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"La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]
MessageSujet: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptySam 5 Déc - 13:37


Je me réveille en sursaut, pour la troisième fois de la journée. J'ai des sueurs froides et mon premier réflexe est de me saisir de mon arme, planquée juste sous l'oreiller. Je réintègre difficilement la réalité, à observer et braquer le moindre recoin de ma chambre comme si un ennemi risquait d'en débouler. Mais rien. Et on est encore en journée, puisque je ne dors plus que quand le soleil est haut dans le ciel. Tout est immobile dans cette pièce... Tout va bien.
Ca fait très longtemps que ça ne m'est pas arrivé, me lever avec la peur au ventre. Je pensais avoir dépassé ce stade depuis un moment, mais c'est une vieille rengaine quand on se sent traqué. Sauf qu'elle n'est pas là, pas physiquement en tout cas. Je la vois constamment dans mes rêves, et impossible de s'en débarrasser. Elle me hante, et pire que tout, ce désir de sa chair et de son sang... Je pose mes deux mains contre mon crâne et prend une longue inspiration. Je n'ai pas lâché mon arme. Je tremble. Je transpire. Je sais que ça ne va qu'empirer, mais la dernière chose dont j'ai envie, c'est bien de demander de l'aide. Je repose mon flingue malgré moi. Il ne me sert à rien. Je suis dans un tel état que j'ai trouvé plus pertinent d'en retirer les balles, au cas où je me réveillerais avec l'envie subite de m'en tirer une dans la tête. Il faut simplement que je me calme, que je me rendorme, et que j'essaie surtout d'arrêter d'y penser.

Impossible. C'est totalement impossible.
Je me retourne sans arrêt dans mon lit jusqu'à ce que la frustration se change en impatience et en rage. Je me transforme, dans un besoin violent de trouver autre chose. Je m'envole, cette fois. Les nuits précédentes, je me suis contenté de tout casser dans la furie incontrôlable du Loup. Je passe par les interstices et m'évade pour de bon. J'ai aussi conservé cette peur incontrôlable d'être enfermé. C'est souvent ce même cauchemar qui revient, à frapper encore et encore contre le couvercle fermé de ce cercueil. Je me retourne, et elle est toujours là, à côté de moi. Et ce besoin irrésistible de la dévorer, de la prendre, de boire jusqu'à la dernière goutte de son sang. Tout à la fois, jusqu'à ce que j'étouffe, jusqu'à ce que je me réveille.
C'est le présent qu'elle m'a laissé. Cette vampire savait pertinemment que je finirais par me mettre en chasse, parce que c'est toujours ce que je finis par faire quand une idée fixe me reste dans la tête. J'enrage de lui donner raison, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas résister à cet appel.

Mon vol est long et fastidieux, jusqu'à Edimbourg. Je me laisse retomber sur les derniers lieux de l'attaque, là même où je me souviens avoir saisi ses dernières fragrances. Le reste... J'ai tout fait pour oublier, parce que je me savais capable de revenir et ne le désirais pas. Je devrais partir et rentrer à Wolfheaven. Je devrais, mais je ne le fais pas. Je traque les moindres traces de cette odeur. J'ai le reste de la journée devant moi. Rien à craindre, dans l'immédiat.
Même si je connais cette odeur par cœur, il me faut plusieurs heures avant de parvenir à trouver une piste. Peut-être parce que je me sens horriblement mal, et que cet empressement me dessert plus qu'il ne m'aide. Je songe plus d'une fois à renoncer. J'ai même fait demi-tour, à un moment donné, mais je me remets inlassablement à la tâche. Je la remonte tranquillement, jusqu'à me rendre compte qu'elle me mène au dernier étage d'un immeuble imposant, et non directement à son sous-sol.

Je reprends la voie des airs jusqu'aux fenêtres, qui sont si bien hermétiquement verrouillées que même un papillon ne peut pas se glisser sous ces rideaux de fer. De toute évidence, si j'avais encore le moindre doute, je viens bien de tomber sur un vampire. Je fais le tour pour venir depuis le couloir, voletant par moment avant de m'immobiliser au plafond, mes ailes d'un bleu métallique déployées. Des gardes se trouvent à chaque porte, au dernier étage, ce qui signifie que je viens de tomber sur un vampire d'importance... Ca doit bien être elle. Ancienne, et donc certainement gradée.
N'importe qui aurait eu un mal fou à passer cette surveillance pointilleuse entre les gardes humains et les recoins truffés de caméra, mais un papillon n'a pas tendance à réveiller la vigilance. Je me glisse sans le moindre problème derrière les caméras et sous le nez des gardes, jusqu'à parvenir à une porte qui a un interstice assez large, d'un peu moins de cinq millimètres, pour que je m'engouffre dessous. Un jeu d'enfants. Ca fait longtemps que je ne m'étais pas amusé à jouer les voleurs professionnels... Et il y aurait de quoi faire dans cet appartement qui prend facilement tout l'étage. Ce n'est pas spacieux, c'est immense, et décoré richement avec le même goût raffiné que mon ancienne prison. A l'intérieur, on dirait que les caméras sont absents, certainement pour laisser un peu d'intimité... Je quitte ma forme favorite pour revêtir celle du Loup au pelage gris et blanc. Je dois en avoir le cœur net et son odorat est plus à même de m'aiguiller que celui du papillon. Je vérifie pièce par pièce, et ne sent qu'une odeur légère qui me révèle sa présence... Jusqu'à ce que je parvienne devant la chambre. Là, elle est plus forte, mêlée à une autre qui m'est totalement inconnue.

Je gronde, et hésite encore à faire demi-tour, mais c'est plus fort que moi. Je m'engage à l'intérieur. Belle décoration encore, somptueuse et dans le plus pur style ancien. Cette chambre doit faire la taille de mon appartement, voir plus. J'en fais le tour en trottinant. L'odeur est partout, maintenant. Et dans ce lit gigantesque qui trône au milieu, j'aperçois une forme, immobile. Ce n'est pas elle, non. Je sens la déception et la frustration me prendre à la gorge à nouveau, que je chasse comme je peux avec un élan de rage. C'est un vampire qui a son odeur.

Je pose les deux pattes sur le matelas et avance le museau pour mieux sentir ce parfum entêtant sur lui. Elle devait être là. Et lui, qui c'est ? Je n'ai plus vraiment le temps de me poser ce genre de questions. Il faudrait que je parte au plus vite, parce que le crépuscule approche. Et pourtant, je n'arrive pas à me résoudre à rester là-dessus. Merde... Je dois bouger, vraiment. Avant que...

Je me fige, presque aussi immobile qu'il l'était. Ses yeux viennent subitement de s'ouvrir, et je reste là, les deux pattes posées à côté de sa tête, les oreilles pointées droit devant moi avec cette expression de surprise immense.

...
Putain, cours !
Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyLun 7 Déc - 20:51

    Le soleil disparaissait lentement à l'horizon. Du moins, cela devait être le cas, même si le climat écossais empêchait parfois... souvent même, de le voir. Plus efficace que n'importe quel réveil, le crépuscule amenait la conscience. Et avant d'ouvrir les yeux, il y eut une odeur. Alors que je quittais ce sommeil vampirique, que l'on pouvait considérer comme un coma, où j'étais vulnérable, incapable de bouger, inconscient, je sentis que je n'étais pas seul dans ma propre chambre. L'odeur était inconnue. Ce n'était pas Scylla. Nous ne partagions plus notre couche pour le moment, nous avions chacun nos obligations malheureusement et jamais je n'aurais pu penser qu'elle me manquerait tant après avoir été loin d'elle pendant des siècles. Mais je m'étais éloigné par colère, pour fuir celle qui m'avait tout pris et trompé. Désormais, les choses étaient différentes... Scylla était réellement attachée à moi. On pouvait appeler cela obsession, possessivité, qu'importait. Elle était prête à risquer sa vie pour me plaire... Elle avait raison, dans notre relation, elle était prête à davantage donner que moi.

    L'odeur qui me parvint m'était donc inconnue, mais réveillait ma faim. Et n'était pas sans me rappeler celle d'Aleksandra. Mon cerveau assimila cette information en une fraction de secondes et j'ouvris les yeux pour me retrouver nez à nez avec... un loup. Sans doute que mes pupilles s'agrandir sous l'effet de la surprise et de la brutale décharge d’adrénaline que la vue d'un potentiel danger suscitait. J'avais deux réactions possibles : bondir pour m'éloigner de lui. Ne pas bouger pour ne pas exciter son instinct de prédateur. J'avais combattu durant les années sanglantes. Je savais à peu près comment ils fonctionnaient.

    Je me figeais. Un loup... Cela n'allait pas, ne collait pas. Ce que je sentais et ce que je voyais ne correspondaient absolument pas. Il ne sentait pas le loup garou. Son odeur était bien trop plaisante. Le chant d'une sirène. Et au réveil, j'avais naturellement faim. Mais une autre information se glissa aussitôt dans mon esprit : il y avait un étranger dans ma chambre. Comment était-il entré ? C'était impossible ! La sécurité était irréprochable ! Personne ne pouvait entrer quand je dormais. Personne. Les ordres étaient clairs. Mon personnel de confiance. Des professionnels, grassement payés. Y avait-il un traître ? Et si c'était le cas... Depuis combien de temps le loup était-il là ? Pourquoi ne pas m'avoir déjà attaqué ?

    Nous n'étions pas officiellement en guerre contre les loups. Nous voulions même à tout prix éviter ça. Alors ? Était-ce un assassin ? Un solitaire qui voulait venger la lupa ? Un curieux ? Pourquoi n'attaquait-il pas ? Pourquoi être resté un loup ? Il était hardi, jusqu'à avoir ses pattes sur le matelas. Il était proche, beaucoup trop. Et son regard intelligent était fixé sur moi. Je n'avais pas bougé. Aussi immobile qu'une statue. Mais il était bien trop proche pour ma tranquillité. Si mon cœur avait encore pu battre, il se serait sans doute emballé, cognant trop fort dans ma poitrine. Pourtant, cette immobilité ne pouvait durer. Ni se regarder en chien de faïence.

    Alors, tout à coup, je bandai mes muscles et sautai hors du lit, m'éloignant du loup, à une vitesse telle qu'il du lui falloir une poignée de secondes pour comprendre ce qu'il s'était passé. Je n'aimais pas qu'on pénètre ainsi dans mon intimité. Surtout au saut du lit. Je n'avais rien que mes crocs pour me défendre. Ils étaient sortis malgré moi dés que je m'étais éloigné et je me retins de les lui montrer pour le menacer. J'étais seul, nu et désarmé face à un loup. Un combat qui risquait de s'annoncer épique.

    « Tu as 1 minute pour reprendre apparence humaine et me dire ce que tu fais ici. »

    Il y avait des armes chez moi, naturellement. Mais dans ma chambre, il n'y avait qu'une dague d'apparat. Qui pouvait trancher une gorge bien sûr. Je lui laissais pourtant une chance de s'expliquer avant de passer à l'attaque. Au moindre signe d'agressivité, je le tuerais.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyMer 9 Déc - 11:55


Le vampire ne bouge pas, conservant cette immobilité cadavérique si dérangeante. Impossible de savoir ce qu'il lui traverse l'esprit en cet instant précis, mais je ne compte pas m'attarder pour l'apprendre. Je me baisse pour me soustraire à sa vision. Je réfléchis à toute vitesse au meilleur moyen de m'en sortir indemne sans trahir mon identité. Il me suffirait de rouler sous le lit et de reprendre ma forme favorite. Ensuite, je me cache contre le bois assez longtemps pour qu'il croit que je me suis rué vers la porte, et seulement quand il sera occupé ailleurs, je passe sous le seuil de la porte d'entrée et m'évade sans que ni ses gardes ni lui ne percutent. Parfait. J'ai un plan qui tient la route.

Alors pourquoi j'hésite ? J'ai envie de m'exploser la tête contre le mur le plus proche, en espérant que mes idées se remettent en place. J'ai envie de le mordre, parce que j'espère ainsi soulager un petit temps cette sensation de manque qui est une vraie torture, peut-être même pire que d'avoir été enfermé dans ce cercueil. Ce n'est pas elle, mais il pourrait faire l'affaire, non ?
... Non. Ça ne fera que retarder l'échéance, et ce sera encore pire après. Il faut que je me tire d'ici en vitesse. Je le sais depuis le début. Je me mets en danger inutilement, parce que je suis incapable de passer outre. Les voilà, mes chaînes. Imposées directement sur mon esprit... Je suis toujours un prisonnier. Je l'ai toujours été, malgré ma fuite.

