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Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]
MessageSujet: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 13 Mar - 12:18

Allongée dans mon bain de mousse, Enya m’offrant quelques unes de ses chansons en fond sonore, je pensais à la soirée qui m’attendait. L’entreprise pour laquelle je travaillais avait signé, il y avait deux ans de cela maintenant, un contrat avec la ville pour la construction de ce qu’ils avaient baptisé une « maison communautaire humains/vampires ». Cette dernière était supposée représenter la cohabitation cordiale de nos deux espèces, en proposant tout aussi bien des loisirs, offres d’emploi, sorties communes. Personnellement, la seule chose qui m’avait enthousiasmé était le fait que j’avais eu carte blanche pour les plans de la construction. Ainsi, aidée par deux autres collègues, j’avais pu laisser libre court à mon imagination.

Même si je n’étais guère enchantée par la perspective de voir des humains « fricoter » avec des vampires, je devais bien avouer que ce contrat m’avait permis de me sortir de la dépression dans laquelle m’avait mise ma rupture, et l’adoption de ma fille. Je n’avais que peu de souvenirs de l’année qui avait suivi ces deux évènements ; la dépression avait semble-t-il effacer bon nombre de mes souvenirs… Il fallait croire que pendant tout ce temps j’avais fonctionné de manière quasi-automatique, tel un zombie. Ce projet était arrivé à point nommé, et m’avait suffisamment enthousiasmé pour me sortir de cette spirale infernale.

Je m’étais ainsi jetée à corps, et esprit, perdus dans les plans de cette maison communautaire, et ce soir tous ceux qui avaient participé au projet avaient été conviés à un cocktail prenant place à l’hôtel de ville. Officiellement, la maison allait ouvrir ses portes la semaine prochaine, et le maire souhaitait fêter la chose. De mon côté, je devais avouer que je n’étais pas très à l’aise à l’idée de passer toute une soirée à sourire et faire la conversation à tout le gratin, tout en sachant que parmi ce dernier se trouveraient un certain nombre d’êtres de la nuit. Depuis que mon « pouvoir » s’était révélé à moi, j’avais toujours ressenti leur présence, bien avant qu’ils ne révèlent au monde. Certes j’ignorais alors ce qui était différent chez ces « personnes », mais je le sentais. Je ne pouvais m’empêcher de penser que fatalement eux aussi avaient dû percevoir quelque chose de différent chez moi, et me retrouver au milieu d’eux, sans échappatoires possibles, comme j’étais l’un des architectes responsables du projet, m’angoissait un peu.

Prenant cependant sur moi, je finis par sortir bon gré mal gré de mon bain, m’enroulant dans une serviette, et me dirigeant dans ma chambre. Grande question du jour : comment devais-je m’habiller ? Mon métier « m’obligeant », hélas, à participer à ce genre de soirée guindée, j’avais dans ma penderie quelques robes de soirée, que mon salaire plus que correct me permettait de ma payer. Optant pour la robe noire, je me contentai côté coiffure de lisser mes longs cheveux blonds, et de faire léger sur le maquillage. Enfilant des chaussures à talon assorties et un manteau blanc, mon téléphone se mit alors à sonner. La voiture que mon patron m’avait fait envoyer m’attendait en bas de mon immeuble ; attrapant mon sac à main, je sortis enfin de mon appartement, soupirant longuement avant d’en refermer la porte.

Le trajet fut relativement court, l’hôtel de ville n’étant pas très loin de chez moi. Bien que j’avais dit à Pierce, mon patron, que je pouvais aisément m’y rendre à pieds, ce dernier avait insisté pour m’envoyer une voiture. Fier du projet, il souhaitait « bichonner » ces chers employés qui avaient fait selon lui « un excellent travail ». A peine 10min après être entrée dans la voiture, j’arrivais déjà sur place. Après avoir confié mon manteau à un homme tout à fait charmant, j’entrais enfin dans la grande salle de réception où avait lieu le cocktail. Pierce m’accueillit avec un sourire radieux, et me présenta à quelques hommes influents. Bien que j’essayais autant que possible de me concentrer sur mes interlocuteurs, je sentis plusieurs regards fixés sur moi, et je ressentis le léger malaise qui m’envahissait à chaque fois qu’un vampire se trouvait à proximité de moi. J’avais toujours eu peur que l’un d’entre eux ne finisse par me percer à jour, mais jusqu’à présent, rien de tel ne s’était encore produit.

Prenant congés de ces hommes, je me dirigeais vers le bar.

« Un cosmopolitain s’il vous plaît » demandais-je au serveur, avant de me tourner de nouveau vers tous ces gens habillés sur leur 31, échangeant quelques politesses.
Ce fut alors que j’aperçus un visage connu, qui n’était cependant pas sans me mettre légèrement mal à l’aise. Saisissant mon cocktail sur le bar, j’en avalais une bonne gorgée, alors que l’homme venait à ma rencontre. Lorsqu’il se retrouva face à moi, je lui offris un sourire poli avant de prendre la parole :


« Mr Badenov, bonsoir. Cela faisait un moment »
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 19 Mar - 12:06

    On m'avait passé un message de la Reine en début d'après midi, alors qu'elle était toujours au manoir du Roi, pour récupérer des blessures reçues lorsqu'elle avait mis fin aux jours immortels de Nikos Panapopoulos, un des grands maîtres de la nuit pour l'Ecosse. Le message était clair, je devais représenter la Reine au cours de l'inauguration officielle d'une maison communautaire, sensée être un espace de rencontres entre humains et vampires. Moi ? Pour une mission officielle ? Ce n'était certes pas la première fois, mais cela m'étonnait toujours. J'avais prévenu ma féale ; je n'avais des compétences qu'à tuer. Faire couler le sang, ôter des vies, mutiler, faire passer des messages, mener des interrogatoires... Appelez ça comme vous le voulez, mais Krystel m'avait au moins révélé à ce que j'étais réellement, sous toute cette chair, ces os et ces poils. Une véritable bête, un individu si mauvais que je ne ressentais même plus de remords quant à tout ce que je pouvais occasionner comme dégâts. Un animal. Krystel m'avait délivré du lourd fardeau de péchés que je ne parvenais pas à endiguer, psychologiquement parlant. En brisant mon corps, elle avait détruit toutes les barrières de mon esprit. Aujourd'hui, je pouvais m'accepter comme ce que j'étais, pour ce que j'étais. Et cela n'allait probablement pas s'arrêter en si bon chemin, vous pouvez me croire. J'étais donc toujours étonné, que la Reine me mette sur des missions qui ne concernaient même pas de loin mes compétences. Je n'avais purement et simplement jamais été doué pour la sociabilité, alors m'envoyer dans des cocktails mondains, je ne savais tout simplement pas quoi y faire ! Cela dit, c'était un ordre. Froidement, sans sentiment, sans penser à rien d'autre, j'accomplirais ce que Sa Majesté attendrait de moi. C'était ainsi. La servir pour seule et même dernière raison d'exister. C'était simple. Elle voulait que j'aille faire le paon et de ne pas tarir d'éloges sur la qualité des relations entre humains et vampires ? Parfait, je jouerais mon rôle comme on attendait que je le fasse.


    Je m'habillais en conséquence. Je délaissais mon holster, mes munitions et mes armes. Je savais que si on tenterait quoi que ce soit dans la foule, je servirais probablement mieux les intérêts de la hiérarchie que je servais en mourrant en martyr de la cause vampires mains dans la main avec les humains, qu'en faisant un carnage pour m'en tirer. De toute manière, peu de chances que ça arrive, le couple royal avait fait en sorte d'écarter, de museler ou de faire disparaître le problème une bonne fois pour toutes. Je ne craignais donc aucunement pour ce soir ; tout se passerait bien. Au cas où, j'étais tout de même prêt à faire ce qu'il fallait pour suppléer aux forces de sécurité, ne serait ce que pour défender l'honneur de la Reine. Bref. J'étais devant la glace, et ajustait mon nœud de cravate. Un costume gris foncé, presque noir. Une chemise blanche et une cravate bleu ciel ; tout ce qu'il y a de plus conventionnel, en somme. Je ne voulais pas donner dans le style tapageur. Je cirais mes chaussures avant de finalement me mettre en route. En tant qu'homme de confiance de la Reine et son représentant ce soir, j'étais sensé me mettre dans la peau d'un de ses plus proches assistants ou conseillers ; le titre importait peu, personne n'oserait me demander quelle était vraiment la tâche qui était la mienne auprès de la vampire devenue Reine de la nuit. J'étais protégé, par cette seule proximité que je partageais avec elle. Le chauffeur me déposa en voiture noire, parfaitement lustrée, et après avoir salué de la main quelques photographes, je fis mon entrée dans la place. Ces journalistes... Il y a quelques mois, j'étais une bête à abattre, responsable du carnage d'Edimbourg, et maintenant que la Reine avait fourni des « preuves » pour me dédouaner... J'étais presque devenu un héros, une victime moi aussi. Crétins. J'avais bel et bien tué, ce jour là, et c'était moi aussi qui avait tiré sur Krystel, son fils et Jana. Quelle ironie...


    Je reconnaissais une personne que je connaissais, au bar. Forcément, j'aurais dû m'en douter. Il avait bien fallu des architectes, pour construire ce bâtiment. Je préférais m'esquiver doucement vers le bar plutôt que de participer à une pantalonnade de discours du maire, ou ce genre de trucs. Je vins m'accouder à ses côtés.



    | Mrs Orion ! Je commence a croire que vous avez votre carte du club des cocktails chics et bien kitsch de cette ville... Un whisky s'il vous plaît. Sans glace. |


    Je m'étais tourné vers le serveur, qui me servit un vieux cardhu dans un verre large. Je ne ressentais aucune envie ni besoin, vis à vis de l'alcool. J'avais bien changé. La sensation était cependant agréable, quand je trempais mes lèvres dedans. J'avais remplacé une addiction par une autre...


    | C'est à vous qu'on doit l'endroit, alors ? J'aurais imaginé un bar plus grand... |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptySam 24 Mar - 13:26

Mon interlocuteur était on ne peut plus élégant, je devais bien le reconnaître. Il fallait dire que dans ce genre de soirée, si vous n’étiez pas sur votre 31 vous n’étiez automatiquement pas pris au sérieux. Pour ce type de population il fallait croire que « l’habit faisait le moine », votre style vestimentaire leur donnant immédiatement un aperçu de qui vous étiez.

J’avais ce genre de soirée en horreur ; généralement on n’y rencontrait que des gens de bonnes familles en apparence bien élevés, mais dont le regard inquisiteur me mettait tout de suite mal à l’aise. Ayant grandi dans ce type de milieu, je connaissais bien le genre de personne qui le composait, et m’étais ainsi habituée à faire avec dès mon plus jeune. Souriante, agréable, conversant aisément, je donnais ainsi une image de fille de la haute ayant reçu une bonne éducation, et tout le monde était content.

Quand j’avais quitté Londres, c’était en partie ce que j’avais cherché à fuir ; cette hypocrisie sous-jacente m’avait toujours fait horreur, mais paradoxalement j’avais « choisi » un métier qui m’amenait à traiter avec pareils individus… Cependant, l’homme qui se trouvait en ce moment à mes côtés était différent. D’allure agréable, il y avait cependant quelque chose chez lui qui m’avait toujours perturbée, voire gênée. Bien entendu, comme bon nombre de citoyens d’Edimbourg, j’avais eu connaissance de toutes les sombres affaires auxquelles on l’avait rattaché, ce qui m’incitait d’autant plus à user de prudence vis-à-vis de cet homme. Je sentais bien que sous cette apparence de calmer se cachait quelque chose de bien plus menaçant….. Néanmoins, en laissant mon instinct animal s’exprimer, je pouvais aussi sentir une souffrance profonde, une blessure, bien moins cicatrisé qu’il ne pouvait lui-même le soupçonner.


