Let's bang [Livre 1

Sujet: Let's bang [Livre 1 - Terminé] Mar 18 Sep - 19:46

Environ 15jours s’étaient passés depuis ma dernière rencontre avec Torben. Depuis ce fameux soir, il m’était bien évidemment arrivé à plusieurs reprises de repenser à ce que nous avions vécu, partagé, ce soir-là lui et moi. Cela avait été sans aucun doute agréable, animal aussi, et je ne saurais dire quoi de plus. Car il apparaissait qu’une fois encore je m’étais semblait-il embarquée dans une histoire promise à être on ne peut plus compliquée : Torben était un homme somme toute relativement sombre, vivant avec, et aux crochets, de la reine des vampires (rien que ça !). Je l’avais vu tuer deux hommes, je savais donc qu’il était capable du meilleur (j’avais sans nul doute plus qu’aimé ces moments charnels que nous avions passé ensemble) comme du pire. Après « l’inauguration » très personnelle de la maison communautaire humains/vampires, chacun avait repris son train-train quotidien.

En ce qui me concernait, j’avais encore quelque chose à régler avant que la maison n’ouvre officiellement ses portes, sans compter les deux autres projets que j’avais sur le feu. Mes journées n’étaient jamais assez longues, et lorsque je rentrais chez moi le soir, j’avais qu’une seule envie : me prélasser dans un bain bien chaud et dormir. Bien évidemment, il m’arrivait de penser à lui, et d’avoir envie de le revoir, pour partager d’autres moments, voir où les choses pourraient nous mener. Mais un évènement avait récemment bouleversé mon quotidien déjà bien agité. Camille, un ami métamorphe lui aussi, était venu confesser qu’il avait, lors d’un moment d’égarement (et de folie certainement !) parlé de ce qu’il était à la reine des vampires. Notre secret n’en était désormais plus un, et il allait devoir non seulement redoubler de vigilance, mais aussi élaborer un plan pour que notre anonymat soit le plus longtemps possible conservé, et notre sécurité assurée. Je lui avais parlé de ma pseudo relation avec Torben, et nous avions évoqué l’idée de l’exploiter autant que faire ce peut pour se renseigner, avec un contact, bien qu’indirect, avec les vampires pour les surveiller de loin. Camille avait émis des réserves, mais avait-on d’autres choix ?

Même si j’avais avancé ma relation avec Torben comme quelque chose de stratégique, il s’avérait également que j’avais bien évidemment envie de le revoir, de tester ses sentiments, si tant est qu’il puisse en avoir à mon égard. Car en 2 semaines « d’éloignement », je n’avais rien reçu de sa part. Il avait mon numéro, et moi je n’avais pas le sien. Ce qui s’était passé ce soir là m’avait tellement remué que je n’avais même pas pensé à le lui demander, et voilà…. Bref, je n’avais eu aucune nouvelle, nada, rien, niente. Et puis…. Il y a deux jours de ça, je reçois un appel…de lui…. Et là, debout nue devant ma penderie, je m’interroge sur la tenue la plus adéquate pour la soirée qui m’attend. J’ai profité de son appel pour l’inviter à dîner, espérant, pour diverses raisons, qu’il dirait oui. Et il s’avéra qu’il avait accepté.

Optant finalement pour une robe noire, laissant mes cheveux détachés et traînant dans mon appartement pieds nus comme à mon habitude, après la pause « maquillage » je m’affairais en cuisine, veillant à ce que mes lasagnes ne brûlent pas dans le four. Je regarde l’heure : 19h55. J’ai donné rendez-vous à Torben à 20H…. Le temps de préparer l’apéritif dans le salon que déjà j’entends sonner à l’interphone. Bien sûr, je me dis que je suis complètement folle de lui avoir donné rendez-vous ici, chez moi. Mais où aurait-on pu se voir sinon ? Il était hors de question que j’aille dans le nid des vampires, ça aurait revenu à me glisser moi-même dans la gueule du loup ! Après lui avoir ouvert la porte d’en bas, j’entre-ouvre ma porte d’entrée et finis la préparation de la table pour dîner. Je sors les lasagnes du four, et reviens me placer devant la porte alors que j’entends frapper.

« Bonsoir, lui lançais-je simplement, l’accueillant avec un large sourire avant d’aller l’embrasser du bout des lèvres. Entre je t’en prie. Je le laissais s’installer sur le canapé, m’asseyant à ses côtés. Je te sers quelque chose? J'ai du vin blanc, de la vodka, du martini rouge, et du jus de fruits.... Alors...Comment vas-tu depuis l’autre soir ? » La question était somme toute assez banale, mais c’était toujours la meilleure entrée en matière possible pour une discussion, voir plus si affinités…

J'avais mal partout en prenant ma douche. Encore une soirée à exécuter les ordres de sa Majesté, et à faire le ménage derrière tous les évènements de ces derniers mois, quand les choses avaient sérieusement commencé à déraper. Je venais pourtant de dormir une bonne douzaine d'heures et j'avais bien récupéré, mais mon corps restait marqué de ma dernière excursion. Parce que le Grand Maitre Nikos Panapopoulos avait laissé un sacré chantier au moment où il avait été exécuté par la Reine en personne. Si Krystel avait pu exterminer une large partie de cette misérable engeance formant le gros du contingent des hommes de main du vampire, certains ne se trouvaient pas sur place quand la purge avait commencé, et d'autres y avaient réchappé. Restait alors à terminer le travail, et c'était plus un job taillé à ma mesure qu'à celle de la Reine, dans le sens où la gestion de son Royaume de la nuit prenait tout simplement trop de temps pour accaparer ce genre de menues tâches, nécessaires certes pour faire disparaître toute preuve impliquant Sa Majesté dans le massacre, mais terriblement requérant en terme de temps. Et comme il était de plus difficile ces derniers temps de trouver des tâches à me faire effectuer vu le nettoyage que j'avais déjà organisé après les mariages royaux et princiers du printemps dernier... Retrouver ces vampires m'était donc dévolu depuis un moment. J'en avais retrouvé un à St Petersbourg qui avait déjà été tué pour une dette de jeu à mon arrivée. Un second était ici même, à Edimbourg, caché dans les bas fonds de la ville depuis des semaines. Je l'avais retrouvé. Je l'avais liquidé. Mais il m'en avait coûté.

Je me crispais en me lavant, à chaque fois que mes mains pleines de savon frôlaient les hématomes violacés que mes bras, ou quand je touchais mon genoux droit toujours gonflé du choc reçu. Le sang de ma Reine avait permis d'atténuer un temps la douleur et d'engager les réparations physiologiques adéquates, mais Sa Majesté ne m'en avait laissé plus qu'une dose habituelle, et c'était donc à mon corps de continuer le boulot jusqu'à au moins demain. La lèvre inférieure fendue se remit à saigner à la fn de ma douche, quand j'émergeais finalement du nuage de vapeur qui s'élevait dans la cabine. M'essuyant, je pris après grand soin de me préparer pour cacher un maximum les marques de mon emploi. Bien entendu, avec ma destination de ce soir, restait la possibilité de se dévoiler, mais mon hôte, Victoria, se doutait déjà des activités que je faisais au nom de la Reine. Je n'aurais qu'à argumenter du fait que j'avais dû protéger Krystel d'un fou furieux pour que cela passe, ce qui était qui plus est assez loin d'être un mensonge. Je m'habillais comme à mon habitude ; costume sobre mais classe, chemise à manhes longues retroussées, et veste noire. J'emportais une arme en holster, ayant promis à la Reine d'arrêter de prendre constamment des risques insensées sur ma propre sécurité. Que l'on m'atteigne moi et tout le discrédit en serait rejeté sur sa personne, de fait. Ce que personne n'apprécierait, et encore moins quelqu'un dans sa position !