Je reviens très vite à la réalité en sentant du mouvement, dès que je me suis aplati au sol pour qu'il me perde du regard. Ce simple geste a dû suffire à l'alarmer et l'inciter à passer à l'action. J'ai cette peur qui me vrille les entrailles parce qu'il est si rapide que ses gestes m'apparaissent flous, et que jamais je ne le serais assez pour lui réchapper.
Un silence s'étire entre nous. Je reste abasourdi, le regard rivé à cette silhouette. J'appréhendais la douleur à venir, mais rien ne m'a percuté en pleine face, aucun croc ne s'est pressé contre ma nuque. Mon souffle revient. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais cessé de respirer. Ce vampire est rapide, et de toute évidence, il résiste aussi bien à sa faim dévorante qu'elle. Il est certainement âgé aussi, et ils doivent être proches, voire très proches. Connait-il mon existence ?

Le vampire prend la parole, raisonnable. Et je viens d'avoir la preuve que non, sinon il connaîtrait pertinemment la raison de ma présence en ces lieux. Et... Une minute. Je percute au retard et retiens un rictus un rien sauvage. Il me prend pour un lycanthrope, à cause de ma forme actuelle. C'est la raison pour laquelle il s'est hâté de s'écarter et me donne tout juste le temps nécessaire pour reprendre forme humaine immédiatement. J'arrive à reprendre l'ascendant sur cette peur qui me tenait à la gorge, parce qu'il éprouve la même envers moi. Je ne suis pas un poison, mais il me ferait plaisir d'inverser la tendance et lui faire croire encore un temps.

Je plaque mes oreilles dans mon pelage gris-blanc et fais un pas en arrière, prudent. Je n'ai pas envie de me faire attaquer par un vampire qui se croit en danger de mort, surtout dans mon état actuel. J'ai un doute sur ma capacité à en réchapper, même si je me sers de mes dons de métamorphe. J'ai le pouls bien trop rapide, la nausée qui me guette. Je sens la sueur coller mes poils entre eux et mes membres tremblent sans raison apparente. Je dois ressembler à un Loup malade, sauf qu'ils ne le sont jamais. Je ne vais pas pouvoir le tromper encore longtemps... Mais peut-être suffisamment pour obtenir les informations qui me sont nécessaires, en le tenant en respect. Je montre les crocs, sans un bruit, comme pour le mettre en garde d'approcher. Je me détourne à la seconde suivante, pour bondir dans la salle principale, et directement derrière le comptoir de la cuisine. J'ai une longueur faible d'avance, dont je me sers pour reprendre forme humaine. Je ne me redresse pas immédiatement, parce qu'il m'est ainsi plus aisé de tromper l'ennemi sur le temps nécessaire à une telle transformation.

Je me sers du comptoir pour me redresser et lui faire face, dès qu'il arrive. Au moins, nous sommes presque à égalité, nu comme des vers à s'affronter du regard. Je lâche dans un souffle, la vérité, parce que ça me paraît le plus prudent, et surtout parce que, peu importe la réponse qu'il croira bon de me fournir, elle m'intéresse :

- Je la cherche, mais elle n'est pas ici.

Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyVen 25 Déc - 12:38

    Je suis dans l'expectative. Et je ne comprends pas les informations contradictoires qui me parviennent. Ce que je vois, et ce que je sens, ne correspondent absolument pas. Il ressemblent à un loup. Il n'en a pas l'odeur désagréable. Bien au contraire. Il a une odeur qui me donne envie de me jeter sur lui et de planter mes crocs dans cette fourrure blanche. Ce qui est totalement suicidaire. Il sent comme Aleksandra en vérité. Mais je n'ai pas encore assez d'information sur ce qu'elle est pour pouvoir les mettre dans la même catégorie, même si l'odeur ne trompe pas. Ce loup serait-il comme elle ? Dans ce cas, est-elle capable, elle aussi, de se transformer en loup ? Cela fait beaucoup trop de questions pour le réveil. Des questions qui se bousculent et tournent à toute vitesse dans mon cerveau alors que le loup et moi ne nous quittons pas des yeux. Il a essayé de se soustraire à ce duel visuel, et cela m'a fait bondir, autant par réflexe de me protéger, que pour ne pas commettre une folie et lâcher la bride à ma soif. Me jeter sur lui pour le vider de son sang n'est sans doute pas l'idée du siècle. Pourtant, mes canines me démangent et je dois faire appel à tout mon contrôle pour demeurer immobile et mesurer ma voix.

    Le loup plaque ses oreilles et recule prudemment. Bat-il en retraite ? Il n'est pas question qu'il disparaisse ainsi, pas après avoir réussi par je ne sais quel stratagème à s'introduire chez moi. A-t-il soudoyé mon personnel ? Les a-t-il tué ? Non. Je ne sens aucun odeur de mort dans les environs. Il n'y a que la sienne, douce, enivrante. Un vrai chant de sirènes pour un vampire. Mais quelque chose ne va pas chez ce loup. Son cœur bat vite, trop. Il s'échappe de lui des odeurs contradictoires. Mon odorat n'est sans doute pas aussi poussé que celui des loups pour déchiffrer les émotions, mais ce loup là a un problème. Un instant, il me montre ses crocs, d'une taille respectable et je me retiens de faire de même, comme pour répondre à son défi. Car mes canines sont sorties, l'envie d'en découdre est belle et bien là. Difficile de museler mes instincts, surtout en étant ainsi pris au dépourvu. Un vampire plus jeune n'aurait pas réfléchi et se serait jeté sur lui. Qu'importent les conséquences.

    C'est alors qu'il prend la fuite. J'ai toujours trouvé les loups gracieux dans leur façon de se mouvoir. Gracieux et puissants. Je n'éprouve pas réellement une aversion pour eux. Ils ont été mes ennemis durant les années sanglantes et bon nombre ont été des adversaires redoutables et dangereux. Presque mortels. Encore une fois, je sais apprécier la beauté de ce bond puissant. Mais cela ne dure qu'une fraction de secondes avant que je ne me dirige vers le salon, lui emboîtant le pas avant de me figer tandis qu'il a disparu de mon champ de vision. Mais je peux le sentir. Prudemment, je le suis à l'odeur, jusqu'à la cuisine. Et il émerge alors un homme de derrière le comptoir, aux yeux très bleus. Il me devance en prenant la parole. Et rien de ce qu'il aurait pu dire n'aurait pu me surprendre davantage que ça. Mes sourcils se froncent, avant que je ne comprenne de qui il parlait.

    Scylla ?

    Il cherchait Scylla ? Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle avait encore fait.

    « Et donc, tu as cru bon de tenter de suivre sa piste et de t'introduire ici dans l'espoir de la trouver ? Hum, je vois qu'elle ne t'a pas laissé d'adresse. »

    Etait-ce visible l'effort que je faisais pour me contrôler ? Peut-être dans une certaine tension de ma voix. Et la situation était parfaitement ridicule. Nous étions tous les deux, totalement nus, dans ma cuisine et il cherchait MA Scylla, au point de venir risquer sa vie. Je l'observais attentivement. Encore une fois, quelque chose clochait.

    « Elle a été ici, mais ce n'est plus le cas. Qu'est-ce que tu lui veux ? »

    Je penchais la tête, plissant les yeux, pour reprendre, un peu plus durement encore :

    « Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? »

    Je la connaissais bien. Trop bien. Et ce type avait un problème. Étaient-ce des symptômes... de manque ?
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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyLun 28 Déc - 23:39


Il me laisse partir. Je sais très bien que si le vampire l'avait voulu, il m'aurait rattrapé à temps pour me régler mon compte, mais non... La curiosité a pris le dessus, assez pour me laisser une longueur d'avance. Je crois saisir la même fascination morbide dans son regard que la vampire en avait fait preuve. Et pourtant, il contrôle à merveille cette envie dévorante qu'il doit avoir au réveil. Etonnant. Ce n'est pas difficile de deviner qu'il doit faire partie des anciens, et même peut-être des puissants du monde vampirique de par la surveillance rapprochée dont il bénéficie. Je crains de m'être encore engagé dans une sale histoire... Mais j'ai ce besoin primordial de la retrouver, et par-dessus tout, son sang m'appelle presque aussi sûrement que le mien pour lui. C'est ce qui me retient de partir, mais qui me motive aussi à reprendre forme humaine. Il m'est encore plus difficile de me contrôler sous forme animale, surtout avec ses crocs prêts à trancher dans leur chair pour m'emparer de cette drogue qui me ronge de l'intérieur...

J'essaie de réunir mes pensées, et de le fixer droit dans les yeux. Ce n'est pas de la provocation, seulement ancrer son regard me permet de rester davantage lucide. Je tremble, beaucoup trop. Je suis tendu, assez pour ne pas frissonner, mais mon corps est trempé de sueurs froides. Je suis vraiment dans un piteux état, tellement qu'il est impossible de nier. Je lâche ces mots qui semblent prendre sens de son esprit. Je verrais presque les engrenages s'activer pour rétablir la situation... Et il doit décidément bien la connaître pour se montrer aussi perspicace. Je n'en ai pas dit beaucoup, mais mon attitude générale doit parler pour moi.

J'ai du mal à maintenir son regard, du mal à respirer aussi... Et d'autant plus à réfléchir. Il me rappelle à la réalité, inlassablement, à chacune de ses questions. Je fronce les sourcils, me force à me focaliser sur sa voix et non sur le décor de la pièce, ou cette peau que je percerais bien de mes crocs.

- J'ai préféré ne pas m'en souvenir, de cette adresse.

Il ne me donne aucun nom, mais aucun doute que nous parlons de la même personne. Je n'ai pas besoin d'en savoir plus. Je parle un peu trop vite pour que ce soit naturel, allant direct à l'essentiel.

- Son sang. Elle.

Dans cet ordre. Ce n'est vraiment pas ce que j'aurais dû dire... Mais ça me dévore de l'intérieur, et ce mot ne cesse de m'être martelé à l'esprit. Son sang à elle. Je la veux, entière. Et surtout ce qui la maintient en vie. Je veux aussi la tuer, lui faire payer... Autant de préoccupations qui me paraissaient moins vitales que ces premiers mots que je lâche sans ambages. Et quoi ? Il aurait fini par le deviner.

Je sens la colère qui gronde derrière ce ton abrupt. J'ai envie de lui répondre sur la même échelle, parce que je le suis aussi, et contre bien des choses.

- Ce n'est pas assez évident, peut-être ? Elle a pris ce qui l'intéressait, voilà ce qu'elle fait.


Je repose mes mains sur le comptoir et serre les poings jusqu'à m'en blanchir les phalanges. Je peine... Je pose la seule question qui m'importe vraiment :

- Où est-elle maintenant ?

Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyMar 29 Déc - 19:45

    Bien, bien. Ne pas laisser libre court à une colère toute légitime à l'idée qu'un homme s'est introduit chez moi pour retrouver mon Sire. Ne pas exploser en comprenant que Scylla a sans doute maltraité ce type. Pas difficile à comprendre au vu de sa réponse concernant son adresse. Mais surtout, une jalousie totalement irrationnelle s'empara de moi en comprenant qu'il avait bel et bien été chez elle. Ce n'était pas une rencontre dans la rue ou je ne sais où, non, il s'était rendu chez elle. Sans doute après mon dernier passage. Je n'avais jamais senti son odeur chez elle. Ni sur elle. Mais nous ne pouvions plus nous voir comme avant. Elle avait ses affaires, j'avais les miennes et nous n'avions pas à entrer en contact. Alors il était légitime que je ressente de la jalousie en apprenant qu'un autre homme s'était glissé chez elle. C'était idiot, parce que je n'avais pas à douter de sa fidélité à mon endroit. Moins qu'elle ne pouvait douter de moi d'ailleurs. Mais malheureusement, cœur et raisons ne faisaient pas bon ménage et si je tentais de me raisonner, la jalousie demeurait, perçante, pernicieuse.

