Tout était décidé. Ou presque. Nous avions beaucoup avancé avec Cora et Krystel lors de notre dernière entrevue. Il avait semblé que Cora avait encore beaucoup d'hésitations, mais finalement, tout avait bien fonctionné. Trop, peut être. La soirée qui avait suivi... Ou plutôt la fin de nuit... Je n'avais jamais rien connu d'aussi sensuel de toute mon existence. C'était quelque chose d'incroyable. Deux femmes qui m'aimaient, aussi bien pour ce que je faisais que pour qui j'étais au fond de moi. L'expérience m'avait vidé de toute énergie, mais je me sentais autrement gonflé à bloc. Avoir joui de ce même rapprochement nous avait permis nous aussi de dépasser plus encore le peu de distance qu'il restait entre nous. Krystel et moi partagions quelque chose d'absolument incroyable, bien au delà du simple désir. Une complétude de tous les instants... Elle me comprenait, elle savait qui j'étais et ce que j'étais capable de faire. De simples regards nous suffisaient pour communiquer. Et avec Cora... Les choses allaient mieux. Je ne m'étais jamais intéressée à ses états d'âmes autrement que pour leurs conséquences sur Krystel, sur moi, ou sur ses missions. Désormais, je m'intéressais à ce qu'elle avait en tête pour elle même. Il ne s'agissait pas d'amour ; pas à proprement parler. Mais d'une affection et d'une responsabilité si grande que celui avait crée une illusion suffisamment correcte pour qu'elle l'accepte. Cela ne voulait pas dire que je n'aimais pas la jeune humaine, mais tout simplement que je nourrissais plus d'affinités envers elle qu'envers quiconque... Et cela se traduisait par un degré de confiance plus élevé que ce que j'étais accoutumé à nourrir pour qui que ce soit en dehors de Krystel. Cora avait de toute façon intégré le fait qu'elle ne vivrait jamais une existence normale. C'était une promesse que je lui avais faite.


Et ce soir, j'étais en route pour honorer une autre promesse. Un serment que j'avais fait lors d'un de mes rares coups de sang. De fait, je n'arrivais pas à me rappeler de mon état à ce moment précis. Avais je vraiment été en colère ou est ce qu'il ne s'agissait pas plutôt de manipulation efficace ? Peut être un peu des deux. Je savais qu'elle se rendait à Edimbourg, je savais même qu'elle était sensée rencontrer un futur chevalier de la Reine qu'elle recruterait peut être. J'avais moi même des affaires à régler dans cette ville. Pour le compte de la Reine ; la traque des sanguinistes. Je continuais de remonter les pistes de chacune de leurs filières, de leurs enclaves. Avec les informations données par leur ancienne grande prêtresse, Freyja Swayne, m'avait elle même donné. Je ne savais toujours que penser de la participation de cette vieille vampire, mais il n'en restait pas moins que ses informations nous permettaient avec Erin d'éliminer la menace discrètement. Prudence est mère de sûreté, et ni Swayne ni l'autre vampire que je m'apprétais à aller voir n'avait ma confiance.


J'attendais qu'elle finisse son petit entretien au bar de l'hotel, avant de prendre la place du vampire qui venait de partir. J'arborais un sourire de circonstances.


| Comment va la plus belle des princesses, ce soir ? Le vampire que je viens de croiser a t'il convenu au poste ? |

Les jours derniers n’avaient pas été de tout repos. Je m’étais beaucoup remise en question sur tout un tas de choses. J’avais l’impression qu’il fallait que je me détache un peu pour y voir plus clair. Il fallait dire que j’étais passé par tout un tas de phases, plus critiques les unes que les autres. Je m’étais même ouverte à Julien, même si je ne lui avais fait part de tout, pour au final être complètement déçue. Je me demandais toujours si c’était ma jeunesse qui me rendait aussi incertaine et instable. Au final, je le cachais devant le monde entier, car j’arrivais à garder la tête haute et à ne rien laisser passer de mes émotions. Je me souviens de ma visite avec Morgane, qui avait voulu me rassurer mais je n’étais pas encore sûr à cent pour cent que ses paroles étaient vraies. Mon jeune âge me perturberait toujours, et si je n’avais pas ce statut de Princesse je serais peut-être déjà au fin fond d’une ruelle ou d’un quelconque bar à striptease sous le joug de mon maître. Peut-être bien morte tout simplement. Pourquoi réveiller mes souvenirs ? Je ne savais pas. En tout cas je m’étais bien égarée et ce fut lorsque je reconnu la belle Edimbourg que je revins à mes préoccupations du moment.

Mes yeux captaient la moindre rue, le moindre bâtiment. Je soufflais alors que ma main prenait de nouveau le verre que j’avais posé bien avant. Mes lèvres se trempèrent dans le liquide ambré avant que le chauffeur ne m’indique que nous étions arrivés. Je déposais le verre encore à moitié plein, m’avançais vers la fenêtre teintée alors que j’observais l’enseigne. « Eternal Rest ». Etrangement, cela ne me fit rien, je me souvenais bien sûr, mais j’étais là pour autre chose. La porte s’ouvrit et le talon de mon escarpin claqua sur le sol avant que son homologue ne le rejoigne. J’étais habillée d’une somptueuse robe noire, parsemé de dentelle à différents endroits, laissant découvrir ainsi quelques parcelles de mon corps que beaucoup de yeux allaient parcourir. Elle me moulait à la perfection et s’arrêtait au-dessus de mes genoux, couvrant mes bras également même si à ce niveau il n’y avait que de la dentelle. Mes cheveux étaient détachés, mes lèvres colorées d’un rouge ardent et mes yeux d’un noir profond mais tout en finesse. Après un pas, j’étais entourée par quatre gardes qui m’escortaient jusqu’à l’entrée de l’hôtel.