Je me fis conduire par un chauffeur jusqu'à un fleuriste, achetant un gros bouquets de roses pour la jeune femme qui m'invitait. Victoria. Une humaine comme moi, rencontrée quelques semaines plus tôt un peu par hasard. Nous en étions venus à nous connaître de manière plus intime au fil du temps, devenant amants... Elle m'avait invitée deux jours plus tôt, alors que notre dernière rencontre datait d'une quinzaine. Mes activités ne me laissaient pas le loisir de m'impliquer plus que cela. Je touais finalement à sa porte, et la laissais m'embrasser doucement quand elle m'ouvrit. Elle était magnifique, dans cette robe noire et ses longs cheveux détachés. Très séduisante, je le reconnaissais volontiers. Je lui tendais le bouquet.

| Bonsoir Victoria. Tiens, c'est pour toi! |

Le tout accompagné de mon plus beau sourire. Je la suivais ensuite jusqu'à son salon, non sans détailler ostensiblement tous les endroits traversés. C'était d'un côté pour paraître poli et m'intéresser à ce qui constituait son existence, mais c'était aussi pour repérer tous les points d'entrée et de sortie possible. L'endroit était assez joli, je devais bien l'admettre, même si ce qui rayonnait le plus ici était la jeune blonde à côté de moi, qui me demanda ce que je voulais et comment j'allais. Je tentais de déceler un éventuel reproche sur le délais de mon rappel, mais je ne savais en identifier dans le ton qu'elle employait.

| Je veux bien une vodka avec des glaçons, s'il te plaît. Comment je vais ? Eh bien, très bien. Quelques petits soucis au travail, mais rien qui dénote réellement de l'habitude. Très pris, comme d'habitude, ce qui ne m'a pas empêché de penser à toi. Et toi Victoria, qu'est ce que tu racontes? |

Le bouquet qu’il m’avait offert était vraiment magnifique ; bien que je n’étais pas très « fleurs », en recevoir, de la part d’un homme charmant qui plus est, restait tout de même quelque chose de très plaisant. J’avais pris soin de poser le bouquet dans un vase que j’avais préalablement rempli d’eau, et l’avais installé sur la petite table basse, appréciant cette décoration somme toute très naturelle. Bien évidemment, il avait marqué un point avec cette attention, cela ne pouvait m’amener qu’à me montrer sous un meilleur jour encore. Lorsque que Torben avait fait son apparition devant ma porte d’entrée, la première chose que j’avais vue était qu’il avait le visage marqué ; il ne faisait aucun doute qu’il avait récemment eu à en découdre. Je commençais à imaginer les différents scenarii possibles : 1- Il avait de nouveau croisé le chemin d’adeptes de la HCV, et avait dû se battre à mains nues contre ces derniers jusqu’à ce qu’il finisse par avoir le dessus. 2- La reine l’avait envoyé régler ses comptes personnels, peut-être avec d’autres créatures de la nuit… Je me mis à l’imaginer torse nu combattant dans une arène, tel un gladiateur, et dus faire quelques efforts pour revenir dans la réalité. Je ne pouvais le nier : c’était aussi (et peut-être surtout ?) son côté « méchant garçon » qui m’avait en premier lieu attiré chez lui, ce côté sombre et rempli de mystère qu’il arborait au quotidien.

Je lui servis ce qu’il me demanda, tout ça accompagné d’un large sourire ; toujours poli et élégant lorsqu’il était avec moi, penser à ce qui avait pu se passer pour qu’il se retrouve ainsi amenait chez moi à la fois des sentiments de peur, d’inquiétude, mais aussi une certaine pointe d’excitation. Après tout, on était toutes fans de Tom Cruise, qui jouait souvent ce rôle de héro égratigné, à la fois bon et mauvais, fort et vulnérable. Pourquoi les garçons gentils, posés, tendres, plaisaient toujours nettement moins ?

Je me servis un verre de vin, alors que Torben répondait à ma question ; j’eus un sourire légèrement ironique lorsqu’il évoqua « quelques petits soucis au travail ». Je ressentis juste après un léger frisson lorsqu’il me dit que tout ça ne l’avait pas empêché de penser à moi. Il savait parler aux femmes, appuyer là où l’égo féminin se retrouvait flatté, c’était une évidence. Et bien évidemment mon petit côté romantique ne pouvait en être que ravi ; attendez, autant d’attentions, de mots gentils et plaisants, de la part d’un homme comme lui, bien sûr que j’aimais ça !

Je bus une gorgée de vin, avant de prendre à mon tour la parole :
« Et bien moi aussi j’ai été pas mal occupée ces jours derniers, même si pour ma part je n’ai eu à me battre avec personne ! Mon regard se posa quelques secondes sur ses lèvres que j’avais quelques minutes auparavant embrassé doucement, avant que je ne reprenne : Le temps passe tellement vite, je n’ai à part ça pas eu le temps de faire chose d’autre : j’ai pu voir quelques amis (je pensais instantanément à Camille et à sa « révélation »), allé me défouler un peu en salle de sport histoire d’éliminer quelques tensions…. Et c’est tout ma foi ! Rien de bien palpitant en ce qui me concerne ! »

Je m’installais un peu plus confortablement dans le canapé, me mettant face à mon invité, et croisant les jambes, mon verre à la main. Je bus une nouvelle gorgée, le regard toujours plongé dans celui de Torben. Après quelques secondes passées ainsi dans un silence presque religieux, je décidais de reprendre, passant une main sur son visage, m’arrêtant avant sa blessure :

« C’est pas joli-joli. Même si je ne peux cacher que ça apporte un petit côté sexy, ça doit être un peu douloureux non ? »

Je remarquais que ce que j'avais jadis appris à propos des femmes était toujours d'actualité. Acheter des fleurs, des roses, m'aurait autrefois mis dans le rouge au niveau de mon budget, mais ce n'était plus le cas aujourd'hui alors que je disposais désormais des moyens illimités de ma maîtresse, la Reine des vampires. Mais racheter des fleurs me faisait aussi replonger dans un aspect aussi passé qu'irréel de mon existence ; cela me ramenait à un passé ténébreux où j'offrais des fleurs à mon épouse aimante, à une époque où je rêvais d'enfants et de bonheur. J'avais cependant laissé tout cela derrière moi depuis un bon moment, et ne le regrettais pas. Au service de la personne la plus puissante et influente de cette Terre, je n'avais plus le temps pour quoi que ce soit d'autre que pour mon office. Si je n'étais pas en mission décidée de manière expresse par Sa Majesté, j'étais chargé de la protéger, ou bien de surveiller et d'apprendre Cora... Ce qui n'avait en soit rien de désagréable, puisque la jeune femme était ce qui se rapprochait le plus d'une amie dans ma nouvelle existence, et nous étions aussi amants à l'occasion, la Reine nous poussant sans cesse à tout partager en tant que ses serviteurs. Bref... Heureuse du cadeau que je lui ai ramené, je semble marquer des points auprès de Victoria, et je souris de son contentement. Je suis ici un séducteur, je suis même avec ce que je devrais appeler ma « régulière » de manière certes un peu cavalière, mais véridique. Après tout, si le fond de la relation n'est que factice, elle est la femme que je vois le plus régulièrement et de manière la plus intime en quelque sorte. Victoria ne sait pas tout ce que je fais pour la Reine, et de même, elle ne sait pas que je couche parfois avec Cora. Comment réagirait elle si elle serait au courant ? Une partie de mon travail est justement de maîtriser l'information. Et la seule que je dois communiquer à ma compagne de ce soir était que je passais un bon moment avec elle, ce qui en soi n'était pas un bien gros mensonge... Je n'étais pas amoureux d'elle ; j'étais convaincu ne plus pouvoir l'être de personne. Je nourrissais du désir pour elle, et une certaine affection, bien que je maîtrisais tous deux de manière absolue. Je saurais me retenir si le besoin s'en faisait sentir, et je serais même capable de la tuer froidement si la Reine me l'ordonnait. Rien ni personne ne pouvait se mettre entre moi et celle que je servais.

