Quand Deux Loups se retrouvent Face à Face...[Livre II

Le soleil commençait doucement à descendre derrière les immeubles, un petit vent d'est soufflait, faisant ainsi voler les saletés qui jonchaient le sol des ruelles de Glasgow : mégots de cigarettes, canettes et paquets de chips vides et toute la compagnie. Moi, je marchais d'un pas ni rapide ni lent, perdue dans mes pensées. J'étais vétue d'un jean bleu foncé, des converses pourpres ainsi q'une légère chemise à carreaux dans les tons marrons. Le vent s'intensifia quelque peu, je remontais la fermeture éclair de ma veste en cuir noir, et ressera mon sac contre moi, tandis que je poursuivais mon chemin vers mon appartement, après une longue journée de travail. Une longue journée, ça oui, on pouvait le dire. C'était une de ces journées où vous ne pouvez vous empécher d'être distrait, et où vous regardez sans cesse votre montre, dans l'espoir de voir enfin les deux aiguilles s'aligner sur le six, heure où vous savez que tout ceci sera fini, où vous pourez enfin prendre une bonne douche et un bon croque-messieur devant la télévison, allongé sur votre canapé. Outre le croque- messieur, l'autre chose qui me manquait le plus était les lycans. Me transformer, fendre l'air d'un bond, déchiqueter des victimes et sentir leur chair sur mes lèvres et leur sang dans ma bouche, me battre, me défouler me.... Calme toi Ash, calme toi. N'empêche que depuis quelques temps, j'ai presque l'impression d'être redevenue une humaine normale, et ça ne me plaisait pas, mais alors pas du tout. Des fois, il me semble vraiment que je regrette les années sanglantes ! Cela fait aussi longtemps que je n'ai pas vue Jonathan !
Je continuais mon chemin ainsi, pendant une dizaine de minutes, à végéter et à retourner mes pensées et ma si ennuyante journée dans tout les sens, tandis que j'écrasais les paquets de chips au poulet et à la bolo sous mes pieds... J'aimais rentrer à pied du boulot, même si les ruelles par lesquelles je passais n'étaient pas les plus sûre. Je n'étais pas une fille sans défense, non ? Ca me permettait d'évacuer tout le stress de l'hôpital, d'être au calme pendant quelques minutes et de finir mes ournées par de petites marches. Ca ne fait jamais de mal !
Arrivée à un carrefour, je pris à droite. Tout était calme, c'était vraiment bien. Le soleil avait presque disparu, et quelques réverbères étaient déjà allumés. Je m'arrétais quelques secondes car mon téléphone venait de vibrer, un sms de mon opérateur me disant que mon fofrait et mes options étaient renouvelées jusqu'au.... patati patata... Je le mis dans ma poche et leva la tête, pour me rendre compte que je n'étais plus seule : il arraivait par l'autre bout de la ruelle, assez loin, mais on voyait très bien son visage. Je le reconnu immédiatement. Hayden Valentyne, le fils de Jonathan, dont je parlais tout à l'heure d'ailleurs. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres, et je ris intérieurement. Hayden. Je l'avais aimé, oui, beaucoup même. Peut – être même que je l'aime encore. Mais bon, lui... Il était avec Isadora, désormais, et rien ne pouvait les séparer. Je pourrais être heureuse pour lui, oui, mais je ne suis pas du genre à être contente parce que quelqu'un est heureux, surtout si c'est après que nous nous soyons séparés. Mais bref, le fils de l'ulfric était là, à quelques mètres de moi désormais, et j'avoue que je ne savais pas trop comment ça allait se passer, encore moins quoi lui dire. Je lui laisse improviser pour le départ, on verra bien.