J’avais spécifié un horaire précis et une date. Un lieu également et me faire attendre ne m’enchantait guère. Pourtant il me semblait avoir compris que ce dit vampire était dans ce même hôtel, louant une chambre. Mes doigts tapaient les uns après les autres alors que je m’impatientais. Oui, il n’était en retard que de cinq minutes, mais mon temps était précieux. Qui plus est lorsque c’était ce genre d’entretien. Je le vis arriver et il s’excusa. Je me fis le loisir de lui faire une remarque cinglante avant qu’il ne se pose devant moi. Je lui posais tout un tas de question, notamment sa vision des choses, quelles expériences il avait et je l’analysais comme bon me semblait. Je le trouvais trop jeune dans sa manière d’être, un homme de petite carrure qui pourrait être facilement brisé si on savait y faire. Finalement au bout d’un certain temps je clôturais la discussion et il partit. Je soupirais alors que j’étais en train de me dire que je m’étais déplacé pour rien. Et ce n’est que bien tard que je constatais la présence de quelqu’un. Son odeur emplit mes narines et je tourne la tête vers lui alors qu’il arbore un sourire. Je suis un moment circonspect, avant de me ressaisir par ses paroles.

« Oh, épargne moi tes flatteries, j’en ai à la pelle et ce n’est pas dans mes préoccupations du moment. » J’étais sèche et froide. Oui car il ne fallait aucun petit écart, déjà que sa proximité me dérangeait peu à peu autant que son odeur qui s’imprégnait de plus en plus. « Pas le moins du monde. Trop fragile, il peut être brisé en un rien de temps… » Je croisais ma jambe par-dessus l’autre. « Et toi ? Que fais-tu aussi loin de notre Reine ? » Je lui épargnais le discours sur sa petite escapade. Je me souvenais encore de la petite discussion avec Erin. Mais ne fallait-il pas que je reste totalement neutre ?

Je la regarde en m'asseyant à côté d'elle, contre le bar de l'hôtel. Toujours aussi belle. Sa coiffure me rappelle un peu plus la femme que j'avais autrefois épousée. Belle et radieuse... Ses cheveux encadrent son visage délicat, et son teint pâle comme tous les vampires est réhaussé par un peu de maquillage qui met aussi bien ses lèvres que son regard en valeur. Ce que je lis dans son regard d'ailleurs, c'est une certaine surprise mêlée d'indifférence. Du moins, c'est ce que je crois reconnaître dans ces yeux que je ne suis plus capable de comprendre instinctivement comme autrefois. Ma présence la dérange, c'est un fait. Je pense savoir pourquoi mais rien ne peut être tenu pour définitif avec quelqu'un comme elle. Parce qu'il ne faut pas s'y tromper. Un visage aussi séduisant, un corps aussi parfait et attractif renferment tous deux une puissance vénale et singulière. Jana n'est pas femme à se laisser faire, je le sais très bien. J'ai déjà su la manoeuvrer une fois, mais jusqu'à quel point ? Cette entrevue nous permettra de nous rendre compte un peu plus précisément de la réalité de ce que j'ai pu éveiller en elle à notre dernière rencontre. Je savais, j'en étais sûr pour le coup, que je l'avais suffisamment tentée pour qu'elle soit en proie au doute, malgré sa détermination de façade. Je savais que j'éveillais toujours quelque chose en elle. Me voir poutrer ses gardes du corps l'avait émoustillée, mais je savais bien qu'il n'y avait pas que ça. Nous le savions tous les deux. Et c'était d'ailleurs ce qui nous posait problème, chacun à un niveau différent... Jana me toise avant de finalement me répondre d'éviter les flatteries. Je fais signe au serveur de venir.


| Ne me fais pas croire que tu sois toujours belle à mes yeux t'indiffère. |


Ca, c'est fait. Le barman arrive et je lui demande un double whisky sec, tandis que je réfléchis un instant avant d'envoyer un sourire à Jana, ne la lâchant pas du regard alors que je demandais au type une bouteille de Tru Blood B+, comme mon propre groupe sanguin. Cet ersatz n'était pas très bon, mais cela ne pourrait qu'éveiller certains souvenirs à la jeune princesse vampire... Et elle ne manquerait sûrement pas de noter la manœuvre. Je laisse ensuite mon regard se perdre dans mon verre, alors qu'elle croise ses jambes, ce que je capte du coin de l'oeil. Comme sa mère...


| Tu as bien fait de le jeter, alors. Tes suivants sont déjà suffisamment risibles sans que les chevaliers n'en souffrent également. |


Petite pique lancée sur un ton simplement taquin. Je savais bien qu'elle faisait du bon travail, sinon la Reine se serait depuis longtemps débarrassée du poids qu'elle représentait. Mon sourire s'élargit ensuite.


| Pourquoi crois tu donc que je serais venu te voir ? Pour t'annoncer mes fiançailles, bien sûr. Comme promis, tu auras même une place d'honneur à ma table, à côté de la Reine elle même. |

