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Irving n'avait pas envie d'être là. Quoi, toujours la même rengaine ? Quand est-ce que Monsieur sera heureux, bien dans son élément, croquant la vie à pleines dents ? Et bien... Quand Mary arrêtera de lui donner des ordres. Quand les ordres en question ne mettront pas en danger l'honneur, la fierté, la pudeur de la race des loups garous. Et aussi, quand on arrêtera de lui faire servir les gens et laver les verres !!! *Fais ch*er*

Quand même, être dans une boite de nuit super branchée, avec une vue panoramique époustouflante sur un troupeau de jeunes filles en chaleur, avoir le rôle du barman sexy au tee shirt mouillé, ça devrait rendre Irving un minimum euphorique ! Il avait envie d'être content ; il servait avec un grand sourire aux lèvres, échangeait des vannes, faisait son possible pour paraître efficace, parce qu'il voulait impressionner Mary. Puisqu'elle ne lui donnait que des jobs subalternes, il devait lui montrer qu'il maîtrisait parfaitement et qu'il pouvait faire mieux. Renâcler devant la tâche ne l'aiderait pas à gravir les échelons. Et surtout, froncer les sourcils n'allait pas l'aider à apprécier la longue nuit qui pointait le bout de son nez. Il était encore tôt ; il en avait pour quelques heures épuisantes. Enfin, il devait s'estimer heureux sûrement de ne pas jouer les gigolos comme Seth ou d'un point de vue féminin, les prostituées comme Isadora. *Oui je devais pas avoir le physique pour ce genre de job* haussa t-il les épaules tout en jetant un oeil à Johan. Mary lui avait dit qu'il devrait se rapprocher du loup, car il faisait désormais partie de la meute, qu'il le veuille ou non. Contre son gré, Irving reconnaissait qu'obéir aux ordres de Mary pouvait être profitable ; on est plus forts face aux vampires unis que divisés. Cela faisait longtemps qu'il évitait Johan et refusait de lier tout contact avec lui. Ce soir, il avait décidé d'être un peu plus ouvert ; son rôle de serveur l'aidait en ce sens. Johan ne travaillait pas avec lui ; il venait à la soirée en touriste, il pouvait s'amuser lui.

"Johan ! Tu veux un verre ? C'est gratuit pour toi," l'interpella Irving, mais l'attention du loup était ailleurs. Irving réfléchit un instant et se rappela sa relation plutôt tendue avec Isadora. Irving préféra l'informer au lieu de le laisser chercher et se rendre compte d'un coup de la situation.

"Tu cherches Isa ? Elle est occupée, à l'étage." ajouta t-il en désignant du bras les escaliers."Elle redescendra à un moment ou à un autre ; il vaut mieux l'attendre ici."
Le jeune homme essaya de ne pas imaginer coment il réagirait si son ex faisait du charme à un autre pour de l'argent.

"Prends un truc à boire, et installe-toi," lui proposa t-il.


Spoiler:

La musique pulsait, faisant vibrer chacun de mes os. Je ne savais pas concrètement ce que les gens pouvaient trouver à ce genre d'ambiance, mais il me semblait évident qu'ils étaient en train de faire la fête et pas qu'un peu. Le bar ne désemplissait pas, tandis que les allers et retours vers les salles privées aux étages supérieurs n'étaient pas près de se calmer. Il semblait que Mary avait vu juste ; je n'aurais su le parier pour elle, simplement il y avait beaucoup de choses d'autres que je savais faire, autres que gérer un business. Ca, c'était son rayon. Et elle semblait plutot douée dans son domaine. A moi de gérer le mien. Regardant sur les différents écrans, je coordonnais la défense et la protection des personnes, mais surtout la surveillance de ce qu'il se passait en règle générale dans la boîte. Outre son apparition pour son discours d'ouverture et ensuite pour danser et faire la fête, je n'avais plus revu Mary. Elle était peut être toujours au milieu de la foule, ou alors supervisait elle le travail de ses danseuses à l'étage... Je n'en savais rien, mais il allait falloir que je la trouve. Plusieurs fêtards commençaient à vouloir monter, suivre les individus qui avaient été « invités » à d'autres types de services. On avait beau prévoir une entrée discrète, les gens se demandaient toujours où allaient ceux qui s'esquiver. Robert en bas commençait à crouler sous le nombre, et je lui envoyais Pete, histoire de calmer un peu tout le monde et de leur expliquer un peu plus clairement que non, en haut, ce n'était que pour des individus invités par la gérante, et non une autre salle pour faire la fête. Comment avions nous autant attiré l'attention ? J'appuyais sur le bouton de mon oreillette pour l'activité pour permettre à la sécurité de m'entendre.


| PC à F2, vous me les repoussez vers le bar et la piste de danse. Personne ne va à l'étage ; il s'agit d'un rendez vous pour des invités personnels de Mme Wellesley. Vous m'éloignez tout le monde des accès. |


On me signifia par retour de radio que mon message avait bien été reçu, et je pouvais constater sur les caméras qu'effectivement, les agents de sécurité en tenue sombre repoussait doucement les jeunes alcoolisés vers la piste de danse ; ceux ci se laissant faire sans nous casser les pieds. Un petit bouton rouge s'alluma sur mon écran. Je cliquais sur la boîte d'informations qui venait de s'ouvrir, et je vis un message qui venait de la chambre sept dans l'espace des danses privées. Je vérifiais que mon arme était toujours dans mon holster d'épaule sous ma veste, déboutonnant légèrement celle ci, puis me mis en route. J'arrivais à l'endroit au bout de quelques instants seulement ; j'avais cru entendre assez distinctement des gémissements un peu trop poussés pour être honnêtes dans plusieurs des chambres fermées, tout au long de mon passage, et la musique propre à chacune formait un sacré méli mélo musical dans le couloir. Arrivant devant la porte indiquée, je l'ouvrais. C'était Carey, une petite Galloise. Vingt deux ans, menue, mais très jolie. Le type se rhabillait en se rhabillant et en maugréant. Je le virais manu militari alors que j'apprenais qu'il avait refusé de payer sa danse privée soit disant que la fille n'avait pas été à la hauteur. Je le foutais dehors en insistant bien sur le fait qu'il devait tenir sa langue, payer quand même, sinon sa présence ici ce soir serait étalée dans la presse. Je négociais même un pourboire pour Carey, qui me rendit un sourire. Repartant dans les loges pour déposer l'argent dans le sac de la jeune femme, je croisais Cora, probablement entre deux danses, venue se rafraîchir un peu. Je lui fis un signe de tête et un léger sourire d'encouragement, puis ressortis et me dirigeais vers le PC sécurité. Activant à nouveau mon oreillette, je sélectionnais le troisième canal, celui qui me permettrait de parler directement à l'oreillette que j'avais forcé Mary à mettre.


