Perfection is not just about control. It’s also about letting go... [Livre I - Terminé]

J'ai le corps tout endolori de l'éprouvant corps à corps que nous venons de pratiquer plusieurs fois. J'ai donné tout ce que j'avais. Même du temps de Krystel, j'aurais été en peine de donner plus encore, sans tirer sur ses propres forces. Alors aujourd'hui, on pouvait dire que c'était même à demi miraculeux que je sois encore capable de tenir debout. Mon cœur bat rapidement, j'ai du mal à reprendre ma respiration et je me retrouve tout à fait en train de trembler de ma main gauche, mouvement involontaire que je camoufle en caressant sa peau d'une prise qui se veut ferme. Je sais bien que la faiblesse qui est la mienne depuis la mort de ma Maîtresse Vampire ne m'a pas quitté, qu'elle ne me quittera d'ailleurs jamais. Mais quelque part, peu importe. Ce soir, je vis. Faible ou non, important ou négligeable, je viens de faire l'amour à une superbe jeune femme qui ne me manipule pas pour avoir quelque chose en retour. Oh bien sûr, je ne suis pas naïf, il y a toujours un prix. Mais celui ci, je suis à peu près certain de ne pas regretter de l'avoir mis. L'ironie qu'elle me lance ne m'échappe pas, mais qu'importe, c'est rafraîchissant. Je me surprends à m'amuser de la situation. Je ferme les yeux, en sentant ses mains sur moi, en train de me savonner. C'est bon, c'est doux. Je me sens plus fragile, mais comme protégé. Ce côté un peu inédit n'est pas déplaisant, même si je ne veux jamais en prendre l'habitude.

| Disons que j'aurais eu plus l'habitude... |

Parce qu'il fallait le dire, en dehors de Krystel je n'avais connu aucune gentillesse, aucun calme total depuis des années. Erin et moi partagions une même nature, les mêmes besoins. D'accord. Tous mes autres épisodes sexuels n'étaient jamais que des jeux d'échecs, des affrontements entre volontés et intérêts plus ou moins proches. Cela n'avait rien à voir avec ce que j'avais fait ce soir, c'était plus... Apaisé ? Je n'en savais rien. Il n'y avait eu que Krystel pour avoir des gestes d'attention envers moi, et je sentais que cette vampire là ne surjouait pas. Cette gentillesse là allait lui jouer des tours dans le travail que j'attendais d'elle. Lucy allait se lier à ses missions, c'était imparable. Mais cela allait aussi faire sa force ; on se confie plus facilement à quelqu'un qui ne surjoue pas, qui est naturellement tendre. Je ne dis rien face à son obstination. La vampire n'a aucune idée de quoi elle s'engage. Elle va souffrir, c'est le lot de tous ceux qui servent un idéal aussi élevé. Je l'amuse.

| Comparée à quantité de vampires, tu es aussi douce qu'un agneau. Tu sais déjà te contrôler. Tu iras loin... |

La belle sort de la douche, s'enroule dans une serviette et s'occupe à nouveau de moi. Elle a été prostituée, j'en suis sûr maintenant. Ces attitudes, ces attentions, sont l'apanage de filles de joie. Les gentilles. Celles qui sont protégées, celles qui coûtent cher. Pourtant, elle était serveuse. Le vampirisme l'a changée, mais elle a gardé ses habitudes, sa prévenance pour le gros poisson que je suis. Cela m'indiffère. On est tous le gros poisson de quelqu'un.

| Allons nous coucher ; je saurais pas rentrer tout seul maintenant et cet endroit en vaut beaucoup d'autres pour dormir. Tu seras en sécurité, ici. |

Je la guide jusque dans la chambre, très vaste, elle aussi très luxueuse, dans un style ancien. Je finis de la sécher, et la pousse nue sous la couette alors que je rabats les rideaux de chaque côté du vieux lit d'Empire à baldaquins. Je me glisse contre elle, nu également. Je dépose un baiser sur ses lèvres.

