Je ne peux sortir seule, mon jeune âge ne me quitte jamais et je ne souhaite guère prendre des risques avec ma vie. J’étais bien trop jeune, je ne me le niais pas, et je ne pouvais me permettre d’être assurée de par mon titre que personne n’oserait se confronter à moi ou bien même me blesser par une quelconque façon que ce soit. Il me fallait sortir avec mes gardes, ils ne me quittaient pas. Et les derniers événements me poussaient à être beaucoup plus vigilante. Je ne voulais pas que quelqu’un attente à ma vie alors je devais me coltiner beaucoup plus longtemps mes gardes. Je ne pouvais pas dire ouvertement que je leur faisais confiance car je ne leur accordais pas. Pourtant je les avais choisis personnellement, ceux qui m’avaient le moins déçus au final. Pour le moment je n’avais pas à me plaindre, mais cela ne m’empêchait pas de sortir pour autant. J’aimais principalement une rue et leur petit commerce tout comme les petits coins où il y avait des café/bars. Princes Street. J’aimais arpenter les rues, solliciter une personne qui croisait mon chemin… pour le pire et pour le meilleur. Il n’y avait pas grande monde ce soir, alors le plaisir que j’avais à marcher dans les rues diminuait à grande échelle. J’avais envie de sortir, combien même j’avais d’autres occupations bien plus importantes, il fallait que je sorte. Après j’irais à la Pomme du Diable, pas maintenant, je profitais alors que j’avais ordonné à mes gardes d’être le plus loin possible et le plus discret pour éviter que l’on me repère directement. J’avais gardé mes cheveux détachés, marchait à pas feutré et évitait de croisé les regards de ceux qui ne m’intéressaient guère. J’aurai pu mettre un manteau à capuche mais je ne l’avais pas fait. J’avais seulement enfilé un long manteau pour éviter que l’on aperçoit directement ma silhouette très féminine avec une robe des plus moulantes et assez courte avec un décolleté en V magnifique. Dans la rue sombre avec mon manteau tous mes atouts ne se voyait plus, mais cela ne me dérangeait guère, je n’étais pas là pour chasser ou pour trouver un jouet. Non, c’était pour moi l’occasion de faire le point, de m’aérer autre part avant de retourner à mes occupations principales.

Je tournais à un coin de rue, me disant que finalement il faudrait bientôt que j’y aille. Je m’arrêtais sur une vitrine alors que des robes y étaient déposées et sourit alors que je me disais que je devais faire cela dans le temps. Dans mon ancienne vie, je devais faire cela aussi. Pourquoi penser à cela maintenant ? Je ne savais pas. Je détournais le regard, me retournant pour quitter ce lieu définitivement après une longue heure à errer, mais m’arrêtais alors que je constatais qu’une silhouette se dirigeait vers moi. Je n’eue aucune difficulté à la reconnaître. Je savais qu’elle avait été embauchée par ma Mère pour surveiller Torben, un garde du corps en somme. Mais que faisait-elle en ces lieux ? Etait-il là également ? J’avais l’impression que quelque chose m’envahissait soudainement, et je réfrénais tout ce tas d’émotion avant d’aller aussi à sa rencontre.

« Bonsoir Erin. Que faites-vous donc dans ses rues ? »

Je connaissais son nom, et ne mentionnais nullement Torben. Je ne voulais pas que l’on se retrouve dans ses rues. ET je pensais bien que s’il était ici, ce n’était pas pour son plaisir personnel. J’étais loin d’imaginer qu’Erin le cherchait en vérité.

Erin… je ne la connaissais pas personnellement. Nous nous étions vu une fois ou deux seulement et je savais bien avant notre rencontre qu’elle avait été engagé par ma mère pour surveiller Torben. Au moins lui fournir une protection en plus même si je doutais qu’il en ait réellement besoin. La Reine ne permettrait pas qu’on lui fasse de mal, c’était pour ça que je ne m’en faisais pas trop pour lui à dire vrai. C’était son servant après tout, il était encore plus qu’une pomme de sang, ils étaient liés et cela me permettait de ne pas trop m’attaché non plus à lui. Malgré la soirée que l’on avait passée ensemble. Finalement, je devais une nouvelle fois trouver ma place. Rester à ma place serait le plus approprié. Il me fallait transformer ce cœur en pierre finalement. Peut-être le pourrais-je, en tout cas j’en prenais le chemin, je faisais tout pour. Et même si je n’étais pas encore mariée, j’avais l’impression que Julien pouvait m’aider. En tout cas, je n’aurais jamais pu imaginer croiser Erin dans les parages. Pas que ces lieux soient malsains ou autres, mais disons que je ne m’attendais pas à rencontrer des personnes que je connaissais. J’étais d’une humeur très changeante ce soir, et alors qu’elle répondait à ma question, je fronçais les sourcils, essayant de comprendre finalement ses mots. Je ne m’y pas plus de secondes, j’avais fait toute les possibilités dans ma tête et je me demandais pourquoi elle le cherchait alors qu’elle devait savoir où il était.

