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« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]
MessageSujet: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyLun 3 Fév - 23:05




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




Qu'est ce que j'allais bien pouvoir faire d'elle ? Kate était partie pour quelques jours, malgré sa grossesse bien avancée, pour son travail. Elle revenait demain, et tout ce qu'elle avait trouvé à me dire la veille lorsque j'avais réussi à l'avoir au téléphone, ça avait été d'aider la jeune métamorphe et de ne pas la traumatiser avec mon air bougon et ma propension à terrifier mes élèves). Le berger allemand ne pouvait qu'avoir conscience de la présence d'une personne en trop dans l'appartement, et même si elle dormait – visiblement – encore, je ne pouvais pas m'empêcher de tendre tous mes sens métamorphes vers la chambre d'ami pour surveiller le moindre mouvement anormal. Je l'avais trouvée hier soir, en pleurs, avec cette forte odeur de métamophose et ce geignement lancinant d'un chien qui heurtait mes tympans depuis plusieurs minutes. J'avais tout de suite compris ce dont il s'agissait, du moins dans les grandes lignes. Et maintenant, je me retrouvais à avoir une adolescente métamorphe qui ne comprenait à coup sûr rien à sa nature, et qui avait perdu tout contrôle sur sa forme métamorphe, dans ma chambre d'ami. Je reposai le livre que je tentais de lire depuis plusieurs heures maintenant. Déjà que j'étais insomniaque, et que j'avais de gros problèmes avec mes cauchemars qui ne cessaient pas, mais en plus je m’inquiétais pour elle. Et pour Kate. Dans un soupir, je m’approchai de la baie vitré du séjour, pour l’ouvrir à moitié et me réfugier sur le balcon. Le froid, glacial et mordant, acheva de me réveiller, mais je l’ignorai pour m’asseoir sur la balustrade, apaisant la tension nerveuse de la Buse en me mettant ainsi en équilibre. Et en danger. Mon besoin d’altitude se faisait de moins en moins ressentir, et je ne m’étais transformé en oiseau qu’une petite dizaine de fois depuis que Camille et moi en avions parlé. Pour autant, ce n’était pas de l’histoire ancienne, loin de là. La preuve. J’inspirai l’air glacial en observant Edimbourg se réveillait littéralement à mes pieds. Cinq heures du matin, environ. Je n’avais dormi qu’une paire d’heures, et ça se ressentait clairement sur mon visage. Et sur ma nervosité, bien sûr. J’inspirai profondément avant de me rendre compte que si la jeune fille sortait à cet instant de sa chambre, elle allait me prendre pour un suicidaire. A regret, je descendis de la balustrade, en faisant attention à ne pas glisser, et rentrai dans le salon où une atmosphère bien plus chaude et étouffante m’accueillie. Je me traînai jusqu’à la cuisine, pour mettre de l’eau à chauffer histoire de me faire un café, avant de retourner dans mon bureau, en laissant toutes les portes ouvertes si jamais mon invitée surprise venait à se réveiller. Parce qu’elle allait se réveiller. Dans un soupir, un énième soupir même, j’allumai mon ordinateur. Je n’étais pas concentré. Je devais sentir plus que tout l’odeur sauvage des métamorphes, parce que je brûlais de me laisser aller à mon côté animal et gambader à quatre pattes dans la ville voire la forêt. Mauvaise nuit, transformation en buse avortée… il n’y avait pas de quoi être fier. Je consultai mes mails, les sens constamment tiraillés entre l’attention qu’ils devaient porter à l’écran et à la chambre en face de mon bureau, et l’attirance qu’ils avaient pour le vide que me montrait avec une indécence volontaire la baie vitrée de sur séjour. Aux bouts d’une dizaine de minutes, je craquai à nouveau. Et retournai me poster, accroupis, sur la balustrade. Tout naturellement. J’avais besoin d’être en équilibre pour évacuer ma nervosité et mon obsession pour le vide réveillée cette nuit. Cette ébauche de nuit. Cette tentative de nuit. La pleine lune était dans une semaine environ, et je sentais son influence de plus en plus pressante. J’avais laissé la fenêtre légèrement ouverte, et j’entendis la cafetière se mettre à siffler. Je l’ignorai en fermant les yeux.

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Fév - 0:42

Pourquoi suis-je encore là ?

Alexis ressassait cette question dans sa tête depuis qu’elle était réveillée, soit une petite demie heure. Elle savait que ça n’aurait pas été correct, de s’enfuir alors que… l’homme dont elle avait oublié le nom l’avait aidée, quand elle était en détresse. Et puis, elle était un peu reconnaissante. Mais ça ne l’aidait pas à réfuter toute envie de fuir. La gêne qui subsidiait de leur rencontre incongrue était encore bien présente, et elle s’en voulait encore d’avoir tué le chien. Son état de choc était passé, mais pas sa culpabilité… En plus, son hôte était un loup, il était proche du chien, non ? Il devait pas apprécier qu’elle l’ait tué…

Et si c’était un métamorphe, en plus ? Roxane lui avait bien dit qu’il y en avait d’autres. Oh mon dieu, et si c’était un métamorphe ?! Alexis se remit à paniquer, comme la veille, les larmes en moins. Sa respiration se raréfiait, était plus difficile, elle suffoquait, incapable de retrouver son calme. Il ne lui fallut que peu de temps pour pleurer à nouveau, se remémorant l’état de l’animal – peut-être humain -, et que tout était de sa faute. Elle n’était qu’une personne cruelle, incapable de veiller au bien être des autres… C’est elle, qui aurait du subir le sort du chien.

L’envie de fuir en l’instant se faisait encore plus forte, presque irrépressible. Mais elle en était incapable, dans son état. Fuir aurait impliqué se transformer, et elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus. Jamais. Elle ne le contrôlait pas, même si Roxane l’y aidait, et elle voulait plus le faire. Est-ce qu’on pouvait désapprendre à se transformer ? Est-ce qu’elle pouvait devenir… normale ?

Elle se leva, et s’habilla avec les habits que lui avait donné l’homme. Trois fois trop grands. Mais c’était mieux que d’être nue. Elle rougit instantanément à cette pensée. Elle était encore mortifiée de s’être faite surprendre comme ça. Pourquoi n’avait-elle pas détalé, ne cédant à la panique qu’après ? Ca aurait évité qu’elle se fasse surprendre par un loup qui, si ça se trouve, lui était hostile… Bon, ça n’avait de toute évidence pas été le cas, mais ça aurait été malgré tout bien mieux qu’elle ne soit pas obligée de confronter ce matin là le regard accusateur qu’il ne manquerait pas d’avoir.

Il ne pouvait pas ne pas lui reprocher d’avoir mis fin à la vie de cet animal qui n’avait rien demandé, elle en était sûre. C’était cruel, méchant, mal, et elle n’avait eu aucun droit de faire ça. Elle devrait assurément tuer la tigresse en elle, pour ne pas recommencer. Jamais. Si elle le faisait... Elle fut secouée d’un nouveau sanglot, à la pensée qu’elle avait. Si elle le faisait, elle deviendrait une bête assoiffée de sang, cruelle, sans aucune limite, et qui mériterait d’être assassinée par plus forte qu’elle.

Alexis prit une grande inspiration, puis plusieurs, pour tenter de se calmer. Elle ne voulait pas déranger encore plus son hôte, qu’elle avait sans aucun doute importuné à le forcer à l’héberger pour une nuit. Elle se fustigea mentalement, d’infliger autant de problèmes aux gens. Hayden, Charlie, l’homme-loup, son frère… Elle n’était bonne à rien. Un peu calmée, du moins en apparence car la panique menaçait de revenir à la surface à tout instant, elle sortit de la pièce où elle se trouvait, et suivit le chemin des portes ouvertes.

Pourvu qu’elle ne gaffe pas en prenant la décision de sortir de son isolation, et de s’imposer… Elle allait lentement, espérant qu’il l’entende même si elle était incroyablement silencieuse. Peut-être que les loups avaient une super ouïe, et pouvaient entendre à des lieux à la ronde, après tout.

Elle avançait en songeant qu’elle ne savait même pas où elle se trouvait. Où habitait son sauveur. Comment pourrait-elle rentrer chez elle ? Enfin… Comment pourrait-elle se rendre sur les prochains lieux qui l’accueilleraient, même si elle ne les connaissait pas encore ? Elle secoua la tête : peu importait. Ça n’était pas le moment d’y penser. Elle devait remercier son hôte, et lui proposer de partir pour ne pas s’incruster davantage. Elle se souvenait très bien du fait que Roxane les appréciait, mais que certains étaient hostiles aux métamorphes… Peut-être que celui-ci l’était aussi. Même si son attitude de la veille ne collait pas avec cette idée, on ne savait jamais.

Elle ne mit guère de temps à pénétrer dans la pièce à la grande baie vitrée, pour le voir accroupi sur la balustrade. Pas une seconde l’adolescente ne se questionna sur l’incongruité de la position de l’homme. Elle continua, au contraire, à s’approcher de son pas incroyablement léger, et s’arrêta juste à ses côtés.

« Vous voulez voler ? Moi, en tout cas, c’est ce que je voudrais faire, si j’avais un endroit comme ça… »

Bon, elle était métamorphe luciole, c’était sa forme favorite, et celle qu’elle avait le plus de facilité à maitriser, ça n’avait rien de surprenant qu’elle veuille voler. Lui, qui était un loup, en revanche… Elle ne le réalisait pas, mais elle trouvait ça terriblement dommage pour eux d’être restreints à une forme qu’ils n’avaient pas vraiment choisie. Bon, la sienne, elle l’avait depuis qu’elle était toute petite, pas comme le tigre qu’elle s’était entrainée bien malgré elle à maitriser, mais elle était quand même à l’aise avec…

« Je venais juste vous dire merci, pour hier soir. Et désolée. Je voulais pas vous déranger. Mais c’est gentil de vous être occupé de moi… Et euh… Je vais pas vous poser plein de questions comme hier, je sais que c’était pas bien, alors qu’on se connaît pas. Je vais rentrer chez moi… Comment je peux vous redonner les affaires que vous m’avez prêtées ? Je voudrais pas en priver votre femme… Je suis désolée de vous avoir importuné et d’avoir squatté ici, je m’attarderai pas beaucoup. »

Elle s’apprêta à tourner les talents, quand deux choses lui vinrent en tête.

« Et euh… Je suis désolée pour le chien aussi. Je l’ai pas voulu. Mais je sais que vous avez du mal vivre sa détresse, c’est plus proche d’un loup que n’importe quel animal, un chien… Je suis désolée. Et sinon, aussi… Si je n’étais pas qu’une luciole, je vous aurai bien fait voler avec moi… Mais j’ai pas la force de vous porter. Mais si je rencontre un métamorphe capable de vous porter un jour, je lui demanderai pour vous ! Pour vous remercier. »

Elle s’embrouillait, elle était volubile dans sa gêne, et un peu envahissante. Elle ne se rendait même pas compte qu’il ne lui avait jamais dit vouloir voler. Ça se trouvait, elle avait entièrement tort.