Je remerciais d'un signe de tête et d'un sourire la belle jeune femme quand elle me servit une vodka. Je la buvais pure et glacée, c'était doux et sirupeux, et cela ne vous barbouillait pas autant que si vous la mélangiez avec un soft comme du jus de fruit pour en ingurgiter plus facilement de plus importantes quantités. Elle même se servit un verre de vin, en parfaite adéquation avec l'image de femme distinguée qu'elle arborait le plus souvent. Et je devais bien l'avouer, sa chevelure blonde, sa robe noire, son corps que je devinais dessus et un verre de vin... La soirée commençait bien. Je remarquais bien entendu sa moue ironique quand je lui parlais de mon travail. Elle avait bien entendu vu ma lèvre, et devait deviner en me connaissant un peu, qu'il ne s'agissait pas d'un accident de cuisine ! Je fis tinter mon verre contre le sien avant de prendre une première gorgée, alors qu'elle me dit qu'elle avait mis à profit ces derniers jours pour son travail, ses amis et quelques loisirs. D'un air complice, je repris la parole, testant la jeune femme dans ses relations comme l'aurait fait l'amant gêné de savoir concrètement où l'on se trouve dans la relation.

| J'espère que tu n'as pas dû faire d'autres visites guidées de sites venant d'ouvrir, j'en ferais bien jaloux ! J'en viens même à espérer que tu me réserves ce genre de prérogative pour la prochaine fois où la Reine aura besoin des services de ton cabinet... |

Petit regard entendu, qui en dit long. Je lui fis qui plus est un sourire de la même veine, avant de répondre à sa question.

| Pas vraiment. Le reste par contre... Tu n'as pas encore tout vu ! Peut être plus tard dans la soirée... Mais dis moi, ça sent diablement bon, je ne te connaissais pas encore le talent de cuisinière, j'ai hâte de voir ce que ça donne! |

Après avoir bu deux ou trois gorgées de mon vin préféré, je finissais par reposer mon verre sur la table, souhaitant ne pas m’enivrer trop vite, afin de garde un minimum de contrôle sur la situation. J’écoutais Torben qui me confiait espérer que je n’avais pas fait trop de visites, faisant ainsi référence au moment que nous avions passé, et qui avait bien dépassé le simple cadre professionnel, c’était le moins qu’on pouvait dire…. Je savais cependant qu’il plaisantait, et qu’il ne pensait probablement pas sérieusement que je pouvais m’adonner à pareil « exercice » avec tous mes clients. Quoique… Après tout il me connaissait à peine… Cherchait-il avec cette petite pique à en apprendre plus sur ma manière de faire avec les hommes ? Ou bien voulait-il simplement que nous reparlions de ce qui s’était passé l’autre soir, peut-être pour pouvoir poser les choses à plat, et ainsi chercher à savoir où chacun souhaitait aller ? Connaissant de mon coté aussi relativement peu finalement l’énergumène, je me contentais dans un premier temps de lui offrir un large sourire amusé, avant de lui répondre finalement :

« Oh ! Et bien j’ai fait faire tout un tas de visites à tout un tas de gens, hommes comme femmes ! Ca fait partie du boulot… Je fais les plans, je veille à ce que tout se déroule comme prévu, et je termine par la visite du produit fini. Bien entendu, je ne suis que rarement aussi… « consciencieuse » que j’ai pu l’être avec toi l’autre soir.. Disons que tu as eu droit à un petit extra ; comme ça au moins je suis à peu près sûre d’avoir eu bonne presse auprès de ta reine ! Je me rapprochais légèrement de lui. J’espère que tu lui as fait un rapport favorable sur mon cabinet ; mon patron aime bien l’idée que la reine puisse faire uniquement appel à nos services en cas de besoin… »

Je reprenais finalement mon verre pour avaler une ou deux autres petites gorgées, alors que mon invité me faisait comprendre que, si cette blessure à la lèvre ne le faisait pas vraiment souffrir, il en était apparemment autrement d’autres parties de son corps, probablement elles aussi endolories. Je lui souris lorsqu’il évoqua la possibilité que je finisse par en voir davantage au cours de la soirée. Il était évident que l’attraction qu’il y avait eu entre nous était encore bel et bien présente, cependant je n’en oubliais pas non plus mon objectif. Ma survie en dépendait à présent… Il changea très vite de sujet, évoquant la bonne odeur venant de ma cuisine.

« Je dois bien avouer que je ne cuisine que peu au quotidien, essentiellement parce que mon train de vie ne m’en laisse que rarement le temps. Je ne sais pas faire des choses extraordinaires, mais j’espère néanmoins que ce j’ai préparé te plaira. J’ai laissé le plat dans le four, comme ça on est sûr de ne pas manger ces succulentes lasagnes froides ! Tu aurais dû m dire que tu avais été blessé, on aurait pu remettre ce dîner à plus tard. Je m’approchais encore davantage de Torben laissant mon visage près du sien, avant de reprendre, dans un murmure : Je ne voudrais pas finir d’épuiser le guerrier.. »

Puis je m’éloignais légèrement de nouveau, attrapant du bout des doigts une chips que je fis glisser entre mes lèvres. Je souris à mon invité, me servant un autre verre de vin avant de lui demander, attrapant ensuite la bouteille de vodka:

« Je te ressers un autre verre ? »

J'espérais tout de même que Victoria me répondrait assez honnêtement quand je la titillerais sur les détails de son existence. Pas tangiblement pour tout savoir d'elle, mais simplement pour avoir un ascendant certain sur elle. Je voulais tout savoir de Victoria, pour ne lui lâcher en retour qu'une partie des informations, ainsi je pourrais contrôler plus efficacement cette relation naissante. Enfin, si le mot de relation était bien le terme qui convenait ! Après tout, nous n'avions partagé qu'un verre, quelques baisers, puis une soirée très intime à l'occasion de la visite des locaux de la nouvelle maison communautaire. Communautaire, elle ne pourrait que l'être, tant nous avions partagé ce soir là, à un niveau certes individuel, mais très personnel... J'écoutais Victoria me raconter qu'elle avait depuis fait de nombreuses visites, aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes. Son sourire me disait la même chose que ses paroles, sauf que je savais qu'il n'y avait rien d'ambigu derrière ces propos. Elle n'avait rien fait d'égal avec eux à ce qu'elle avait fait avec moi, cela me paraissait évident. D'autant plus qu'elle vint me préciser juste ensuite que j'étais le seul à avoir eu droit à ce traitement de faveur. Je lui rendis son sourire, comme rassuré par ses propos. Je ne cachais pas que j'étais bien ici, mais je ne disais rien de plus des raisons qui me poussaient à être satisfait de ses paroles. Je sentais que mon emprise sur elle allait croissante, et ça c'était une réelle bonne nouvelle. Victoria se rapprochait de moi, alors que j'allais moi même persister dans la lignée qu'elle venait de me tracer avec habileté. Je rebondissais sur ses paroles, portant à nouveau mon verre à mes lèvres.

| J'imagine que c'est ce qu'on appelle la promotion canapé ou son équivalent, pas vrai ? Eh bien, sois en rassurée... Ta prestation exceptionnelle a valu à votre travail de recueillir assez de louanges auprès de Sa Majesté pour qu'Elle daigne peut être à l'avenir, vous accorder de nouveaux contrats. Mais tu te douteras bien évidemment qu'une seule petite compromission ne peut pas suffire à t'acheter un carnet des charges particulièrement rempli ; il te faudra faire encore beaucoup d'efforts dans ce sens... Et si je ne suis pas moi même conseiller de la Reine et que mes tâches n'ont rien de celles d'un décideur, je peux me targuer d'avoir son oreille attentive. Tu sais ce qu'il te reste à faire Victoria... |