Il n'avait pas fait très beau en début de journée, mais maintenant, ça allait mieux. Le début de soirée s'annonçait plutôt cool. Enfin, plutôt cool. Façon de parler quoi. Je ne savais plus communiquer avec Isadora, Savannah avait perçu le malaise et posait des questions un peu dérangeantes, sans compter que nous n'avions pas nouvelles de Johan et des jumeaux. La situation était forcément compliquée à appréhender. D'autant plus que j'avais mes propres soucis, que je partageais depuis tout récemment avec Isadora. Apprendre que mon père était derrière tous les récents évènements meurtriers qui avaient secoué la Meute et mis à mal l'Alliance avec les métamorphes. Il avait tout orchestré, il avait planifié l'attaque manquée sur Mary en utilisant des pions sacrifiables. Jonathan avait eu le cran de considérer certains des nôtres comme de simples données, des types qu'il pouvait envoyer se faire tuer sans vergogne. Quelque part, et c'était sans doute ce qui me faisait aussi mal, ce genre de manœuvre politique et cette manière de se salir les mains ne m'étonnait pas de la part de mon paternel. Pas le moins du monde, même. Cela avait toujours fait partie de sa manière de faire. L'Ulfric, m'avait il appris, ne doit jamais avoir peur d'avoir du sang plein les mains. Il doit toujours agir en fonction de son intérêt à maintenir sa position, et dans celui de son espèce au dessus de toutes les autres. Ce discours empoisonné avait bien sûr fait ses émules auprès de certains des nôtres les plus radicaux. Manque de chance, Camille et Mary en avait tous deux réchappé en vie, et moi comme Isadora avions fait front commun avec d'autres lycanthropes et des métamorphes. Nous avions combattu et vaincu, et c'était l'interrogatoire d'un traître ayant survécu qui nous avait mis sur la piste de Jonathan, notre ulfric et mon propre père. Les choses n'auraient pu aller plus mal.

Enfoncé dans mes pensées, je me rendais à la médecine du travail. En tant que sportif de haut niveau, membre du club de Rugby le plus prestigieux d'Ecosse, je devais y faire des visites régulières en plus des visites auprès du médecin de la fédération. Il ne fallait surtout pas que je manque ces rendez vous. Sachant qu'en sus, je devais toujours faire extrêmement attention ; si on remarquait ma nature de loup garou, je ne manquerais pas, alors, de perdre ma licence et ma notoriété. Or, ce sport était tout pour moi. Je ne voyais que par lui, ne raisonnait que par lui. C'était un des piliers de mon existence, et ce n'était pas sans rapport avec ma condition de loup garou. Le vent se leva, et je captais immédiatement une odeur que je reconnaîtrais entre mille. Un autre loup garou. Je humais un peu plus fortement, et isolais une odeur de femelle. Une femme loup garou que je reconnaissaiss. Isolant les fragrances, je parvins à identifier très rapidement comme l'une de mes anciennes compagnes, à l'époque où mon Ulfric de père m'apprenait à être un vrai dominant. Mon quotidien d'alors était organisé en duels sanglants pour imposer mon autorité, chasses dans la forêt, et sexe brutal et sans amour avec des tas de compagnes pour m'imposer à elles et aux autres, tout en essayant de renouveler notre espèce. Cela n'avait jamais aussi bien marché que dans l'esprit de mon paternel. Ashleig avait partagé ma vie quelques mois. Ambitieuse, elle se voyait sans doute comme une future lupa potentielle. Avec elle... Notre relation avait été plutôt bestiale, devrais je dire. En même temps chez des créatures aussi soumises à leurs pulsions que les loups garous, il était difficile de faire autrement. Cela n'avait pas collé avec elle, ce qui expliquait que j'étais avec Isadora aujourd'hui. En sus, j'avais toujours soupçonné mon père de réclamer ses droits dans la couche de l'autre louve... Je ne lui en gardais pas rancune pour autant. Je me décidais à aller la saluer, et avançais vers elle en me stoppant à une distance assez proche.

| Ashleigh ! Quelle bonne surprise... Je ne savais pas que tu étais dans le coin ! Tu vis ou tu bosses ici? |

l s'arréta à une distance proche mais raissonable. Il n'avait pas changé. La même odeur, le même physique, le même visage. Enfin, je pense qu'il avait encore pris un peu de muscles. Heyden était désormais un rugbyman de haut niveau, d'après ce que j'avais entendu. Pour moi, il restera toujours dans ma mémoire comme le jeune loup, le mâle, le fils de l'ulfric avec lequel je m'amusait brutalement et sauvagement. Oui, ca fait toujours du bien de se défouler, de quelque manière que se soit, surtout moi, qui ai acquis un comportement violent depuis que je suis devenue une louve. Ce qui n'avait pas marché entre nous, c'est que lui, il me semble, c'est que lui... Ca ne lui convenait pas vraiment, ces relations juste pour le sexe, juste pour se reproduire, juste par insinct de sauvagerie. C'est vrai, que, dit comme ça, tout cela n'a pas l'air très attirant. Mais j'y ai pris gout, rapidement et profondément. C'était un moyen asssez efficace pour faire sa place dans la meute. Lui, Hayden, n'aimait pas ça. Peut être une des raison pour lesquelles, au plus profond de moi, je l'admire. IL s'oppose à son père et à sa nature, il veut de vrais sentiments, de vraies relations, alors que tout cela est assez rares chez les loups. Mais bon, maintenant, il avait Isadora, et tout cela était du passé. Revenons au moment présent.