« Je suis désolée, je m’impose encore. Je vais vous laisser. Merci. Bonne journée. Remerciez votre femme pour moi. Au revoir. Et merci. »


Dernière édition par Alexis Prudence Lindon le Mar 11 Mar - 9:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Fév - 10:06




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




J’avais un sens aigu de l’équilibre, surtout depuis que j’avais commencé à me mettre dans la tête de me transformer en buse. Accroupi sur la balustrade, je ne courrais pratiquement aucun risque. Seul un événement imprévu qui me ferait sursauter pouvait me faire perdre mon équilibre mais lorsqu’une ville s’éveille plusieurs mètres en dessous de moi, il n’y a pas beaucoup d’éléments de surprise à cinq heures du mat. Hormis, peut être, l’arrivée impromptue d’une jeune fille. « Vous voulez voler ? Moi, en tout cas, c’est ce que je voudrais faire, si j’avais un endroit comme ça… » Je ne l’avais pas entendue venir, pourtant, malgré ma paranoïa et ma méfiance exarcerbées toutes les deux. Son pas était incroyablement léger, et je la suspectais de ne pas avoir pour forme de prédilection celle qui avait attaqué le chien. Un moineau, peut être. Un petit animal discret, qui volait à la rigueur, même si rien ne pouvait me permettre de le deviner. Dans tous les cas : je ne l’avais pas entendue. Je l’avais sentie en revanche, mais ça n’avait rien d’étonnant. Il est beaucoup plus difficile de masquer son odeur, surtout dans mon appartement que je connaissais comme ma poche, tant au niveau visuel qu’olfactif. Impossible de confondre son odeur avec celle de Kate, et ce malgré les vêtements qu’elle portait. D’ailleurs, en pensant à cela, et en entendant ses propos, alors que je descendais de la balustrade, je fronçai les sourcils. « Rentre vite ! Tu vas attraper froid ! » Et qui donc était en simple haut à manches courtes sur le balcon depuis plusieurs minutes ? Je la poussai gentiment à l’intérieur de l’appartement. Sans trop savoir quoi dire, sans trop savoir quoi faire. Moi ? Vouloir voler ? Oui, bien évidemment. C’était un don offert aux métamorphes, et pourtant je restais confiné au sol grâce à mon cher berger allemand. Je ne savais pas trop quoi dire, et je restai un court instant immobile, une main nerveuse dans la nuque. Le jeune fille profita de ce silence pour prendre les devants. « Je venais juste vous dire merci, pour hier soir. Et désolée. Je voulais pas vous déranger. Mais c’est gentil de vous être occupé de moi… Et euh… Je vais pas vous poser plein de questions comme hier, je sais que c’était pas bien, alors qu’on se connaît pas. Je vais rentrer chez moi… Comment je peux vous redonner les affaires que vous m’avez prêtées ? Je voudrais pas en priver votre femme… Je suis désolée de vous avoir importuné et d’avoir squatté ici, je m’attarderai pas beaucoup. » Je m’apprêtai à la retenir dans un « Mais tu n’as pas à me remerc… » qui s’évapora dans l’air alors qu’elle reprenait : « Et euh… Je suis désolée pour le chien aussi. Je l’ai pas voulu. Mais je sais que vous avez du mal vivre sa détresse, c’est plus proche d’un loup que n’importe quel animal, un chien… Je suis désolée. Et sinon, aussi… Si je n’étais pas qu’une luciole, je vous aurai bien fait voler avec moi… Mais j’ai pas la force de vous porter. Mais si je rencontre un métamorphe capable de vous porter un jour, je lui demanderai pour vous ! Pour vous remercier. » Luciole ? Chien ? Loup ? Elle était en train de me perdre, et de perdre le métamorphe avec tous ces animaux balancés dans les airs, et sans prendre les moindres précautions quant à notre anonymat. Je lui coupai la parole alors qu’elle s’excusait encore une fois : « Hola Petite ! Calme toi, d’accord ? » Je la contournai en prenant le temps de bien classer mentalement ce que j’avais à dire. « Reste un peu. Attends, j’ai fait chauffer de l’eau, tu veux du thé, café ? Tu as des personnes à contacter ? » Je devais avoir l’air d’un père inquiet mais dans un sens, malgré l’indépendance naturelle des métamorphes, j’avais pleinement l’esprit de meute. Et la Petiote était un membre de la meute : sa seule odeur me l’attestait. Alors pourquoi lui dire que tu es un loup, et non un métamorphe ? Parce que je n’avais pas une once de confiance en elle, et un secret n’était pleinement gardé que s’il n’était pas confié. Telle était mon opinion. Je n’avais pas confiance en une gamine à peine – ou pas encore - majeure, pour garder un secret que je pourrais lui confier, pour lequel j’avais sacrifié une partie de ma carrière, de ma vie. Et un secret qui pouvait si facilement être partagé puisqu’habituellement les Versipellis se reconnaissaient entre eux. Pour quelqu’un qui a cru pendant près de six ans être un loup garou, on reparlera de la reconnaissance olfactive… Certes. Mais je n’avais que huit ans, j’avais envoyé un de mes camarades de classe à l’hôpital et je venais de fuguer de chez la seule famille qui m’avait accueillie. J’avais une excuse pour avoir cru être un lycanthrope. Je tendis tous mes sens dans la direction de Petiote le temps que j’aille chercher l’eau chaude et vaguement de quoi déjeuner. A cinq heures du matin. Une gosse de son âge ne devrait elle pas dormir à cette heure là ? Et aller au lycée ? Et être chez ses parents ? Alan, pas d’interrogatoire. La vie d’une métamorphe n’est jamais facile : pense à la tienne. Je posai le tout sur la table basse, avant de m’asseoir sur le fauteuil et de convier à la petite de faire de même. « Ecoute, tu n’as pas à me remercier de quoique ce soit. Je t’ai dis, je suis un loup. Nous sommes… en quelque sorte… des cousins. Je ne pouvais pas faire autrement, et je ne l’aurai pas voulu. Et rassure toi, tu n’as pas tué ce chien. » Mais je l’avais fait. Pour ne plus entendre sa respiration laborieuse, et pour soulager ses souffrances. Et la tension qu’il exerçait sur le berger allemand. Mes yeux noirs prirent le temps de se poser dans les siens avant de reprendre. « Je m’appelle… Alan. Et toi ? Ecoute, Arrête de lui dire de t’écouter, c’est ce qu’elle fait. Tu n’as pas à te croire redevable de quoique ce soit. On a tous eu besoin d’aide à un moment où à un autre. Moi le premier. Si tu as des questions, si tu veux parler, je suis là, d’accord ? Et ne t’en fais pas pour les vêtements, tu peux les garder, considère ça comme un… cadeau. » J’essayai d’être le plus patient possible. Parce que c’était une métamorphe. Bien plus jeune que Camille lorsque je l’avais rencontré, mais tout aussi déroutée. Et perdue. Qui avait besoin d’aide. Je parus légèrement indécis, avant de rajouter sur un ton légèrement désolé mais non moins péremptoire : « En revanche, évite de parler de ce que tu… es… à haute voix. Ca me… dérange ? Perturbe ? Comment pouvais-je lui dire que la mention des métamorphes à haute voix me faisait craindre à chaque itération que l’on découvre qui et ce que j’étais, et surtout que nous existions. Même au sein de mon propre appartement. La culture du secret était si ancré en moi-même que la simple mention de mon espèce à voix haute accentuait mon stress.

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Fév - 20:56

Pas un instant Alexis n’avait envisagé pouvoir surprendre l’homme qui l’accueillait, pas plus qu’elle même n’avait été surprise de le voir ainsi en équilibre – pourquoi n’aurait-ce pas été le cas ? Chacun ses habitudes, et ses façons de faire. N’aurait-elle pas semblé étrange, elle-même, si les gens apprenaient qu’il lui arrivait de dormir dans des grottes, en pleine forêt ? Bon, certes, elle ne pouvait pas dire de but en blanc qu’elle le faisait transformée en tigresse, ça augmentait considérablement le potentiel bizarre de la chose.

Elle observa un instant la vue qui se dévoilait à son regard, par le balcon sur lequel elle était. Ces vieilles bâtisses avaient un certain charme, et l’ensemble était harmonieux. Aux yeux de l’adolescente, du moins. Elle ne savait toujours pas où elle se trouvait, mais elle appréciait la quiétude de l’endroit… Bon, il était très tôt, ça n’était peut-être pas toujours le cas, mais c’était agréable après les émotions de la veille.

Il la surprit à rompre le silence qu’il avait laissé s’installer en descendant et en lui intimant de rentrer – parce qu’elle allait avoir froid. Elle retint difficilement un petit rire devant son empressement à la faire rentrer, sans savoir pourquoi. Peut-être croyait-il qu’elle allait se congeler en un instant ? Après tout, il était comme Charlie, même s’il sentait pas pareil – elle le remarquait seulement en l’instant -, mais peut-être que tous les loups sentaient différemment. Bref, il était comme Charlie, et il ne devait donc pas ressentir le froid. Peut-être que, du coup, il sous-estimait la capacité qu’elle avait à résister à ce dernier. Même s’il était vrai que les températures avaient baissé de manière drastique.

Elle obéit toutefois sagement, profitant de son silence pour dire tout ce qu’elle avait en tête, lui coupant même la parole involontairement. Zut ! Peut-être qu’elle aurait du se taire ? Peut-être qu’il aimait pas trop parler ? Peut-être, même, qu’il aimait pas écouter ? Elle enchainait les boulettes, et elle l’importunait. Elle acquiesça sagement quand il lui demanda de se calmer, ne relevant même pas qu’il ait dit qu’elle était petite – c’était normal, non, il était vieux après tout – et alla s’asseoir alors qu’il lui disait de rester.

Elle grimaça légèrement, quand il lui proposa du thé et du café, essayant de la transformer en sourire. C’était pas très poli. Mais elle aimait pas le thé, et encore moins le café. Trop fade pour l’un, trop amer pour l’autre – même si elle ne l’aurait jamais formulé en ces termes. Elle hésita avant de le lui dire.

« Euh… J’aime pas trop ça, désolée. Est-ce que vous avez du chocolat chaud ? »

Elle faisait très enfantine, à demander ça comme ça. Mais elle l’était encore, au fond. Elle rattrapait toutes ses années d’enfance, pendant lesquelles elle avait été brimée et bridée. Elle grimaça à nouveau, quand il lui demanda si elle avait quelqu’un à contacter. La réponse normale aurait été d’appeler sa famille d’accueil… Mais elle avait pas fuit il y a presque un an, pour les contacter comme ça. Elle aurait pu appeler son frère aussi. Elle aurait du. Il devait déjà s’inquiéter, qu’elle lui ait pas envoyé de message la veille pour lui dire ce qu’elle faisait cette nuit là. Mais il allait lui passer un savon, et ça, elle en avait pas très envie.

« Y’a mon grand frère, je lui ai envoyé un message hier soir. Je peux lui en renvoyer. »

Mensonge éhonté, pas très discret. Alexis n’était pas, et n’avait jamais été, une très bonne menteuse, sauf dans des circonstances très particulières – quand elle se faisait surprendre dans une maison, et qu’elle essayait de charmer son monde pour s’en sortir, par exemple. Ou quand elle essayait de revendre des objets qu’elle avait volés. Mais ça n’était absolument pas le cas actuellement. Elle croisa les doigts, retenant légèrement son souffle en espérant qu’il ne la questionne pas.