« Ce genre de soirée «poignées de mains et échanges de politesses » fait hélas partie inhérente de mon métier, je me dois de faire avec je le crains. Je suis condamnée à récolter la rançon de ma gloire ! lui lançais-je, avant d’avaler une nouvelle gorgée de cosmo. Je manquai de m’étouffer lorsque j’entendis Mr Badenov me demander si c’était à moi qu’on devait l’endroit. Ne pouvant retenir un sourire amusé, après avoir réussi non sans mal à déglutir je repris : Et bien, étant donné que cet hôtel de ville a, d’après ce que je sais, connu au moins deux ou trois siècles, j’ai bien peur d’être un peu trop jeune pour pouvoir m’en accorder le mérite ! Je ne suis qu’une simple humaine, ne comptant même pas encore 30ans au compteur… C’est un peu juste pour m’attribuer le mérite de cet endroit ! La maison communautaire se trouve à deux pâtés de maison d’ici ; comme il y a encore quelques aménagements à faire là-bas, mon patron et le maire ont décidé de faire la petite sauterie ici. »

Je reposais mon verre vide sur le comptoir et, avant que je ne puisse dire un mot, le barman m’en avait déjà resservi un autre, accompagné d’un sourire ravageur. Je le remerciai, le gratifiant du même honneur, avant de reprendre :
« Mais vous avez raison sur un point : le bar mériterait d’être un peu plus grand ! Alors dites moi Mr Badenov, vous êtes ici au nom de votre reine je suppose ? Je ne vous vois pas vraiment en amateur de soirées guindées… » Je murmurais le dernière phrase, avant de tremper de nouveau mes lèvres dans le cocktail sucré.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 28 Mar - 16:16

    Je sentais que j'allais me faire chier comme un rat mort dans cette soirée mondaine. Heureusement qu'il y avait l'ingénieure, l'architecte ou je sais plus trop quoi. Architecte oui, je crois que c'était bel et bien ce qu'elle faisait comme job dans la vie. Les choses auraient été nettement plus intéressantes si je n'avais pas à jouer les premiers rôles. Je me languissais de ma Reine aussi ; j'avais beau lui être plus loyal et fidèle qu'envers n'importe qui d'autre, je me rendais compte que j'étais réellement accroché à elle, dans tous les sens du terme. Elle me donnait son sang, nous étions donc liés. Elle m'avait permis de renaître, après m'avoir presque totalement détruit ; elle possédait donc mon existence toute entière, et je ne trouvais rien à y redire. Prenant mon propre sang pour se sustenter, et ayant déjà possédé mon corps il y a bien longtemps, je lui étais véritablement ce qui était le plus proche d'un objet. Un objet certes, qui lui appartenait pleinement et totalement, mais un objet dangereux. Je savais au premier coup d'oeil que je serais capable de tuer froidement, efficacement et en un minimum de temps, une bonne partie des gens qui se trouvaient à cette soirée ci. Et encore, à mains nues. Je ne me vantais de rien, cependant. La réalité n'était pas glorieuse. Je ne tirerais aucune fierté de la constatation de mon expertise dans le domaine du meurtre ; c'était comme reprocher à un loup d'être né avec un instinct de prédateur, des griffes et une mâchoire à la pression terrible. J'étais ce que j'étais. Et je faisais ce pourquoi j'avais été fait. Aucun remord à avoir, aucune question à se poser. Elle me donne ses ordres, et je les éxecute. Ma vie, mon existence toute entière, se borne désormais à cette seule prérogative. Libération totale de mon arme autrefois torturée, j'avais passé un pacte avec le diable, pour me libérer de tous ses démons. Il fallait parfois être détruit, pour aller de l'avant et se reconstruire... C'est ce que j'avais fait, littéralement. Maintenant, je devais continuer à exister pour ce que j'étais.


    J'écoutais attentivement la jeune femme ; elle était pour ce soir mon point d'ancrage dans la réalité, ce qui m'éviterait de trop me laisser aller, de trop perdre de temps à me perdre dans des pensées que j'espérais secrètes. Je la surpris à rire alors qu'elle venait de me dire qu'elle devait bien se faire mousser dans son métier. Je lui lançais un regard étonné ; qu'avais je donc pu dire de drôle ? Je n'en avais aucune idée. Ce n'était pas forcément désagréable de l'entendre rire, mais j'avais dû dire une connerie, ça me semblait clair. Alors, elle m'expliqua, et je me surpris à lui sourire en retour. N'importe quoi Torben, continues comme ça et tu finiras par te refaire suspecter. Quel con, quand même. La mairie, j'avais même vu l'écriteau devant, et le fronton. Pourquoi alors avais je à l'esprit que je venais pour l'inauguration de ce bâtiment en particulier ? Véritablement n'importe quoi, on ne pouvait pas me prendre pour un serviteur de confiance de Sa Majesté, si belle et si cultivée, si je me montrais aussi stupide. Je devais me reprendre, et j'étais sur la bonne voie en faisant ce constat puisque ma gaucherie n'eut aucune répercussion sur mon apparence. Qu'on détruise votre personnalité, et vous pourrez endosser n'importe quel rôle, et c'est là que vous serez le plus dangereux, parole!



    | Quel imbécile je fais. Je le sais en plus, que je suis à la mairie, pour l'inauguration de la maison communautaire... Excusez moi, je crois que je suis assez fatigué en ce moment. Et dire que je suis sensé représenter la Reine ; heureusement justement qu'elle n'est pas là, j'aurais eu l'air fin ! Bon, c'est pas grave. Continuons de boire, on pourra mettre mes éventuelles prochaines erreurs sur le compte de l'alcool. | lâchais je avec un sourire de connivence


    La jeune femme posa son verre vide, je décidais de l'imiter, et terminais mon whisky sec, juste avant d'être resservi, mais pas avec autant d'éclat que ça le fut pour ma compagne de discussion. Je savourais pleinement le whisky, maintenant que j'étais sevré. J'avais remplacé une addiction par une autre, c'était un fait..


    | Oui, et mieux fourni aussi. Je ne suis effectivement pas amateur de ce genre de soirées. Trop de gens, trop de discussions, trop d'hypocrisies, pas assez à boire ou à manger... Heureusement que la compagnie est parfois à la hauteur... lui lançais je avec un sourire entendu Je suis effectivement ici au nom de la Reine de la Nuit. Je ne suis que l'un de ses humbles employés, si elle considère que mes compétences sont requises ici, je n'ai rien à y redire... J'espère seulement qu'on n'attend pas de moi un discours. |
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptySam 31 Mar - 16:04

J’avais toujours senti ce petit quelque chose en plus qu’avaient les vampires, en dehors de la force surhumaine, de la pâleur, et de leur immortalité. Il s’agissait d’un pouvoir d’attraction, qui rendaient ceux qui se trouvaient à proximité complètement baba d’admiration, certains se montrant totalement dévoués, et dépendants, de ces êtres. Je ne dis pas que me retrouver à proximité de l’un d’entre eux me laissait totalement froide. Je repensais notamment à William, ce fantôme de mon passé que j’avais revu il n’y avait pas très longtemps. Déjà petite fille, j’avais senti quelque chose de différent chez lui, et je m’étais tout de suite sentie attirée. Je comprenais mieux pourquoi mon père m’en avait toujours tenu à l’écart quand ce dernier venait à la maison régler quelques affaires. Lorsque je l’avais revu, j’avais de nouveau senti cette attirance, cette attraction presque incontrôlable, et j’en avais déduit qu’il vaudrait probablement mieux que je l’évite à l’avenir. Jusqu’alors, il avait été le seul vampire à me faire cet effet, et c’était on ne peut plus déstabilisant.

Ainsi, je n’avais pas de mal à comprendre ce qui pouvait attirer l’homme qui se trouvait à mes côtés chez cette reine, à la beauté diabolique. Cependant, je sentais aussi qu’il y avait quelque chose derrière tout ça, et cette sensation laissait toujours un certain malaise vis-à-vis de cet homme. D’une certaine manière, j’avais l’impression de ressentir les choses les plus noires qu’il y avait en lui, et cela n’avait rien de rassurant.


« Je comprends ne vous en faites pas, et je me doute que mon travail n’est sûrement pas à vos yeux la chose la plus importante à retenir. Je ne dirais rien à votre reine, soyez-en certain ! » lui murmurais-je, observant tous ces hommes et femmes qui discutaient de bon train, se balançant sûrement toutes sortes de compliments, et n’en pensant pas un mot.

Mine de rien, la tête commençait à sérieusement me tourner ; j’avais tendance à boire un peu trop lorsque j’étais nerveuse, et cette soirée ne dérogeait pas à la règle. Je décidai de poser mon verre, histoire de récupérer un peu, de dissiper le flou qui commençait à envahir mon esprit. Je cherchai des amuse-gueule en vain… Il avait raison : dans ces soirées, il manquait toujours quelque chose, que ce soit à manger ou à boire… Je soupirai, me concentrant comme je le pouvais sur ce qu’il me disait. Je ne pus m’empêcher d’offrir un sourire presque amusé lorsqu’il parla de compagnie à la hauteur en me désignant ; le pensait-il vraiment, ou faisait-il simplement preuve de politesse, comme avait dû le lui demander sa très chère reine ? Optant pour la seconde hypothèse, j’opinai d’un air faussement convaincu.


« Je ne pense pas qu’on vous demandera de faire un discours, quoi que, avec tous ces politiciens et hommes, ou vampires, d’affaire, on ne sait jamais… Moi j’ai eu de la chance dans mon malheur, l’un de mes collègues architectes adore faire de grandes déclarations publiques. Je suis sauvée ! »


Je saluai de la main un ancien client, un avocat réputé de la ville, pour lequel j’avais dessiné les plans de sa maison de campagne.


« La soirée vient à peine de commencer, et j’ai déjà l’impression d’être là depuis des heures…Sans compter ces escarpins qui me font horriblement souffrir. Dites, entre vous et moi, vous y croyez vous à cette maison communautaire humains/vampires ? Je veux dire…. Vous pensez vraiment qu’on peut tous cohabiter ? »


A peine eu-je poser la question, que je me traitais intérieurement de tous les noms. *Non mais t’es débile ou quoi ma pauvre fille ?!! C’est le serviteur de la reine des vampires, tu crois qu’il va te répondre quoi ?*
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 1 Avr - 17:38

    Je sentais comme un petit quelque chose qui alourdissait l'atmosphère, sans commune mesure avec ce que j'avais pu ressentir depuis le début de la soirée. L'avantage, depuis que la Reine m'avait pris sous son aile en détruisant ma personnalité d'alors, c'est que j'étais plus que jamais focalisé sur mon environnement. Je décryptais mieux les attitudes, je sentais mieux les non dits. De fait, j'étais moins humain, et je me sentais parfois comme une machine d'acier que rien ne pouvait toucher, condamné à calculer froidement toute information qui parviendrait jusqu'à l'un de mes capteurs corporels, me permettant d'utiliser mes différents sens. Je ne savais trop que dire, à ce sujet, c'était encore nouveau pour moi. Mais certainement pas destabilisant pour autant, dans le sens où je ne ressentais plus aucune gêne, que toutes les petites émotions du quotidien me semblaient désormais anecdotiques ; elles n'étaient plus traitées avec la même passion qu'auparavant, mais toujours le même intérêt calculateur, totalement dénué d'affection ou de partis pris. J'étais devenu ce que la Reine avait voulu façonner de moi. Et cela avait au moins l'avantage, d'une part d'avoir fait de moi un homme nouveau, mais d'être aussi meilleur pour les tâches qui m'incombaient. Et ce soir, aussi dérisoire que cela paraisse, j'avais été chargé de faire le paon et de discuter. Je m'acquittais donc de ma mission. Je souriais, je me faisais tantôt charmeur, tantôt poli et cordial, alors qu'à l'intérieur ne subsistait qu'un grand vide, je ne nourrissais même plus le mépris d'autrefois pour tous ces êtres dont l'existence était gâchée, car ne servait pas la cause humaine. Depuis un moment maintenant, j'avais appris qu'il n'existait pas de telle cause. N'exister rien d'autre que la vie, et la mort. Constatation aussi froide qu'impersonnelle, pourtant emprunte de vérité. Je jouais donc mon rôle, puisque c'était ce qu'on attendait de moi. Je parvins même à ne pas laisser mon sourire se flêtrir, offrant deux belles rangées de dents blanches à la jeune femme en face de moi.


    | Ce n'est absolument pas ce que je voulais dire, vous le savez très bien. Votre travail est important, comme tout ce que vous et cotre cabinet avez pu faire pour la société par le projet qui nous sert de prétexte pour la petite sauterie de ce soir. |


    Voilà que je lui parlais sur le ton un peu taquin de la confidence. J'entrais dans mon costume, dans mon rôle, comme s'il s'agissait d'une seconde peau. Des réactions, des paroles et des gestes me venaient presque spontanément, sans pour autant que cela ne change d'un pouce ce que je ressentais à l'intérieur. J'avais parfois l'impression d'être devenu un espèce d'espion, ou d'un acteur. Un acteur qui assiste et qui joue sa propre déchéance jusqu'à en perdre son identité ; je devais reconnaître que cette image aurait pu me correspondre presque parfaitement. La jeune femme résista cependant à mon petit commentaire, alors qu'elle venait de poser son verre. Encore une de celles qui ne croit jamais aux compliments physiques ? Froidement, objectivement, je pouvais la catégoriser sans aucun souci dans le groupe des « très jolies » de la soirée, et mon esprit tout entier dévoué au service de ma Reine la mettait de surcroît dans la catégorie « maîtresse ou pomme de sang potentielle de la Reine ». Blonde, traits délicats, regard pétillant, bien formée, oui, elle pourrait être sélectionnée par la vampire pour son propre divertissement. Mais je n'étais pas là pour ça ce soir, toute autre était ma mission. Je jetais un coup d'oeil derrière moi, vers le pupitre. Il y avait un pannonceau indiquant « Queen of the Vampires » et la date d'aujourd'hui. Super, je me retournais vers la jeune femme.


    | Moi pas, apparemment. Serait il bienséant de ma part de m'esquiver avant l'heure fatidique? |


    Alors, elle me perça à jour. Pas en me faisant dire une vérité, une gaffe ou en regardant ma véritable nature, mais il n'y avait plus rien de jovial ni dans mon attitude, et plus aucune chaleur dans mon regard. Je la toisais d'un air détaché, totalement indifférent. Si on aurait regardé au fond de mes yeux, j'étais certain qu'elle aurait pu apercevoir le reliquat de mon âme depuis longtemps envolée. Je laissais passer un moment de silence, avant de lui répondre d'un ton où j'essayais tant bien que mal de retrouver toute ma chaleur. Je ne lui en voulais pas, mais elle touchait à tout un pan de mon existence. Un pan difficile.


    | J'y parviens, moi. Pas vous ? |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 2 Avr - 12:55

Là, dans cette soirée mondaine où tous se congratulaient quant à la réussite de ce nouveau projet, je me surprenais à penser que c’était encore avec l’homme qui se trouvait près de moi que je me sentais le mieux. Cette « découverte » était on ne peut plus déstabilisante, car les sentiments qui m’animaient à son égard étaient quelque peu paradoxaux : en effet, d’un côté je ressentais un malaise diffus, devant la froideur, la douleur, que je percevais derrière ses bonnes manières et ses sourires polis. Et d’un autre côté je ressentais une certaine compassion, de la pitié pour cet homme qui me semblait bien moins sûr de lui qu’il n’y paraissait.

