Our fingers are stuck in the socket

Alexis & Roxane & Mary & Hayden & Charlie

Charlie avait fuit la maison mise à disposition des Loups où elle s'était réunie avec Alexis et Roxane. Elle ne voulait pas dire un mot de plus qui ne dépasse sa pensée. Elle avait tout laissé derrière elle en se transformant en Louve. Sous cette forme la vie était tellement plus simple. Il n'y avait pas de vengeance, de titre familial à prétendre, personne à décevoir. La Louve avait des attentes bien moins compliquées de l'existence : manger, dormir, détruire les ennemis qui se présentaient à elle à coup de crocs comme cela c'était passé avec cette Semi-démone il y a quelques jours à peine.

Après une longue foulée elle s'était retrouvée au beau milieu de la forêt, si elle avait au début suivi les traces de la Meute partie en chasse, elle s'était vite détournée de ce chemin. Elle n'avait aucune intention de pointer le bout de son nez au milieu de ses frères et sœurs de Meute. Pas par honte mais elle n'avait pas envie de voir qui que ce soit, elle voulait simplement observer la nature et son cercle infini qui ne bougerait jamais à moins que la fin de ce monde n'arrive. Si cela était possible Charlie ferait le choix de rester sous cette forme lupine mais elle n'en avait pas le droit. Elle devrait répondre de ses actes auprès des autorités responsables. En attendant elle gagnait juste un peu de temps. Elle n'avait toujours pas rédigé son testament et il y avait encore des gens qui attendaient des choses d'elle. Elle n'avait plus qu'à contacter son avocat, faire la paperasse et se faire détester par tout le monde ensuite elle irait faire face à tout ce bordel.

Elle était en train de retourner à la maison lorsqu'elle passa sous la fenêtre et capta un nom : Constance. L'oreille dressée la Louve reconnue la voix d'Alexis. Avec prudence elle se cala sous la fenêtre en prenant attention à être sous le vent pour éviter que son odeur ne soit portée jusqu'à la chambre. 600 ans ? La vieille branche était plutôt bien conservée si on oubliait qu'elle était cinglée.

* Les années ont pas du aider à la soigner ! *

Mais elle devait rester concentrée, la Louve n'était pas très habille à comprendre tout ce que les humains disaient et elle devait faire un effort considérable pour insuffler une partie de son esprit humain dans celui de la Louve mais pas trop pour éviter de se transformer. C'était un exercice plutôt pénible mais elle ferait l'effort. L'odeur des deux dominants venait lui chatouiller les narines, donc Alexis était en train de tout raconter aux autorités de la Meute. Ça allait peut-être chauffer pour son matricule après ça, Hayden était au courant de l'histoire mais pas dans son intégralité, il ne lui avait pas demandé des nouvelles de la métamorphe et maintenant il savait que Constance avait retenu Alexis contre son gré et avait même essayé de la présenter à la reine.

* Stop ! Elle a parlé d'Alan et Camille ? Elle connaissait l'existence des métamorphes la garce ! *

Pourquoi l'avait-elle torturée ? Toute cette histoire n'avait pas le moindre sens. La suite fut encore plus compliquée à comprendre. Alexis était nerveuse et commençait à débiter un tas de trucs qu'elle aurait mieux fait de taire. Dieu Merci, Charlie ne lui avait rien dit sur Alois, sur le trafic, sur... Sur tout ! Par contre c'était quoi cette histoire d'Hayden soupçonnant Ashleigh ? Et... Elle avait écouté Mirah et son baratin de petite historienne ! Comment avait-elle fait ? Cette nana était complètement ennuyeuse et ces histoires étaient du même niveau.

* Alexis super espionne qui ne sait pas tenir sa langue sous la pression ! *

L'avantage quand on est chef de quelque chose, c'est que les autres perdent leur place de personnes dans votre esprit, qu'ils deviennent outils et ressources. Mais c'est aussi une malédiction. Parce que vous savez que vous allez avoir des décisions difficiles à prendre, que vos choix risquent de causer du tord aux gens que vous appréciez ou que vous estimez. Quoiqu'il se passe, vous êtes baisé ou c'est les gens qui comptent qui le sont. Etre chef n'a rien d'aisé, et même si on m'y a préparé pendant toute ma jeunesse, on ne peut pas dire que jje gère aussi bien les choses. Comme je l'ai dit, j'ai conscience de demander beaucoup à Roxane. Elle a déjà beaucoup donné de sa personne. A son petit jeu d'espionnage, elle aurait pu finir traquée et dévorée par mon père et ses soutiens. Oui oui, dévorée. Certains Ulfrics laissent leur loup s'exprimer librement et répondent à tous leurs instincts, y compris les plus vils. Et ce n'était pas le seul genre de pulsions malsaines qui habitait mon père, de cela j'étais certain sans en avoir jamais eu la preuve. Et c'était très bien comme ça. Je note que Roxane a l'air de réfléchir attentivement à ce qu'il va se passer, aux implications de ce que je suis en train de dire. Elle mesure sans doute le danger, et ses capacités. Je sais qu'elle en est capable, mais se sent elle en mesure de le faire ? Elle s'est déjà beaucoup exposée ces derniers temps, et la course au poste de Jolfr n'a rien dû arranger. Son choix de rallier la Meute a également eu des répercussions chez les représentants de son espèce. Roxane était probablement à un croisement de sa vie. Très jeune, pourtant, et déjà tellement de responsabilités et d'événements de vécus. C'était le lot des personnes qui voulaient s'impliquer dans ce monde, auprès de leurs congénères.