Elle hocha la tête, en l’entendant dire qu’il était superflu qu’elle le remercie. Elle n’était pas convaincue, mais elle n’allait pas se montrer irrespectueuse en le contredisant, alors qu’il s’était déjà conduit de manière très gentille avec elle. Elle ne put retenir sa surprise, cependant, lorsqu’il lui indiqua qu’elle n’avait pas tué le chien. Pas plus qu’elle ne put retenir une grimace. Elle s’apprêtait à lui dire qu’il devait avoir trop souffrir, mais il ne servait à rien de rajouter du sel sur les plaies de sa culpabilité, ni d’énoncer l’évident. Elle aurait peut-être bien mieux fait de le tuer, il aurait moins souffert. Elle devrait apprendre à faire la paix avec cet incident, aussi difficile que ça serait pour elle…

Elle avait une autre question à poser, malgré tout, et prit réellement la parole, en fuyant le regard de son interlocuteur. Il allait la trouver stupide…

« Et euh, au fait… On est où ? Que je sache comment rentrer… »

Elle se fustigeait de tous les noms, en l’instant. Avoir prévu de rentrer, sans même savoir où elle se trouvait… Bien joué, Alexis.

« Moi c’est Alexis… D’accord, j’arrête… Mais c’était très gentil. Vous direz merci à votre femme aussi ? Et euh… Merci quand même pour les vêtements. C’est la dernière fois que je dis merci, je vous assure. »

Elle recula légèrement, imperceptiblement, en entendant la requête qui suivit, les yeux ébahis. Alors il était un de ces loups qui aimaient pas les gens comme elle ? Etait-ce pour ça qu’il voulait pas de ses remerciements ? Il voulait pas frayer avec des métamorphes ? Elle se sentait un poil vexée, et perdue aussi. Et elle comptait pas se laisser faire. On avait essayé de la faire renier ce qu’elle était pendant sept ans, et si un loup pouvait pas l’accepter alors qu’il était différent, eh ben… Eh ben elle partirait.

« Je vais vous laisser. Merci pour votre hospitalité. Je vais repartir en… étant celle que je suis. Je déposerai les habits dans la chambre où vous avez eu la bonté de me loger et je sortirai par la fenêtre. Sachez que rien ne vous y obligeait, et que je ne chercherai pas à vous rendre la pareille étant donné que la présence des miens vous dérange. Passez une bonne journée. »

L’enfant reconnaissante et enjouée n’était plus là, elle avait laissé placé à une personne meurtrie qui se drapait dans le peu de dignité qu’elle était capable de saisir pour s’éclipser sans montrer comme elle était touchée par son attitude.


Dernière édition par Alexis Prudence Lindon le Mar 11 Mar - 10:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMer 5 Fév - 9:45




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




Mais où est ce que je me suis foiré, très exactement ? Je ne trouvais pas de réponse à cette question malheureusement. Sa grimace, lorsque je lui proposais du café ou du thé, ne m’avait pas échappé. Je n’avais juste pas grand-chose d’autre comme boisson à lui proposer. « Euh… J’aime pas trop ça, désolée. Est-ce que vous avez du chocolat chaud ? » Oui, j’avais entendu sa question. J’y avais même répondu dans un « Je ne crois pas, on est très café… je dois avoir du jus de fruit quelque part… » légèrement gêné. Stressé. Alors où donc m’étais-je foiré ? Excellente question. Faisais-je vraiment si peur ? Ma question, concernant sa famille que l’on pouvait essayer, tenter, espérer contacter, n’était pas déplacée pourtant. « Y’a mon grand frère, je lui ai envoyé un message hier soir. Je peux lui en renvoyer. » La preuve, elle y avait répondu. Après un instant de flottement, certes, mais… c’était prévisible. Si on m’avait posé la même question, à son âge… non. Je n’aurai pas eu la moindre indécision. A dix sept ans, j’étais un habitué des mensonges, violent et j’avais une famille : le gang auquel j’appartenais. Donc non. Je ne pouvais pas comparer ma situation à la sienne. Hormis notre métamorphie, bien évidemment. Mensonge, donc, dans ses propos. Mensonge dans ses yeux. Je ne savais pas comment décrypter ce mensonge, mais je choisis de comprendre qu’elle avait effectivement un frère. Parce que c’était le mieux, pour moi. Parce que je ne voulais pas avoir à la mener aux services sociaux, chose que j’aurai détestée à son âge.

Etait-ce le fait de lui interdir de me remercier qui l’avait fait se tendre et se braquer à ce point ? Cette demande aussi était légitime de mon point de vue. Parce qu’elle ne m’était réellement en rien redevable, il fallait qu’elle le comprenne. Comme Camille devait le comprendre – ce qui expliquait aussi notre froid actuel. Peut être était-ce parce que je n’avais pas pris le temps de lui dire où elle se trouvait. Ne se souvenait-elle de rien ? Elle était paniquée… Oui, certes, mais tout de même… Elle ne devait pas se transformer en oiseau pour avoir un sens de l’orientation aussi… peu développé. Pour une métamorphe. Avec les migrations, les déplacements, je sentais ce que la buse essayait de me faire comprendre dès que je me déplaçai loin de mon port d’attache : l’appartement. J’avais toujours dans un coin de ma mémoire la position relative de notre appartement par rapport à celle que j’occupais. Donc… soit elle n’avait pas de port d’attache – et pourtant avait un frère ce qui était tout de même assez contradictoire – soit sa forme de prédilection était autre. Une souris ? Peut être ? Non. Elle avait parlé de luciole. Un animal aussi… petit ? Entre le tigre blanc et le berger allemand, je n’arrivais pas à m’imaginer me fondre dans le corps d’un animal n’atteignant pas au moins le mètre de longueur. « Je vais vous laisser. Merci pour votre hospitalité. Je vais repartir en… étant celle que je suis. Je déposerai les habits dans la chambre où vous avez eu la bonté de me loger et je sortirai par la fenêtre. Sachez que rien ne vous y obligeait, et que je ne chercherai pas à vous rendre la pareille étant donné que la présence des miens vous dérange. Passez une bonne journée. » Ah. Oui. C’était là. C’était ma dernière demande, que j’avais pourtant hésité à formuler, qui avait fait monter d’un cran la tension. Il n’y avait pas de jeune adulte devant moi : simplement une métamorphe vexée. Indignée. Blessée. Par l’un de ses pairs, ce qui était… très ironique. Surtout… blessée par moi. Qui n’avait aucune patience. Dont le réflexe premier, actuellement, était de lui dire de se barrer si elle en avait envie, et que je n’en avais rien à faire, et qu’en effet, elle reste loin de tous les loups et créatures surnaturelles. Mais je savais aussi que ce n’était pas la meilleure solution. Mes yeux se posèrent sur le livre offert par Kate il y avait de cela déjà plusieurs mois. Et dont la lecture n’avançait pas vraiment. Comment avait-elle dit qu’elle s’appelait déjà ? « Alexis… Attends… » Je suis désolé ? « Tu m’as mal compris. » Bien : reporter la faute sur l’autre. Niveau pédagogie, c’est quel chapitre déjà ? J’ai un doute… J’inspirai un bon coup. « Mon espèce est très certainement la seule au monde à savoir que des gens comme… toi… existent. » Sentiment étrange de parler des métamorphes comme si je n’en faisais pas partie. Mais je m’étais enfermé dans le mensonge qui me conditionnait comme loup, et je ne voulais, pouvais ?, pas m’en défaire maintenant. Et j’aimais aussi, il fallait se le dire, la protection que ce mensonge impliquait. Pour moi. Pour les métamorphes. Pour mon espèce. Peut être même pour Alexis. « Ecoute, je n’ai rien, strictement rien, contre les gens comme… toi. Vraiment. » Puisque je suis comme toi. En pire. « Si je te dis que tu peux rester, c’est que tu le peux. » Et voilà que mon ton exaspéré d’homme si peu patient ressortait. C’était toujours le cas dans de telles situations : mes élèves savaient bien qu’ils n’avaient pas intérêt à me poser dix fois la même question sinon je les sortais de la salle sans l’ombre d’une explication supplémentaire. Parce que je ne supportais pas devoir expliquer vingt fois la même chose à une bande de cloportes dont la capacité d’attention avoisinait celle des langoustes. Vocabulaire animalier ? Normal. J’étais un métamorphe. Et j’étais aussi en train, accessoirement, de m’énerver. Et il fallait que je me calme, sinon, si elle était du genre de Camille, elle allait croire que je m’énervais à cause d’elle et non à cause de sa tête de mule qui refusait de comprendre que si je disais quelque chose ce n’était pas pour le plaisir de le dire. Mon ton fut un peu plus sec lorsque je repris : « Bref. Je t’offre de rester, et si tu le veux, reste. Je n’ai rien contre toi. Je suis passé par là il y a des années, j’ai même tourné bien plus mal que toi, parce que je suis un loup, et que je n’ai pas la chance d’avoir le tempérament posé des… Petite hésitation ? Allez, vas-y Alan, concède lui le nom qu’elle mérite. changeurs. » Bien. Maintenant reparlons de tes propos qui sont totalement aberrants. Aberrant ? Oui, bien sûr. J’étais en train de lui montrer par A+B qu’elle n’était pas aussi bestiale que moi, vu que moi j’étais un loup et elle une métamorphe. Alors qu’en réalité nous appartenions à la même espèce. Avait-elle peur de ma brutalité ? Ou de l’animal qu’elle couvait ? Si elle se transformait en luciole, ce n’était pas bien dangereux. Elle devait avoir une obsession pour les lampes de poche, à la rigueur, rien de plus. Ce n’était pas comme si elle avait cru être un animal sanguinaire se repaissant de chair humaine les nuits de Pleine Lune pendant plusieurs années non ? Tu parles d’expérience ? Presque. J’étais des métamorphes les plus proches des loups garous, parce que j’avais passé des années plus sous ma forme animale que sous ma forme humaine, liant fermement ma conscience humaine à celle du berger allemand, les nouant dans un entremêlas inextricable. Elle, elle ne risquait rien, non ? J’essayai une dernière fois de réparer les pots cassés. Maladroitement, certes. « Je n’ai rien contre toi. A la rigueur un peu de jalousie mais… garde bien en tête que… nous sommes cousins. Je ne peux peut être pas t’aider à être… ce que tu es Ciel ? Quelque chose de sensé ? Mais je vis la même chose que toi, en plus fort, à chaque pleine Lune. Au moins. » Comment m’étais-je retrouvé à défendre les loups garous que je méprisais en temps normal ?

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyJeu 6 Fév - 23:49

Il semblait aussi gêné qu’elle. Sa présence était-elle si bizarre pour lui ? Elle n’était qu’une enfant, pourtant… en quelques sortes. Et il devait en avoir un, étant donné les jouets qu’elle avait vus posés quelque part dans l’appartement, en le rejoignant. Ou alors c’était le fait qu’elle ait tué le chien ? Oui, ça devrait être ça. Peut-être qu’il la prenait pour quelqu’un de foncièrement méchant, et qu’il ne l’avait aidée que parce qu’ils étaient similaires, mais qu’il le regrettait. Peut-être qu’il avait peur qu’elle mange son bébé ? C’était surement ça. Elle fronça les sourcils, à cette pensée. Elle savait qu’elle était dangereuse, mais c’était ridicule, elle mangerait pas les bébés ! En plus, ça portait des couches sales, ça devait même pas être bon, alors sa tigresse en voudrait pas.

Elle ne put retenir un rire, devant cette idée absurde, en piquant un petit fard. Elle était bête, parfois. Elle secoua très légèrement la tête, avant d’essayer de reprendre le fil de la conversation. A boire. Pas de chocolat. Du jus de fruit ? Très bien, ça. C’était bon, le jus de fruit. « Je veux bien du jus de fruit, alors, s’il vous plait. » Et des céréales ? Non, c’était pas poliment. Même si elle avait pas mangé depuis le midi la veille. Elle irait s’acheter de quoi grignoter plus tard.