Mon sang sembla se glacer devant le changement d’attitude que je perçus suite à mes derniers propos ; pendant quelques instants, je m’étais demandée s’il n’allait pas m’abattre froidement pour avoir tenu de tels propos. Il fallait bien reconnaître que je ne l’avais pas joué très fine sur ce coup : remettre en question un projet dans lequel sa reine était directement impliquée, émettre des doutes, voilà qui était on ne peut plus mal vu, et je me baffais intérieurement pour avoir osé sortir quelque chose d’aussi stupide. Un silence s’installa entre nous, silence pendant lequel j’essayais de calmer mon rythme cardiaque, et mon besoin quasi vital pour le coup de métamorphose. Finalement, il reprit la parole, tentant de retrouver l’expression qu’il arborait auparavant, ce qui ne fut pas très convainquant, il fallait bien l’admettre…

J’hésitai avant de lui répondre, ne voulant pas être à l’origine d’un incident diplomatique :

« Et bien…. J’aimerais bien, mais j’avoue avoir quelques réticences, sans vouloir offenser qui que ce soit. »

Je m’éclaircis la gorge, ne sachant plus trop où me mettre. Mon regard se posa cependant de nouveau sur le sien ; je me demandai ce que cette reine diabolique avait bien pu lui faire subir comme horreurs pour qu’il semble aussi peu pourvu d’humanité. C’était tout moi ça : je cherchais toujours à comprendre l’autre, à le percer à jour. J’avais toujours possédé cette hypersensibilité, et si souvent elle m’avait permis de m’éviter quelques dangers, elle représentait aussi une sorte de malédiction, me rendant ultrasensible aux ressentis d’autrui, aussi enfouis soient-il. Je m’étais toujours demandée si cette « capacité » venait de mon côté animal, ou du côté humain, et jusqu’alors je n’avais pas trouvé de réponse à cette question.

Je me contentai alors de lui offrir un sourire qui pour une fois était sincère, chaleureux, alors que l’orchestre jouait « Blue Moon », l’une de mes chansons préférées.


« Vous n’oseriez pas refuser une danse à l’architecte vedette du projet co-orchestré par votre reine n’est-ce pas ? lui lançai-je simplement, prenant délicatement sa main pour l’entraîner danser. D’autres invités étaient déjà enlacés sur ce qui servait de piste de danse, se laissant aller au doux son de ce morceau jazzy. Je sentais bien que Torben n’était pas du tout à son aise, aussi je repris : La musique a un pouvoir incroyable. Il suffit de fermer les yeux, d’essayer de faire abstraction de tout ce qu’il y a autour, et on peut sentir tout ce qu’elle cherche à nous transmettre : peine, douleur, joie… Vous devriez essayer » conclus-je simplement, me laissant aller avec mon partenaire, fermant les yeux, me laissant entraîner par la voix langoureuse de la chanteuse.

J’ignorais ce que je cherchais à faire avec cette danse, mais avec cette chanson je sentais progressivement la tension qui m’habitait me quitter, et le malaise que je ressentais vis-à-vis de mon interlocuteur s’estompait lentement.

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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 2 Avr - 15:00

    Je sentais déjà que je commetais un impair, et me fustigeais mentalement pour ma stupidité. Même dans ma situation actuelle, faire table rase du passé semblait finalement bien impossible. J'avais changé ; je ne pouvais pas le nier. Je ne ressentais rien d'autre qu'un vide incroyable à la pensée de tout ce qui m'était tombé dessus ces derniers mois, voire même ces dernières années. Je ne ressentais rien, mais cela avait néanmoins suffit à faire totalement basculer mon attitude. Que s'était il passé dans ma tête ? Rien du tout, assez étrangement. Peut être avais je simplement été mis face à mes échecs, et à ma situation actuelle. Pourtant, aucune gêne ne me serrait le cœur, et je ne ressentais pas plus de remords. Je ne savais pas ce que j'avais eu, mais me poser la question était assez suffisant dans le sens où cela me permit de contrebalancer ces altérations dans mon attitude ; je retrouvais le contrôle de mes gestes et de mes pensées. Je ne savais pas ce qu'il m'était arrivé mais c'était terminé ; annihilé le doute, comme d'habitude. J'étais là pour agir comme on entendait que je le fasse. Il n'y avait de place pour rien d'autre, ni considération personnelle, ni remise en question de soi. J'allais faire ce qu'on attendait de moi. Je reprenais donc figure plus chaleureuse en questionnant Victoria, mais j'avais bien perçu que mon espèce de revirement spontané et involontaire l'avait impactée ; elle semblait avoir un peu peur, comme si ma réaction l'avait effrayée, sinon au moins réfléchir. Je ne savais pas ce qu'il se passait dans sa tête, mais je savais ce que je voulais l'amener à penser. Gênée, elle l'était assurément. Elle me fit une remarque à peine voilée sur ma réaction. Je prenais un air qui se voulait arrangeant, souriant ; je montrais un air à la fois jovial, mais peiné que ma réaction l'aie autant chamboulée. Bien entendu, je n'adhérais pas réellement à ce que je faisais ou à ce que j'allais dire, mais c'était ce que je devais faire ; ça venait naturellement parce que je devais le faire.


    | Vous ne m'avez pas offensé, je vous assure. Je suis désolé de la... fraîcheur de ma réaction. Simplement, ça m'a ramené à mes débuts avec les vampires. Ce n'était pas une situation très... aisée. Aujourd'hui, les choses ont changé. Je cohabite avec des vampires, j'en côtoie, et j'ai la confiance de la Reine. Je peux comprendre vos doutes. Ils sont fondés. Mais il faut avancer, aujourd'hui. |


    J'espérais avoir apaisé l'atmosphère, sans avoir menti pour cela. Je n'étais pas offensé car j'étais convaincu qu'il en fallait beaucoup plus pour m'atteindre. Dire par contre que la situation initiale dans mes rapports avec les vampires n'était pas aisée, c'était l'euphémisme du siècle. Ils m'avaient pris ma femme et j'avais tout fait pour la venger depuis. Jusqu'à me retrouver en plein cœur de la tourmente que j'avais moi même contribué à provoquer, ce qui m'avait finalement conduit ici, dans ce costume, au service de Sa Majesté Krystel Raybrandt. Quel parcours... Pour la fin, j'avais moi aussi avancé. Malgré moi ; je ne voulais me tourner vers l'avenir qu'à reculons, n'imaginant plus que du sang et des larmes pour seul avenir. La Reine m'avait démoli mais cela m'avait sauvé la vie, assez paradoxalement. Je lui devais tout aujourd'hui. C'est sur cette considération que j'entendis finalement de la musique s'élever. La jeune femme m'invita implicitement à danser, mais elle ne me laissa pas le choix en prenant ma main pour m'attirer sur la piste de danse.


    | Loin de moi cette idée, ce serait un plaisir. |


    Poli, courtois, et charmant aussi, honorer mon rôle et accomplir mes tâches ; j'étais uniquement là pour ça, ce soir. Alors, je me laissais aller. Tout continuait de me venir naturellement, mais assez paradoxalement de manière mécanique. Je savais parfaitement quoi dire ou quoi faire, aussi sûrement que je venais à respirer tout seul, mais je devais commander mes réactions et mes gestes, ce qui rendait le tout peut être un peu déplacé, hésitant. Peut être lira t'on dans mes mouvements une certaine retenue, une pudeur, ou tout simplement un manque de bien être ou de tenue en ce qui concernait cette soirée. Même en faisant des efforts, en sachant quoi dire et quoi faire, je ne pourrais jamais paraître aussi à mon aise qu'un poisson dans l'eau, pas dans ce milieu ci en tous cas. Je me contentais alors de rester de marbre, digne mais courtois. Je ne pus m'empêcher de partir d'un petit rire quand Victoria me parla de la musique. Elle ressemblait tant à ma mère ; à vouloir, de manière détournée, régler tous les problèmes qu'elle sentait autour d'elle ! Avais je l'air si malheureux qu'elle me perçait à jour de la sorte ? Si c'était le cas, j'avais mal joué mon rôle, et je devrais me reprendre. Je raffermissais ma prise sur son corps, toute en délicatesse, mais en lui faisant bien sentir ma présence contre elle, en une posture très confiante, l'ombre d'un sourire sur le coin des lèvres.


    | Le mouvement de nos corps me suffit ; j'avoue ne pas nourrir beaucoup d'amour de la musique, ou même de la danse en règle générale. Sans parler que je ne pense pas avoir la capacité d'empathie nécessaire à ressentir toutes ces choses au travers de la musique. Moi, c'est plutôt l'attitude des gens qui me permet de discerner ces choses autour de moi. L'homme derrière vous par exemple, s'il n'arrive pas à s'esquiver avec sa partenaire de danse, tentera sûrement sa chance avec vous vu la manière qu'il a de vous regarder. Et la femme non loin du bar, si ce n'est sa femme, au moins ne cache t'elle pas sa colère et sa frustration que l'attention de ce Don Juan ne lui échappe. On retrouve toujours ce même cocktail dans toute réception digne de ce nom. Au moins ne devez vous pas vous ennuyer au bureau... |


    J'avais dit tout cela sans la quitter des yeux, accrochant son regard à quelques dizaines de centimètres du mien, avec le plus grand sérieux du monde mais avec toujours le même léger sourire sur les lèvres.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 4 Avr - 11:56

J’ouvris de nouveau les yeux au son du rire de Torben ; même si je ne pus m’empêcher de me demander si ce dernier était sincère, j’étais tout de même satisfaite de mon initiative. Je lui souris, alors que je sentais son emprise se raffermir. Il avait rapproché son corps du mien, tout en délicatesse cependant. Ce qui émanait de cet homme était si paradoxal que ça en donnait presque le tournis : d’un côté, il y avait cette froideur, cette distance, comme si son âme s’était réfugiée au plus profond de son être, et était désormais inaccessible. Et d’un autre côté, il y avait ses bonnes manières, la proximité qu’il affichait. Il jouait le rôle qu’on lui avait donné à la perfection, et je ne pus m’empêcher de me demander quand il avait été lui-même pour la dernière fois.

Bien qu’assurément il se devait de me montrer son plus beau visage, je pensai à cet instant précis qu’il faisait preuve de sincérité lorsqu’il me parla de musique. Il avouait ne pas vraiment aimer cette dernière, ne pas ressentir suffisamment les choses pour pouvoir pleinement l’apprécier. Sa manière d’agir, de vivre, était semblait-il bien plus pragmatique, se bornant à observer le comportement d’autrui, le comprendre, pour y répondre de manière approprié. Après m’être demandée pendant quelques instants si je n’étais finalement pas face à un cyborg, voyant l’image d’un Schwarzenegger métallique s’imposer dans mon esprit, je suivis mon partenaire, de manière à avoir dans mon champ de vision l’homme dont il me parlait. Ce dernier, un homme élégant d’une quarantaine d’années, me gratifia d’un large sourire ; je préférai me concentrer de nouveau sur Torben, histoire de ne pas donner à ce pauvre bougre de faux espoirs. Si mes souvenirs étaient exacts, cet homme était un conseiller municipal, un homme aux dents longues et bénéficiant d’une réputation de coureur de jupons.
J’avais du mal à comprendre comment les femmes pouvaient être attirées par un homme aussi volubile ; remarquez, c’était fort de dire ça quand on savait que j’avais entretenu une longue relation avec un homme marié !

Le regard de mon partenaire était toujours resté figé sur le mien, alors qu’il me parlait du conseiller Don Juan. Je lui souris lorsqu’il me dit que je ne devais pas m’ennuyer dans mon travail.


« Et bien, c’est vrai que je suis souvent amenée à rencontrer des hommes comme ce Conseiller. Ils sont sûrs d’eux, ne manquent pas de culot, et le fait d’être une femme peut faciliter les choses comme représenter un certain handicap. Parfois, j’ai l’impression d’être moins prise au sérieux que si j’avais été un homme. Les hommes comme lui passent le plus clair de leur temps à essayer de me charmer, faire de moi la conquête numéro 220 338. Je m’arrêtai quelques instants, laissant le fameux Conseiller passer derrière nous, me frôlant, intentionnellement bien entendu, au passage.