Pour sûr, je ne m’attendais pas à rencontrer Torben ici-même. Ce qui était ironique dans cette situation c’était que c’était là le début de toute notre histoire. Pour moi en tout cas, car c’était non loin de cet hôtel que nous nous étions retrouvés. Ou plutôt que lui m’avait reconnu. Ce fut à partir de là que j’appris l’existence de quelques pièces du puzzle qui ne m’avait, jusque-là, pas du tout posé problème. C’était vrai, je ne m’étais posé aucune question sur ma vie d’avant, tout simplement parce que celle qui s’ouvrait à moi grâce à Krystel me convenait et me comblait déjà parfaitement. Sauf qu’à partir de ce jour, même si je ne le savais pas encore, il allait être l’épine dans ma main, le poids dans mon cœur pour une durée qui m’était alors indéterminée. Elle l’était toujours d’ailleurs, et je me demandais bien quand est-ce qu’elle allait seulement s’atténuer un peu. Je ne m’étais pas du tout attendu à le voir, et la surprise que j’affichais et que je ressentais me permettait dans un sens de rester tout à fait normale. Pas de changement de comportement, surtout vis-à-vis de mon attitude hormis le fait qu’il avait pu lire dans mon visage l’effet de surprise. Il fallait dire que j’étais plutôt préoccupé par l’entretien qui venait de se passer. J’aurais voulu qu’il se passe pour le mieux et que je puisse trouver un autre Chevalier pour la Reine. Je persévérais toujours, alors j’étais certaine d’atteindre mon objectif. Je l’avais toujours atteint et toujours trouvé les meilleurs Chevaliers. Ma mère me faisait confiance pour cela alors je ne devais pas la décevoir à ce niveau-là.

Autant dire que j’essayais de garder toujours ce masque sous lequel je masquais beaucoup de choses, encore plus devant Torben. Mais pour le moment, j’étais confiante, il ne fallait pas un poil de doute en moi sinon ça allait encore mal finir. Et puis, si jamais je frôlais la limite, je pourrais toujours le congédier et partir quand bon me semblerait. Je n’avais pas été là pour le voir après tout, rien ne m’empêchais de couper court à la discussion. Je lui avais déjà répondu assez durement et je ne fus pas surprise de sa réponse. Il n’était pas homme à se laisser faire, c’était un atout dont il avait joué avec moi déjà et qui était fort dangereux. J’arquais cependant un sourcil à ses paroles.

« Exactement, tu as trouvé le bon mot. Tu m’indiffères, il faudra t’y faire mon cher. »

Mensonge mensonge, mais je garde toujours le sourire et observe le barman alors que Torben commande un whisky. Aucun surprise. Cependant, il se chargea également de ma boisson, en demandant un B+ qui me fit afficher un léger sourire amusé. A quoi jouait-il ? Dans tous les cas, je le laissais faire, n’ajoutant rien alors que je me mettais plus à l’aise sur mon haut tabouret. Je laissais mon dos touché le petit dossier et mon bras vint se poser sur le bar alors que j’étais face à Torben. Je ne le quittais pas des yeux alors qu’il se perd dans son verre de liquide ambré. Je laisse échapper un début de rire très faux à ses paroles.

« Dans ce cas, évites de les croiser. »

Je savais déjà que mon travail était bien fait, sinon j’aurais déjà eu des réprimandes de la part de ma Mère. Il ne faisait que s’amuser depuis tout à l’heure avec ses petites piques. J’avais commencé, alors je ne lui en tenais pas rigueur. Le barman revint avec un verre de True Blood que je refusais poliment envers l’homme. Puis mon regard se posa de nouveau sur Torben.

« Charmante attention, mais je me suis déjà rassasier. » Ajoutais-je tranquillement, d’un ton tranquille alors que je savais très bien qu’il avait fait exprès de choisir du B+. J’aimais d’ailleurs le B en général, ce pourquoi son odeur était si attrayante pour moi. Je restais pourtant maître de moi-même, sûre de moi tandis que j’accusais désormais la révélation qu’il m’avait faite. Finalement, il avait franchi le pas. Ne l’avais-je pas poussé dans cette voix ? Il pourrait au moins se poser, fonder une famille, tout ce que je ne pouvais pas lui offrir en somme. Mais ne nous égarons pas.

« Tu es donc venu jusqu’ici, à Edimbourg, pour m’annoncer tes fiançailles ? Dis donc, tu dois beaucoup y tenir pour venir me trouver aussi loin. Tu aurais pu attendre mon retour, non ? » Je fis une pause alors que j’observais un couple qui venait d’entrer dans l’hôtel, avant de me reconcentrer sur Torben. « Une place d’honneur ? Oh… et ta fiancée est d’accord avec cela ? » répliquais-je avec un fin sourire alors que j’appelais de nouveau le barman pour qu’il me serve un de leur meilleur cocktail.