| Léger incident à l'étage, patronne. Rien de grave, mais nous avons perdu un client. Il a bien compris l'importance du secret pour sauvegarder ton anonymat. Terminé. |

Il ne se sentait pas à l'aise. Habituellement, il aimait bien les boîtes de nuit. Ça lui permettait de s'oublier un peu, de s'amuser... là, il se sentait vieux et pas à sa place. Ça devait seulement être lié au fait qu'il avait des responsabilités autrement plus importante depuis la dernière fois qu'il avait mis les pieds dans un tel établissement. Peut-être aussi parce que la dernière fois qu'il était sorti, Isadora et lui s'étaient fait attaquer par un vampire. Presque rien. Johan était entré après que le videur ait trouvé son nom sur la liste des invités et automatiquement avait cherché sa douce du regard, tout en sachant qu'elle n'était probablement pas au premier étage. Il pinça les lèvres et avança sans vraiment s'en rendre compte dans la place. La musique était assourdissante, des jeunes filles le dépassaient en riant, et au bar... des loups. Il y avait des loups partout. Évidemment. C'était leur boîte, leur domaine, ici. Il avait cessé de bouger pendant une bonne minute quand une voix criait son cri, oui évidemment parce qu'il fallait crier pour être entendu ici, lui fit tourner la tête. Irving était au bar. Irving n'était pas un de ceux dont il était le plus proche dans la meute. En supposant qu'il était proche de certains. Il y avait bien James, et Isadora, évidemment, mais pour le reste... Il s'était tenu à carreau, depuis un temps. Il avait recommencé le boulot, il tentait de négocier pour acquérir la librairie, il y avait les jumeaux, Isadora qu'il voyait régulièrement, et le temps qu'il passait avec ses frères et sœurs loups avait été handicapé, dans sa vie qui reprenait son cours doucement. Un signe de main pour le jeune loup, un sourire et il se rapprocha de lui pour entendre ce qu'il disait. La mention d'Isadora lui fit perdre un peu son sourire. Il savait parfaitement où elle était. Malheureusement.

« Juste une bière pour moi, alors. » Il avait hésité, mais bon. Une bière, ça ne pouvait pas faire de tort, il tenait plutôt bien. Il penserait moins à Isadora, qui était vraisemblablement en train de se dénuder à l'étage. Pour d'autres. Pour de l'argent. Parce qu'elle n'avait pas le choix. Il n'avait rien dit, cette fois, mais la phrase qu'il avait déjà lâché à Mary lui tournait en tête. Si tu désires qu'il y ait quelqu'un qui fasse la pute, va le faire toi-même. Une gorgée de la bière que le barman venait de lui donner, ses yeux pâles observant la boîte de nuit bondée, puis il s'appuya contre le bar en revenant à Irving. « Ça m'a l'air plutôt réussi, pour une soirée d'ouverture. »

Cela faisait à présent un mois que nous étions ici, et honnêtement, je ne me sentais toujours pas à ma place par ici. C'était assez effrayant, mais je n'arrivais pas à trouver ma place dans ce monde là, comme si je n'aurais jamais du en être. Mais les évènements qui se sont passés ne peuvent être changés et nous sommes là, Nevaeh et moi, dans cette Écosse qui n'est pas accueillante. J'avais envie de trouver un travail à ma mesure, mais Mary avait d'autres plans pour moi, dans son nouveau jouet : La Lune Bleue. Elle m'avait parlé du rôle que j'allais devoir tenir. Je fulminais rien qu'à l'idée même d'agir de la sorte. Mais je n'avais pour ainsi dire pas mon mot à dire, et je devais faire ce qu'on me disait pour ne pas mettre à mal la meute. Je savais que tout le monde ne m'appréciais pas à commencer par Isadora après cette partie de chasse dans le domaine. Mais j'allais devoir jouer le jeu, non sans mal, j'en étais persuadé. Je ne savais pas quel était le but de la manœuvre de la part de Mary, mais si elle ouvrait ce bar et qu'elle avait embauché la meute pour la soirée c'est qu'il y avait bien une raison que je ne pourrais pas savoir assurément. Mon but était donc de faire le gogo danseur afin de faire consommer la gente féminine qui serait présente ce soir. Je ne savais pas si j'avais le droit de faire venir Nev' mais je lui disais de passer faire un petit tour et que si jamais il y avait un soucis, je saurais être là pour l'aider, la protéger. Même si cela devait mettre en péril ma couverture et tout ce qu'il fallait, je serais là pour elle. J'essayais donc de me mettre dans mon rôle. Dans l'après-midi j'avais regardé quelques vidéos, histoire de faire ce qu'il fallait. Je faisais donc en sorte de faire des mouvements lancinants et enflammés en petite tenue sur une petite scène d'où je pouvais descendre sans soucis pour être plus proche de mes clientes. Et pendant ce temps, les serveurs commanderaient les boissons, pour qu'elles puissent continuer de baver sur mon corps d'athlète. J'avais néanmoins de quoi me rhabiller rapidement si le besoin s'en faisait sentir. La soirée ne faisait que commencer, et j'en avais déjà marre.

La meute, cet idéal. Ce rêve que je rêvais d’atteindre. Ces étoiles que je rêvais d’attraper. Un mois, déjà. Un mois que ma vie avait basculé du tout au tout. Un mois. Bilan ? Rien de très glorieux, j’avais essayé de reprendre ma vie ici mais ce n’était pas simple. La vie de Seth était régie par la meute, et là son nouvel emploi à la Lune Bleue. Ce lieu attisait mes sens et ma curiosité. D’un commun accord avec Seth, j’avais décidé de l’accompagner pour l’ouverture. Je me ferais petite, priant pour ne pas croiser Mary. Je serais une cliente comme une autre, enfin presque… La journée avait plutôt bien débuté, je m’étais moquée de Seth qui avait passé son après midi à regarder des vidéos sur comment bien faire son job. C’était marrant de le voir, comme un petit chien chien derrière sa lupa. Je rigolerais surement moins en me pointant à la Lune Bleue.

J’avais pris le temps de me préparer, j’avais essayé une dizaine de tenues car j’allais voir des gens de la meute je voulais faire bonne impression quand même. J’avais opté pour une tenue assez décontractée, et pratique. J’imaginais le pire pour cette nuit là. Seth m’avait dis de passer, alors je le ferais. J’en mourais d’envie. Il était partie quelques heures avant moi car lui travaillait, et se devait d’être prêt à temps. Moi, j’attendais dans la file d’attente, et on me fit entrer en même temps que d’autres clients. Le bruit à l’intérieur de la boite était assourdissant, il y avait des loups et bizarrement je me sentais bien. Je ne dépareillais pas avec les autres, j’étais à ma place. Je ne cherchais pas Seth du regard, il était là je le sentais mais je serais probablement d’une jalousie maladive si je l’apercevais. Je savais ce qu’il devait faire, je savais pourquoi il le faisait donc je me dirigeais vers le bar. Je souris au jeune serveur.