Un long moment passa, ou c’est du moins ce qu’il lui sembla, dans un silence inconfortable. Zut ! Avait-elle gaffé – encore ? Elle attendit une réaction – même si elle était vexée, elle n’était pas une rustre. Elle n’allait pas s’enfuir sans lui laisser le temps de réagir. Elle était civilisée, quand même. Ou presque, mais il n’avait pas besoin de se rendre compte que non. L’attente commençait quand même à être longue. S’était-il mordu la langue, et était-il dans l’incapacité de parler ? Ça devait être douloureux pour un loup de se mordre la langue, non ? Peut-être même pouvaient-ils se la couper sans faire exprès, s’ils ne contrôlaient pas leur force, non ?

Elle ouvrit la bouche pour demander, avant de se rappeler qu’elle n’avait pas apprécié sa précédente remarque, et qu’il allait surement se moquer d’elle. Pfff, les vieux loups qui aimaient pas les enfants lucioles, ils étaient trop nuls. Charlie au moins, elle était gentille. Et Roxie aussi, mais aussi elle était comme elle, et en plus elle était une trop belle renarde, alors c’était pas pareil. Lui… Il sentait bizarre, pas comme Charlie. Et pas trop comme Roxie non plus, mais un peu. Peut-être que les loups sentaient pas tous pareil ?

Elle s’apprêtait à tourner les talons, prenant son silence pour une invitation à effectivement partir, quand il l’arrêta. Quoi ? Pourquoi prolonger sa présence, alors qu’elle était de toute évidence encombrante ? « Ne vous obligez pas à… » me supporter par bienséance. Elle fut interrompue avant de terminer, par la suite de sa phrase. Elle le regarda légèrement interloquée, et finit par croiser les bras en le dévisageant. « Oui je sais, Roxane me l’a dit. » Ça ne changeait rien. Ils étaient similaires, non ? Il n’aurait pas vendu quelqu’un presque comme lui ? Ces questions informulées se lisaient sur le visage de la petite, qui masquait une légère inquiétude derrière une assurance feinte.

Elle ne prononça pas un mot, avant que lui-même ne reprenne la parole. Qu’il lui dise ce qu’il avait à dire, et plus tôt elle partirait. Elle avait du mal à le croire. Rien contre les gens comme elle ? Alors pourquoi cette pause, cette distance, dès qu’il disait… toi… comme une insulte ? « Alors pourquoi vous dites ‘toi’ comme ça, de façon méprisante ? Je vous ai rien fait, moi ! Roxie m’a dit que les loups aimaient pas les métamorphes, des fois, vous avez pas besoin de vous cacher. J’ai d’autres amis loups qui me vont très bien. Et puis, même si y’a que vous qui connaissez notre existence, ça change quoi ? Personne ne nous entend ici ! »

Elle n’avait pas contrôlé ses paroles, et avait été bien plus loin qu’elle ne le voulait. « Euh, je suis désolée, quand même. C’est pas gentil de ma part. Je m’incruste, et je vous parle mal. Je voulais pas. Mais… je reste. Un peu. Je veux pas vous embêter. Et vous devriez pas être jaloux. C’est bien aussi, d’être fort et de savoir se défendre. »

Elle frémit, presque imperceptiblement. Elle pouvait être forte. Elle pouvait se défendre. Mais elle en avait peur. Elle ne se contrôlait pas, et elle n’aimait pas. Elle secoua la tête, comme pour en faire sortir ces idées, et elle essaya de changer de sujet. « Si vous pouviez, vous voudriez… » Tentative avortée. « Non rien, désolée. J’en parle plus. »


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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyLun 10 Fév - 19:48




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




Je lui servis un verre de jus de fruit – traditionnel jus d'orange qui me réveillait la nuit lorsque je sortais d'un cauchemar ou faisait une insomnie – et j'essayai de faire la conversation. Ou pas. J'essayai de ne rien casser de plus, de marcher sur des œufs sans me dévoiler, sans l'effrayer, sans provoquer de catastrophes, et je me prouvais à chaque seconde un peu plus que j'allais être un père dramatiquement désolant. Vraiment. Heureusement qu'il y avait Kate pour rattraper le coup, sinon j'aurai sérieusement paniqué. « Oui je sais, Roxane me l’a dit. » Roxane ? Roxane ? Comment ça, Roxane ? Elle la connaissait ? Roxane ? Ma Roxane ? Ta Roxane? La Roxane métamorphe, voulais-je dire. J'acquiesçai en essayant de ne pas montrer mon trouble. Et je poursuivis sur ma lancée en m'en tenant à ce que je voulais dire. « Alors pourquoi vous dites ‘toi’ comme ça, de façon méprisante ? Je vous ai rien fait, moi ! Roxie m’a dit que les loups aimaient pas les métamorphes, des fois, vous avez pas besoin de vous cacher. J’ai d’autres amis loups qui me vont très bien. Et puis, même si y’a que vous qui connaissez notre existence, ça change quoi ? Personne ne nous entend ici ! » Comment ? Quoi ? « MAIS ARRÊTE DE ME DESOBEIR ! » Bravo Alan. Clap, clap, clap. Je t'applaudis. Qui m'applaudit ? Le peu de pédagogie qui a éclos par la force en moi, après des années d'enseignement ? J'avais craqué. Vraiment. Mais chaque mention à haute voix de Roxane, des métamorphes, de mon espèce pour laquelle j'avais sacrifié ma carrière me mettait hors de moi. Qu'elle arrête de prononcer ces mots, qu'elle arrête de me provoquer, qu'elle arrîete d'être aussi insolente et surtout qu'elle arrête de me désobéir. Fausse route. Je faisais fausse route, je fonçais droit dans le mur, avec la rage incontrôlée de l'animal pris au piège. Je me pinçai l'arête du nez en m'imaginant réussir à effacer mon excès de colère. [i]Allez, Alan, va-y, défend toi. Défend les loups-garous que tu méprises, encense les métamorphes, mais surtout enfonce toi. Vraiment. Cache toi, arrête le massacre, laisse la partir et n'essaye surtout plus d'aider. « Si vous pouviez, vous voudriez… Non rien, désolée. J’en parle plus. » Qu'est ce qu'elle raconte encore ? Je fatiguais, moi. Non. Faux. J'étais fatigué. J'étais anxieux, j'étais posé. J'avais voulu bien faire, mais mon manque de patience et mon agressivité naturelle avait tout foutu en l'air. Et il était cinq heures du matin. Et elle devait me détester, avoir peur de moi, et moi, je la retenais en l'engueulant. Vraiment. Bravo. Chapeau Alan, tu gères, continue comme ça et tu te retrouveras en prison, en tant que loup garou incontrôlable et violent. Tu iras loin. Déjà que j'avais durement négocié après les années sanglantes pour que nous ne soyons pas virés, expulsés du quartier. Il fallait que je me calme. Je laissai mon café abandonné, et rejoignis, nerfs crispés et muscles tendus, le balcon, pour je m'appuyai à la balustrade. Le seul moyen que j'avais trouvé pour le coup, pour me détendre. La hauteur. S'il n'y avait pas eu la petite dans le salon – quoiqu'elle s'était sûrement déjà enfuie – je serais bien remonté sur la balustrade elle même, pour me tenir debout et à la merci d'un déséquilibre. Fou ? Moi ? Peut être. Instable, surtout, comme Camille et Kate le pensaient, je l'avais bien compris. « B#rdel. Félicitation Alan. Magnifique enseignant et futur père que voilà. Incapable d'aider. » Je me parlais à moi même, pour compléter le tableau. Mais là, j'étais solo. Parce que je n'avais même pas envie d'imaginer qu'elle ne s'était pas déjà retransformée – l'avantage de sa métamorphose, c'était qu'au moins, elle, elle ne ruinait pas ses habits à chaque fois – pour se barrer loin de moi. Génial. Parfait. Bravo. J'allais recevoir une médaille, à n'en pas douter, pour avoir camoufler à ce point que j'étais un enseignant au contact de jeunes adultes pas toute la journée, mais presque.

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyDim 23 Fév - 15:34

Alexis prit le verre de jus, murmurant un merci qui ressortait presque trop distinctement dans le silence ambiant. Elle but une gorgée, pour s'occuper en attendant. En attendant quoi ? Le déluge ? Une pluie de sauterelle ? Une distraction, qui pourrait la sortir de cette situation inconfortable à laquelle elle ne savait pas faire face. Elle ne comprenait pas pourquoi Monsieur Alan se comportait d'une façon telle, et encore moins pourquoi il ne l'avait pas laissée dans les bois, seule, et l'avait ramenée chez lui. Alors que tout dans son attitude signifiait clairement qu'elle n'était pas la bienvenue, même s'il semblait faire un pas en avant dans cette direction, pour mieux reculer et essayer de ne pas passer pour un rustre. C'était à n'y rien comprendre, pour la jeune fille qui n'était déjà pas très douée pour les interactions avec les autres.

Les pensées se bousculaient dans sa tête à ce sujet, insaisissables, éphémères, absurdes. Est-ce que c'était son âge et que comme beaucoup d'adultes, il méprisait les enfants ? Est-ce que, tout simplement, la tête d'Alexis ne lui revenait pas ? Est-ce qu'elle avait une odeur déplaisante qui l'importunait ? Les loups avaient, après tout, un odorat bien plus développé que quiconque, c'était probable.

Elle n'eut guère le temps de s'attarder sur le choix d'une de toutes ces raisons, que l'homme la prit par surprise, et la fit tomber de sa chaise, en lui criant dessus. Le choc augmenta sa stupeur, et sous la douleur sa vision se troubla à cause de ses yeux embués. Obstruée par les larmes intarissables qui coulaient contre son gré de ses yeux, la lumière lui apparaissait comme des milliers de petites étoiles. Pour peu, elle se serait crue dans un rêve dans lequel elle aurait été téléportée dans un monde étrange où le ciel était cotonneux et les étoiles blanches et pailletées - un peu comme de la barbe à papa blanche parsemée de poussière de fée ou de paillettes. Un peu plus et elle aurait tendu le bras pour y goûter.

Mais la douce et délicate voix d'Alan la tira de sa torpeur, alors qu'elle commençait à appréhender la teneur de ses propos comme une phrase avec du sens plus que comme un cri terrifiant et inintelligible. Les yeux de la petite exprimèrent bien malgré elle toute la stupéfaction causée par cette phrase, hurlée, si courte, si pleine de sens, et pourtant si absurde… Lui désobéir ? Arrêter ? Mais comment obéir à un ordre, vu que c’en était visiblement un, si stupide, si incohérent, si dépourvu de bon sens ? Se taire, de semblable à semblable, sur sa propre nature ? Et quoi ? S’ignorer ? Passer son chemin ? Mieux, si l’on en venait à être amené à se croiser dans la rue, changer de trottoir et arborer un air de dégoût, comme si la personne nous importunait sans vraiment de raison ? Non, décidément, elle ne pouvait pas comprendre. Ils n’étaient peut-être pas identiques, mais leur similarité ne devait-elle pas les pousser à essayer de s’entendre, ou au moins à se laisser le temps de se découvrir, avant de se rejeter ainsi, ou de crier les uns sur les autres ?