| Ashleigh ! Quelle bonne surprise... Je ne savais pas que tu étais dans le coin ! Tu vis ou tu bosses ici? |

Les loups se reconnaissent entre eux. Chacun a son odeur, et, même sous notre forme humaine, l'odorat est assez affiné pour reconnaitre l'autre de loin. Je ne doutais donc pas qu'il sut que je me tenais par ici avant de m'avoir vu. Une question cependant trottait dans ma tête : était-il vraiment... Aussi content de me voir ? Nous ne sommes plus proches du tout, c'est sûr, mais qu'éprouvait-il à l'idée de tomber sur moi ce soir-là au détour d'une étroite ruelle ? Je lui répondis immédiatement :

| Moi non plus Hayden... Eh bien là je rentre du boulot, ça me fait du bien de rentrer à pied, je ne suis qu'a 2O minutes de chez moi. Et toi alors ? Je passe souvent par ici mais je ne croise jamais personne... |

C'est vrai. C'était assez étonnant de le voir ici, seul dans cet endroit... Enfin bref. Je passais ma main dans mes cheveux que le vent avait un peu enmélés. Il commençait à faire frais, et je fixais Hayden en essayant de me souvenir de notre dernière rencontre.

La jeune louve était toujours séduisante, et elle avait aussi un air plus mature sur le visage ; elle avait tout simplement cessé d'être une jeune personne, avait perdu une large partie du peu d'innocence qu'elle avait encore quand je l'avais rencontrée. D'apparence fragile, j'avais pourtant appris à modérer mon jugement à son propos. Fidèle disciple de mon père, elle était dangereuse par nature. Entraînée à se battre et l'ambition dévorante qui l'habitait en avait fait une lycanthrope des plus dangereuses, et je la soupçonnais de pouvoir se montrer manipulatrice. Pour moi, cette caractéristique était essentielle pour qui devenait Lupa, et je connaissais assez Ashleigh pour reconnaître la lueur qu'elle avait dans le regard quand elle observait mon père ou quand il s'adressait à elle. Cette petite voulait le pouvoir, et elle voulait aussi la possession. Quelle place plus idéale pour elle qu'être Lupa ? Je l'avais suspectée de vouloir atteindre ce pouvoir à travers moi, héritier supposé de mon père. Mais quand je l'avais quittée pour avancer sur ma propre route, j'avais pressenti le fait qu'elle espérait sans doute remplacer Mary auprès de mon père. Et deviendrait ma énième belle mère... Une belle mère que j'avais moi même prise à de nombreuses reprises, de toutes les manières les plus brutales et les plus passionnées qui soient. Je me rappelais très bien de nos chasses, qui se terminaient invariablement par une partie de jambes en l'air féroce au milieu des arbres et des taillis, nos corps nus s'abandonnant à leurs pulsions. J'avais fait la paix avec cette partie de ma vie. Et je savais que je devrais gérer Ashleigh si je devais aller aussi loin que j'y pensais parfois. Comment faire alors, quand on voyait qu'il ne restait plus rien de notre relation, aujourd'hui ? Enfin plus rien... Mon loup désirait toujours sa louve à elle. Mais je le dominais. La louve ne manifesta aucun signe de surprise à me revoir, et j'avais bien du mal aussi à savoir si elle était heureuse de me revoir ou pas. Je ne sentais pas encore sa louve, ni les senteurs de ses pulsions quand elles se manifestaient.

| Oh, moi, j'habite loin. Je suis dans le rugby professionnel, comme en Angleterre ; je m'y suis remis après la guerre. Ils ne savent pas qui je suis vraiment sinon, ma carrière serait foutue. Comme pour toi, j'imagine... On ne te voit plus à Wolfheaven. Que se passe t'il, en as tu assez de la compagnie de tes congénères? |

J'étais curieux, car cela faisait un moment que nous ne nous étions plus croisés. Et au travers des évènements récents et de sa proximité avec Jonathan, notre ulfric et mon propre père, peut être avait elle des informations...