Regard plein de sous entendus, plein de malice. Je plaisante bien sûr, mais je me rends compte aussi que je peux m'aliéner Victoria par la passion charnelle. Ca a déjà commencé, et ça va continuer. Moi, ça me contente. Ca me permet d'évacuer l'énergie sensuelle du sang de la Reine, que celle ci me fait boire chaque matin pour faire de moi quelque chose de plus qu'un simple être humain. Toute cette tension se relâche. Parfois avec Cora quand je suis avec elle. Et désormais, avec Victoria. Je fais bien cependant de garder de la distance avec tous ceux qui m'entourent. L'ancien Torben était faible de son émotivité et de ses conquêtes amoureuses. Je remarquais d'ailleurs que Victoria sourit quand je lui laissais entendre qu'elle en saurait plus sur mes blessures, au fil de la soirée. Elle ne semblait pas contre l'idée... Ensuite, la belle me parla de son train de vie, de sa cuisine, et des lasagnes qui ne refroidiraient pas. Je ne prenais plus de véritable plaisir à quoi que ce soit, mais je me réjouissais d'avance d'un plat consistant. Cela m'aiderait à me sentir mieux, d'autant que je n'avais fait que mauvaise chère ces derniers jours. Elle se fit taquine, avant de me reproposer un verre.

| Si j'étais un guerrier, peut être que je serais effectivement fatigué, mais ce n'est pas le cas, aussi sommes nous tranquilles ! Je ne suis pas blessé, Victoria ne t'en fais pas. Mon travail implique parfois de me prendre quelques coups à la place de la Reine ; mais rien de bien grave. Enfin, pas cette fois ci. Pour le verre pourquoi pas si tu m'accompagnes ; on ne va pas repartir sur une seule patte, pas vrai? |

Je la regardais, les yeux se faisant séducteurs et la déshabillant littéralement, avant que je ne me cale bien profondément dans le canapé.

| Et quelles autres surprises me réserves tu encore pour ce soir ? |

Torben m’assura ne pas être fatigué ; voyant son état, je devais avouer avoir un peu de mal à le croire. Comment pouvait-il faire pour tenir encore debout ? J’imaginais que le reste de son corps devait être parsemé de bleus et blessures en tous genres ; comment un homme pouvait-il se dire en pleine forme après avoir visiblement reçu un « traitement de choc » ? J’en venais à m’interroger ; prenait-il des drogues quelconques pour tenir, ou bien était-il simplement une « force de la nature » ? Toujours était-il qu’il n’en restait pas moins un homme attirant, séduisant, je ne pouvais le nier. J’aurais aimé pouvoir définitivement tirer un trait sur cette aventure que nous avions vécu, me dire que ce n’était qu’une histoire éphémère, que je savais et préférais sans avenir, mais ce n’était pas cas. J’ignorais pourquoi, mais une partie de moi s’accrochait, tout en sachant que cela ne me mènerait probablement nulle part. En effet, un combat semblait s’annoncer sur le long terme avec les vampires, et je savais de quel côté se situait Torben. Je savais aussi que je me devais, pour ma survie et celle de mon « espèce », tâcher d’en savoir plus, et pour se faire me servir de ma relation avec le bras droit de la reine de la nuit. Je restais quelques secondes silencieuse , réfléchissant à tout ca, lui servant un autre verre que je lui tendis.

« Ca ne doit pas être facile d’assurer les arrières d’une femme qui a probablement tout un tas d’ennemis j’imagine….. Quand je vois ton état…. Enfin, ça fait partie de ce que tu es désormais je présume. Arrêtons de parler travail si tu le veux bien, et concentrons-nous sur cette soirée. Je suis contente que tu ais fini par me contacter, je dois bien avouer que j’avais fini par me faire une raison ! Je levais mon verre, le fis teinter contre le sien, et avalais une longue gorgée de mon nectar. Quelles autres surprises je te réserve ? Et bien, je ne vais pas tout de révéler, ce serait dommage…. Je venais presque me coller conte lui, posant doucement mes lèvres contre les siennes le temps de quelques secondes. Je pense que je pourrais peut-être jouer un peu à l’infirmière si tu le souhaites…. Prendre soin de ce corps tellement malmené… Je caressais son visage du revers de la main, puis descendais vers son cou, sa nuque, lui souriant alors que je l’amenais doucement à se placer tout contre moi, sans pour autant le coller de trop, ne sachant pas à quel point il pouvait être blessé, et donc éventuellement avoir mal. Je suis contente que tu sois là » lâchais-je finalement, restant ainsi, contre lui, profitant de sa chaleur.

Des sentiments contradictoires m’habitaient : d’un côté, je me sentais menacée, puisqu’il semblait être on ne peut plus fidèle à celle qui voulait mettre les miens à mal, et d’un autre côté en sa présence une partie de moi se sentait rassurée, en sécurité, et avait envie d’être de nouveau dans cet état si unique et extraordinaire de communion avec lui. Je vins l’embrasser, du bout des lèvres, ne souhaitant pas rouvrir la blessure qu’il arborait.

« Et vous Mr Badenov, êtes-vous content d’être en ma compagnie ? » vins-je lui murmurer à l’oreille, avant de venir l’embrasser de nouveau, avec un peu plus de passion.

Victoria me servit un autre verre de vodka qu'elle me tendit. N'ayant plus l'habitude de l'alcool, je sentais déjà le premier verre me peser dans les tripes, réchauffant de manière bien douce un ventre vide. Le second ne manquerait pas de me faire tourner la tête, à moins que la puissance et la valeur du sang de la Reine ne me permette de combattre les effets de l'alcool ? Peut être serait ce le cas, je n'en savais trop rien. Cela dit, je me rendais compte que la soirée ne ferait que commencer, il me faudrait plutôt siroter mon verre que l'engloutir ou je ne manquerais pas de faire des erreurs plus tard dans la soirée, et cela ne convenait plus vraiment à mon éthique de vie. Victoria me dit qu'elle pensait que ça ne devait pas être facile d'assurer les arrières d'une femme qui devait avoir quantité d'ennemis sur le dos. En cela, elle n'avait pas tord, mais on ne m'avait pas choisit pour ce boulot parce qu'il serait facile, aisément réalisable. On m'avait choisit parce que j'avais les compétences requises, et surtout parce que je n'avais plus aucune attache sociale ou sentimentale. J'étais libre. Et surtout, s'il devait m'arriver malheur pendant l'exercice de mes fonctions, je ne manquerais à personne et ma disparition n'entraînerait aucune question embarrassante pour qui que ce soit. Je souris doucement quand Victoria me parla de mon état ; si seulement elle m'avait vu en d'autres occasions, ou quand j'étais encore un ennemi de Sa Majesté ? Quand j'avais été maîtrisé et violé par la vampire sous les yeux de mon ancienne épouse ? Quand j'avais été brisé, forcé de regarder ma camarade Andréa succomber aux charmes doucereux du sang de vampire, entre les bras même de celle qui me possédait aujourd'hui ? Victoria serait bien choquée de savoir à quel point la guerre que nous livrions était meurtrière, et douloureuse. Elle n'avait pas vu tous ces civils déchiquetés par la bombe à clous au manoir, et n'avait pas non plus assisté au carnage d'Edimbourg. Elle était encore innocente sous bien des aspects, ne connaissant l'horreur de ce monde qu'au travers un écran de télévision. Je souris de manière plus prononcée quand la belle vint me parler de mon absence de ces derniers temps ; je déposais un fugace baiser dans le creux de son cou.

