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Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]
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MessageSujet: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyDim 20 Sep - 18:56

Ca va faire deux jours qu'elle ne répond pas à mes appels, à mes messages, ou alors par des insanités que je ne lui soupçonnais même pas de connaitre jusque là, comme quoi il n'y a pas qu'à l'armée qu'on apprend ce genre de mots et qu'elle n'est pas venue me voir. J'avoue, je ne suis pas habitué à ce genre de traitements et la dernière où j'ai été si longtemps sans nouvelles et bien… bon en fait je n'ai pas particulièrement envie de repenser à ce moment alors je prends une profonde inspiration alors que je me gare dans la rue juste en bas de chez elle et que je coupe le moteur, soulagé de ne plus me prendre des coups de klaxons toutes les deux minutes parce que j'oublie de quel coté on doit rouler.

J'ai été convoqué il y a 24 heures par notre cher hiérophante qui m'a expliqué plus en détail ma mission en Ecosse et qui m'a donné le nom de la personne que je dois contacter pour ça.
Quand j'ai entendu les mots armée et vampirique, j'avoue, j'ai un peu tiqué. Qui ne l'aurait pas fait à ma place non ? Si de base je n'étais pas particulièrement friand de ces créatures, ce qui est arrivé à Astrid n'a fait que mon conforter dans mon idée. Et voilà qu'on me jette droit dans la gueule du loup.
L'espace d'un instant, je me suis demandé à quel point je pouvais considérer ça comme une coïncidence et le sourire de Mc Carthy a confirmer mes soupçons. Bien. Au moins, je sais que je suis toujours en probation, si on peut appeler ça comme ça. Et que j'ai une occasion de prouver que tout cela m'a bien moins atteint que ce que j'ai pu laisser paraitre en allant sagement me frotter aux vampires, à leur armée humaines et que sais-je encore.

J'ai contacté la dénommée Erin Danvers qui a fait preuve d'une défiance totalement justifiée à mon égard mais qui, au vu de mes recommandations, n'a pas eu d'autre chose que de me donner une chance. Je dois aller la voir demain pour savoir ce qu'il en est. En espérant que j'arrive à me montrer suffisamment convaincant pour être à même de remplir ma mission correctement.

Mais, bien évidemment, quand j'ai appris ce que j'allais devoir faire, une autre l'a appris exactement au même moment. Et depuis, silence radio. Enfin, pas totalement, n'exagérons rien.
Disons qu'elle en laisse passer juste assez pour bien me faire sentir qu'elle n'apprécie guère l'idée.

Je pousse un soupir et je sors de la voiture avant de grimper jusqu'à son étage. Je frappe à la porte, deux coups brefs, comme d'habitude et je finis par lâcher, d'une voix aussi posée que possible.

"Astrid, je sais que t'es là. Tu vas me laisser entrer oui ?"

Un silence avant que je n'entende, bien distinctement.

"Va te faire foutre."

Bien. Au moins, les choses ont le mérite d'être claires si j'avais eu le moindre doute quant à son humeur. Merveilleux.

"Bonjour à toi aussi ma chérie."

J'attends quelques instants, un peu indécis avant que la porte ne finisse quand même par s'ouvrir d'elle-même. Si je l'ai entendue juste derrière, elle n'est pourtant déjà plus là et s'est suffisamment éloignée de moi pour que j'y réfléchisse à deux fois avant de songer à l'embrasser, d'autant qu'elle me tourne allègrement le dos. J'y vais quand même, la contournant, et elle détourne la tête au moment où je suis sur le point d'effleurer ses lèvres. Je ne me démonte pas et je lui embrasse le front avant de m'éloigner.

Je garde une mine aussi neutre que possible et, par réflexe, je commence à ranger sa bibliothèque en attendant qu'elle se décide à dire un truc ou, au moins, à arrêter de me tourner le dos. Même sans la voir je peux deviner quelle tête elle fait. Je la connais par cœur, parfois mieux que moi-même j'ai l'impression. J'ai appris à déceler la moindre de ses expressions sans même avoir besoin de sonder son esprit pour ça. Alors, plutôt que de la pousser dans ses retranchements, je remets chaque tome dans le bon ordre, chaque collection comme il faut, pour que tout soit bien ordonné en somme.

Vu qu'elle n'a pas l'air bien décidée, je finis par lâcher, d'un ton calme.

"Bon on a trois options qui s'ouvrent à nous. Ou tu décides de faire la gueule jusqu'à la fin des temps, et ça risque d'être un peu long. Ou on agit comme des adultes et on discute de ce qui s'est passé et de ce que ça implique."

Mais j'ai comme un doute quant à ses capacités à avoir une conversation posée dans l'immédiat et je ne peux guère lui en vouloir. Je ne sais pas moi-même comment j'aurais pu réagir à sa place.

"On peut aussi aller faire un tour et t'aider à passer tes nerfs autrement."

Une dernière pichenette sur un dernier livre et je m'adosse à la bibliothèque, attendant son verdict.

"Alors ?"
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyDim 27 Sep - 20:15


Ca fait deux jours depuis que Noah m'a annoncé rejoindre l'armée diurne des vampires, sous les ordres de McCarthy. Son entretien avec leur responsable est fixé à demain... Et je ne compte pas lui adresser le moindre mot avant qu'il n'en est terminé avec elle. Et après ? Ca va être bien plus difficile de me retenir et de continuer à faire la morte. Je vais me sentir le besoin impérieux de savoir ce qui a bien pu se passer... C'est déjà assez difficile de ne pas répondre à ses messages ou à ses incitations. Je ne sais pas fermer le lien comme il en est capable, et dès que je sens qu'il s'engouffre dans une brèche, je n'hésite pas un instant avant de déverser une colère foudroyante propre à lui donner les plus vilaines migraines. Le contenu de mes messages reste sur la même ligne de conduite, lui balançant toutes les insultes que j'ai dans mon répertoire. Avec ça, s'il n'a toujours pas compris qu'il n'est pas le bienvenu et que je ne suis pas prête à faire la paix... Je me demande bien ce qu'il va lui falloir !

J'ai du mal à me passer de lui, même pour deux jours... Et c'est extrêmement rare que j'arrive à être si rancunière. Je ne compte plus le nombre de fois qu'il parvient à me faire sortir de mes gonds, que je prononce une parole plus haute que l'autre à son attention... Mais il lui suffit de s'éclipser quelques heures pour que je me sente coupable et n'arrive pas à faire autrement que d'attendre son retour. Là, c'est différent. C'est comme un poison qui contamine tout mon être. J'ai eu du temps pour me remettre de mes émotions. J'ai vu un nombre incalculable d'affaires défiler sur mon bureau, à propos de victimes de vampires, quand je me trouvais encore à la brigade spécialisée dans le surnaturel aux Etats-Unis... Mais c'était différent. Je ne peux pas m'empêcher de voir le visage de Noah à la place de ses victimes, et de me dire qu'il pourrait être prochain, que je ne pourrais rien y faire. Je sais ce qu'ils m'ont infligé. Je passe et repasse ma main nerveusement sur cette cicatrice qui me parcourt le cou jusqu'à l'épaule. Tout ce que fait McCarthy, c'est de le mettre au défi. Les Illuminatis veulent vérifier que cet incident n'a rien à voir avec cette brusque rupture du lien, qu'ils peuvent lui faire confiance pour garder la tête froide en toutes circonstances. Je sais ce qu'ils font, mais je ne peux pas le cautionner. J'ai du mal à garder mon calme. Je suis certaine de le perdre totalement si je laisse Noah approcher. Je ne veux pas que ça se voit, que ça se sente surtout. Alors je me contente d'une routine différente, sans lui. Je boucle des dossiers pour mon ancienne brigade. Je passe mon temps à consommer une quantité impressionnante de cigarettes devant mon écran d'ordinateur, à envoyer des mails et vérifier des affaires prêtes à être classées. Je tourne en rond dans mon appartement, comme un tigre en cage. J'essaie de penser à autre chose, mais il n'est pas foutu de me lâcher deux secondes pour que j'y parvienne.

Alors quand je l'entends frapper à la porte, je ne retiens pas une série d'injures qui me vient de ma langue natale. Je ne sais pas exactement combien de temps j'espérais encore repousser l'échéance sans qu'il ne vienne se planter devant chez moi... Je le connais assez pour savoir qu'il finirait par le faire. J'essaie de faire la morte encore : Je ne réponds pas. A peine deux secondes s'écoulent avant que je n'entende sa voix s'élever. Je lève les yeux au ciel, lâchant la première réplique qui me vient à l'esprit. Qu'il aille se faire foutre et me laisse tranquille, bordel !
Il ne me faut qu'une poignée de secondes supplémentaires pour me lever du canapé et me diriger vers la porte, un profond soupir passant mes lèvres. Je déverrouille la porte et repars aussitôt. Je suis définitivement faible avec lui, mais pas assez pour lui dire bonjour et faire comme si de rien n'était. Je me retiens de déverser un flot de paroles, reflet de la colère qui couve en moi. Je me mure dans le silence et attend, bras croisés, qu'il passe le seuil de la porte. Ca me coûte de lui tourner le dos, encore plus de détourner la tête quand je vois ses lèvres si proches. Je me fais du mal, peut-être bien inutilement. Je sais bien que ça ne changera rien, mais je ne peux pas m'empêcher de me comporter comme une idiote, surtout avec lui.

Je me réinstalle dans le canapé, devant mon ordinateur portable. Je me contente de faire défiler les dossiers sous mes yeux sans les lire, faisant seulement en sorte de ne pas le regarder, lui, pendant qu'il range ma bibliothèque. Ce maniaque va me les trier par auteur, dans l'ordre de l'alphabet, je parie. Il me rend feignante avec le rangement et le ménage à toujours s'en occuper dès qu'il voit que les couverts ne sont pas alignés comme il faudrait. Je n'arrive même plus à me souvenir s'il était déjà ainsi avant l'armée ou si un plomb a sauté après ces dix ans passés dans une discipline de fer... Ses manies m'agacent autant que je les trouve attachantes. Sauf que, dans l'immédiat, il le fait uniquement pour rester calme et maître de lui.

Ce n'est pas moi qui rompt le silence en première. Je lui lance un regard de biais alors qu'il liste ses options offertes, vaguement intriguée... Surtout par la dernière. Je passe l'éponge quand il sous-entend que j'agis comme une gamine et lui rend un regard noir avant de rétorquer :

- Comment ça, faire un tour ? Parce que tu crois vraiment que de parler ou de cogner quelque chose va m'aider à faire passer la pilule ? Tu sais ce qu'ils font, Noah. Ils t'envoient droit dans la gueule du loup pour te tester. Le seul que j'ai envie de cogner, là, de suite, c'est bien McCarthy.

Je me lève pour lui faire face. J'aimerais lui dire à quel point les vampires sont dangereux, qu'il devrait refuser et qu'on trouverait une autre solution... Mais non, il n'y en a pas. Enfin, pas sans le compromettre davantage, et ça, je ne le veux pas. J'ai peur pour lui. Je ne pourrais pas le protéger s'il se rend là-bas... Je ne pourrais strictement rien pour l'aider. Je sens le trouble me guetter, et retourne chercher le confort de ma colère. Je me détourne de lui et repars d'un pas rapide. Je ferme mon ordinateur, jette la montagne de mégots et prends mes affaires, sur le départ. Si je reste ici, ça risque de dégénérer de bien des manières... Alors j'opte pour sa troisième option.

- Alors, allons faire un tour. J'ai besoin de me défouler. Qu'est-ce que tu as prévu au programme ?

Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyLun 28 Sep - 22:42


Dire qu'elle est énervée serait un doux euphémisme. Je l'ai connue agacée, sur les nerfs, mais là, ça va bien au-delà de ce que à quoi je suis habitué. Et pourtant, je la connais depuis toujours, en tout cas la seule partie de mon existence qui compte réellement. Elle m'a ouvert la porte, c'est déjà ça. Et elle ne m'a rien jeté à la figure. Le contraire ne m'aurait pourtant pas étonné mais elle se contente de me fusiller du regard avant de se détourner, comme pour m'écarter sciemment, aussi bien physiquement que mentalement. Mais ce n'est pas le genre de choses qui va m'arrêter, bien au contraire, la proximité que nous avons réussi à atteindre tous les deux malgré les embûches ne risque pas de s'écrouler à cause de ça. On a vécu tellement pire et il n'y a pas si longtemps que ça, que je sais que c'est juste un mauvais moment à passer.

Elle se réinstalle devant son pc, le genre d'engins que je n'aime guère et qui me le rendent particulièrement bien, alors que je m'occupe à ranger, essayant d'être le plus zen et le plus détendu possible. Il est vrai qu'au vu des circonstances, la chose n'est pas des plus aisées. Me voir rallier la cause vampirique, après tout ce qui s'est passé, en voilà une bonne blague. Je ne peux pas m'empêcher de fixer Astrid, à l'endroit exact de sa cicatrice alors que mes pensées commencent quelque peu à s'emballer au souvenir de ce qui lui est arrivé. Je me ferme un peu brutalement et elle va probablement s'en rendre compte mais peu importe, au vu de ce qui se passe, elle devrait comprendre pourquoi, même si ça ne risque que d'envenimer un peu plus la situation.

Astrid finit quand même par faire mine de reporter son attention sur moi alors que je lui énonce les différentes options. Il y en aurait d'autres bien évidemment mais, au vu de sa mine renfrognée je vais éviter de me prendre un retour de flammes en lui proposant d'aller régler ça dans sa chambre. Elle risquerait en plus de me balancer par la fenêtre sans que j'ai le temps de dire ouf. Malgré son petit gabarit, je la sais suffisamment retors pour réussir ce genre de coups tordus.

J'évite de relever sa comparaison hasardeuse avec les loups et j'ai un bref haussement d'épaules à ses propos. Inutile de lui dire qu'elle a raison, nous le savons tous les deux et ça ne ferait que de jeter de l'huile sur le feu en donnant l'impression que nous doutons du bienfondé de leur décision de m'envoyer là-bas.

"Même si l'idée de te voir cogner sur Mc Carthy a quelque chose de particulièrement plaisant, ce n'est malheureusement pas au programme. Tu as toujours eu l'air sceptique vis-à-vis de mes méthodes pour me calmer ou me défouler, tu peux peut-être m'accorder le bénéfice du doute pour une fois non ? Après tout, c'est de ma faute si tu es dans cet état alors autant que j'essaie d'arranger les choses."

Parce que oui, je considère que c'est vraiment ma faute et elle le sait parfaitement. C'est mon erreur qui m'a conduit à subir ce qui peut s'apparenter à une punition ou comme un test et parfois, je me demande à quel point sa propre venue n'est qu'un rappel pour que je n'oublie pas ce qu'il me coûter lorsque je laisse les choses déraper et que je perds le contrôle.

Elle se rapproche de moi et je capte son regard quelques instants, me retenant à grand-peine de lui effleurer la joue ou tout autre geste d'affection qui me serait venu spontanément. Autant je ne suis pas porté sur les mots doux ou les preuves d'amour, Astrid le sait à la longue, mais j'ai vraiment besoin de sentir sa présence, surtout après cette nouvelle pas particulièrement facile à digérer, que je l'accepte ou non.

"Tu te rappelles, pendant des années, tu m'as longuement seriné que tu voulais absolument savoir en quoi consistaient mes entrainements. Et bien, j'ai eu l'occasion de voir un peu les environs et j'ai discuté avec un type qui m'a présenté un type. Bref, solidarité entre militaires ce genre de trucs. Je vais donc pouvoir répondre à ta demande."

Je la fixe alors de bas en haut, laissant filer sans le moindre scrupule ce que je peux ressentir en la voyant, même si elle est toujours aussi agacée.

"Tu vas devoir te changer par contre. Sauf si tu ne tiens pas particulièrement à ces fringues."

Je jette un regard aux alentours et je désigne son sac de sport d'un mouvement du menton.

"S'il a le contenu habituel, ça devrait faire l'affaire. Je te préviens, c'est moi qui conduit. Et pas de commentaires sur ma façon de slalomer dans cette foutue ville ok ?"
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMer 30 Sep - 23:40


J'arrête le défilement de l'écran sur un dossier en particulier. Non parce qu'il m'intéresse, mais bien parce que je viens de ressentir une variation malvenue dans notre lien. Le sentir se fermer à moi, aussi brutalement, me rappelle toujours mon retour d'entre les morts... Où il n'était pas là, à mes côtés. Je me mords la lèvre assez sauvagement, prenant une longue inspiration pour me contenir. Oh même si des bribes ont peut-être filtrées, Noah n'a pas dû sentir la différence. Il me laisse encore seul avec mes tourments, voilà ce qu'il fait. J'ai cet empressement dans la voix, quand je me lève pour lui faire face, un ton plus haut que d'habitude.

- Arrête... Arrête de faire ça !

Je cherche son regard, qui reste rivé à mon cou. Je sais bien ce qu'il observe en cet instant précis, et ça ne fait qu'alimenter ma fureur. Je ne veux pas me montrer fragile, pas aujourd'hui. Je reste inflexible, l'humeur noire. J'ai un mouvement de colère, même si je maintiens la distance.

- Si c'est la solitude que tu recherches, tu sais où est la porte Noah ! Tu n'aurais pas dû venir, si c'était encore pour m'infliger ça.