La soirée promettait d'être belle. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, même ici, dans ces ruelles sinueuses. Belle soirée pour rencontre innattendue. Je n'étais pas heureuse à proprement dire de le revoir, mais cela me faisait quand même plaisir. Quand on repense à toutes les choses que nous avons faites ensembles... Aujourd'hui, tout cela me parait bien loin... J'étais jeune, et pourtant... Ai-je vraiment changé ? La fille de Portsmouth n'était plus là, c'est certain, mais il reste toujours un peu la jeune louve qui apprend aux cotés de son Ulfric, découvre les plaisirs et les pulsions des loups, savourant chaque nouvel instant... Sauf que maintenant, ceette jeune louve a encore agrandi ses capacités, sans vouloir me vanter, mais surtout... L'ambition. J'en ai toujours eu, oui, mais elle n'a jamais été aussi forte qu'en ce moment. Elle me dévore, elle me ronge, me propulse en avant, toujours plus avide d'atteindre enfin mon objectif, et prête à tout... Et que reste t-il de ces moments passés avec Hayden, ces moments forts, brutaux sauvages, ces moments où les loups que nous étions et que nous sommes ne respectaient plus aucune règle, obéissant seulement à leur instinct... Aujourd'hui je suis là, face à lui, ce bonheur de ma jeunesse (bien que je ne sois pas encore très vielle), et les loups qui sse cachent en nous se retiennent, se contrôlent, se maîtrisent comme nous avons si bien apris à le faire au fil du temps. Moi, je me retiens, je reste immobile alors que si mon instinct de louve avait pris le dessus, je ne préfère pas décrire comment nous serions. Se retenir sert aussi à mieux savourer les instants, où, justement, on n'a pas à se contrôler. C'est parce qu'ils se font rares que je les aimes encore plus, que je les croques à pleines dents, je peux enfin me libérer, me défouler à fond, vraiment. Je me retiens ici face à Hayden également parce que je le respecte. Il est avec Isadora, une relation relativement stable, et je sais que m'exiter face à lui serait la pire des choses à faire. Alors je me contrôle. Pour le moment.
Mes yeux le fixent toujours. Ils n'ont pas vrillés. Ce n'est pas pour l'intimider ou quoi que ce soit, non, c'est juste.... Que je préfère. Comme si j'essayais de lire en lui. C'est vraiment un pouvoir que j'aurais aimé avoir, ça, pouvoir devnier ce que les gens pensent, juste par un coup d'oeil.

| Oh, moi, j'habite loin. Je suis dans le rugby professionnel, comme en Angleterre ; je m'y suis remis après la guerre. Ils ne savent pas qui je suis vraiment sinon, ma carrière serait foutue. Comme pour toi, j'imagine... On ne te voit plus à Wolfheaven. Que se passe t'il, en as tu assez de la compagnie de tes congénères? |

Et oui, comme je m'en doutais, il avait aussi retrouvé sa passion : le rugby. C'est vrai que je ne préfère pas imaginer ce qui se passerait si tout le monde découvrait que le grand rugbyman Hayden Valentyne était un loup, qui plus est, le fils de l'Ulfric...

| Je vois. Pour moi aussi, en effet. Enfin pour le moment, tout se passe pour le mieux. |

Je marqua une petite pause avant de poursuivre la phrase suivante avec une pointe d'ironie et un petit sourire :

|Tu parles de mes congénères ? Ce sont aussi les tiens il me semble... Et non, cela fait longtemps que je ne suis pas venue a Wolfheaven. Je crois que... J'avais envie de couper les ponts pour un moment. Ca fait du bien de temps en temps. Mais je ne veux pas déserter, tu sais, je pensais repasser la semaine dernière, mais j'étais trop prise par le boulot. Et apparament, je n'ai pas besoin d'aller là-bas pour croiser mes semblables, non ? |

[HJ : désolé pour le retard !]