Voyez, c’est de ce genre de manœuvre dont je parle, repris-je, une fois que ce dernier fut suffisamment loin. Quand je suis en affaire, je me dois, dans une certaine mesure bien sûr, de rentrer un peu dans leur jeu, ce qui est loin d’être évident quand, comme moi, on n’est pas à l’aise dans le domaine de la séduction. Ce n’est pas toujours évident de jouer un rôle, lâchai-je simplement, laissant ma phrase s’évanouir dans un murmure, alors que je sentais nos corps se rapprocher davantage, naturellement, au son enivrant de la musique.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 4 Avr - 14:17

    Je me rendais compte de ma stupidité, celle que j'avais de considérer les choses qui m'entouraient comme étant sans la moindre espèce d'importance. C'était une erreur de jugement dû à mon aveuglement certain. Krystel ne m'avait pas occasionné que des bienfaits ; en me supprimant à peu près tout ce qui faisait mon existence, elle m'avait aussi retiré toute espèce de retenue, des inhibitions aux ressentiments sociaux et culturels, qui autrefois pouvaient à l'occasion m'obliger à mentir, omettre la vérité ou tout simplement me taire. Là, ce n'était plus tout à fait le cas. Je pouvais mentir bien sûr, tant que j'y voyais un intérêt. Mais n'étant pas omniscient ni plus guidé par des émotions tout ce qu'il y avait de plus normales, j'avais tendance à faire des erreurs de jugements que je n'aurais jamais fait auparavant, même malgré mon impulsivité de l'époque. Je devais faire attention. Je ne raisonnais clairement plus comme le reste des gens qui m'entourait. Ca, j'en avais conscience, mais il fallait aussi que je tienne compte de tout ce qui avait pu émerger comme conséquences directes de cet état de fait. Je devais prendre garde, plus que jamais, à ne plus me révéler, à ne plus rien dire sur moi. Me fermer comme une huître, car cela risquait de soulever des interrogations quant à qui j'étais vraiment et ce que je faisais, et par extension cela pouvait tout à fait nuire à la Reine, ce que je m'étais promis d'éviter à tous prix. Je n'avais clairement aucun désir de faire à nouveau ce genre d'erreurs. Jouer mon rôle jusqu'au bout, et jouer mon rôle impliquait clairement, pour que tout soit parfait, que je ne devienne pas bizarre aux yeux de tous. Sinon, les choses risqueraient clairement de dégénérer. Je gardais donc contenance, m'efforçant de retrouver une dose supplémentaire de tenue, et de sérieux. Je devais rester le plus concentré possible. La jeune femme, sur laquelle se portait donc mon attention renouvelée, regardait maintenant l'homme que je lui avais désigné. S'il n'y avait pas forcément d'animosité entre eux, je pouvais néanmoins sentir la tension et la retenue qu'épouvrait l'architecte à l'encontre de l'espèce de vieux dragueur sur le retour. Victoria me confia avoir l'impression d'être un trophée à conquérir dans certaines de ses relations professionnelles. Ce genre de choses, je pouvais tout à fait les comprendre.


    | Je vois, je connais ce genre d'homme. Fort heureusement, je pense avoir été épargné par ce genre de considération. Ayant pour patronne une femme, vampire de surcroît et particulièrement ancienne pour finir, je pense que je n'aurais pas gardé longtemps ma place si je n'avais pensé à me conduire qu'en macho invétéré qui n'hésite pas à montrer ses attentes. Et celles de votre propre prétendant, ont l'air assez... lubriques. Il vous déshabille du regard. |


    Ce qui était totalement vrai, on ne pouvait pas le nier. Je me laissais aller au rythme de la musique. Dire que je n'aimais pas danser ne voulait pas dire que je ne savais pas. J'avais appris depuis longtemps, quand j'étais encore jeune, plein d'innocence et d'humanité, quand je voulais charmer celle qui était sensé être ma femme... Et j'avais poursuivi depuis. Être l'homme de main de la Reine de la Nuit avait aussi pour particularité de devoir préparer tout un ensemble de compétences ; j'avais dû me remettre à la danse, pour ne pas lui faire honte quand je devrais la représenter, voire l'accompagner. J'esquissais un sourire quand Victoria me dit que ce n'était pas difficile de jouer un rôle. Mon sourire était amusé, mais confiant, et se voulait aussi compatissant et rassurant.


    | Pourtant, vous avez l'air de vous en sortir très bien. Moi qui ne suis pas coutumier de ce genre de soirée, vous m'avez tout de suite mis à l'aise, on a bu un verre, plaisanté un peu et discuté, avant de se laisser aller au jeu des confidences. Alors que je suis sûr que ce n'est qu'un rôle ; vous auriez préféré être ailleurs qu'ici. |


    Je rapprochais son corps du mien.


    | Et vous ne vous débrouillez pas trop mal en ce qui concerne le jeu de séduction. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 5 Avr - 11:52

Je ne pus retenir un frisson de dégoût lorsque Torben me dit qu’il était indéniable que le brave Conseiller me déshabillait du regard. M’imaginer avec ce vieux lubrique suffisait pour me donner la nausée. Il fallait dire que depuis mon histoire avec Franck, ma grossesse impromptue et l’adoption de ma fille, ma vie sentimentale pouvait être facilement comparée avec le désert de Gobi. En trois ans, je n’avais eu qu’une seule relation, avec un homme rencontré dans la salle de gym où je me rendais alors histoire d’évacuer les diverses tensions qui m’habitaient. Nous étions restés quelques mois ensemble, avant que je ne mette fin à cette histoire, quand j’ai compris qu’il commençait à s’engager. J’ignorais pourquoi, mais j’avais eu la trouille, et j’avais préféré coupé les ponts, à son plus grand désarroi. Autant dire que je n’ai depuis plus remis les pieds dans cette salle de gym, et mes sorties, en dehors du travail, se sont raréfiées. Je menais désormais une vie de solitaire, et cela m’étonnait parfois d’avoir « choisi » le faucon et non le loup comme modèle de métamorphose !

Je souris à mon partenaire lorsqu’il confia que selon lui j’assurais plutôt bien en tant que femme mondaine. Il avait raison : dans ce genre de soirée, je me devais de jouer un rôle. Il le fallait tout d’abord parce que cela faisait partie intégrante de mon boulot, et aussi parce que j’étais persuadée que si je me montrais telle que j’étais réellement aux yeux de tous ces hommes d’affaires, je n’aurais pas le même succès. Femme plutôt réservée, si je ne me forçais pas un peu j’ai bien peur que ma carrière aurait vite atterri au point mort. Je devais devenir dans ce genre de soirée une femme sociable, charmeuse et charmante, à mon plus grand désarroi. Cependant, à cet instant précis et en compagnie de cet homme, je n’avais pas vraiment l’impression de jouer un rôle. C’était probablement notre aversion pour ce type de soirée qui nous avait « rapproché », et avec lui je me sentais d’être moi-même, tout en conservant néanmoins le visage que toutes ces braves gens attendaient que j’affiche.


«Il est certain que j’aurais préféré être tranquillement chez moi, devant un bon film ou un livre plutôt qu’ici à faire des ronds de jambes à tous ces politiques et hommes d’affaires. Cependant, je dois bien avouer que votre compagnie rend cette soirée plus agréable, et qu’ici, à cet instant T, je n’ai pas l’impression d’avoir à jouer un rôle. »

Il était vrai que nous nous laissions aller au jeu des confidences. Je savais que ce dernier pouvait être à double tranchant : je ne devais en effet pas oublier que cet homme était au service de la reine des vampires, et que ce peuple représentait pour moi une menace indiscutable. La rencontre avec Julien m’avait appris que certains d’entre eux avaient déjà repéré, sans toutefois identifier, une autre espèce. Je n’osais pas imaginer quel sort pourrait être le mien si la reine apprenait mon existence, ou tout simplement sentait que j’étais différente. Etre avec Torben représentait un danger certain, j’en avais pleinement conscience. Néanmoins, pour le moment je n’avais pas vraiment envie de penser la question, profitant de ces instants agréables bien trop rares dans mon existence solitaire.

Mon partenaire réduit encore la distance entre nous. Je pouvais sentir son parfum musqué, la chaleur émanant de son corps d’apparence si froid pourtant, son souffle sur mon visage à la fois si proche et si loin du sien. Je souris de nouveau lorsqu’il me dit que je me débrouillais plutôt bien en matière de séduction. Certes il se devait de me complimenter, en gentleman bien élevé qu’il était, cependant un compliment restait agréable à entendre, surtout lorsqu’il concernait un domaine de ma vie plutôt chaotique.


« Etant donné que je n’ai pas l’impression de faire quoi que ce soit, de conscient du moins, pour vous séduire, je suppose que l’exploit n’en est que plus impressionnant encore ! lui lançais-je, sentant à présent le moindre contact de sa peau avec la mienne, comme si mon sens du toucher s’était soudainement accru. La chanson prit fin, et la chanteuse annonça une pause ; alors qu’un serveur armé d’un plateau rempli de flûtes de champagne passait devant nous, je détachai, à regret, ma main de celle de Torben pour attraper deux d’entre elles. Après lui en avoir donné une, je repris la parole, reprenant peu à peu mes esprits après ses instants où j’avais semblait-il échappé au temps : Il y a une superbe terrasse au fond de la salle ; et si nous allions prendre un peu l’air avant votre fameux discours ?

Je pris les devants et me dirigeai vers l’extérieur. M’accoudant à la rambarde de cette terrasse ancienne, je plongeai pendant quelques instants mon regard dans les étoiles : « La soirée se révèle plus agréable que je ne l’aurais pensé finalement » lançais-je, avant de reporter mon regard sur Torben, installé à mes côtés.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 5 Avr - 15:14

    Ca allait mieux, je pouvais souffler ; je n'avais plus du tout l'impression de faire le boult à niquer ma pseudo couverture. Je devais faire attention au moindre geste, regard et parole que j'aurais à proféré ; le tout bien sûr, en gardant les intérêts de ma Reine à l'esprit. Ce n'était pas chose aisé, mais plus rien ne m'était impossible. Totalement dénué d'éthique, de morale, et de valeurs, on ne pouvait pas dire que j'étais totalement désarmé pour ce genre de mission. Endosser des rôles, je pouvais le faire. Et le faire bien, c'était possible en me concentrant plus. Mon père me disait autrefois qu'à cœur courageux rien d'impossible. Je dirais aujourd'hui qu'à cœur vide, rien d'interdit. J'avais tout fait depuis que j'étais entré au service de la Reine. Je me rappelais les premiers temps, où ma sécurité ne lui importait pas encore qu’aujourd’hui, alors qu'elle ne faisait que tester mes capacités. Je me souviens de ces soirées, où j'avais dû jouer le rôle d'exécuteur. Drogué aux produits militaires des années cinquante, le tout corsé avec du sang, le sang divin de Sa Majesté. Je me revoyais, comme dans un brouillard, en train de m'infiltrer dans toutes ces demeures de dissidents, pour les exécuter, les mettre en pièces. Sa Majesté avait su mettre à profit les talents que j'avais hérité de la HCV et de plusieurs années de conflit tchétchéne, des choses qui semblaient aujourd'hui remonter à des années. J'avais des compétences réelles pour le meurtre. J'avais été l'homme de l'ombre, une terreur soufflée dans les milieux vampires, quand je faisais partie de l'Ordre Saint. Aujourd'hui, ma réputation était pire encore. J'étais le croque mitaine, l'insaisissable car protégé par les forces de l'obscurité, et libre comme l'air. J'étais devenu une machine dont le seul but était de garantir la sécurité de celle qui avait changé ma vie. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle, alors que je remplissais d'autres missions, et que j'arborais un masque différent.


    J'écoutais la jeune femme alors que nous continuions à danser. Je devais remarquer que les choses se passaient plus naturellement auprès d'elle : elle me servait littéralement de point d'ancrage dans la réalité, ce qui me permettait de mieux juger de mon comportement, en utilisant le sien comme miroir. Cela n'allait forcément pas sans instiller une certaine complicité, disons une proximité sous jacente, alors que nous en étions venus à discuter ensemble depuis notre arrivée. Elle se faisait complice quelque part, jusqu'à me dire qu'elle se sentait elle même à mes côtés. Je me laissais aller à lui offrir un sourire charmeur. Ne jamais négligé la moindre opportunité. Je devais bien avouer que cela ne me faisait ni chaud ni froid ; cela ne m'était pas agréable, mais mon rôle s'en trouvait facilité. L'ancien Torben se serait senti à l'aise comme un poisson dans l'eau. Alors, moi aussi, j'en étais capable. Ne ménager aucune opportunité. Je devais me tenir à ce précepte.



    | Moi non plus, je n'en ai pas l'impression. Pieux mensonge... Votre compagnie l'est tout autant, agréable. D'ordinaire, quand je suis chargé d'aller à ce genre de soirée, j'en suis réduit à écouter de vieux bonhommes discuter pendant des heures de leurs gloires passées, et des femmes de leurs rêves perdus. C'est un peu redondant, d'entendre tout le monde ou se plaindre, ou se mettre trop en valeur. Cela dit, médire des autres n'est pas forcément plus réjouissant, mais ça permet de se détendre un peu et de ne pas trop se prendre au sérieux. |


    Je parvenais à rentrer dans le jeu, sans trop ressentir de peine à ce niveau. C'était déjà un aspect positif, assurément. Je serais plus crédible ainsi, aussi répondis je à son propre sourire par le même, instillant une certaine connivence tant dans nos pensées que dans nos attitudes. Je ris doucement à ses paroles.


    | Je ne vous le fais pas dire! |


    La chanson prit fin, la foule se dispersa pour se jeter selon toute probabilité sur les plateaux de petits fours, ou de champagne. Ce que l'on fit bien évidemment, avec Victoria. Elle me mit une coupe de champagne entre les doigts, et je la remerciais d'un sourire et d'un signe de tête. Elle me proposa d'aller prendre l'air sur la terrasse du fond de la salle, j'acceptais avant de sortir à sa suite. L'air était plus frais dehors ; on sentait que l'on entrait un peu plus dans l'automne et que le temps ne ferait probablement plus que rafraîchir. La jeune femme se pencha un peu sur la rambarde, et me dit que cette soirée n'était finalement pas si désagréable. Je souris, y voyant une ouverture.


    | Elle n'est pas terminée, vous aurez peut être encore le temps de vous raviser, quand vous m'aurez entendu improviser un assommant discours. Je n'ai jamais été fort doué pour ce genre de choses, mais il va bien falloir que je m'y colle, n'est ce pas ? Tout le monde compte sur moi j'en ai peur. Je préférerais m'esquiver avec vous de cette soirée qu'on pourrait rebaptiser succursale du club du troisième âge de la ville. |

Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 6 Avr - 12:09

L’air frais me remettait progressivement les idées en place ; je me rendais compte que tout dans mon attitude était séduction : la manière dont je m’accoudais à cette rambarde, le sourire que je renvoyais à mon interlocuteur, la façon dont je portais la coupe de champagne à mes lèvres. Je me sentis soudain ridicule : pourquoi fallait-il que je me comporte comme une adolescente en manque d’amour dès qu’un homme, potentiellement dangereux de surcroît, s’intéressait, ou plutôt faisait mine de s’intéresser, à quelqu’un d’aussi banale que moi ?