    Un jalousie qui faillit se déchaîner quand il réplique simplement qu'il voulait le sang de Scylla. Elle. Si nous nous étions rencontrés il y a quelques siècles, je me serais jeté sur lui sans chercher à en savoir davantage. Je n'étais pas du genre patient quand j'étais humain et jeune vampire. Bien au contraire. J'étais violence et passion. Et je supportais très mal ce que j'étais en train d'apprendre sur Scylla par cet inconnu. Cet inconnu drogué jusqu'à la moelle au sang de vampire. Au sang de Scylla... Jalousie. Encore. Qu'un autre que moi ai eu le privilège de goûter ce nectar. Cela n'aurait pas du être... Scylla avait prit ce qu'elle voulait et le laissait ainsi. Elle avait sans doute enfreint un paquet de nos lois et cela me faisait enrager. Comment être crédible si celle que je protégeais n'en faisait qu'à sa tête ? Cela la faisait rire, mais pourtant, j'avais engagé ma responsabilité auprès de ma reine et si quelqu'un devait être puni des agissements de Scylla ce serait moi. Cela échappait à mon sire, mais c'était ainsi. Je répondis avec une ironie cruelle :

    « C'est ce qu'elle fait toujours. »

    J'étais bien placé pour le savoir. Ma propre histoire s'était passée ainsi. Et je ne pouvais que comprendre l'état dans lequel se trouvait ce type... Ayant besoin d'elle, mais la haïssant en même temps pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle avait fait. Il y avait un écho chez lui en moi. Et au lieu de m'amener à la compassion, cela ne fit qu'à faire gronder la colère en moi. Mon agressivité latente ne faisait qu'amplifier la sienne et il se montra plus brusque, allant droit au but. Mes narines frémirent. Cet homme était peut-être une victime, drogué et donc l'esprit peu lucide, mais il était chez moi et en cet instant, il était un rival. Aussi stupide cela soit-il.

    Alors, sans prévenir, je bondis sur lui, ma main se refermant sur sa gorge, le plaquant violemment contre le mur derrière lui, le sonnant même sans doute à moitié alors que je ne maîtrisais plus tout à fait ma force. Bravo, il avait réussi à me faire sortir de mes gonds. Ce n'était pas facile, mais tout jouait contre lui. Sans compter son odeur, qui me frappait de plein fouet alors que j'étais tout prêt de lui.

    « Tu te rends compte combien il est stupide de se rendre chez un vampire à son réveil quand on a ton odeur ? »

    Non seulement, je l'avais sonné mais je l'étranglais à moitié, lui écrasant la trachée alors que mes crocs était dévoilés. J'allais le mordre. Et je risquais une fois encore, gros. Je pris sur moi, avant de sourire légèrement, un sourire qui n'avait rien de rassurant. Je déchirais alors la peau de mon poignet libre, l'agitant sous son nez :

    « Tu en crèves d'envie n'est-ce pas ? »

    Sans doute autant que moi. Et il ne saignait pas. Pas encore. Je relâchais ma prise sur lui, libérant son cou, le laissant prendre ce dont il avait tant besoin avec un sourire mauvais.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyMer 30 Déc - 16:31


Le moins que l'on puisse dire, c'est que le vampire n'a pas vraiment l'air ravi des réponses que je peux lui apporter. On dirait presque, à son regard, qu'il va me sauter à la gorge d'un moment à l'autre... Ce qui ne change pas vraiment de précédemment. Mon odeur doit le rendre fou, et plus je m'attarderais en ces lieux, plus ce sera difficile pour lui de contenir ses instincts. Etrange comme nos situations se ressemblent en tout point... Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle voulait ? Que leur sang soit un vrai chant des sirènes pour moi comme le mien peut l'être pour eux ? Elle a apposé ses chaînes sur mon esprit, et malgré une lutte acharnée, elle aurait eu raison de moi. Alors même que j'ai réussi à m'échapper de son antre... Quelle ironie.

Je penche la tête, avec une lueur interrogatrice dans le regard, alors qu'il répond sur le ton de celui qui sait, et peut comprendre. Ce n'est pas de la compassion, mais une simple et cruelle vérité qu'il me livre. Je scrute un instant ses pupilles noires, cherchant à deviner ce qu'il entend exactement par là... Quand la lumière se fait progressivement sur mon esprit. Je ne dois pas être le seul à avoir bénéficié de ses attentions, même si je suis probablement le seul métamorphe. Peut-être que lui aussi en a un jour fait les frais, à moins qu'il ne l'ait aidé à contenter ses désirs de domination sur d'autres... Je préfère éviter de trop réfléchir à la question, pour mon propre bien. Je le quitte du regard pour en lancer un vers ma porte de sortie. Je devrais partir, vraiment. Alors pourquoi je reste planté là ? J'enrage, contre moi-même, contre cette faiblesse qui émousse mes instincts les plus primaires pour les tordre. Je ne suis plus un animal. Je suis le putain de drogué que je craignais devenir.

Je pose la question qui me brûle les lèvres, afin d'en finir au plus vite et de pouvoir repartir comme je suis venu. Je sens sa colère répondre à la mienne... Et il est le premier à agir. Le vampire est bien trop rapide pour que j'ai le temps de comprendre ce qu'il vient de se passer. J'ai seulement le temps de songer à me métamorphoser quand ma tête percute violemment le mur de derrière. Je ferme les yeux et grimace de douleur. J'encaisse en silence cette souffrance qui démarre de l'arrière de mon crâne et se propage rapidement dans toute ma tête, un peu trop sonné pour songer à cette main qui m'enserre le cou, ou les mises en gardes totalement inutiles qu'il m'envoie au visage. Je rouvre les yeux et plisse le regard sur ses crocs désormais visibles. Il va certainement me vider de mon sang, et finir le travail qu'elle avait démarré. Elle ne va pas apprécier qu'il lui casse son jouet plutôt que de gentiment lui ramener... J'ai envie de rire, de le mordre aussi. Je me contente de tousser à peine, alors qu'il m'écrase la trachée. Il a raison, j'ai été stupide : J'aurais dû prendre ce que je voulais avant qu'il ne se réveille, et le tuer ensuite. Je passe tellement de temps à hésiter, à chercher à me contenir... En vain. C'est une vraie torture que je m'inflige. Je voulais seulement qu'elle prenne fin ce soir. Je vais être servi. Des chances que je ne sente plus rien bientôt.

Mais la pression cède aussi subitement qu'elle est venue. Je me penche en avant et reprends fastidieusement mon souffle, la main contre ma gorge. Je croyais mon heure arriver... Mais il s'est contenu, vraiment ? Je le regarde avec un semblant de suspicion et de colère... Et comprends bien vite ce qu'il avait en tête. On m'a déjà fait ce coup-là. Ils sont tous les mêmes. Je gronde bassement, à défaut de réussir à parler. J'ai envie de le déchiqueter de mes crocs pour lui faire payer, mais j'ai bien davantage envie de boire ce sang. Les derniers remparts de ma raison finissent par céder et je m'empare de son poignet pour aspirer de longues goulées de son sang, avide comme jamais. Je ne m'arrête pas... Pas avant qu'il ne se décide à le retirer à ma vue. J'en bois jusqu'à la dernière goutte, avec un plaisir et un soulagement tel que j'oublie où je me trouve, et avec qui je me trouve. Rien ne m'importe plus que d'avoir ma dose, et s’il a le malheur de rompre le contact trop tôt, je lui arrache le bras de mes crocs.
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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyDim 3 Jan - 22:09

    C'était cruel. Il ne pouvait pas résister. Qu'importe la provenance du sang, il lui fallait sa dose, c'était comme une drogue. Le pauvre, il avait été piégé par Scylla. Et j'allais faire de même. Pour comprendre, pour lui soutirer quelques informations, par colère envers mon Sire qui faisait ses petites affaires dans son coin sans m'en tenir informé. Oui, c'était de la vengeance, née de la jalousie. Mais qui a prétendu que je devais être rationnel en toutes circonstances ? Surtout quand l'odeur de ce type était aussi alléchante ? Alors je laissais mon sang s'égoutter, signer la fin de ce bras de fer. Que j'emportais alors qu'il grondait subitement, avant de céder, s'accrochant à mon poignet comme un désespéré et se mettant à boire avec avidité. Une avidité assez proche de celle des vampires d'ailleurs. Il buvait comme si sa vie en dépendait.

    C'était en tous les cas le sentiment qui devait prédominer, tellement il se sentait mal sans le précieux breuvage. Je n'avais jamais été ainsi asservi. Scylla ne m'avait pas fait l'affront de me transformer en cette loque droguée avant de me transformer. Je n'avais appris sa véritable nature qu'en me réveillant dans ce cercueil à ses côtés... Quelle naïveté vraiment. Mais comment deviner ? Les vampires étaient des légendes, des monstres de contes, du folklore. Je n'avais rien vu venir. Pourtant, je ne pouvais éprouver de la pitié pour cet homme. Juste l'envie de le dominer, de l'écraser. De l'arracher à l'emprise de Scylla.

    Je grimaçais alors que je le sentais un peu trop enthousiaste à me vider de mon sang. Ce n'était jamais agréable. Quand cela demeurait à sens unique. Et je finis par céder. Je raffermis ma prise sur lui, avant de planter mes crocs dans sa jugulaire, d'enfin sentir le doux nectar envahir mon palais, me faisant frissonner de plaisir. Dieu que c'était bon. Enivrant. Il serait si aisé de le vider, de le tuer. J'étais immortel, pas lui. Et je me débarrassais ainsi de cet homme et de la jalousie née avec lui, si dérangeante. Je n'aimais pas ressentir cela. Je n'aimais pas perdre ainsi le contrôle. Mais difficile de résister face à pareille tentation, surtout en n'étant pas correctement nourri. Et son sang avait une saveur inégalée. C'était enivrant.

    J'en oubliais mon projet initial, j'en oubliais pourquoi je lui avais donné mon sang. Je savais juste que je ne pouvais que succomber à ce nectar. Comme les hommes au chant des sirènes. J'étais incapable de rompre le contact, même en faisant appel à toute ma volonté. J'avais l'impression d'être aussi dépourvu de contrôle que quand j'étais tout jeune vampire et qu'il m'était impossible de m'arrêter de boire avant de tuer ma proie, sauf ordre de mon Sire. J'avais été un homme passionné, guidé par ses émotions et cela avait été pire une fois vampire, tout se retrouvant décuplé, exacerbé... Et étrangement, une fois mort, ma soif de vivre s'était réveillée, violente, ardente...

    L'un de nous allait pourtant devoir rompre l'étreinte. Car si le sang me nourrissait, SON sang, le mien ne faisait que calmer son manque. Je rassemblais toute ma volonté et m'arrachais brutalement à lui, le repoussant, tout en ôtant mon bras de sa bouche, non sans sentir ses crocs au passage, mécontent qu'il était de se retrouver ainsi dépossédé.

    « Ça suffit ! »

    Je grognais, m'éloignant de lui, en posant ma main sur mon poignet blessé, pour empêcher le sang de couler, même si je sentais déjà la cicatrisation se faire. Je passais la langue sur mes lèvres, récupérant les ultimes gouttes de ce divin nectar.
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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptySam 9 Jan - 14:30


Je lâche prise, pour de bon. Cette torture prend fin en cet instant, et j'accueille la fin des hostilités avec autant de déception que de soulagement. Je suis incapable de m'arrêter de boire son sang, qui a presque le même goût raffiné que le sien. A elle. Je suis plongé dans cette frénésie avide à tel point que je ne m'écarte pas quand ses crocs finissent par se planter dans mon cou. Je me tends, avec cette désagréable sensation de déjà-vu. Je gronde comme un animal, désapprobateur. Je pourrais me soustraire à son emprise, même s'il me bloque avec une telle force que ma seule solution serait de me transformer, mais je suis incapable de m'y résoudre. Incapable d'arrêter de boire comme il l'est. Ma tortionnaire a finalement réussi son pari, même si ce n'est pas avec elle que je m'y adonne. Je suis devenu aussi dépendant de ce sang qu'ils le sont du mien, ne pouvant résister à son appel. Les chaînes se referment et étranglent ma conscience pour de bon, qui n'a eu de cesse de lutter ces derniers jours. J'ai cédé. C'est fini.

Mes forces me quittent à mesure qu'il boit, avec la même avidité dont je peux faire preuve. Je commençais tout juste à me sentir bien que la tendance s'inverse. Je me cramponne à son bras quand un vertige me saisit. Je dois choisir entre boire et respirer, parce que je commence sérieusement à peiner. Il choisit pour moi en me repoussant avec force. Je sens mes crocs se refermer dans la chair de son bras, mécontent d'être ainsi soustrait. Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais repris forme animale. Le Loup montre les crocs à son encontre, babines retroussées et regard acéré. J'ai envie de le lacérer pour répandre son précieux liquide carmin sur le sol, et le tuer pour me délivrer de son emprise ensuite. Je n'ai même pas esquissé un pas dans sa direction que je me sens défaillir à nouveau.

Je peine à reprendre mon souffle. J'ai encore le pouls trop rapides, mais bien plus faible. Je regarde ce vampire par en-dessous... Depuis quand ai-je chuté et repris forme humaine ? J'ai dû perdre conscience l'espace de quelques secondes. Je ne suis pas sûr d'avoir encore la force de me transformer, et je dois être d'une pâleur cadavérique proche de la sienne... Mais il va bien falloir que je parvienne à le faire si je veux sortir d'ici en vie. Je ne sais pas pourquoi il s'est arrêté avant le moment fatidique. Ce n'est certainement pas pour s'assurer que je lui revienne, à elle. Je lâche un faible rire. Je me relève sur les coudes, sans arriver à faire guère plus. J'ai perdu la bataille contre le V. Je n'ai pas su résister à l'appel du sang quand il coulait devant moi. Ca me vaudra peut-être ma place au sein de la meute mais... J'ai au moins la satisfaction qu'elle ne sera plus dans ma tête. Jamais.