Je ne ressentais pas de gêne particulière, mais je n’étais pourtant pas tout à fait à mon aise en présence d’Ashleigh. Ce qu’elle avait représenté à l’époque pour moi avait toujours été compliqué, puisque j’avais été élevé, presque « dressé » par mon père dans l’optique de faire de moi un vrai mec en même temps qu’un vrai loup, un type qui s’affirme au sein de son groupe et qui prend en main le destin de tous. J’avais été très jeune encouragé à coucher avec des femelles de la Meute, et comme j’y avais déjà pensé, Ashleigh et moi avions partagé une histoire commune de quelques temps dans un passé qui me semblait remonter à une éternité incroyable. Un passé commun qui semblait remonter à des temps antédiluviens, à une époque où j’étais encore le bon petit chien chien de mon paternel et que je suivais sans esprit critique la voie qu’il traçait pour moi. C’était cette époque qui m’avait vu rejoindre Ashleigh ; deux têtes brûlées nourries d’ambition et désireuses de pouvoir. Elle en voulait à travers moi, et moi j’exprimais ma domination et ma virilité au travers d’elle. Nos étreintes avaient été brutales, notre relation opportuniste. Mais elle n’avait quand même pas été totalement anodine ni dénuée de sens, bien au contraire. Je n’avais jamais été amoureux d’elle à proprement parler, mais elle aurait fait une compagne idéale. J’étais assez mal à l’aise vis-à-vis de ça, sachant très bien qu’elle avait plus vocation à devenir Lupa dans le futur que ma propre compagne. Or, si je ne désirais pas la place d’Ulfric j’avais de plus en plus l’impression que ce rôle me serait forcément dévolu dans le futur. Quelque part, Ashleigh ferait une bien meilleure compagne qu’Isadora. Et mon loup le savait bien, lui. Il le sentait. Et si Isadora plaisait à ma bête, celle-ci était clairement plus en appétit de celle d’Ashleigh. Ou de Mary. Qu’il était compliqué d’être lycanthrope ; je me rassurais sur le contrôle que j’avais sur moi-même à cet instant précis. La louve me dit que pour elle aussi, tout se passait bien.

| D’accord, tant mieux alors. Mais tu fais quoi maintenant ? toujours dans le secteur sanitaire ? On s’est tellement peu croisés depuis la fin de la guerre… |

Cela pouvait être interprété de deux sens bien précis. Le premier était que je regrettais que notre « amitié » ai été laissée en suspens bien involontairement pendant une période de tant de longs mois alors qu’on pouvait aussi penser qu’Ashleigh me manquait pour ce que nous partagions autrefois. Dans mon esprit, il n’y avait pas d’ambiguité il s’agissait bien sûr de la première solution. Ou bien essayais je de m’en convaincre ? L’ironie de la relance de ma compagne ne m’échappa pas. Me croyait elle aussi distant de la Meute et de mon espèce, comme j’avais pu l’être dans le passé quand mon jeune demi frère avait été ué et que mon père en avait fait reposer la culpabilité sur mes épaules ?

| Si tu as si peu de contacts que cela avec la Meute… Tu ne sais peut être pas qu’il y a quelques semaines, nous avons connu de nouvelles attaques ? les premières depuis la fin du conflit. Isadora et moi avons été blessés, Mary aussi. Et nous avons deux tués. Pas des vampires, des traîtres lycanthropes et métamorphes. Quelqu’un veut que l’Alliance meure. Tu savais pour tout ça ? |

Avait-je vraiment tourné la page ? Ma rencontre avec Hayden ce soir-là entrainait une houle de questions dans ma tête. Je l'avais oublié, ou du moins, je m'en étais persuadée. Mais non, je me retrouve soudain face à lui, au début souvenir vague et maintenant si clair et intense... Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu, si longtemps, ce temps me semblait désormais si loin... A présent lui avait vraiment tourné la page. Sur moi et sur toute cette époque de sa vie. Il était heureux, une femme, un enfant. Pourtant je me sentais étonnament proche de lui, car nous avions vécu tant de moemnts ensembles, même s'ils étaient loins, enfouis dans nos passés respectifs ils étaient toujours là, ces moments, où l'on ne savait pas exactement ce que l'on reessentait pour l'autre, mais où on le faisait, où nous laissions la bête qui nous habitait prendre le contrôle, sans se poser de question. Ah ! Les joies de la jeunesse... Oui, tout cela était loin. Je le déviseaga de la tête aux pieds encore une fois. Il était beau. Pas exactement identique à mes souvenirs, non, mais tout aussi séduisant. Je ne savais toujours pas exactement ce que j'éprouvais à son égard, mais il m'attirait tout de même un peu, c"était indéniable.

| D’accord, tant mieux alors. Mais tu fais quoi maintenant ? toujours dans le secteur sanitaire ? On s’est tellement peu croisés depuis la fin de la guerre… |