Je n'étais absolument pas gêné ni désarçonné, que ce soit par ma manière bien particulière et cavalière de l'aborder, ou par son refus évident de toute discussion. Jana avait beau ne pas avoir refusé ouvertement ma présence, je savais qu'intérieurement elle le tolérait tout juste. Parce qu'elle était indépendante, et que je lui rappelais quelque chose, une époque de sa vie pas si lointaine où sa liberté actuelle était enchaînée à sa condition d'humaine, à son mariage, à ses espoirs nés de son humanité et de son enchaînement à un homme, à une maison, à une vie toute tracée. Je savais, je sentais, qu'elle était encore et toujours tiraillée par cette existence infiniment plus tranquille mais horriblement moins palpitante que celle qu'elle vivait aujourd'hui. Moi, je me riais de ces deux existences. Je n'avais clairement pas la moindre tentation de mener l'une ou l'autre de celles ci. Je n'avais aucun goût désormais, pour une vie bien rangée, une petite maison et des enfants, et je n'avais aucun talent en politique ni d'attrait pour le luxe. En fait, l'existence qui me convenait le mieux et j'en avais bien conscience, était nulle autre que celle que je menais actuellement. Un pragmatisme froid, calculateur, maximisateur du rendement de mes actions. De l'adrénaline pure à intervalles réguliers, et aussi et surtout la possibilité de frôler la mort, encore et encore. Connaître de loin le faste d'une monarchie terrible et puissante, pouvoir connaître la caresse de plusieurs femmes, partager la vie de la grandeur de ce monde et ôter des vies en jouant la mienne. J'avais bien conscience que mon union à venir avec Cora allait changer pas mal de choses, de ce côté là. J'allais devoir faire plus attention, moins me mettre en avant dans les différentes opérations que je pourrais mener, et laisser d'autres comme Erin faire le plus intéressant. Cela dit, rien n'était encore définitivement arrêté de ce côté là...


Je me rappelais l'existence de l'ancien Torben, puérile et stupide. Boire comme si je me déssechais en permanence, oublier jusqu'à mon prénom et enchaîner les aventures glauques et stupides, sans lendemain et sans autre gain que l'oubli de tout ce que j'étais entre leurs cuisses. C'était d'ailleurs non loin d'ici que Jana et moi nous étions rencontrés de nouveau, alors que je pensais la savoir morte et qu'elle avait oublié jusqu'à mon existence. Et la voilà qui apparaît devant moi, presque totalement nue, se trémoussant sous le regard des autres pommés avec qui je buvais. J'avais cru rêver. J'avais cru mourir. Je me rappelais encore lui avoir donné mon sang, avant qu'elle ne me donne le sien pour me soigner d'une blessure défensive qu'elle m'avait infligé. Requinqué par le sang et devenu fou de désir pour elle, je l'avais prise dans la rue derrière le bar, à même le sol, dans une étreinte sauvage, frénétique, honteuse. Le lendemain, j'essayais de me suicider en attentant à la vie de la Reine... Reine que je servirais plus tard, alors que Jana n'avait plus rien d'une danseuse de charme autrement que son physique. Mon sourire s'accentua à ses paroles.


| Bien sûr, je te dégoûte même, cela se voit comme le nez au milieu de la figure. |


Jana s'installe malgré tout plus confortablement, ce qui m'encourage à poursuivre sur cette voie. Elle ne s'est pas levée pour partir, non, elle compte bel et bien profiter du spectacle. Tant mieux pour elle, tant mieux pour moi... Le rire et ce qu'elle m'envoie ensuite m'indiffèrent ; je ne suis pas dupe et elle non plus. Je laisse couler la banalité, alors qu'elle refuse le tru blood que je lui offre, trempant de mon côté mes lèvres dans le verre de whisky. Je pris un air surpris à ce qu'elle me dit.


| Oh ? Qui est l'infortuné chanceux? Te serais tu mise dans l'illégalité ? |


Paradoxe de chaque instant. Infortuné pour lui montrer à quel point je la déconsidérais -faussement- alors qu'il était chanceux pour le plaisir que cela avait dû lui apporter. Je ne courrais pas après ce genre de friandise, même si je ne crachais pas dessus quand l'occasion se présentait. Je repoussais de côté ce qu'elle voulait me faire dire ; je ne lui ferais pas ce plaisir. Je répliquais avec le même sourire que le sien.


| Ton rang, ma jolie princesse te vaux ce genre de privilège... Et tu comprends, l'excitation était tellement forte que je n'ai pas pu résister à faire un petit détour pour t'en informer. Quant au reste... Bien sûr que oui, elle te souhaite aux premières loges. Avec ta très chère mère, également. |


Faussement intéressé, je lui demandais ensuite des nouvelles.


| Et ton cher fiancé, comment va t-il ? Il paraît que ce n'est pas la grande forme. Quelques problèmes avec sa pomme de sang et ses vampires de confiance, paraît il... |


Et pour cause. J'avais baisé sa pomme de sang et révélé une vérité immonde mais bien réelle à son serviteur vampire le plus proche.

Je l’observais, le dévisageait même en tentant d’apercevoir ce qu’il pouvait dissimuler. Je n’étias pas joueuse, pas ce soir. Cette rencontre n’était en rien prévu et ce n’était pas pour rien que je ne l’avais guère revu depuis notre dernière nuit. Je ne voulais plus avoir affaire avec lui, ou du moins le moins possible car il était le servant de la Reine. Souvent son intermédiaire, mais si je pouvais l’éviter au maximum je ne m’en porterais que mieux. Je ne supportais pas de perdre le contrôle, qu’il me fasse autant réfléchir sur ce que je voulais, souhaitais, alors que j’étais certaine de ma voie. Je l’avais d’ailleurs perdue avant que ma Mère ne me fasse retrouver la bonne voie. Il fallait que je persévère une fois encore et ne plus penser à mon jeune âge. Ça en devenait presque une obsession, même si je dissimulais tout derrière ce mur que j’affichais en permanence. Sinon comment ferais-je face aux gens ? Face à ce vampire que j’avais eu devant moi qui était manifestement trop jeune mais bien plus vieux que moi. J’avais encore cet entretien en tête, et il était vrai qu’à la minute où je constatais qu’il était en retard, il était déjà disqualifié dans ma tête. Où diable se trouvaient les vampires hors pairs ? Ceux que j’avais moi-même trouvé pour être Chevalier. Ou étais-je de plus en plus exigeante ? Non, je persévérerais, comme je le fais toujours.