« Quelque chose de fort, s’il te plait ! »

J’avais le sentiment que je ne devais pas être là, de toute manière le mal était fait. Je savais que de loin Seth me surveillait, que si j’avais un problème il accourrait. Notre vie était tellement décousue, on voulait seulement s’intégrant mais cette meute que je cherchais tellement à connaitre me semblait si différente. Je profitais de ce moment de détente pour me changer un peu les idées, cela faisait un sacré bout de temps que je n’étais pas sortie. Je déprimais depuis un bon mois dans mon petit appartement du port sur la clyde alors là sortir, voir du monde, entendre de la musique, sourire au serveur me faisait le plus grand des biens.

Irving avait vrai sur pourquoi cette ouverture était réussie... mais aussi sur le pourquoi tous deux n'appréciaient que moyennement l'endroit. Même s'ils ne risquaient pas de le dire à Mary – ou si oui, avec un maximum de diplomatie et un océan entre elle et eux. « Ça me plaît pas trop non plus. » Il avait baissé la voix, imitant Irving. Quelque chose le mettait mal à l'aise dans cette boîte de nuit, sans qu'il puisse dire quoi. Quelque chose qui allait plus loin que le nom de celle-ci, son personnel, son deuxième étage, ses... services. Il sentait ce sous-entendu dans la voix du jeune homme et il fut bien content qu'il ne poursuive pas sur sa lancée et tombe plutôt sur le sujet des jumeaux. Johan lui répondit, innocemment :« Non, voyons, je les ai laissé à l'entrée. Un clin d’œil pour le barman, assorti à son sourire plus chaleureux. Oui, j'ai un gardien pour la soirée. J'ai besoin d'une pause, une fois de temps en temps. »

Une gorgée de bière et une nouvelle odeur, féminine, forte, louve, dérangeante, fit son entrée et vint jusqu'à eux bien rapidement. Il tourna la tête pour regarder la nouvelle arrivante, qu'il salua sobrement d'un sourire après avoir avoir avalé sa boisson, reprenant le prénom prononcé par le serveur : « Nevaeh. » Un petit signe de la tête en plus et tu te rapproches un peu d'elle, facilitant ainsi la tâche à Irving pour vous parler à tous les deux sans faire la navette incessamment. Il n'avait pas pris le temps vraiment de s'attarder à connaître Seth, dans sa distance de la meute, mais ils avaient évidemment été présentés. Enfin, Seth, puisque Nevaeh... c'était compliqué, disons, son rapport avec la meute. Il avait entendu son nom, jamais vu son visage, il savait seulement que sa vie était loin d'être simple. Ne pas les connaître n'était pas une raison pour ne pas leur parler. Surtout ce soir où ils étaient en partie entre loups - bien que l'odeur de la louve soit différente et presque agressive (depuis son entrée dans la meute, il comprenait mieux cet instinct qui poussait à repousser les cabots), et où Nevaeh et lui n'étaient pas... travailleurs, dirons-nous. Elle était probablement une des personnes à mieux de pouvoir le comprendre, dans la situation, puisque Seth donnait également de sa personne. Le libraire renchérit avec enthousiasme à la proposition de boisson offerte par le serveur : « En plus du whisky, un petit shooter de vodka, ça te dirait ? Un pour toi, un pour Irving et un pour moi, d'acc ? » Quoi ? Il n'y avait rien de mal à se mettre dans l'ambiance un peu plus et à profiter, pour une fois ! Ce soir, il se détendait, alors autant s'amuser.

Je dansais… Cela faisait plusieurs heures déjà que je devais danser pour des hommes dont j'avais que faire. Ils me débectaient d'ailleurs, mais je n'avais pas le choix. Mary avait été très claire. Je devais payer ma place, mon tribut à la meute et donc, en gros, faire la p#te qui se trémousse sur une barre. Au moins avait-elle spécifié que jamais je ne devais me rendre dans les chambres privées. Cela c'était du ressort des humains et des humains qui travaillaient en haut avec Seth et moi. Quelque part, que je ne sois pas la seule "punie" me rassuraient. Au moins, on était deux dans la même galère et au cas où un homme voulait faire plus qu'il n'en avait le droit, il pourrait intervenir, évitant de devoir expliquer comment une frêle femme comme moi peut repousser sans mal à homme un peu trop avenant. Ma lupa m'avait fait prendre des cours de danse privée, tout comme à Seth j'imaginais d'ailleurs. Il n'était pas question que l'on se vautre et que nous fassions mauvais effet le jour même de l'ouverture. Devant nous se trouvait de gros bonnets, de gros portes feuilles si vous voulez. Il y en avait des plus… Comment dire cela… Des moins pervers et d'autres plus vicieux. J'avais vu quelques heures plus tôt un juge glissait la main dans son pantalon alors qu'il me regardait danser. Heureusement qu'il était allé très vite, accompagnée d'une humaine, dans une des chambres car ça devenait franchement glauque. J'aurais tout donné pour ne pas être là, mais je n'avais pas le choix. J'avais l'impression de n'être qu'un objet, encore plus lorsque je me retrouvais totalement nue sur la scène à m'accrocher sur une barre de fer que j'aurais pu plier si je l'avais voulu. On me laissait cinq minutes pour récupérer, renfiler une tenue, et repartir sur la scène. Je répétais ce schéma depuis 19h, tout comme mon compagnon de fortune d'ailleurs. Nous devions travailler six heures, avoir une pause d'une heure, puis danser jusqu'à la fermeture. Pendant notre pause nous devions être relevés, mais les humains nous remplaçants étaient arrivés en retard si bien que nous devions continuer. Il était deux heures passées quand enfin, je pus quitter la scène. Ce dont j'avais besoin? Une bonne douche. Je me sentais sale, et cela allait me coller à la peau. La musique finit par se terminer également pour Seth, et lorsqu'il rejoint les vestiaires communs que nous partagions tous, je lui lançais un regard compatissant, tout en enfilant quelques sous-vêtement, puis une robe que Mary avait acheté pour moi. Je grimaçais en me rendant compte combien elle était moulante et combien j'avais l'air d'une professionnelle du trottoir avec. Enfin elle était pas moche, ni si hideuse que ça, mais c'était tellement pas mon style, et après ce "travail", j'avais vraiment l'impression que je ressemblais à ces femmes qui vendent leur corps et leur âme pour de l'argent. J'attachais mes cheveux en chignon puis rejoignais rapidement le bas de la boite. J'avais besoin d'un verre, d'un bon verre d'alcool. Je me faufilais parmi la foule, évitant les mains aux fesses, et me traina jusqu'au bar. Les odeurs se mélangeaient, étaient immondes, mais je ne fis pas vraiment attention. Je me concentrais sur mon objectif pour oublier tout ce que je venais de faire au-dessus… Je passais derrière le bar grâce à mon badge passe partout – au moins un avantage – et sans demander mon reste, je pris la bouteille de Vodka la plus proche. Je m'en servais un verre, puis un second, et cela me dit un bien fou. Je me sentis un peu plus… Zen, nous allons dire. Me tournant vers le bar, j'eu la bonne surprise et à la fois, l'honteuse surprise de voir Johan en plein discussion avec Irving. Et puis, je la vis Elle, cette cabot qui n'avait rien à faire là. Ce fut plus fort que moi. Rapidement, j'arrivais à la hauteur d'Irving et pris le bras, fermement à la louve. Je plantais mon regard dans le sein, et on ne peut plus froide et méchante, je lui dis