- Je ne sais pas si je devrais te haïr ou te remercier pour ça.

J'arrive à m'assoir, péniblement. Je cale mon dos contre le mur derrière moi pour qu'il me supporte. Ma main remonte le long de mon cou, là même où il m'a mordu. J'ai bu tellement de son sang que la plaie est déjà refermée, invisible. Il m'a bien vidé de mon sang, le salaud... Mais il a fait les choses correctement.

- Je suis enfin délivré d'elle.

Ma mâchoire se crispe. Je penche la tête et souffle, le désespoir me saisissant à la gorge.

- ... Mais pas du sang.

Je tousse un rire, pour ne pas me mettre à hurler, frapper et péter un câble pour de bon. Je ris comme quelqu'un qui perd doucement la raison, qui se perd doucement tout court.

- Je sens que les nuits vont être bien moins agréables maintenant...

Je me stoppe pour le regarder à nouveau, partant dans un élan de colère qui me sape mes dernières forces.

- Pourquoi ? A quoi ça te sert ? Tu veux faire comme elle, m'enchaîner à ta faim, me dresser comme un animal ? Et t'es qui pour elle à la fin ? Peu importe. Laisse tomber, c'est peine perdue. T'as même pas un cercueil pour me tenir enfermé, ou peut-être que pour vous, c'est comme une sorte de frigo dont on sort le bon vin de temps à autres... Putain de sangsues totalement barges !

Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptySam 9 Jan - 21:24

    La gourmandise avait failli me faire perdre la tête et vider cet homme de son sang. La jalousie s'était même effacée devant cet... enivrement. C'était déroutant. Et juste parce que je n'aimais pas perdre un contrôle chèrement acquis, j'avais trouvé la force de le repousser, non sans y laisser un sacré morceau de chair dans l'action, alors que l'humain était devenu un loup à une vitesse ahurissante. J'avais combattu assez de loups pour savoir qu'aucun n'était capable de se transformer aussi vite. Sans compter qu'aucun n'avait cette odeur... Soudain, je me rendis compte que j'avais peut-être commis une erreur en buvant autant, pas pour lui, mais surtout pour moi. Et si son sang était nocif pour moi ? Pourtant, je ne percevais aucun signe de faiblesse, bien au contraire, j'étais en pleine forme... Ce qui n'était pas le cas de mon visiteur surprise dont j'avais du boire un peu trop de sang pour que cela n'ai pas d'effets secondaires sur lui. Mais au moins, il avait eu sa dose avec le mien. S'il avait l'intention de se venger de ce que je lui avais fait, il en fit pour ses frais alors qu'il faisait mine d'avancer, avant de s'effondrer lamentablement.

    Je doutais d'avoir suffisamment bu pour le tuer. Mais j'ignorais dans quel état de santé il était en venant ici, outre le manque, bien sûr. Déjà anémié ? Il ne m'avait pas semblé pourtant. Son cœur battait toujours, assez régulièrement. Je n'osais approcher de lui, il me restait un soupçon de prudence. Et son inconscience ne dura pas. Il reprit forme humaine, avant de reprendre conscience, en riant. Un rire désabusé, alors qu'il essayant de se redresser, sans grand succès. Je l'avais assez affaibli pour cela. Il lui faudrait un peu de temps pour reprendre des forces. Je haussais un sourcil quand il finit par rompre le silence en ignorant s'il devait me haïr ou me remercier pour ce qu'il venait de se passer.

    « A vrai dire moi non plus. »

    J'avais fait le plein d'un puissant et divin nectar mais j'avais failli manquer gravement à nos lois. Quoique là, j'étais déjà dangereusement en train de jouer avec les limites. Sans compter que j'avais agi sous le coup de la jalousie et de la colère, de la frustration aussi. Rien de glorieux, même s'il ne pouvait se douter de tout ce que sa présence provoquait en moi, mes émotions n'étant pas aussi lisibles sur mon visage. Heureusement. J'aurais détesté qu'il devine ce « pouvoir » sur moi. Il s'installa alors plus confortablement, ou du moins dans une position un peu plus digne. Autant qu'on pouvait l'être en étant affaibli et nu chez un vampire bien entendu. Il ajouta alors qu'il était enfin délivré de Scylla et j'esquissais un sourire carnassier. Pensait-il que c'était si aisé de se débarrasser des chaînes qu'elle enroulait soigneusement autour de vous ? J'étais bien placé pour savoir que non. Mais ce n'était pas que les liens du sang qui nous unissaient. Pour nous, c'était plus complexe. Cependant, il demeurait dépendant au sang. J'aurais presque pu éprouver de la compassion pour lui. Presque. Je ne répondis rien alors qu'il était dépité, qu'il oscillait entre désespoir, rage et folie.

    Mais la phrase suivante sonna étrangement en moins. Je lui lançais un regard acéré alors que je croyais comprendre ce qu'il sous entendait par là. Nouvel élan de jalousie. Je serrais les poings, mais ne lui sautais pas à la gorge comme j'en avais envie de prime abord. Cela sous entendait beaucoup de choses déplaisantes, autant passées que futures. Je n'avais jamais été adepte des relations avec les autres hommes. J'aimais les femmes.

    « Si c'est pour dire ce genre de choses, tu pourrais aussi bien économiser ta salive. »

    J'avais réussi à ne pas laisser échapper ma colère. Mes paroles avaient juste une note d'avertissement. Et là, il laissa exploser sa rage. Inutile et épuisante, mais soit. Légitime. Je fis quelques pas, m'adossant à l'îlot central et l'observant.

    « Honnêtement ? Je n'en ai rien à faire de toi. Tu te pointes chez moi, totalement en manque, et voilà que tu me demandes des comptes ? Je suis un vampire, tu es un met de choix, il n'y a pas à chercher plus loin sur mes motivations. Et je ne pouvais rien tirer de toi en étant dans cet état là. »

    Ce qui était vrai. En partie. Je passais sous silence ma jalousie irrationnelle et irraisonnée.

    « Et maintenant que ton cerveau est à peu prêt en état de fonctionner, tu devrais avoir ta réponse concernant notre lien, puisqu'il y a son odeur chez moi. »

    Je ne cachais pas que nous étions amants. Cela ne lui était pas une information très utile et il ne pouvait rien en faire. Cependant, je notais qu'elle l'avait enfermé dans un cercueil. Vraiment, nous allions avoir une discussion.

    « Et bien, tu as du te montrer fort peu docile pour finir enfermé... Et elle a moins de patience que moi. »

    Je tapotais des doigts sur le bord du comptoir, calme.

    « Mais tu es libre de partir quand bon te semble. »

    Même si là, il n'était pas en état de pouvoir aller où que ce soit. Même pas en rampant.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyJeu 14 Jan - 0:35


Il était calme, excessivement calme pour un vampire qui venait de me siphonner tout mon sang. Je crois qu'il a eu largement sa dose, ce qui doit aider, mais tout de même... Je suis habitué à de jeunes vampires bien plus virulents, qui n'hésitent pas une seule seconde et ne se préoccupent pas de me garder en vie ou non. Je suis aussi habitué à Scylla, qui me portait une sorte de fascination morbide. Lui, est encore différent. Il reste sur sa réserve pour ne rien faire qu'il puisse amèrement regretter. Impossible que ce soit la peur qui le pousse à conserver ses distances, alors même que je me suis retrouvé à sa merci. Combien de temps s'est écoulé avant que je ne reprenne conscience ? Quelques secondes, tout au plus. C'est amplement suffisant pour un vampire pour... Quoi ? M'enfermer ? Me tuer ? M'asservir ? J'ai l'impression que c'est déjà le cas. J'ai laissé quelque chose dans ce cercueil quand je me suis enfui, quelque chose qu'ils m'ont pris en plus de contraindre ma liberté. J'ai du mal à respirer encore, mais ce n'est pas à cause du manque ou de l'anémie. J'oriente mon regard vers le seuil de la porte, et retrouve un calme relatif. J'ai une porte de sortie, tout va bien. Rien n'importe plus maintenant.

Il se rappelle bien vite à ma présence, mais il n'a toujours pas bougé. J'affiche un sourire de travers, sans joie, un rien mauvais. Le vampire est indécis sur le sort qu'il veut me réserver, voilà pourquoi il reste en place. Mais je suppose qu'il ne va pas tarder à se décider... Et autant que je sois loin quand ce sera le cas.

Je perds ce sourire quand le sien se révèle. Je n'aime pas ce qu'il peut sous-entendre, comme s'il était amusé par ma situation, qu'il savait déjà comment tout allait bien pouvoir se finir. Il n'avait pas besoin de l'exprimer par des mots pour que je le comprenne... La vampire ne souffrait pas l'échec, et aurait tôt fait de me remettre la main dessus. S'il croyait vraiment que j'allais me faire avoir deux fois par la même...

- Qu'est-ce que ça signifie... Dyrebar ?


Ca ne m'intéresse que maintenant, oui. Dans ce cercueil, mon unique préoccupation était de me délivrer de son joug et non lui fournir des armes supplémentaires pour l'affermir. Ce surnom en était certainement un. Je ne suis pas certain que ça arrange son humeur. J'ai cru un instant qu'il allait se décider à me sauter à la gorge et bien finir le travail, mais il arrive encore à se contenir. Grandiose...
Qu'est-ce qui a pu le mettre autant en rogne, que je rêve de Scylla en permanence ou que je vais bientôt de rêver de lui à la place ? Mieux vaut ne pas lui poser directement la question si je tiens encore un peu à ma vie. Rien que d'y penser, je commence à regretter. Ca me dégoûte d'avance... Je lâche un ricanement désabusé.

- Je vois le bon côté des choses, c'est très motivant pour arrêter le V ...

Etrange comme il se montre subitement nonchalant, alors même que je laisse éclater ma colère et ma frustration. Je me sens mal comme jamais. Je n'ai même plus la force de me relever. Je me dégoûte chaque fois un peu plus. Ma tête repose lourdement contre le mur et je ferme les yeux, privé de toute énergie. J'ai l'impression d'avoir besoin d'un appui pour éviter que tout tourne en permanence. Quand va-t-il se décider à me tuer ?

- Tu voulais savoir ce qu'elle m'a fait. Tu as ta réponse. Même si tu as changé d'idées entre temps, ça, j'avais bien compris. Ce que je ne pige pas, c'est pourquoi je suis toujours en vie. A quoi ça te sert ?


Qu'on ne me dise pas que ce vampire a une conscience, je n'en croirais pas un mot. Ou alors c'est la même histoire que pour les crabes. On coupe les pinces, on attend que ça repousse et on recommence... Ce serait dommage de gâcher du bon sang s'il est capable de venir à domicile non ? Mais je comprends mieux qu'il l'ait mauvaise que j'ai passé toute sa sécurité alors même qu'il était plongé dans un profond coma. Et oui, elle n'est pas sans faille pour un métamorphe... Dommage mon gars, nous sommes les rois de l'infiltration.

Il me parle de leur lien. Je fronce les sourcils. C'est vrai que son odeur était partout. En toute logique, je pourrais conclure qu'ils sont amants, mais si tel était le cas, aurait-il agi de cette façon ?

- Non. Je n'ai pas la réponse. T'as l'air de bien la connaître et souvent la fréquenter, de près. Pour autant, vous n'avez pas le même comportement, même si tu reproduis les mêmes gestes. Tu ne viens pas de lui rendre service là, et je pense que tu en as parfaitement conscience. C'est peut-être toi qui a le plus de compte à régler.

Je marque un silence, à sa dernière déclaration, avant de tousser un rire qui agite mes épaules. Je rouvre les yeux pour voir s'il est bien sérieux, puis laisse retomber ma tête sur le côté. Je lâche sur un ton sarcastique :

- Quel grand seigneur. Vraiment trop aimable...


Je pourrais ramper vers la sortie. Ca se trouve, il se contenterait de me regarder faire avec un bon verre en main, totalement indifférent. Ou alors il se lasserait de me voir jouer les lombrics au sol et m'expédierait direct la tête la première dans sa porte d'entrée pour l'ouvrir en grand. Je connais mes limites. Je dois être blanc comme un linge, et je risque de m'évanouir si je tente à nouveau de me transformer.

- Tant qu'à faire, je suppose que ça te dérangera pas si je t'emprunte ton canapé pour piquer un somme avant de partir. Et si t'as une bonne réserve de whisky, je prends aussi.

