ou encore, ce vampire pouvait être commandé par une tierce personne, et dans ce cas... L'ampleur de l'histoire devenait encore plus grande et plus inquiétante. Mais un vampire avait bien été l’exécutant, et les représentants des vampires niaient ce crime. Je tentais de me poser pour étudier ainsi la situation de manière pragmatique, sans laisser mon jugement se teinter de la haine des relations entre vampires et lycan. Oublier que ces deux là avaient osé franchir notre territoire ainsi était impossible, mais comme je ne pouvais les chasser dehors avant de les avoir entendus... Je devais les entendre. Pourquoi Hayden n'était il donc pas là ? Certes, il n'aurait pas la réponse à tout, mais au moins nous saurions un peu mieux à quoi nous en tenir. Que leur proposer réellement.

J'écoute le vampire, puis sa reine. Mon regard passe de l'un à l'autre. Droite, mains posées sur mes genoux croisés, yeux de glace. Je ne bronche pas. Je me calme. J'enregistre, et je réfléchis. Sa petite argumentation est bien fondée, évidemment, mais comme il le précise lui même, non, je ne lui ferai pas confiance, déjà que j'ai du mal à faire confiance aux miens... Les vampires n'ont aucun intérêt à provoquer la guerre, bien entendu, puisque leur armée doit être saignée à blanc après les derniers évènements. Mais ce n'est pas suffisant et ce ne le sera pas ; ces suceurs sont retors et inventifs. Roxane répond, je la laisse elle aussi parler sans l'interrompre.

« Roxane a également dit l'essentiel de notre côté. Nous ne sommes pas fermés, nous n'avons pas déclaré de nouvelle guerre. Les humains mènent leur enquête de leur côté, nous pouvons de même mener la nôtre, et personne ne vous empêchera de la mener. La Meute n'est pas non plus fermée à la collaboration, si cela peut éviter un nouveau conflit ouvert. Vous avez aussi ma parole que rien ne sera lancé contre vous tant que les résultats de l'enquête ne seront pas clairs. »

Non, ce n'était pas forcément de bon cœur que j'appuyais ses paroles. Mais que voulez vous que je fasse ? Il nous fallait montrer des loups unis, soudés. La Meute n'est qu'une seule entité, en théorie. J'échange un regard avec la métamorphe, lorsqu'elle leur propose de les amener sur les lieux. Elle est sérieuse ? Je me mords la lèvre. Bordel, qu'est-ce que je ne m'oblige pas à faire...

« Je ne suis pas sûre qu'il reste grand chose d'intéressant, mais nous pouvons en effet vous y emmener, si vous y voyez l'utilité. Sachant que vous ne reviendrez pas ici à votre guise. »

L'entretien semblait toucher à sa fin. Nous étions venus en terrain ennemi, seuls, désarmés, afin de clarifier une situation compromettante. J'avais exposé nos arguments, défendu notre innocence dans cet acte d'assassinat en faisant appel à la logique. La bonne foi ne servait à rien dans ces circonstances. La haine des loups à notre égard vibrait dans l'air quand bien même je devais reconnaître une certaine maîtrise de leurs sentiments pour ne pas commettre un incident qui aurait de graves répercussions. Je ne pouvais les blâmer de leur défiance. Si les situations avaient été inversées, il en aurait été de même de notre côté, qu'importent leur raisonnement, la logique et les preuves. Et je me doutais que quand bien même, elles nous accordaient le bénéfice du doute, elles ne seraient jamais totalement convaincues. Tant pis. Le principal étant que leur Ulfrik soit assez sage et raisonnable pour ne pas rompre la trêve. Qu'ils concentrent donc leurs efforts à trouver le vrai coupable. Nous ferions de même et comme le soulignait fort justement Morgane, il serait puni comme il le fallait si nous mettions la main dessus. Bien que cela sembla peu probable. Le retrouver risquait d'être délicat et le temps passait amenuisait les chances. Pourtant, au delà du meurtre sur la Lupa, c'était surtout d'apprendre s'il avait agi seul ou pour le compte d'un groupuscule qui importait, afin de cibler à quels ennemis nous avions à faire... Vampires dissidents ? Ou bien quelque chose de plus grand encore ?

Je souris légèrement quand la rouquine m’annonça qu'elle ne nous faisait pas confiance, pas davantage que la réciproque était vraie. Je hochais doucement la tête, en signe d'assentiment, avant qu'elle se reporte son attention sur ma reine. Il semblerait que ces pourparlers aient eu l'effet escomptés : pour le moment, la paix fragile qui s'était instaurée entre nos deux races tenait toujours, même si elle venait d'être sérieusement entamée. Elle promit bien entendu une magnifique vengeance si jamais nous étions coupables et leur avions menti en cet instant. Normal. Mais qu'importe, nous avions l'esprit tranquille dans ce cas. Ces deux femmes devaient avoir des positions assez élevées pour pouvoir parler ainsi au nom de la Meute, au nom de leur Ulfrik et promettre qu'il n'y aurait pas de guerre. Il serait sans doute utile de se renseigner un peu sur elles.

La seconde louve prit la parole, appuyant sa consœur. Et bien... Trois enquêtes pour un meurtre, quelle célébrité. Les humains, les loups et les vampires. Chacun à sa manière. Une collaboration serait sans doute bien plus fructueuse, histoire de recouper des éléments que pourraient détenir chacun, mais ma foi, que chacun fasse comme bon lui semblait.

« Entendons nous bien. Cet assassinat est politique. Une collaboration entre nous pourrait permettre d'avancer plus rapidement et de rassembler toutes les preuves, d'explorer toutes les pistes, sans se télescoper. Cela ne nous enchante sans doute pas davantage que vous, mais il est des inimitiés qu'il faut savoir laisser de côté pour le bien de la collectivité. »

Roxane nous proposa alors de nous rendre sur les lieux du crime afin d'y jeter un œil, ce qui sembla contrarier Ashleigh qui temporisa cette proposition en nous avouant qu'il ne restait pas grand chose à voir. Sa dernière phrase m'arracha un nouveau sourire, très léger.

« Rassurez-vous, nous ne comptons pas revenir de sitôt, quand bien même l’accueil fut charmant. »

Une lueur de malice dansa dans mes yeux, avant que je ne consulte Morgane du regard.

« J'aimerais effectivement sonder les lieux mesdames. »

Sans doute qu'il n'y avait effectivement plus rien à voir, mais il fallait bien commencer par quelque part et le lieu du meurtre était le meilleur endroit possible. Dommage pour elles, elles allaient devoir nous supporter encore quelques temps et rien que cette idée me mettait de bonne humeur. Leurs mines déconvenues valaient bien de supporter leur odeur encore un peu !

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