Ses mots me firent presque rire. A défaut j’affichais un fin sourire. Je savais qu’il se jouait de moi, ses paroles n’étaient faites que pour essayer de se frayer un chemin à travers moi. Cela marchait-il ? Je faisais tout contre.

« Dégouté ne serait pas le bon mot, mais ça s’en approche en effet. J’ai d’autres choses beaucoup plus importantes en tête que ta petite personne. »

De nouveau je passais à l’offensive alors que je m’installais plus confortablement sur le tabouret. Je ne compte pas m’éterniser, loin de là, mais j’étais curieuse de savoir ce qui l’amenait ici-même. Je ne me préoccupais pas de sa petite attention avec le verre de true blood qu’il voulut m’offrir. Je devais rester de marbre, faire en sorte de créer une barrière entre lui et moi que je forgeais petit à petit. Mëme si tout ceci était imprévu, je faisais mon possible pour rester aussi calme et posée possible. Lui avait l’air de constamment vouloir jouer. Je ne le suivais pas, disons que je m’efforçais à ce qu’il comprenne que j’en avais fini avec lui. Vraiment ? …

« Vraiment Torben, tu me déçois… » Je fis une pause, remis d’un geste mes cheveux vers l’arrière. « Ce que j’ai dans mon appartement est complètement légal, mon serviteur fait tout pour cela d’ailleurs. »

Mon sourire s’accentua, alors qu’en vérité mon serviteur m’offrait des cadeaux de temps à autre. Un humain prêt à tomber dans mes crocs et ma chair. Mais ce soir, je n’avais bu que du true blood, donc mon mensonge n’en était pas un finalement. Nous passions donc aux choses sérieuses, à ce sujet qui m’intéressait beaucoup plus. Sa venue jusqu’ici pour me trouver. Ses fiançailles aux premiers abords ne me fit ni chaud ni froid. Ne me l’avait-il pas annoncé à notre derrière rencontre ? Je l’avais même poussé vers ce chemin. Finalement, il m’avait écouté, même si ce n’était qu’indirectement. J’avais su le repousser comme il le fallait. Au moins aurais-je cru qu’il me laisserait tranquille. Sauf qu’il y avait encore le stade du mariage, l’invitation et tout le tralala. Si j’avais pu, j’aurais refusé.

« Ah oui mon rang… en effet certain privilège, mais tu aurais pu laisser ton faire-part à mes gardes tout simplement. Je l’aurais lu dès mon retour. » Je fis une pause pour me redresser finalement, alors que le barman posait le cocktail que je lui avais demandé. J’aurais peut-être dû lui demandé un alcool fort finalement… Je pris le pied de verre et le fis rouler lentement entre mes doigts. « Quant à l’excitation dont tu parles, je ne peux la comprendre totalement, puisque je n’ai jamais eu ce genre de sentiment. » Je décale mon regard pour le porté à mon verre que je soulève et porte jusqu’à mes lèvres. J’étais on ne peut plus sûre de moi, je ne flancherais pas devant lui. Et c’était vrai d’ailleurs, je ne connaissais pas cette ardeur et fougue avant le mariage. Avec William il n’y avait rien et avec Julien ce n’était que par pure stratégie. Apparemment une stratégie inadéquat, mais ce n’était pas le sujet du soir. Je reposais le verre et rejouais de nouveau à le faire tourner.

« Dans ce cas parfait, il n’y aura aucun problème pour que je me libère pour ce jour tant attendu. »

Je dissimulais mon sarcasme et essayais d’extérioriser un semblant de joie. Mon sourire était parfait, mes yeux dissimulais moins bien ce que je ressentais. De nouveau je le quittais du regard pour boire une gorgée, avant que le sujet se porte sur moi et sur Julien plus spécifiquement. Je lâchais un petit rire amusé avant de le fixer de nouveau.

« C’est toi que ça intéresse ou es-tu le porte-parole de la Reine ? »

Je détournais complètement sa question volontairement, car je ne voulais pas lui répondre honnêtement.