Je faisais un rapide tout d’horizon de la situation : je jouais au jeu de la séduction avec un homme jadis, pour ne pas dire toujours, impliqué dans des évènements lugubres et on ne peut plus louches. Ma première impression à son sujet n’avait pas été très bonne : son apparence était, et est toujours d’ailleurs, froide et détachée. Représentant de la reine de la nuit, il se devait certainement d’être aimable, sociable, bref, de donner une apparence impeccable. Dans son malheur, il avait trouvé une jeune première aussi mal à l’aise que lui, pas trop mal cependant, et légèrement naïve, voir fleur bleue..Ah ce que je me sentais bête tout d’un coup ! Même si j’avais essuyé des coups durs et des déceptions, il y avait toujours en moi ce vieux rêve de gosse de magie, de romantisme, de merveilles en résumé. Mais il fallait être réaliste : pouvais-je le trouver ici, et plus largement, pouvais-je tomber dessus dans le monde qui était aujourd’hui le mien ?.

Un peu plus loin sur la terrasse, un vampire, une femme que j’avais déjà vu au cabinet d’architecture, une avocate de la reine je crois, (ça me paraissait encore complètement surréaliste que ces êtres puissent exercer un travail humain !) nous regardait avec insistance. Je la vis sourire largement lorsque Torben me confia qu’il s’éclipserait bien avec moi, histoire de fuir ce qu’il qualifia de « soirée du troisième âge ». Elle arborait une moue amusée, moqueuse même. Je ne pus m’empêcher de me sentir blessée dans mon orgueil ; depuis le début, mon instinct m’avait dicté de rester sur mes gardes, de ne pas prendre pour argent comptant ce qui pouvait m’être confié. Cependant, de part mon côté romantique, et l’alcool aidant, j’avais semblait-il repoussé cet instinct pour me surprendre à rêver, à me prêter si bien au jeu que je m’y étais totalement noyée.
Aussi, alors que mon regard restait fixé sur cette femme qui à présent me dévisageait avec une curiosité croissante, je sentis mon enthousiasme me quitter peu à peu, et je me refermais progressivement. Mon sourire s’évanouit et, après avoir bu une nouvelle gorgée, et m’être éclaircie la gorge, je repris finalement la parole, détachant difficilement le regard de ce vampire :


« Votre discours est très attendu ; après tout, c’est en partie pour faire plaisir à votre reine que le maire et mon patron ont décidé de mener à bien ce projet. Quitter le cocktail risquerait d’entacher l’image des vampires, et ce n’est, j’en suis sûre, certainement pas ce que vous souhaitez. »

Je n’avais fait aucune allusion à sa proposition d’esquive, ne souhaitant tout d’un coup plus du tout rester dans cette dynamique instaurée, me répétant mentalement que pour lui je n’étais certainement qu’une distraction, une manière qu’il avait trouvé de donner une image impeccable de lui-même et de son « clan », un faire valoir en quelque sorte. La vision du vampire, qui avait on ne peut plus aidé à m’ancrer de nouveau dans ce qui était probablement la triste vérité, avait réveillé l’instinct de conservation animal qui dormait jusqu’alors en moi, et c’était au prix d’un effort presque surhumain que j’étais finalement parvenue à le laisser enfoui.

« Cette maison communautaire est très attendu, j’espère qu’elle ne décevra pas les espérances. Je peux vous dire en tout cas que mon collègue a peaufiné son discours pendant des semaines pour qu’il soit parfait ! Mais je ne doute pas que le vôtre le sera tout autant »

Ma conversation se limitait, je le sentais. Le malaise revenait, et le fait que je ne savais plus vraiment comment agir, histoire de ne pas perdre définitivement ma dignité, n’aidait pas non plus. La paranoïa était presque devenue monnaie courante depuis 2007, et il me devenait compliqué de savoir quand ceux qui je côtoyais étaient sincères, d’autant que j’étais du genre à me laisser berner assez facilement, du moment que j’étais sous le charme….
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 10 Avr - 14:53

    Je remarquais un changement dans l'attitude de ma compagne de la soirée ; elle semblait se refermer un petit peu, comme si elle ressentait peut être un espèce de petit vague à l'âme, ou alors qu'elle commençait à ressentir les effets de l'alcool de manière un peu plus prononcée. Il fallait bien avouer que l'on ne pouvait pas rejeter la faute sur qui que ce soit en particulier ; le temps était frais mais relativement clément, et je lui avais permis de s'esquiver aux clins d'oeils lubriques qu'elle subissait à l'intérieur. Qui plus est, je m'étais conduit, j'en étais certain également, comme un parfait gentleman, un peu séducteur même. Quelle était donc la raison de son malaise ? Il me fallut un coup d'oeil alentour pour me rendre compte du regard insistant d'une femme que j'identifiais instantanément comme une vampire, nocturne rouge qui ne semblait pas capable de détacher son regard de Victoria. C'était un peu étrange ; je ne savais pas si c'était réellement ce qui mettait ma partenaire de danse mal à l'aise, mais je savais aussi quelles étaient les limites de mon emprise sur son espèce ; la Reine m'avait correctement rééduqué. Je ne pus m'empêcher d'accrocher à nouveau mon regard sur la dite vampire ; elle était belle, d'apparence assez jeune. Une prédatrice. Je ne les connaissais que trop bien. Quelque part, mieux qu'énormément de gens, mieux encore que ces pommes de sang dépravées qui donnaient leur corps et leurs fluides aux vampires, en totale soumission. Je connaissais les vampires presque intimement ; j'avais probablement plus partagé avec ceux que j'avais mis à mort dans leurs derniers instants, que ces véritables esclaves.


    | Êtes vous devineresse, pour savoir ce qu'il y a dans mes esprits, ce qui me fait envie ? Vous avez cependant raison ; ce serait du plus mauvais effet que de m'esquiver, même pour une aussi bonne raison que vous l'êtes. Mais dites moi, je vois cette vampire qui vous observe. Vous la connaissez ? Aucune crainte à avoir... Tant que vous êtes avec moi, bien sûr. Aucun de ces individus n'oserait s'en prendre à vous alors que le serviteur le plus proche de Sa Majesté se trouve à vos côtés. |


    En cela au moins, j'étais certain. Tous les vampires savaient que les grands de leur monde ne toléraient pas les affronts faits à leurs serviteurs, à leurs pommes de sang et encore moins à leur servant humain. Si quiconque me déplaisait ou pire, s'en prenait physiquement à moi, l'impudent finirait probablement épluché vivant par des mains expertes, et leurs cris raviraient ma Reine, avant qu'elle n'administre elle même le coup fatal, après avoir bu le sang de l'infortunée victime. J'avais donc essayé de rassurer la jeune femme à mes côtés, mais sans énormément de succès de toute évidence. Peut être étais je apparu comme arrogant ou prétentieux ? Je ne savais pas ; je m'étais borné une fois encore à ne dire que la vérité vraie, et j'étais certain que cela me servait autant que cela me nuisait. Je finissais par entendre à l'intérieur des applaudissements et l'évocation de mon nom.


    | Venez donc, je crois que l'heure du discours est arrivée. Ne vous éloignez pas trop ; je compte bien vous retrouver sitôt avoir terminé. Le mien de discours laissera la place à l'improvisation. |


    Je la prenais par le bras pour l'amener à l'intérieur, où les gens se tournèrent vers moi. Je savais que c'était l'heure, alors je pris place sur le pupitre indiquant la date et le motif de l'évènement. Je souris à la foule, abandonnant Victoria avec un dernier sourire charmeur. Je levais finalement les mains à mi hauteur de chaque côté de mon corps dans une attitude certes ouverte, mais réclamant le silence.


    | Mesdames, Messieurs, bonsoir. Je vous souhaite au nom de Leurs Majestés, le Roi Augustus et la Reine Krystel, la bienvenue. D'importants impératifs ont certes accaparé le couple royal, ils m'ont donc demandé de venir ici m'exprimer en leur nom. Pourquoi sommes nous réunis ? Pour fêter la chose la plus agréable qui soit. Les premiers pas des hommes et des vampires, sur le chemin de la paix, de la fraternité. En arriver jusqu'ici aurait été un chemin long, difficile, parfois sanglant tant l'incompréhension stimulait les extrêmismes. Mais aujourd'hui, nous assistons à un renouveau de notre démocratie. Vampires et humains coexistent, et l'inauguration de cette magnifique maison communautaire voulue à la fois par les instances royales mais aussi par le conseil municipal, prouve la passion pour un principe universel ; la vie en paix et en communauté pour tous. Peu importe nos différences, peu importe nos croyances et nos modes de vie. Ce monde est le nôtre. Faisons en sorte qu'il soit beau et juste. Mesdames et Messieurs, Leurs Majestés vous souhaitent une agréable soirée, et vous donnent rendez vous plus tard dans la soirée pour une visite officielle du site. Merci encore pour votre attention, et bonne soirée à vous tous! |


    Je descendais sous les applaudissements là passionnés, là plus ironiques, de la part de mon public. J'espérais avoir fait honneur à ma maîtresse par une maîtrise relative et nouvelle du verbe ; c'était étrange et incommodant pour moi de me montrer sous ce jour ci. J'avais toujours baigné dans un univers de sang et de larmes, pas dans le faste des grandes réceptions publiques. Je me dirigeais vers Victoria, alors que la musique reprenait. Tout sourire, je la pris par la taille pour l'emmener de vive force sur la piste de danse, arborant un air jovial et intéressé. Je vins lui murmurer à l'oreille.


    | Maintenant que mon discours est passé, suis je toujours libre de vous faire danser... Ou de m'esquiver avec vous dans un endroit moins formel? |
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 11 Avr - 11:14

J’avais l’impression d’être sur des montagnes russes ; mes ressentis étaient des plus instables, allant d’un sentiment d’insécurité et de déception, au sentiment grisant de la séduction. C’était vraiment perturbant, et j’avais par instant l’impression de sombrer dans la schizophrénie. Visiblement, mon instinct, qui me dictait la plus grande prudence, affrontait mon esprit qui lui espérait vivre un moment aussi inédit qu’enthousiasmant. Sans parler de cette créature qui avait focalisé son attention sur moi. Je m’imaginai lui lançant un humain à ronger, comme on lancerait un os à un chien affamé. Cette vision fut chassée par les propos de mon « cavalier de soirée », qui m’assurait qu’avec lui j’étais en parfaite sécurité. Je ne pus m’empêcher de me demander si lui aussi ne représentait pas pour moi un danger tout aussi périlleux, alors que j’entendais en fond sonore mon cher collègue architecte faire son discours.

Après plusieurs minutes, pendant lesquelles je pouvais l’entendre bafouiller par moments, on finit par entendre des applaudissements, et mon cher partenaire fut appelé par le maire à monter sur la petite estrade faire son fameux discours. Je me laissai emmener, jetant un dernier coup d’œil au vampire, qui elle aussi rentra à l’intérieur pour assister au discours de Torben. J’offris simplement un sourire à ce dernier lorsqu’il me demanda de ne pas trop m’éloigner. Il m’était difficile de savoir si son intérêt pour moi était sincère ou au contraire intéressé ; face à cet homme énigmatique, je me sentais complètement pommée, et je détestais ne pas avoir la maîtrise de la situation.

Alors que j’écoutais le discours de Torben, en me disant qu’il se débrouillait plutôt bien en matière d’improvisation, une femme d’une cinquantaine d’années, qui devait je pense être la femme du maire, s’approcha de moi et me murmura, alors que son regard restait fixé sur mon cavalier :


« Vous en avez de la chance d’avoir un tel cavalier Melle. La réputation de cet homme est on ne peut plus sulfureuse ! Vous le connaissez bien ? »

Alors que je tournai mon regard vers le sien, je m’aperçus que plusieurs personnes nous regardaient. S’imaginaient-ils tous que nous étions…ensemble ?

« Non je ne le connais que peu. Nous avions déjà eu l’occasion de nous rencontrer lors d’un précédent cocktail, mais je ne sais presque rien de cet homme. »

La femme du maire se décida enfin à me regarder, semblant quelque peu étonnée par cette « révélation » : « Vraiment ? » se contenta-t-elle de répondre, ne me considérant visiblement plus alors comme digne d’intérêt. Je ne pus m’empêcher de penser que cette femme devait être du genre à draguer les petits jeunes, pendant que son mari était absent. Une cougar dans toute sa splendeur !