Quoique nous cherchons à faire, nous revenons toujours en arrière, à cet instant précis. J'ai l'impression d'être un vieux disque rayé, incapable de passer à la piste suivante. Je m'en veux, parce que Noah s'en est montré affecté. J'ai beau avoir appris à mentir à tout le monde, il me reste impossible de le protéger de moi. Quand suis-je devenu sa plus grande faiblesse, ce qui manque de le faire sombrer et d'oublier notre cause ? Si j'étais moins égoïste, je chercherais à le faire partir pour de bon, pour tenter de le sauver de moi. Je ne peux pas. Je ne pourrais jamais me résoudre à le laisser partir, à se couper de moi comme il vient de le faire.
Je me passe une main devant les yeux et reprends mon souffle. Je le dépasse et lui tourne à nouveau le dos. Je n'écoute qu'à moitié ce qu'il cherche à me proposer. Je vais finir par exploser pour de bon, et le frapper lui. Je suis certaine que ça me défoulerait... Et qu'il encaisserait sans broncher en plus. Je marque un temps d'arrêt quand il prend la faute pour lui, encore une fois.

- Ce n'est pas de ta faute, Noah. Tu t'en sors très bien jusqu'à maintenant, malgré l'handicap que je dois représenter. Les Illuminatis doivent en penser autant. C'est juste... C'est trop tôt.

Je croise les bras contre mon ventre et serre, comme si je voulais tout garder à l'intérieur. J'ai un rire qui filtre néanmoins, quand il me rappelle d'anciennes discussions sur ses entraînements. Qu'est-ce qu'il essaie vraiment de me proposer là ?

- Tu veux me faire ramper dans la boue sous des barbelées, c'est ça ? Non, sérieusement ?

Je le regarde, comme s'il était tombé sur le crâne. Je secoue finalement la tête. Ce n'est pas une si mauvaise idée, quelque part ... J'aime bien courir pour extérioriser. Je peux bien expérimenter ce que ses amis militaires et lui trouvent comme passe-temps. Je suis certaine que la réalité dépasse même ma propre imagination. Depuis le temps, je suis bien placée pour savoir que Noah est devenu à moitié fou avec ses dix ans de service. Il suffit de regarder les étagères de ma bibliothèque...

Je suis son regard quand il avise mon sac de sport. Je le prends sans un mot et me dirige vers la salle de bain. Non, je ne compte pas me changer sur place si ses amis sont dans les environs... Et pas davantage devant lui d'ailleurs. Il me faut moins d'une demi-minute pour ressortir apprêtée, avec une tenue souple et prêt du corps, un short, de bonnes chaussures et mes mitaines. Je tresse mes cheveux pour qu'ils ne me gênent pas, tout en le suivant hors de l'appartement. J'ai presque une allure de Lara Croft comme ça. Je souris un peu. J'arrive à penser à autre chose, et ça me fait du bien déjà.

- Ok...

J'hausse les épaules et monte dans sa voiture sans faire de commentaires. J'attache rapidement ma ceinture puis m'accoude à la fenêtre pour regarder le paysage défiler. Je me mure dans le silence, comme il a pu le faire en serrant la bride à nos pensées. Je ne me rends même pas compte que je lui inflige la même peine en parfait miroir. C'est toujours mieux que de me répandre en insultes, non ?
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 15 Oct - 20:09

Je me rappellerai toujours de la première fois où j'ai vu Astrid. Elle était plutôt petite pour son âge, ou alors c'était moi qui me trouvait grand du haut de mes 15 ans, allez savoir. Mais j'ai eu instantanément l'envie de la protéger sans bien arriver à saisir pourquoi. Plus tard, les choses se sont accentuées quand j'ai vu à quel point elle semblait démunie face à ce nouveau monde qui s'ouvrait à elle et pas un jour n'est passé depuis sans que je fasse tout pour qu'elle ait à souffrir le moins possible.

Et pourtant là, je suis totalement à coté de la plaque. Ne pas s'en rendre compte au ton de sa voix autant qu'avec les mots qu'elle utilise serait être totalement idiot. Et je le suis pas encore totalement même si, au rythme où vont les choses, je commence à me poser des questions. Je laisse échapper un profond soupir, me passant une main sur le visage alors que je garde le silence quelques instants.

"Je suis désolé."

Je finis par lever les yeux et par soutenir son regard. Pas bien longtemps, autant être honnête mais suffisamment pour discerner la douleur derrière la colère. Et c'est pire que le reste en fait. Machinalement, je m'attaque à la table basse avant de m'arrêter et de souffler, à mi-voix.

"Je ne suis pas venu t'infliger quoi que ce soit. Je ne suis pas là pour ça. Tu me connais non ?"

Question purement rhétorique bien évidemment et je n'attends même pas la moindre réaction de sa part alors qu'elle passe devant moi sans même faire mine de marquer un temps d'arrêt. Décidément, les choses sont encore pires que ce que j'avais supposé. L'espace d'une seconde, je me demande si je n'ai pas fait une erreur en venant ici même si j'aurais été incapable de faire autrement.
A ses propos, je fronce les sourcils avant de lâcher dans sa direction.

"Tu n'es pas un handicap, ne dis pas n'importe quoi."

Je suis un rien plus sec que je ne l'aurais voulu et je me passe une main sur le visage avant de reprendre, d'un ton plus doux.

"Je ne vais m'aventurer à ce que peuvent penser les nôtres sur ma façon de m'en sortir comme tu le dis si bien. Et me sortir de quoi ? Je découvre les joies de la vie en Ecosse, de son merveilleux climat et je peux passer du temps avec la femme que j'aime. Que demander de plus ?"

J'ai l'impression que son rire sonne un peu faux, autant que mes propos et j'ai envie de lui demander de tout lâcher, une bonne fois pour toute, histoire qu'on puisse passer à autre chose. Mais dans la mesure où je n'en suis même capable moi-même, ce serait particulièrement stupide et malavisé. J'esquisse pourtant un sourire et j'ai un bref haussement d'épaules.

"Je suis tout à fait sérieux, c'est exactement le programme que je te propose. Je suis certain que tu vas adorer ça."

Ou pas en fait. Non pas qu'Astrid ne soit pas habituée à des entrainements pour le moins difficiles depuis qu'elle est entrée dans la police mais ça n'a bien évidemment rien à voir avec ce que j'ai pu subir depuis que je suis entré à West Point. Mais j'avoue, j'ai toujours aimé ça, ça m'a permis plus d'une fois de garder le contrôle quand j'étais sur les nerfs et ça m'a défoulé à maintes reprises.
Alors, pourquoi ne pas tenter avec elle ?

J'attends sagement qu'elle sorte de la salle de bains, me retenant quelques secondes avant de finir de ranger les magasines de la table basse l'air de rien. C'est bien mieux comme ça et quand elle revient, j'ai un bref sourire en fixant sa tenue.

"Joli look. Surtout la tresse. Ce sera parfait."

Elle ne fait pas plus de commentaires que ça à ma réplique sur ma façon de conduire et je me dis que c'est vraiment pas bon signe.

C'est d'ailleurs confirmé quand, une fois dans la voiture, elle se mure dans le silence. Une fois de plus, je sens mes mâchoires qui se contractent malgré moi alors que j'essaie tant bien que mal de me concentrer sur la route. Il y a près d'une demi-heure de trajet mais je sens que ça va être abominablement long si elle garde la même attitude tout le long. Alors je fais un truc peut-être idiot, certainement même, mais j'allume la radio et je relâche un peu la bride que je m'impose, juste un peu. Qu'elle ressente ce besoin de la protéger que j'ai depuis toujours, cette sensation que je peux éprouver quand elle est dans cet état. Cette inquiétude latente qui ne m'a jamais quittée mais qui va croissant à mesure que le temps passe et que je me demande ce qu'ils attendent réellement de nous. Est-ce qu'ils espèrent me voir réussir ? Echouer ? Et si c'est le cas, qu'est ce qui lui arrivera ? C'est cette question plus que le reste qui me tracasse réellement et à laquelle je pense tout le temps. Ne plus être là pour veiller sur elle. Je ne lui accorde même pas un regard alors que je continue de laisser filer ce genre de choses que je garde pour moi depuis que tout ça est arrivé et que je tapote nerveusement sur le volant avant de m'arrêter tout aussi sec.

Je finis par prendre une profonde inspiration et je me renferme de nouveau, me focalisant sur la route et réalisant que, finalement, les trente minutes sont passées. Je me gare sur une espèce de terrain vague après avoir salué d'un mouvement de tête le soldat qui monte plus ou moins la garde dans une espèce de petite guérite. Je suis déjà venu assez souvent ici pour que les gens me reconnaissant sans problème.

"On est arrivés."

Sans même l'attendre, je sors de la voiture et j'ouvre la portière arrière pour attraper mon sac. Je me débarrasse de mon pull pour arborer un vieux tee-shirt que j'ai hérité de mes années d'école avant d'enfiler un treillis et mes vieilles rangers, sans lui prêter la moindre attention avant de replier soigneusement mes affaires. Je m'éloigne alors de quelques pas, fixant l'immense terrain bardé d'obstacles qui s'étend sous mes yeux. Des palissades, des fossés, des filets et même des barbelés… bref, la totale. J'ai un mince sourire alors que je réalise qu'il a plu pas plus tard qu'hier et qu'on va vraiment patauger dans la boue. Je lâche alors, sentant sa présence juste derrière moi.

"Et bien, je sens qu'on va s'amuser."

Finalement, ça me fera peut-être du bien à moi aussi.


Dernière édition par Noah Hamilton le Mar 20 Oct - 21:36, édité 1 fois
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyVen 16 Oct - 12:43


Je me rends compte bien vite qu'il n'a même pas conscience du mal qu'il peut me causer. J'en viens à penser qu'il se ferme même peut-être inconsciemment maintenant, comme une vieille rengaine dès que le moindre petit défaut bien perturber les rouages de ses réflexions. Je le sais bien, que c'est ainsi qu'il gère toute difficulté. Simplement... J'aurais voulu qu'il ne ressente pas aussi souvent le besoin de le faire en ma présence. C'est même à cause de moi qu'il a commencé à agir ainsi, à se prémunir de ses sentiments. Je peux m'en vouloir, mais ça ne changera rien. Je me croyais morte, ce jour-là, et lui aussi. Je n'aurais pas pu faire mieux que de lutter pour ma survie, aussi férocement que je l'avais fait. Je pousse un soupir qui fait écho au sien, secouant lentement la tête.

- Je sais bien que tu l'es. Je sais bien que tu ne le fais pas intentionnellement... Mais tu le fais quand même, c'est tout.

Je risque un regard en coin vers lui, sans répondre à cette question qui n'en est pas vraiment une. Et pourtant, il m'arrive de me demander si je le connais vraiment. Il parvient encore à me surprendre... Bien sûr, Noah est une belle machine bien huilée, la réincarnation d'un robot technicien de surface certainement même. Un robot qui a de malheureux courts-circuits quand une sale gosse comme moi a envie de jouer avec, en le secouant dans tous les sens.
Je me mords la lèvre, sans le quitter des yeux tandis qu'il nettoie la table basse. Je ne devrais pas le comparer à une simple machine quand il est beaucoup plus. Ce n'est que la colère qui parle encore, avec ce malaise grandissant de ne plus rien ressentir. Je me sens seule, même s'il est là. Je le vois dans ses yeux, qu'il hésite réellement à partir. J'ai peur qu'il le fasse, finalement. Mais pour aller où ?

Inutile de le contredire quand il emploie ce ton sec et catégorique. Inutile aussi car c'est ce que je pense, et qu'il ne peut pas faire autrement que de l'accepter. Je lui rends un pâle sourire, quand il parle d'apprécier le temps qu'on peut passer ensemble. Ce n'est pas grand-chose en soi, mais j'ai appris à chérir la moindre des petites attentions avec Noah. Elles sont rares et d'autant plus précieuses à mes yeux. Bon... Même s'il me parle ensuite de me traîner dans la boue. C'est Noah.

- Je suis certaine que je vais adorer te le faire regretter.

Je lui lance un regard de défi avant de partir m'habiller. Je ressors assez vite apprêtée, et ne peut retenir un sourire ravi quand il me complimente sur mon style. Ah bon sang, démasquée ! Je le fais disparaître en une seconde pour retrouver une expression morose. N'empêche que je risque de me tresser pendant des semaines maintenant.

Je monte dans la voiture sans plus de commentaires, laissant les minutes s'égrener dans un silence de plomb... Jusqu'à ce qu'il allume la radio comme si de rien. Je n'en prends pas ombrage et continue de fixer l'horizon par la fenêtre du véhicule, le menton enfoncé dans le creux de main. C'est une note bien différente qui me sort de ma torpeur... Légère, infime même. Des notes de couleur balancées dans la plus parfaite incohérence sur la toile. Je ne bouge pas, de peur de briser ma concentration et rompre avec ce bref contact. Je sens son inquiétude face à l'avenir, son désir ardent de me protéger... Sa peur de me perdre même. Cette crainte qui surpasse tout le reste.
Je glisse un regard brillant dans sa direction. J'aurais envie de me glisser dans ses bras, là, de suite, même s'il conduit. J'ai ce sentiment poignant qui me prend aux trippes, parce que je l'aime et qu'il ne peut en être autrement. Je le musèle. Je dois être forte, pour lui, pour alléger son fardeau. Je dois surmonter cette épreuve, comme toutes les autres. Je ne laisserais rien ni personne nous séparer. Je ne peux pas concevoir qu'il en soit autrement, tout simplement. Je n'ai plus que cette résolution en tête quand il se ferme à nouveau.

Je suis un peu plus sereine quand nous arrivons sur place, dans un terrain vague où quelques soldats courent. Génial. Me voilà dans le repère des militaires... De la boue à perte de vue. Je descends de la voiture et fait un tour rapide pendant qu'il se change avant de revenir à lui, passablement perplexe. Je le suis à la trace, mes chaussures s'enfonçant dans de la terre molle et encore humide. Heureusement que j'ai de bonnes rangers et des guêtres qui me montent jusqu'aux genoux. Je devrais avoir au moins les pieds au sec.

- T'es vraiment un malade, Noah. Qu'est-ce qui m'a pris de me mettre avec un militaire... Non, sérieusement, les sorties restau-ciné, c'est trop banal pour toi c'est ça ?


Je pousse un soupir et lève les yeux au ciel. J'entends quelques rires derrière nous, alors qu'un groupe de ces chers camarades se prépare aussi à partir. Ils ont dû m'entendre, tiens. Je leur lance un regard noir, pour le principe, et me met en route sans tarder. Je dépasse Noah au pas de course pour entrer sur la piste. Je manque de glisser par deux fois avant de ralentir un peu le rythme et le laisser me rattraper. Bon, c'est vite peine perdue quand je vois la première pente qu'il nous faut descendre... Je fléchis les jambes et me laisse glisser en bas avant d'apercevoir les barbelées. Et me voilà déjà à ramper dans la boue au plus près du sol. J'ai bien tenté de faire autrement mais la première châtaigne que je me suis prise m'a vite passé l'envie de recommencer. J'ai maudit Noah de tous les noms le temps que ça passe.

- Electrifiées... En plus. Tu veux ma mort !

Je me suis relevée avec soulagement, pour courir à nouveau jusqu'à des tuyaux si étroits que je me demande si Noah va pouvoir entrer là-dedans. Je m'engage dans l'un d'eux, peut-être un peu trop confiante... Et tombe la tête la première sur un mètre en pleine marée boueuse. Je retiens un cri de surprise, mais pas le juron qui me monte quand je refais surface.

- ... 'Foiré ! Je parie que tu le savais mais que ça t'amusait trop de ne pas me le dire !

D'accord. J'ai encore les pieds à peu près au sec, mais plus du tout le reste. J'ai même un peu de boue dans la bouche. Délicieux, vraiment.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMar 20 Oct - 22:48

Notre relation n'a jamais été simple, même quand nous n'étions que des amis, des camarades lors de notre formation. Et pourtant, pas une seconde il ne m'est venu à l'esprit de la remettre en question, d'imaginer pouvoir me passer d'elle, jusqu'à ce que j'apprenne ce que c'était de la perdre. Je ne lui ai jamais réellement dit ce que j'avais ressenti ce jour-là et je ne compte pas le faire sauf si j'y suis obligé. Mais elle a suffisamment subi les conséquences pour avoir une vague idée de la chose. Pour autant, malgré la complexité, malgré tous les obstacles, je n'arrive quand même pas à me passer d'elle, à m'empêcher de venir la chercher quand elle se refuse à répondre. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Les illuminatis diraient que c'est mauvais, très mauvais même, un tel attachement n'a pas lieu d'être. Alors je le conserve comme je peux. Et plutôt mal visiblement.

J'ai un soupir à sa répartie et je la fixe longuement, sans bien savoir quoi lui répondre. Elle a raison c'est indéniable, j'ai pris l'habitude de me fermer dès que j'ai l'impression que ce que je peux ressentir peut avoir des conséquences pour elle ou me faire mal voir des nôtres. Ce n'est peut-être pas la réaction la plus intelligente mais c'est celle qui, d'après moi, provoque le moins de dégâts. Enfin, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je vois la mine d'Astrid là, juste devant moi.

J'ai un bref hochement de tête avant de lâcher, non sans réticences.