Soirée pleine de promesses, c'était sûr et certain. Pas parce que celle ci risquait de dégénérer, mais tout simplement parce que j'allais pouvoir obtenir de nouvelles informations. Déjà, je savais que Jana continuait de recruter des chevaliers avec plus ou moins de bonheur. Ensuit, qu'elle était toujours aussi mal à l'aise à mes côtés. Si ce n'était pas le cas, jamais elle n'aurait réagi ainsi à ma présence, en se fermant telle une huître. Jana avait au moins ce trait de caractère de commun avec celle qu'elle fut autrefois. Elle n'avait jamais su masquer pour de bon ses sentiments. Indifférence glacée ? Je savais que c'était ce qu'elle voulait me faire passer, pas ce qu'elle ressentait réellement. Je n'avais pas vraiment besoin d'en savoir plus pour continuer sur ma lancée ; j'en profitais pour de bon. La belle brune afficha un mince sourire, qu'elle ne parvint à tout à fait réprimer. Elle ne voulait pas se laisser faire mais elle n'allait après tout peut être pas avoir le choix, je ne comptais pas lui laisser l'occasion de se reprendre. Je ne pus m'empêcher non plus de toucher du bout des doigts l'homme que j'étais autrefois. Mon sourire s'approfondit plus encore, s'ouvrit une une large bouche montrant mes dents. Plus franc sourire que beaucoup d'autres, ces derniers temps. Je lui glisse un coup d'oeil en coin.


| Une si petite personne qui sait comment s'élever... Et comment élever les autres. |


Bien sûr que je perlais de sexe. La confronter à sa faiblesse de la dernière fois n'était qu'un outil de plus à ma disposition, et cela ne pouvait qu'avoir pour effet de la perturber un peu plus. S'était elle sentie aussi libre, aussi bien, depuis cette fois là qui nous avait vu nous adonner à un jeu bien dangereux, qui nous amenait aux limites de notre propre contrôle. Je savais que Jana détestait perdre sa place aux commandes, et je savais que c'était un ressort que je pouvais utiliser pour parvenir à mes fins. Quand à ce que je lui avais dit, à ce que je pensais qu'elle avait ressenti... il n'était pas seulement question de plaisir, loin de là. Elle en avait sûrement ressenti plusieurs fois depuis, avec ses serviteurs, des conquêtes, son fiancé... Je n'en savais rien et cela n'avait aucune espèce d'importance. Ce qui comptait vraiment, c'était qu'à ce moment précis elle avait dû se sentir loin de ses responsabilités, de son futur, de son travail. Libre. Et c'était aussi là dessus que je jouais, en espérant qu'il s'agisse de la bonne carte. Je n'avais encore aucune confirmation pour le moment sur l'efficacité de ce que j'entreprenais. Je convenais de sa tirade sur son respect de la législation en levant mon verre à sa santé.


| Cela n'aurait été que peu respectueux. Mais pour le reste, tu as raison. C'est avec une autre personne que toi que j'ai déjà connu ces instants, indéniablement. |


J'avais fait mon deuil de ce mariage depuis longtemps, et je souris à son acquiescement.


| Tu m'en vois ravi... Quant à Julien, non c'est moi que cela intéresse. Et tu sais très bien pourquoi, cesses donc de faire semblant que cet homme est celui que tu veux réellement. Un homme dont sa pomme de sang le trompe et dont ses serviteurs nous mettent tous en danger. Es tu si désespérée que ça, pour le préférer à moi? |


Je vins me pencher près d'elle près de son oreille. Comme un amant.


| Ne me dis pas que tu n'as pas envie, au fond de toi, de recommencer... |

Finalement, il ne changeait pas. Il était toujours le même et toujours à essayer de chercher ma faille… que j’avais en partie comblée. Il ne pourrait pas me refaire tomber comme l’autre fois, combien même cette rencontre était impromptue, j’avais une volonté d’acier. Et j’avais d’autres choses à faire que de passer du temps avec lui. N’avait-il pas une fiancée à combler ? Qu’il s’occupe d’elle, ça me changerait et me laisserait tranquille une bonne fois pour toute. Ne l’avait-il pas compris lors de notre dernière rencontre ? Qu’il aille voir ailleurs, je ne m’en porterais que mieux. Même si dans un sens j’aurais bien volontiers refusé d’aller à son mariage, mais comme j’étais la princesse, je me devais d’être présente et d’être au côté de la Reine. J’espère au moins que Morgane sera présente, cela me conforterait un peu plus. Mais pour l’heure, j’en revenais à ses quelques mots prononcés, à ses quelques sous-entendus également. Que je pris soin de ne pas comprendre. Faire comme si je n’avais rien compris, c’était aussi amusant parfois. J’utilisais souvent cet aspect avec les humains et cela fonctionnait parfaitement. Ne pouvais-je pas m’amuser un peu de temps à autre ?

« Si tu le dis... mais cela ne change rien malgré tout. »

Qu’espérait-il au juste ? Refaire une partie de jambe en l’air et après ? Je ne recommencerais pas cette erreur, et il était loin de comprendre encore ma détermination. Je ne devais plus me sentir comme je l’avais été. Cette perte de contrôle énorme qui m’avait failli faire n’importe quoi. Il était presque comme le diable pour moi, et plus jamais cela ne devait se reproduire. Je ferais tout pour en tout cas, malgré le fait que Torben n’en resterait pas là. Je le connaissais bien trop pour savoir qu’il insisterait. Il se heurterait toujours à un mur, et il avait de la chance d’être le servant de ma Mère, sinon la possibilité que je l’égratigne un peu m’aurait effleuré l’esprit. On en vint à parler de sang, du sang que j’avais chez moi et lui affirmait que tout était légal… en partie bien sûr. De nouveau, ce petit pic sûrement pour me mettre en rogne, mais je restais plus qu’impassible, maître de ma personne et de mes émotions. Je levais également mon verre pour le porter à mes lèvres et en boire une gorgée.