Que fais-tu ici? C'est NOTRE territoire, tu n'as pas à venir le souiller

Peu importait le boulot que m'avait donné ma Lupa, je restais l'exécutrice de ma meute et je ne supportais pas voir un intruse dans un lieu appartenant à la meute. Elle n'aurais jamais du se pointer là, j'en étais certaine. Et je comptais bien la remettre à sa place. Plus rien ne comptait, pas même les humains, dont certains commençaient à arrêter de danser pour regarder bizarrement la scène qui se passait non loin. Je ne pouvais pas laisser passer ce que je considérais comme un grand affront

Je faisais mon travail. Plus le temps passait au service de ma Reine, et plus j'avais l'impression qu'il y avait de casquettes différentes que j'étais capable de ceindre. Il fallait bien sûr que je me mette en tête que j'étais désormais destiné à cela ; faire ce qu'on me disait de faire, y compris quand cela ne faisait qu'effleurer mes véritables compétences. Il semblait de toute manière que le meurtre seul et l'intimidation ne suffisaient plus. Ou alors, j'avais déjà intimidé et tué tous ceux qui se trouvaient sur le chemin de ma Reine... Cela dit, pour ma mission actuelle, je n'avais semblait il pas le choix que d'accepter puisque j'étais à l'origine de mon déploiement ici ! Somme toute, cela contribuait à m'occuper pendant que ma Reine n'avait pas directement besoin de moi. Je n'avais jamais supporté l'oisiveté, et maintenant moins que jamais. Qui plus est, cela m'avait permis de mettre Cora au travail, pour le coup quelque chose qui convenait aux compétences dont elle savait faire preuve. Je savais bien entendu qu'il n'y avait rien de plus précieux qu'une femme qui sait utiliser son corps comme un outil de travail. Je ne pensais pas cela de manière péjorative, bien au contraire. Le monde moderne nous avait de plus en plus écarté de toute forme de travail physique. Un barman, une gérante, des emplois de bureaux, tout ce que cette boite contribuait à créer n'était jamais que superficiel, fondamentalement parlant. Les danseuses utilisaient leur corps pour gagner leur vie ; elles parfaisaient leur maîtrise de leur hexis corporelle, et elles savaient tirer profit aussi bien de la nature qui les avait créées, que de leurs compétences acquises à force de travail. Je n'étais pas si différent de ces strip teaseuses et de ces prostituées de luxe. Moi aussi, j'utilisais mon corps pour gagner ma vie. Je l'utilisais pour tuer, et je n'étais bon qu'à ça. Toutes mes tentatives de faire quoi que ce soit d'autre dans ma vie n'avaient terminé que dans des échecs retentissants.


Mon oreillette grésilla quand de nouvelles instructions me parvinrent.


| Reçu |


Je surveillais que les remplaçants se mettaient bien en condition et rejoignent tranquillement leur « front ». Nouveau grésillements. Je réfléchissais un instant.


| Je peux, mais elles n'auront pas la même classe. J'imagine que celles que je peux ramener seront déjà en service, si tu vois ce que je veux dire. Dois je aller les chercher de suite ? Je ne pourrais pas les avoir au téléphone. Ou tu préfères que je reste? |

Je détestais véritablement ce que je faisais en cet instant. Je ne me débrouillais pas trop mal, je n'étais pas non plus un professionnel mais j'avais un bon niveau. On demandait beaucoup après moi, mais je n'étais là que pour danser, pas pour autre chose. Je ne voulais pas de toute façon, et Mary avait engager d'autres personnes pour faire ce boulot encore plus sale que le mien, ainsi que celui d'Isadora. Si nous ne nous entendions pas vraiment tout les deux, l'exécutrice de la meute me fit un regard sympathique lorsque nous avions été enfin remplacé par des humains pour danser avec pas mal de retard à croire que cela avait été fait totalement exprès. Enfin bon, je ne demandais pas mon reste, une fois que l'heure était arrivée, je m'étais donc rendu en direction de nos vestiaires pour prendre une bonne douche et me changer les idées. Je n'aimais pas cela du tout mais je suivais les ordres, simplement. Je n'étais plus cet ulfric, alors je faisais avec tout les inconvénients que cela apportaient. Je m'habillais ensuite de façon plutôt normal, assez sexy toutefois comme si je continuais à faire mon travail en quelques sortes. J'allais pouvoir reprendre des forces, reprendre on souffle, mais je m'attendais au pire à présent. Je ne savais pas si Nevaeh était arrivée mais en descendant je la voyais, elle parlait avec Irving et Johan. Avec eux cela se passait bien, mais Isadora arriverait sur place et la présence de ma compagne ne lui plairait pas assurément. Elle ne faisait pas partie de la meute, elle était un cabot, un lycanthrope méprisable en somme par tout le monde, la risée, pire que moi. Je sortais des vestiaires, je constatais qu'Isadora était passé derrière le bar pour boire un peu d'alcool, elle n'avait pas encore vu Nevaeh, mais ça ne tardait pas. Alors que j'arrivais pratiquement à leur hauteur, elle lui prit le bras et la regarda avec mépris lui disant qu'elle n'avait pas à être là. Je n'aimais pas la situation, alors avant même que Nevaeh ne disent un mot, je me prononçais sur la sentence de l'exécutrice. Elle aurait forcément cette réaction, elle ne faisait que son travail. L'exécutrice de ma meute si j'en étais encore à la tête aurait agit de la même façon avec n'importe quel cabot présent ici. Mais la situation était un peu différente.