La fin de la guerre. Ca devait être par là, en effet.... Tout cela est loin pour moi, très loin, même si, quand on y regarde bien... Peu de choses se sont passées depuis cette époque. Je m'ennuyais depuis la fin de la guerre. Il n'y avait rien à faire, à part bosser et passer de temps en temps à Wolfheaven.Je ne dis pas que je n'aime plus ce que je vais, non, ce n'est pas ça, juste que... c'est moins aléchant qu'avant. Mais c'est le temps nécéssaire pour que j'arrive à maturitée, moi, mes plans, mes ambitions. Désormais, je vais agir. Hayden reprit :

| Si tu as si peu de contacts que cela avec la Meute… Tu ne sais peut être pas qu’il y a quelques semaines, nous avons connu de nouvelles attaques ? les premières depuis la fin du conflit. Isadora et moi avons été blessés, Mary aussi. Et nous avons deux tués. Pas des vampires, des traîtres lycanthropes et métamorphes. Quelqu’un veut que l’Alliance meure. Tu savais pour tout ça ? |

Ah oui, ça. Le bruit était arrivé à mes oreilles il y a peu, une simple rumeur. N'empêche que ca m'avais travaillé. C'est à partir de ce moment là que j'ai décidé de repasser à Wolfheaven. Quelqu'un, autre que moi, en veut à Mary ? Je ne pouvais pas rester indifférente. Par contre, je ne savais pas que le fils de l'Ulfric et Isadora avaient été bléssés. Quant à l'Alliance, je n'en avait rien à faire. Si certains Lycans avaient envie de s'amuser à ça, c'était leur problème. Du moment qu'ils ne m'obligent pas à coopérer et qu'ils n'entravent pas mes plans, je ne chercherais pas à nuire à leur pacte.

| J'ai fini mes études d'infirmière, et je suis maintenant dans le milleu professionel. |

Une petite pose avant de reprendre :

|J'en avais entendu parler, en effet, et c'est justement l'une des raisons pour lesquelles je voulais retourner à Wolfheaven. Pour en savoir plus. Par contre... Je ne savais pas que tu avais été bléssé, ni que nous avions des victimes. Est-ce que je les connais ? |

J'espérais qu'ainsi, il me donne plus de détails. Il fallait que j'en sache plus, et la chance se présentait enfin à moi.

Je percevais l'odeur d'Ashleigh. Je la sentais, et cela me ramenait dans ce passé pas si lointain au final, où je prenais de pleines bouffées d'air en humant ses cheveux, nos corps nus et brûlants serrés l'un contre l'autre. C'était déroutant, et plus encore parce que je ne laissais plus libre cours à mes instincts animaux depuis un moment avec Isadora. Parce que nous nous étions un peu éloignés, parce que notre couple traversait une crise jusque là inédite, puisque nous étions en train de poser des sentiments douloureux et intenables dans notre situation respective. Je ne disais pas que j'étais du genre à sauter sur la louve en face de moi comme ça sans rien dire et sans pouvoir me contrôler, mais quand même. Mon loup réclamait plus que ce dont je disposais en ce moment. Je pensais aussi que les énormes chamboulements dans mon existence, intervenus depuis que j'avais découvert ce qui semblait être la vérité sur les agissements au sein de la Meute, étaient pour quelque chose dans l'espèce de désarroi que je ressentais au quotidien. J'étais bousculé, et n'était plus libre comme avant, l'esprit toujours préoccupé par les soucis auxquels je pensais sans arrêt, ces choses qui me pourrissaient la vie et qui me faisait m'éloigner de mes points de focalisation habituels.

Difficile de tout allier, de tout coordonner, quand on avait l'esprit aussi embrouillé que je pouvais l'être actuellement. Ashleigh semblait surprise de ce que je lui annonçais. Pas tant de l'attaque en elle meme, mais de ses conséquences. Je me rendais compte que je n'avais aucune idée sur son implication dans cette histoire, ni même de son avis par rapport à l'alliance entre loups et métamorphes. Je ne savais plus grand chose d'elle depuis que nous nous étions éloignés l'un de l'autre voilà un bout de temps maintenant. La jeune louve me confirma avoir terminé ses études et travailler ; ce que j'avais moi même déduit sachant son âge, son expérience. Et c'était aussi souvent au moment de l'insertion professionnel que les jeunes loups s'éloignaient provisoirement de la Meute, pour mieux s'organiser avant de revenir pour de bon. Ce qui semblait être le cas chez Ashleigh. Elle me confirma qu'elle en avait entendu parler sans avoir de précisions. Je ne savais pas exactement ce qu'elle savait sans qu'elle me le dise, tout comme je ne savais pas non plus ce qu'elle voulait savoir dans le fond. Et plus que tout, j'avais parfaitement conscience qu'elle n'était pas forcément la plus à même de m'aider dans le dilemme qui s'imposait à moi en parlant de l'implication de mon père dans toute cette affaire.