Je vais vraiment la mériter, ma porte. Le pire, c'est que je suis sérieux. Si on exclue le fait que dormir chez un vampire me rebute à tel point que je serais incapable de fermer l'œil même dans mon état actuel, j'aurais vraiment besoin de m'étaler et d'arrêter de bouger. Je suis venu ici en enchaînant les nuits blanches de par ces cauchemars affreusement réalistes. Je la vois encore. J'entends encore le crissement des griffes contre le cercueil... Ces sensations sont devenues moins omniprésentes depuis qu'il m'a fait goûté son sang, mais je crois qu'il me sera impossible de les oublier vraiment un jour.

- J'ai seulement voulu la fuir, mais j'ai cherché les coups de fouet je suppose.


J'hausse les épaules. Je me sens vidé, mais aussi plus calme. Et pour la première fois depuis cette obscure ruelle, je n'ai plus cette haine qui me comprime et me pousse aux pires absurdités pour en finir. S'il n'y avait ce goût de sang sur mes lèvres, je m'accorderais presque le droit d'espérer ressortir en vie.
Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyJeu 14 Jan - 11:47

    Le moins qu'on pouvait dire c'est que cet homme avait le don de me prendre par surprise, que ce soit par ses réactions, ses motivations, ou ses paroles. Et le don, également, de faire flamber la jalousie. Il n'en savait rien pourtant, comment aurait-il pu ? Mais plus il parlait de ce petit moment passé avec Scylla, plus j'imaginais la façon dont elle s'était comportée avec lui et cela me rendait fou. C'était idiot, parce qu'elle n'avait fait que jouer avec lui en lui prodiguant quelques petits surnoms affectueux, mais c'était. Et quand il me demanda la signification d'un nom, je me figeais, intérieurement, car extérieurement, j'étais déjà aussi immobile qu'une statue. Je connaissais les origines de Scylla, je connaissais sa réelle identité, son passé. Je lui aurais bien répondu d'aller sur google pour avoir la traduction et ne pas lui répondre, ce qu'il ferait sans doute d'ailleurs.

    « Je vais t'éviter une petite recherche sur internet. C'est du norvégien, cela veut dire, précieux, ou quelque chose avoisinant. »

    Je ne parlais pas norvégien, mais j'avais suffisamment côtoyé Scylla pour retenir quelques mots ou expressions. Et forcément, j'avais très envie de lui demander dans quel contexte elle avait utilisé ce petit surnom affectif. La réponse serait peut-être pire que mon imagination. Ou au contraire, cela calmerait ma jalousie... Néanmoins, je ne lui demandais rien. Non, je demanderais directement à la fauteuse de troubles. Mais cet homme jouait clairement avec mes nerfs. Il avait de la chance que j'ai appris à maîtriser mon caractère emporté avec le temps. Qu'évoluer auprès de Krystel m'ai apprit à afficher un calme olympien en toutes circonstances pour ne rien laisser deviner des sentiments troubles qui pouvaient m'agiter. Que j'ai appris à ne pas sauter à la gorge de la moindre personne me déplaisant. Même si en l'occurrence, je lui avais effectivement sauté à la gorge... Un fait que je ne me pardonnais pas, quand bien même il en était ressorti vivant en échange de quoi apaiser son manque. Un échange de bons procédés, mais une faute impardonnable de ma part. Voilà qu'il me faisait part de son regret de ne plus faire de rêves érotiques de Scylla, mais de moi. Gênant, n'est-ce pas ? Mais surtout parce que je me rendais compte qu'il avait désiré Scylla de cette manière finalement.

    « Tu sais, je devrais me sentir offensé que rêver ainsi de moi te motive à vouloir te sevrer. »

    Je préférais miser sur l'humour concernant ce sujet. Je donnais si peu souvent de mon sang à un humain que j'en avais oublié ce que cela créait chez lui. Je n'avais pas songé aux conséquences en le faisant. J'avais agi sur un coup de tête en vérité. Il revint alors à ma première question, avant que je ne prenne son sang et lui le mien. Oui, elle l'avait rendu dépendant. La question était de savoir pourquoi elle avait fait cela.

    « Demande-toi plutôt à quoi me servirait ta mort ? »

    A rien en vérité, sinon la domination de mes sentiments sur la raison afin d'écraser un rival qui n'en était même pas un. Cette vengeance là aurait été puérile et pathétique. Mais cet homme, même affaibli par la perte de sang, demeurait un peu trop perspicace à mon goût. Surtout concernant son analyse de Scylla et de moi. De notre relation. Pour autant, heureusement que je n'avais pas le même comportement qu'elle !

    « Parce que tu adoptes le même comportement que les femmes qui jalonnent ta vie peut-être ? As-tu si peu de caractère ? »

    Je souris, penchant légèrement la tête sur le côté, amusé.

    « Je ne vois pas pourquoi je lui rendrais service. J'aimerais te dire que je viens de t'en rendre un, mais je ne pense pas que ce soit le cas non plus. Tu sais, l'immortalité, c'est long, il faut bien trouver de quoi s'amuser, se lancer des petits défis, pimenter son existence et les relations sans nuages sont d'un ennui... »

    Oui, je sous entendais qu'il se retrouvait prit dans le jeu de deux amants qui s'ennuyaient et se défiaient. Pas très plaisant pour lui n'est-ce pas ? Ce n'était pas un mensonge, mais pas totalement la vérité non plus. Cela dit, je ne pouvais pas lui dire qu'elle avait enfreint quelques règles et que j'étais du côté de ceux qui les faisaient respecter. Tout en y contrevenant moi aussi en le mordant, soit dit en passant. Je lui assurais pourtant qu'il pouvait s'en aller quand il le souhaitait. Je n'avais pas l'intention de le séquestrer. De le torturer. De le tuer. Rien de tout cela. Je souris de nouveau quand il se permit de répliquer avec sarcasme.

    « Je suppose qu'en l'état actuel des choses, il ne te reste que le sarcasme pour te défendre. »

    Aussi inoffensif qu'un chaton. Mais je n'en pris pas ombrage. Je n'explosais pas de colère pour ce genre de remarque. Il continua alors en demandant un petit remontant et un peu de repos. Je me décollais alors du plan de travail.

    « Un petit séjour à l'hôpital et quelques culots de sang seraient sans doute plus efficaces. Mais comme tu veux. »

    Je quittais alors la cuisine, pour aller jusqu'au bar, sortant une bouteille de bon whisky. Ce n'était pas parce que je n'en buvais pas que je n'avais rien pour recevoir des personnes dont le régime alimentaire différait du mien. Je fis un crochet par ma chambre, enfilant ainsi un jean. Tout cela n'avait prit qu'un instant, grâce à ma nature et la rapidité de mes déplacements quand je ne me donnais pas la peine de ralentir. Je posais le verre sur l’îlot central, le remplissant, avant de tendre le précieux breuvage vers l'homme affalé au sol.

    « Hum, n'est-ce pas légèrement inconscient de boire dans ton état et de perdre connaissance dans l'antre d'un sale suceur de sang ? »

    Mon sourire était amusé. Oui, il avait cherché les coups de fouet. Pourtant, il ne s'en tirait pas si mal n'est-ce pas ?

    « Pourrais-je au moins savoir ton nom que je cesse de t'appeler mentalement le camé tout nu ? Et sais-tu dans quelle demeure tu as mis les pieds ? »

    Il me semblait que non, d'après nos échanges. Il avait suivi l'odeur de Scylla, était remonté jusqu'à moi et avait foncé tête baissée, sans connaître mon identité. Fin de l'histoire.

    « Si tu m'expliquais comment tu en es venu à croiser sa route ? Toutes les pièces du puzzle ne s'emboitent pas dans mon esprit. Notamment ce qui l'a motivée à te donner de son sang si tu n'étais pas déjà accroc avant... »

    Oh Scylla aurait pu simplement décider qu'il était amusant de rendre un homme ainsi dépendant d'elle, bien sûr... Mais il ne me semblait pas qu'elle soit très adepte de ce genre d'asservissement.
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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyJeu 14 Jan - 16:10


Les vampires sont vraiment dérangeants, de par cette capacité à conserver cette immobilité totale sur une longue période. J’ai l’impression de parler à une statue de marbre, de celles qui ornent les jardins chics et les fontaines, surtout avec cette nudité qu’il affiche. J’espère que ce n’est pas le V qui influe sur mes pensées et me fait établir ce comparatif… Je préfère me raccrocher à l’aversion que ces créatures nocturnes me suscitent normalement en permanence plutôt que de m’interroger sur les capacités du V à me faire changer de bord. Ce serait vraiment une vaste plaisanterie, et très peu à mon goût. Je me demande tout de même s’il ne me rend pas mieux disposé à son égard, assez pour que je me résigne à rester plutôt que de tout faire pour partir, pour le fuir.

Je fronce les sourcils et affiche un air vaguement interrogateur quand il se décide à me révéler la signification de ce mot. Précieux… Sérieusement ? J’éclate d’un rire désabusé.

- On se croirait… Dans le Seigneur des anneaux. Mon précieuuux …


Je n’arrive pas à m’arrêter de rire, parce que cette comparaison-là me paraît la plus judicieuse : Un vulgaire objet qui fascine d’une façon bien morbide. Je finis par me calmer, seulement parce que je n’ai pas l’énergie suffisante pour continuer dans ma lancée. Je me rends compte que la soif me guette, mais une bien plus saine et normale pour tout être humain. Je suis rassuré que d’autres besoins percent doucement à la surface, plus primaires et naturels… Combien de temps avant que le manque ne me guette à nouveau et ne me rende plus bête qu’humain ? Mieux vaut ne pas y penser.

J’affiche une mine contrite, sans prendre la peine de répondre à sa note d’humour. Je voudrais bien faire des nuits complètes sans que des vampires ne s’amusent à envahir mon esprit. On risque d’être un peu serré avec tout ce beau monde dans le même cercueil… Je vais encore plus avoir l’envie de me tirer une balle en pleine tête le matin. Au moins, il paraît bien plus calme, et davantage sur la réserve. Je doute finalement qu’il me saute à nouveau dessus. Je relâche un peu la pression, celle dans mes muscles dont je ne m’étais même pas aperçu. Il a eu ce qu’il voulait, et s’il pose une telle question, c’est qu’il est encore soucieux de la vie d’autrui, ou des règles qu’on peut lui imposer. La vampire ne m’avait pas fait un tel effet, à se moquer éperdument des conséquences de ses actes et prendre ce qu’elle voulait. Elle ne m’avait gardé en vie que pour disposer de davantage de mon sang.

- C’est compliqué pour les sangsues de s’arrêter de boire un sang aussi appétissant, et de ne pas en consommer jusqu’à la dernière goutte. Il faut de la volonté pour ne pas ôter la vie, bien plus que pour donner la mort.


Un lent sourire étire mes lèvres, alors qu’il répond encore par des interrogations, comme autant de boucliers levés et de provocations vaines pour ne pas avoir à dire la vérité. Je suis assez familier de telles méthodes pour les reconnaître quand on les emploie contre moi. Bien sûr que non, je n’adopte pas le même comportement que mes conquêtes passées, mais là n’est pas la véritable question.

- Ça t’énerve tellement que j’ai raison ?

Je marque un silence, et perds aussitôt mon sourire. Je le fixe longuement sans mot dire. Je n’apprécie pas tellement de m’entendre souffler la réalité sur ma condition, à savoir que je ne suis qu’un jouet entre leurs pattes. Je le sais pertinemment, depuis la première fois où j’ai croisé le regard de cette vampire à vrai dire. Je ne devrais même plus en prendre ombrage à force, mais c’est toujours aussi blessant pour l’ego. Même si c’est ainsi que les sangsues sont, à considérer les humains comme des divertissements bienvenus pour égayer leur longue vie morne… J’ai envie de lui faire bouffer sa langue, de l’écorcher vif, de lui arracher le cœur, là, maintenant. A défaut de pouvoir m’en charger, je lui rends ce regard lourd de significations et balance les premiers mots qui me viennent à l’esprit :

- Va te faire foutre par des nécrophiles !


