Caroline est née dans une famille assez aisée de la fin du XIXème siècle et cela s’en ressent toujours encore dans ses manières. Deuxième enfant, elle est élevée de telle manière à ce qu’elle devienne une bonne mère de famille et une épouse attentive à son mari. Instruite, mais pas trop non plus, elle n’eut pas vraiment l’opportunité de développer réellement un esprit critique ni réellement pu prendre part à des discussions sérieuses, ou des débats, réservés uniquement aux hommes. A seize ans, elle est fiancée à un industriel anglais, Henry Smith, qui la prend pour épouse deux ans plus tard, et l’emmène loin de tout ce qu’elle avait connu. C’est âgé de dix-huit qu’elle met pour la première fois les pieds à Londres. Elle y mènera la « grande vie », jusqu’à sa morsure, s’épanouissant auprès de celui qui lui tenait lieu de Mari. Ce dernier, bien que souvent en déplacement, mit un point d’honneur à lui apprendre les rudiments de son métier, et à faire d’elle une femme comme il n’y en avait que rarement à cette époque : une femme instruite. Sa vie fut plutôt heureuse jusqu’à la mort de son époux. N’ayant jamais pu lui faire d’enfant - malgré les nombreuses grossesses qui se finirent toutes par une fausse couche -, elle fut rapidement chassée par sa « belle famille », et jetée à la rue. « Inutile », voilà ce qu’elle était devenue à leurs yeux. Ses anciennes amies ? Elles décidèrent de ne plus « la connaitre ». Sa famille ? Ses parents étaient morts quelques années plus tôt, et son frère se fichait complètement de son sort. C’est sans doute à partir de ce moment-là que son mépris pour l’espèce humaine commença. Elle se perdit pendant deux années, en se rendant dans des bals et des soirées pour redevenir une « grande dame » anonyme la nuit, et trouver un lit dans lequel dormir, même si pour cela, elle devait laisser un homme toucher son corps. Elle fit de nombreux chantages à des hommes mariés pour s’assurer des fonds, et ne pas se retrouver complètement à la rue, se faisant même passé pour enceinte lorsqu’elle avait ferré un gros poisson avec un gros portefeuille et une femme incapable de mettre au monde des enfants. Ce fut ainsi qu’elle croisa pour la première fois Charles, à peine un an après avoir tout perdu. Il avait quelque chose de spécial, c’était indéniable. Et il jouait dans la même cour qu’elle. Elle le vit plusieurs fois, jouer le même jeu qu’elle, séduisant des femmes, toujours différentes, et toujours avec un gros compte en banque. Il n’était pas spécialement beau ni attirant, mais il dégageait un truc, envoutant et qui ne pouvait pas laisser une femme indifférente. C’est un an plus tard, que Caroline Smith devint Freyja Swayne. Il était venu la trouver alors qu’elle faisait les yeux doux à un homme. Se faisant passer pour son mari, il gâcha les plans de la jeune femme, qui folle de rage, s’en prit verbalement et physiquement à lui. Et c’est cette combativité, cette verve, ce caractère qui le décida totalement à la mordre. Il fit d’elle son enfant, enterrant définitivement sa vie d’humaine, pour l’élever au rang de vampire. Elle était digne de marcher à ses côtés pour l’éternité. Freyja ne fut pas la première, ni la dernière enfant de Charles. Il n’y avait pas entre eux de l’amour, ou de la passion. Il était son maitre, et elle était son élève, avide de connaissance et fidèle. Elle apprit à ces côtés l’intolérance, et la méfiance ; le respect envers les siens et la haine envers les humains ; la détermination, et la patience. Elle passa quinze ans à ses côtés, à recevoir ses apprentissages et son instruction sur sa nouvelle nature. Il lui apprit à contrôler parfaitement son corps, à découvrir les nouveaux plaisirs qui s’offrait à elle, à devenir une ombre dans la nuit. Si Freyja éprouvait de l’amour pour lui, elle n’en a jamais reçue en retour et elle était consciente qu’elle n’en aurait jamais. S’il couchait avec elle, s’il l’embrassait, s’il la caressait, c’était toujours dans une approche d’apprentissage. Lorsqu’il estima qu’elle était prête à se débrouiller toute seule, il la laissa, sans pour autant la libérer. Il était temps pour elle de faire ses preuves, et de lui prouver qu’il ne s’était pas trompé en la choisissant. Et seulement après cela, elle serait totalement libre. Ce jour, il n’arriva jamais, et Freyja est toujours rattachée à son maitre. Des vampires elle en a engendré plusieurs, mais ils n’étaient jamais assez « bons » à ses yeux, et elles finissaient toujours par les tuer elle-même. En 2007, elle fut rappelée auprès de son créateur, ainsi que tous ses frères et sœurs, ainsi que « leurs descendances ». Ils restèrent tous auprès de Charles, conseiller auprès du roi en Ecosse, vacant à divers occupations. Freyja fut instruite alors au combat et aux armes à feu. Si elle ne cessait de demander pourquoi sans jamais obtenir de réponse de la part de son maitre, elle finit par comprendre les finalités au début des années sanglantes. Elle fut de ses vampires présents régulièrement « sur le front », combattant pour son espèce, tuant humains, semi-démons et loups se mettant en travers de son chemin. Elle vit son roi tomber, et son univers prendre une nouvelle tournure lorsqu’une paix fut déclarée avec les humains et les changeurs de forme. Ses exploits et ses combats lui valurent de devenir sous-officier dans l’armée de la Reine, place qu’elle n’a accepté que sur la demande de son maitre. Il lui confia une nouvelle mission, avant de s’en aller de nouveau : Redorer leur espèce, même si pour cela elle devait aller contre la Reine des Vampires, et ce qui apparaissait comme un laxisme et une bienveillance envers les humains. Elle créa alors le groupe des « sanguinistes », et fut rejoint par certains de ses frères et sœurs, et de leur descendance. Si cela était une affaire de famille au départ, Freyja l’étendit à d’autres vampires, agrandissant peu à peu les rangs de son groupe « rebelle ». Secrètement, elle œuvre donc dans l’ombre, ne dévoilant ses cartes qu’une par une, et attendant le bon moment. Et officiellement, elle est une sous-officier efficace dans l’armée de la Reine dont elle voue une fidélité sans limite…