Torben termina son discours, remercié par des applaudissements vraiment très enthousiastes ; personnellement je n’avais écouté son discours que d’une oreille, prise à partie par la cougar, et restée bloquée sur cette idée de « chose agréable à fêter ». « Strangers in the night » résonna dans les airs, alors que mon cavalier redescendait de l’estrade pour se diriger directement vers moi. Je ne pus m’empêcher de me sentir flattée, alors que la femme du maire, qui avait commencé à se rapprocher de lui, se ravisa, et afficha une moue renfrognée.

« J’adore cette chanson, alors dansons, lui lançais-je simplement, alors que nous recommencions à danser. Dites, par pure curiosité, dans quel genre d’endroit aimeriez-vous qu’on s’esquive ? » lui demandais-je, jouant malgré ce que mon instinct me dictait au jeu de la séduction, appréciant l’intérêt que cet homme me portait.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 11 Avr - 16:50

    La jeune femme semblait heureuse de me revoir venir à son endroit, alors qu'elle me souriait et qu'une autre femme toute proche semblait déçue. Je ne savais pas encore ce qu'il s'était passé, mais je décidais volontairement de n'y accorder qu'une maigre importance. J'avais fait mon discours, je pouvais souffler. Ma verve pouvait se reposer maintenant ; elle n'en avait déjà que trop fait d'ailleurs, d'autant plus que je n'y étais pas du tout habitué. Peu importait. Je devais continuer d'arborer mon sourire, de faire comme si j'étais une autre personne. Un individu qui serait réellement philanthrope, alors que le destin de l'humanité m'indifférait totalement depuis quelques temps. Pourquoi défendre une espèce qui ne faisait rien pour sortir la tête de l'eau ? Corruption, dictatures, guerres, famine, maladie, environnement dévasté, abandon de son avenir à des créatures issues des cauchemars du passé. L'être humain était faible. Je l'avais été moi aussi, du moins avant que Krystel ne fasse de moi autre chose. Quoi ? Je ne savais pas. Mais je me détachais assez clairement des mortels par mon état d'esprit ; je ne me sentais pas du tout proche d'eux, même s'ils pouvaient l'être en apparence, je n'avais plus rien à voir avec le reste des hommes. Ce n'était pas pour me plaindre, ou pour me vanter. J'étais devenu à mon tour l'une de ces créatures de la nuit, bien que je ne portais pas de crocs. Une bête de cauchemars, qui n'était effrayée ni par le meurtre ni par la mort. Un individu qui n'aimait plus personne ; mon cœur avait abandonné toutes ses passions, et mon esprit se sentait loin de toute considération qui dépassait ma maîtresse. J'avais bien changé. Et je continuerais à le faire, j'en étais convaincu. Ce n'était qu'une des étapes, que j'étais en train de franchir. Bientôt, je deviendrais plus fort, et la Reine serait fière de moi et me confierait autre chose comme tâche que de faire figuration avec tout le gratin écossais. Je reportais mon attention sur la jeune femme qui me faisait office de compagne pour la soirée. Elle me confirma qu'elle voulait danser parce qu'elle aimait la chanson. Alors, je la prenais main dans la main, une autre la saisissant par la taille.


    | Vous avez l'air d'aimer Sinatra. C'est bien. Mon père a toujours adoré aussi, bien qu'il ai dû attendre la fin de l'Union Soviétique pour que l'embargo sur les produits occidentaux ne soit levé. |


    C'était sur l'un de ces airs que j'avais dansé avec Jana le jour de notre mariage. Autre preuve que j'avais changé. Autrefois, ce genre de souvenirs m'aurait rendu honteusement mélancolique, et asociable. Je me serais esquivé en vitesse de la soirée pour trouver un bar où me fracasser la tête, de sorte à oublier le destin funeste de la femme dont j'avais été fou amoureux. Aujourd'hui, les choses avaient changé. Elle n'était plus ma femme. Elle n'était même plus humaine, alors que moi je le restais biologiquement. Victoria me demanda alors « par curiosité » dans quel endroit je souhaitais l'emmener s'il était question de nous esquiver. Je lui répondais par un nouveau sourire enjôleur.


    | Dans un bar, boire un verre, pourquoi pas un autre. Vous me raconteriez vos journées d'architecte et ce que cette vampire vous voulait tout à l'heure. Ainsi que la femme du maire, si je ne suis pas trompé par la moue qu'elle a arboré quand vous étiez tout sourires. Ou alors, chez vous, vous me feriez l'honneur de pénétrer dans l'antre d'un architecte. Ou chez moi, bien que j'ai peur que la décoration ne soit très sobre, vu qu'il s'agisse d'un appartement de fonction. A vous de voir, Victoria. Une voiture m'attend dehors, et il y a de la place pour vous dedans. Que diriez vous d'un bon whisky? |
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 12 Avr - 13:30

Je souris lorsque Torben parla de Sinatra. Mon père l’écoutait tout le temps quand il était à la maison ; je me remémorai le temps où nous étions rapprochés, lorsque j’avais découvert ma « particularité ». En dehors du fait qu’il m’avait enseigné tout, ou presque, ce que je savais aujourd’hui sur l’art de la métamorphose, il m’avait aussi enseigné un tout autre art : celui de la danse. Je me rappelai plus particulièrement d’une après-midi pluvieuse : nous étions dans notre maison de campagne. Ma mère faisait sa sieste journalière, et papa et moi nous étions retrouvés dans le salon principal, après avoir fait une petite virée entre méta. Il avait mis sur son vieux tourne disque un vinyle de Sinatra et on dansait sur Something stupid », «Summer Wind », ou encore « Strangers in the night ». Il me racontait concernant cette dernière chanson qu’il l’avait un jour diffusé sur une plage pour ma mère, et que tous les deux ils avaient dansé au crépuscule. Je m’imaginais alors, dansant sur cette plage avec le Tom Cruise de Top Gun, me noyant dans le romantisme.

« Mon père appréciait beaucoup Sinatra également. C’est lui qui m’a appris à danser sur cette musique. Je crois qu’il n’y a pas mieux au monde »
lui répondis-je simplement, alors que nous tournoyions lentement sur la piste qui s’était de nouveau remplie de tous ces braves gens. La femme du maire se trouvait là, dansant avec son cher mari, nous jetant de temps à autre un rapide coup d’œil envieux.

Lorsque je lui eus demandé où il pensait qu’on pourrait s’éclipser, il évoqua quelques possibilités. Il semblait faire preuve de curiosité, souhaitant savoir ce qui pouvait se cacher derrière l’attitude du vampire ou de la cougar. En ce qui concernait l’avocate vampire, il était fort probable qu’elle souhaitait simplement faire de moi son petit encas, ayant sûrement senti que mon sang était différent de celui des autres humais présents. Quant à la cougar, j’étais pratiquement certaine qu’il avait remarqué qu’elle lui faisait les yeux doux ; visiblement elle aussi souhaitait se faire un petit encas !


Je rougis légèrement lorsqu’il parla de l’éventualité d’aller chez l’un ou l’autre. Dans mon esprit, peut-être un peu tordu je l’admets, aller chez l’autre impliquait que certaines choses pouvaient se passer. Est-ce que cela m’effrayait ? Peut-être un peu, car il fallait bien que je reconnaisse que le désert qu’avait été ma vie affective ces dernières années ne m’aidait à avoir confiance en moi face à ce genre de situation. Qui plus est, je ne devais pas perdre de vue que j’avais affaire à un homme en lien direct avec les vampires. Je plongeais mon regard dans le sien, sentant la pression de son corps contre le mien. Cela faisait tellement de temps que je ne m’étais pas adonnée à ce genre de jeu que j’en arrivais à me moquer des éventuelles conséquences. J’avais conscience du danger que cette rencontre pouvait représenter, alors pourquoi alors avais-je envie d’échapper à tout ça et le suivre ?

« Je pense qu’ils peuvent se passer de moi ici, alors pourquoi ne pas s’éclipser après tout. Je ne serais pas contre un bon whisky, et une compagnie agréable. Je vous suis » me contentais-je de lui répondre sur un ton suave qui m'étonna moi-même et avec un sourire, n’évoquant pas la question du « où allons-nous », préférant laisser les choses se faire.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 12 Avr - 15:14

[HJ ; si tu es d'accord, j'inclus le petit événement dans mon prochain post]


    Je savais que je charmais la jeune femme, dans le sens où nous semblions partager un même état d'esprit ce soir. J'insiste sur le verbe sembler, parce que je savais pertinemment que tout ce qui faisait ma présence ici était fictif ; le jeu de séduction, mon discours, ma personnalité, mon attrait pour elle... Ce n'était pas qu'elle n'était pas à mon goût ou que je ne l'appréciais pas, ce n'était pas ça. Le Torben qui était arrivé en Ecosse se serait volontiers chargé de combler la belle, avec un entrain même quasiment maladif, alors que j'étais enfoncé dans l'alcool, la vengeance et la haine. Aujourd'hui, tout était différent. Je raisonnais comme une espèce de machine humaine. Je préservais certains défauts tout en en ayant éliminé d'autres. Mais surtout, je raisonnais en termes d'intérêt. Pas le mien. Celui des autres. Je n'étais pas altruiste, juste dévoué. Envers Krystel qui était ma Reine, en tout premier lieu. Et c'était pourquoi j'opérais le rapprochement de ce soir avec Victoria, en plus de renforcer ainsi ma couverture « d'homme du monde ». Les gens se souciaient beaucoup des apparences ; je ne tenais pas à attirer l'embarras de la Reine en faisant courir des rumeurs sur les rapports que j'entretenais avec elle. Je devais donc parler aux gens, nouer des contacts qui s'avéreraient utiles, faire la cour à des femmes. Je devais me comporter normalement, ou en tous cas l'idée que se faisait le reste du monde de la normalité, définition à laquelle je n'avais probablement jamais véritablement collé. N'y voyez aucune vantardise ou aucun égocentrisme. J'avais toujours eu des problèmes, des problèmes que seule la Reine s'était montrée capable de résoudre. J'accrochais toujours le regard de Victoria. Il ne fallait pas comprendre dans mon cheminement intellectuel (ou ce qui y ressemblait), que je n'appréciais pas ce moment avec Victoria, ou que je ne l'appréciais pas elle même. C'était juste qu'il n'y avait plus de place dans mon existence pour ma satisfaction personnelle.


    | Je ne suis pas sûr que ce soit ce que je préfère, mais ça a un côté indémodable qui m'a toujours interpellé. Même aujourd'hui, on l'écoute. Peut être même parfois avec plus d'intérêt qu'autrefois. |


    Je remarquais, sans que cela gâte mon sourire d'une confiance calme et douce, qu'elle se mettait à rougir à mes propos. Entreprenant, je l'étais assurément, mais cela faisait bien partie de mon rôle, n'est ce pas ? L'homme disponible dans son travail avec la Reine, calme et professionnel sans pour autant rester insensible aux charmes féminins. Il me semblait ici que je jouais un coup important, et c'était tout ce qui comptait. Je continuais cependant de remarquer que la vampire tout comme madame le maire semblaient nous attacher leurs regards. Je ne les remarquais que du coin de l'oeil, mais j'étais certain de mon fait. Je notais mentalement d'en parler à la Reine, et de surveiller personnellement la dite vampire. La mairesse quant à elle, je n'avais aucune idée de ce qu'elle voulait. Peut être jalousait elle la position de la jeune femme avec moi, ou la mienne auprès de quelqu'un d'aussi important que la Reine ? Je n'en savais rien, mais elle me semblait moins dangereuse dans l'immédiat. La jeune architecte s'abandonna finalement à moi, optant pour la compagnie et le whisky, je percevais dans son absence de choix dans la direction à suivre qu'elle se reposait sur moi. Je lui souris, avant de l'attirer vers le vestiaire mobile installé à l'entrée. Je réclamais nos affaires, et passais le manteau à la jeune femme dans une attitude qui se voulait galante. Une fois dehors, le vent rafraîchissait assurément. Repéré par le chauffeur de la Reine, la petite limousine noire vint se garer devant l'entrée. Le chauffeur nous ouvrit la porte et se mit en route et nous inséra rapidement vers le trafic.


    | Nous allons à l'appartement, Richard. Inutile de nous presser. |


    L'homme acquiesca d'un signe de tête. Je laissais la jeune femme s'installer sur la banquette arrière pendant que j'ouvrais le mini bar, en tirait deux verres que je remplissais d'un Ardmore vieilli en fût. Je lui tendais finalement son verre, me rapprochant d'elle jusqu'à presque franchir toutes les limites usuelles pour rentrer dans la sensualité, discrète mais effective.


    | Je sais, ça fait tape à l'oeil et je n'aime pas trop ce luxe et ce moyen de locomotion assez lent mais... Je n'ai plus de voiture, et la Reine insiste que j'emprunte ses « affaires » quand je suis en sortie officielle. Bon, après je vais pas me plaindre. La voiture a ses petits avantages. Du Whisky de qualité, et une compagnie qui l'est tout autant. Santé. |


    Je buvais une petite gorgée de mon verre.


    | N'ayez crainte ; je suis peut être l'un des employés de Sa Majesté, il n'y aura pas de vampires chez moi. Pas ce soir en tous cas. Et Richard pourra vous redéposer chez vous après. Si votre voiture est toujours à la mairie, je peux aussi m'arranger pour qu'on la redépose chez vous. |
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 15 Avr - 10:24

(HJ : Ok ça marche)

Je suivais mon compagnon de soirée jusqu’au vestiaire, après avoir salué mon patron d’un geste de la main. Je voyais bien que certains nous épiaient, faisant traîner sur nous des regards intrigués et insistants. Je me demandais quels genres de rumeurs allaient courir sur moi au bureau, étant certaine que ceux qui étaient présents allaient s’en donner à cœur joie. Moi qui étais plutôt du style réservé, me mêlant peu aux autres, suivais désormais « l’ambassadeur », le « messager » de la reine des vampires. Arrivée aux vestiaires, j’eus un moment de doute, craignant les « quand dira-t-on », moi qui détestais attirer l’attention. Alors pourquoi ne fis-je rien ? Pourquoi continuais-je à suivre celui qui restait pour moi un inconnu, un lien avec ceux qui étaient probablement pour moi les plus dangereux des prédateurs ?