La petite variante spéciale vampire, même si je ne peux que lui donner raison. Je n’avais plus la force de me défendre autrement que par le sarcasme. C’est totalement idiot, parce qu’il peut bien se raviser et m’arracher la tête immédiatement. Autant le dire, je suis loin d’avoir réfléchi jusque-là avant de lâcher ces quelques paroles bien senties. Je m’attendais à ce qu’il explose et me fasse amèrement regretter mes paroles, à la manière de la vampire qui jouait de son fouet quand ça lui prenait. Je me tends subitement quand il se décolle du plan de travail, pour l’observer avec une méfiance extrême. Je m’attendais à me prendre des coups, mais certainement pas à ce qu’il réapparaisse en jean pour me servir un whisky. Je lui rends un regard abasourdi, incapable de réagir sur le coup. A quoi il jouait maintenant ? J’étais aussi incapable de suivre son mouvement rapide que le fil de ses pensées. J’attrape le verre qu’il me tend, avec un peu de retard. Je renifle l’alcool, hésitant, avant d’en boire de longues gorgées. Qu’est-ce que ça fait du bien…

Je le repose au sol avant qu’il ne m’échappe des mains, tellement je tremble à me saisir du moindre objet. Il était sérieux, quand il parlait de m’emmener à l’hôpital ? Je commence à croire que oui. C’est encore plus dérangeant, après la discussion que nous venons d’avoir. J’avise le verre avant de revenir vers lui, plissant le regard. Je vais bientôt m’écrouler de fatigue pour de bon, mais je ne vois pas vraiment ce que l’alcool pourrait y changer.

- Je comprends vraiment pas, là… Pourquoi ça te préoccupe, mon état de santé ? T’as pas envie que je décède sur ton plancher, j’ai bien compris. T’as pas non plus aimé le réveil un peu brutal, ni que ta copine me… Bref. Et là, tu veux m’emmener à l’hôpital ? Ok, pourquoi pas. Avant que tu ne changes d’avis.

La tête me tourne. J’ai une migraine effroyable, qui n’est certainement pas due à l’alcool que je viens d’ingurgiter. Peut-être qu’en temps normal, j’aurais compris où il voulait vraiment en venir, mais là je ne vois vraiment pas. Si je peux sortir d’ici tranquillement par la porte d’entrée avec les remerciements pour le bon verre apporté à la première heure du matin – enfin du soir – tant mieux. Je n’aurais plus qu’à m’imaginer que je ne reviendrais plus jamais ici pour réclamer une nouvelle dose, et que je serais bien capable de me sevrer. C’est peut-être finalement ce qu’il espère, comme elle… Que je finisse par revenir comme je suis parti, en rampant.

Je grogne un peu, quand il me traite de camé. Impossible de me faire à cette dénomination, même si on me la sert à tous les repas ces derniers temps. Je pourrais lui servir un faux nom, ce qui m’éviterait d’avoir des démêlées supplémentaires avec la Meute… Je ne suis pas certain que mentir soit une solution satisfaisante, mais c’est encore la meilleure que j’ai. Surtout que si je réfléchis trop longtemps, il va se douter de quelque chose.

- Kyle Forrester.


Je ne sais même plus où j’ai entendu ce nom, mais je crois que c’est celui de l’un de mes anciens clients, typique d’Ecosse. Je relève le regard vers lui, pour le détailler un temps. Je suis peut-être vraiment tombé sur quelqu’un d’important, pour qu’il amène la chose ainsi.

- Chez un vampire très âgé avec une haute sécurité à sa disposition. Vu ma malchance ces derniers temps, je parierais sur quelqu’un de haut placé, mais je suppose que tu vas vite me le dire…

Pourquoi il est si prévenant d’un coup ? C’en est presque dérangeant. J'aurais préféré qu'il continue à me fournir de bonnes raisons de le haïr, pour ne pas me laisser endormir. Il veut savoir, c’est peut-être simplement pour cette raison qu’il essaie de faire des efforts, afin d’éviter qu’un nouvel élan d’hostilité ne me braque. Ça ne sert à rien. Je suis constamment hostile à leur espèce, parce qu’ils ne cesseront jamais de tenter de me contrôler. Donc, il veut savoir ? Alors il saura.

- « Tu sortiras d’ici en vie, mais son goût aura changé sur ta langue. Ta haine deviendra désir puisque tu l’auras décidé ainsi. »

Je ferme les yeux. Il m’est pénible de me remémorer ces premiers instants, ces paroles qui ont scellé mon sort et m’ont privé de mon bien le plus cher, au-delà de ma propre vie. Ma liberté. Et pourtant, elles n’ont cessé de tourner dans mon esprit jusqu'à me rendre à moitié fou, chaque jour et chaque nuit enfermé dans ce cercueil, sans bien savoir quand j’arriverais un jour à regagner l’air libre, et si ce jour arriverait réellement.

- « C’est un fardeau qui se doit d’être partagé. Tout le monde possède ses propres barreaux et tu n’échapperas pas à cette règle. La prison… Est déjà en toi. »

Les raisons qui l’ont poussé à me réserver un tel sort ? Je ne les connais pas réellement, en dehors de cette sentence prononcée, mais peut-être que lui saura davantage les définir. Je le fixe à nouveau, guettant une réaction. Je me souviens d’autres paroles, qui étaient à son encontre. Le reflet terne de celui qui enchante ces nuits, auquel je ne pourrais pas me confronter… Peut-être avait-elle déjà prévu que je viendrais le trouver. Je pousse un profond soupir et ma tête roule sur le côté. Résignation.

- En vérité, je ne suis jamais sorti de cette cage en bois.
Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyVen 15 Jan - 13:51

    Je fus d'abord surpris quand il éclata de rire après que je lui ai traduit le petit surnom dont l'avait affublé Scylla, ne comprenant pas tout de suite l'objet de cet éclat soudain. Cela m'apparut plus clair quand il s'en expliqua, faisant référence au Seigneur des Anneaux. Difficile de passer à côté du phénomène. Même les personnes ne l'ayant jamais lu ou vu en avaient entendu parler et certaines répliques ou personnages étaient devenus cultes. Cela dit, comparer Scylla à Gollum... une vilaine image s'imposa dans mon esprit à cette pensée. Cependant, la comparaison ne manquait effectivement pas d'ironie. Cet homme avait du la fasciner en un sens et elle avait décidé de le faire sien. C'était plausible. Trop pour que cela me plaise.

    « J'éviterais de lui dire que tu l'as comparée à Gollum, je ne suis pas certain qu'elle apprécie. »

    Je m'étais fendu d'un petit sourire amusé malgré tout. Son sang m'avait rassasié et je me sentais étrangement... bien. Beaucoup moins sur les nerfs qu'au réveil. Et surtout, je jugulais ma jalousie et mes réactions excessives. Je détestais agir sur des coups de tête, sans en prévoir les conséquences. Mon poste, ma position ne me permettaient pas ce genre de fantaisie. Déjà l'avoir mordu ainsi était punissable... Et je m'en voulais. Et pourtant, difficile de regretter d'avoir goûté pareil nectar... Et d'avoir réussi à m'arrêter de boire avant de le tuer. Oh ce n'était pas l'envie qui m'en avait manqué. Sans réellement désire sa mort, mais juste prendre ce que je m'étais ainsi octroyé, jusqu'à la dernière goutte. Aviser ensuite. Revenir à l'état de vampire sauvage et incontrôlable qui avait pu être le mien durant mes premières semaines. Renvoyer exactement l'image qui nous desservait dans la société et contre laquelle nous nous efforcions de lutter. Je l'avais égratigné, mais pas totalement piétiné en cessant avant sa mort. Et il s'en étonnait d'ailleurs. Sachant pertinemment quel effet son sang provoquait sur moi. Comme celui d'Aleksandra. Ils étaient fait du même bois. Je hochais la tête à son commentaire concernant mon intérêt à le tuer.

    « Je n'ai jamais été un grand adepte de la simplicité. »

    C'était ennuyant. Mais j'étais d'accord avec lui. Cela rattrapait mon dérapage en quelques sortes. La question était de savoir s'il allait l'ébruiter. Dire qu'il avait été attaqué par un vampire. Même si il n'avait rien à faire chez moi et qu'il était venu chercher du sang, que je lui avais donné. Il n'était pas tout blanc dans l'affaire, mais les faits pouvaient être déformés... je n'avais aucune envie que cette affaire s'ébruite. J'espérais que lui non plus. Je haussais un sourcil, narquois, alors qu'il me demandait si cela m'énervait qu'il ai raison concernant ma relation avec Scylla.

    « Nous nous connaissons depuis très longtemps. Davantage que tu ne peux l'imaginer. »

    Alors oui, sans doute que j'avais hérité quelques petites choses d'elle et elle de moi. Elle était mon Sire de surcroît, même s'il était hors de question que j'évoque ce point avec cet homme. Ni avec personne d'autre d'ailleurs. Ce lien était précieux, secret et sacré. Il ne concernait nul autre que nous deux. C'était sans doute par vengeance que je me moquais de lui ensuite, le reléguant à simple jouet entre des amants centenaires qui avaient besoin de pimenter leur petite vie. C'était très réducteur et pas totalement vrai. Mais en attendant, il y cru puisqu'il me gratifia d'une petite insulte de sa composition.

    « Joli. On ne me l'avait encore jamais faite celle-là. Il y a un copyright dessus ? J'aime beaucoup. »

    I pensait réellement que ce genre d'insulte pouvait me toucher ? J'avais l'impression d'avoir à faire à un adolescent colérique. Mais il n'était pas loin de cette image en cet instant. Il était sans défenses et il ne lui restait que sa langue pour m'opposer une quelconque résistance. Et pourtant, il n'était pas en danger. Il ne l'était plus. Mais j'imaginais qu'il était difficile pour quelqu'un comme lui de se détendre en ma présence.

    Pourtant, il s’essaya à un peu d'humour, à moins que ce ne soit le fait de ne rien avoir à perdre qui le pousse à me demander un verre et l'hospitalité. Il ne devait pas s'attendre à ce que j’accède à sa requête et revienne quelques instants plus tard avec un verre que je lui tendis, dont il se saisit avec méfiance, le reniflant et m'arrachant un sourire.

    « Hum, il y a plus simple que de te droguer ou t'empoisonner tu sais. »

    Que craignait-il donc qu'il y ai dans ce verre, hormis effectivement du whisky ? Je pouvais le tuer avant même qu'il ne s'en rende compte. Et naturellement, il était sceptique concernant mon attitude avec lui. Il ne devait pas être habitué à ce genre de civilité de la part d'un vampire. En même temps, étant donné son comportement, j'imaginais que souvent, les choses s'étaient mal passées avec ceux de mon espèce.

    « Crois le ou non, mais je ne suis pas un tueur sanguinaire qui se moque de la vie des autres. Ta mort ne m'apporte rien, je te l'ai dit. La seule chose qui pourrait me faire regretter de t'avoir laissé en vie, ce serait que tu ailles colporter à tout le monde qu'un vampire t'a attaqué. Mais j'ai comme l'impression que tu n'as pas envie que tout cela se sache. Moi non plus. Alors tu repartiras d'ici en vie, tu te feras soigner et nous ferons comme si il ne s'était rien passé. »

    C'était un marché. Je n'avais rien à gagné qu'il m'accuse de l'avoir mordu il n'avait rien à gagner que je l'accuse d'être un drogué venu chercher sa dose en entrant par effraction chez moi. Même si il n'y avait nulle trace d'effraction et que j'ignorais encore comment il était arrivé là. J'allais passer les heures suivantes à décortiquer les caméras de surveillance pour résoudre ce mystère. Inutile de lui demander, il ne me répondrait pas. Je lui demandais d'ailleurs son nom, non sans user un peu d'humour, ce qui ne lui plu guère. Il me donna alors son identité. Ou une identité. Ce n'était peut-être pas son vrai nom. Je vérifierais plus tard. Pour le moment, ce serait Kyle. Et je lui demandais donc s'il savait qui j'étais. Il fit sa petite déduction et je souris en coin.

    « Et bien, on dirait que quand tu n'es pas en manque, tu n'es pas totalement idiot. Nicolas suffira. »

    Libre à lui de faire ses recherches ensuite. Ou de savoir directement qui j'étais s'il s'y connaissait un tant soit peu niveau hiérarchie vampirique. Quoiqu'il en soit, je voulais savoir comment il était arrivé entre les pattes de Scylla. Je ne fus pas déçu quand il me cita les paroles de mon Sire. Reconnaissables entre toutes. Et je me retins de grimacer en comprenant le sens de ses paroles... Pour s'être opposé à elle, elle avait décidé de l'asservir par son sang... Ce genre de paroles se gravaient au fer rouge dans l'esprit... j'ignorais exactement l'étendue des sévices qu'elle lui avait infligé. Mais cela l'avait marqué. Profondément. Encore une fois, Scylla faisait ce qui lui chantait, en marge des lois... Et cela m'affligeait. Parce que je me demandais comment tout cela finirait. Ce que je ferais si je devais choisir entre ma loyauté envers Morgane et mon amour pour Scylla. Entre ce que je devais faire respecter et celle qui s'en moquait et devait être punie. Et alors que je pensais à cela, je perdis un peu de ma superbe pour me faire plus songeur, le regard perdu, le lâchant ainsi du regard. Il conclut qu'il ne s'était jamais échappé.