Mais pas lui, visiblement. Elle le regarda, sans rien dire, depuis le sol. Elle l’observa, alors qu’il sortait de la pièce – retournait au froid, après lui avoir dit presque paniqué de rentrer justement pour ne pas tomber malade à cause de la température. Cet adulte était… ambigu ? Etrange ? Paradoxal. Oui, c’était pas, paradoxal. Elle ne savait absolument pas sur quel pied danser, quelle attitude adopter. Encore moins en sachant qu’elle venait de l’indisposer grandement – sans quoi il n’aurait pas crié. Devait-elle partir, comme elle l’avait envisagé ? Devait-elle attendre qu’il rentre à nouveau ? Devait-elle… s’excuser ? Alors qu’elle était persuadée ne rien avoir fait de mal ?

Elle se leva, s’efforçant d’ignorer la douleur qui subsistait de sa chute, et n’écouta que son instinct. Elle sortit, l’observant appuyé à la balustrade. Il devait avoir ressenti sa présence, non ? Elle garda cette posture, sur le pas de la baie vitrée séparant le salon de l’extérieur, un peu indécise. Prenant une grande inspiration, elle s’avança, juste assez tôt pour surprendre ses propos. Elle recula instantanément. Non, elle ne pouvait définitivement pas s’approcher, alors qu’il se fustigeait de cette manière. Il voulait surement être seul. En tête à tête avec ses pensées. Pour se réconcilier avec lui-même. Elle attendit. Comptant dans sa tête les soixante secondes qui faisaient une minute. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ca ne l’aidait pas à savoir quoi faire. Définitivement pas. Sur une impulsion, elle s’avança un peu.

« Ecoutez, nous sommes partis du mauvais pied… Je ne dirai plus rien qui vous déplairait. Et… Euh… Peut-être que vous pourriez ne plus crier ? »


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« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




Aussi étonnant que cela pouvait paraître, je ne voulais pas lui faire peur. Je n'avais pas voulu, du moins. Etait-ce de ma faute si j'étais aussi peu... sociable ? Non. Si. Peut être. Kate s'en amusait, parfois, en me faisant remarquer à quel point c'était étonnant que mon animal de prédilection ne soit pas un ours grognon, qui m'aurait convenu à merveille selon elle. Dans tous les cas, je n'avais pas voulu l'effrayer, être ainsi avec elle, et pourtant... J'étais une catastrophe. Elle devait être à peine plus jeune que mes élèves actuels, et pas beaucoup plus âgée que ceux à qui j'avais donné des cours de soutien le temps de retrouver un poste après mon licenciement, et pourtant, j'avais été désastreux. Je ne regrettais pas spécialement d'avoir crié – après tout, elle l'avait cherché – mais je m'en voulais de ne pas avoir contenu mon énervement. Je n'avais pas à me comporter avec une jeune métamorphe terrifiée et perdue, comme avec mes élèves turbulents. Je me frappais mentalement, en m'appuyant à la balustrade, comptant les secondes. Je n'avais pas envie de me retourner, pas pour voir les habits de Kate à terre et nulle trace de la jeunette. Tu lui as fait peur au point qu'elle en tombe de sa chaise, Alan! Comment donc allais-je me comporter avec Samuel ? Lui crier dessus parce qu'il pleurait ? Et bien bravo... Kate allait avoir à faire, avec moi et Samuel à gérer. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres. Je n'avais aucun exemple de père sur lequel m'appuyer en dehors des vieux souvenirs de mon enfance, avant ma première métamorphose, lorsque j'étais encore un petit garçon normal. Juste un petit garçon timide, studieux – je n'avais pas changé – facilement terrifié par le moindre cri – ça, en revanche... - et incroyablement (trop?) obéissant. J'étais encore un petit garçon qui savait que ses parents n'étaient pas ses parents biologiques, mais qui n'y faisait pas attention. Un petit garçon qui ignorait encore que ce simple fait allait tout changer. J'avais compris très tôt que j'avais été adopté, parce que mes parents avaient tenu à ce que je le sache, pour ne rien me cacher. Ils m'avaient dit que j'étais un petit garçon spécial mais que j'étais leur fils avant tout. spécial. Pourquoi n'avaient ils pas été étonné lorsque je leur avais raconté entre deux sanglots après ce retour interminable de l'école, que j'étais devenu un chien ? Avaient-ils déjà connaissance de l'existence des métamorphes ? Des loups ? M'avaient ils pris pour un loup garou ? Qu'étaient ils devenus, maintenant ? « Ecoutez, nous sommes partis du mauvais pied… Je ne dirai plus rien qui vous déplairait. Et… Euh… Peut-être que vous pourriez ne plus crier ? » La voix de la petite me fit sursauter. Absorbé comme je l'étais dans mon passé – ce qui était bien rare... - je ne l'avais pas entendue approcher. « Je... nous... oui... non.. » Bien, maintenant que tu as vérifié que tu pouvais toujours parler, tu peux essayer de faire une phrase. La voix sarcastique de Kate me fit sourire. Je la voyais parfaitement se moquer de moi... Elle était la seule à en avoir le droit, d'ailleurs. Dans tous les cas, elle n'avait pas tort. « Excuse moi, Alexis. » Pitié, que je ne me sois pas trompé de prénom! « Je vais essayer de ne plus crier, oui.. Je n'aurai pas du... Je... » Tu es totalement taré, tu quoi ? Tu es une brute ? Tu es un bourrin ? Tu es aussi irresponsable qu'un goéland alcoolique? « Je n'ai pas trop l'habitude d'avoir à... »A être gentil ? Aimable ? Cordial? « être sociable. » Joli résumé, crétin. Je me détachai de la balustrade, rerentrant dans l'appartement et fermant complètement la baie vitrée, pour faire taire l'appel du vide sur la buse qui voletait en moi. Je ne savais pas trop quoi dire. Allez, Alan, b#rdel, trouve un sujet de conversation vite fait, histoire de rattraper le coup ! Demande toi de quoi elle voudrait bien parler, tiens ! Première idée qui me passe par la tête. « Et donc tu connais Roxane ? » Mauvais choix. A ben bravo, Alan... Forcément de tout ce qu'elle a dit, tu n'as retenu que la mention de Roxane ? D'elle en particulier ? J'étais nul, d'accord. Mais bon. C'était une piste pour parler, et on l'appréciait tous les deux, non ? Enfin... apprécier... Je l'évitais soigneusement, et j'alternais entre une attitude franchement négative et une attitude gênée lorsque j'étais amené à la croiser. Je croisais intérieurement les doigts pour que la conversation dérive sur un autre sujet. « Et euuh... tu aimes bien les lucioles, c'est ça ? » Bien. Bravo. Again. J'étais nul.

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptySam 1 Mar - 12:59

Elle était franchement mal à l'aise. Elle se sentait même terriblement idiote à importuner son hôte. Si elle avait été une autruche, elle aurait très probablement mis sa tête dans le sol, pour ne plus jamais l'en sortir... Mais ça devait être douloureux et difficile à faire dans une maison. Pourquoi persistait-elle alors à rester, si l'enfui de fuir qu'elle ressentait était si pressante, grandissait insidieusement en elle ? Parce que c'était pas poli et qu'elle devait être reconnaissante. Les enseignements de ses grands-parents étaient résistants, et elle incapable bien malgré de ne pas y obéir. Même la situation était déplaisante, même si l'atmosphère était lourd et insupportable, on était présent et on endurait. On serrait les dents mais on ne manquait pas à la règle la plus élémentaire de la politesse.

Tout ça allait lui donner mal à la tête si elle continuait à le ressasser, et la rendre triste et irritable. La situation était déjà assez complexe sans qu'elle n'ait besoin de ça. L'air frais, froid, glacé même, lui fit du bien et éclaircit ses pensées, l'aidant par là même à s'extirper du brouillard dans lequel elle s'était engoncée et à se reconcentrer sur la réalité tangible, sur l'instant présent. Son impulsion l'avait quand même prise au dépourvu et son courage cédait peu à peu face à l'inconfort de la situation. Pourquoi était-elle sortie alors que visiblement, il voulait être seul face à ses pensées ?

Ce qui était fait était fait maintenant et si elle repartait en arrière... Elle n'aurait pas le courage de rester. Une grande inspiration et elle se lança, elle s'excusa. Elle entortillait une mèche de cheveux autour de son doigt pour compenser avec le stress quand elle le vit sursauter - détachant son doigt de ses cheveux aussi sec, emportant quelqu'uns d'entre eux au passage et réprimant une grimace de douleur même si cette dernière était loin d'être prégnante. Encore une bévue. N'était-elle donc condamnée qu'à cela, abonnée aux erreurs et aux conneries, à perturber le quotidien bien rangé - ou non - des gens ? Elle allait fortement finir par y croire en tout cas.

Elle ne dit rien alors qu'il cherchait ses mots, bafouillait un peu - c'était sa faute après tout, si elle ne l'avait pas pris au dépourvu, rien de tout ça n'arriverait. Elle soupira de soulagement en l'entendant. Une bonne partie de sa tension et appréhension s'évacua grâce à ce simple geste et ses propos. « Je... Moi non plus je suis pas très douée, c'est pour ça que je... Je parle beaucoup et trop et que... Je contrôle pas ce que je dis. Désolée. »

Elle le suivit sans rien dire à l'intérieur, se gardant bien de s'asseoir cette fois. Elle n'allait pas risquer de retomber. Son visage s'illumina quand il parla de Roxane. L'adolescente aurait pu en parler des heures tellement elle l'aimait. « Oui, c'est ma meilleure amie !! Elle m'apprend... plein de choses. Leçon retenue : ne pas dire qu'elle lui apprenait à être une parfaite petite métamorphe. Et dire qu'elles comparaient leurs techniques de vol... pas intelligent. Elle est très gentille et on a plein de points en commun. Et elle est très belle. Je l'aime très fort. Vous la connaissez ? C'est votre amie aussi ? » Partie pour le moment, la gamine apeurée. Ragaillardie par la mention de quelqu'un qu'elle aimait, volubile et intarissable quand il s'agissait d'en parler.

