J’avais demandé la veille par message à voir Roxane. Il m’avait fallu du temps pour me décider à le faire et me lancer à l’eau. J’y pensais depuis que nous avions subi les attaques sur Glasgow, qui peinait d’ailleurs à se relever. L’ambiance dans le pays était… Morose. Les gens étaient terrifiés et je l’avoue, ça puait la peur à plein nez constamment. Nous autres loups, étions très sensibles à ce genre d’odeur. J’étais on ne peut plus vigilante dorénavant vis-à-vis des cabots. Ce n’était plus mon rôle de les surveiller seulement je ne pouvais m’en empêcher. Beaucoup de garous trouvent alléchants la peur d’humains qu’ils voient comme des proies. Les morts se multiplient alors et le temps que la meute agisse, il est bien souvent trop tard. Ce schéma, je l’avais déjà vu se produire par le passé, peu avant les années sanglantes et souvent après ces dernières. J’avais du tuer des dizaines de mes semblables pour que les solitaires finissent par se calmer et comprendre qu’ils ne pouvaient pas faire comme ils l’entendaient que nous veillions attentivement au grain. Seulement, cela remontait à des années et les exemples que nous avions faits pouvaient être oubliés dans plus d’un esprit.

J’avais suivi un cabot, en me rendant à mon rendez-vous, après avoir senti qu’il portait sur lui différentes odeurs d’enfants. Je l’avoue, cela m’avait vraiment inquiéter. Discrètement, sous forme humaine, je l’avais pris en filature, jusqu’à ce qu’il regagne un appartement où l’attendait une humaine et trois gosses qui lui sautèrent dessus en criant « TONTON ! T’as bien pensé à prendre ma glace hein ! ». Bon ok, je m’étais peut-être fait des films le concernant lui, mais je préférais prévenir que guérir.

Je m’étais dépêchée à rejoindre ensuite les galeries nationales d’Ecosse, se trouvant à Glasgow. Je devais bien l’avouer, cela faisait très longtemps que je n’étais pas revenue ici. Cela remontait à plus de dix ans maintenant si mes souvenirs étaient bons. Je dus m’aider du plan pour retrouver mon chemin et arriver jusqu’au café. Là bas, je n’eus à suivre l’odeur de la renard pour la trouver, ce qui fut, je l’avoue, un peu plus difficile à cause de toutes les personnes et senteurs présentes. Lorsque j’eus repéré sa chevelure de feu, je poussais un soupir de soulagement et la rejoignais. Je lui fis rapidement la bise, avant de m’asseoir devant elle. Je commandais un grand verre d’eau, que je bus d’une traite, tant j’avais soif. Désolée pour le retard, j’ai eu un contre-temps. J’espère que tu n’attends pas depuis longtemps j’espère Je jetais un coup d’œil à ma montre et fus soulagée de voir que je n’avais que cinq minutes de retard. Comment vas-tu Roxane ? Nous nous étions vus il n’y avait que quelques jours. Je me doutais qu’elle allait toujours bien mais c’était plus polie de lui demander, même si je ne comptais pas tourner autour du pot avec elle. Je ne voulais pas lui faire perdre du temps, surtout que je lui avais demandé de me rencontrer un peu au pied levé. Bon, tu t’en doutes, je voulais te voir pour te parler de quelque chose. J’y ai beaucoup réfléchie et j’ai tourné ça dans tous les sens, pour m’apercevoir qu’il était temps. Je me penchais sur la table et lui dis alors

Si j’avais pris rendez-vous avec Roxane à la dernière minute, je savais déjà tout ce que je voulais lui dire et annoncer. J’y avais énormément réfléchie ces derniers temps et je n’avais pas fait cela sur un coup de tête. Les pour et les contre avaient été pesés et je savais très bien ce qui me restait à faire dorénavant. Il n’était plus question de laisser la vie décider pour moi. Ma vie m’appartenait et il était vraiment l’heure que je la reprenne en mains. Et cela commençait par une discussion sérieuse avec la métamorphe, nommée nouvellement exécutrice de la meute.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’avais fait preuve d’un peu de politesse et avait pris de ses nouvelles. Sa réponse ne m’était pas vraiment. J’haussais les épaules, et lui répondais pour ma part Comme tout le monde j’imagine. Soyons clair, Roxane n’était pas une amie ni quelqu’un à qui j’allais parler de mes soucis personnels. Nos rapports étaient professionnelles et cela m’allaient très bien ainsi. Je n’avais pas pour ambition d’être amie avec le monde entier. Elle faisait partie de ma meute et je la respectais pour sa manière d’être et d’agir. Il n’y avait rien de plus qui était important ou qui m’importait d’ailleurs. Pensez-moi crétine, mais je ne pouvais pas oublier que sa meilleure amie avait longtemps été Mary et cela me ferait toujours garder une certaine distance avec elle. Le contraire aurait été étonnant. Je ne voyais pas l’intérêt que j’aurais à bien m’entendre avec quelqu’un qui était proche de celle qui m’avait pourri la vie pendant de nombreuses années. Hayden faisait confiance à Roxane et j’avais foi en mon époux, et donc en Roxane. Il ne fallait pas m’en demander plus.
J’entrais tout de suite après dans le vif du sujet. Elle avait surement des choses à faire et j’avais encore beaucoup de choses à voir avec elle avant de la laisser aujourd’hui.