    « Il est des prisons dont on ne peut s'échapper. Des liens qu'on ne peut briser. Il faut faire avec. »

    S'en accommoder et trouver un moyen de s'en servir plutôt que de subir. Mais je ne lui dis pas. Je ne m'étais jamais libéré de Scylla et cela n'arriverait jamais. Je l'avais cru pendant un temps, mais je m'étais illusionné. Il était des geôliers qui ne vous relâchaient jamais. Scylla en faisait partie. Désormais, je n'en concevais plus de rancœur. J'avais du pouvoir sur elle. Si bien que mes liens ne me semblaient plus si serrés. A lui de trouver la façon de respirer dans sa prison.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyDim 17 Jan - 1:20


- Si tu pouvais éviter tout court de lui dire que je suis passé... Mais j'imagine que tu n'en feras rien, n'est-ce pas ?

Oui, je suis bien venu ici en espérant la retrouver. Oui, j'ai changé d'avis entre temps... L'occasion m'a été donnée d'étancher ma soif, et je n'avais plus aucune raison qui me poussait à rechercher sa présence. J'espérais qu'elle n'envahisse plus mes songes non plus, même s'ils risquaient d'être remplacés par d'autres bien moins agréables... C'est précisément pour cette raison que j'évitais de le fixer trop longtemps. J'étais déjà assez dégoûté pour ne pas en rajouter.

Et monsieur voulait jouer les énigmatiques, par-dessus le marché. Il ne prend pas la peine de m'expliquer ses raisons, celles qui viennent de me valoir ma survie, tout comme il évite de me détailler son lien avec cette vampire qui avait si longtemps hanté mes pensées.

- J'imagine que vous avez tout deux plusieurs siècles de non-vie derrière vous, et donc de non-vie commune, à tel point que ça ne peut plus se compter à l'échelle humaine... Sans mal.

Je pense que si je me montrais trop perspicace, il n'allait pas apprécier et peut-être se raviser pour chercher à me tuer. Impossible de me retirer cette idée de l'esprit, parce qu'on m'avait largement donné l'occasion de voir à quel point les vampires ne respectent pas leurs propres règles, surtout quand un métamorphe est dans la place. Mais c'est plus fort que moi, quand on parle d'elle, j'ai ce besoin de savoir... Parce que je suis obnubilée par elle depuis trop longtemps ? Peut-être. Ou simplement pour une question de survie, primaire. Je ne lui ai pas demandé le nom qu'elle porte, et je ne le ferais pas. Donner une identité à ses peurs, c'est leur donner davantage d'emprise sur soi. D'autant que c'est plus facile de nier quand on ne sait vraiment pas la vérité.

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'insulter, comme une vulgaire riposte face à la réalité de ma condition. C'est toujours ainsi, quand je suis en panne d'arguments. Je trouve la meilleure connerie que j'ai en stock à sortir, ou j'insulte aussitôt pour couper net.

- Non, tu peux la faire à tes potes sangsues si ça t'amuse. Et tu leur passeras le bonjour de ma part.


J'aurais dû me douter qu'il s'en moquerait totalement, mais quelque part, ça me rassure. Je préfère ce ton moqueur à ce qu'il tente à nouveau de m'étrangler. Les vieux vampires sont rarement impulsifs, mais on ne sait jamais. J'ai l'impression d'être sur la brèche sans arrêt avec lui, à toucher des points sensibles il faut croire... Mais il vient bien de me le rendre.

Et il me serre aussi un verre dans la foulée, du grand n'importe quoi. J'hausse un sourcil quand il évoque la drogue et le poison, avant de lâcher un bref rire.

- Dit celui qui vient de me droguer avec son sang ? Sérieusement ? Désolé mais là, t'es pas franchement crédible.

Ca ne m'empêche pas de boire, même si son comportement me rend profondément perplexe... Et même si l'alcool risque de rapidement me faire tourner la tête, à me rendre encore plus mal que je ne le suis déjà. Je comprends mieux où il cherchait à en venir quand il m'expose son petit marché. Généralement, c'est le moment où je dis à nouveau au vampire d'aller se faire foutre et que je ne veux rien à voir avec eux... Sauf que là, il me propose exactement de faire comme si rien ne s'était passé.

- T'as peur que je te mette mal auprès de ta hiérarchie, c'est ça ?

Je lui rends un sourire en coin, mais je retrouve bien vite mon sérieux. Je n'ai pas à hésiter longtemps avant de me décider, parce que la bonne décision coule de source, même s'il s'agit d'accepter un marché avec une maudite sangsue.

- Ca me va. Non, je n'ai strictement aucune envie que ça se sache. Je préfère éviter que le V foute davantage ma vie en l'air... Surtout quand ce n'est pas moi qui ai choisi de m'y adonner, à la base. A croire que, finalement, on pourrait presque s'entendre... Enfin, si ce n'est pas ton sang qui te rend sympathique.

Et pire encore. Il me sourit, puis me complimente. J'ai vraiment envie de le détester, et toujours de lui faire bouffer son cœur... Mais je dois être trop fatigué pour me laisser autant ramollir. Je parlais bien encore avec le type qui m'avait étranglé et drogué l'instant d'avant en me pétant sa crise de jalousie ? Nicolas. J'ai un nom maintenant, mais il ne s'épanche pas en longues explications. Ce n'est pas typique du coin en tout cas. Je ferais mes recherches plus tard, à tête reposée. J'ai intérêt à savoir dans quel pétrin je me suis fourré en venant ici... Au risque de m'être dommageable plus tard sans que je ne m'en rende compte. J'aurais aussi pu insister et m'épargner ses recherches, mais très peu pour moi.

Quand je cite exactement les menaces proférées par la vampire, son masque de marbre semble se fissurer un peu. Ses paroles font sens dans son esprit, et à l'entendre, il s'est même replongé dans le passé. Je fronce les sourcils, quand il me répond de manière bien énigmatique encore une fois. Je me demande s'il a compris que j'étais à moitié dans les vapes... Ou si c'est seulement une mauvaise manie dans leur couple. J'essaie d'en rire, pour mieux cacher l'effet que ses paroles me font. On dirait une sentence, une véritable fatalité sur ma condition. La personne qui la connaît peut-être le mieux dans ce monde me voit comme perdant face à elle, et à toujours sous son emprise. J'ai l'envie de me laisser aller à ce désespoir qui m'étreint toujours un peu plus, et sombrer dans l'inconscience... J'aurais peut-être pu me le permettre, si je n'avais pas plus à défendre aujourd'hui qu'autrefois. Si je perds la Meute un jour, la question se posera réellement. En attendant... Je ne peux plus me permettre de faiblir encore une fois, au risque de me perdre pour de bon en les perdant, eux.

- On peut toujours choisir ses chaînes.
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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyDim 24 Jan - 19:20

    Ne pas parler à Scylla de son petit toutou venu quémander un peu de sang vampirique ? Difficile à imaginer effectivement. J'avais de fortes envies d'en découdre avec elle et d'obtenir des explications concernant son comportement. Et cela impliquait forcément de parler de ce type. Je pouvais cependant ne pas lui relater les circonstances exactes de cette rencontre. Je pouvais simplement lui dire avant eu vent de son petit manège. Bien sûr, par notre lien, elle pouvait exiger davantage de précisions, mais elle n'avait jamais usé de ce pouvoir sur moi jusqu'à maintenant, pourquoi le ferait-elle pour une affaire qui était moins grave que d'autres qui nous avaient vu nous affronter.

    « Pourquoi lui cacherais-je ? Que crains-tu ? D'attirer de nouveau son attention ? Quelle jubile d'apprendre que tu as remonté sa trace et que tu étais prêt à ramper pour obtenir un peu de son sang ? Hum, je suppose qu'effectivement, tu préférerais que cela reste strictement entre nous. »

    Pas très glorieux. Et il me semblait que cet homme était doté d'une certaine fierté, méchamment mise à mal par une vampire ces dernières semaines. Je supposais que venir ramper pour avoir ce qui lui manquait tant devait le dégoûter profondément de lui, mais aussi de ses bourreaux. Logique, je n'aurais sans doute pas agi différemment.

    « J'aviserais en temps voulu. »

    Après tout, je ne lui devais rien. Il s'était introduit chez moi, il avait eu ce qu'il voulait et j'avais prélevé mon dû au passage. Il ne me devait pas davantage. Le mieux serait que jamais nos routes ne se recroisent après cette nuit, même si j'avais la désagréable impression que c'était là un vœu pieu qui ne se réaliserait pas. Il s'interrogeait naturellement sur ma mansuétude, persuadé que j'allais le vider de son sang. Ah, c'était tentant. Très tentant. Même encore maintenant, son odeur flottait dans l'air et je conservais le goût de son sang sur la langue. Mais je n'avais pas vécu aussi longtemps en me laissant guider par mes instincts et mes pulsions. Je le sentais curieux concernant mon lien avec Scylla, comme s'il se doutait que nous n'étions pas simplement amants. Comment ? Je n'en avais aucune idée, mais je ne pouvais le laisser élaborer des hypothèses dangereuses.

    « C'est le cas. »

    Et mieux valait qu'il se tienne à cela. Il devait l'avoir deviné, car il n'insista pas. Il était peut-être plus intelligent que je ne l'avais supposé. Le manque devait rendre n'importe qui stupide après tout. Seul comptait l'objet de son désir. Ce besoin presque vital de calmer le manque. Il enchaîna alors sur une petite insulte fleurie qui ne réussit qu'à me faire sourire.

    « Je n'y manquerais pas. »

    Et après mon petit excès d'impulsivité, je me montrais davantage civilisé. Cela ne devait pas manquer de le déstabiliser et de lui faire se poser mille questions me concernant et concernant mes intentions. Une véritable torture. A quel jeu jouais-je ? Qu'attendais-je de lui ? Qu'il s'occupe donc l'esprit en cherchant ces réponses. Je me permis un peu d'humour concernant ce qu'il pouvait y avoir dans le verre et il répliqua plus sérieusement.

    « Justement, le danger est passé, alors détends-toi. Et je ne t'ai donné que ce que tu es venu chercher. Mais n'y reviens pas. Désintoxique-toi. Tu n'es pas le premier et tu ne seras pas le dernier dans ce cas. »

    Je préférais que tout cela demeure entre nous. Pas besoin d'ébruiter nos petits dérapages respectifs. Je n'avais pas envie d'avoir de comptes à rendre et lui non plus, sans doute. Allait-il se montrer raisonnable ? Je sentais bien qu'il était tenté de me défier, de demeurer... libre, insoumis, de se draper dans un reste de fierté... Mais il n'en existait plus en cet instant alors qu'il gisait sur mon carrelage. Il était un peu trop perspicace cependant. Je haussais les épaules, mais ne répondis pas alors que je pouvais presque suivre les rouages de son cerveau. Et il me fit la réponse la plus sensée. Parfait.

    « Nous sommes donc d'accord. »

    Il m'offrit son nom et je lui offris le mien. Cela n'était pas nécessaire, puisque nous n'étions pas amenés à nous revoir, mais ma foi, c'était plus simple de pouvoir coller un prénom sur son visage. Qu'importe que ce prénom soit factice. Il me livra alors les paroles proférées par Scylla et je répondis, comme une sentence, lui arrachant tout espoir. Il ne voulait pas y croire. C'était humain. Je le fixais longuement, comme pour sonder sa volonté et ses ressources et quel poids il pouvait peser face à Scylla.

    « Ma foi, sans espoir, il ne sert à rien de continuer. Nous verrons bien. »

    Je marquais une pause, avant de demander, pragmatique :

    « Je vais te faire emmener à l'hôpital. Aurais-tu laisser tes vêtements quelque part dans le coin ou vais-je être obligé de t'en fournir pour éviter trop de questions gênantes ? »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptySam 30 Jan - 23:28


Une grimace mauvaise déforme mes traits. Ce vampire aime frapper là où ça fait mal... Je l'écoute faire les questions-réponses en lui lançant un regard équivoque. Au moins, je n'aurais pas besoin de lui détailler mes raisons, il semblait les comprendre assez aisément. Je ne devrais pas éprouver autant de rancœur envers lui alors qu'il ne fait qu'énumérer des faits avec une cruelle neutralité. C'est seulement plus facile que d'avoir à regarder la vérité en face, de ce que je suis devenu. Cet être-là me dégoûte toujours un peu plus, même si j'essaie de donner le change, notamment par l'humour. On connaît tous les deux la vérité.