"Et je continuerais de le faire. Tant que je n'aurais pas trouvé de meilleure solution pour te protéger de moi."

Le silence envahit de nouveau la pièce. Si j'ai senti de la tension en arrivant là elle a bien changé et elle est teinté d'une tristesse qui nous est inhabituelle. Je me focalise sur le rangement pour ne pas continuer de parler et risquer de dire n'importe quoi mais il m'est difficile d'ignorer ce que peux ressentir Astrid même si elle essaie de se blinder à son tour.

J'essaie pourtant tant bien que mal d'alléger l'ambiance. Je ne suis pas particulièrement doué pour ça, c'est généralement son rôle. Mais là, je m'y colle, avec un succès auquel je ne m'attendais pas vraiment. Il faut dire qu'elle prend la balle au bond et son sourire, même s'il n'est pas aussi franc que d'habitude, me réchauffe le cœur avant que je ne lui parle du super programme que j'ai prévu.

"Je ne sais pas trop pourquoi mais je serais capable d'aimer la façon dont tu me le feras regretter."

Quand elle sort de la salle de bains, elle est vraiment charmante mais, comme toujours, je me contente d'un compliment pour le moins sibyllin. Le sourire rayonnant qu'elle m'offre en retour me laisse un brin perplexe et je me demande, l'espace d'une seconde ce qui se passerait si je la complimentais plus souvent. Mais ce n'est tellement pas mon genre et dans ma nature que ça sonnerait faux et, la connaissant, elle risquerait d'être rapidement saoulée. Enfin, ce n'est de toute façon pas le moment de réfléchir à ça vu qu'elle se referme tout aussi rapidement.

Je garde une mine aussi neutre que possible alors que je prends le volant avant de me décider à lui dévoiler une partie de ce que je ressens. Ce n'est peut-être pas le plus intelligent à faire mais, à mesure que passent les secondes, je peux sentir qu'elle est réceptive. Je ne sais pas si elle comprend vraiment pourquoi j'ai fait ça, j'ai du mal à le saisir totalement moi-même ou si elle m'en veut toujours autant mais, quand on arrive, la tension s'est largement dissipée. Je préfère sortir rapidement plutôt que de risquer une confrontation verbale et mon regard s'attarde sur le terrain alors qu'Astrid me rejoint. Je lui jette un regard en coin et j'ai un rire avant de répondre, d'un ton franchement amusé.

"Tu fais erreur jolie brune, c'est le militaire qui s'est mis avec toi. C'est là où tu t'es fait avoir. Et tu sais très bien qu'à chaque fois qu'on va au ciné, je ne regarde pas le film mais toi. Et tu râles. Au moins là, t'auras une bonne raison de le faire."

Je me penche vers elle et je lui décoche un baiser sur la tempe sans lui laisser le temps de m'esquiver avant de me diriger vers le terrain d'entrainement. On croise d'autres groupes, des têtes que je commence à connaitre et je décoche quelques sourires, ignorant les regards parfois un peu trop appuyés de certaines filles que j'ai croisées à plusieurs reprises. J'ai un sourire amusé au regard noir qu'elle jette de part et d'autres avant qu'elle ne finisse par se mettre à courir et par me dépasser. Je la laisse faire, je commence à bien connaitre le parcours et je sais très bien où elle va être en difficultés.

On arrive aux barbelés, elle s'en sort plutôt bien et, à sa répartie, je ricane carrément alors que je suis déjà couvert de boue.

"Oh ça met un peu de piment dans le parcours, ce serait trop simple sinon."

Je galère un peu dans les tuyaux, comme toujours et je freine brutalement à la sortie, pour éviter la chute. Astrid bien évidemment tombe la tête la première et, à son juron, j'ai un large sourire.

"C'est pour amortir la chute, ça a marché non ? T'as rien de cassé alors on peut continuer."

Je reprends ma course et je prends quelques secondes pour reprendre mon souffle devant la palissade qui se dresse devant moi. C'est le moment où Astrid décide de me rejoindre et je me tourne de son coté pour lui lâcher, l'air le plus naturellement du monde.

"Tu veux savoir ce qu'il y a derrière ou tu préfères avoir la surprise ?"

Sans lui laisser le temps de répondre, j'attrape une des cordes qui pend et je grimpe, sans trop de difficultés, pour me laisser tomber dans un amas sensé rappeler tripes et boyaux. Je n'ai jamais trop su en quoi c'est fait mais c'est assez réaliste pour rebuter n'importe qui. Et juste devant, des pneus soigneusement alignés. Je franchis l'espèce de mare rosâtre et, avant de continuer, j'attends de voir la tête d'Astrid à la sortie. Oui, c'est vache, mais au moins là, elle pourra pas dire que je lui change pas les idées. Et qu'elle remette pas le resto sur le tapis, c'est tellement ennuyeux en comparaison.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 29 Oct - 23:48


J'entends son rire vibrer dans l'air, réveiller des sensations oubliées ces derniers jours... S'il continue sur cette lancée, je ne suis plus aussi certaine de tenir mes promesses et d'afficher encore longtemps cette mine renfrognée qui me restait gravée au visage. Je fronce le nez quand ses lèvres viennent à nouveau effleurer ma tempe, dans un contact léger. J'aurais dû m'esquiver... Voilà déjà que je manque de volonté. Comme s'il allait m'avoir aussi facilement. Je lui rend un regard emprunt de malice, pressant le pas pour suivre ses amples foulées.

- Ben voyons... Et le militaire est si confiant en sa capacité de toutes les faire tomber, c'est ça ?

Et justement, je ne rate pas ces filles qui détaillent avec un peu trop d'insistance mon Noah. Si elles essaient d'approcher, je jure de leur mettre la tête la première dans la boue en représailles. Je fulmine déjà, alors même que nous débutons tout juste le parcours. Mon sourire s'étire, enjoué, quand je reviens ensuite à Noah.

- J'ai toujours une bonne raison de râler, sauf au cinéma... C'est juste pour le principe. Je rejouerais les meilleures scènes de chacun que tu manques, ça te donnera le goût des choses bien faites.

Je laisse son imagination retracer toutes les scènes que l'on pourrait rejouer, même si elle est limitée par son manque d'assiduité devant les grands écrans... Peut-être fera-t-il plus attention la prochaine fois. Je le dépasse, entamant le mouvement. J'arrive à maintenir le rythme un temps, restant devant lui malgré les épreuves qu'ils se multiplient. Je souffle, peu mécontente de délaisser les barbelées, même si je parie que Noah ressent moins durement les châtaignes qu'elles assènent sous sa couche de muscles. Je parie que ce n'est que la première épreuve d'une longue liste d'autres discriminatoires envers les petites brunes.

- Vous êtes vraiment des... Timbrés !

Noah n'en rate pas une pour m'enfoncer. Oh je ne m'attendais certainement pas à de la compassion de sa part... Mais l'envie de lui faire payer chaque moquerie commence à sérieusement me travailler. Il me provoque. Il sait pourtant qu'il ne s'en tirera pas à si bon compte en continuant ainsi. Je lui laisse l'occasion de me dépasser le temps que je me sorte de ce bourbier boueux. Je ne cours plus aussi vite que je le voudrais, avec cette masse de liquide et de terre qui me colle aux vêtements.

- La prochaine fois c'est toi que je prends pour amortir ma chute, Noah. Et t'arrêtes surtout pas pour moi !

Je prends mon temps pour souffler quand on se retrouve devant la palissade. Le grimper de cordes ne me pose pas vraiment de problèmes en soi... Mais la remarque de Noah m'arrache un froncement de sourcils profondément perplexe. Je ne réponds pas. A quoi bon ? Si je lui demandais, je suis quasiment sûr qu'il se contenterait de rire sans m'expliquer. Alors autant ne pas lui laisser ce plaisir !

J'attrape la corde à deux mains et me hisse, suivant le rythme de folie qu'il m'impose. Je ne vais pas flancher maintenant. Je compte bien lui prouver que je ne suis pas une chose fragile qu'il a besoin de protéger... Et pourtant ma résolution manque de flancher quand j'atterris dans un mélange me rappelant désagréablement des tripes et boyaux. Difficile de retenir le bref cri qui monte en moi alors que cette mélasse me gicle jusqu'à la poitrine. Je suis peut-être un peu plus livide en sortant de là. J'ai du mal à faire la fière... Et je suis certaine qu'il s'en réjouit. Je me ressaisis bien vite et le rattrape pour m'essuyer la main sur son joue, lui offrant une poignée généreuse de fausses viscères au visage. Comme c'est aimable de m'avoir attendu spécialement pour ça...

- C'est mieux les surprises non ? Ca t'apprendra à te jouer de moi !

Je reprends la tête de la course au niveau des pneus, sautant de l'un à l'autre à toute vitesse comme un joyeux cabri. Ils se substituent bien vite à de véritables sauts d'obstacle digne des meilleurs jumping équestres... Je passe les trois premiers avec plus ou moins de facilités, avant que les obstacles ne deviennent définitivement trop haut pour mon mètre soixante. Je ne me démonte pas pour autant, choisissant une manœuvre de contournement... Je passe dans l'interstice laissé en bas, un véritable trou de souris au ras du sol. Je tiens la cadence jusqu'à ce que la terre molle redevienne boueuse encore. J'avale et recrache, en pestant tout bas contre Noah. Je décide de lui faire à mon tour une surprise... Et reste sagement plaquée contre le dernier obstacle à attendre qu'il se demande où je suis. Je le saisis au vol quand il passe, l'embrassant à pleine bouche avec ce merveilleux goût de terre mouillée et dégueulasse.

- Je sais que tu n'attendais que ça !

Je lui rends un sourire victorieux puis trace à toute vitesse avant qu'il ne décide de se venger. J'aperçois plus loin un atelier qui devrait le ravir... Par la force physique qu'il réclame. Le choix est limité entre s'accrocher à des étriers, des bouts de corde ou des échelles jetées à l'horizontale par le bout des bras. Encore de la boue en contrebas... Et je parie que celle-ci est bien profonde, histoire de bien punir ceux qui rateraient leur coup. Je m'élance pour attraper les premiers barreaux qui sont quasiment hors de ma portée et commence mon difficile périple, à glisser à moitié sur les barreaux à cause de mes mitaines encroutées. Je parviens de justesse de l'autre côté pour m'affaler de tout mon long. Au point où j'en suis... Boueuse pour boueuse. J'avais le souffle court quand Noah me rejoint finalement, toujours aussi frais et disponible, lui.

- Dis moi que ce calvaire est bientôt fini... Tu faisais vraiment ça tous les jours ? Comment t'as pu vouloir signer, sérieusement ? Et surtout... De continuer à le faire juste pour le plaisir !
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 5 Nov - 18:28

Finalement, je pensais que cette idée de sortie n'était pas le meilleur des plans mais, quand je vois que l'ambiance se détend à mesure qu'on se recouvre de boue, je suis plutôt content de lui avoir proposé. Et surtout, qu'elle ait accepté, parce que là non plus, c'était pas franchement gagné. Enfin, en attendant qu'elle se rappelle des raisons toutes légitimes qu'elle a de vouloir me faire la gueule jusqu'à la fin des temps je profite du moment, sans penser à ce qui nous attend demain, sans songer aux illuminatis qui m'attendent au tournant et à tout ce qui pourrait mal tourner dans les jours à venir. Parce que s'il y a bien quelque chose que j'ai appris ces dernières années c'est que la loi de Murphy s'applique tout le temps, quoi qu'on fasse.

"J'avoue que je suis effectivement confiant dans mes capacités jeune fille. Mais, tant que c'est toi que je fais tomber, les autres m'importent peu, tu le sais bien."

Je parle tranquillement, énonçant ce qui est pour moi une évidence, sans même chercher à la charmer ou quoi que ce soit du même genre. Elle me connait depuis le temps et il y a bien longtemps que je n'ai pas regardé une autre femme qu'elle. Et j'ignore royalement les regards des demoiselles qui passent près de nous alors qu'on commence le parcours. J'y vais doucement, je sais ce qui nous attend et, surtout, j'ai envie de voir sa tête à chacun des nouveaux obstacles qu'on aura à surmonter.

"Tu te cherches des bonnes raisons de râler. Je sais que je suis plein de défauts mais tu as l'air d'adorer les pointer du doigt alors que dans le fond, tu adores quand je ne suis pas attentif au cinéma. J'ai pas souvenir de t'avoir entendue te plaindre sur le moment. Enfin tu te rattrapes largement après, j'avoue."

Au reste de ses propos, le regard que je lui lance en réponse en dit long, bien plus que mon baiser sur sa tempe ou n'importe quel mot que je pourrais prononcer. Je vais peut-être faire attention pour la peine, on sait jamais, que je tombe sur des trucs intéressants. Enfin, plutôt que de me focaliser sur ce que je pourrais faire avec la jeune femme, je préfère courir, histoire de garder les idées en place, au moins un minimum.

Et on se lance, pour de bon cette fois. Je sens qu'elle est en galère mais, comme je supposais, son caractère compense pour ses lacunes physiques, même si elle se débrouille plutôt bien de ce coté-là. Elle est tellement têtue qu'elle préférera finir noyée dans la boue plutôt que de s'avouer vaincue, je la connais bien et j'avoue que c'est en partie ce qui m'a autant attachée à elle. Cette capacité qu'elle semble avoir de ne jamais lâcher prise, quoi qu'il arrive.

Quand elle me traite de timbré, mon rire résonne une fois de plus mais je ne m'arrête pas. Je commence à prendre le rythme et à me défouler aussi même si je prends quelques secondes avant de monter la palissade. Je lâche alors, avec un sourire amusé.

"Tu crois vraiment me menacer avec ton poids plume ? Je suis même pas sûr que je te sentirais arriver si tu tombais sur moi. Et puisque tu ne veux pas que je m'arrête pour toi…"

Avant qu'elle ne puisse mettre ses menaces à exécution, je grimpe lestement, ne faisant même pas mine de ralentir pour la jeune femme alors que je l'entends jurer derrière moi. Pour un peu, elle va re-balancer des insultes en norvégien, le genre de trucs qui m'a toujours fait marrer même si je n'ai jamais totalement compris ce qu'elle me disait dans ces moments-là.
Alors qu'on arrive devant la palissade, je la laisse à sa perplexité et je l'attends de l'autre coté, cherchant la répartie qui collera le mieux à la réaction qu'elle aura.

Mais elle me surprend, une fois de plus, même si son visage livide dément ses paroles bravaches, elle tient bon, comme toujours. J'ai un mouvement de recul quand elle me tartine le visage mais je la suis, sans cacher mon amusement avant de me concentrer un peu plus sur le saut d'obstacles. Il vaut mieux pas jouer au fanfaron pour le coup, j'ai déjà morflé à plus d'une reprise en voulant me la péter quand j'ai fait ce genre de parcours pour la première fois.

Alors que je finis enfin, un peu essoufflé, je me rends compte que je l'ai perdue de vue. Je fronce les sourcils, me demandant comme j'ai réussi à la paumer mais j'ai pas le temps de m'inquiéter qu'elle se jette sur moi pour m'embrasser. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas le mouvement de recul que j'ai pu avoir quand elle m'a tartiné la gueule. Je lui rends son baiser sans retenue, la boue étant vraiment le cadet de mes soucis à l'heure actuelle, et je laisse échapper un grognement de frustration quand elle s'échappe avant de soupirer et de grimper sur l'atelier suivant.

Je finis par la rejoindre à nouveau alors qu'elle s'est affalée au sol et je désigne les sauts d'obstacles où elle a réussi à me piéger. Je souffle, d'un ton neutre alors que je tends la main pour l'aider à se relever, l'air de rien.

"Tu sais que c'est sur un truc pareil que je me suis cassé le poignet ? Parce que j'étais totalement déconcentré, on venait de passer notre première nuit ensemble."

A ses propos, j'ai un nouveau rire et je secoue la tête avant de répondre, me faisant un brin plus sérieux.

"On faisait pas ça tous les jours quand même. C'était même des fois une sacré punition, surtout après les soirées de permission un peu arrosées. Mais j'aime faire ça. Ca me permet de tester mes limites, de savoir de quoi je suis capable. Et c'est quelque chose de concret. On trouve toujours moyen de monter une palissade, même si c'est super galère. C'est une lutte contre soi-même."

J'ai un mince sourire avant de désigner le nouvel atelier et je la fixe, le regard pétillant.

"Tu vas adorer. Le bouquet final comme on dit."

Une tyrolienne de près de 200 mètres de long. Avant il faut bien évidemment grimper un filet qui bouge au rythme du vent et auquel ne serait-ce que se raccrocher relève de l'exploit. Mais c'est pas ce qui m'arrête. Autant j'ai un peu de mal sur certains obstacles comme les foutus tubes qui me donnent l'impression d'être coincé pour toujours, autant là, je gère sans souci. La faute à ma grande taille probablement, c'est surement l'argument qu'elle va utiliser à la fin, la connaissant.

Je lui décoche un clin d'œil alors que je commence à grimper sans la moindre difficulté.

"Je t'attends à l'arrivée !"

Une fois au sommet, j'attrape les deux poignées et je m'élance sans hésiter, profitant de la sensation de vitesse et ignorant totalement les mares de boue juste en dessous de nous.
J'atterris sur la plateforme un peu brusquement mais je remets sur mes pieds, guettant Astrid, mi-amusé, mi-inquiet en fonction de la tête qu'elle va aborder.