| Il ne faut pas. Tu sais, je suis très pris et toi aussi. Le temps libre dont je dispose est souvent mal placé, très tard dans la nuit, ou en plein milieu d'un après midi. Et je suis constamment en déplacement, à l'étranger ou dans tout le Royaume Uni. Si je tarde à te rappeler ou à te donner des nouvelles, ce n'est pas un signe d'inquiétude à avoir, je t'assure. |

Se demandait elle autre chose ? Peut être qu'elle avait remarqué dans mon existence erratique les symptômes d'une double vie, ce qu'elle aurait anticipé avec raison. Ceci, pour la simple et bonne raison que je n'étais jamais là, que j'étais relativement jeune, et que je pouvais avoir toutes les raisons possibles et imaginables d'entretenir une famille et une épouse aimante, alors que ma relation avec Victoria ne serait qu'éphémère. Mais si j'avais bel et bien une double vie, celle ci se situait à un autre niveau. Ma loyauté allait à ma Reine plus qu'à ma famille, et je n'avais pour autre épouse que mon arme, et mon âme tourmentée pour la manier. Victoria coupa court à mes pensées en laissant un peu de mystère planer sur cette soirée. Elle m'embrassa et se colla contre moi, ce qui éveilla un désir bien humain, guidé par le sang divin qui parcourait toujours mes veines, même en infimes quantités.

| Tu pourrais, mais il faudra y aller tout doucement si tu ne veux pas m'acheter, vile séductrice. |

Je lui avais lancé « l'insulte » d'un air faussement accusateur. La belle me lacha qu'elle était contente que je sois là. Je l'embrassais sur le front. Elle m'embrassait tout court, avec des murmures plein de promesses.

| Moi aussi, c'est reposant d'être ici, au chaud, avec un bon verre et en si plaisante compagnie! |

Je l'embrassais à mon tour, posant l'une de mes mains sur sa cuisse tandis que l'autre vint se poser sur sa nuque pour prolonger le baiser. Mon autre main glissa doucement vers l'intérieur de sa cuisse, frôlant presque son entrejambe. Je me défaisais finalement de son emprise.

| T'ais je donc tant manqué que tu parais avoir envie de sauter le repas pour jouer à l'infirmière ? |

Même si avec Torben je ne savais jamais très bien sur quel pied danser, une chose au moins semblait certaine : il appréciait ma compagnie. Il suffisait de voir la manière dont il se comportait, ou encore sa voix, ses mots qui savaient se faire séducteurs. A n’en pas douter, Torben était un homme qui savait comment s’y prendre avec une femme. Il avait d’assez bonnes manières, en dehors du cadre intime ça va de soit, savait lancer les bonnes phrases aux moments appropriés. Il était certain que nous n’allions pas nous cantonner ce soir à de longues discussions profondes, et que tôt ou tard nous succomberions une fois encore aux délices de la chair.

Je me contentais de lui sourire lorsqu’il confia apprécier d’ores et déjà cette soirée ; puis il se fit ensuite plus entreprenant, répondant à mon baiser par un autre, débutant des caresses plus poussées, allant toucher ma cuisse, pour s’arrêter à la limite de la bienséance. Evidemment, je ne pouvais rester insensible à sa provocation ; il savait sans le moindre doute qu’une part de moi lui était déjà acquise. Peut-être même était-il convaincu que j’étais entièrement à sa merci, et il était probable qu’il valait mieux qu’il en soit ainsi. S’il pensait que tout était déjà gagné avec moi, il allait tôt ou tard finir par baisser sa garde, et je saurais saisir ces instants pour en tirer avantage. Plus j’y avais pensé, et plus il m’était apparu comme évident que c’était de ma faiblesse, de cette part de vulnérabilité que je portais en moi, que je pourrais tirer ma force. Si à ses yeux j’étais totalement inoffensive, il n’aurait aucune raison de se méfier, et je pourrais en tirer quelques bénéfices pour ma cause. Je devais bien admettre que de toute façon c’était l’unique plan que j’avais, alors je ne pouvais que l’exploiter au mieux !

« On dirait plutôt que c’est toi qui as envie de jouer au docteur, lui répondis-je, avant de lui asséner un nouveau baiser. Mes mains s’attardèrent quelques instants sur son torse, entreprenant une rapide descente avant de brusquement remonter. Quitte à jouer le jeu, autant ne pas aller trop vite en besogne non plus ! Est-ce que tu m’as manqué ?.... J’en sais trop rien, peut-être que oui, peut-être que non. Je plaçais l’une de mes jambes sur les siennes, le temps de remonter légèrement sur lui pour venir enflammer une fois encore ses lèvres. On dirait bien que notre blessé n’a pas faim que de nourriture, me contentais-je de lancer avant de m’éloigner de nouveau pour boire une nouvelle gorgée de vin. J’avalais en passant quelques gâteaux apéritifs, avant de me lever du canapé. Je vais aller chercher les lasagnes avant qu’elles ne soient trop froides »

Je m’éclipsais quelques instants, avant de revenir avec le plat que je posais sur la table que j’avais préparé pour le repas. Je piquais dans le plat avec une fourchette, et amenais cette dernière vers mon invité, reprenant ainsi place à ses côtés. Le fixant du regard, je venais placer la bouchée entre mes lèvres, histoire de m’assurer qu’il ne risquait pas de se brûler la langue, ce qui aurait été dommage pour la suite des évènements.

« Dis moi ce que tu en penses » lui dis-je, l’amenant à goûter mon plat, avant de lécher ce qui restait sur la fourchette, sans jamais détourner mon regard du sien.

Ce rôle que je jouais m'apparaissait comme étant de plus en plus nécessaire. La Reine avait besoin d'appuis, elle avait aussi besoin que ses serviteurs soient taxés de probité, de normalité aussi. Il fallait à tout prix que nous nous rendions atteignables par tous ceux qui disaient le contraire, qui nous pensaient vils, contrefaits et corrompus. Comme si nous étions porteurs d'une tare, une faiblesse, qui nous poussait à chercher la compagnie des vampires en règle générale et de la Reine en particulier. Comme si quelque part, nous étions des âmes faibles et tourmentées en quête de vies plus intéressantes que la nôtre à l'origine. Le résultat était le même, même si ces détracteurs avaient totalement tord sur le fond comme sur la forme. Oui, notre existence était plus intéressante. Pas parce que nous nous adonnions à quelques vices pratiqués dans l'ombre de leur intimité par tous les représentants de l'humanité, mais parce que nous abandonnions justement toutes les contraintes mortelles, sociales et culturelles, qui nous avaient façonné. J'avais toujours été quelqu'un de très croyant, avec une foi inébranlable qui me guidait. J'avais cependant finit par me rendre compte que toute ma foi avait été mal placée, ma confiance trahie, par une religion que je ne comprenais plus. Si nous avions une vie plus intéressante, si nous étions si bien, c'était parce que l'on avait renoncé à tout ce qui faisait notre humanité, ou peu s'en faut, pour servir le seul réel divin de ce monde et de tous les autres. Mais la situation était délicate. La déesse que je servais était entourée d'ennemis puissants. D'où le petit « jeu » auquel je m'adonnais ce soir. Me parer du masque de la civilité pour séduire et entretenir des relations « normales » aux yeux des hommes, pour donner le moins d'arguments possibles à ceux qui ourdissaient notre destruction. Je l'avais déjà dit, cela n'avait rien de désagréable comme rôle à jouer.