" Le club est là pour n'importe quel client Isadora, même pour elle. "

Je n'intervenais pas physiquement sur les deux louves. Si Nevaeh voulait se débarasser de son étreinte forcée avec Isadora, elle le ferrait. J'étais juste là si la situation dérapait. Mon partie était pris de toute façon. Je préférais ne pas faire de vague mais bon, ce n'était pas vraiment gagné.

Sa bière. La vodka. Une autre bière. Les rires.
Finalement, il avait bien fait de sortir.
Johan allait proposer une nouvelle tournée de shooters, incluant cette fois peut-être d'autres loups (était-ce l'odeur de Seth, qu'il avait brièvement perçu, ou un fruit de son imagination et des mélanges poisseux qui se mêlaient à la Lune Bleue?), quand une odeur bien réelle le distrait de ses camarades. L'odeur de sa louve à lui, qui venait de passer derrière le bar pour avaler de la vodka en moins de temps qu'il faut pour le dire. Isadora. Il aurait bien voulu quêter un baiser à Isadora, mais il avait à peine eu le temps de la remarquer – elle était incroyablement sexy et ça aurait été hautement difficile de ne pas la remarquer – qu'elle s'était rapprochée de Nevaeh à toute vitesse et avait empoigné son bras. Oh ho. Problèmes.

Seth fut le premier à intervenir. Il savait qu'il devait le faire aussi. C'était comme ça que ça fonctionnait, non? Chacun du côté de sa louve, chacun d'un côté, chacun à jouer le mâle, à montrer son autorité. Il reposa sa bière presque vide sur le comptoir et se redressa un peu plus. Johan posa sa main sur le bras d'Isadora – toujours de l'autre côté du comptoir, lui jetant un regard soutenu avant de retirer sa main, le temps d'une petite seconde, sans la force à lâcher l'autre jeune femme. Une façon de lui dire de respirer, qu'elle n'était pas obligée d'y aller avec la force physique brute pour commencer. Sa voix fut douce, plus diplomate que celle de sa compagne, et son intervention dirigée vers Seth : « Isadora a raison. À moins que Mary l'ait personnellement invitée, elle n'est habituellement pas très chaude à l'idée d'avoir des... étrangers sur son territoire. Même si Nevaeh n'est pas venue ici pour chercher les problèmes. » Parler de loup en public le répugnait et il avait donc pris ce terme, qui ne lui plaisait pourtant pas.

Il savait ce que Nevaeh vivait. Il avait aussi été un cabot. Un pestiféré. Accepté dans la meute de peine et de misère. Il avait gaffé mille fois, il le faisait encore, mais il se faisait à son statut. À sa vie. Même s'il n'était pas toujours d'accord avec tout ce qui se passait. Il espérait que Seth comprenne et lise ses excuses dans ses yeux pâles. Que Nevaeh comprenne, également. Il ne voulait pas gaffer une nouvelle fois, même s'il était en vérité un aimant à problèmes.

Je me doutais bien que Seth finirait par rappliquer. Je me doutais également qu'il prendrait la défense de sa louve, peu importe qu'elle soit en tord ou non. Il se fichait pas mal de notre meute et de nos lois. Il ne respectait ni l'une ni les autres alors je ne m'attendais pas à ce qu'il soit d'accord avec mes propos complètement fondés et appropriés. Ce n'était qu'une sale cabot, un cabot de surcroit qui était à l'origine de la mort des siens. Ce club appartenait à la meute. Il est l'extension de notre territoire et elle n'avait rien à faire ici. Il n'était pas question que je laisse passer son acte, et que je ne réagisse pas. Je suis la représentante des lois de ma meute en tant qu'exécutrice. Et en se pointant elle bafouait et ce qui avait été instauré à son encontre, et nos principes, et notre honneur. Elle me donnait une raison pour la pourchasser et faire de son existence une existence passée. Parce que c'était ce qui arrivait aux cabots qui oubliaient quelle était leur place : ils mourraient sous mes crocs et mes griffes. Qu'elle soit la copine de Seth, je n'en avais que faire. Il se serait s'agit d'un autre de mes frères, sans doute aurais-je été clémente, mais là non. Ce loup prétentieux avait déjà eu assez de traitement de faveur, et ce n'était pas à moi de lui tenir la main. Je ne l'estimais absolument pas digne de faire partir de ma meute, et je ne l'acceptais pas en tant que frère. Il n'était finalement, à mon sens, qu'un boulet qu'on devait pour l'instant se trainer. Rien ne plus, rien de moins.

Je ricanais lorsqu'il me parla, lui montrant que j'en avais que faire du discours qu'il pouvait me tenir. Franchement, il pensait vraiment que je l'écouterais? Il se foutait la patte dans l'œil si c'était le cas. De plus, il était complètement dans l'erreur encore une fois. Je ne sais pas comment il gouvernait sa meute, mais à mesure que je le côtoyais, cela ne m'étonnait guère qu'il ait précipité les siens dans la mort puis qu'il est fuis comme un lâche. Cela ne fit que m'énerver un peu plus, car encore une fois, il se pensait au-dessus de nos lois, ou pire encore, il ignorait ces dernières.

Je resserrais un peu plus fort mon emprise sur cette louve ignorante et complètement tarée. Et dire qu'elle avait été Lupa c'est ça? Mouais. J'avais beau ne pas aimer Mary, au moins, elle elle tenait la route. Je la fixais toujours, d'un regard féroce, lui faisant comprendre que si elle essayait d'utiliser aussi la force avec moi, elle perdrait. J'occultais complètement la présence des humains. Elle était en territoire de la meute, rien d'autre n'avait d'importance. Je ne me détournais d'elle que lorsqu'une main se posa sur mon bras. Je portais mon regard sur Johan, et je me radoucis légèrement. Légèrement. Disons que je serrais un peu moins fort le bras de la louve. Un peu moins. Il retira bien vite sa main, ne s'imposant pas, de m'ordonnant pas de laisser l'Autre imbécile tranquille. Il parla ensuite à Seth, que je ne regardais toujours pas. Mes yeux restaient tournés vers le père de mes enfants, qui prenait mon parti légèrement mon parti dans ses paroles. S'il n'y avait pas eu cette intruse, je lui aurais souris tendrement et l'aurais remercié. Là, je me forçais à rester neutre envers lui, car tel était mon "devoir" d'exécutrice. Je ne devais pas montrer le moindre signe de faiblesse – et oui, l'affection particulière que je portais à Johan est une faiblesse -. Je me détournais de lui, pour me concentrer de nouveau sur la jeune femme. Je dis, de nouveau, d'un ton sec et autoritaire

Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas Seth. N'oublie pas quelle est ta place.