« Le chercher ? N’es-tu pas censé suivre son ombre ? » Je lui souris, alors que j’étais encore bien loin de la vérité. « A moins qu’il ait voulu te semer, je sais combien il peut être têtu aussi… »

Je finissais sur ses mots, mon regard parcourra les alentours, avant de suivre du regard un homme qui marchait dans la ruelle et passait à côté de nous. Je l’obligeais presque à se tordre le cou pour me regarder avant de déporter mon regard sur Erin. Je n’étais pas là pour jouer, et si Erin me disait que Torben était dans les parages je me faufilerais aussitôt, quittant ces lieux presque à la minute où elle m’aurait divulgué qu’elle savait finalement où il était. Je ne savais pas qu’il avait coupé les ponts avec la Reine, de même qu’Erin pour partir je ne sais où. Je ne voulais pas que mes informateurs se préoccupent de lui, il me fallait vraiment mettre de la distance entre lui et moi, un vrai obstacle avant que tout ne s’écroule.

« Et bien disons que je m’aère la tête avant de reprendre mes activités. Mais ne vous en faites pas, je ne suis pas totalement seule… »

Je tournais la tête légèrement, avant que mes gardes ne s’approchent un peu et qu’on ne les voit un peu plus. Erin pouvait désormais les voir. Ils étaient deux, peut-être n’était-ce pas assez, peut-être n’étais-je pas assez vigilante finalement, mais je m’en fichais. Je voulais profiter de cet instant avant de me ré-enfermer une nouvelle fois dans ce trop-plein d’émotion, ce gros poids sur mes épaules.

Mes maigres espoirs s'envolèrent bien vite. A la seconde où je lui annoncais que je cherchais Torben elle froncait les sourcils, me disant que j'étais plutôt censée suivre son ombre. Oui, en effet, le suivre, ou peut être même le précéder était mon boulot. Mais quand le boulot vous fausse compagnie... Eh bien vous vous retrouvez bêtement à le chercher, fouillant vainement Edimbourg à l'affut de la moindre trace, du moindre indice. Inexistant à mes yeux. J'aurais espéré que Jana ait eu des nouvelles de Torben depuis sa fuite, mais ce n'était certainement pas le cas. Je la connaissais peu, très peu, mais assez de réputation pour savoir que le lien qui l'unissait au Servant Humain de la Reine s'émiéttait. Sûrement était-ce sa volonté, leur volonté commune, de dissoudre ce passé commun. Enfin, ce ne sont pas mes affaires, je n'ai pas besoin de me poser de questions supplémentaire pour le moment, j'en ai déjà assez. La Princesse ajouta avec un sourire qu'il m'avait peut être faussé compagnie, qu'il était têtu. Têtu ? Je ne l'aurais pas qualifié comme cela, mais si elle le dit... Lui aussi je le connais peu au final, cela ne fait pas très longtemps que je suis son garde du corps. Une certaine complicité s'est installée entre nous, complicité qui améliore la qualité du travail mais pas la connaissance de ses antérieurs. D'ailleurs m'intéréssaient -ils ? J'avais déjà déballé tout mon passé à Krystel, le faire pour Torben n'est pas la meilleure chose à faire, quand bien même nous serions amenés à travailler ensemble encore longtemps.

Mais je m'égare dans mes pensées, revenons plutôt à l'instant présent. Jana me confia qu'elle n'était pas seule, en effet je m'en doutais, un minimum de prudence s'imposait dans sa situation. Deux gardes du corps se détachèrent discrètement de l'obscuritée. Deux ? Bon, au moins j'espérais qu'ils soient efficace, car ce n'est pas beaucoup. Mais je ne suis pas du genre à faire des critiques à tout va, je gardais donc ma langue sur ce point. Je lui réondis finalement :

"Vous n'êtes pas au courant ? Il a disparu il y a un ou deux jours. Il ne vous a pas donné de nouvelles depuis, je suppose."

Tente, Erin, tente. Bien que les chances d'avoir une réponse positive soient très minces, qui ne tente rien n'a rien. J'espère seulement qu'elle ne se méprendrait pas trop, ne croierait pas que sa disparition viendrait de mon imcompétence.

Alors que j’étais d’une humeur plutôt normale, ou du moins je m’étais assez adouci, ce qui suivi, ses mots surtout, me remettait dans une violente émotion. Celle que j’avais voulu écarter en venant en ces lieux même. La colère. Elle montait en moi doucement alors que j’avais l’air de tomber de haut. Disparu ? C’était quoi encore que cette histoire ? Depuis deux jours ? Comment n’avais-je pas été au courant ? Bien vite je compris pourquoi, la Reine ne voulait pas ébruité le fait que son servant était en plein fuite. Il n’était pas venu me voir, Ô que non, pas depuis cette nuit. Je l’avais rejeté un nombre incalculable de fois, même après cette folle et brute union. Je m’étais rendu trop tard que ça avait été une erreur. Le laisser croire que j’avais une quelconque émotion… il ne fallait plus que ça m’arrive. Alors je ne l’avais pas revu, pas intentionnellement du moins. Néanmoins, le fait qu’elle me dise qu’il avait disparu me mettait en rogne plus que jamais. Une inquiétude pouvait se lire à travers mon regard et je repris bien vite le dessus pour ne pas laisser transparaître quoi que ce soit envers Erin. Même si elle devait savoir un peu pour notre passé commun. Elle devait quand même être renseignée sur Torben et de ce fait par moi-même. C’est ce que j’aurais fait à sa place, j’aurai été cherché des informations, et le fait qu’elle pense que je pouvais l’aider prouvait aussi qu’elle en savait un minimum.