| Non, je ne pense pas. Deux nouveaux, transformés à la fin de la guerre. Depuis que tu t'ess éloignée, en fait. TU les as peut être connus de vue. Smith et McCownstand. D'autres ont été blessés. Je me suis bien remis, Isadora et Mary aussi. |

je décidais tout de même de lui dire ce que nous avions pu en déduire à la fin du dernier conseil, après avoir compté nos pertes.

| Isadora, Mary et moi avons été attaqués en fin de journée. Le but des métamorphes et des loups qui s'en sont pris à nous était de tuer la Lupa. Ils ont échoué, et ils ont recommencé le soir même en présence de Camille et d'autres métamorphes. Le but était de tuer nos Leaders, Ashleigh. Et de démolir l'alliance. Tout le monde pense que les vampires ne sont pas étrangers à l'affaire. |

Tiens tiens. C'était intéréssant tout de même. Des Métas et des Loups qui s'en prennent ouvertement – contrairement à moi - à Mary et Camille, je dois dire que je ne m'y attendais pas. En tout cas, je ne pense pas que les responsables veulent prendre la place des dirigeants. Non, ce n'est pas ça. C'est l'alliance qu'ils veulent détruire. Enfin bon, je ne vais pas me plaindre ! Même si je n'ai rien de spécial contre cette alliance, je dois avouer que si elle n'existait pas, ce serait mieux. Et puis ca me fait une diversion, l'air de rien. Les esprits de mes semblables et de métamorphes occupés par cette histoire, je pouvais manoeuvrer tranquillement mes plans, jusqu'à ce qu'ils arrivent à maturité. Mais mon esprit à moi aussi ne pouvait s'empécher d'être dérouté. Qui pouvait vraiment en vouloir à l'alliance à ce point ? Qui ? Et pourquoi blesser, au passage, Hayden et Isadora ? Qui pouvait leur en vouloir, à eux ? A moins que ce soit involontaire, mais pour l'instant je n'y crois pas. Affaire à suivre.
Quand aux deux loups morts, je ne les connaisais pas, en effet. Leur nom m'était vaguement familier, je les avais peut-être croisé une fois sans vraiment y préter attention. Je fis une grimace intérieure quand il m'apprit que Mary s'était bien remise. Nous avons une grande capacité de guérisson, mais elle aurait pu me faire ce plaisir... Enfin bref, passons, on ne peut rien y changer.
"Les vampires ne sont pas étrangers à l'affaire"... Peut être. Je ne sais pas. Ils y ont peut être joué un rôle, mais je pense qu'à l'origine de l'attauqe, il y a bien des loups et des métas, pas de nocturnes rouges. Il est un peu tôt et j'en sais peu pour vraiment déduire quelque chose, mais on dit bien que les premières impressions sont toujours les bonnes, non ? En tout cas je regrette un peu d'avoir pris mes distances avec la meute. J'avais ma vie à remettre en ordre, et ce n'est pas rien, mais il n'empêche que j'ai la désagréable impression d'avoir raté des choses assez... importantes. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas vu Johnatan. La vue de son fils me faisait repenser à lui. Malgrès son caractère dur et violent – qu'il m'a transmi avec une grande facilité – s'il n'avait pas été là je ne serai rien aujourd'hui. Peut être était-il impliqué dans cette affaire, peut être pas. Cela m'importait guère d'ailleurs, qu'il veuille du mal à Camille et à la Lupa. Moi, je la haïssait, un point c'est tout.

Smith et McCownstand... Leur nom me dit vaguement quelque chose mais... Non. Je haussai les épaules, pour marquer mon indifférence. Personellement, je me demande qui parmi nouc pourrait bien en vouloir à Camille, toi, Isadora, à l'alliance... Tu pense aux Vampires... Mais cela voudrait dire qu'ils auraient co-opéré avec des métamorphes, et surtout des Lycans. Plutôt improbable non ?

C'est vrai. Une entente entre Lycans et Vampires étaient vraiment la dernière chose que l'on pouvait attendre des deux espèces.