Roxane me répond ; elle a compris mais elle pense que le danger est important en plus de ne pas être certaine du succès potentiel de cette mission. Je comprenais ce qu'elle voulait dire, autant pour le côté empirique de ce qu'elle pourrait trouver que pour la réaction d'Alexis. Je m'empressais donc de la conforter du mieux possible.


| Je ne me fais pas d'illusion, les vampires ont une éternité d'expérience dans le fait de camoufler leurs actes et virer leurs traces. Mais j'ai besoin de savoir, qu'il y ai des choses que la Reine ignore ou qu'elle soit à l'initiative de ce kidnapping, qui pourrait en annoncer d'autre. Je dois mesurer la réponse, tu comprends ? Savoir d'où vient le mouvement pour anticiper la suite. Le comité sera difficile à appréhender de toute manière ; les vampires ont une longueur d'avance sur nous à ce sujet également. Je dois travailler avec Mary à améliorer ce point, d'ailleurs. Pour ton témoignage, ta parole me suffit. Ce sera à moi d'adapter la réponse en fonction de la fiabilité de ce que tu auras trouvé, à moi de m'accomoder des éléments que tu pourras relever. Et pour Alexis ne t'en fais pas. Je ne lui dirais rien, et il n'y aura que Mary et moi au courant de ta mission de toute manière. |

Je n’avais plus rien à dire. Tout ce que je savais, je venais de le dévoiler à la louve dominante. Celle-ci semblait soucieuse, semblait réfléchir à ce que je venais de lui dire. J’étais perdue et aurais aimé une réponse, mais je n’en demandais pas. Si je ne connaissais rien des loups qui étaient devenus quelques heures plus tôt mes frères et sœurs de meute, je comprenais au moins que je ne pouvais demander des réponses à la Lupa. Je n’étais rien, et je n’avais que le droit de la laisser réfléchir, et de me taire. Je baissais la tête, et me reculais, sans qu’elle ne semble le remarquer. Je voulais m’asseoir sur le lit, mais cela me semblait peu correct. J’étais une tache dans le décor, et je ne savais que faire. Alors je me retournais, et regardais par la fenêtre. Voyais Charlie. Je rougissais instantanément, repensant à notre conversation. Est-ce qu’elle était entrée ? Avait-elle vu le message que je lui avais laissé ? Que faisait-elle ? M’en voulait-elle encore ? Je me retournais, incapable de l’affronter du regard, et tentais de reprendre contenance en regardant l’intérieur de la pièce.

Mary semblait toujours réfléchir, pendant qu’Hayden et Roxane discutaient. Elle semblait concentrée, et j’aurai tout donné pour savoir l’objet de leur discussion. Pour qu’elle me regarde, un instant, avec un sourire, pour me rassurer. Mais je ne pouvais plus attendre ça d’elle. J’avais pris ma décision, seule, de faire partie de la Meute. Et je devais me débrouiller par moi-même. Je ne pouvais pas, en aucun cas, m’appuyer sur les autres. J’avais fait comme je pouvais, quand j’avais fuit la maison de ma nouvelle famille, et je ferais pareil. Sauf que je n’étais plus seule. J’étais juste propulsée au sein d’un groupe avec des coutumes et une culture que je ne connaissais pas. Savoir les origines et l’histoire des loups, comme je les avais découvertes en espionnant les recherches de Mirah ? La belle affaire. Je ne savais pas ce qui était d’actualité, ce qui ne l’était pas… Je ne savais rien, au final.

Je soupirais, et m’appuyais sur le rebord de la fenêtre, essayant de déceler dans le silence qui s’installait petit à petit les paroles de Roxane et du Chef. Impossible. Ils parlaient à voix bien trop basse. Je me sentais déplacée, à l’instant. Ca faisait à peine quelques instants que je me trouvais là, que j’étais devenue l’une des leurs, si c’était réellement le cas, et j’avais déjà l’impression que je détonnais. Je soupirais encore, et attendais. Qu’ils finissent, qu’ils prennent conscience de ma présence, que je puisse partir… quelque chose.