« Non je ne suis pas au courant, mais peut-être que ma Mère ne veut ébruiter cela… »

Je restais calme même si cela se sentait que j’étais sur le point d’exploser. Voilà ce qui arrivait quand on embauchait un humain, quand bien même Torben restait un humain, il avait acquis des capacités de par le lien avec la Reine, cela le rendait plus fort. Son passé aussi de membre de la HCV lui permettait de faire ce qu’il souhaitait, en partie de disparaître. Il avait les capacités pour, et même si je me mettais à sa recherche, je serais bien incapable de le trouver. Seule la Reine le pouvait. Le lien avec un servant était précieux, unique, et il n’y avait qu’elle qui pouvait le trouver. Quand bien même, je lui aurais foutu une bonne raclée, juste pour le plaisir. J’espérais que la Reine en fasse autant. Pourquoi ? Je ne savais pas. Ou si, s’il lui arrivait quelque chose c’est moi qui le tuerais. Combien même cette pensée était absurde. J’espérais au moins qu’il soit en sécurité. Mais une autre question trottait dans ma tête.

« Non pas de nouvelle en effet. Mais pourquoi s’est-il enfuit au juste ? Je l’imagine mal fuguer pour un rien, je crois avoir loupé un épisode. Deux même concernant votre incapacité. J’espère que ma Mère s’est montrée sévère à votre encontre. »

Oui j’étais devenue un peu plus dur, un peu plus froide. Mais je ne pouvais m’empêcher d’être franche dans une pareille situation. Déjà parce qu’elle m’annonçait quelque chose dont je n’étais pas au courant, et qui m’inquiétais beaucoup. Putain je ne pouvais pas m’en empêcher, j’étais toujours accroché à lui, inquiète à son sujet, même si je doutais qu’il puisse mourir facilement. Il avait beaucoup de ressources, mais diable s’il lui arrivait quelque chose… Je pensais autant pour moi qu’à ma Mère. Les gardes s’avancèrent un peu plus en sentant mon énervement, alors que j’essayais de me contrôler pour ne pas lui briser le cou.

La jeune Princesse ne savait rien, aucune nouvelle, mais c'était prévisible. Oui j'allais être contrainte de laisser tomber, j'arrivais presque à m'en convaincre. Presque ? Parce que je suis patiente et rarement pessimiste. Pourtant, là, maintenant, je bloquais et une petite voix me disait que je ne pourrais y arriver, que si ça avait été possible je l'aurais déjà retrouvé. Torben me prouvait encore une fois qu'il était exeptionel. Moi, Erin Danvers, ex espion hors pair de la CIA n'arrivait pas à mettre la main sur Torben Badenov, ex HCV et servant humain de la Reine des vampires. Voilà à quoi la situation se résumait. Sûrement seule Krystel pourrait le retrouver, vu leur lien. Enfin, pour l'instant il devait aller bien, il savait se défendre mieux que personne. Non ce qui me chagrinait c'était que... je n'avais pas l'habitude de me confronter à des difficultés qui me semblaient insurmontables, comme si tout cela remettait en doute toute ma personne... Jana enfonca encore plus le couteau dans la plaie. Quand je lui apris la disparition de Torben, une vague d'inquiétude et de colère passa sur son visage. Elle tenait donc encore à lui, malgré tout ce qui avait pu se passer. Elle me demandait ce qui avait bien pu se passer, puis... Je me pris une gifle, une bonne et grosse, une douche froide qui s'abattit soudain sur moi. Mon imcapacité. A quoi ? A le surveiller ou à le retrouver ? A le surveiller il n'y en avais aucune, la Reine elle même m'avait congédié. Quand à le retrouver, moi même je n'arrête pas de me remettre en question, bien qu'au fond... qu'avais-je finalement à me reprocher ? Il était fort, très fort, je le savais. Je pouvais le chercher sur toute l'écosse, il pouvait même être en mouvement constant. Alors mes chances de le retrouver s'avéraient vraiment infimes, surtout quand on connait ses capacités. En tout cas je ne pouvais permettre à la Princesse de penser cela de moi. Il ne faut pas croire, j'ai un minimum d'honneur ! Même si sa Mère ne veut pas trop ébruiter la fuite de son Servant, je ne pouvais cacher ce que savais à Jana. D'autant plus qu'il n'y avait pas grand chose. Je les avais laissés seuls, c'est ce que je devais faire. Les gardes du corps de mon interlocutrice se raprochèrent. Il ne fallait pas que la situation dégénère, d'ailleurs pourquoi cela arriverait-il ? Elle sait – du moins je l'espère – que je ne suis pas du genre à mentir. Aucun intérêt à le faire.