| Ne t'habitues pas trop à tout ça... Sur le terrain, on en chie tous. Si je suis dans cet état, ce n'est pas pour rien. Mais ici, pour ce soir... Nous sommes bien. Protégés. En sécurité. Ce soir, je veux juste me repose. Ma première nuit, mon premier lit depuis que je suis sorti de mon unité de soins. Ca se fête. |

Je lui souris, mes mains sur lui, m’occupant de lui. Parce que faut bien le dire, moi, ça va. Alors que lui… Je sens son cœur qui bat un peu trop vite, et même s’il essaie de le camoufler, je sens sa main trembler contre ma peau. Et j’ai l’habitude de ce genre de gestes. Les petits plus.
Le fait que je n’essaie pas de le manipuler le surprend. J’aurais pu, même si comme dit, je n’en vois pas l’intérêt si ça marche naturellement.

« Ah, j’ai un côté un peu inédit alors. C’est plutôt cool. »

Je continue de m’occuper de lui, alors qu’il me rappelle à nouveau que peu des siens, pour dire ça comme ça, étaient encore présent à ce jour. Mais je sais, plus ou moins, dans quoi je m’engage. Il ne me répond pas, sans doute est-il sceptique. Sans doute a-t-il raison. Mais qu’importe. J’ai décidé. Je ferais. Point.

Je ris quand il me parle de mes tendresses qui ont failli le tuer. Et je continue de lui sourire en sortant de la douche. Oui, comparée à beaucoup de vampires que j’ai moi-même connus ou croisés, je suis excessivement douce et sage.

« Oui, c’est vrai,
Mais heureusement que je le suis, cela aurait été encore davantage difficile pour toi... ça aurait été dommage que tu te blesses.
Et oui, je me contrôle. Je n’ai guère eu le choix. »

J’hausse les épaules. Que ce soit du temps de Nikos ou de Julien, je n’ai que rarement eu la possibilité de faire autrement… j’ai donc appris rapidement, pas vraiment le choix. De là à ce que ça m’amène loin…
Je continue de prendre soin de lui, comme je l’aurais fait avec un de mes richissimes clients réguliers.
Alors que je ne sais pas trop comment lui demander, ouais, c’est une première, si je reste ou si je dois courir assez vite pour éviter le soleil levant, il m’invite à rester. Super. Non, parce que sinon, j’aurais quand même été assez… ennuyée. Que lui ne rentre pas, je m’y attendais, mais qu’il m’y invite, en me rassurant sur la sécurité, ouais, ça m’étonne un peu… un petit peu. Mais je suis idiote. Les clients me gardant si longtemps étaient rares… mais… c’est Torben. La Mort. Mon… nouvel employeur ? c’est encore plus bizarre dit comme ça…
Bref. Peu importe, s’en fout.

Je le laisse m’emmener dans la chambre. Dans le même genre que le reste : opulent et … vieillot ? mais classe oui. Avec un lit à baldaquins immense. Je souris alors qu’il finit de me sécher à son tour, avant de me pousser sur le lit. J’hésite une seconde, avant de m’allonger en le regardant. Il ferme les rideaux, avant de s’allonger à mes côtés. Oui, c’est vrai, les vampires, il connaît. La plupart des gens n’apprécient pas de s’endormir et de se réveiller alors que moi, je suis encore… assoupie ?
Il se glisse contre moi et m’embrasse rapidement.
Je souris alors qu’il me parle. Je relève la tête pour le regarder.

« Et ne t’inquiètes pas, je ne m’habitue pas à tout ça. Je ne l’ai jamais fait, je ne vais pas commencer maintenant. » Il est tellement chaud. Je me love contre lui encore davantage, posant ma tête au niveau de son torse. Autant en profiter. Je devrais en faire ma devise…
« Oh, je partage ta première nuit de véritable repos aussi ? » Je passe une main sur son visage et embrasse sa mâchoire. « Oui, en sécurité.. ça fait du bien pour une fois. Reposes-toi alors. »
Je me réinstalle. Le soleil se lève. Ouais, je le sens. « Bonne nuit Torben »

Et je m’endors dans les secondes qui suivent alors que le soleil pointe à l'horizon.

» Don't loose control [Livre I - Terminé]
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