Et surtout, le parcours est fini. Va falloir que je trouve un plan B ou l'autre parcours juste à coté un peu plus long pour éviter la conversation qui ne va pas manquer. Ou je la balance dans la boue, c'est pas mal ça aussi.
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 12 Nov - 22:38


Quel prétentieux, celui-là. J'hausse un sourcil et lui rend un regard profondément perplexe quand il me taxe de "jeune fille". J'aime mieux la suite, même si je ne risque pas de lui montrer aujourd'hui. Impossible d'oublier pourquoi on se retrouve tout deux à patauger dans la boue, dans une communion avec la nature qui doit me montrer plus disposée à son égard. Et un bon vieux massage... Non ? Ca ne lui viendrait même pas à l'esprit, sauf si je me mets peut-être à prétexter quelques courbatures. Je garde cette idée pour plus tard et me contente de lever les yeux avant de reprendre ma route.

- C'est ça, rattrape-toi !

Noah reste à ma hauteur, la plupart du temps. Il a beau s'être fermé comme une huitre, son regard amusé ne me trompe pas. Il se fait un malin plaisir de m'attendre à chaque tournant pour ne pas perdre une goutte de mon calvaire. Un vrai sadique ! Je compte bien lui faire payer à défaut de lui rendre la tâche plus difficile...

J'adore ses défauts. Tous ses défauts sans exception, même son côté maniaque compulsif. Je me mords la lèvre pour retenir ses paroles, que j'aurais certainement prononcé en temps normal. Pourquoi c'est toujours aussi difficile de rester de mauvaise humeur avec lui ?

- Et tu adores quand je râle, tu t'ennuierais vite sans. Je peux te l'assurer.

Et encore ce rire qui me répond, me pousse à être déraisonnable. Oh il a parfaitement conscience de quel effet il peut avoir sur moi, et c'est d'autant plus gênant... Mais je suis douée pour faire semblant, et surtout, pour faire ma mauvaise tête quoi qu'il arrive si je l'ai décidé.
Je soupire, quand il mentionne mon poids plume. Il marque un point. J'avais déjà tenté l'expérience, en lui tombant dessus par surprise en pleine course... Et le militaire n'avait pas bougé d'un iota. Je suis sûre que je pourrais me percher debout sur ses épaules qu'il en serait de même. Ca, je n'ai pas encore essayé remarque...

- Je t'assure que ma main dans ta face, tu la sentirais arriver.

Et j'ai rapidement l'occasion de lui démontrer, quand je ressors de cette mélasse de faux tripes et boyaux. Le grand Noah en a à peine jusqu'à la ceinture quand ce liquide dégueulasse me remonte jusqu'à la poitrine. Un peu plus et j'étais obligée de nager dedans... Alors autant rétablir une certaine justice en ce bas monde qui est le mien, et bien lui en tartiner la joue avant de repartir. Bien fait !

Je profite de mon avance pour lui concocter une autre surprise, à la sortie des sauts d'obstacle. Si j'arrive à le surprendre, je constate rapidement qu'il se fiche éperdument de la boue et profite pleinement de l'instant. Le pire, c'est que c'est vrai : Il n'attendait que ça. A croire que je peux effectivement me présenter devant lui couverte de viscères sans que ça ne l'arrête. Je mets rapidement fin à notre baiser avant qu'il parvienne pour de bon à faire flancher mes résolutions. On a un parcours à finir... Et il me déconcentre bien assez.

Je suis à bout de souffle après m'être portée par les bras sur de longs mètres. Je n'ai pas failli, même si j'ai mal partout. Je repousse sa main tendue et me relève par mes propres moyens, les mains sur les rotules. Je pensais qu'il allait repartir aussitôt sans plus s'en soucier, mais Noah m'étonne à engager la discussion... Surtout là-dessus. Je me retourne pour aviser les obstacles que nous venons de franchir, un sourire naissant au visage. Je secoue la tête, pour ne pas me laisser attendrir, et le perds aussitôt.

- Et je me souviens que, poignet cassé ou pas, ça n'empêche rien avec toi...

J'ai une lueur amusée dans le regard, qui s'estompe à mesure que je l'écoute parler, me détailler ce que ces parcours représentent pour lui. Ca ne m'étonne pas venant de lui, à toujours chercher à se perfectionner... Mais je ne l'avais pas vu sous cet angle-là.

- Une lutte contre soi-même hein...

Je médite ses paroles, parce que Noah ne cherchait sans doute pas uniquement à ce que je me défoule. Il n'a plus grand-chose à se prouver, pas ici en tout cas... Moi, peut-être encore. Il met fin à mes réflexions en me désignant l'atelier suivant. Je lui rends un regard interrogateur : Un bouquet final ? Je crains le pire avec lui...
Je monte le filet à sa suite, même si je mets deux fois plus de temps simplement parce que je suis obligée de poser mon pied plus souvent. Il bouge en tout sens, mais ce n'est pas tellement une difficulté. Mon poids plume, comme il aime si bien le dire, ne me dessert pas sur ce type d'exercices. Je suis à moitié penchée en arrière mais ne peine pas à tracter mon corps, si ce n'est la fatigue qui commence à se faire cruellement ressentir... Quand j'arrive enfin au sommet, Noah a déjà disparu, et pour cause : J'aperçois le long câble métallique censé amorcer ma descente. J'ai un large sourire à cette simple vision. Me laisser porter ? Prendre un maximum de vitesse tout en savourant le panorama ? Voilà qui me plaît bien davantage ! Je ne regarde pas en bas avant de m'élancer sans chercher à freiner, criant à plein poumons pour le plaisir de le faire.
J'aperçois Noah à l'arrivée, sur la plateforme. Je me demander s'il va le sentir passer, mon poids plume, jeté ainsi à pleine vitesse... Je ne me gêne pas pour tenter l'expérience, lâchant la tyrolienne au dernier moment pour tomber avec force contre lui. J'ai le souffle coupé tellement le choc est violent, mais j'ai une exclamation de triomphe quand il tombe à la renverse.

- J'ai gagné ! Et ne minimise pas ma victoire en me parlant de boue sous tes rangers qui t'aurait fait glisser ...

Je ne peux pas m'empêcher de rire, avant de constater que je me suis volontairement affalée de tout mon long sur lui et qu'il n'avait, de toute façon, probablement pas l'intention de se relever. Bravo Astrid...
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyVen 13 Nov - 19:11

A sa réaction, j'essaie de garder une mine impassible mais pour le coup je suis franchement amusé, fait assez rare pour qu'elle ne manque pas de le remarquer. Décidément, prendre l'air était une vraie bonne idée, ça me fait presque oublier ce qui nous attend par la suite. Pas complètement bien sûr et je sens très bien que tout les non-dits continuent de flotter entre nous alors qu'elle me jette un regard perplexe.

"Je ne me rattrape pas, c'est un simple constat. Comme s'il m'était déjà arrivé d'essayer de rattraper quoi que ce soit."

Mensonge éhonté, on le sait tous les deux. Surtout ces derniers temps. C'est d'ailleurs une des principales choses qu'elle doit avoir à me reprocher, probablement au top de la liste d'ailleurs. Mais je suis incapable d'agir autrement. Essayer de récupérer les choses avant qu'il ne soit trop tard pour continuer à garder cette impression d'avoir un semblant de maitrise sur la situation et, pire encore, sur notre vie.
C'est une douce illusion que celle-là, surtout au vu de l'existence que nous menons. Pour autant, c'est ce qui nous permet de tenir bon quand on a l'impression que tout flanche autour de nous. Enfin, je crois. J'avoue que les certitudes que j'ai eu durant des années ont tellement vacillé que je m'efforce aujourd'hui de reconstruire tant bien que mal ce mur que je m'étais érigé. Et Astrid me reproche d'ailleurs certainement la façon dont je fais les choses. Je peux le comprendre sans trop mal mais sans bien arriver à trouver comme faire autrement.

Je sens qu'elle commence à se détendre à son tour, même si elle fait tout pour essayer de se raccrocher à sa mauvaise humeur. Qu'à cela ne tienne, nous savons tous les deux que ça ne prend pas mais je m'abstiens de faire le moindre commentaire à ce propos. Nous sommes de toute façon tellement liés depuis si longtemps qu'il est souvent inutile de dire quoi que ce soit pour connaitre l'humeur de l'autre. Et tant mieux vu que je n'ai jamais été le plus doué avec les mots. Bien moins qu'elle en tout cas. Je souffle alors, après lui avoir jeté un bref regard.

"Tu es bien la seule personne avec qui je ne me suis jamais ennuyé. C'est bien pour ça que tu es encore obligée de me supporter, malheureusement pour toi."

Ses pseudo-menaces ne me laissent pas de marbre, c'est pire, elle m'amuse. Sa répartie ne tarde pas et je la fixe quelques secondes, arquant un sourcil avant de lâcher, le plus naturellement du monde.

"Essaie pour voir…"

J'attends alors quelques secondes, comme pour lui laisser l'occasion de m'en coller une, un sourire en coin pas franchement convaincu flottant sur les lèvres avant de me décider à repartir. Le parcours se poursuit tant bien que mal. En temps normal je n'aurais pas la moindre difficulté, mais elle fait tout ou presque pour me déconcentrer. Et ça marche plutôt pas mal. Il faut dire que ce n'est pas bien difficile, elle connait bien mes points faibles. Enfin mon point faible principal. Je le fixe d'ailleurs alors qu'elle s'éloigne joyeusement après m'avoir tartiné de boue en secouant la tête, franchement amusé. Elle se débrouille bien, très bien même et j'ai une petite pointe de fierté que je ne cherche pas à lui cacher alors qu'on s'approche doucement mais surement de la fin du parcours.

Je lui laisse le temps de souffler et à sa répartie, je me penche vers elle, me faisant le plus sérieux possible.

"Tu croyais vraiment que c'était le genre de trucs qui allait me freiner ? Depuis le temps que j'attendais ça…"

Au reste de ses propos, je me redresse et je laisse filer quelques instants de silence alors que mon regard se perd dans la contemplation du parcours autour de nous. Je hoche brièvement la tête, esquissant une ombre de sourire.

"Un vrai combat quotidien. Et là au moins, il se fait concret. Tu me connais, j'ai toujours eu du mal avec tout ce qui n'était pas vraiment tangible."

Oui, pour un illuminati ça se pose là. Mais ça me permet aussi de faire preuve d'un pragmatisme à tout épreuve ou presque, sauf quand je pète les plombs, ce qui n'est arrivé qu'une fois au cours de mon existence à dire vrai. Plutôt que de partir en grande discussion sur le sujet, je m'attaque au dernier atelier, savourant durant un bref instant la vitesse sur la tyrolienne. Je fixe ensuite Astrid, attendant de la voir arriver et je l'entends crier de loin. Je retiens un rire avant de commencer à réaliser qu'elle n'essaie même pas de faire semblant de freiner. Elle ne va pas oser quand même ?

Et bien si. Elle me percute de plein fouet du haut de son petit poids plume et, autant le dire tout de suite, je n'étais pas vraiment campé sur mes appuis et je m'écroule lamentablement, l'entrainant da ma chute alors que j'éclate de rire.

"Gagné rien du tout très chère. Je suis arrivé avant toi non ? Mais tu t'es pas trop mal débrouillée quand même. Pour une première fois c'était… pas mal."

Je tends la main dans sa direction pour remettre une mèche folle en place avant de toussoter légèrement.

"On peut squatter ici un peu mais à mon avis, on va se prendre le prochain cinglé qui se balade par là sur la tête dans pas longtemps. Enfin, comme ça, tu verras ce que ça fait de se prendre un poids plume dessus."

Je ne bouge pas d'un pouce, la serrant contre moi quelques instants avant de relâcher mon étreinte. Je vais éviter de l'énerver de suite vu qu'elle a l'air de bien meilleure humeur que lors de notre arrivée.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyDim 22 Nov - 19:28


Je lâche un rire amer, quand il me ment ouvertement. Se rattraper, c'est bien ce qu'il tente de faire, à longueur de temps. Comme maintenant, alors que nous crapahutons dans la boue. Il veut se rattraper, encore. Il cherche comment arranger les choses, sans se rendre compte qu'il ne suffit pas d'apposer de la colle pour que tout aille mieux. Je le laisse à ses faux-semblants. On a chacun les nôtres. Il lui arrive de se fermer bien plus souvent, de faire comme si de rien était... Et certainement que la plupart le croit volontiers quand il agit ainsi, mais pas moi. J'ai horreur qu'il se ferme, et pourtant, ça ne m'empêche à aucun moment de savoir ce qu'il pense. Quinze ans à le côtoyer, à se voir grandir, changer, évoluer... Et se briser aussi. La colle, ce n'est pas suffisant pour tromper son monde. Il nous faut un équilibre plus durable. Toujours ce même mot aux lèvres, parce que l'on sait pertinemment l'un l'autre qu'il vacille, par notre seule action mutuelle, mais qu'il se maintient de la même façon aussi. C'est toujours dans notre nature, de chercher à le rendre plus stable. Toujours.

Noah me nargue, tout au long du parcours. Il ne devrait pas me provoquer ainsi, parce qu'il sait pertinemment que je vais répondre coup pour coup. C'est bien ce qu'il cherche, quelque part... Parce qu'il s'ennuierait effectivement si je n'avais pas autant de répondant. Il peut maudire autant qu'il veut mon caractère de merde, il est toujours là pour saisir la balle au bond. Comme aujourd'hui, d'ailleurs. Enfin je peux bien parler, à me raccrocher à ma mauvaise humeur alors que je ne peux nier l'effet qu'il a sur moi, jamais atténué malgré les années. J'aurais dû le laisser à la porte plutôt que de l'entendre me rappeler notre première nuit ensemble. Je lève les yeux au ciel. Ne pas répondre, ne pas répondre ...

Je trace sans attendre, courant vers la fin du parcours.

- Et plus l'attente est longue ...

Moi aussi, je me bats. Simplement à ma façon. J'ai l'impression qu'il n'a jamais eu de spectres du passé pour le tourmenter, hormis les miens. Peut-être que c'est ainsi qu'il les chasse, dans la terre et la sueur... Je ne peux pas nier que se défouler fait un bien fou, mais je suis persuadée que tout va revenir en bloc, dès que j'aurais fini de courir. On ne peut pas fuir éternellement, c'est illusoire. Et Noah est doué pour se faire des illusions. Il va bien falloir que je le percute durement à la réalité, comme je viens de le faire, des deux pieds joints en plein sur lui. J'entends son rire me résonner dans tout le corps alors que je suis allongée sur lui. Il ne s'avoue pas vaincu pour autant... Quelle mauvaise foi !

- Mais le poids plume a réussi à te faire chuter, mon grand. Je cherchais pas à arriver première, simplement à te faire réaliser ton erreur !

Je croise son regard alors qu'il me remet une mèche en place et me serre dans ses bras, avec une douceur assez rare venant de lui. Il va réussir à me faire chavirer s'il continue ainsi... Je secoue la tête et me détache subitement de lui avant de le regretter. Je me rattrape tout juste dans la boue, à manquer de glisser de la plateforme. Je dois faire tellement peine à voir... Mais on dirait que c'est loin de le gêner.

- J'ai toujours trouvé ta conception du romantisme assez particulière, Noah.

Je me remets sur pied et tente vainement d'essorer le bas de mon débardeur. Personne à l'horizon encore, sur la tyrolienne. J'ai un sourire en coin en me retournant vers lui.

- Le "prochain cinglé", hein ? Tu vois, même toi tu le dis, que vous êtes des cinglés ! Bon, tu as un autre parcours de ce style à me faire faire ou je peux aller me prendre une douche ? J'ai oublié de prendre des changes, si j'avais su ce qui m'attendait...
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyLun 23 Nov - 22:26

C'est quand même amusant de voir que, même si je sais que je ne peux pas la leurrer, je continue malgré tout de jouer le jeu. Je ne sais pas si c'est plus pour elle que pour moi, si c'est juste pour lui donner le sentiment que je ne suis pas au bord du gouffre, que je maitrise totalement la situation ou si c'est simplement pour me rassurer moi-même et me dire que tout va bien se passer. Je ne relève pas son rire amer et je préfère continuer à avoir l'air léger, ce que je ne suis que rarement. Astrid me reproche trop souvent d'être sérieux, à juste titre, alors, pour une fois, je me détends. D'une façon un peu étrange, je veux bien l'accorder. Mais ça marche en tout cas et même Astrid semble y prendre goût.

Si je la provoque tout au long du parcours, elle n'est pas en reste et j'ai presque l'impression que tout va bien et que les nuages qui s'amoncellent n'étaient qu'une illusion. J'ai un sourire narquois à ses répliques et je continue de me défouler, essayant tant bien que mal de lui expliquer ce qui fait que j'ai besoin de ce genre d'activités. Je ne sais pas si je l'ai convaincue ou pas, en tout cas, elle comprend peut-être un peu plus ce besoin que j'ai de venir ici régulièrement.

Alors qu'elle s'écroule sur moi, je laisse échapper mon rire sans même chercher à le retenir et j'en profite pour la serrer contre moi, l'air de rien.