Je n'étais pas là quand il s'est enfui. Votre Mère est venue et m'a dit que mon travail était finit pour ce soir. Je suis partie, je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé. Elle m'a recontacté pour me demander de le retrouver. Votre mère ne m'a pas punie car mes capacités ne sont nullement remises en cause.

Peut être était-ce la phrase de trop, mais les mots sortirent tous seuls.

J’étais heureuse de ne pas le savoir avant, car au vu de comment je prenais la nouvelle j’aurais eu du mal à avoir les idées claires. Je ne les avais pas alors que je me trouvais devant Erin. Je ne voulais pas être transparente vis-à-vis de mes émotions, il fallait que je me contrôle au maximum, histoire de ne pas flanquer mon poing dans sa belle figure malencontreusement. Je savais que Torben avait des moyens très efficace pour disparaître, il était doué, c’était certain. Mais pourquoi ma Mère l’avait-elle choisi, elle, alors qu’elle n’avait pas l’air d’être aussi douée que lui. C’était ce que je pensais oui, et heureusement qu’il était le Servant de la Reine, car elle-même pourrait le retrouver. Il ne pouvait rien lui arriver, même si je pouvais m’empêcher d’être inquiète à son sujet. Il fallait que j’arrête ça, c’était à ma Mère d’être inquiète, pas à moi. Je devais être en colère contre lui, car il exposait ma Mère à fuir de la sorte, même si je savais combien elle était forte. Ce n’était pas le problème, il ne restait juste pas à sa place, tout comme il ne l’avait pas fait en ma présence dans mon appartement. Je ne l’avais pas revu depuis et c’était très bien comme ça. IL fallait que j’avance avec mon mariage, avec Julien, et au moment où j’avais l’impression d’aller mieux, je croisais son garde du corps…

Je souris alors que j’entendis ses mots. Elle n’était donc pas entièrement fautive, mais l’était un peu quand même suite à traquer une personne. Quand bien même elle avait un homme doué, il lui faudrait plus que redoubler d’effort pour éviter que cela ne se reproduise. J’étais confiante aussi dans le fait que ma Mère le retrouverait, c’était peut-être d’ailleurs déjà le cas. Elle était sans doute sur sa trace et Erin dans l’affaire ne servait à rien.

« Nullement remis en cause ? En concernant la traque ? Vous êtes loin d’être une experte, sinon vous l’auriez déjà retrouvé, ou au moins trouvé une piste assez bonne pour la suivre. » Je fis une pause alors que mon regard s’attarda sur la vitrine à côté de nous, avant de reposer mon attention sur elle. « Je ne pense pas qu’il soit resté en ville, et de toute évidence je ne peux pas vous aider car nous nous voyons très peu, il est censé resté aux côtés de la Reine. Mais ça, il n’a pas encore tout à fait compris… » Oui l’exaspération refaisait surface, néanmoins j’arrivais à la contrôler, à minima. « Je pense que ma mère est beaucoup plus apte à le retrouver. Vous vous en rendrez compte, peut-être est-elle déjà en train de le chercher, auquel cas ce que vous faites ne sert à rien. Seul leur lien fait toute la différence… » Je fis une pause avant de faire quelque pas sur le côté, jetant un œil à mes gardes avant de reprendre. « Pourquoi servez-vous ma Mère ? Pourquoi vous a-t-elle choisi pour être l’ombre de son Servant ? » J’étais curieuse, car il fallait un minimum que la Reine liu fasse confiance pour surveiller son Servant. Autant qu’elle me fournisse une réponse maintenant, et puis j’aimais tester les gens, leur poser des questions et jauger leur réaction. C’était presque mon quotidien après tout, et je ne connaissais pas grand-chose de cette femme.

Décidément, je me prenais une claque, une violente douche froide ce soir. Ce genre de paroles qui tout d'un coup vous ramènent les pieds sur terre et vous y garde collée un bon moment. Bien sûr, au fond de moi je me sentais nulle, nulle à ne pas retrouver Torben. Comme si toutes mes capacités étaient tout à coup reniés, comme si je n'étais plus ce que j'avais été jusque là. Pourtant au final je n'avais que très peu à me reprocher. En concernant la traque, oui mes capacités étaient remises en cause. Il était extrêmement fort, entrainé, doué, son lien avec la Reine ne faisait que le renforcer. J'aurais pu trouver une piste, au moins une qui tienne la route, autre que celle qui m'avais fait déduire que c'était dans le secteur d'Edimbourg que je devais chercher. Mais cela reste vaste, très vaste. Mon acharnement habituel me quitte peu à peu, mais il ne faut pas que je baisse totalement les bras. Mais que faire ? Où chercher ? J'avais l'impression d'avoir déjà passé toute la région au peigne fin. La Princesse sourit à mes paroles. Pourquoi donc ? Cela l'amusait ? Se rendait -elle compte, qu'en effet, tout n'était pas du à mes incompétences? Puis elle me balanca toutes mes questions intérieures à la figure. En apparance, je tenais bon, je ne laissais rien paraitre. Mais en moi la tempête faisait rage. Comment allais-je m'en tirer ? M'attirer les foudres d'une princesse n'est pas la meilleure chose à faire, surtout dans mon cas. J'eus l'impression que l'atmosphère se calmait quand elle reprit pour me dire qu'elle ne pouvait m'aider, que Torben est censé rester au cotés de la Reine mais qu'il ne l'avait pas encore compris. Elle aussi devait se maitriser pour ne pas me mettre un poing dans la figure. Moi je me maitrisais pour ne rien laisser paraitre de mes émotions, de ce que pouvais provoquer sur moi ses mots. Puis je me repris une autre claque. Je ne servais à rien. Voilà, elle l'avait dit. Je ne servais à rien. C'était donc là ce qu'elle pensais réellement ? Pourquoi sa mère m'aurait-elle demandé de protéger Torben si j'étais inutile ? Elle aurait pu me tuer, m'achever, j'étais à sa merci. Non, après quelques menues tortures et une discussion qui avait réussie à me faire changer d'opinion, elle m'avait embauché. A ses yeux je n'étais pas totalement inutile.