Le prochain sujet la prit au dépourvu en revanche, tant par sa précipitation à en changer - il n'aimait pas Roxane ? - que par son incongruité. Elle rougit instantanément et baissa les yeux, s'étouffant presque en respirant de travers. « Euh vous allez vous moquer mais... Je... J'ai peur du noir. »


Dernière édition par Alexis Prudence Lindon le Mar 11 Mar - 10:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMar 4 Mar - 11:13




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




S’excuser, c’était le meilleur moyen de se sentir moins crétin, ou du moins c’était le moyen le plus simple mais pourtant je trouvais que ça ne servait pas à grand-chose, le cas présent. Un, j’étais incroyablement convaincu que dans tous les cas, ça n’allait rien changer et que la gamine allait continuer à me voir comme un loup méchant et sanguinaire. Deux : voilà que je me retrouvais à bégayer et à poser des questions que j’aurai préféré laisser au placard. Roxane. Mais bon sang, Roxane. Pourquoi était-ce le premier sujet de discussion que j’avais saisi et mis sur le tapis ? N’aurais-je pas pu parler d’autre chose ? Non, forcément, non. Mais bon. Dans tous les cas, ma question sembla l’enthousiasmer bien plus que ce que j’escomptais à la base, puisqu’elle changea du tout au tout. Fini l’air gêné et maladroit et mal à l’aise voire apeuré, la simple mention de Roxane illumina son visage. « Oui, c'est ma meilleure amie !! Elle m'apprend... plein de choses. Sous entendu, elle lui apprend à gérer sa métamorphie. Bonne chose. Mais… Alan… Alexis, Roxane, métamorphose, ça ne te rappelle rien ? Ah. Oui. Peut être. Qu’avait-elle dit à ce propos ? De laisser Alexis tranquille jusqu’à ce qu’elle la juge suffisamment formée d’un point de vue métamorphose. Intéressant. Bien, et donc… là… Elle était en train de me faire part de son amitié avec Roxane et je cherchai déjà un autre sujet pour faire dévier la conversation sur une pente bien moins glissante pour moi. Elle est très gentille et on a plein de points en commun. Et elle est très belle. Je l'aime très fort. Vous la connaissez ? C'est votre amie aussi ? » Euh… mon amie ? Oui… comment dire… je l’évitais depuis que j’étais de nouveau avec Kate, et lorsque je la croisais, j’étais plus que froid avec elle en se sachant pas comment il convenait que je me comporte mais bon… On pouvait dire que, dans un sens, j’étais… hum… ami, avec elle. Ami. Oui. J’avais été ami, du moins. Au départ. Enfin. C’était compliqué. Et donc tu aimes bien les lucioles ? Changeons de sujet, maintenant. Ce n’était peut être pas la diversion la plus fine que j’aie pu faire de toute ma vie – de toute manière, je n’avais jamais fait preuve d’un tact et d’une diplomatie hors du commun, mon côté direct et bourrin étant l’un de mes plus grands défauts – mais au moins, elle eut l’effet désiré. « Euh vous allez vous moquer mais... Je... J'ai peur du noir. » Je la regardai bien sérieusement. Me moquer ? Me moquer d’une métamorphe qui a une forme si en accord avec ce qu’elle est en réalité, et qui conçoit inconsciemment – et peut être consciemment – son don et sa nature comme pouvant la protéger et donc non comme une menace pour son intégrité ? Non. Je n’allais pas du tout me moquer de ça. Au contraire, bien au contraire, il convenait de ma part de… l’admirer ? Peut être pas à ce point. La respecter, déjà. Que pouvais-je dire de mon côté ? A son âge, je me repaissais dans la violence qui était le seul milieu que j’avais trouvé où je pouvais faire mes preuves sans souci. Ou je pouvais aussi laisser agir le berger allemand dont l’influence était plus que puissante sur mes actes et mon comportement que jamais. J’avais eu la confirmation de la part de Camille, d’ailleurs, que laisser ainsi l’animal prendre le pas sur l’humain était plus que malsain pour un métamorphe – c’était du moins ce que j’avais compris de notre discussion. Mais bon, ce n’était pas le moment de me perdre dans mes pensées, ou de laisser la petite s’imaginer quoique ce soit.

« Et bien… je ne vois pas pourquoi je me moquerais. C’est bien, au contraire, de chercher des solutions de cette manière, et du coup d’affronter sa peur de manière détournée. Si des gens se moquent, et bien… c’est qu’ils sont stupides. » Bien dit, de la part de quelqu’un qui pensait un peu plus tôt combien cet animal – peut on appeler ça un animal, au fait, et pas juste un insecte risible et minuscule ? – était ridicule Certes, mais elle n’est pas obligée de savoir ce que je pense. « J’ai toujours voulu avec un chien, parce que tout le monde dit que c’est le meilleur ami de l’homme, parce que j’étais assez solitaire quand j’étais jeune. J’imagine que si j’avais été comme toi, j’aurai agi de la même manière que toi. » Je tentais de faire tomber la tension et d’alléger l’atmosphère, mais vu mon don pour les relations humaines, je doutais que ça ait le moindre effet. Au moins avais-je tenté, non ? Dans tous les cas, je poursuivis pour répondre à une question qu’elle risquait de poser. « Mais tous les animaux sont en général mal à l’aise en ma présence, ils sentent l’odeur du canidé. » Petite déviation de la réalité, gros mensonge, mais bon. Dans l’idée, c’était vrai ce que je pouvais lui dire. Pourquoi avoir autant pris la forme d’un berger allemand, au final ? Au départ parce que c’était la plus évidente, et la plus instinctive, à n’en pas douter. Ensuite… parce qu’elle était restée avec moi et m’avait tenu compagnie. Le monde, vu par un berger allemand, est incroyablement simple. Des odeurs – beaucoup – du bruit, aussi, et des dangers. Et des besoins. Voilà, c’était uniquement ça. Pendant longtemps, ça avait été ma vie. Besoins. Dangers. Instinct. Odeurs. Comment considérer la métamorphose ? Je l’avais longtemps considérée comme une fatalité, puis un don, et maintenant, c’était une part de moi que je ne pouvais rejeter, mais qui pesait comme une malédiction additive. « Dis moi, Alexis, ça fait quoi d’être… toi, en général ? » Jolie tournure de phrase, on t’applaudit bien fort Alan. Cessons le sarcasme. La question me taraudait, dans un sens. Comment se considérait elle ? Comme un monstre ? Comme une anomalie ? Comme simplement, elle, qui s’acceptait comme elle l’était ? Si elle avait Roxane comme mentor, si on oubliait son petit côté ignorance des lois et son emploi de voleuse, elle était bien entourée. Mais bon…

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptySam 8 Mar - 22:17

Elle avait presque l’impression de faire un monologue, et de parler tant et si rapidement qu’Alan ne pouvait en placer une. Elle s’interpella du fait qu’il ne réponde pas à sa question sur on amitié – ou non – avec Roxane, d’autant que c’était lui qui avait amené le sujet. Mais peut-être, surement, était-ce parce qu’elle ne lui en avait pas laissé le temps. Comment aurait-elle pu imaginer que c’était délibéré, et qu’il avait rebondi sur le sujet mu par une pulsion incontrôlée, incontrôlable ? C’était pas très grave, elle pourrait toujours le lui redemander, ou demander à Roxie. Mais elle serait peut-être fâchée qu’elle l’ait rencontré ? C’était un loup et pas un métamorphe mais… Peut-être que c’était pareil ? Non, bon, elle redemanderait à Alan, ça serait mieux. Elle voulait pas se faire gronder par son amie renarde même si elle était gentille – peut-être même qu’elle la gronderait pas, et qu’elle serait juste déçue. Enfin… Ca serait pas pire que si elle apprenait qu’elle avait envoyé un message à Camille parce que madame Doyle lui avait donné son numéro en lui disant qu’il pouvait l’aider. Mais… Roxane ne l’aidait-elle déjà pas ? Est-ce qu’elle ne trahissait pas Roxane, en cherchant à en voir d’autres ? Elle perdit un peu de son sourire, espérant que son amie ne lui en voudrait pas et qu’elle ne perdrait pas son amitié.

« Monsieur… Je veux pas vous embêter, mais vous en connaissez d’autres… comme moi ? Ils sont… beaucoup ? »

Elle baissa la tête, attendant les représailles. Et s’il criait encore, parce qu’elle ramenait le sujet sur le tapis, alors qu’elle avait promis de ne pas le faire ? Elle n’avait pas vraiment contrôlé ça, elle aurait voulu se taire, mais elle osait pas demander ce genre de choses à sa mentor, qui ne la trouvait pas prête à les rencontrer, et penserait surement qu’elle voulait aller au delà de ses conseils, passer outre sa sorte d’interdiction de les rencontrer. Et elle ne voulait surtout pas ça – que Roxane croit qu’elle ne prenait pas à leur juste valeur ses conseils et ses enseignements l’aurait rendue malade. Cela la tracassait beaucoup plus que de savoir qu’il considèrerait sa forme animale comme ridicule – quoi qu’elle aimait pas trop l’idée qu’on se moque d’elle pour ça, si bien que lorsqu’il lui dit qu’il n’avait aucune raison de se moquer et que c’était plutôt bien de vaincre sa peur comme ça, elle leva vers lui un regard empli de gratitude, reconnaissant et touché même s’il n’aurait surement aucune idée de la raison pour laquelle elle l’était autant.

« Vous avez une façon curieuse de penser… Mais elle me plait beaucoup. Vous faites peut-être peur, au premier abord, mais vous êtes gentil au fond. Et vous me jugez pas… Et euh, c’est pas méchant d’avoir dit que vous m’avez fait peur, c’est moi qui me suis imposée, vous euh… enfin, je vous juge pas, je comprends. Moi aussi j’ai du mal à me comporter normalement avec les gens. Ces mots ne franchirent pas sa bouche, mais étaient criants de vérité, et s’étaient imposés à son esprit sitôt qu’elle avait réalisé que oui, elle comprenait. C’est… sage. Je pose une question stupide mais… Vous seriez devenu un ami des hommes, sous votre forme animale, vous pensez ? »

Elle rougit légèrement. C’était une idée stupide : pourquoi un humain se rabaisserait-il à ça ? Mais c’était plus facile, peut-être, d’être apprécié spontanément, non, plutôt que de devoir composer avec les gens autour de soi, leurs envies ou leurs rejets, leur seuil de tolérance et leurs besoins ? En tout cas, Alexis le pensait, et peut-être se serait-elle laissée allée à rejoindre une famille et ne plus se transformer en humaine… La vie aurait peut-être été tellement plus simple ainsi : elle n’aurait pas à craindre de faire peur ou de faire trop de mal à quelqu’un, elle n’aurait pas à se lier avec des humains et les perdre, encore. Son sourire s’envolait un peu plus à chacune de ses pensées, aussi elle s’efforça de les éloigner. « Ils n’ont pas peur du loup prédateur ? Ça n’est pas une bête inoffensive pourtant. C’est super qu’ils vous aiment. » Elle le pensait sincèrement. Elle avait été aimée, peut-être, par les Lindon, mais… ils avaient fuit. Ils avaient été transformés, et ils n’avaient pas essayé de revenir les voir, elle et son frère – leurs enfants. Ils savaient pourtant qu’Alexis était différente. Alors peut-être, peut-être, ne les aimaient-ils pas. Peut-être n’en avaient-ils rien à faire d’eux deux. Son sourire s’affaissa totalement, en entendant sa question. Ca faisait quoi… « Je… Vous voulez la vraie réponse ? Ca fait que vous avez peur tout le temps. D’être quelqu’un de sanguinaire. De blesser, de tuer peut-être. D’être rejeté. D’être maudite, peut-être, même. Même si Roxie dit que non et que je peux contrôler tout ça… J’ai peur de moi. Et de devenir folle, et une tueuse. » Oui, c’était tout à fait ça. La peur la prenait aux tripes, l’envahissait, ne lui laissait que rarement de répit.