"Et quelle était donc mon erreur ? Là, va falloir que tu m'éclaires un peu…"

Je la laisse s'échapper, à regrets, mon regard la suivant sans que je cherche même à le cacher. A sa répartie, je ricane avant de lâcher, d'un ton léger.

"J'espère pour toi que c'est pas pour mon romantisme que t'as commencé à sortir avec moi. La chute a du être rude sinon."

J'ai un clin d'œil alors que je continue de ne pas bouger et je laisse échapper un rire quand je la vois essayer tant bien que mal d'essorer ses fringues, sans le moindre succès. Il faut dire que je ne l'ai pas ménagée et que temps écossais a ça de bon qu'en matière de boue, on est bien servis.

"J'ai pas mal de fringues de rechange dans le coffre de la voiture. Ce sera trop grand mais c'est pas comme si t'avais pas l'habitude de me piquer mes tee-shirts, ça te changera pas tant que ça et ce sera mieux que de rester couverte de boue. Y a des douches pas loin, tu vois les espèces de cabanon ? C'est là-bas."

Je laisse filer un instant de silence avant de reprendre, alors que je me relève et que je commence à marcher en direction du parking.

"Après y a un coin sympa où on pourra se poser… pour discuter. Si tu veux."

Voilà, le mot est lâché. Je n'attends même pas sa réponse et je continue ma route, m'arrêtant devant le coffre et fouinant avant de lui tendre quelques affaires.

"Tiens, ça devrait le faire. Tu nageras presque pas trop dedans."

Je m'éloigne alors en direction des douches et il ne me faut pas longtemps pour revenir à mon point de départ. Je m'adosse alors contre la voiture et je l'attends, un peu nerveux. Le parcours m'a défoulé, c'est certain mais, maintenant que je ne maitrise plus du tout ce qui va se passer, autant le dire tout de suite, je fais un peu moins le fier.
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 26 Nov - 16:15


J'appuie mes coudes sur son torse et lui rends un sourire narquois en réponse :

- De croire que tu ne me sentirais même pas arriver... Et que mon poids plume ne pouvait pas être un minimum menaçant pour toi ! En plus, l'intérêt de ce parcours, ce n'était pas simplement de le finir entier et sur tes deux pieds ?

Je l'entends déjà me rétorquer que je suis de mauvaise foi. Mais non, je ne m'avouerais pas vaincu parce qu'il m'a doublé sur la fin... Surtout que je n'ai vraiment cherché à faire la course avec lui, juste à lui coller des crasses en représailles tout le long du parcours. Je l'ai fini, c'est déjà bien. Faire mieux que Noah ? Je déclare forfait d'emblée, hormis si j'arrive encore à lui faire se casser un poignet. Je préfère éviter d'en venir à de telles extrémités.

Je finis par me relever, même si c'est peine perdue pour retirer toute cette boue de mes fringues. Ils ont besoin d'un bon lavage à haute température. Mes chaussures, n'en parlons pas, même si je suis parvenue à rester les pieds au sec.
Je secoue la tête négativement et reviens bien vite à lui. Je le détaille de haut en bas avant de lâcher sur le ton de l'humour :

- Non, du tout... C'était à cause de l'uniforme bien sûr !

Mais s'il continue à rire ainsi alongé dans la boue, je ne répondrais bientôt plus de rien. Je prends une longue inspiration et passe mes mains pleines de boue sur mon visage, leur contact froid ayant le don de me réveiller. Alors, on a terminé. Il ne reste plus qu'à se changer et... Discuter. Je suis étonnée que ce soit lui qui l'évoque en premier, tandis que l'on marche en direction du parking. Je lui rends un regard de biais, sans oser répondre encore... Même s'il ne m'en laisse pas tellement l'occasion.

Je reste perdue dans mes pensées quand il me tend un de ses tee-shirts de rechange, depuis le coffre de la voiture. Je le récupère du bout des doits, avec une grimace un peu contrite. Autant éviter d'en remettre partout...

- Enfin d'habitude, je m'en sers plutôt comme robe de nuit... Mais ça fera l'affaire.

Il faut dire que, vu la différence de gabarit, les tee-shirts de Noah m'arrivent quasiment aux genoux. Il me suffira de récupérer ma ceinture et d'enfiler ma veste, je suis sûr qu'on n'y verra que du feu. Je rentre dans l'une des cabines. Je prends mon temps pour retirer toute la boue de mes cheveux, tenter de récupérer un peu mes fringues et mes chaussures. C'est plutôt un succès pour ces dernières, que je peux renfiler avec mes chaussettes montantes à sec.
Je ressors un peu à reculons. Noah est adossé à la voiture, à quelques pas de là. J'ai fait tout mon possible ces derniers jours pour éviter de me confronter à lui, mais on ne peut fuir éternellement. Mes rebuffades en chaînes vont finir par le blesser pour de bon. Il se ferme déjà si bien que j'en ai la gorge serrée. Comment peut-on vivre ainsi ? Comment peut-on le souhaiter ?

Je refais ma natte, dans des gestes nerveux, pour éviter de trop me focaliser dessus. Je m'accorde un instant à fouiller les consciences Illuminatis de notre Cercle, à les effleurer juste assez pour capter des bribes d'impressions et d'émotions sans imposer ma présence. Je me noie dans ce flot comme je sais si bien le faire, pour me laver de ces résidus indésirables qui occultent ma pensée. Je fais demi-tour pour m'installer sur l'une des tables de pique-nique, plus en retrait des regards. Je fais silence jusqu'à ce que Noah me rejoigne.

Je dois réfléchir comme une Illuminati, rien d'autres. Ma voix est calme et posée quand je reprends. L'instant de trouble est passé.

- Nous devons définir ce qui est le mieux pour nous, sans que cela n'impacte négativement le Cercle des Illuminatis et la confiance qu'ils peuvent placer en nous. Ils cherchent à te tester, et pour éviter toute nouvelle erreur, il est important de se mettre d'accord.

Je pose les bases d'une entente à venir. Je cherche encore à réunir mes idées, chercher les options qui s'offrent à nous. Froidement.

- Il serait infiniment plus simple pour toi de retrouver leur confiance si nous ne sommes plus ensemble. Seulement ... Je n'arriverais pas à m'y résoudre. Nous pourrions mentir, bien sûr. Au lieu de nous cacher, nous pourrions jouer la comédie et leur faire croire que notre entente est bancale en publique, afin de brouiller les pistes. C'est risqué, mais possible. Sinon...

Je relève le regard pour le planter en le sien, posant les mains à plat sur la table.

- Assumer. On pourrait habiter ensemble, faire nos vies. Nous sommes bien plus suspect à tenter de le cacher, et à terme, on risque bien plus. Il nous faudrait rester vigilant, que notre lien ne soit pas visible. Tu sais déjà bien y faire seulement ... Le chemin sera bien plus long et difficile. Ils se méfieront, chercheront la moindre faille qui pourraient les conforter dans le fait que l'équilibre passera après pour nous, et si nous leur donnons raison, nous serons séparés pour de bon. Pas de retours posibles.

Je prends une longue inspiration. Mon regard dévie en même temps que je laisse le masque s'effriter peu à peu. Je me ronge l'ongle du pouce entre chaque phrase, déjà en piteux état ces derniers jours.

- Tu seras obligé de suivre les ordres, et moi aussi. Je n'ai pas la moindre idée de comment je réagirais si l'un de ces vampires plante ses crocs sur... Alors s'il te plait, ne leur donne aucune raison valable de le faire. De ton côté, il faudra que tu te fasses une raison. Mon travail a la PES va être infiniment dangereux, comme à l'époque des années sanglantes, et si je suis à nouveau blessée, il te faudra tenir et suivre les ordres.

Je marque un silence et reviens à lui, posant une question à son sujet à laquelle je n'ai, pour une fois, aucune réponse.

- Tu t'en sens capable ?
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMer 2 Déc - 14:35

L’espace d’un instant, j’aimerais bien pouvoir figer le temps et rester comme ça, comme si rien autour de nous n’avait d’importance. Il y a certes plus confortable et certainement bien mieux comme contexte mais, pour la première fois depuis longtemps, j’ai la sensation que nous ne sommes si elle ni moi sous tension. Et ça fait du bien, même si je sais pertinemment que ça ne va pas durer.

A sa répartie, je lève les yeux au ciel avant de souffler, d’un ton narquois.

"Ce parcours avait bien des intérêts très chère, mais celui de finir sur mes deux pieds n’était pas dans la liste. Quant à ton poids plume, ça fait longtemps que je sais que tu restes quand même menaçante même si pèses 35 grammes toute mouillée et que je ne dois pas m’arrêter à ça."

Je lui jette un regard en coin quand elle parle de l’uniforme avant de grimacer en voyant ma tenue actuelle.

"Je vois. Tu arriveras à te remettre du fait qu’il est remisé au placard maintenant ?"

Puisqu’elle a l’air si décidée que ça à bouger, je finis par suivre le mouvement, à regret, sachant que l’inévitable discussion suivra. Dire que je n’aime pas parler est un doux euphémisme. Enfin si, j’aime bien, mais étaler mes sentiments ou ce que je pense alors qu’on passe notre temps connectés les uns aux autres est une chose à laquelle je n’ai jamais vraiment adhéré. Pourtant là, il n’y a pas vraiment le choix. Peut-être justement parce que je me suis tellement fermé qu’elle est incapable de savoir ce qui se passe dans ma tête, c’était de toute façon le but totalement assumé de ma démarche après tout.

Mais là il va quand même falloir faire quelque chose avant qu’il soit trop tard pour réparer les pots cassés. Alors, je me lance. Elle est surprise même si elle ne semble pas vouloir faire de commentaires, préférant se focaliser sur la tenue que je lui tends.

J’ai un léger sourire alors que je lâche, dans un haussement d’épaules.

"Ce sera toujours mieux que finir figée sur place à cause de la boue. Même si ça pourrait être amusant."

Je vais me changer moi-même et me débarbouiller. Il ne nous faut pas bien longtemps pour nous retrouver à nouveau face à face et pour que la tension nous gagne tous les deux une nouvelle fois. Je prends une profonde inspiration pour ne pas recourir à ce réflexe devenu habituel de me fermer complètement pour éviter de la blesser et je l’écoute parler, mâchoires contractées.
Mon regard reste ancré dans le sien alors que je finis par lâcher, d’un ton neutre.

"Tu as admirablement bien résumé la situation."

Je laisse alors filer quelques secondes de silence qui finissent par se transformer en minutes avant de reprendre, toujours sur le même ton.

"Nous vivons constamment dans le mensonge. Nous nous faisons passer pour des gens que nous ne sommes pas pour servir des causes qui ne sont pas les nôtres. Tout ça pour quelque chose de plus grand, dont nous ne verrons probablement jamais le résultat. Je n’ai jamais eu de problème avec ça et ça ne m’en pose toujours pas. Tout comme le fait de suivre les ordres et de sacrifier ce qu’il faut pour que tout se passe comme prévu. Sauf quand ça te concerne."

Je pousse un soupir, me frottant le visage avec les mains alors que je cherche mes mots.

"Je ne veux plus mentir en ce qui te concerne. Ca ne servirait à rien de toute façon. Mais je dois aussi retrouver l’équilibre que j’ai perdu quand j’ai cru te perdre. Je sais qu’ils m’attendent au tournant, j’en ai conscience mais ce n’est pas ce qui importe le plus. Ca va bien au-delà des simples considérations des hiérophantes. Nous avons une mission à accomplir et je dois comprendre que les sentiments que j’éprouve pour toi devront passer après. Tu dis que j’y arrive bien mais j’arrive surtout à me fermer complètement, pas à rendre notre lien suffisamment neutre pour ne pas alerter les soupçons."

Je grimace avant de lâcher, à contre-cœur.

"Je vais avoir besoin de toi. Parce que la seule option viable d’après moi c’est celle où on assume tous le deux. Et que je ne sais pas comment faire."
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMer 2 Déc - 19:51


35 grammes... Il est sérieux, là ? Ca ne se fait pas de dire le poids d'une femme, ou même de le suggérer, mais tout de même. Je suis sûre qu'un poussin fait déjà plus de 35 grammes. Pourquoi un poussin ? Va savoir. C'est mignon. J'hausse donc un sourcil vaguement perplexe à sa répartie détonante, même s'il n'a pas totalement tort. Quand on fait mon poids, on évite d'opposer la force brute à des types comme lui. C'est largement préférable de leur opposer leur propre force et de s'en servir contre eux. Mais à force, Noah doit connaître tous mes astuces, si bien que j'évite généralement de les appliquer sur lui, au risque de me retrouver la tête à l'envers.

J'affiche une moue volontairement dépitée en pensant à ce bel uniforme qui va prendre la poussière au fond du placard. Quel gâchis...

- Je suis sûre que tu trouveras de bonnes excuses pour le ressortir, rien que pour son petit effet.

Je lui rends un sourire narquois, avant de filer aux douches avec son tee-shirt de rechange. Les discussions à venir risquent d'être bien moins détendue. J'appréhende sa réaction alors que nous allons devoir parler de l'avenir... Notre avenir. C'est étrange à formuler, quand on pense que le seul avenir qui doit nous être réservé est celui que nous fixent les Illuminatis. C'est une déviance. Je le sais. Alors pourquoi suis-je incapable de rompre ce lien, pour son propre bien ? Rien que de penser à le faire m'est insupportable. Je ne peux pas. Je ne pourrais jamais ! Je suis faible, faible, faible...

Je pose mes mains à plat sur la table de pique-nique et prend une longue inspiration. J'attends son verdict, après mon long discours. Les cartes sont entre ses mains. Je peux me montrer très patiente, si je m'en donne la peine, mais là, de suite, ce silence pesant qui me répond... Me donne envie de frapper du poing contre la table. Je dois respecter ce temps de réflexion qu'il lui faut. C'est normal. Ca ne peut pas se décider si rapidement, quelque chose d'aussi important que... Nous. Je secoue négativement la tête. Ca ne m'aide vraiment pas de le penser ainsi.

Je l'écoute attentivement, quand il se décide enfin à prendre la parole. Il commence par m'assurer que notre cause ne l'indiffère pas. Bien, c'est un bon début. Je n'en doutais pas un seul instant, mais c'est important de le dire pour poser des bases saines. L'honnêteté, voici son choix. Etonnant, après toutes ces années à mentir... Mais je peux difficilement cacher à quel point ses paroles me font du bien. J'en ai envie, moi aussi. Je dois tout faire pour que ça marche, pour que nous retrouvions cet équilibre qui a été brisé, dès l'instant où j'ai bien cru mourir. Je retiens un sourire. Il aurait peut-être dû rester enfermer, parce que je ne peux pas m'empêcher de communiquer cette joie débordante proche de l'excitation.

Je reprends pourtant avec un sérieux de façade, comme s'il ne venait pas de prendre la décision que j'attendais depuis si longtemps, sans même m'en rendre vraiment compte :

- D'accord, alors ne nous cachons plus, mais évitons de dire depuis quand nous sommes véritablement en couple. Je n'aimerais pas qu'ils fassent ce lien dérangeant entre ce jour fatidique et notre relation.

Je marque une pause, le temps de réfléchir posément à la situation. C'est étrange de le savoir aussi perdu et démuni, à cause de moi. Je me rends compte que ce Noah-là m'est davantage étranger que les autres facettes qu'il peut revêtir. Je reviens à lui. Je le fixe droit dans les yeux, les mains croisées devant moi.

- Tu ne m'as jamais raconté ce qu'il s'est passé cette nuit-là, Noah. J'ai besoin de savoir pour pouvoir t'aider. J'ai besoin de connaître tous les détails, même ceux que tu ne voudrais pas m'avouer. On ne pourra pas travailler correctement sans.

Le connaissant, il ne va pas aimer en parler. Ca n'en est pas moins nécessaire... Et je suis la seule à qui il pourra pleinement s'ouvrir à ce sujet. Nous en avons besoin, pour avancer. Je dois comprendre pour savoir comment l'aider.

- Ensuite... Prends conscience que te fermer ne résoudra pas tes problèmes. Tu ne pourras pas indéfiniment poser de la colle ainsi. C'est rien de moins que du déni à mes yeux, et ce vide n'est que plus criant de vérité. Par contre... Tu pourras m'apprendre à en faire de même.

Il ne va pas comprendre où je veux en venir, alors je lui fais signe de ne pas m'arrêter.

- Si je réduis ma présence au minimum, nous nous rapprocherons de cette situation de rupture que tu as connu. Je pense que ça t'aiderait à comprendre le problème et mieux le gérer.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyDim 6 Déc - 18:16

J'ai comme la vague impression que je l'ai un peu vexée mais bon, c'est pas comme si elle avait pas l'habitude et que mes blagues tombaient pas souvent à coté de la plaque avec elle. Ca va que j'arrive à compenser avec d'autres qualités, sinon, avec le temps, je finirais vraiment par me demander ce qu'elle fait avec moi. Autre que pour l'uniforme qui, visiblement, lui a fait un sacré effet. J'avais même pas remarqué en fait, même si je sais bien qu'elle est pas la seule que ça n'a pas laissé indifférente. Enfin, pour ce que les réactions des autres m'intéressent… Je souffle alors, avec un sourire en coin.

"Oh, y aura toujours une cérémonie quelconque où je serais obligé de le remettre. Et si je comprends bien, tu seras toujours volontaire pour m'accompagner, ne serait-ce que pour me voir avec donc."