D'ailleurs la prochaine question de Jana concernait mon parcours. Je ne m'y attendais pas. Mes pensées défilèrent à toute allure. Qu'allais-je lui répondre ? Je ne pouvais lui mentir, mais lui dire qu'au départ j'étais là pour les espionner n'était pas non plus génial. Que devais-je lui confier, que devais-je passer sous silence ? Je ne pouvais cacher comment j'étais arrivée en écosse, je ne pouvais cacher que je travaillais pour la CIA. Après tout Torben était un ancien HCV, peut être ne le prendrait -elle pas si mal que cela. Krystel nous avait tout les deux magnifiquement retournés. Nous étions des fantômes. Des tueurs désormais à son service.

"Eh bien... J'étais au départ une espionne de la CIA. Votre Mère, la Reine m'a démasquée au bout d'un certain temps et m'a retournée. M'a convaincue que ce choix était le bon. Au départ j'exécutais des résaux d'espions étrangers, puis elle m'a affectée à la protection de son Servant. Pourquoi ? Sûrement parce que, jusqu'à maintenant, je n'avais pas montré... d'imcapacité à mes taches."

Je n’étais pas tendre avec elle, cela va sans dire. Mais si ma Mère l’avait choisie, au moins pouvait-elle au minimum lui faire confiance. J’aurais eu du mal à faire suivre mon servant par elle, mais peu importe. Je respectais le choix de ma mère, combien même Erin me disait qu’elle n’était pas là le soir où il avait disparu. Je ne pouvais pas écarter de mes pensées les questions qui tournaient sans cesse dans ma tête. Que c’était-il passé pour qu’il fugue ? J’espérais rien de grave, pensant à ma Mère avant tout avant de me soucier de la disparition de Torben. Même si en soit, j’étais certaine que Krystel le retrouverait. N’y avait-il pas de lien plus fort que son maître et son servant ? Je me demandais finalement pourquoi Erin le recherchait toujours… elle n’avait aucune chance de le retrouver si telle était sa mission. Je lui avais même exposé mes pensées. J’étais assez franche, et mon franc parlé n’allait pas à tout le monde. Il fallait parfois savoir encaisser. Et je trouvais qu’Erin se débrouillait plutôt pas mal. Pour le moment, elle ne m’avait guère froissé, j’espérais pour elle qu’elle reste dans ce respect. Parfois le titre de Princesse me convenait parfaitement. Comment ne pas aimer ce respect vis-à-vis de notre propre personne ? C’était exaltant… surtout pour mon égo. Quoiqu’il en soit, j’essayais d’éteindre en moi toutes ses émotions qui me chamboulaient et me parasitaient. J’espérais pouvoir vraiment être bientôt experte dans ce domaine. Et puis je ne voulais pas être aussi transparente. Ce n’était pas bon pour moi.

Je venais de la questionner, c’était dans mes habitudes finalement d’être certain de la personne que j’avais en face de moi. Je pouvais sentir si elle mentait, mais pourquoi le ferait-elle ? Je me méfiais de tout le monde, et je devais être capable de me rendre compte si l’entourage de ma Mère était suspicieux. N’étais-je pas la Chef des Chevaliers de la Reine ? Combien même Erin avait été apparemment choisie. Je l’écoutais attentivement alors que je n’en avais pas demandé autant. Bien, très bien.

« Espionne de la CIA… Vous êtes donc experte dans le camouflage et le mensonge. » ajoutai-je avec un fin sourire. « Qu’est-ce qui vous a convaincue ? Qu’est-ce qui fait désormais que vous soyez à nos côtés ? Prête à nous suivre quoi qu’il en coûte ? J’espère au moins que vous êtes conscience de votre… vie. » Mon sourire s’agrandit, sans pour autant cacher autre chose. « Ne vous inquiétez pas, même si je parais très brute dans mes paroles, vous devez garder à l’idée que c’est avec des erreurs qu’on apprend à mieux se relever… Même si ce n’est peut-être pas applicable à toutes situations. » C’était fou que ces mots sortent de ma bouche. Moi qui avais un échec cuisant il n’y a pas si longtemps que cela. Mon échec avait coûté la vie à Leopold et de ce fait ma Mère s’était éloignée. Comment ne pas être affectée ? Je le cachais bien au plus profond de moi.