Ce rôle était important. Parce que ce masque permettait d'acheter des complicités, et mieux encore, de m'acheter une identité que je ne possédais pas. Comment le monde réagirait en apprenant que j'occupais le rôle de tout bon second rôle de film sombre et dramatique ? J'étais l'âme damnée de la Reine. Je ne voyais ni ne pensais que par elle, j'avais tout rejeté de mon ancienne existence pour occuper une place en Son Royaume, et je ne m'entravais plus de rien pour faire mon devoir. Je tuais et pas seulement pour me défendre comme quelques jours plus tôt, où j'étais d'ailleurs persuadé que mon acquittement était avant tout politique. Le monde humain était corrompu, il était temps de passer à autre chose. Mais je devais me concentrer, jouer ma partition de ce soir jusqu'au bout. Je sentais le corps de ma compagne se crisper sous l'effet de caresses tout sauf anodines. Je souris alors que la belle me rétorquait que c'était mon envie qui lui apparaissait comme étant la plus pressante.

| Rejetterais tu donc toute la « faute » sur moi? | fis je, faussement accusateur.

Taquine, Victoria vint m'embrasser sans cesser de me chambrer. Elle ne me donnait aucune réponse par rapport à ma question, mais je sentais bien que oui, je lui avais bien manqué. Parce qu'il se passait quelque chose entre nous. Parce que je jouais l'amant passionné, parce que je l'avais en partie conquise certes non sans mal, mais de manière bien plus avancée que je n'aurais pu le pousser de prime abord. Et difficile mais pas impossible de me contrôler, alors que Victoria se faisait plus entreprenante. Me taquinant toujours, d'ailleurs, avant de s'éloigner à nouveau pour manger quelques biscuits, boire un verre de vin, et faire en sorte que je reste pour l'instant sur ma faim.

| Tu es bien cruelle, bien sûr que je t'ai manqué ! Enfin je l'espère, sinon je me sentirais bien seul... |

J'acquiesçais d'un signe de tête et d'un sourire charmeur quand la belle me dit qu'elle allait chercher les lasagnes avant que celles ci ne refroidissent. Je terminais mon verre de vodka d'une traite, me réchauffant les tripes en même temps que je me rendais compte qu'il serait peut être bienséant de me mettre à table... je reposais mon verre vide sur la table basse pour aller m'asseoir sur la table dressée pour tous les deux. Victoria revint bien vite avec un plat aussi odorant qu'appétissant, et me fit goûter. Je mâchais d'un air appréciateur ; cette nourriture chaude et goûteuse me faisait un bien fou ; j'étais même content de ressentir un peu de plaisir à manger.

| C'est très bon... Mince ! J'ai complètement oublié d'amener une bouteille pour le repas, je suis désolé... Tu as quand même quelque chose pour arroser tout ça ? Je m'en voudrais de ne pas t'accompagner alors que tu as toujours ton verre. Et si je pouvais éviter de repartir sur une patte, ça me ferait du bien de me laisser aller un peu en ta compagnie.. |

Je lisais l’autre jour un article très intéressant qui parlait de l’amour et de la cuisine. D’après l’auteur de l’article, de tout temps on attribuait différents pouvoirs aux aliments pouvant remplir nos assiettes. Comme il le confiait, après tout c’était bien la pomme qui avait fait craquer Adam, et lui avait permis de découvrir avant l’heure les plaisirs de la chair. C’était comme ça, la nourriture était, la plupart du temps, reliée à des sensations agréables, et dégustée à deux et dans certaines conditions, manger pouvait donner bien d ‘autres envies par la suite…..

En ce qui me concernait, j’avais toujours aimé manger, et il fallait dire que le fait d’avoir grandi dans une famille privilégiée m’avait permis de bénéficier, grâce à Annie notre excellente commise aux cuisines, de repas tout bonnement fabuleux, touchant à la perfection. Aussi, la nourriture avait toujours été associé pour moi à des émotions on ne peut plus positives. J’aimais manger, et heureusement pour moi j’avais un organisme qui éliminait plutôt bien, sans que j’aie à me soucier de ma ligne. Ainsi, jouer ainsi au jeu de la séduction autour de la nourriture avec Torben m’apparaissait comme quelque chose de naturel et d’agréable. Cela m’ouvrait l’appétit à différents niveaux, et ne pouvait ainsi qu’être annonciateur d’une bonne soirée.

Mon invité confia aimer mon plat ; même si, de par la vie qui était la mienne, je ne cuisinais pas tout le temps, j’aimais bien ça, et Annie m’avait appris tout ce que je savais. Elle travaillait d’ailleurs toujours chez mes parents, et j’avais bien plus de contacts avec elle qu’avec ces derniers. Je souris à mon amant, alors qu’il s’excusait de ne pas apporter quelque chose à boire. Bien évidemment, en tant qu’amatrice de bonnes chaires, j’avais prévu une bonne bouteille de vin rouge pour accompagner les lasagnes.

« Ne t 'inquiète pas, j’avais tout prévu ! lui lançais-je avant de m’éclipser une fois de plus en cuisine, revenant avec ma bouteille de vin, que j’avais pris soin de déboucher avant son arrivée. Regarde moi ça, quoi de meilleur qu’une bonne bouteille de vin français! repris-je, lui servant un verre que j’allais porter à ses lèvres. Tu m’en diras des nouvelles »

Je le laissais goûter au vin, me servant moi-même un verre ; comme j’en avais pris l’habitude, je laissais mon regard rivé sur le sien, venant m’asseoir en face de lui, croisant négligemment les jambes.

« Alors, où en étions-nous ? » me contentais-je de lui demander, jouant soudainement à la vamp. Je me rapprochais juste un peu de lui, lui souriant avec un air qui voulait tout dire..

Je n'avais plus du tout l'impression de me retrouver autour d'un repas classique. La plupart de ceux que je prenais d'habitude étaient seuls, isolé. Ca pouvait aussi bien être dans une brasserie belge que comme un bouge miteux dans les terres gelées de Finlande, sur une terrasse des coteaux français ou dans un snack américain. Mes missions m'avaient déjà amené dans un grand nombre d'endroits. S'il se passait parfois un grand nombre de jours entre mes différentes missions, je pouvais tout aussi bien en enchaîner cinq ou six en une semaine, ce qui pouvait m'amener à de longs heures de vol, de décalages horaires, d'habitudes linguistiques et culturelles à prendre ou à changer... Je mangeais le plus souvent sur le pouce. Ce n'était pas une question d'argent, j'avais toujours beaucoup de liquide sur moi attribué par ma Reine pour effectuer mes tâches. Le puits n'était pas prêt de se tarir, bien loin de cela même... C'était surtout un manque de temps et d'envie de manger, de faire à manger. Je n'étais pas du genre à me laisser mourir de faim, mais je ne prenais plus goût à grand chose. Cuisiner ne m'avait jamais procuré le moindre plaisir, et maintenant que ma seule jouissance véritable était la servitude et l'accomplissement de mon devoir, je ne faisais que subvenir à mes besoins physiologiques. Tous ces facteurs faisaient que je n'appréciais pas tant que ça attaché aux valeurs liées à la bonne teneur des repas aussi bien en apports nutritionnels qu'en liens sociaux. Avec Victoria, je redécouvrais le plaisir de manger avec quelqu'un d'autre. Quand je parlais de plaisir, le mot était fort mais sans ironie. Manger un plat correct, chaud et consistant, constituait une meilleur nourriture que beaucoup des repas dont j'avais pu profiter au fil de la dernière année qui avait été particulièrement chaotique. Suite à ma demande, Victoria alla chercher une bouteille de vin. Joviale, elle semblait heureuse de partager cette bouteille avec moi. Et pas n'importe laquelle. Je lui souris, alors que je continuais de manger, finissant rapidement ma part et engloutissant aussitôt après un verre de vin.

| C'est vraiment parfait, Victoria. Tu ne peux pas savoir comment cela peut me faire de bien d'être ici avec toi, de manger un bon plat de lasagnes et de savourer un verre de rouge. C'est... assez reposant, et ça fait beaucoup de bien. |