Le temps de la fameuse discussion arrive. Je la redoute depuis un moment, depuis notre arrivée en Ecosse pour être honnête, mais on ne pourra pas continuer comme ça. Ce n'est déjà pas bon pour l'ordre et c'est pire au niveau personnel. A ce train-là, ça va exploser entre nous et les conséquences seront encore plus désastreuses qu'imaginées.

Astrid expose la situation avec une remarquable justesse et je sens que c'est à mon tour d'entrer en scène. Comme à chaque fois qu'il faut parler de nous, j'ai du mal à trouver mes mots, à lui faire comprendre ce que je veux mais, contrairement à ce que je craignais, ça marche. Je peux sentir la joie l'envahir et je ne peux pas m'empêcher de sourire même si elle garde une mine aussi impassible que possible.

"Ils ont déjà fait le lien mais tu as raison. Evitons ce genre de détails qui ne ferait qu'accentuer le problème de toute façon."

Elle reprend la parole et me demande alors de lui raconter tout ce qui s'est passé, comme je le redoutais depuis un moment déjà, tout en me fixant dans les yeux. Je pousse un profond soupir alors que je me rends compte que je viens de me crisper totalement. Je baisse les yeux, fixant mes mains alors que mes doigts tapotent nerveusement sur la table.

"Je… pour que tu comprennes il faut déjà que je t'explique un truc. Depuis que je t'ai rencontrée, tu as toujours été une présence constante auprès de moi. Plus ou moins forte selon les périodes, selon la relation qu'on pouvait avoir mais tu étais toujours là. Tu es la seule personne que j'ai autant laissée s'installer dans mon existence et que je n'ai jamais voulu occulter. Ou que je n'ai pas pu. Le résultat est le même en tout cas. Il n'y a pas eu une seconde dans ma vie où tu n'étais pas là."

Je fronce les sourcils, cherchant mes mots et me demandant si elle comprend ce que je veux lui dire. Je ne lui ai encore jamais vraiment dit la place qu'elle pouvait avoir dans mon existence, pour moi c'est une évidence, sans compter le fait que je ne suis pas du genre à parler de ce genre de choses.

"Quand tu as été attaquée, ce lien a sauté. Le seul lien auquel je me suis toujours raccroché, la seule chose que je considérais comme acquise… tout a disparu sans que je ne comprenne pourquoi. Je n'étais pas prêt à ce que ça arrive, je ne le suis toujours pas d'ailleurs, qu'on soit bien d'accord. Alors ton idée d'amenuiser notre lien pour que je ressente à nouveau la même chose, c'est juste pas concevable pour le moment."

Je me rends compte que je me suis fait un peu plus sec, bien involontairement, mais cette idée ne me donne qu'une envie, celle de me fermer à nouveau. Je prends une profonde inspiration et je laisse filer quelques secondes avant de reprendre, à nouveau plus calme.

"Je sais que ça ne peut pas marcher comme ça mais autant être honnête, sans toi, je n'ai aucun équilibre. C'est bancal comme fonctionnement, c'est certain. Mais, quand tu as disparu, j'ai coupé les liens avec tous les autres, sans exception. Si ton lien n'était pas là, je ne voyais pas l'intérêt des autres. C'est Nicholas qui a compris le problème le premier et c'est à travers lui que j'ai suivi ta convalescence. On… il s'est dit que ce serait mieux comme ça, que ça éviterait d'aggraver mon cas. Même si ça allait déjà mieux quand tu t'es réveillée et que j'ai eu de la chance dans mon erreur vu que vous avez été plusieurs à être touchés. C'était un évènement assez important pour que je ne sois pas le seul à chanceler et que le fait que je vacille ne soit pas totalement vu comme uniquement lié à toi."

Je lui balance tout dans le désordre mais j'ai vraiment du mal à ordonner mes idées. Je continue de fixer la table, mes mains, tout sauf Astrid. Je n'ai pas la moindre idée de comment elle va réagir après tout ça et je sais pas si j'ai vraiment envie de le savoir.

"Je sais que me fermer ne sert à rien. Mais c'est la seule chose qui m'empêche de trop vouloir te protéger et qui m'aide à maintenir un semblant de contrôle sur mes sentiments."

Je finis par lever les yeux en direction de la jeune femme, me retenant encore et toujours avec difficulté de faire comme d'habitude. Ce serait franchement pas le moment, surtout après tout ce que je viens de lui dire.
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyLun 7 Déc - 15:47


Il va vraiment falloir que je rappelle à Noah que les blagues sur le poids d'une femme sont toujours à proscrire, mais en attendant, nous avons des sujets bien plus urgents à aborder que son sens de l'humour déplorable ou mon goût prononcé pour les uniformes. Je me contente de sourire en coin pour lui faire comprendre que, oui, je ne raterais pas l'occasion de venir à une des cérémonies si le temps m'est laissé de le faire.

On finit par s'attabler, dans tous les sens du terme. Je me rends bien vite compte que Noah peine à trouver les mots justes. Parler de lui, ou même de nous, ce n'est vraiment pas dans ses habitudes. Je lui impose de le faire, parce que nous avons besoin de clarifier la situation, mais en temps normal, je me fais à l'idée qu'il est vraiment nul pour exprimer ses sentiments.
Je me tends imperceptiblement, en simple réponse à la tension qu'il dégage subitement. Je secoue la tête négativement.

- Si c'était le cas, ils nous auraient déjà séparés, tu le sais.

Je m'attends à ce qu'il joue les parfaits militaires, à m'énumérer sur un ton placide chaque étape avec une rigueur toute professionnelle... Mais il me prend totalement au dépourvu. Je m'immobilise et ouvre grands les yeux en l'écoutant me dire, peut-être bien pour la première fois, ce qu'il ressent réellement pour moi. Et il ne se rend même pas compte de la magnifique déclaration qu'il vient de me faire... Je ne sais pas si je dois le trouver désespérant ou attendrissant. Plusieurs années de vie commune et il arrive encore à faire battre mon cœur à la chamade et me filer des coups de chaud comme une adolescente. Ca me dépite, vraiment... Assez pour que je trouve subitement très intéressant la toilette d'un écureuil dans un arbre. C'est dingue, on en voit vraiment partout en Ecosse... Ok, Astrid. Tu ne trompes personne. Je vais tout de même éviter de lui sauter dessus, sinon il n'arrivera jamais à finir de s'expliquer. Et éviter de lui communiquer mon envie débordante de lui sauter dessus, aussi.

Je me contente d'un coup d'œil à la dérobée, quand il s'arrête dans sa tirade pour jauger ma réaction, voir s'il s'est bien montré clair dans ses explications. Il a les sourcils froncés, si sérieux dans ses paroles. J'aurais presque envie de rire... Ma parole, comment fait-il pour se montrer aussi aveugle ? J'hoche la tête pour l'inciter à continuer, et cache mon sourire naissant dans le creux de ma main. Surtout, mieux vaut ne pas l'interrompre dans sa si belle lancée.

J'ai une légère moue quand il rejette en bloc toutes possibilités d'amenuiser le lien. D'un coup, il est beaucoup moins attendrissant. Et autant être clair, ce serait loin de me plaire aussi, mais si je suis sur le point de mourir, je serais bien incapable de simuler pour lui faire croire que tout va bien. Il existe des limites à mes talents de comédienne.
C'est fou ce qu'il est capable de me faire passer de l'euphorie à la colère en l'espace de quelques secondes. Je perds mon sourire et lui rend un regard perçant, en réponse au ton sec qu'il emploie avec moi.

- L'amenuiser ne signifie pas se fermer hermétiquement comme tu as l'habitude de le faire avec moi, Noah. Je suis capable de supporter la souffrance que tu me causes, à agir de la sorte, alors même que tu as fait le mort durant des semaines après mon réveil... Cela va dans les deux sens. Si tu comprends si bien ce que tu m'infliges, dis-moi pourquoi tu continues à le faire, et surtout, fais l'effort nécessaire pour arranger les choses.

Je me prends la tête à deux mains et pousse un profond soupir. Bravo Astrid. Tu viens de gâcher les rares efforts qu'il vient de fournir à l'instant pour t'expliquer les choses... Et par-dessus tout, je peux toujours rêver pour qu'il me ressorte de si belles déclarations dans les mois, voire années à venir. Je pose mes mains à plat sur la table et me décide à me lever.

- Il fallait que je gâche tout, c'était trop beau...

Je me mets à marcher comme un tigre en cage, me rongeant l'ongle du pouce tout en réfléchissant. Je fais mon deuil à la seconde pour me concentrer sur l'essentiel, autant que je le peux. J'étouffe ce sentiment de déception autant que de culpabilité, en même temps que cet éclat pur et joyeux... Tout ce qui encombre ma pensée. Autant faire le net.

- Peut-être prenons-nous le problème dans le mauvais sens. De toute évidence, il est impossible pour toi de le rompre ou de l'amenuiser. Peut-être devrais-tu te rapprocher des autres Illuminati, et intensifier ce lien que tu entretiens avec les autres membres du Cercle pour lisser l'ensemble de tes rapports. Ainsi, si un événement tragique surgit, tu auras le soutien du Cercle pour faire face, tu ne sentiras pas le besoin de rompre avec eux, mais plutôt de t'en servir comme béquille.

Je m'arrête pour le fixer, les bras croisés sous ma poitrine. J'ai cette souffrance qui tente de percer la surface simplement à le regarder. Ca me coûte de lui dire, parce qu'en vérité, j'aimerais vraiment qu'il n'ait ni à se fermer de moi, ni à s'ouvrir aux autres pour aller mieux.

- Alors ce n'est pas un équilibre si tu as besoin de te fermer. Quand tu n'auras plus de raison de le faire, c'est que tu l'auras enfin trouvé.

J'espère que ce sera toujours avec moi. Je formule clairement cette pensée, comme un souhait égoïste que je peine à étouffer dans l'œuf. Je m'approche de lui en deux pas rapides, et l'embrasse en lui communiquant toute la passion que j'éprouve pour lui. J'enroule mes bras autour de son cou et prolonge ce baiser au maximum, jusqu'à ce que la raison me revienne.

- Je voudrais aussi qu'il n'existe plus une seule seconde dans ma vie où tu ne sois pas là, Noah.

Je lui rends un sourire éclatant. Ok. Je dois l'avoir perdu pour de bon, tant pis.

- On rentre ?
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMer 9 Déc - 18:58

J’avoue, j’aurais bien aimé ne pas avoir à passer par la case discussion. Outre le fait que ce n’est déjà pas de base ma tasse de thé, au vu des circonstances c’est encore pire que d’habitude. Alors, pourquoi c’est moi qui initie le truc ? Aucune idée. C’est peut-être comme ce cliché sur le pansement, si on l’arrache d’un coup, ça fait moins mal. Je ne suis pas franchement convaincu, autant être honnête mais j’ai au moins le mérite de tenter le coup.

Comme toujours, Astrid est le miroir de mes émotions ou plutôt de celles que je cherche à cacher. Si je suis énervé, je le sens en voyant ses réactions et là, comme toujours, ça ne rate pas. Elle se tend alors que je viens de faire de même et je laisse échapper un soupir, me pinçant l’arrête du nez avant de répondre, d’une voix un peu lasse.

"Tu penses qu’ils m’ont envoyé en Ecosse pour mes compétences et mes beaux yeux ? Evitons de nous leurrer à ce propos. Je pense qu’ils ignorent juste à quel point ce lien est fort pour moi sinon, je pense que tu n’aurais jamais été envoyée ici. Ou alors ils ont un sens de l’à-propos qui m’échappe totalement."

Je fronce les sourcils à cette pensée avant de la chasser, me demandant comment j'aurais réagi s'ils ne l'avaient jamais envoyée ici et je me focalise sur ce que me demande Astrid. Dire que ce n’est pas simple est un doux euphémisme. Je n’arrive pas à organiser mes pensées, surtout quand je sens autant de sentiments contradictoires émaner d’elle à mesure que je parle. Elle a l’air ravie, puis en colère, sans que j’arrive à saisir comment elle fait pour passer aussi rapidement de l’un à l’autre. Je comprends que ma façon de gérer notre lien, ou de ne pas le gérer plutôt, appelons un chat un chat, peut grandement lui déplaire et la perturber. Mais, c’est encore la seule solution que j’ai trouvée pour le moment, pour parer à l’urgence de la situation. Et en fait, je n'arrive pas vraiment à comprendre ce qui a pu lui faire autant plaisir dans ce que je viens de lui raconter.

Avant que je n’ai le temps de répondre quoi que ce soit quand elle parle d'amenuiser notre lien, je la vois se prendre la tête entre les mains et j’arque un sourcil, franchement perplexe.

"Astrid ? Tu m’expliques ou…"

Je laisse filer quelques secondes avant de souffler, à contrecœur, essayant de ne pas me focaliser sur la jeune femme qui s'est relevée et commence à marcher pour évacuer je ne sais quel agacement qui m'échappe totalement.

"C’est la seule façon que j’ai trouvé de te protéger. Si je me ferme, tu ne cours pas le risque qu’ils fassent le rapprochement avec toi et que tu aies à payer mon manque de… de lucidité, d’équilibre, de ce que tu veux.""

Elle reprend la parole et je l'écoute avec attention, réfléchissant à ce qu'elle vient de suggérer. Je tousse alors un rire à sa proposition et je secoue brièvement la tête.

"Tu crois vraiment que je pourrais donner autant d’importance aux autres qu’à toi ? Il va juste falloir que j’apprenne à mieux mentir. Et si un évènement tragique arrive comme tu le dis, je…"

Je me tais brutalement et je fronce les sourcils, incapable de retenir, l'espace d'une seconde, ce vide abyssal que j'ai ressenti quand j'ai appris ce qu'il lui était arrivé. Je me rends compte que je viens de retenir ma respiration et je finis par soupirer profondément avant de lever les yeux en direction de la jeune femme.

"Désolé. C'est exactement ça que j'essaie de bloquer. Mais je vais essayer."

Je n'ai pas le temps d'en dire plus qu'elle s'est approchée de moi et qu'elle m'embrasse. J'avoue, pour le coup je me fige, ne comprenant pas ce qui lui prend. Surtout avec la discussion qu'on vient d'avoir. Mais, autant être honnête, je me reprends bien vite et je lui rends son baiser sans retenue avant qu'elle ne s'écarte.

Je me contente alors d'esquisser un sourire et je me penche pour l'embrasser dans le cou avant de hocher la tête.

"Oui, ça vaut mieux. Sinon je garantis pas de la suite des évènements."
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyLun 14 Déc - 16:08


Je lâche un profond soupir, qui fait écho au sien sans même y penser. On est tellement connecté que parfois il devient difficile de faire le tri. Je ne sais plus si ces émotions me sont propres, ou si elles sont empruntées à Noah. Ce n'est pas quelque chose qui me gêne, de me fondre ainsi en lui, de n'avoir strictement aucun secret pour lui. Je lui donne tout, sans compter. Je prends tout ce qu'il daigne bien me communiquer aussi. Sauf que, quand il se ferme, il me laisse cette sensation que la réciproque n'est pas toujours vrai.
Je lui rends un regard un rien peiné, mais ne m'attarde pas sur cette impression qui menace de me ronger. Il est plus important de réfléchir et d'analyser, posément. Je parviens sans peine à me détacher, comme toujours.

- Non, de toute évidence, la plupart des Illuminati envoyés en Ecosse sont des cas à problèmes. Peut-être que nous sommes comme une avant-garde, ceux qui sont les plus facilement sacrifiables, mais aussi ceux de qui on attend le plus de bonnes surprises... Même notre hiérophant n'est pas tout blanc. Alors oui, bien sûr, c'est un test qu'ils attendent que tu passes avec brio. Je ne suis qu'une épreuve de plus que l'on rajoute à ton parcours, Noah. Je pense qu'ils ont des doutes, mais qu'ils attendent que tu les confirmes ou les infirmes par ton comportement sur le terrain. Ils ne te laisseront pas faillir deux fois sans réagir.


Je suis comme d'habitude, à exprimer froidement mon raisonnement, alors qu'à l'intérieur, il m'est plus compliqué de me montrer impassible. Je suis douée pour semer la zizanie dans l'esprit des autres Illuminati, et cette fois, j'en ai même perdu Noah. Je sens sa confusion, et me rends compte avec une expression mitigée que mes colères lui passent au-dessus de la tête... Tout comme mes joies d'ailleurs. Noah, Noah... L'Illuminati le plus terre à terre qu'on m'a donné l'occasion de rencontrer. Mais au moins, dans tout cet océan d'incertitudes, de pensées et de sensations contradictoires, il est toujours cette valeur sûre sur laquelle on peut se reposer. Il suffit que la panique, la peur, la tristesse ou l'appréhension me saisissent pour qu'il les dissipe sans même s'en rendre compte, simplement en quêtant ce réconfort par le biais de ce lien. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il constitue tout mon équilibre, et que je n'aurais jamais pu aller aussi loin sans sa présence constante à mes côtés.

- Non, Noah. C'est toi que tu cherches à protéger ainsi, pas moi. A chaque fois que tu te fermes, c'est mon équilibre que tu menaces en tentant de reformer le tien. Et agir ainsi, c'est un aveu muet. Qu'est-ce qui est le pire ? Je me le demande.