Au final la situation ne dérapait pas. Tant mieux, tant mieux. Maintenant la Princesse me questionnait sur mon passé et mes choix. Des choses dont je n'aimais pas du tout parler. Pas que je voulais oublier, le temps m'avait appris que cela était impossible, mais je voulais enfouir ma vie d'avant au plus profond de moi. Etre dans le présent et dans le futur. Toujours. Regarder en arrière ne pourrait rien m'apporter de bon. Je restais américaine, je restais moi, une ancienne espionne de la CIA mais désormais j'étais surtout une ombre, une ombre qui devait suivre et protéger Torben. Pas une tache très facile, mais la facilité ne m'intéresse pas. J'étais à la fois patiente et acharnée, je ne renoncais pas facilement, sûrement c'est pour cela que je n'ai pas abandonné ma tache du moment. Bien que je sache qu'il s'agit d'une impasse. Nulle autre que Krystel ne pourra le retrouver.

Quoi qu'il en soit je ne pouvais me permettre un seul faux pas face à Jana. Elle me connaissait très peu et c'est en cet instant qu'elle se forge une opinion sur moi. Je peux ne pas rentrer dans les détails, mais je ne peux rester muette ou changer de sujet. Pas le choix. Ma réponse eu l'air de la satisfaire, un sourire s'afficha sur ses lèvres. Elle me demandait des précisions sur pourquoi cette décision de basculer, de changer de camp. Certains auraient vu cela comme de la trahison, peut être en était-ce dans le fond, mais je ne le voyais pas comme cela. Je changeais simplement de point de vue, de manière de voir le monde et la situation. J'ai appris, j'ai évolué. La CIA a du être triste quand on lui a annoncé la mort de leur élément en écosse, l'un de leurs meilleurs agents... Si ils savaient ce qu'il est advenu de moi... Bref, ce n'est pas le moment. Comment répondre ? Avec quels mots dire ces choses que je n'ai jamais pensé à formuler ? Dis donc, ce soir la Princesse me mettait mal à l'aise... Enfin je l'étais moins qu'il y a quelques instants, mais tout de même je ne savais trop comment lui donner les réponses à ses questions. Je décidais de ne pas trop réfléchir et de laisser sortir les mots.

"Je ne sais pas trop. L'assurance de votre Mère, peut être. Ses paroles. J'étais en écosse depuis 2007, mais le point de vue que j'avais de vous, des vampires, était celui que me donnait mes employeurs. Elle a su me convaincre qu'il était faux, que je pouvais très bien trouver mon compte de votre côté. Je fis une petite pause pour scruter la nuit. Vous avez raison, les erreurs peuvent nous permettre d'avancer, de changer dans un bon sens. Pour moi en tout cas."

Je crois que je n'avais jamais parlé comme ça. On dirait presque un philosophe ! Peut être le fait de me rendre compte qu'un échec dans mes missions était possible. J'avais trouvé quelqu'un de plus fort qui avait su me semer.

Je lui faisais une sorte d’interrogatoire, même si je le tournais différemment pour éviter qu’elle ne se sente trop accaparé. Je ne voulais pas non plus lui donner un sentiment d’étouffement. C’était tout de même la pomme de ma mère, je n’aimerais pas qu’on maltraite la mienne si j’en avais une. C’était ce qui me manquait d’ailleurs, surtout pour comprendre le lien que pouvait unir un vampire et sa pomme. Je devais d’ailleurs rencontrer Shane prochainement, la pomme de sang de Julien, pour être satisfaite de son comportement et de son attitude face à la situation. Je m’égarais dans mes pensées alors qu’Erin était toujours face à moi. Je me demandais si ce n’était pas mieux finalement de passer mon chemin. Qu’en avais-je à faire ? Elle n’avait aucune information concernant Torben et de plus en plus il fallait que je redouble d’effort pour garder le chemin sur lequel j’étais. Plus jamais je le laisserais entrer en moi de la sorte, s’ouvrir à moi également alors que je ne voulais rien entendre de tout ce qu’il avait pu me dire cette nuit-là. Extérieurement… car ça me foutait le bordel à l’intérieur de moi. J’en devenais presque malade, comme si toutes mes émotions étaient décuplées. Et si je n’étais pas amnésique ? Aurais-ce été pareil ? Pourtant, je n’arrêtais pas de le contrer et me maîtrisais, combien même il m’avait annoncé vouloir s’unir avec Cora. J’étais allé en ce sens d’ailleurs. Pourquoi ? Sur l’instant ça m’avait paru le plus judicieux. Je ne pouvais me déporté de mes plans juste pour lui, juste parce qu’il venait me chamboulée une nuit et d’un coup il repartait. Non, impossible.