J'en avais rien à cirer du loup. Je n'avais pas peur de lui, pas le moins du monde et son autorité était de l'ordre du néant. Je ne recevais d'ordre que de Mary, et je n'écoutais que mes frères, mes vrais frères. Si la présence de Johan et son contact avaient le don de me calmer, sa présence à lui, la présence de ce lâche, dans cette situation, ne pouvait que me pousser à faire un peu plus de mal à sa cabot. Vu les informations que j'avais pu avoir sur elle, je la considérais comme un faible mouton. Si elle était là, c'était sans doute parce qu'IL lui avait demandé de venir. Encore une raison supplémentaire pour les punir. Car non seulement ils bafouaient la meute, mais en plus, il m'obligeait à m'occuper de leur cas, et je ne pouvais pas profiter de ma pause pour passer du temps avec Johan. Autant vous dire que je n'étais pas prête de lâcher l'affaire aussi facilement…

Spoiler:

Je fis un sourire à Johan en signe de salutation comme il l’avait fais, première fois que je le voyais je demanderais des renseignements à Seth plus tard. Je regardais Irving, et les paroles de Johan me firent sourire. Une personne amicale avec moi faisant partie de la meute. C’était si rare.

« Moi non plus pour tout te dire, Irving. Je suis de passage, juste par curiosité on va dire.» Une curiosité qui risquait de me couter ma fourrure oui ! J’appréciais déjà Johan qui avait l’air sympathique, il devait me connaitre au moins de nom et pourtant il était agréable avec moi malgré la situation. C’était gentil de sa part, j’étais touchée. « Tu sais y faire toi dis donc ! Ok pour moi, je suis partante ! Et toi Irving ? Prêt ? » Il m’avait tutoyée, je le tutoyais. J’essayais le plus possible de m’intégrer et de faire comme les autres pour ne pas dépareiller avec le paysage. Mais malgré tout me trahissais à commencer par mon odeur étrangère à tous.

J’avais pensé que le calme durerait au moins une bonne heure, enfin c’était ce que j’espérais passer inaperçue pendant un moment mais ce ne fut pas le cas. Isadora, la seconde louve de la meute au fort caractère m’attrapa fermement le bras. Elle me surprit, je ne voulais pas la guerre et encore moins avec elle ! Je m’en doutais un peu qu’une pareille scène allait se passer, je détournais mon regard vers la salle les humains nous entouraient. Pas bon, pas bon du tout. Je n’avais rien dire. J’étais certainement en tord, elle aussi. J’avais ouïe dire qu’elle avait pour mission de danser et de divertir la clientèle. Moi aussi j’aurais aimé avoir un travail ce soir à la Lune Bleue même ainsi, cela prouver bien la manière de diriger de la lupa, cela ne me donnait guère envie de faire des efforts pour une telle personne. Je regardais la main d’Isadora qui serrait mon bras. C’était plus fort qu’elle. D’un coup sec, j’ôtais mon bras de son emprise. Elle voulait gagner la confiance de Mary pour se faire bien voir et accepter ? J’étais une belle raison. Seth arriva et prit ma défense comme il l’avait promis. Tout serait tellement si je n’étais pas là, Seth serait mieux accepté même si je doutais de plus en plus être un jour acceptée parmi cette meute. Johan avait été sympathique et m’avait redonnée l’espoir que les loups de Glasgow m’acceptent, mais Isadora avait tué toutes mes chances en à peine une minute. Elle ne pouvait pas rester où elle était celle là … en train de danser…Elle ne me portait pas dans son cœur, et c’était réciproque. C’était elle qui l’avait choisi, car je m’en serais faite une amie … C’était une hostile.

« Ca va aller Seth, merci. Ne t’attire pas des problèmes à cause de moi» Je lançais un sourire à Johan et Seth. J’étais sincère mais j’avais profondément besoin de Seth, lui n’avait pas besoin de moi. Je n’étais qu’une source à problèmes pour lui manifestement. Je ne regardais même pas Isadora, sa simple présence m’agaçait déjà. « Ne t’en fais pas Isadora ! Je n’étais que de passage ici, merci pour ton accueil plus que chaleureux. » Ironie à souhait mais pourquoi je ferais des efforts lorsqu’elle n’essaie même pas un peu ? J’allais tourner les talons et partir, je n’avais pas pu toucher à ma boisson. Je payais quand même Irving, et lui laissais un pourboire. Il n’était pour rien dans mon malheur, et il avait du boulot ce soir. Irving avait profondément raison, si nous devions nous battre il fallait sortir et attirer les projecteurs sur nous n’étaient pas la meilleure des solutions non plus. Je l’avais peut-être cherchée en venant ici, mais Isadora aurait pu se retenir. « Bois pour moi Seth. Ce sera pour une prochaine fois Johan. » J’eus la stupeur de voir Irving parlait à la sécurité. « Oh ce n’est pas vrai… » Je ne voulais pas en arriver là, mais Isadora lançait les hostilités aussi avec Seth ce n’était même plus moi le problème… Je me dirigeais vers la sécurité et Irving, il fallait les empêcher d’intervenir. Nous étions adultes, nous serions nous maitriser n’est-ce-pas ?

C’est non sans angoisse que j’arrivai devant la porte du Lune Bleue, un club aux allures branchées venant d’ouvrir ses portes à Glasgow. Malgré les temps sombres et l’insécurité grandissante en Ecosse le milieu de la nuit ne cesse de fleurir. Beaucoup ne semblent pas effrayés à l’idée de sortir la nuit. Je fais parti de ces personnes là, celles qui finalement vivent une fois le soleil couché et dorment le jour. Ces êtres humains qui ont calé leur rythme de vie sur celui des vampires.
Je levai la tête et admirai l’enseigne du nouveau bar-discothèque. Il était tenu par une certaine Mary Wellesley avec qui j’étais entrée récemment en contact. Il s’agissait d’une « amie » de ma reine. Je n’avais aucune idée de la nature de la relation que les deux femmes entretenaient et je n’avais pas à me poser la question. J’étais là dans le seul et unique but d’accomplir ma mission. La reine m’avait fait embauchée en tant que danseuse dans le club, de ce fait j’allais me tortiller sur scène toute la nuit comme je savais si bien le faire. Si la grande reine m’avait demandée de jouer ce rôle ce n’était pas dans le but d’occuper mes nuits mais plutôt pour lui apporter des renseignements sur les clients. En somme c’était une mission spéciale pomme de sang de sa majesté. Et je ne comptais pas décevoir celle qui avait changé irrémédiablement ma vie, celle qui m’avait délivrée de ma morne existence.