Encore une décision compliquée dans un monde compliqué. Ce monde était décidément outrageusement fermé et abscons ; je devais prendre des décisions en n'ayant connaissance qu'une partie des données dont j'avais justement besoin pour me décider. Ce qui impliquait du danger. Pour ceux qui subissaient directement ces choix, comme la rouquine que j'avais sous les yeux. Je savais que les choix avaient des conséquences, je le savais depuis tout jeune. Mon père me l'avait appris en me marquant la conscience au fer rouge ; il avait tué sa propre compagne, ma mère adoptive, car elle avait fait preuve à son sens d'une faiblesse dangereuse voire mortelle à mes yeux. Et j'avais été puni et brimé pendant toute mon enfance et mon adolescence, surtout après la mort de mon petit frère, qui m'avait été imputée. Aujourd'hui encore, je m'en sentais responsable. On ne guérit pas de ces vieilles blessures. Roxane accepte, quoiqu'il en soit, et promet de me tenir au courant de la situation.


| Je n'en attendais pas moins de toi. |


La rouquine m'interpelle sur le fait que Mary et Alexis ont terminé, il faut donc changer de sujet. Pas pour se défier de ma Lupa puisqu'elle sera au courant de la situation, mais de la jeune métamorphe qui était dans une situation délicate. Roxane nous remercie, et me glisse un message plus personnel. Je leur offre un sourire poli à toutes les deux, avant de tendre la main vers la porte pour laisser passer Mary la première et lui faire comprendre que nous devions parler.


| Merci à toi, Roxane. Alexis, bonne soirée et à bientôt. On fera ce qu'il faut pour te sortir de ta situation, ne t'en fais pas. Pour assurer ta sécurité.C 'est ce que nous faisons, dans la Meute. |


Je m'éclipse. Commence une autre réunion, avec Mary cette fois ci.

Je supposais que Roxane parlait de moi. Ou de quelque chose en rapport avec moi. A moins que l’Ulfric ne doive l’entretenir de choses qui n’ont aucun rapport, mais il l’aurait fait avant ou après, dans ce cas, et pas maintenant, si ? Je ne savais pas, mais je n’étais pas vraiment à l’aise, là, dans cette chambre, à attendre. La Lupa avait été gentille, compréhensive. Si Roxie l’aimait, il y avait une raison, et elle venait de me le prouver. C’était rassurant. Ca ne m’en rendait pas moins mal à l’aise, alors qu’elle semblait perdue dans ses pensées, suite à mes propos. Je n’avais qu’une envie, me réfugier dans la chambre qu’on voulait bien me donner, alors qu’ils continuaient à discuter, et que je faisais potiche. Mais ça aurait pas été correct. Pas alors qu’ils m’acceptaient parmi les leurs, qu’ils m’autorisaient à rester ici. Qu’ils me donnaient un toit, un foyer, une famille, peut-être… Ma respiration devenait courte, touchée par ce que je réalisais. Ils ne me connaissaient pas, mais ils me donnaient une chance. C’était plus que je n’avais eu, de beaucoup de gens, toute ma vie.

Perdue dans mes pensées, je ne me rendis compte du départ imminent de Mary et Hayden qu’en entendant mon nom. Je les saluais, souriant bizarrement mais sincèrement en remerciement, incapable de dire un mot. Je baissais la tête, honteuse de mon attitude stupide, un peu ridicule. Je les respectais, mais j’avais l’impression d’être comme une gamine qui avait peur d’eux, peur de les décevoir. Je me levais du lit, une fois la porte fermée, et alors que Roxie parlait, j’allais la serrer dans mes bras, pour y puiser un peu de réconfort. Tout allait s’améliorer, et aller mieux. Grâce à elle. Et à Charlie. Charlie, qui m’aimait plus. Mon sourire s’affaissa un peu, à cette pensée.

« Je peux dormir ici, juste pour cette nuit ? Je sais que c’est pas ce que tu me disais, que c’était juste avant d’aller nous coucher mais… c’est nouveau, juste pour que je m’habitue. Après, je te collerai pas, promis. »

Je m’éloignais, et me rasseyais sur le lit, un peu piteuse. Un peu honteuse, de devoir reconnaître que tout ça m’effrayait. Même si elle était là pour moi. J’aurai voulu que Charlie soit là aussi. Mais elle l’était pas. Même si elle espionnait sous la fenêtre. Peut-être qu’elle voulait juste être sûre que je dise pas de méchancetés sur elle.