J’étais encore torturée par ses pensées, ses souvenirs. Je me demandais comment je ferais si je le revoyais ; sauf que je ferais tout pour l’éviter. C’était aussi pourquoi je voulais m’entretenir avec la Reine. Je voulais parler d’un nombre incalculable de choses avec elle… Je reportais mon attention sur Erin, alors que je la sentais un peu mal à l’aise. En même temps je ne l’avais pas mis à l’aise du tout depuis le début. Pourtant, ma voix était posée et calme, pas comme au début ou je n’avais guère su contrôler la nouvelle sur le moment. Je ne la quittais pas des yeux alors qu’elle me répondait. Elle n’avait pas l’air très sûr et c’est ce qui piqua ma curiosité.

« Oui c’est vrai qu’elle a une certaine assurance. Ses années le lui ont permis. » Je fis une courte pause. « Comme beaucoup, certains ne se font pas de propres avis sur notre espèce, préférant écouter les dires des uns et des autres. C’est ce qui nous coûte continuellement. » Je remets bien comme il faut ma capuche histoire que je ne sois pas reconnaissable aussi facilement. Mon regard vagabonda quelque peu dans la ruelle qui était toujours aussi vide avant de reporter mon regard sur Erin. « Moi-même j’ai été accueilli par la Reine en personne, je sais ce qu’elle peut provoquer comme effet sur les gens aux premiers abords. Je lui en serais toujours reconnaissante, j’imagine que ça doit se rapprocher de cela, même si nous n’avons rien en commun de prime abord. » Ce n’était point une remarque cinglante, seulement une remarque. « Si vous pensez avoir fait le bon choix, c’est tout ce qui compte. J’espère que vous servirez jusqu’au bout la Reine, elle reste ma seule famille et j’ose espérer pour vous que vous n’avez pas d’intention caché sous ce beau minois… » Une façon bien à moi de la tester une seconde fois. Oui j’aimais cela, j’aimais encore plus le faire lorsqu’il s’agissait des gens que j’aimais, de ma famille tout simplement. J’en aurais fait de même en ce qui concernait Morgane.

Cette discussion prenait une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. Elle me tesait, c'était évidant. Je ne lui en voulais pas, si cela pouvait lui permettre de se faire une idée correcte de moi. Bien sûr j'étais mal à l'aise, la Princesse m'obligeait à refouiller mon passé, même si c'était le passé de la CIA, il faisait ressortir de ma mémoire tout mon passé. Ma jeunesse. Ca me dérangeait, par contre. Ce passé, il n'existait plus, j'avais même changé de nom depuis les rues de Tuscaloosa, maintenant, dans mon identité officielle j'étais née à New York, mon enfance devait rester entérée à jamais. En moi. Y repenser ne me ferait que du mal. Que du mal. Mais je ne pouvais pas me défiler non plus devant Jana, elle était la fille de la Reine, je lui répondais sans mentir mais pas non plus avec grand plaisir. A vrai dire rien ne me faisait très plaisir en ce moment. L'absence de Torben, mon échec quand à le retrouver, la situation d'inactivité totale et forcée qui en découlait... Il fallait bien que cette conversation se finisse un jour. Qu'allais-je faire ? Rentrer chez moi ? Continuer à tourner en rond dans Edimbourg, dans l'attente d'un miracle ? Je n'avais rien d'autre à faire, de toute manière. J'espère simplement que Krystel le retrouverait vite, tout reprendrait son cours normal, tout rentrerait dans l'ordre.

Mais nous n'en étions pas là, revenons au présent. J'écoutais à peine la Princesse même si je ne le montrais pas. Je me forcais à sortir de mes pensés et me reconcentrais sur mon environnement présent. La rue vide, la nuit, Jana. Elle espérais que je serais fidèle à la Reine, que je ne cachais rien sous ce "beau minois", pour citer ses mots. Pas de soucis la dessus. Je suis quelqu'un de fiable, d'ailleurs Krystel n'aurait pas pris de risques avec moi si elle avait eu le moindre doute. Je pouvais comprendre les inquiétudes de Jana, évidament. D'autres avaient déjà dû trahir, et la trahison est pour moi l'une des pires choses que l'on puisse faire. Oui, oui, on pourrait croire que c'était hypocrite, moi qui ai travaillé pour la CIA et qui maintenant est du coté des gens que j'espionnais. Mais pour moi ce n'est pas de la trahison, c'est simplement..; Un changement de point de vue. Une prise de conscience. Ou était la limite avec la trahison ? Aucune idée. Enfin, mieux vaut ne pas réfléchir à ce genre de choses, je n'ai aucune raison de me détourner des Vampires. J'esquissais un petit sourire :

"Ne vous inquiétez pas sur ce point. Je n'ai aucune raison de trahir."