Je respirai un bon coup pour me donner du courage et je passai la porte de club. Il était environ 21h. Les employés étaient en place et il y avait déjà quelques clients qui sirotaient un verre au bar en riant. Je balayai la salle du regard. C’était plutôt spacieux et décoré avec gout. Fidèle au nom du club, la décoration était dans les tons bleutés ainsi que la lumière. L’ambiance était froide et à la fois chaleureuse. Ce premier état des lieux ne m’avait pas déçu et j’étais finalement plutôt contente de travailler là ce soir. C’était beaucoup mieux que mes anciennes activités et j’allais enfin gagner de l’argent de façon légale. Ce n’était pas réellement glorifiant comme job, mais n’était-ce pas la seule que je savais faire finalement, vendre mon corps ?

Une jeune femme aux longs cheveux roux vint jusqu’à moi alors que j’étais plantée devant le pas de la porte. Le sourire aux lèvres elle s’adressa à moi :

« Tu es l’une des danseuses. Cora je suppose. Suis-moi. »

J’acquiesçais d’un mouvement de tête malgré qu’elle se soit déjà avancée. Elle me conduisit jusqu’à une pièce en arrière salle. La pièce contenait divers portants avec de nombreuses tenues de scène ainsi qu’un coin aménagé pour le maquillage. Elle me tendu un cintre recouvert d’une housse et étiqueté à mon nom :

« Voilà ta tenue Cora. Une maquilleuse va s’occuper de toi. »

Sur ces paroles elle se retira. Je défis la housse du cintre et découvris ma tenue de scène. Il s’agissait d’un ensemble suggestif bleu nuit à paillette. Je l’enfilai avant de me faire maquiller et coiffer. Moins d’une heure plus tard j’étais prête. Je jetai un coup d’œil à mon reflet dans le miroir. Il me renvoyait l’image d’une femme désirable. J’étais très maquillée et mes cheveux étaient longs et bouclés.

Vers 23h00 après un court temps à servir derrière le bar on me conduisit à l’étage où l’on m’expliqua en quoi consistait mon travail. L’étage était constitué de salles closes et réservés à des clients « particuliers ». J’allais devoir offrir mes services à ces derniers.

A minuit 30 le club était déjà bondé, promesse d’un grand succès. J’avais enchainé quelques clients qui étaient repartis satisfaits, pour la plus part des hommes du monde la finance. Je venais de terminer de divertir un groupe de jeunes, parmi eux des fils de politiciens. Je sortis de ma salle close, ravie de constater qu’aucun client ne requérait mes services. Je décidai d’aller me rafraichir un peu avant de descendre à la pêche aux clients. Sur le chemin je croisais Torben qui me gratifia d’un sourire. Sa présence ici cette nuit n’était pas certaine et j’étais soulagée de le voir ici. Je savais que peu importe ce qu’il pouvait arriver, je serai en sécurité.

En bas les corps se serraient et dansaient au rythme du son. Je repérai bien vite un groupe de mâles près du bar, ainsi que deux femmes autour. L’un d’eux plutôt mignon et qui dans l’ambiance avait commandé des shooters peu avant se dirigea vers Torben. Je le suivis de loin, le prenant pour cible. J’avançais jusqu’à lui avant de lui tapoter sur le bras alors qu’il était prêt de Torben.

« Monsieur Badenov va régler ce problème c’est dans ses compétences. Laissez moi vous aider à rendre un tournent plus… agréable à cette soirée. »

Tentai-je de dire d’une voix sensuelle.

En réalité, bien que cela ne soit pas audible, j’étais angoissée à l’idée de me prendre un rejet de la part du jeune homme mais surtout par la présence de Torben. J’avais la terrible crainte de la décevoir.

Spoiler:

Les choses étaient ainsi faites. Je me répétais ça sans cesse en constatant que c'était toujours les mêmes qui bénéficiaient de la misère de ce monde ; ces riches et ces corrompus dans les pièces privées. Le sort voulait que ce soit aussi les individus les plus fragiles, dans une société où leurs vices pouvaient ternir leur réputation pour de bon et les mettre en prison. Mary avait été intelligente. Ce n'était pas tant les visites de ces riches qui la rendait riche. C'était la pression qu'elle exerçait sur eux qui les rendait totalement assujettis à son autorité. Grand bien leur fasse. Je m'étais débarrassé de telles faiblesses. Pour autant, alors que je pensais m'être débarrassé de tout ce qui autrefois m'avait rendu vulnérable, j'avais récemment découvert d'autres failles. Ne plus avoir de personnalité, être interchangeable, c'était en finalité ma nouvelle faiblesse. Je pouvais m'avérer être le pire des cancrelats quand il s'agissait de tuer quelqu'un, un véritable morpion qui ne se détache jamais de sa cible. Je ne lâchais rien, et même les pires blessures ne pouvaient m'empêcher d'accomplir ma mission. Mais sitôt qu'on passe le meurtre, le rapt, l'intimidation... Je ne valais plus rien. Incapable de soutirer des informations à qui que ce soit sans recourir aux méthodes d'interrogatoire apprises à l'armée en tchétchénie... Incapable de charmer aussi qui que ce soit. Incapable d'aimer, et donc de m'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le meurtre. La révélation m'était apparue avec autant de cruauté que ne l'avait été la torture des mains de ma maîtresse. Pour autant, constater mes faiblesses ne remettait pas en question ma loyauté. Dans ce nouveau monde qui était le mien, où je n'avais aucun talent pour la paix ni désir pacifique, je ne pouvais servir qu'une déesse guerrière... C'était là mon destin. Je l'acceptais, tout en espérant qu'on ne me demande plus de charmer ni d'approcher qui que ce soit, sauf pour tuer. Je commençais même à ressentir le besoin de faire couler le sang. Je respirais un bon coup. Toutes ces choses dans ma tête n'étaient là que pour tester ma foi en la Reine, je repoussais ces considérations bassement humaines, car humain je n'étais plus.