Et, au moins, est-il sincère. Qu'il avise. Je suppose qu'il n'aura pas besoin de rentrer dans les détails, et s'en gardera même peut-être. Va savoir... Ce n'est pas tellement ma personne qui les intéresse que ce que je peux représenter pour eux, de menaces comme de mets savoureux. Contrairement à elle, on dirait que ça lui importe de continuer de faire bonne figure devant la monarchie vampirique... Et s'il est vraiment haut placé, comme on peut le supposer, il a tout intérêt à ce que cette petite aventure ne soit jamais connue de personne. Ca ne m'arrangerait pas de la révéler, mais je me rends compte que je peux bien utiliser cette carte en mettant ma fierté de côté si l'un ou l'autre venaient à me chercher des emmerdes.

- Alors j'espère que tu as un minimum d'influence sur ses actions.

Ils sont amants, ce qui signifie qu'il peut l'influer. J'ai peut-être finalement une chance que les choses s'arrangent, si ce vampire est vraiment réglo. Ce n'est pas parce qu'il m'offre un verre et me propose de m'emmener à l'hôpital qu'il l'est, mais il respecte un temps soit peu les règles. Qu'est-ce qui le retiendrait de me tuer sinon ? Lui, il a peut-être simplement dérapé, de faim et de colère mélangées.

Je garde ses pensées pour moi, parce qu'elles peuvent être dangereuses tout comme utiles plus tard, et qu'à le voir fermer le discours, j'ai déjà plusieurs fois frappé dans le mille. Inquiéter un vieux vampire dans mon état, c'est certainement la dernière chose à faire. Je lâche un bref rire, quand il me glisse que le danger est passé. Loin de là.

- Arrête, ça t'arrangeait bien. Tu aurais voulu me rendre service que tu m'aurais balancé par la fenêtre sans me donner une goutte de ton sang, de quoi me remettre les idées en place.

Je sens encore une pointe de colère percer, déraisonnable. Je finis mon verre, même si c'est loin d'être prudent. Je préfère être saoulé d'un bon verre de whisky que saoulé de cette situation grotesque. Je ferme les yeux et lâche un soupir à fendre la mort. A l'entendre, on dirait que c'est facile de faire autrement...

- Et comment ? Il paraît que plus le vampire est ancien, plus l'exposition est longue et plus le sang est addictif... Sérieusement, j'aimerais bien avoir le mode d'emploi pour réussir ce tour de force.

Mais elle s'est arrangée pour que j'en sois parfaitement incapable. Je songe à la solution d'Hayden, sans pouvoir m'y résoudre. Ils ont beau dire, la meute ne va toujours que dans un sens à mes yeux. Je la protège, mais mes emmerdes sont les miennes. Je dois me sortir seul du pétrin dans lequel je me suis fourré. Si je m'étais retrouvé en mauvaise posture à cause de la meute, ce serait différent, mais là... Je secoue négativement la tête.

Il se ravise et me parle d'espoir, peut-être seulement parce que je suis sur la brèche et qu'il n'a pas envie que j'explose maintenant qu'on a trouvé une entente. Ca sonne faux à mes oreilles, alors je me contente d'acquiescer. L'hôpital, c'est bien. Je vais puer la maladie et les médicaments en sortant de là. Bon... Il va falloir puer le vampire au préalable, mais je devrais survivre à cet affront, minime en comparaison du reste.

- Non, il va me falloir de tes fringues. Donne-moi ce dont tu ne veux plus, parce que je ne risque pas de te les rendre... Sauf si ça te branche de me rendre une visite à l'hôpital et de m'offrir des fleurs, mais arrange-toi pour le faire quand je serais abruti de sommeil alors.
Malcom Hastings

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyMar 16 Fév - 14:47

    Un sourire, plus proche du rictus d'ailleurs, accueillit les paroles du type. Avoir une influence sur les actions de Scylla... Il ne se rend pas compte de combien il peut être drôle. A ses dépends. Personne n'aura jamais aucune influence sur elle. Les seules personnes qui en avaient eu l'avaient cruellement blessée et étaient à jamais disparues. Sa mère, qui l'avait presque convaincue qu'elle n'était qu'une abomination et n'aurait jamais du voir le jour. Et son créateur, qui en avait fait son jouer, avant de s'en désintéresser... Mais ce rictus disparut tout aussi vite qu'il était apparut, alors que mon sourire se faisait plus menaçant, tout en étant doucereux. Un mélange détonnant, en guise d'avertissement, alors qu'il était simplement en train de me... menacer ? Oui, on dirait bien que ce drogué avait là un moyen de pression sur moi et s'en servirait si Scylla dépassait les bornes.

    « Pour avoir de l'influence sur quelqu'un, il faut encore le comprendre et avoir la même vision des choses que lui, tu ne penses pas ? Or et pour faire simple, elle et moi n'avons pas exactement les mêmes définitions de ce qui est bien ou mal... »

    Ce que je jugeais inacceptable lui passait totalement au dessus de la tête. Scylla vivait selon ses propres règles et se fichait totalement d'outrepasser les lois vampiriques. Elle n'en avait que faire de la royauté en place. Pour le moment, cela n'avait pas causé de problèmes, mais si, un jour, ses agissements venaient à lui faire rencontrer la justice royale... J'espérais que jamais ce jour ne vienne. Car même alors, elle ne verrait pas en quoi ces lois là la concernaient. Je pouvais appréhender sa psyché, mais elle demeurait trop imprévisible pour que j'anticipe ses actions et ses pensées.

    « Cependant, j’essaierai de détourner son attention de toi. »

    Et il me semblait que c'était là tout ce qu'il réclamait, non ? La paix. Ne plus rien avoir à faire avec les sangsues qu'il exécrait. Ce qui était bien plus facile à dire qu'à faire. Il y avait des vampires à tous les coins de rue et son odeur était bien trop alléchante pour qu'il demeure tranquille. Je haussais un sourcil quand il rit avant de me détromper.

    « Donc, une chute du haut d'un immeuble ne ferait que te remettre les idées en place, sans te tuer ? Intéressant... L'aurais-je su que je me serais laissé tenter par l'expérience. »

    Je soupirais.

    « Estime-toi heureux, j'aurais simplement pu te vider de ton sang et adieu l'ami. On n'a pas idée de se retrouver à proximité d'un vampire qui est à jeun quand on porte ton odeur. »

    Déjà nourri, c'était difficile de résister mais là... Le mélange entre la surprise, la faim, la colère... bref, je n'avais su y résister. Et je défiais quiconque de mieux s'en sortir que moi dans ce cas de figure.

    « Je n'ai jamais dit que ce serait facile. »

    Ce serait même difficile et pénible. Presque impossible. A lui de voir s'il en aurait la volonté ou non après tout. Je me fichais bien de son sort. Tant qu'il demeurait muet sur ses mésaventures avec nous, c'était tout ce qui m'importait. Il repartirait ici en vie, serait soigné et voilà tout. Je le lui annonçais d'ailleurs, m'enquérant du problème de sa nudité. Je réprimais une grimace quand il m'avoua que je devais lui prêter mes vêtements. Génial. Cependant, je repris avec humour :

    « Je pensais davantage à des chocolats fourrés au V, mais c'est toi qui vois. »

    Pas sûr qu'il goûte la plaisanterie cela dit.

    « Ah, quelle déception de voir des sentiments si négatifs à mon endroit. Ne t'en fais pas va, sitôt que l'on t'aura déposé à l'hôpital, tu n'entendras plus parler de moi. Du moins, pas parce que j'aurais fait volontairement ingérence dans ta vie. »

    J'avais conclu avec un petit sourire en coin. Je quittais de nouveau la cuisine pour aller chercher quelques vêtements basiques. Je n'avais rien de vieux ou dont je ne voulais plus, mais je pouvais facilement remplacer n'importe quoi. Je lui filais donc le classique jean avec un pull, laissant tomber le tout sur le carrelage, avant de passer un coup de fil à un de mes employés qu'il vienne chercher notre ami pour l'emmener aux urgences, en toute discrétion, bien entendu. Un autre coup de fil à un des médecins pour le prévenir de s'occuper du cas et de ne pas se montrer trop précis dans le dossier... Il fallait bien quelques contacts dans tous les milieux pour noyer le poisson. J'attendis alors tranquillement que la loque sur mon carrelage soit prête, bras croisés, détendu.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé]   "La volonté en chaine s'enroule encore et toujours autour de la fierté." [Livre III - Terminé] EmptyLun 7 Mar - 18:48

Je n'aime pas ce sourire étrange... C'est bien celui d'un vampire. On dirait qu'il vous promet mille morts avec une infinie douceur. Ca me donne envie d'y répondre tous crocs sortis, mais là ce serait la bête en moi qui s'exprimerait. Il croit me faire peur, parce qu'il est un monstre ? J'en suis un aussi. Et un monstre qui n'est pas toujours idiot, ne lui en déplaise. Je ne suis pas resté en vie si longtemps pour ne pas savoir à quoi elle peut parfois tenir... Bien sûr, j'ai de quoi le faire chanter. Je devrais peut-être éviter de le provoquer avant de regagner la civilisation par contre, pour lui passer l'envie de régler drastiquement l'épineux problème que je peux représenter et finir le travail. Il doit en mourir d'envie.

Je lâche un bref rire, rejetant la tête en arrière quand il voulut nuancer mes propos.

- Ca m'a l'air bien compliqué, dans votre petit ménage... Je vous laisse régler les détails entre vous. Tout ce qui m'intéresse est de m'en tenir éloigné, et tu m'aides doublement à ce niveau, parce que tu sais très bien que si je la croise à nouveau, tout irait en empirant.

J'ai son sang qui me coule dans les veines, à la place du sien. Elle ne devrait plus avoir de contrôle sur moi, même s'il n'en est pas si sûr. Lui en a peut-être, mais il s'en fiche. Ca m'arrange. Je vais peut-être finalement réussir à sortir de cette impasse, malgré ma rechute violente. C'est aussi plus simple quand les visions qui m'assaillent seront les siennes... Quoique largement plus désagréables pour moi. J'ai besoin de temps. Je sais qu'il peut me l'accorder, et le fera pour se couvrir aussi. Il n'a aucun intérêt à ce que je cherche à les retrouver pour les compromettre à nouveau.

J'ai peut-être lâché une information de trop quand il dresse ses propres conclusions quant à mes capacités... Particulières. Tous les métamorphes ne sont pas capable de se rétablir après une chute de plusieurs étages. Je dirais même que le nombre est assez faible, mais j'ai fait plus d'une expérience casse-cou sous ma forme de papillon dans ma jeunesse.

- Ca dépend si tu prends ma tête comme un bélier et la hauteur à parcourir. Je pense que dans 99% des cas, je suis mort, mais je suis plutôt du genre chanceux, et tenace.

Ouais... Je devrais m'estimer heureux qu'il ne m'ait pas vidé jusqu'à la dernière goutte de mon sang. Facile à dire en même temps, mais je peux jouer à ça aussi.

- Estime-toi heureux que je n'ai pas planté mes crocs dans ton sommeil. Je ne suis pas sûr qu'il aurait été aussi enchanteur sinon...

J'aurais bien voulu qu'il me lâche avec son parfait sourire de tout à l'heure qu'il existait une solution miracle pour ne plus être accro au V. S'il en existait une, un vampire aussi ancien le saurait certainement. Je devrais me faire à l'idée que je ne pouvais compter que sur le temps, la force de volonté... Ou une autre source de substitution.

Je marque un temps d'arrêt quand il me propose de m'amener des chocolats fourrés, avant de lâcher un bref rire qui sonne comme un aboiement. Sérieusement, je ne suis pas en état pour ces conneries servies avec de l'humour de vampire. J'aimerais bien sortir maintenant, parce que ces fenêtres fermées avec des rideaux métalliques m'angoissent à force. L'appartement a beau prendre tout l'étage, il reste atrocement cloisonné.

- Dis-toi qu'on a réussi à avoir une discussion intelligente, ce qui me paraissait déjà impensable avec une sangsue jusqu'à maintenant.

J'attrape les fringues qu'il me ramène, et m'en enveloppe avec un dégoût non feint. Même sous ma forme humaine, je pouvais sentir le parfum de mort qu'ils véhiculaient... Tant pis. J'aurais tôt fait de les brûler et de les remplacer par d'autres après plusieurs bonnes douches à l'hôpital. Je puerais les médicaments et la maladie en sortant, mais pas la mort au moins. J'écoute d'une seule oreille les échanges téléphoniques que le vampire a avec ses relations. Il prend bien les choses en main, et je peux espérer que cet épisode de ma vie ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir... Un simple cauchemar parmi d'autres qui viendront hanter mes nuits de folie. Et que je n'entendrais effectivement plus jamais parler de lui.
Malcom Hastings

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