Dernière édition par Alexis Prudence Lindon le Sam 22 Mar - 11:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMer 19 Mar - 17:59




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




« Monsieur… Je veux pas vous embêter, mais vous en connaissez d’autres… comme moi ? Ils sont… beaucoup ? » Sa petite voix craintive, ses mouvements... la terrifiais-je à ce point ? De toute évidence. Pourtant... j'essayais, vraiment, d'être... normal. Mais tu es flippant déjà de base, Alan, il ne faut pas que tu essayes d'être normal ! Il faut que tu essayes d'être rassurant! Oui, et bien, ce n'était pas facile pour moi. Voilà tout. D'ailleurs, l'important à présent, c'était qu'elle était prudente. J'avais certes l'impression de l'avoir traumatisée, mais au moins, elle mesurait ses propos. Et j'étais moins sur la défensive. Et plus à même d'être... rassurant. « Plus que tu ne peux le croire, j'imagine. Ils sont juste... discrets. Comme nous. » Nous. Les loups, les métamorphes, la communauté. Nous étions discrets, quelle que fusse l'espèce considérée. Les loups faisaient profil bas, moi aussi vis à vis de la PES. Alors oui, nous étions beaucoup à être des métamorphes, mais pour nous trouver, il fallait bien chercher ou alors avoir un détective privé comme Duncan. « Vous avez une façon curieuse de penser… Mais elle me plait beaucoup. Vous faites peut-être peur, au premier abord, mais vous êtes gentil au fond. Et vous me jugez pas… Et euh, c’est pas méchant d’avoir dit que vous m’avez fait peur, c’est moi qui me suis imposée, vous euh… enfin, je vous juge pas, je comprends. C’est… sage. Je pose une question stupide mais… Vous seriez devenu un ami des hommes, sous votre forme animale, vous pensez ? » J'esquissai un sourire à ces mots. Moi ? Amis des hommes ? Non, bien sûr que non. J'étais bien trop sauvage pour ça, même si mes premiers années seul auraient pu m'amener à cette extrémité. J'observai Alexis rougir et je me demandai si c'était à cause de sa question qu'elle trouvait stupide – elle l'était évidemment lorsqu'on me connaissait – mais que dans le cas présent était plus ou moins... pertinente ; ou si c'était juste le fait de m'avoir avoué que je faisais peur qui la faisait réagir ainsi. Dans le doute, j'essayai de la rassurer sur tous les plans: « Ne t'inquiète pas de me dire que je fais peur, petite. Je sais que je suis un peu brusque, on me le reproche souvent. Et ce n'est pas une raison pour m'excuser, je m'en doute. Disons que je suis un peu... tendu. Ce qui explique peut être la réponse à ta question : je ne pense pas que je serais devenu... ami des hommes. Je suis moi, et l'animal qui habite en moi n'est pas totalement moi. Même si je suis un loup, ce n'est pas la seule chose qui me définit. Tu comprends ? » Est ce qu'elle comprend que tu es totalement taré ? Oui, je pense. Que j'étais totalement taré, certes, mais tout comme le berger allemand, ce n'était pas la seule chose qui me définissait. J'étais aussi... Bon certes. La discussion dévia sur les animaux qui me craignaient, sentant en général l'odeur du loup. C'était un mensonge : en réalité, mon odeur de métamorphe attirait les animaux, qui voyaient en moi un ami. Mais bon... j'étais un loup à ses yeux, et je devais le rester. « Ils n’ont pas peur du loup prédateur ? Ça n’est pas une bête inoffensive pourtant. C’est super qu’ils vous aiment. » Mon sourire revint sur mes lèvres. « Je crois que tu m'as mal compris... justement, ils sentent la présence du loup prédateur. Tu as bien de la chance qu'ils t'apprécient, toi. » Qu'est ce que tu essayes de faire, Alan? Aussi étrange que cela pouvait paraître, étrange et surréaliste, j'essayais – sans succès je ne me leurrais pas – de lui donner confiance en elle. Et si besoin était de faire remonter l'estime qu'elle pouvait avoir d'elle même. D'ailleurs, en parlant de ça, je lui demandai comment elle se considérait. Question très indiscrète, certes, mais j'avais parmi mes multiples défauts, celui d'avoir un tact déplorable allié à une habitude étrange d'être direct dans mes propos – voire plus que direct. Un point commun entre Kate et moi, d'ailleurs, même si elle était ben plus diplomate que moi – même si ce n'était pas très difficile. « Je… Vous voulez la vraie réponse ? Non, et c'était pour cela que je lui posais la question. Ca fait que vous avez peur tout le temps. D’être quelqu’un de sanguinaire. De blesser, de tuer peut-être. D’être rejeté. D’être maudite, peut-être, même. Même si Roxie dit que non et que je peux contrôler tout ça… J’ai peur de moi. Et de devenir folle, et une tueuse. » Je ne sus quoi dire à ces mots. Ils étaient remarquablement ressemblant à ceux qui vivaient en moi lorsque je me considérais moi même. Et j'étais moi aussi un métamorphe. Sauf que Kate et Camille ne sont pas ainsi. Pas le moins du monde. D'une voix que je voulus douce, je parvins à lui demander : « Ce n'est pas des lucioles que tu as peur... de quoi donc ? » avant d'expliquer ma question. « Tu n'es pas totalement comme moi, petite. Roxane... Je ne pus m'empêcher de faire une petite pause. a raison. Tout se contrôle. Regarde les loups garous. Nous sommes de part notre nature bien plus sanguinaires que tu ne le seras jamais. Et pourtant nous sommes... normaux sur beaucoup de points. Et plus nous avançons en âge, plus notre contrôle se raffermit. Toi, c'est la même chose. Tu es petite, tu as du temps devant toi et beaucoup de chance d'avoir Roxane pour t'aider. Il ne faut pas que tu aies peur de toi : il faut que tu t'acceptes. » Sans y penser, je me levai pour contourner le canapé et m'y appuyer. « Tu es toi, Gamine, et de ce que je vois, tu tiens plus de la petite chose du gros monstre sanguinaire que tu crains devenir. Laisse aux loup garous leur sombre caractéristique, et garde pour toi les tiennes : la douceur, l'imprévisibilité et le contrôle. » Ah ? Parce que tu estimes les métamorphes doux ? Bien sûr que non. Pas tous. Mais elle, si. Et Camille aussi. Et le contrôle? « C'est toi qui penses, pas le monstre sanguinaire que tu crains d'abriter. Compris ? »

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMar 25 Mar - 23:27

Le silence qui s’installait par moment déplaisait à Alexis, laissait planer un malaise d’elle à Alan. Elle n’était pas très douée pour les relations sociales, et ça lui revenait en pleine tête, alors que l’absence de son se faisait plus présente et plus dérangeante. Cela ne pouvait la distraire du fait qu’elle ait dérangé et fait crier le loup chez qui elle était une intruse. Elle se mordillait la lèvre involontairement, s’arrachant des petits bouts de peau, alors qu’elle attendait une réponse, un signe n’importe quoi. Et si ce silence à couper au couteau était anxiogène au possible, se renouvelant presque à chaque propos prononcé par la jeune adolescente. Elle soupira, comme pour expier le stress qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir – sans grand succès.

« Je… Vous… D’accord. »

Vous n’êtes pas traqués ? Si la question lui avait traversé la tête, elle ne pensait pas qu’il s’agisse d’une bonne idée que de la poser. Ça n’était pas une notion plaisante, et de fait, la rappeler ou la souligner était superflu. De même que toutes les autres questions qui lui venaient en tête : comment arrivez-vous à être discret, après votre part dans les combats ? Certains d’entre vous ne sont-ils pas connus visuellement ? Y avait-il des miens, parmi les vôtres, dans les combats ? Des gens savent-ils pour nous, sans être les loups ? Pourquoi les loups savent ? Est-ce que… les miens s’entendent bien avec vous ?, et encore bien d’autres, innombrables ou quasiment.

Elle releva les yeux, sans même avoir conscience de les avoir baissés une nouvelle fois, juste à temps pour le voir sourire juste après la question qu’elle avait réellement fini par poser. Elle savait qu’elle était stupide, mais… Se moquait-il ? Elle n’aurait su le dire. Mais si c’était réellement le cas… Elle pensait ne pas apprécier. Elle ne savait pas vraiment. Elle grimaça, perdue dans ses élucubrations quant à la raison de son sourire : 1. il la trouvait stupide, 2. il avait réellement essayé d’être un ami des hommes, 3. il haïssait les hommes, 4. il aurait préféré se transformer en lion et être un prédateur pour eux – mais le loup ne l’était-il pas déjà ? -, 5. il voulait plutôt vivre en autonomie et seul et souriait à l’idée de la liberté que cela lui confèrerait, etc. Bref, des suppositions dont elle ne saurait pas le fond. Sa voix lui sembla différente, alors qu’il reprit la parole, la surprenant.

« J’empiète sur votre territoire, je… J’aurai pas le droit de vous dire que vous me faites peur, c’est pas correct. Et euh, c’est normal si vous êtes tendu, c’est de ma faute, non ? Je ne fais que m’incruster et vous embêter… Et… Je suis pas sûre de comprendre. Vous voulez dire que vous pouvez faire abstraction de votre animal, mais que lui ne peut pas faire abstraction de vous ? Donc si vous étiez un chien, vous auriez trop de pensées humaines pour vous laisser totalement aller, et devenir un ami des hommes ? Elles parasiteraient vos envies canines ? Mais… Des fois, l’animal prend le dessus, non ? »

Elle ne faisait peut-être aucun sens pour le loup, mais elle était persuadée de ce qu’elle avançait. Elle l’avait senti, plusieurs fois. Des fois en tant que luciole, des fois en tant que tigresse. L’envie de voler, de ne pas penser, de succomber à la légèreté de sa forme dominante. La puissance, le courage, la peur maitrisée, dans sa seconde forme. Elle l’avait senti quand elle échappait au traitement de ses grands-parents alors qu’elle était enfant, par le biais de cette forme qu’ils haïssaient et craignaient et pour laquelle il la punissait. Elle l’avait senti, quand elle s’était transformée et avait assommée Alois grâce à sa puissance. L’humaine s’était retranchée derrière ces sensations, ces pulsions animales.

Elle hocha la tête, quand il lui stipula qu’elle l’avait mal compris, et qu’ils le craignaient… De toute évidence, c’était le cas. Elle entrouvrit par contre légèrement les lèvres, alors qu’il affirmait qu’elle avait de la chance d’être appréciée. Vraiment ? Il pensait réellement ça ? Il se leurrait grandement, autant qu’elle, dans ce cas. Il avait pourtant bel et bien vu ce qu’elle avait fait au chien, dans la forêt… Et jamais elle n’avait indiquée être appréciée des autres animaux, pourquoi s’était-il forgé cette idée d’elle ? « Monsieur, sans vouloir vous offenser mais… Pourquoi penser que les animaux m’apprécient ? Une luciole ne leur est sans aucun intérêt, et je passe sans laisser la moindre empreinte… Et quant à… l’autre… Vous avez bien vu ce que j’ai fait à ce pauvre chien, sans qu’il ne le veuille, sans même que je ne le veuille, pensez-vous qu’ils m’apprécient ? Qu’un quelconque animal m’apprécie ? J’en doute. »

Elle ne savait certes pas pourquoi il envisageait que l’on pourrait l’apprécier, mais il était certain pour elle que non. Et cela, il allait le comprendre, alors qu‘elle répondait à son autre question. Il saurait que l’on ne pouvait ressentir quoi que ce soit de positif pour elle. Qu’elle était une prédatrice, une meurtrière, ni plus ni moins. Quelqu’un de purement mauvaise, et détestable. Carnassière. Je me taisais, cependant, alors qu’il parlait. Ressentant même un soupçon d’affection pour lui, parce qu’il tentait de me réconforter. Seulement quand il eut fini, laissant planer encore un peu le silence pour réfléchir, je répondais. « On n’est pas comme vous, on n’a pas qu’une forme. De la tigresse, monsieur. Je ne suis pas l’innocente luciole qu’il semble. Et même si on peut mieux se contrôler. Je vous crois, je veux pas vous faire penser le contraire, surtout. Mais même si j’apprends un peu, de plus en plus, à garder le contrôle, je sais qu’il m’échappe. La preuve, cette nuit. Et ne devenons pas de plus en plus amer et déviants, en grandissant ? Pas tout le monde, mais… Pourquoi moi je serai épargnée ? Et… Et peut-être que je deviendrais folle. Peut-être que… C’est de famille. »