Je le pensais. J'avais besoin de contacts humains, je m'en rendais bien compte. Même s'ils restaient limités, basés sur le mensonge et que je devais toujours contrôler, j'avais besoin de voir des gens. Même de manière évasive et momentanée. Il fallait que je voie des gens, parfois. Des gens que je n'avais pas à tuer, à menacer ou à passer au tabac. Cela changeait. Et ça m'aidait à garder pied, et à éviter de devenir isolé et paranoïaque, en d'autres mots moins efficace de manière générale pour le service de la Reine. Je voyais donc énormément d'avantages à cette relation et à cette soirée avec Victoria. Cela renforçait la Reine, répondait à mes besoins sociaux et physiologiques, tout en m'empêchant de sombrer définitivement dans la folie. Victoria se remit à me provoquer, et je repoussais mon assiette et mon verre sur le côté pour empoigner son menton et l'approcher contre moi, de sorte à l'embrasser. Malicieux, je m'éloignais ensuite d'un chouïa, de quelques centimètres seulement.

| Je me disais justement que tu étais bien trop habillée pour moi... Mais tu me sembles bien pressée ce soir. T'ais je fait aussi bonne impression la dernière fois? Je serais mauvaise langue que je te dirais que tu as peut être quelque chose à me demander... |

Alors que je faisais mon possible pour « vampiriser » mon amant, je ne pouvais m’empêcher de penser à la récente révélation de Camille. La reine des vampires savait désormais que des créatures nommées « métamorphes » existaient, et elle allait, si ce n’était pas déjà fait, lancer une grande chasse à ces créatures qui devaient attiser leur curiosité, et sans aucun doute leur soif de sang. Est-ce que Torben en avait d’ores et déjà était informé ?
Compterait-il parmi les « traqueurs » ? J’en étais certaine, et cette pensée suffisait à me glacer le sang. Oui, le fait était que malgré ce qu’il était, et le danger qu’il représentait, je m’étais quelque peu attachée à lui. Il me plaisait, surtout son côté sombre à dire vrai, et je n’avais pas vraiment envie de cette relation quelque peu étrange cesse. Comment réagirait-il s’il apprenait qui j’étais vraiment ? Se contenterait-il de me donner en pâture à sa très chère reine ? Je sentais qu’il lui était totalement dévoué, mais en même temps une partie de moi ne pouvait s’empêcher de penser que peut-être qu’au dernier moment un doute s’installerait, que peut-être il réaliserait qu’il tenait ne serait-ce qu’un petit peu à moi….

Je m’efforçais pour le moment d’éloigner toutes ces pensées négatives de ma tête, tâchant de profiter de cette soirée, qui semblait débuter sous les meilleurs hospices. Mon amant me confia être bien ici, dégustant en ma compagnie un bon repas. Ce fut probablement la toute première fois que je n’avais pas le moindre doute quant à la sincérité de ses paroles. Il y avait un petit je ne sais quoi dans son regard, dans le timbre de sa voix, qui m’amenait à avoir la quasi certitude qu’ici, maintenant, il était vraiment sincère, et une vague de chaleur m’envahit alors. J’étais contente de parvenir à lui apporter un peu de bien être, dans l’univers froid, et sombre dans lequel il avait choisi d’évoluer au quotidien. Peut-être pourrais-je être sa bouffée d’oxygène, sa bouée de sauvetage ?

Réalisant que je partais peut-être un peu loin dans ma projection, je me recentrais sur ses lèvres qui vinrent au contact des miennes. Le goût était doux, sucré par le vin qui était encore en partie sur sa bouche qu’il venait m’offrir. Il confia ensuite que j’étais un peu trop habillée pour lui, même s’il s’étonnait peut-être un peu de me voir si avide de passer à des choses plus sérieuses, intimes. Je commençais par lui sourire, avant de faire glisser juste quelques secondes l’une des bretelles de ma robes le long de mon épaule, avant de venir la remettre finalement à sa place initiale.

« J’ai vraiment fait le minimum syndical niveau vestimentaire. Juste assez habillée pour être présentable et provoquer l’envie chez mon invité, mais pas trop non plus, de manière à pouvoir par la suite m’en débarrasser plus facilement, lorsque le moment sera venu. Je souris de nouveau, remontant juste un peu ma robe pour lui laisser entrevoir le début de ma cuisse, avant de la remettre correctement. Je ne pense pas aller trop vite en besogne, mais il n’appartient qu’à toi de venir mettre le hola… vins-je lui confier à l’oreille, dans un murmure. Pourquoi tout de suite penser à mal ? J’ai simplement envie de te dérober un peu à ton quotidien, cela commençait à faire un peu trop longtemps à mon goût » finis-je avant d’aller l’embrasser. Je ne mentais pas : c’était vrai qu’il m’avait manqué. J’étais sincère, même si je ne perdais pas du vue que cette relation pourrait en plus m’aider dans la mission que j’avais décidé d’accepter, et qui consistait à essayer de protéger au mieux les miens…

Non, je ne sous entendais pas par là que les femmes étaient vénales, alors que je demandais à Victoria en m'en amusant, si toutes ses bonnes faveurs n'étaient pas dirigées dans le but de me posséder, ou de m'acheter quelque chose, d'une manière ou d'une autre. Cela dit, je n'étais pas loin de le penser. Avoir ouvert les yeux sur la réalité de ce monde m'avait aidé à me rendre compte du fait que le sexe n'avait pas que pour but la recherche de plaisir ou de proximité, ou l'expression de sentiments. Le sexe pouvait être aussi un moyen d'arriver à ses fins, je n'irais pas jusqu'à dire que le sexe pouvait incarner une certaine forme de monnaie, mais il était logique pour moi de considérer que certaines personnes ou certaines situations pouvaient avoir le sexe pour assurer des échanges, des transactions, des réclamations. Peu importait quoi. Je ne savais pas encore si Victoria était dans cette optique là. Il y avait toujours l'option qu'elle me manipule pour pouvoir lui ouvrir de nouveaux horizons professionnels. Ou alors, c'était une certaine célébrité qu'elle recherchait en s'acoquinant avec le garde du corps d'une des personnalités les plus suivies du monde entier. Peu importait quoi. L'important était que moi, je sache pourquoi je couche avec elle. Je ne devais pas perdre de but mon objectif, quand bien même la jeune femme s'avérait pleine de ressources pour faire passer un bon moment à ses invités... D'ailleurs, celle ci repartir sur sa tenue, et elle continuait de se faire sensuelle dans ses paroles. Habillée mais pas trop ? On savait tous les deux jusqu'où ce petit jeu allait nous mener, mais ça n'en était pas moins délectable que de continuer chacun à jouer notre composition. Elle jouait avec moi, dévoilant un peu plus de sa peau dénudée pour me retirer presque aussitôt ces visions. Lorsque le moment sera venu... J'arquais un sourcil, faussement moqueur.

| Tu as l'air bien sûre de tes charmes, Victoria. Te croirais tu déjà en terrain conquis? |

La question était légitime, mais surtout je voulais entretenir le mystère ; cela deviendrait dangereux si elle me considèrerait aussi rapidement comme sien de manière totale et irréversible. Je devais me montrer prudent dans la manière d'aborder la chose. Il n'appartenait qu'à moi de mettre le hola ? La belle revint m'embrasser, et je l'ttirais contre moi pour profiter de son étreinte en même temps que celle de ses lèvres. Je l'embrassais non sans passion, caressant ses lèvres, mêlant nos langues, fermant les yeux et massant sa nuque, jusqu'à ce que ma main n'aille d'elle même lui enlever l'une des bretelles de sa robe. Je me rendais compte cependant que l'intégralité de notre relation semblait se définir qu'au travers du sexe. Cette constatation ne me dérangeait pas. Si on sortait de ce schéma, alors elle risquait de se rendre compte beaucoup plus vite que je n'éprouvais plus grand chose pour quoi que ce soit, et que tout ceci n'était au final qu'illusion. Mais pas la plus moche ni la plus malheureuse des illusions, cela dit... Ma main continua de glisser le long de son corps, jusqu'à se poser sur ses fasses, les caressant puis les serrant pour continuer de la garder près de moi.