J'ai l'impression qu'il se moque de moi, un court instant, à entendre ce rire passer ses lèvres. Je fronce les sourcils avant de capter une sensation étrangement neutre, alors même qu'il me fait une nouvelle déclaration aussi adorable que la précédente. Ok, il ne le pense pas. Ou plutôt, il ne réfléchit pas du tout à ce qu'il est en train de me dire... N'empêche que c'est adorable, et que je me sens fondre... Avant que le silence ne se fasse retentissant. Il s'est tu, si brutalement, et le lien avec. C'est étrange et déroutant de le sentir encore présent, mais aussi muet que quand il le ferme totalement. C'est vide, c'est noir, c'est... Mort.

Je tressaille, parce que l'expérience m'est quelque peu désagréable. Je la stoppe, avec la même violence, envahissant rapidement tout l'espace. Je veux lui faire partager cette lumière éclatante qui m'anime, bien loin de ce qu'il a vécu. Je l'embrasse avec fougue, et menace de recommencer quand je sens ses lèvres parcourir mon cou, et ce sourire qu'il arbore...

- Et moi je ne répondrais plus de rien. Bien, bien... La voiture, donc.

Je m'extirpe de cette étreinte à regret, et la cherche du regard, garée là-bas entre deux arbres, plus en retrait. Le jour commence lentement à décliner et nous ne sommes pas les seuls à décider de rentrer. Je monte du côté passager et me met à tapoter des doigts contre la portière. Malgré toute notre bonne volonté, nous ne sommes pas encore totalement au clair. J'ai bien compris ce qu'il cherchait à éviter, mais ce n'est pas la bonne méthode... Sauf que, jusqu'à maintenant, tout ce que j'ai réussi à lui proposer ne convient pas. J'attends qu'il monte à son tour, pour émerger de mes pensées. Je secoue la tête négativement.

- Je suis désolée, Noah. Il nous faudra peut-être un peu plus de temps pour trouver une solution ensemble... Mais je te promets qu'on trouvera. Laisse-moi juste le temps de ...

J'hausse les épaules, et ne finis pas ma phrase. Du temps, il nous en faudrait, tout simplement. Du temps pour trouver ce juste milieu. Et combien en avons-nous encore avant que les événements ne deviennent totalement hors de contrôle et qu'il nous soit nécessaire d'intervenir ? Certainement très peu.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMar 22 Déc - 17:23

A son soupir qui fait écho au mien, j'ai une grimace involontaire. Je prends une profonde inspiration pour lutter contre cette envie latente de me fermer pour de bon, ce serait vraiment risque de la perdre alors qu'on a l'air de trouver un semblant d'équilibre.

"Merveilleux, une brochettes de cas à problèmes pour régler une des situations les plus complexes qu'il nous ait été donné de voir. Au moins, on ne va pas s'ennuyer. Quant au reste… Je sais que je n'aurais pas d'autre chance. C'est probablement pour ça aussi qu'on m'a envoyé directement travailler avec les vampires, pour voir quelles étaient mes limites et si je serais capable de jouer le jeu jusqu'au bout. Et je t'avoue que je l'ignore moi-même."

Je n'aime pas avouer cette faiblesse alors que je me suis juré depuis toujours de tout faire pour la protéger. Ce n'est pas comme ça que les choses doivent fonctionner mais, cette fois-ci, je n'arrive pas à m'en sortir seul.

Je fronce alors les sourcils et je la fixe quelques instants, pensif.

"Et toi alors, pourquoi ils t'ont envoyée ? Uniquement à cause de moi tu crois ?"

Parce que bon, à bien y réfléchir, techniquement, elle n'est pas un de ces cas dont elle a parlé. J'essaie de ne pas trop me focaliser sur le fait qu'elle se compte visiblement dans les sacrifiables. Autant pour moi, c'est quelque chose d'acté, autant j'ai encore beaucoup de travail pour accepter que ce soit le cas pour elle. Pourtant, je vais devoir le faire si je veux qu'ils pensent que je joue correctement le jeu. Je prends une profonde inspiration alors qu'elle finit par me perdre dans sa nuée de sentiments contradictoires, ne sachant même pas ce que je peux dire à chaque fois pour provoquer telle ou telle réaction. Décidément, moi qui aime contrôler les choses, autant le dire, je suis totalement largué. Et je déteste ça. Vraiment.

A sa réponse et à la colère latente que j'ai l'impression de ressentir émanant d'elle, je finis par souffler, sans même prendre le temps de la réflexion.

"Je vais finir par être persuadé que ça ne te vaut rien de rester trop près de moi et que je suis plus un poids pour toi qu'autre chose. Ce sera le cas en tout cas si on n'arrive pas à trouver une solution."

J'ai parlé d'un ton totalement neutre, énonçant ce qui est d'une des possibilités qu'il faudra envisager si j'échoue une nouvelle fois. Une part de moi me souffle qu'elle serait bien mieux sans moi mais dès maintenant et, pourtant, je me refuse à l'écouter. Pour le moment en tout cas. Je chasse cette pensée avec un froncement de sourcils avant de reprendre, toujours sur le même ton.

"Je ne voyais pas les choses comme ça. Je ne veux pas risquer quoi que ce soit pour ton équilibre, même si j'ai du mal à voir de quel aveu tu peux bien parler."

S'il n'y avait que ça qui me posait souci dans l'immédiat, ce serait un moindre mal. Mais bien évidemment, ce n'est pas le cas et j'ai l'impression de sentir un bon mal de crâne commencer à pointer le bout de son nez. Si je m'étais senti plus ou moins détendu au début de la discussion, autant le dire tout de suite, j'ai les nerfs un peu à vif. Je reprends une profonde inspiration avant de lui faire comprendre involontairement ce que j'ai pu ressentir quand je l'ai crue morte.

Je n'aurais même pas besoin de ressentir ce qu'elle ressent pour le comprendre, la façon dont son visage se crispe est déjà bien assez explicite comme ça. Je n'ai pas le temps de dire grand-chose de plus qu'elle m'embrasse et qu'il ne me faut pas me prier pour lui rendre son baiser.

Sa répartie me fait sourire et je me contente de lui souffler, d'un ton plus naturel.

"Et ce serait si grave que ça si tu ne répondais plus de rien ?"

Je la suis pourtant sagement jusqu'à la voiture et je m'installe du coté conducteur, laissant filer un instant de silence alors que la tension semble réapparaitre aussi vite qu'elle a disparu.

"Ne sois pas désolée, c'est moi le problème au fond. Je vais déjà essayer de…"

Je fronce les sourcils, un peu décontenancé. Encore une fois, je ne sais pas par quel bout prendre tout ça et surtout, le faire sans qu'elle n'en pâtisse trop. Et on sait tous les deux que bientôt, on aura plus le temps de s'en occuper. Le chaos est là, tout près et si je ne suis pas capable aujourd'hui de garder mon équilibre, je risque d'être plus une menace qu'autre chose pour le reste du groupe.

Je me penche vers elle et j'effleure sa lèvre du bout du pouce avant de l'embrasser sur la tempe.

"J'aurais aimé trouver une réponse toute faite et un mode d'emploi. Ca aurait été nettement plus simple. Mais voilà, je sais ce que je vais déjà essayer de faire. Qu'on le fasse ensemble et pas moi tout seul dans mon coin. C'est un bon début non ?"

En espérant qu'on ait le temps de voir autre chose que le début.
Noah Hamilton

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 24 Déc - 14:19


Je crains qu’il ne se ferme à nouveau, à tout moment. Je ressens pleinement ses émotions, comme rarement ces derniers temps. Cette sensation me fait un bien fou, comme si je me sentais à nouveau complète, entière, sereine… Même si c’est pour qu’il me communique son agacement face à notre situation. Je me mords la lèvre, pour me retenir de faire écho à ses pensées. On dirait presque que ça le dérange, quand c’est pour moi parfaitement normal.

- Oui, je le pense aussi. Ils ne choisissent jamais au hasard, Noah.


Je ne fais aucun commentaire, quand il exprime ses doutes. C’est assez rare pour que j’évite de relever, au risque qu’il le prenne assez mal. Je le connais bien, trop bien selon certains… Suffisamment à mon sens pour savoir à quel point cette discussion lui est difficile, parce qu’il supporte mal de dévoiler ses quelques faiblesses. J’en suis une aussi, sa façon d’étouffer ses émotions et se couper des Illuminati pour le dissimuler le prouve assez bien. C’est blessant, mais je ne prends pas la peine de lui signaler. Il s’empresserait de me démontrer le contraire, sans que cela n’influe sur cette impression diffuse de rester un poids pour lui, depuis toutes ces années. J’essaie sans arrêt de donner le change, de me montrer à la hauteur de ce qu’on attend de moi… Mais aussi de lui. C’est touchant de voir à quel point il est prêt à se remettre en question, sans jamais considérer que je peux être le fond du problème.

Je lâche, à voix basse, ce qui me semble une évidence à la question qu’il me pose :

- Je suis une épreuve que tu dois surmonter.


Rien d’autres. Ils auraient pu envoyer un autre Illuminati à ma place, mais ils m’ont choisi moi, plutôt qu’une autre, précisément pour vérifier leurs hypothèses envers Noah. Je ne suis pas sûr qu’ils attendent plus de moi que je ne fasse le nécessaire. Je ne suis pas inutile et ne me résume pas à cette épreuve, loin de là… Mes compétences sur le terrain risquent de leur être utile, mais d’autres auraient pu faire l’affaire.

- J’imagine que cela a fait pencher la balance… Quand ils ont voulu faire leur choix.

Il souffle mon élan de colère, quand je lui reproche une nouvelle fois sa tendance à se fermer devant la moindre difficulté. Je lui rends un regard stupéfait alors qu’il utilise les mêmes mots qui me sont venus à l’esprit me concernant. Un bref rire m’échappe, que j’étouffe derrière ma main en secouant négativement la tête. Nous sommes vraiment un joli couple de bras cassés …

- Non, Noah. Je ne te laisserais pas dire ça. Je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui sans toi. Je ne pourrais pas me passer de toi, simplement quand tu te fermes… Tu penses peut-être ainsi pouvoir nous préserver du pire, mais tu nous blesses tous les deux. Toi, en conservant tout à l’intérieur, et moi… Par cette absence que tu m’opposes et que tu supportes si mal venant de ma part. Noah… Quand je me suis réveillée, et que tu n’étais pas là, tu ne peux pas imaginer la détresse que j’ai ressenti. Je l’ai ressenti comme un abandon, un rejet. Je n’ai pas cessé de me demander ce que j’aurais pu faire de mal pour que tu réagisses ainsi, et si c’était fini, si je pourrais te revoir un jour... J’aurais eu besoin que tu sois à mes côtés pour le surmonter. J’ai dû le faire seule, avec cette appréhension qui ne me quittait pas, et que tu entretiens à chaque fois que tu te fermes. Et à chaque fois, j’ai peur que tu t’éloignes et te détournes pour de bon.

J’étais détruite, au réveil. J’étais la seule survivante d’un véritable massacre. Je m’étais raccrochée à mon pouvoir comme à une bouée de secours et j’aurais sans doute rendu les armes si on ne m’avait pas trouvée et ramenée à temps. Sean était mort, et c’était déjà un sacré coup dur, quand on pensait que nous avions si longtemps travaillé de concert pour servir la cause des Illuminati. Mais savoir que Noah était absent, même si Nicholas restait à mes côtés… C’était pire que tout. J’avais failli mourir et il ne se tenait pas à mes côtés, comme indifférent à mon sort. Son discours me faisait prendre conscience à quel point je m’étais fourvoyée, même s’il avait déjà dissipé ce malaise dès qu’il l’avait constaté. C’était Noah. Il se contentait de me servir des faits comme autant de vérités qu’il assène, et pensait que ce serait suffisant pour aplanir la situation.

Je lâche un léger rire, pour m’éviter de pleurer bêtement. Je préfère plutôt réagir ainsi que de perdre pied pour de bon. Feinter, c’est facile.

- C’est avouer que nous représentons bien plus l’un pour l’autre que nous voulons bien l’admettre, à chercher à le cacher.

Je ne tiens plus et cède à l’envie de l’embrasser, mais préfère m’arracher à son étreinte pour regagner la voiture avant que tout ne dérape pour de bon. Je lui rends un fin sourire, bien plus enjouée que précédemment, quand il me demande si ce serait grave… Je ne réponds rien. Ai-je besoin de lui préciser quoi que ce soit ? Nous n’avons jamais eu besoin de le faire pour savoir exactement quand les sentiments de l’autre s’embrasent. C’est seulement la décence qui m’empêche de poursuivre, au risque de lui faire l’amour sur une table de pique-nique… Je n’aimerais vraiment pas que quelqu’un nous surprenne, c’est tout. Et Noah a bien moins de mal que moi à conserver son sérieux.

Je lui rends un nouveau sourire alors qu’il bute à son tour sur ses phrases. J’entrouvre les lèvres alors que son pouce les parcourt, peut-être un peu déçue qu’il se contente juste de m’embrasser la tempe. J’hoche la tête, en réponse, avec ce sourire mutin qui a du mal à me quitter.

- Tant mieux, si tu sais un peu mieux où nous en sommes, et comment régler la situation alors…

Je marque un silence, de courte durée.

- Je vais me contenter de profiter des bonnes nouvelles. On va enfin habiter ensemble et puis…

Je pose ma tête contre sa clavicule, avant de l’embrasser dans le cou en ne le lâchant pas du regard.

- Ce n’est pas grave, non. Surtout quand tu m’adresses tes plus belles déclarations d’amour sans même t’en rendre compte, vraiment. Crois-moi, je ne risque pas d’oublier !
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyJeu 24 Déc - 18:03

Impossible de ne pas sentir l'inquiétude d'Astrid, mais par contre, je suis incapable ce dire si elle fait écho à mes paroles, à mes sentiments, à ce que je cache ou encore à tout autre chose. Je me raccroche à ça, c'est un sentiment qu'elle a si peu souvent et qu'elle cache la plupart du temps derrière cet apparence froide qu'elle oppose souvent au reste du monde, qu'il me parait plus simple de me focaliser sur ça que sur le reste, quand bien même ce n'est pas le sentiment le plus agréable du monde.
J'ai un sourire sans joie à sa répartie et je hausse brièvement les épaules, essayant tant bien que mal de cacher cet agacement que me provoque la situation.

"J'aurais bien aimé que tu me répondes autre chose, j'avoue."

Et pourtant, je ne suis pas dupe ou naïf. Je sais pertinemment quelle est la situation en Ecosse, notre situation. Le hasard est un mot qui n'existe que dans le dictionnaire pour les nôtres.
Tout est calculé, millimétré pour faire en sorte que ce soit toujours l'Equilibre qui l'emporte, quoi qu'il arrive. Quelles que soient les conséquences sur nous. Je m'en suis toujours accommodé et, la plupart du temps, je le fais encore.

"Je sais. Et je n'aime pas l'idée que tu risques ta vie à cause de moi une fois de plus."

Une fois de plus, j'ai du mal à suivre son changement d'humeur et je la fixe, perplexe, alors qu'elle étouffe un rire. Et puis, elle reprend la parole. Si ce qu'elle dit au départ m'arrache un sourire, le reste pèse comme un poids sur mon estomac. Je déglutis et je garde le silence quelques instants, mâchoires contractées avant de lâcher un profond soupir.

"Je n'avais pas le droit d'être là. Et j'étais allé beaucoup trop loin pour prendre le risque de t'incriminer un peu plus. Il n'y a pas un jour ou je n'ai pas regretté de ne pas être à tes cotés pour t'aider à surmonter tout ça, mais c'était la seule chose à faire, quand bien même c'était une véritable torture. La seule chose que tu as fait de mal c'est de tomber amoureuse de moi et de m'apporter tellement de choses que je suis incapable de faire sans maintenant."

Ses derniers mots me serrent le cœur. Je ne dis rien mais je m'agrippe à la table, laissant filer un silence abominablement long. Me rappeler de ces moments n'est bon ni pour elle ni pour moi. Ce sentiment visiblement partagé d'avoir tout perdu en perdant l'autre, de ne pas savoir ce qui pourrait être reconstruit ou pas, et ignorer de quoi demain serait fait. Je pensais qu'elle avait compris que ce n'était pas pour la fuir que j'avais fait ça mais, visiblement, je n'avais pas été suffisamment loin dans mes explications. Il faut dire que ce n'est pas mon fort, surtout quand ça la touche d'aussi près et que je n'ai pas envie que ça l'impacte encore plus que ça le fait déjà. Pourtant, il semblerait que je me sois une fois de plus totalement raté et que l'effet est encore pire que celui que j'ai essayé d'éviter justement.

"J'aimerais te dire que jamais ça n'arrivera. Mais nous savons tous les deux que si j'y suis forcé, je le ferais. S'ils m'obligent à m'éloigner parce que je suis un danger pour vous, je n'aurais pas d'autre choix que d'obéir."

J'avoue, je suis incapable de savoir comme je réagirais si un jour on me demande de faire ça. Et pourtant, je dois garder ça à l'esprit si je veux rester suffisamment lucide pour faire en sorte que ça n'arrive pas justement.