Je me tus soudainement. Je n’avais pas laissé échapper ça volontairement. Je ne voulais même pas en parler. C’était… trop privé, trop dur. Une de mes plus grandes peurs, si ce n’est la plus grande. Essayant de faire comme si de rien n’était, butant sur les mots, je continuais à répondre. « Je… Vo… Vous êtes… sûr ? Je… Des fois… Le contrôle m’a échappé… Plu… Plusieurs fois… J’ai… peur. »
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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyMer 2 Avr - 22:01




« Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. »




« Monsieur, sans vouloir vous offenser mais… Pourquoi penser que les animaux m’apprécient ? Une luciole ne leur est sans aucun intérêt, et je passe sans laisser la moindre empreinte… Et quant à… l’autre… Vous avez bien vu ce que j’ai fait à ce pauvre chien, sans qu’il ne le veuille, sans même que je ne le veuille, pensez-vous qu’ils m’apprécient ? Qu’un quelconque animal m’apprécie ? J’en doute. » Bien Alan, bien : c’était une excellente idée de parler de choses dont tu n’étais pas supposé parler. C’était étrange, oui, que les animaux n’aient pas trop peur d’un tigre mais se carapatent devant un loup garou. Mais c’était la réalité : une question, de toute évidence, d’odeur et de phéromones. Les métamorphes, quelque soit leur transformation, avaient le contact facile avec les animaux, quels qu’ils soient. C’était une constante. Même s’ils étaient plus méfiants face à un métamorphe tigre, ils ne le craignaient pas comme ils pouvaient fuir les lycanthropes. Mais expliquer ça à une métamorphe qui n’était même pas capable de reconnaître ses pairs à l’odeur, c’était impensable. Risible, même. Je repris la parole, pour essayer de la réconforter, de la rassurer, et surtout de lui faire changer d’avis sur ce qu’elle ressentait à propos de sa métamorphie. Elle en avait peur, et vu ce qu’elle avait fait au chien, ça pouvait se comprendre. Elle ne l’avait certes pas tué – je m’en étais chargé pour elle – mais elle l’avait estropié. Agressé. Laissé agoniser. Le berger allemand en moi avait un peu peur de ce qu’elle pouvait devenir, mais le tigre blanc se contentait d’hausser ses lourdes épaules et de montrer les crocs dans une patience qui ne me ressemblait aucunement. « On n’est pas comme vous, on n’a pas qu’une forme. De la tigresse, monsieur. Je ne suis pas l’innocente luciole qu’il semble. Et même si on peut mieux se contrôler. Je vous crois, je veux pas vous faire penser le contraire, surtout. Mais même si j’apprends un peu, de plus en plus, à garder le contrôle, je sais qu’il m’échappe. La preuve, cette nuit. Et ne devenons pas de plus en plus amer et déviants, en grandissant ? Pas tout le monde, mais… Pourquoi moi je serai épargnée ? Et… Et peut-être que je deviendrais folle. Peut-être que… C’est de famille. » Je levais les yeux au ciel, m’en apercevant trop tard. Par cette manie, je lui montrais clairement que ses propos m’agaçaient et ne me convenaient pas. Mes élèves savaient que ce n’était pas bon signe lorsque ça m’arrivait, et qu’ils allaient devoir subir une remarque sarcastique ou simplement voir leurs dernières phrases et questions ignorées. Mais il fallait que je me contrôle pour ne pas à nouveau la faire fuir, en bon lycanthrope que je me targuais d’être pour son bien ou plutôt pour le mien. « Je… Vo… Vous êtes… sûr ? Je… Des fois… Le contrôle m’a échappé… Plu… Plusieurs fois… J’ai… peur. » Que répondre à cela, encore une fois ? Je n’avais jamais fait d’étude de psychologie, et ça se sentait. Moi, mon domaine, c’était la génétique. La biologie. Ses règles compliquées, changeantes, mais au moins, ça ne dépendait pas tant d’un individu à l’autre. Une lecture de ses gènes, et l’on pouvait avoir une idée assez juste de ce qu’il était. De qui il était, au sens génétique du terme. Ce n’était pas aussi… brumeux que la psychologie des gens. Mais bon. Actuellement, j’étais le seul à qui elle s’adressait, donc j’étais le seul à devoir répondre. Et je ne pouvais pas me défiler. « Je suis certain. Le contrôle échappe toujours, parce que la vie en toi est comme un feu follet. » Bien, Alan, parle en métaphore, c’est parfait, elle va tout à fait comprendre. Je retins de justesse mon regard qui voulut dériver vers mon livre de chevet, La pédagogie pour les Nuls. « Ecoute, Petite, il y a une chose dont je suis certain : quand on veut, on peut. Et ce n’est pas juste une expression lancée par un grand père. Tu as de la chance en plus : tu as quelqu’un pour te guider. Apprends à faire confiance, et surtout apprends à te faire confiance. Si tu t’obstines à te croire dangereuse et à avoir peur de ce que tu peux être, tu laisseras la peur te dominer, et là tu deviendras un monstre. Il n’y a pas de honte à avoir peur, il y en a à se laisser dominer par cette peur. » Mes derniers mots n’avaient plus rien de chaleureux, malgré tous mes efforts. Au contraire : ils étaient secs. Bravo. L’important, c’était qu’ils avaient un fond de vérité, non ? J’avais toujours fui le problème de mes transformations, et voilà qu’à présent, lorsque je m’énervais, je me transformais en un animal que je ne contrôlais pas le moins du monde, et je laissais sa colère m’envahir en toute lucidité. Le tigre blanc avait beau être d’une beauté saisissante, il n’en restait pas moins l’animal qui réveillait chez moi ce que j’avais le plus noir et le plus violent. Et tu te sens capable de donner des conseils à une gamine qui est aussi perturbée que toi ? Je ne m’en sentais pas capable, loin de là. Si on m’avait proposé d’échanger ma place contre n’importe qui, de métamorphe, j’aurai dit oui sans le moindre doute. Ou presque. J’aurai éteint mon côté protecteur avant, bien sûr. En parlant de tout cela, mon regard dériva sur l’heure. « Ton frère doit s’inquiéter, je te ramène, d’accord ? » Je devançai toute réplique : « Non, je ne veux pas me débarrasser de toi, non tu ne me déranges pas, Gamine. Mais ton frère doit s’inquiéter, et Roxane t’aidera bien plus que moi. Prends tes affaires, et attend moi ici. » Je me levai souplement du canapé, et en quelques pas, passai dans ma chambre attraper un gilet de Kate pour que la gamine n’attrape pas froid. Hésitant entre les différents habits de ma femme – et ne voulant pas déclencher une dispute si je choisissais le mauvais – j’attrapai l’un de mes vieux sweat et revins dans le salon, le lui lançant. « Enfile ça, ma voiture n’est pas de la dernière jeunesse, et il doit faire froid à cette heure là. »

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MessageSujet: Re: « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]   « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé] EmptyJeu 3 Avr - 21:05

Alexis se sentait incroyablement petite et ridicule, face à l’homme en face d’elle – tellement plus assuré, tellement plus serein et plus à l’aise avec sa nature, l’acceptant tellement mieux. Elle était stupide, et devait passer pour telle. Pour autant, elle lui était reconnaissante d’écouter sans l’interrompre. Ca lui facilitait la tâche. S’il avait du couper son discours, elle en aurait perdu le fil, et aurait aussi fini par hésiter, et ne pas aller au bout de ses pensées, de sa façon de se considérer, de tout ce qui lui venait à l’esprit, et de ce qu’il lui demandait… Elle ne put s’empêcher de grimacer, et de se sentir incroyablement mal à l’aise, en le voyant lever les yeux au ciel, mais un soupçon de colère passa aussi sur son visage – c’était lui qui le lui avait demandé, et s’il ne voulait pas l’en entendre parler, ou s’il n’appréciait pas ce qu’elle disait, eh bien, tant pis. Elle n’avait que dix sept ans, et lui était un adulte, et peut-être même un vieux, et ils n’avaient pas le même mode de pensée, visiblement.

Elle commençait à s’énerver à nouveau, de se sentir idiote, de se sentir jugée, d’avoir parlé de ce qu’elle ressentait. Si elle l’avait bouclé, rien de tout cela ne serait arrivé. Si elle avait appris à se maîtriser, et à contrôler ses pulsions, elle n’aurait jamais cédé à l’appel de la tigresse, elle n’aurait jamais blessé gravement ce chien innocent. Ce qu’il dit le lui confirma. C’était entièrement de sa faute. Elle ne pouvait domestiquer la part monstrueuse présente en elle, si elle ne faisait pas la paix avec. Si elle ne l’apprivoisait pas, et jugeait de tout ce qui n’était pas inhumain, dangereux ou insupportable en elle. Elle baissa la tête, en signe de soumission et de reconnaissance de la sagesse de ses paroles. Oui, c’était ni plus ni moins de la sagesse… Mais le ton employait la blessait, et elle dut lutter fermer pour ne pas succomber aux larmes qui perlaient à ses yeux, quand elle constatait son échec.

Elle ne rendait pas grâce aux efforts de Roxane pour la guider et l’aider, pour lui apprendre. Elle se laissait dépasser par ses émotions – elle n’était qu’une enfant ingrate, incapable de faire bien. Elle soupira, s’essuya rapidement les yeux en espérant qu’il ne remarquerait rien, et ne suspecterait pas le procès qu’elle se faisait à elle-même. Sans nul doute qu’il la mépriserait, et n’essaierait même pas de la conseiller quant à sa façon de gérer les choses, s’il voyait. Il ne ferait, sans doute aucun, que l’envoyer sur les roses et lui faire comprendre qu’elle n’était qu’une imbécile au cerveau aussi développé que celui d’un légume, et qu’elle n’irait nul part dans la vie. Elle retint difficilement un sanglot, et profita de la distraction qu’il lui offrait en lui indiquant que son frère devait s’inquiéter, vu l’heure, et qu’il la ramenait. Elle ne protesta pas, ne signala pas qu’il était habitué – est-ce que ça l’empêchait réellement de s’inquiéter ? – et répondit d’une toute petite voix un « d’accord » troublé. Elle ne réagit même pas, quand il lui dit qu’il ne voulait pas se débarrasser d’elle, trop en train de se fustiger et de se descendre mentalement, bien qu’elle ait entendu et ait apprécié qu’il tente de la rassurer.

Elle ne leva les yeux vers lui, encore brillants des larmes qu’elle n’avait pas réellement laissées couler que quand elle vit arriver sur elle un projectile non identifié, avant de réaliser qu’il s’agissait d’un pull. Elle le remercia, et le suivit, lui donnant l’adresse de son frère afin qu’il sache où elle. « Merci monsieur. Et encore désolée pour l’intrusion… Je reviendrais vous donner les affaires. Ou je vous les donnerai une fois chez mon frère, je me changerai vite, si vous voulez. »

Elle entra à sa suite dans la voiture, et le trajet se passa en silence. Elliott, lorsqu’il la récupéra, se confondit en excuses et remerciements, insistant pour remercier Alan Dougal, soulagé qu’il ne soit rien arrivé à Alexis – ça aurait pu être un psychopathe, après tout. La luciole remercia à nouveau l’adulte, et alla s’écrouler pour dormir – la nuit avait été courte et éprouvante, et elle se devait de réfléchir à tout ça…

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