Je laissais Torben m’aider à enfiler mon manteau, me laissais emmener dans une grande limousine sombre sans piper mot. Avais-je abandonné toute volonté à éviter le genre masculin ? Depuis l’épisode Franck, ma fille, puis la courte relation avec Eric, je m’étais presque efforcée à éviter tout contact rapproché avec les hommes. La thérapie que je suivais depuis 3ans m’avait permis de comprendre que j’avais associé les hommes à quelque chose de nocif pour mon bien être. Alors pourquoi n’évitais-je pas cet homme ? Pourquoi me laissais-je ainsi faire, rentrant dans cette limousine, laissant mon partenaire décider de tout ?

Je sentis mon cœur accélérer sa cadence lorsque Torben demanda au chauffeur de nous conduire « à l’appartement ». Un léger vent de panique s’empara de moi ; qu’allions-nous y faire ? Certainement pas jouer au Scrabble…Mon compagnon s’était inexorablement rapproché, à tel point que nos visages se touchaient presque. Installée confortablement, je saisis le verre qu’il me tendait et, après qu’il eut porté un toast, j’en bus une bonne gorgée. Le liquide me brûlait la gorge, mais étrangement cette sensation était apaisante.


« Mon père en avait une également, cependant il refusait que j’aille à l’école avec. Je devais me contenter d’une voiture toute simple, ce qui à l’époque m’énervait au plus haut point ! Lorsque j’étais à la maison, je me souviens que j’allais très souvent me réfugier dans la limousine, m’inventant des histoires de princesse digne des meilleurs Walt Disney. Même s’il est vrai qu’on ne passe pas inaperçu avec ce genre de véhicule, cela reste tout de même un luxe agréable, alors profitez-en »

Sa proximité me déconcentrait légèrement. Mon regard déviait par instants sur ses lèvres, et je me surprenais à me demander quel goût elles pouvaient bien avoir. Je m’efforçai de me ressaisir, alors qu’il me rassurait concernant l’absence chez lui de vampires.

« Je suis certaine que vous assureriez ma sécurité au mieux, lui lançais-je, avant d’hocher la tête d’un air entendu lorsqu’il me dit que le chauffeur pourrait par la suite me raccompagner. Ce whisky est vraiment excellent, dis-je finalement, alors que nous nous rapprochions à chaque seconde davantage. Nos lèvres se frôlaient désormais, cependant je n’initiais aucun mouvement, toujours retenue par mes vieux démons…
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptySam 21 Avr - 23:56

    Le moins que l'on puisse dire, c'était que Victoria ne semblait pas très partante, ou en tous cas très rassurée, maintenant que je l'avais forcée en quelque sorte, à la mettre devant le fait accompli. Ce qui me semblait certain, c'était que je n'avais pas été de main morte ; j'avais même plutôt sorti le grand jeu. J'étais devenu Torben le charmeur, Torben le cadre, la main droite de la Reine en quelque sorte, un espèce de super intendant qui est capable de s'occuper de tout, y compris de faire la cour à ces dames. Ce n'était qu'un déguisement, un masque parmi tant d'autres. Il me manquait les compétences pour être parfaitement crédible, mais j'estimais que je ne m'en sortais pas trop mal. Aux yeux du monde, je devais être perçu comme quelqu'un de professionnel et d'efficace, de polyvalent et un peu énigmatique, mais être considéré comme un charmeur ne serait qu'un avantage. Je rentrerais plus aisément dans le moule ; on ne me suspecterait de rien si j'adoptais le même genre de conduite qu'un jeune PDG en quête de compétition aussi bien dans le domaine des affaires que de celui des femmes. Je devais parfaire ma couverture, continuer d'entrer dans la peau de ce nouveau « moi » que je m'étais façonné et que je pourrais ressortir à loisir. Je n'avais pas le choix, une fois rentré, que de remiser ce costume de parfait premier de classe au placard, je redeviendrais alors le serviteur le plus loyal de la Reine. Sans attentes, sans espérance, sans espoir. Avec pour seul but, celui de la servitude. Cela ne me semblait pas être d'une fatalité misérable ; la Reine était devenue toute mon existence quand j'avais abdiqué ma raison pour son service. Je ne pouvais pas revenir en arrière, et n'avait d'ailleurs aucun désir de le faire. C'était ainsi. Le goût du whisky me manquait, quand même. Ca, et la musique, à toutes berzingues. Le bruit sourd des détonations d'armes à feu ne me manquait pas, il fait toujours partie de mon existence. Maintenant plus que jamais. Et à jamais.


    Victoria créa l'étonnement en me disant que son père disposait aussi d'une limousine, quand elle était gamine. Cela dit, je me reprenais bien vite. En Ecosse, ce n'était pas la même vie qu'en URSS ou que dans la nouvelle fédération de russie. Ce n'était pas un jugement de valeur. Nous avions connus nos joies et nos peines, et eux les leurs. J'avais tendance à dire que je les enviais. Pas parce qu'ils vivaient mieux que nous quand moi j'étais gosse. Non, parce que nos peines n'avaient que d'égales nos joies. Les leurs, aux écossais, étaient toutes autres. Un peu de chômage, le prix de l'essence, tel parti politique qui perce. Rien de dramatique. Je vivais encore dans le souvenir de mon père et de ses récits des grandes guerres patriotiques. J'avais moi même participé à l'une d'entre elles, bien que ce n'était jamais qu'une boucherie sans queue ni tête orchestrée par un groupe d'individus très influents qui avaient voulu mettre la main sur le pétrole de Grozny. Je savais que rien n'avait d'équivalent. J'enviais parfois ces écossais, tout comme je les plaignais. Leurs joies à eux n'étaient qu'éphémères. Elle me parlait de luxe agréable. Aucun luxe ne l'était, quand on avait été frôlé par des balles de 7,62. tout semblait superflu quand on avait vu ses amis mourir, couverts de sang, dans une province oubliée d'un empire perdu. Je ne pus cacher l'indifférence glaciale de mon regard, au moment de trinquer. Je n'étais pas totalement perdu. La Reine n'avait pas tout reconstruit de moi. Restait ce qui me rendait efficace. La guerre, le sang, l'acier, le fer et le feu.



    | Luxe agréable ? Donnez moi un bon verre, un endroit où aller... Et donnez moi vous. Et cela suffit. Pas besoin d'une voiture, qui peine à monter une côte. Juste vous, moi et une bonne bouteille. |


    Cela aurait suffit aussi à l'ancien Torben. De l'alcool, bien que cela m'aurait fait sourire aujourd'hui. Une jolie fille, agréable et intelligente. Et sans se soucier réellement de la destination. L'ancien Torben se serait cru au paradis, sans mauvais jeu de mot. La jeune femme semblait décompresser un peu, maintenant que nous étions en route. Un fort bruit de moto, derrière la voiture. Ca semble anodin.


    | Il n'y a pas que le whisky qui soit excellent... Votre compagnie l'est aussi. |


    Torben le fougueux. Jeune chien fou, aurait dit mon père. Je l'embrasse. Mes lèvres se collent aux siennes. Entreprenant, ma langue passe même entre ses lèvres, cherchant le maximum de contact. Je ferme les yeux. Le contact est doux, léger, rafraîchissant, grisant. Le désir est bien là. Mais ce n'est pas suffisant. L'instant, comme un sixième sens, met mes sens en alerte. Un léger crissement de pneus et la force de l'inertie fait que nos lèvres se détachent. Un grondement de moteur de moto, aisément reconnaissable à côté de la voiture arrêtée au feu rouge. Un click. Je reconnais les click. Je repousse sans ménagement Victoria vers le sol de l'habitacle, et empoigne une des armes que j'ai planqué dans le véhicule, dans le bac à glaces. Au travers des vitres teintées, deux hommes sur une moto. Celui à l'arrière épaule un PM. J'ouvre violemment la portière, déséquilibrant les deux individus qui manquent de se casser la figure. Le second ouvre le feu à cause de l'impact. Deux balles frôlent mon front, les autres se perdent dans la carosserie, puis dans la façade de l'immeuble d'a côté. Victoria est à l'abris. Je mets un pied dehors. Deux balles. Le conducteur est par terre. L'autre se reprend, tente de reprendre son assise. Trop tard. Deux balles aussi. Le fameux « doublé » à la française. Une dans la tête, une dans le torse. Les deux sont morts. Je me redresse, braquant les deux cadavres, leur remettant une balle dans le torse pour faire bonne mesure. Tout s'est passé en quoi, cinq ou six secondes ? Je me retourne vers Victoria. Les gens klaxonnent, passent au feu rouge. Je me retourne. Je passe la moto. Les voitures partent en tous sens, sauf la nôtre. Les gens sont paniqués. Pas mon chauffeur. Je retourne le corps du premier motocycliste, lui relève la visière. HCV ; Eglise humains contre vampires. Je lâche mon arme alors que les premières sirènes se font entendre. Je pose mes mains derrière la tête. Et me mets à genoux, lentement. Les premières voitures de police ne tarderont pas.


    | Richard va vous raccompagner, Victoria. Ce n'est rien. Des terroristes. |


    Comme si cela expliquait tout. Comme si ma façon d'appréhender le monde était partagée. Je la regarde innocemment. Je viens de tuer deux hommes. Deux anciens camarades de la HCV. Pourquoi ais je l'air si innocent ? La Reine me sortira de là. Comme elle le fera sachant que c'était elle qui aurait dû se retrouver à ma place. Je suis l'instrument d'une déesse. Elle est bonne avec ceux qui la servent. Richard hoche la tête. Pauvre vieil homme lobotomisé. Les flics m'abattront ils à vue, devant une Victoria paniquée ?
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 22 Avr - 14:14

L’ambiance est électrique dans cette limousine aussi sombre que la nuit. Les corps se rapprochent, les esprits s’échauffent. Je me surprends à me laisser complètement aller, grisée par ces moments sensuels, où nos lèvres se rapprochent à chaque seconde davantage. J’écoute à peine ce que Torben me dit, comprenant tout juste qu’il m’assène un nouveau compliment. Mon attention est pleinement centrée sur ses lèvres, qui finissent par rejoindre les miennes. L’instant est des plus érotique, le baiser chaste que nous échangeons d’abord se transformant rapidement en baiser plus poussé. Sa langue vient caresser la mienne, alors que l’une des mes mains maintient le visage de Torben contre le mien. Je peux sentir sur mon visage son souffle qui s’accélère, alors que l’une de ses mains vient se poser sur mes reins. Ce contact me provoque des frissons ; mon corps s’abandonne complètement, alors que mon désir de ne faire plus qu’un avec cet homme se fait grandissant. Tout instinct protecteur semble pour le moment s’être envolé, et seul semble compter mon désir pour cet homme aussi attirant que dangereux.

Ce fut alors que je me surprenais à désirer que nous arrivions au plus vite chez lui que tout bascula, transformant l’instant sensuel en pur cauchemar. J’entendis le bruit presque assourdissant d’une moto faisant apparemment halte aux côtés de la limousine, puis, avant de pouvoir comprendre quoi que ce soit, je fus projetée sans ménagement sur le sol du véhicule par mon « presque » amant. Au passage, ma tête heurta le bord du mini bar, et un éclair de douleur me traversa. J’eus l’impression que mon cerveau venait de griller tellement la douleur était lancinante, me brûlant presque. Le temps s’échappait, et je ne pourrais pas estimer combien de temps dura l’incident. Allongée sur le côté, je restai quelques instants immobile, attendant que ma vision revienne. Pour le moment, je ne voyais que de la neige, un peu comme celle apparaissant sur l’écran de télévision lorsqu’il n’y a plus de programmes. Combien de temps passais-je ainsi ? Je n’en avais aucune idée. Assommée, je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait, et peut-être valait-il mieux qu’il en soit ainsi. Bien que mon instinct me suppliait de me métamorphoser pour échapper à la situation, mon choc à la tête rendait l’acte tout bonnement impossible à réaliser.

Après un temps incalculable, ma vision redevint à peu claire, bien que la tête continuait toujours à me tourner. Je pensai soudain à ce que m’avait un jour mon père : « Si un jour quelque chose devait t’arriver, essaie toujours de faire en sorte de ne pas laisser de trace de toute blessure éventuelle. Notre sang est spécial Vicky, et nous devons, pour notre sécurité, garder notre existence secrète, à tout prix. » Peu de temps après, il m’avait offert une petite fiole dans laquelle il m’avait dit de mettre un peu de parfum ; si je devais un jour être blessée, il me suffirait simplement de verser un peu de parfum sur les traces laissées par mon sang, et si quelqu’un s’amusait à analyser ce dernier, il ne pourrait rien en tirer.Alors que je repensais à ces instants, je parvins à me relever légèrement, et je tâtais précautionneusement l’endroit endolori du bout des doigts. Il n’y avait pas de sang. Cela signifiait-il pour autant que je n’étais pas blessée ? Ma tête me faisait toujours autant souffrir, et il était hors de question que j’aille à l’hôpital..