La situation semble se décanter. Un peu en tout cas. Même s'il y a encore bien des choses qui flottent entre nous. Quand elle me répond à propos de cet aveu que nous devrions faire, je laisse filer un silence alors qu'esquisse un sourire et que j'effleure sa joue.

"Voilà quelque chose dont j'ai conscience depuis bien longtemps. Je crois que je me suis rendu compte que tu allais avoir une place unique dans ma vie quand tu m'as laissé te parler après ton arrivée chez Nicholas. Il m'aura fallu un peu de temps pour comprendre laquelle par contre."

Une tension d'une toute autre nature flotte brusquement entre nous et nous savons tous les deux qu'il vaut mieux quitter les lieux avant que les choses ne dérapent, ce qui ne saurait tarder. Et j'avoue qu'après une telle discussion, c'est bien le genre de choses qui me ne déplairait pas. Enfin, non pas qu'en temps normal je sois du genre à dire non, bien au contraire.

Pourtant, cette sensation se dissipe en un clin d'œil une fois dans la voiture et je me demande même s'il ne faudrait pas retourner à la table de pique-nique. Je souffle alors, à sa réplique, la mine pensive.

"Je ne sais pas où j'en suis moi, je t'avoue. Mais comme tu le dis, je sais où nous en sommes. C'est une base sur laquelle je vais devoir accepter de m'appuyer."

J'ai un bref sourire et je me détends un peu avant de souffler, en la fixant.

"Et je suppose que, vu que je passe mon temps chez toi, savoir où on s'installe est une évidence n'est ce pas ? Tu me diras, vu le peu d'affaires que j'ai. Enfin… tu veux faire ça quand ?"

Niveau romantisme, on a vu mieux, c'est un fait. Mais ce n'est pas comme si elle n'était pas habituée. Et la voilà qui s'installe un peu plus à son aise alors qu'elle reprend, m'assurant que rien n'est grave et me surprenant quelque peu avec le reste de ses propos.

"Mes plus belles déclarations d'amour ? Mais de quoi tu parles ?"

Je fronce les sourcils, un rien déconcerté, soutenant son regard quelques instants avant de baisser les yeux et de lâcher, avec un sourire en coin.

"Non pas que je n'apprécie pas de t'avoir tout contre moi, mais…"

Pas besoin d'en dire plus je pense.
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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMer 30 Déc - 12:40


J'ai envie de me blottir dans ses bras, et de ne plus bouger. Comme une crainte déraisonnable que, si je rompe ce contact physique, il risque de m'échapper. J'ai peur de l'avenir, un sentiment que je peine à lui dissimuler. J'ai peur que ce qui fait notre force va réussir à nous détruire. A l'écouter, j'ai cette certitude que je ne le laisserais jamais partir. Peu importe que je claque des portes et lui hurle dessus, je me stoppe toujours nette quand je le vois tourner les talons. Je ne peux pas le laisser gérer cela seul, parce que, même s'il est le seul qui a été remis en cause, ce problème émane de nous deux. Ce n'est pas Noah le problème, c'est le lien qui nous unit.

A défaut de le prendre dans mes bras immédiatement, je m'adoucis. Parce qu'il a besoin de mon soutien, plus que de mes conseils. Il doit savoir ce qu'il convient de faire bien mieux que moi, et ce n'est pas par une réflexion froide que je vais l'aider à y parvenir. Je me fends d'un mince sourire et me penche vers lui.

- D'accord... Je pourrais te répondre que j'ai de nombreuses qualités, indéniables, et qu'il était évident qu'une situation aussi à risque requerrait une personne de ma trempe pour la résoudre. Qui de mieux qu'une personne qui a été au front durant les années sanglantes, a une certaine expertise en créatures surnaturelles et est capable de repérer en un rien de temps si le Cercle est en danger ? Nous sommes assurés de réussir maintenant que je suis dans l'équipe, pas vrai ?


Et je le pense vraiment. Ils n'ont pas dû me choisir qu'à cause de Noah... Nos supérieurs n'auraient pas pris la peine de m'affecter à cette mission s'il pensait que je ne ferais pas le poids. Seulement, d'autres auraient pu encore mieux s'en sortir que moi, et il est certain que les suspicions sur Noah ont fait pencher la balance en ma faveur.

Je perds mon sourire quand il fait encore preuve de cet élan protecteur qui ne l'a pas quitté depuis la première fois où nous nous sommes adressé la parole. Ca m'exaspère, cette tendance à encore me faire passer pour la petite chose fragile... Certes, à l'époque, impossible de nier que j'en étais une. Avec le temps, j'espérais que ça lui passerait, en se rendant compte à quel point je m'étais améliorée. J'avais grandi. Je n'étais plus cette fillette apeurée et perdue. Je sais pourquoi je me bats, et aussi pour qui. Je sais qui je suis, grâce aux Illuminati. Ca ne m'empêche pas de le trouver horriblement attachant quand son instinct protecteur refait surface, mais ça me démange aussi de lui mettre mon poing dans la figure pour lui rappeler que j'ai un bon crochet maintenant.

- Je ne risque pas ma vie pour toi, mais pour nous, et pour la cause que nous défendons.


Je ne dis rien de plus, peu désireuse de m'éterniser dans ce débat. Surtout que la suite m'est bien plus désagréable à lui confier... Oh il le sait déjà, mais peut-être pas avec autant de détails. Je me souviens bien lui avoir dit que j'avais eu peur de le perdre, qu'il ne veuille plus de moi à ses côtés parce que je lui étais nocive, ou bien d'autres propos tout aussi incohérents balancés sur le coup de la panique avant d'éclater en larmes. J'avais perdu les pédales, et c'est assez rare pour que ce soit notable. C'est toujours de sa faute, quand ça m'arrive, et ne demandez pas à Noah de savoir réagir correctement dans ce genre de situations. Alors continuer de s'expliquer calmement... Evidemment, comment veut-il que je me débrouille sans plus de repères ? Il est mon seul repère, et s'il n'est pas là, c'est tout un drame. Peut-être que finalement on m'a envoyé en Ecosse pour éviter que je pète un câble... Cette version-là me ferait presque sourire, mais elle est certainement fausse.

- C'était la seule chose à faire...


J'hoche la tête, en répétant ses propos, avec autant de conviction que d'amertume.

- Je sais, Noah. Je sais. Ton éloignement m'aura permis de longuement réfléchir à notre situation et de mieux appréhender ce qui pouvait arriver si tu venais à disparaître. Ca m'a renforcée et endurcie, d'une certaine façon. Je serais mieux préparée la prochaine fois, plus à même de gérer les conséquences. Tu n'as pas à t'en inquiéter.

Je lui mens à moitié, tout autant que je me mens. Ca m'a détruite. Ca ne m'a pas renforcée. J'ai encore plus ce besoin maladif de m'assurer qu'il ne va pas s'envoler, et de craindre sans raison qu'il le fasse, parce que Noah ne partirait jamais de lui-même. C'est moi que les décisions des hiérophants mettent dans tous ses états, pas lui. Je désire quand même conserver cette conviction, que la prochaine fois, tout se passera bien. Surtout s'il n'y a pas de prochaines fois à vrai dire.

Je ne veux pas qu'il ressente aussi intensément ce malaise qu'il m'a infligé, qui rend un pâle écho à sa propre expérience. Il est toujours dangereux que nous partagions les mêmes craintes et les mêmes tristesses, au risque d'entraîner l'autre davantage par le fond. Mon inquiétude monte encore d'un cran alors que je le vois s'agripper à la table, et encaisser plus mal que moi cette réalité. Je suis capable de feinter, de simuler, quand lui se contente de se fermer et de prendre sur lui. C'est plus facile de faire semblant que de faire barrage... Une histoire de chêne et de roseau, à mes yeux. J'espère qu'il ne finira pas par rompre à agir ainsi.

- Je n'ai jamais regretté d'être tombée amoureuse de toi, Noah. Tu es la meilleure chose qu'il me soit arrivée. Je ne peux pas te laisser dire ça. Ce n'est pas un mal, loin de là. Il leur fait seulement le comprendre, mais tu es celui qui m'a toujours permis d'avancer. Sans toi, je n'aurais jamais été aussi loin. Peut-être même que je serais morte à l'heure actuelle. Alors ne dis pas des choses pareilles, plus jamais.

J'ai la gorge qui se serre et il me paraît bien plus délicat de faire semblant alors qu'il me parle avec un tel aplomb de la possibilité qu'on l'emmène loin de moi. Ce serait comme mourir, même s'ils espèrent ainsi me faire revivre. Je n'ose même plus le regarder, et encore moins lui répondre. Il est préférable de garder le silence et d'attendre que l'émotion passe plutôt que de chercher à lutter contre et d'exploser vainement. Ca me fait mal au cœur rien que de penser à cette éventualité. Je prends une lente inspiration, prenant le temps de respirer pour retrouver mon calme. Une pointe de joie vient lancer un éclat lumineux sur ma détresse à l'entente de nos premiers souvenirs, bien plus heureux.

- Moi aussi... Je ne savais pas vraiment ce que j'éprouvais pour toi, à l'époque. Mes sentiments ont certainement évolué en même temps que je grandissais, mais je sais que j'avais atrocement besoin de toi. Je me sentais perdue si tu n'étais pas là, même avec Nicholas dans les parages. C'était différent. Il était le mentor, et c'était nécessaire de conserver un peu de distance. Nous n'en avons jamais vraiment eu, ou que temporairement.


Pour mieux nous retrouver... Comme après son départ à West Point, ou en sortant de sa relation avec Terry. A chaque fois que j'ai cru le perdre un peu plus, il s'imposait à nouveau à moi comme une évidence. Je me blottis cette fois pour de bon dans ses bras, même si je décide de rompre le contact le temps de regagner la voiture, parce que c'est plus prudent. Je n'arrive pourtant pas à rester sagement à ma place, après une discussion d'une telle ampleur. J'ai bien trop à réfléchir.

Je lui rends un mince sourire, alors qu'il prend progressivement confiance en ce "nous". Ce "nous" qui va nous permettre de trouver une solution durable et saine. Je veux aussi croire que tel sera le cas, et que ce "nous" perdurera encore longtemps.
Mon sourire s'étire, plus enjoué, à l'évocation de son installation prochaine.

- Je le pense aussi. Et tu n'auras vraiment pas envie de bouger cet aquarium, je peux te le certifier...

J'enroule mes bras autour de son cou, lâchant ensuite sans équivoque :

- Maintenant.

Et je ne sais pas à quoi exactement je viens de répondre, à vrai dire, alors que j'éclate d'un rire franc. Je regagne ma place quand il me signale, à sa façon, qu'on ferait peut-être mieux de rentrer déjà. Pour une fois qu'il se montre raisonnable, je m'en voudrais de le contraindre et de l'empêcher de conduire... Et puis, je me sens à nouveau comme sur un nuage, c'est même parti pour durer.

- Oh, tu sais... Quand tu dis que tu ne pourras jamais donner plus d'importance aux autres qu'à moi, ou quand tu dis que je suis la seule personne que tu as laissé à ce point entrer dans ta vie... Que tu ne te sens pas capable de te passer de moi, ce genre de choses...

Je penche la tête, avec un sourire rayonnant.

- C'était tellement mignon.

Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé]   Exprime ta colère dans le sang de la terre... [Livre III - Terminé] EmptyMar 5 Jan - 18:30

Autant le dire tout de suite, sentir cette peur émaner d'Astrid met quelque peu mes nerfs à rude épreuve. Déjà qu'ils n'avaient pas besoin de ça, j'essaie de comprendre ce qui entraine ce sentiment et à quel point j'en suis responsable. Oh c'est totalement de ma faute, c'est une évidence, mais me fermer ne résoudrait rien d'après elle. Donc je m'efforce de l'écouter, de ne pas faire écho à ses propres craintes, de ne pas les renforcer. Mais elle semble envahie de tellement de sentiments contradictoires que j'ai du mal à suivre et à ne pas perdre pied.

Surtout quand on parle des raisons qui l'ont amenée en Ecosse. Là encore, impossible de ne pas songer à quel point c'est mon dérapage qui la met en plein cœur de l'action avec tout ce que ça comporte. A mes propos quelques peu amers, elle rétorque avec un détachement qui me fait sourire malgré moi.

"Cette réponse me parait bien plus acceptable jeune fille. Tu penses vraiment ce que tu dis ou alors c'est juste pour me rappeler que tu n'es pas une petite chose fragile et que tu en as vu de rudes ces dernières années ?"

Je lui jette un regard en coin, nullement dupe. Je la surprotège depuis des années et nous en avons tous les deux conscience. C'est probablement la chose la plus égoïste dont j'ai été capable depuis que je la connais. Si je fais ça c'est bien plus pour moi que pour elle, contrairement à ce que je pourrais affirmer haut et fort.

Quand elle perd son sourire et qu'elle me rappelle pourquoi elle risque sa vie, je me contente d'un bref hochement de tête. Encore une petite piqûre de rappel et non des moindres. Je laisse filer un instant de silence avant de souffler, avec un sourire un rien amer.

"Je sais. Si tu préfères que je reformules, tu risques en partie ta vie à cause de moi et de mon comportement. C'est mieux comme ça ?"

Non ça ne l'est pas mais, dans le fond, ça ne changera pas grand-chose. A l'évocation de ce qui lui est arrivé, je me tends et je me concentre sur ses propos plutôt que sur mes propres ressentis. Elle reprend mes paroles mais, dans sa bouche, j'aime encore moins les conséquences sur nous que quand je l'ai dis moi-même.

"Tu as bien de la chance, parce que ce n'est pas du tout mon cas. Cette histoire m'a juste fait comprendre à quel point je ne peux pas maintenir un semblant d'équilibre lorsque tu n'es pas là. Et c'est ce qui vous met tous en danger. A croire qu'il faudrait vraiment que je ne te perde jamais de vue."

Le ton faussement amusé que j'ai pris à ces derniers mots ne tromperait personne. Je souffle alors, à mi-voix, comme si je me parlais à moi-même, mon regard se perdant dans le vague.

"Je suis venu te voir. Une fois. Tu n'avais pas repris conscience. Mais tu étais en vie. Tu respirais. Et j'ai compris que le reste n'avait pas la moindre importance. Tu finirais par te réveiller, le lendemain ou le jour d'après. Et qu'il ne faudrait surtout pas que je sois là. Je ne sais pas si les autres l'ont appris ou non. S'ils l'ont fait, ils se sont bien gardés de faire le moindre commentaire à ce sujet. Et je n'en avais jamais parlé jusqu'à maintenant."

Je secoue brièvement la tête alors que je chasse cette image de mon esprit, celle d'Astrid inerte, encore plus blanche que ses draps et la main de Nicholas sur mon épaule. Je ne la chasse probablement pas assez vite pour qu'elle ne puisse pas avoir une autre idée de ce qui m'est arrivé ce jour-là mais je préfère ne pas faire plus de commentaire alors que d'autres sentiments m'assaillent. Décidément, je me fais la totale aujourd'hui on dirait. Et quand elle finit par me rétorquer qu'elle ne regrette pas d'être tombée amoureuse de moi, que, visiblement ce n'est pas une si mauvaise chose, je garde le silence, incapable de dire quoi que ce soit. Dans l'immédiat, je ne peux pas être d'accord avec elle, quand bien même ses paroles me réchauffent le cœur et font éclater les images qui m'envahissent l'esprit. Même là, alors que je n'arrive même pas à remettre mes idées en place, que je me sens particulièrement confus, je reste ébahi de voir avec quelle force elle arrive à tout balayer, à donner cette sensation que tout se passera bien tant qu'elle est là. C'est tellement irrationnel que, parfois, je me demande si je ne suis pas totalement en train d'imaginer tout ça.

Mais non, elle est bien là, en train de perdre pied parce que je lui dis que, s'il le faut, je la quitterais. Alors qu'en réalité, j'en serais bien incapable ou alors, je n'irais pas bien loin, il faut que j'arrête de me leurrer. Je soupire légèrement avant qu'elle ne se raccroche à ce souvenir commun, à la première fois où nous nous sommes rencontrés. Et j'esquisse un sourire à sa réplique, hochant doucement la tête.

"Comme les pièces d'un puzzle."

La prendre dans mes bras me fait un bien fou, surtout après tous ces échanges, mais rien n'est encore terminé. Bien au contraire, nous n'avons fait que dévoiler le sommet de l'iceberg que je m'efforce de maintenir caché depuis des années.

Une fois dans la voiture, je me détends un peu alors qu'on parle de s'installer ensemble. Je lève les yeux au ciel quand elle parle de son fichu aquarium mais surtout, j'arque un sourcil, passablement perplexe alors que son rire m'apaise presque plus que tout le reste.

"Maintenant ? Sérieusement ?"

Je n'ose même pas demander de quoi elle parle en fait et j'essaie de reprendre un semblant de contenance, avec un succès tout relatif. Surtout quand elle répond à ma question. Je la fixe, sceptique et je laisse filer un instant de silence alors que je dresse un index dans sa direction.

"Mignon… t'as vraiment rien d'autre en stock ? Et comme si tu ne savais pas déjà ce genre de trucs."

Tout en parlant, j'ai fini par relâcher le volant et par poser une main sur sa taille. Je sais pas pourquoi mais je sens qu'on est pas partis. Ou que je vais vraiment pas avoir la tête à ça d'ici quelques minutes.

Noah Hamilton

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