Sur mon chemin, je rencontrais un homme. Jeune. Barman, j'avais vu sa photo dans le dossier des employés fourni par Mary. Irving. Ma mémoire photogénique me servait plutôt bien. Je le regardais, et fronçais les sourcils à ses paroles. Deux mâles ? Pourquoi parlait il comme ça ? Il n'avait pas l'air d'un vampire, et ceux ci parlaient plus volontiers d'hommes et de femmes que de mâles et de femelles. J'allais l'interroger quand survint Cora en tenue sexy. Je la regardais arriver, un petit sourire aux lèvres. Je remarquais quand elle s'adressa à l'autre, qu'elle semblait parfaite dans son rôle. Je ne lui offris pas un seul sourire. La gaffe du mec m'avait mis sur mes gardes. Un pressentiment exécrable m'étreignait le cœur. Peut être qu'à n'importe qui d'autre cela n'aurait pas eu le même effet... Mais j'étais unique, pour mon plus grand malheur. Ces épreuves que j'avais traversé... La mort omniprésente, la souffrance physique et psychologique, l'horreur chaque nuit... Je savais qu'il y avait en ce monde des choses qui dépassaient l'entendement. Ma main glissa à sur ma veste pour enlever les deux boutons du haut. Si j'avais besoin de saisir mon arme, les choses iraient plus vite ainsi. Je jetais un regard à Cora, tout sourire. Mais mes yeux ne suivaient pas le mouvement de mes lèvres. Elle comprendrait que quelque chose clochait. Mary m'envoya de nouvelles directives.


| Je m'en occupe dès que j'ai réglé un petit quelque chose. |



Terminée, la voix sensuelle. Je lui répondais froidement, ne lâchant pas le jeune homme des yeux. Je n'étais pas homme à croire aux coincidences. Plus depuis que j'avais frôlé la mort pendant plus d'un an presque chaque jour, mutilé et torturé à de nombreuses reprises, et violé même. J'affrontais la vérité. Ma voix s'empreint d'une menace latente.


| Deux mâles... Et des femelles ? Pourquoi parler d'eux comme ça ? Quel drôle de choix de mot, pour des hommes et des femmes, pas vrai ? Tu vas me dire pourquoi tu as dit ça. Et vite. |


Aucun doute sur mes intentions ne subsistait dans mon regard.

Je savais que la présence de Nevaeh ferrait débat au sein de la meute, c'était une évidence même, mais bon, que cela prenne une ampleur pareil ne sentait pas bon. Je me ferrais taper sur les doigts quoiqu'il arrive, enfin, les propos d'Isadora ne me faisait ni chaud, ni froid, je savais qu'elle me dirait quelques choses dans ce genre là quoiqu'il arrive. Johan était un type sensé, mais je n'étais pas certains que ces propos auraient du poids dans ce qui allait advenir. J'étais donc intervenue et Isadora me disait de me mêler de mes affaires, de me souvenir quelle était ma place. Nous aurions pu faire un long débat inutile sur tout cela, mais je n'en avais pas la moindre envie. J'avais dit ce que j'avais à dire, point. Le barman nous demanda de partir en quelques sortes, que si nous avions envie de nous battre ce n'était pas l'endroit. Il était bien jeune, bien imbécile pour croire que nous ferrions cela ici. Même si les propos étaient durs et virulents, nous ne ferrions pas cela ici. Je n'aimais pas ce ton sec et provocateur que la louve usait à mon égard, mais ce n'était pas une nouveauté. Je ne voyais plus le petit barman, il avait du aller prévenir la sécurité pour cette broutille, quel benêt ce type quand même. Je ne l'appréciais pas du tout, même si cela n'était pas au niveau de mon ressenti pour celle qui avait fait autant de danses sensuelle et lascive à l'étage. Nevaeh était une grande fille, elle savait se montrer douce dans des situations comme celle-ci mais quand même, je n'aimais pas bien la tournure des évènements. Elle me dit que ça irait, qu'elle allait donc partir mais quand elle vit Irving parler avec le chef de la sécurité, elle prit peur et se lança à se poursuite. Elle se jetait dans la gueule du loup. De notre côté, les informations remonteraient rapidement aux oreilles de notre lupa à n'en pas douter. J'étais tout à fait prêt à subir n'importe qu'elle traitement, j'avais agis d'une façon convenable. C'était surtout Isadora qui avait haussé le ton tout de suite, je n'avais pas l'intention de faire de vague et encore moins Neveah en venant ici mais elle n'avait vraisemblablement rien compris.

À quelque part, le loup se sentait mal. Il ne voulait pas créer de problèmes à Nevaeh, ni à Seth, ni à Isadora. À personne, en fait. C'était pour cela qu'il avait pris le parti le plus raisonnable, même si selon lui, que la compagne de Seth soit ici ne changeait pas grand chose. Mais elle ne faisait pas partie de la meute, il le sentait, il le ressentait, et sans les instructions de leur Lupa, il ne voulait pas tenter le diable. Son sourire se fit piteux pour la jeune femme, qui venait de répondre à sa compagne avec un léger cynisme – et tout aurait pu se poursuivre dans la joie, l'allégresse et la déception si Irving n'avait pas... paniqué? Tout simplement grossi la scène, transformant leur altercation en une réelle bataille? Vivement, le libraire regarda son frère de meute, secouant la tête pour lui dire d'arrêter de se faire des idées et le reprenant sans animosité : « Irving, il n'y a personne qui se bat, arrête, on règle ça comme des ad- Pas le temps de terminer sa phrase que le barman avait tout simplement quitté l'arrière de son bar. Pour aller chercher quelqu'un de la sécurité, apparemment. Un long soupir. Nevaeh venait de quitter, aussi surprise que lui, et ils étaient là, tous les trois. Comme des adultes, oui. »

Tant pis, hein.

Johan se pencha vers le bar pour cueillir un baiser des lèvres d'Isadora, passant sa main sur sa joue. Bon sang qu'il l'aimait. Et qu'elle était belle, autant dans cette tenue sexy que dans ses vêtements de tous les jours. « J'espère que tu as encore quelques minutes de pause. » Il aurait préféré qu'elle ait terminé. Qu'elle n'ait jamais eu à faire ça. Mary n'irait pas jusqu'à prostituer ses loups et louves, enfin il osait y croire, mais ce qu'elle faisait en était si proche... il s'était déjà fâché pour bien moins que ça (heureusement, depuis le temps, il avait récupéré des nuits de sommeil presque décentes). Il lui sourit et alla pour lui voler un deuxième baiser quand un énième lycanthrope – assez baraqué celui-là – vint à leurs côtés pour clamer une tournée générale... avant de glisser à mi-voix aux trois loups, profitant de la folie des humains : « Mary veut vous voir dans son bureau. Tous les trois. »
Génial. Ils allaient devoir expliquer à Mary qu'ils ne se battaient pas, parce que c'était bien la seule raison pour laquelle il imaginait qu'elle demande à les voir, pour éclaircir la situation. Un regard entendu de concert.
Il attendit que sa flamboyante brune passe de leur côté du comptoir avant de partir avec elle, ainsi que Seth, vers le bureau de Mary, une main dans le bas du dos de la louve. Sa louve. Sa compagne. Un sourire à cette pensée qui était toujours aussi douce à son cœur. Isadora ne lui appartenait pas, il n'aimait pas cette notion qui chosifiait la jeune femme. Mais... c'était quand même la sienne.