C’était évident que je la testais, elle était assez intelligente pour le savoir. Je voulais aussi en savoir plus, car je ne m’étais pas véritablement renseigner sur elle. Je faisais tout de même confiance à ma Mère pour choisir ses pommes de sang, je ne remettais en aucun cas en cause son jugement ni son intelligence. Elle avait été un soutien considérable, en plus de m’avoir appris tout ce qu’elle savait. Je souffrais en vérité de sa non présence, de la non communication depuis que j’enchainais les échecs. Je ne pouvais pas demander à Erin comment elle allait, si tout se passait bien. Déjà rien que par le fait que son servant ce soit enfuit, cela ne devait pas être ses meilleurs jours. Quoiqu’il en soit, je continuais ma route, continuais à gérer ce que j’avais sur les épaules. Il fallait tôt ou tard que je reprenne un vrai objectif, et celui du mariage autant que celui de trouver cette dissidence parcourait de plus en plus mes pensées. Comment ne pas s’en soucier ? Erin avait elle-même d’autre chose à faire, même si elle avait eu l’espoir de trouver un peu d’aide de ma part. Malheureusement pour elle, depuis nos ébats, je fuyais Torben comme la peste. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il pourrait m’ébranler de nouveau et je ne le souhaitais pas. C’était un peu comme une drogue dont il fallait s’extraire. C’était pareil, il fallait que je l’extraie de tous mes pores de ma peau, pareillement pour mes pensées et mes souvenirs. Ça n’allait pas être une mince affaire, mais il fallait que j’y remédie au plus tôt. Les paroles d’Erin me permis de me reconcentré sur la situation présente.

«Nous verrons cela avec le temps. » ajoutai-je finalement en lui étirant un fin sourire. C’était vrai, le temps permettait de voir beaucoup de chose, beaucoup d’évolution et voir cela sur un humain ou bien même un vampire était très intéressant. Et puis, je doutais qu’elle se mette en travers de la Reine, elle avait un certain charme et une attirance très efficace. Torben par exemple… comme toutes ses pommes de sang. Finalement, l’idée d’en avoir une germait petit à petit dans ma tête. Pourquoi ne pourrais-je pas prendre un peu de plaisir également ? Un des gardes se racla la gorge et je compris tout de suite où il voulait en venir. Sans un mot, j’avais compris. Des affaires m’attendaient tout simplement, et j’étais assez vulnérable ici-même.

« Bien, je pense qu’il est temps pour moi de vous laisser. J’ai des affaires qui m’attendent et je ne peux m’offrir plus longtemps ce petit interlude. » ajoutai-je finalement, replaçant ma capuche correctement et mes cheveux également. « Au plaisir de se croiser une nouvelle fois... » finissais-je alors que je passais à côté d’elle pour continuer ma marche, mes gardes à mes côtés. Je repartais à la Pomme du Diable.

La Princesse me répondit avec un sourire que nous verrons cela avec le temps. Evidament, le temps pouvait changer bien des choses. Je ne préférais cependant pas trop essayer de m'imaginer dans cinq ou dix ans, ca me perturbait toujours. Je n'étais pas non plus une adepte du destin. A mes yeux ma vie ne dépendait que de moi et de mes employeurs. De mes capacités et des gens qui me confiaient des missions. Les premières me permettaient de survivre, les deuxième de vivre. Pas terrible comme explication, je reconnais, même si je ne peux en donner de meilleure. Les vampires avaient l'éternité devant eux, moi mon existence ne tenait qu'à un fil. J'aimais le danger, j'aimais tuer. Ce sont des choses dont on ne peut plus se passer une fois qu'on y a gouté. Mon travail est ma vie, et je ne laisserais pas un hypothétique destin changer quoi que ce soit. Croire en cela c'était douter et je ne pouvais me le permettre.

Enfin ici nous ne parlions pas de destin mais bien de temps. Le temps que Jana, elle, disposait à profusion mais dont moi, simple humaine, devait compter à chaque pas. Comme en écho à mes pensés précédentes, elle me dit qu'elle devait me laisser. Au fond cette entrevue avait été positive, même si de mon côté j'allais être contrainte d'arrêter mes recherches concernant Torben. La Princesse avait pu se faire une véritable idée de ma personne, une idée que j'espérais positive malgré le savon qu'elle m'avait mis. Depuis des sourires passaient régulièrement sur son visage, cela devait être bon signe. Elle avait des affaires à régler, je n'en doutais pas un seul instant, d'ailleurs j'avais été étonnée de la trouver ici cette nuit, avec uniquement deux gardes du corps. Je lui ouffris un sourire, un de mes rares sourires mais je pouvais bien faire cela pour la fille de la Reine... Je la saluais avant qu'elle ne passe à côté de moi pour reprendre son chemin :

"Eh bien au revoir, Princesse"

J'essayais d'avoir une voix moins froide que d'habitude, pour parraître juste un peu plus sociable. Je repris moi aussi mon chemin, me replongeant dans mes pensées sombre. Les rues étant vides, je ne me sentais pas à mon aise, mais alors pas du tout. Ma cachette à moi, c'était la foule. Je rasais les murs, cherchant l'ombre. Ce que j'allais faire ? Rentrer chez moi, dans un premier temps. Ensuite ? Ensuite je n'en sais rien. Je verrais bien quand je serais arrivée. Peut être pourrais-je passer voir la Reine, peut être cela pourra t-il me divertir et me faire un peu d'action.