« Parfait, tu m’en vois ravie. »

J’étais loin d’être sincère, en réalité il m’irritait et cela se sentait un peu sur mon ton qui était assez sec et direct. J’allais à l’essentiel, je ne voulais pas m’éterniser ici-même en sa présence. Je voulais qu’il comprenne, qu’il arrête son petit jeu avec moi. J’étais consciente d’aller un peu dans son sens parfois, mais je ne faisais que me défendre. Je me demandais qu’est-ce qu’il pourrait le faire abandonner. Peut-être aurons-nous que ce genre de discussion. Je n’espérais pas en vérité, car toujours éviter une personne n’était pas spécialement dans mes gênes. J’aimais confronter, mais j’étais aussi assez intelligente pour savoir quand ne pas le faire. Torben était une exception, une épine perpétuelle dans ma main et dans mon cœur qu’il fallait à tout prix que je contrôle parfaitement.
Finalement nous en vinrent à parler de Julien, de mon futur époux et doucement je compris où il voulait en venir avant même qu’il ne le divulgue explicitement. Ça aurait pu m’étonner mais j’étais plutôt lassée en vérité. S’il voulait jouer, je n’étais pas d’humeur ce soir, alors quand il se pencha pour me souffler quelque mot, je ne pu faire autrement.

« Ne m’approche pas. » articulais-je entre mes dents alors que je le repoussais violemment sur son siège.

« Tu commences à m’énerver Torben, que crois-tu ? Je te signale que tu as une fiancée qui t’attends. Et que disais-tu déjà ? … Tu as fait tes choix, j’ai fait les miens, maintenant arrête ton petit jeu, c’est clair ? »

L’avantage était que je passais ma colère après tout le reste. Finalement c’était le plus facile. Je reposais mon verre assez brusquement avant d’ouvrir ma petite sacoche avec l’intention de payer l’addition et de clore rapidement cette discussion qui prenait de nouveau un tournant qui ne m’intéresserait pas.

Là, je la testais sans vergogne. Je ne savais pas s'il y avait vraiment des fruits à récolter de notre dernière confrontation, mais ce qui me semblait certain c'était que quoiqu'elle en dise, elle restait en proie à des pulsions diffuses et contradictoires. Finalement, je voyais même un intérêt direct à ce qu'elle me repousse. Sachant la tentation et l'attraction que je faisais peser sur la jeune vampire, c'était plutôt bon signe pour le contrôle qu'elle devait exercer sur elle même si elle se montrait capable de ne pas succomber. Quelque part, je cherchais et je tentais de la faire basculer. Mais d'un autre côté, mon moi objectif et pragmatique, était plutôt impressionné par la force de sa volonté. Elle changeait bien plus vite que je ne l'en aurais crue capable. Elle s'adaptait pour survivre. Et elle le faisait bien. Jana avait été une femme intelligente dont l'absence totale de méchanceté l'avait handicapée dans sa vie d'humaine. Aujourd'hui, elle surpassait tout ce qu'elle avait et tout ce qu'elle n'avait su être. Rien n'était parfait bien sûr, et rien ne le serait jamais. Mais la vampire faisait des progrès, plus rapides qu'escomptés, ce qui rendait tout mon manège sinon véritablement utile au moins un peu efficace. Jana m'ignore et elle refuse d'entrer dans mon jeu. Là réside encore sa faiblesse. Pour gagner la partie, il faut savoir rentrer dans la partie de l'autre pour la pervertir et se l'aliéner. Ainsi se détermine la victoire.


Son aspect rigide n'avait d'égale que sa réponse catégorique, ce qui n'avait rien d'inquiétant sinon que je m'étais peut être trompé. Ce n'était ni une découverte ni un drame de se rendre compte qu'on n'était pas infaillible ; mieux que personne j'avais conscience de la limite de mes compétences et il semblerait que je les atteigne à nouveau. En matière de séduction et de politique, ces deux choses étant souvent intimemement liées, je ne faisais pas encore preuve de la clairvoyance ni de la compétence que Krystel attendait de moi. J'en revenais toujours à la même chose. Essayez de changer un loup en agneau et le résultat sera le même. Le loup pourra tolérer la présence des autres ovins et pourra peut être même faire semblant d'être comme eux. Mais au fond, il reste un loup. Laissez lui une occasion, rien qu'une, et il la saisira. Je suis fait du même bois. La belle boit à son verre et tient bon. Soit Julien la change soit elle change d'elle même. Je devrais m'assurer de la seconde option, qui convient bien plus à mes desseins.


Elle se fait cinglante, et j'encaisse sans broncher. Je me rends compte que ma venue ne va pas arranger les choses et que mon objectif reste hors de portée. Elle est tellement fermée que je ne parviendrais pas à en savoir beaucoup plus sur ce qu'il se passe dans sa tête. Je garde le sourire, malgré tout satisfait. Maintenant plus que jamais, elle est prête à assumer ses fonctions. Me succomber si facilement lui causerait grand tord et serait symptomatique d'une certaine immaturité vampirique. Là, ce n'est pas le cas. Jana devient forte. J'ai tendance à penser que cela se fera au détriment de son prochain mari, quel qu'il soit, et que cela ne fera que complexifier un peu plus sa relation déjà compliquée avec sa mère adoptive. Mais mieux vaut ça que l'inverse. Dans un monde aussi vaste que cruel, se blinder un maximum n'est jamais quelque chose d'inutile. La belle me repousse sur mon siège et semble plus que décidée, véritablement haineuse. Je lève doucement les mains en signe de paix, un petite sourire satisfait aux lèvres.