Sortant de mes pensées, je constatais que le « calme » semblait être revenu. Doucement, je sortais de la limousine, et mon sang ne fit qu’un tour lorsque je vis Torben, et pratiquement à ses pieds, deux cadavres. Je comprenais progressivement ce qui s’était passé, et restais abasourdie lorsque je vis mon cavalier se mettre à genoux, me disant que ce n’était rien, rien qu’une attaque terroriste. Choquée, je passais à côté de Torben, me tenant cette maudite tête qui n’en finissait pas de me lancer. Je repoussais doucement le chauffeur qui avait commencé à me prendre par le bras, avant de murmurer, tel un automate :


« Ca va. Je vais rentrer par mes propres moyens ».

Je me détachais, voyant autour de nous des voitures qui commençaient à s’arrêter. Après quelques mètres, ma vision se troubla de nouveau, et je me retrouvais assise en plein milieu de la rue, attendant de pouvoir à nouveau y voir plus clair…
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 23 Avr - 18:41

    J'avais encore le goût de ses lèvres sur les miennes, mais tout était gâché par l'odeur beaucoup plus forte du sang dans mes narines. Ce sang qui imprégnait littéralement mon cerveau, je ne réfléchissais plus qu'en termes d'armes, d'échappatoires, de façons de tuer. Mon esprit analysait toutes les informations qui venaient de mes sens. Je ne sentais rien dans mon corps. Un simple coup d'oeil m'assura que je n'avais pas été blessé, mais ce coup de force au niveau de mes réflexes avait prélevé son tribut d'une façon assez usuelle : ma respiration était haletante, mes pupilles dilatées. La peur était bien présente, mais je l'avais utilisée contre ceux qui l'avaient instillée en moi. L'adrénaline avait soulevé mon cœur, qui battait la chamade, alors que j'avais le souffle haletant. Je reprenais doucement contenance. La folie meurtrière, le fameux voile rouge, avait commencé à refluer, et je redevenais conscient de mon environnement, de ce que je venais de faire. Je vis Victoria remuer dans le véhicule. Elle ne semblait pas blessée, mais groggy. Peut être l'avais je poussée trop fort, mais aurais je pu prendre autrement le risque qu'elle se prenne une rafale qui m'était destinée ? Non. Il ne devait pas y avoir de victimes. Son témoignage me servirait, et j'avais sauvé sa vie et la mienne. La HCV avait des protocoles rigoureux. Pas de témoins. Ils l'auraient abattue, pour le simple fait de s'être compromise avec un serviteur des vampires. Je ne l'avais pas sauvée parce que je l'aimais bien, mais parce qu'elle serait encore utile ; à moi comme à la Reine. Et qui plus est, je ne voyais à l'inverse aucun sens à sa mort. Elle ne l'avait ni cherchée, ni méritée. Je voulais éviter que d'autres gens meurent à cause de moi, du moins ceux que ma Maîtresse ne m'aurait pas elle même désigné comme victimes. Ce n'était pas le cas de Victoria, dont le seul crime au nom des serviteurs de l'Eglise était d'être sortie avec moi de la soirée. Je l'avais mise en danger. Je devais la sauvegarder jusqu'à ce qu'elle soit pleinement en sécurité. Elle repoussa Richard qui, toujours aussi taciturne, venait voir comment elle allait. Elle s'éloigna. J'allais me relever pour la ramener, mais je pensais à un détail important. Je tirais mon téléphone, ouvrait le clapet et appuyais sur la touche d'appel.


    | Ma Reine. Incident ce soir à l'inauguration de la maison communautaire. Deux humains tués sur le chemin du retour. Témoins impliqués. Agresseurs de la HCV. Vais être emmené par la police. |


    Je raccrochais. Dès qu'elle aurait le message, j'étais convaincu que j'aurais de ses nouvelles. Je me relevais, les sirènes toujours au loin. Il était finalement assez inutile d'attendre déjà les flics, qui n'arriveraient que dans quelques minutes. Je devais rester alerte. La HCV avait peut être prévu un plan de secours. J'allais voir Victoria, qui semblait tituber, jusqu'à se retrouver assise près de la voiture. Remets ton masque, Torben. Mes pupilles s'étrécirent, je reprenais peu à peu figure humaine. Elle ne pouvait pas rentrer par ses propres moyens ; ce n'était pas que je ne voulais pas, mais il n'y avait tout simplement pas le choix. Je vins la prendre doucement dans mes bras.


    | Je suis vraiment si je vous ai fait mal, quand j'ai vu le danger mon sang n' fait qu'un tour, et je n'ai pensé qu'à vous protéger. Ca va aller. Vous n'avez rien. La police va arriver et va vous mettre en sécurité. Ils vous emmèneront à l'hopital, puis ils vous demanderont ce qu'il s'est passé. Dites leur la vérité. Ca va aller, Victoria. Je vous le promets. Tout cela partira en fumée, comme un mauvais rêve. C'est toujours comme ça. Ces hommes en avaient après moi car je sers la Reine, et ils n'auraient pas hésité à vous tuer. Vous ne devez pas vous attarder sur eux, mais sur vous. Tout ira bien, Victoria. Je suis vraiment désolé que vous vous soyez retrouvée impliquée par ces fanatiques. Vraiment désolé... |
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 25 Avr - 11:06

Assise par terre, je fermais les yeux quelques instants, espérant que lorsque je les ouvrirai de nouveau, le monde aurait retrouvé dans mes yeux ses couleurs normales. Si ma vision se retrouvait affaiblie, mon ouïe elle se portait visiblement à merveille. Je ne devais pas être très loin de Torben, car je pouvais l’entendre prononcer quelques phrases aussi succinctes que mécaniques à « sa Reine. » Le parfait petit soldat faisant son rapport… Cette attaque ne semblait avoir laissé sur cet homme aucune séquelle, et c’était ce qui m’avait le plus effrayé. En sortant de la limousine, j’avais croisé son regard, froid et dépourvu de toute émotion ; il avait le regard de ces criminels que j’avais vu dans ces émissions où ils présentaient des cas de tueurs en série, et qu’il m’arrivait de visionner tard dans la nuit, quand le sommeil tardait à venir. Il avait abattu ces hommes, certes en légitime défense, mais visiblement cela avait provoqué chez lui autant d’émotions que s’il s’était brossé les dents ou était allé faire ses courses.

Au bout de quelques secondes, j’ouvris de nouveau les yeux ; ma vision était revenue à la normale, et je découvris que je me trouvais non loin du véhicule. Des badauds avaient envahi la rue, et ce fut lorsque deux d’entre eux s’avancèrent vers moi que Torben revint à mes côtés, me soulevant doucement pour m’aider à me relever. Malgré moi, mon imagination fit encore des siennes : j’imaginais une musique mielleuse, alors que Torben me serrait dans ses bras, sortant une banalité du genre : « Je ne laisserais personne vous faire du mal », avant que les violons de la musique ne s’intensifient, et que nous échangions sur ces derniers un baiser langoureux. Je sortis de mes rêveries, alors que mon partenaire exprimait ses regrets concernant mon implication dans cette agression. J’eus un mouvement de recul lorsque je l’entendis parler de police et d’hôpital. L’idée de savoir que mon nom serait, même indirectement, rattaché à toute cette affaire, vampires, HCV puisqu’apparemment c’était eux les responsables, n’était pas pour me rassurer. Dans quoi m’étais-je impliquée ? Pourquoi avoir refusé d’écouter mon instinct ?


Ce dernier, plus présent que jamais maintenant que la douleur commençait à diminuer, me pressait à la transformation pour filer rapidement loin d’ici. Comme à chaque fois que je combattais violemment ce dernier, un saignement de nez se déclencha. Je me détachais de Torben pour saisir un mouchoir dans mon sac, que j’avais pensé à prendre, malgré la confusion dans laquelle je me trouvais. Après avoir pressé pendant quelques instants ce dernier contre mon nez, une fois le saignement calmé je pris enfin la parole :

« Ca va, ce n’est qu’une simple bosse, je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital. J’entendais les sirènes qui se rapprochaient, et comprenais qu’en ce qui concernait mon idée de filer avant la police, c’était mal barré. J’aurais préféré que ce ne soit qu’un mauvais rêve franchement… Je ne sais pas comment vous faites pour supporter ce genre d’agression sans broncher… Plus que jamais, j’avais du mal à le comprendre, à savoir qui se cachait réellement derrière cet homme qui pouvait tantôt faire un rapport froid et détaillé à sa reine, tantôt se montrer doux et courtois. Où était le masque ? Je vais bien d’accord ? repris-je légèrement énervée par la situation dans laquelle je me retrouvais, m’éloignant davantage de Torben. Cet homme m’inspirait à la fois de l’incompréhension, du doute, de la peur et du désir ; en effet, malgré ce qui s’était produit, il y avait toujours cette tension sexuelle entre nous, ce qui était vraiment déstabilisant. Je leur dirai ce que j’ai vu, ou plutôt entendu dans mon cas, et je rentrerai chez moi. »

Je me dirigeais lentement vers l’un des policiers arrivé qui venait dans notre direction, pressée de pouvoir me réfugier chez moi, loin de toute cette violence.
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MessageSujet: Re: Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé]   Coktails et retrouvailles [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 26 Avr - 15:30

    Elle était vraisemblablement en état de choc. Je ne pouvais rien y faire, sinon soigner et polir ma couverture, de sorte à éviter que l'on rajoute des soupçons par dessus des faits aux proportions déjà problématiques, sinon totalement catastrophiques. Il fallait bien avouer que je n'avais pas fait le moindre faux pas, mais je savais qu'en Ecosse tout autant que certains autres pays d'Europe occidentale, la présomption d'innocence et la légitime défense n'allaient pas réellement de pair. Je savais cependant que les appuis de la Reine étaient suffisants pour me tirer de ce mauvais pas. Je n'avais de toute façon pas le choix que de la considérer comme mon ultime recours. Si elle décidait finalement de me laisser à où j'étais, cela signifierait que ses besoins en ce qui me concernait avaient fini par s'éteindre ; je n'aurais dès lors plus la moindre utilité. J'étais résigné depuis le départ à ce sort. Je n'étais pas immortel, mes talents, encore probablement perfectibles, finiraient un jour par décroître, sans compter que je n'étais jamais qu'un pion. Je savais que le jour où je finirais oublié dans un cul de basse fosse n'était qu'un peu plus proche à chaque heure qui passait. Cela ne me faisait pas peur. J'avais déjà eu une vie tout ce qu'il y avait de plus remplie, et je ne laissais de toute manière rien derrière moi, alors pourquoi s'accrocher becs et ongles à une existence, quand vivre n'avait plus de sens ? On verrait bien le moment venu. Ce n'était pas aujourd'hui, j'en avais le pressentiment. Je savais que cela n'arriverait pas. Pas comme ça en tous cas. Victoria eut un mouvement de recul quand je reparlais de l'hopital et des policiers. Je ne savais pas ce qui me tracassait en cet instant précis, mais je sentais bien que je n'avais pas la compréhension totale et intime de son esprit ; je ne savais tout simplement pas ce qu'il pouvait lui passer par la tête à cet instant précis, et je ne voulais pas non plus le savoir. J'avais déjà trop de choses dans la mienne, tant de questions sans réponse, pour me laisser détourner ainsi de la vérité. La jeune femme saignait maintenant du nez, sang qu'elle se mit à contenir à l'aide d'un mouchoir. Elle me dit qu'elle n'avait jamais qu'une bosse. Victoria me demanda alors comme je faisais pour supporter ce genre d'agression sans broncher. C'était simple, comme un leitmotiv, un hymne, une pensée obsédante. A cœur vide rien d'interdit. Je la toisais, m'efforçant de toujours montrer de la compassion à son encontre.


    | Je fais ce qu'il faut pour me défendre, et pour défendre ceux qui pourraient être atteints par ma faute. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois que j'aurais à le faire. |


    Cela aurait pu paraître romantique, voire naîvement idéaliste, dans d'autres circonstances. Pourtant, je n'aurais pas pu être plus sérieux à cet instant précis, et il semblait clair que l'on ne pouvait pas aller contre ma volonté. J'y étais allé fort, cependant. Je venais de lui avouer que ce n'était pas la première fois que je tuais des gens. Les images des choses que la justice de ce pays m'avait reproché, remontèrent à la surface. Les policiers tués à Edimbourg. C'était vrai. Je les avais tués car ils allaient abattre Andréa. Tous ces vampires aussi, que j'avais massacrés. Avant ça, ma vengeance dans l'Europe centrale, jusqu'à Prague. Et des années plus tôt encore, la Tchétchénie, dans la 6ème division blindée russe. Que de chemin parcouru... Un chemin où les traces de sang laissées derrière moi se faisaient de plus en plus abondantes et brouillonnes. Victoria s'éloigna, me disant qu'elle allait bien.


    | C'est l'essentiel, alors. |


    qu'ajouter de plus ? Victoria me dit qu'elle allait dire ce qu'elle avait entendu, et puis c'est tout. Je la regardais s'éloigner encore, quand on me mit au sol, qu'on m'asséna un coup ou deux pour faire bonne mesure, et qu'on m'emmena de force dans un car aux sirènes hurlantes. Encore.
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