| Deviendrais tu accroc? |

Lui soufflais je entre deux baisers, m'attardant sur son menton, l'arrête de sa mâchoire, son cou, lui dévorant littéralement le cou de baisers ardents, remontant sa robe de mon autre main, caressant l'intérieur de ses cuisses, flattant son désir et attisant le mien.

| Tu vas voir mes blessures de guerre... | dis je avec un sourire

Etais-je sûre de moi face à cet homme ? Rien n’était moins certain. Car il me fallait bien reconnaître qu’en sa présence j’étais quelque peu (carrément) troublée, que j’avais le plus grand mal à avoir les idées claires, et que je préférais me laisser aller à des plaisirs aussi primaires qu’agréables. J’essayais de faire de mon mieux pour garder une certaine consistance, pour garde cette part de mystère que je savais plaire aux hommes. Si je n’étais pas du genre « vamp » je savais néanmoins que mon physique me permettait de m’offrir les charmes de plus d’un homme. Ainsi, je savais que je ne laissais définitivement pas mon invité indifférent, cependant je savais également qu’il n’en restait pas moins une anguille difficile à appâter. Je me contentais ainsi de sourire en guise de réponse, alors qu’il continuait à jouer au charmeur, venant capturer mes lèvres, ma langue, s’appropriant doucement chaque partie de mon corps. Lorsqu’il agissait ainsi, je sentais toute volonté de me débattre, de revenir à la raison, m’échapper. Et puis il fallait dire que c’était on ne peut plus agréable de se sentir ainsi attirante aux yeux d’un homme comme lui…

Je finissais de me rapprocher de Torben, resserrant davantage encore son étreinte, répondant à ses baisers par d’autres, alors que nos respirations devenaient plus rapides, plus saccadées, reflet de nos désirs respectifs. Ses mains parcouraient mon corps, alors qu’une des miennes étaient posées sur sa joue, et que l’autre venait se réchauffer sur son torse. Etais-je accro ? Je crois que c’était évident. Le simple fait de me trouver en sa compagnie semblait faire de moi une toute autre femme, une femme sensuelle, charmeuse, en apparence relativement sûre d’elle. Avec lui j’avais l’impression de comprendre ce que signifiait vraiment « être une femme ». Son pouvoir sur moi était donc tout aussi fort qu’incroyable, mais j’ignorais si de son côté il en était de même, ou s’il profitait simplement de la situation. Cela avait toujours été une tâche relativement ardue pour moi de percer à jour les véritables intentions d’un homme…

« J’en sais trop rien, faut voir… »me contentais-je ainsi de dire en réponse à sa question, sachant trop bien que rester évasive était sans doute le meilleur moyen pour appâter un homme et le garder dans ses filets. Je savais tout au fond de moi que j’attendais bien plus de cette relation que je ne voulais bien admettre, et que l’histoire de mon rapprochement afin d’essayer de pêcher des infos n’était au fond qu’un prétexte pour passer plus de temps en sa compagnie. Je savais aussi que c’était dangereux, et que probablement il ne ressentait de con côté rien de tel. Je souris lorsqu’il reprit la parole, avant de m’éloigner légèrement de manière à pouvoir plonger mon regard dans le sien. Je suspendis tout mouvement, l’amenant à faire de même, me contentant pendant quelques secondes de l’observer et de lui sourire, tâchant une fois encore de le percer à jour. Je vins ensuite caresser son visage de ses mains, passant du sensuel à quelque chose de plus intimiste, de plus tendre, venant frotter avec douceur mon nez contre le sien, profitant de son souffle chaud, fermant les yeux pour apprécier ce tendre contact. Je venais ensuite déposer de petits baisers sur son visage, commençant par ses joues, son menton, l’arrête de son nez, son front, m’arrêtant quelques instants sur ce dernier.

Mes sens de méta faisaient en quelque sorte de moi une humaine « extra-ordinaire », me permettant de ressentir chez l’autre plus de choses que ce qui pouvait naturellement sauter aux yeux. Ainsi, je pouvais sentir émerger de Torben une part de ténèbres, des souffrances enfouies, un vide. Ce n’était que des sensations, mais cela m’avait été plus d’une fois dan mes relations sociales.

« On a tous nos blessures, » lui murmurais-je, venant poser mon front contre le sien, appréciant ces contacts qui allaient au-delà du simple désir sexuel.

Je savais visiblement comment acheter les faveurs de ma compagne de ce soir. Quelques baisers brûlants sur tout son corps, quelques caresses et quelques promesses que mon corps lui soufflait alors que je m'approchais, me faisais aussi plus pressant contre sa peau et sa chair que je sentais déjà me réclamer. Elle ne résista pas longtemps avant d'accentuer encore un peu plus notre étreinte, venant s'installer plus encore contre moi. Je sentais ses lèvres et sa langue répondre aux miennes, nos baisers se faisant de plus en plus enfiévrés comme à notre habitude. Ce n'était pas commun ce qui arrivait, mais il fallait préciser tout de même que Victoria n'était jamais qu'une femme parmi toutes celles avec qui j'étais appelé à avoir des relations intimes. Qui me désignait ma Reine était forcément quelqu'un que j'étais forcé de contenter. Ce que je pensais cependant, c'est qu'ici je n'étais balisé par rien d'autre que par les envies de ma partenaire. Je devais bien faire en sorte que cela reste ainsi pour le moment. Mais bien vite, la belle stoppa tout mouvement entre nous alors qu'elle réclamait un peu plus de langueur dans nos échanges. Je m'immobilisais, sa peau chaude sous la mienne alors que je ne quittais pas son corps de mes mains. Elle me regardait, et je sus à ce moment là que j'avais gagné la partie. Rien n'était définitif, mais ce qui me semblait parfaitement clair, c'était que je devais continuer de mener la barque avec prudence. Je la sentais commencer à s'attacher à moi un peu plus qu'à l'amant en tant que simple conquête. Je savais que c'était le but, mais ça n'en rendait pas moins mon travail moins délicat. Allier liberté totale et semblant de relation suivie ne serait pas facile, et je devais la tenir au moins un moment pour que ça reste crédible compte tenu de l'attention qu'on me portait. Je me rendais compte que la belle me souriait, et que la proximité entre nous entrait dans un nouveau cap. Je m'en rendais compte puisque j'avais vécu la même chose avec Jana, quand on était encore deux adolescents paumés et qui se cherchaient dans les banlieues ouvrières de Kharkov. Victora mêla son souffle au mien, caressa mon nez avec le sien. J'étais plus que son amant, définitivement, même si elle même ne saurait pas encore mettre de mots là dessus. La belle m'embrassa de petits baisers chastes, pour finir par me souffler qu'on avait tous nos blessures. Me décalant légèrement pour lui faire face, je prenais un air surpris et concerné.

| Qu'est ce qui va pas ? Tu veux en parler, Victoria? |

Je devais me soucier d'elle si je voulais franchir cette étape avec succès. Autrement, je risquais bel et bien de m'enfoncer dans une nouvelle spirale négative. Je ne pouvais pas me le permettre, ma relation avec la jeune femme reposait avant tout sur l'attraction charnelle entre nous et était déjà fragilisée par tout ce que je lui avais fait vivre, notamment la fusillade le soir de nos « retrouvailles ». Je restais donc à son écoute, mais pour la pousser à délier sa langue, j'allais rapidement nous chercher notre verre de vin, verre dont j'engloutis une gorgée avant de venir me réinstaller près d'elle, posant ma main sur sa cuisse, remontant doucement sa robe vers son intimité, y allant très lentement.

| Si tu veux parler, je suis là tu sais... |

Sujet: Re: Let's bang [Livre 1 - Terminé]

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