| Très bien ma douce. Pas toucher, j'ai enregistré. J'ai effectivement une fiancée qui m'attend même si ce n'est pas elle que je m'en vais retrouver... |


Je reporte mon attention sur mon verre, le prend en main et le vide d'un trait, avalant son liquide en serrant les dents. Je reporte ensuite mon regard rieur vers celle qui jadis partagea ma vie.


| N'oublie jamais, ma petite princesse, que jamais la partie ne s'arrête. |


Je me lève en laissant un gros billet sur le comptoir, et contourne Jana pour venir lui murmurer à l'oreille.


| Prends bien garde à toujours bien assumer tes choix, vampire. Certains sont irréversibles. |


Et je pars, plutôt satisfait d'une entrevue courte mais enrichissante. Je sais désormais à quoi m'attendre ; le pire est évité dans les deux cas.

Ce soir, j’étais lasse de tous ses petits jeux entre nous. La rencontre était plus qu’impromptue, mais au moins j’avais le mérite d’être assez clair avec lui. Le fait aussi que ce se soit mal passé avec le dit vampire qui avait voulu être futur Chevalier de la Reine. N’étions-nous entouré que d’imbécile et d’incapable ? Cela faisait un moment maintenant que j’avais dû mal à trouver quelqu’un qui soit un tant soit peu capable de tenir la route. IL fallait que je sois certaine, sinon cela ne servait à rien, si déjà il avait du mal avec moi, il était incapable de gérer la suite. En tous les cas, Torben était mal tombé, vraiment mal tombé. Je ne savais pas s’il était venu simplement pour me parler de ses fiançailles, mais j’aurais préféré une simple lettre, même que Cora vienne en personne tiens ! Ça m’aurait finalement beaucoup plus convenu qu’il soit venu lui. Il fallait que je me fasse une raison pour le maltraiter de la sorte. Je ne savais guère si j’en avais trouvé véritablement une, mais ça ne saurait tarder. Je ne voulais pas d’un troisième dérapage, j’avais assez donné. Il me serait beaucoup plus facile à l’avenir d’effacer tous ses sentiments qui me gênaient dans mon travail et dans ma vie quotidienne. Il fallait que je passe outre, que je fasse abstraction, mais lui n’aidait jamais…

Apparemment, il encaisse tout ce que je peux bien lui dire. Au fond, je ne veux pas être cinglante, mais il le faut. Il faut que sa persévérance et sa connerie – oui je le traduisais comme cela – cesse une bonne fois pour toute. Je me demandais d’ailleurs si cela était possible, Torben avait toujours été une écharde dans ma main, plus profonde à chaque instant. Mais si je pouvais au moins l’arrêter sur sa lancée, ça ne pourrait que m’être bénéfique. Je me souvenais encore de la perte de contrôle totale que j’avais eu suite à la nuit que j’avais passé avec lui. Il fallait que je l’oubli. Ce n’était pas bien difficile, nous n’avions pas d’avenir et il appartenait à ma Mère, elle me l’avait bien fait comprendre d’ailleurs le jour où j’avais fait l’erreur de boire son sang. Autant dire que la prochaine fois je préférerais mourir que d’emprunter à nouveau son sang, si délicieux soit-il. J’écartais ses pensées si exquises soient-elles. Je trouverais un autre homme capable de me faire subir la même sensation, voire même plus, qui sait ?
Au moins, le fait de l’avoir renvoyé bien comme il faut, un peu trop brusquement peut-être, l’avait arrêter dans sa tentative de m’avoir une seconde fois pour lui. Ca n’arriverait pas, un point c’est tout, et le toucher n’était même pas envisageable. Dans le cas précis, c’était lui qui ne devait en aucun cas se rapprocher de moi ni même me toucher. Il avait l’air de capitulé et j’étais plutôt ravie même si je mettais néanmoins des réserves. Il pouvait revenir à la charge bien plus vite.

« Et bien va retrouver donc cette femme pour combler tes désirs, tu en as apparemment besoin. »

Sarcasme, même si j’étais toujours irritée, distante et froide. Ne comblait-il pas assez ses pulsions avec Cora ? J’écartais ses pensées alors que cela m’amusait intérieurement. Je lâchais un sourire amusé qui disparut presque aussitôt. Je l’observe vider d’un trait son verre, et je su aussitôt que j’avais gagné la partie. Si du moins on pouvait appeler cela un jeu…

« N’oublie pas qu’elle s’arrêtera pour toi à un moment donné ou à un autre… » soufflais-je alors que je faisais référence au fait qu’il soit mortel. Il allait forcément mourir un jour ou l’autre. En tout cas, je n’attendis pas qu’il fasse le lien dans sa tête, je me levais et refermais ma sacoche constatant qu’il avait laissé un billet. Autant le laisser faire, c’est peut-être notre dernière rencontre à l’extérieure. J’imaginais mal ne plus le revoir, étant servant de ma Mère. Il me contourne alors que je n’ai pas bougé et le laisse partir avant moi, pour finalement entendre ses dernières paroles qu’il glissait près de mon oreille. Comme s’il avait besoin de faire cela… mon ouïe était difficilement perturbée. Je glissais alors presque aussitôt « T’en fait pas pour ça… » avant qu’il ne s’éclipse et que je prenne également le chemin de la sortie pour rentrer à mon appartement.