J’essayais de déchiffrer l’attitude de mon ancienne compagne, pour voir si elle-même affichait la moindre once de duplicité. Je ne la connaissais pas très bien finalement ; je ne savais pas la moindre chose sur ses rêves et sur ses aspirations, ni sur les caractéristiques de sa vie d’aujourd’hui. A part ce qu’elle voulait bien me dire. Je ne pouvais tout simplement pas la croire sur parole, car malgré notre proximité passée nous n’avions plus grand-chose en commun aujourd’hui, et certainement pas nos sentiments respectifs pour mon paternel. Celui-ci n’avait tout simplement pas mérité autant d’attention que cela. Je ne pouvais pas présumer de l’innocence ou de la culpabilité d’Ashleigh sans en savoir plus sur elle, car je savais qu’elle avait des intérêts dans les deux cas. L’alliance est foutue et Mary tuée ? Elle joue son va-tout et elle prend la place de Lupa, aux côtés de Jonathan comme elle en a sans doute rêvé. Pouvant dominer les autres, détenir le pouvoir aussi de choisir ses compagnons. Et si tout ça, ça n’était jamais qu’une sombre machination de mon paternel ? Pas de souci non plus. Ashleigh ne s’était pas plus mouillée que ça, elle était donc libre comme l’air, libre d’agir comme elle l’entendait et de déplacer ses pions pour la prochaine action. Ce que j’avais compris après avoir passé un temps avec la jeune louve, c’est qu’il ne fallait pas la sou-estimer. Son goût pour le sexe pouvait occulter sa férocité au combat, et son visage angélique pouvait lui aussi masquer un esprit complexe aux motivations souvent obscures. Je n’étais même pas certain au final, de l’avoir jamais connue. Ashleigh souleva la faille dans notre formidable théorie sur la culpabilité des vampires. Elle mettait le doigt sur le nœud du problème, ce qui remettait en question la cohérence de l’action qui nous avait pris par surprise.

| Oui, sans doute… Encore que ce ne serait pas la première fois. Peur, chantage, séduction, les vampires ont déjà usé de ces moyens et les referront. Mais la vraie question est de savoir ceci ; si ce n’est pas les nocturnes rouges, qui est derrière tout ça ? |

Je voulais une réponse. Et surtout, je voulais voir si Ashleigh allait me cacher quoi que ce soit. Je changeais volontairement de sujet.

| En parlant de ce que tu fais ces derniers mois, u t’es trouvée quelqu’un, loup garou ou humain ? |

Si ce n'est pas les vampires, qui est derrière tout ca ? Bonne quesstion, à laquelle on pouvait trouver tellement de réponse, reste à en trouver une plausible. Ils y étaient peut être pour quelque chose, mais pas seuls en tout cas. Il y a du loup et du métamorphe la dessous, au moins l'un des deux. Enfin bon, moi j'étais innocentée d'avance, on ne pouvait rien me reprocher. Mes plans à moi, eux, étaient en voie de réussir, dans un futur qui se rapproche de plus en plus. Au fond de moi, peu m'importait l'identitée des traitres, on ne pouvait pas m'inquiéter. Comme je l'ai déjà dit, même si Jonathan y est pour quelque chose, c'est ses affaires, il bouge ses pions comme il le veut et moi aussi de mon côté. Je me débrouille très bien toute seule, pour le moment.
Hayden chagea de sujet. C'était bizzare, nous étions partis dans quelque chose d'intéréssant et il me semblait qu'il attendait une réponse à ce qu'il venait de dire sur les vampires. Il me demanda si j'avais quelqu'un depuis ces derniers mois. Je ne pouvais pas lui parler de Duncan, non. Nous nous étions promis de nous tenir discrets. Il est vrai qu'a part ça, je n'ai eu aucune vrai relation ces derniers temps, alors que d'habitude, j'accumulais les amants. Peut être aussi parce que je passe pas mal de temps au travail, quasiment plus que chez moi. Ca me manque, et ça ne va pas durer. Je compte bien me faire un Loup ou un Humain rapidement, sinon j'aurais vraiment l'impression de n'avoir passé mes derniers mois à la routine boulot-dodo. Je déteste ça.

| Non, bizzarement. En tout cas rien de sérieux. Peut être que le travail me prend trop la tête, ou je ne sais pas. Ca me manque, et je peux te dire que ca ne va pas durer. Je commence à avoir un peu plus de temps libre, et je compte bien en profiter. Pourquoi cette question ? |

Pourquoi me demandait-il cela ? J'étais assez intriguée, autant par ce changement de sujet plutôt brutal que par la nature de ce sujet.

Le visage de la jeune louve resta totalement impassible. Elle réfléchissait mais c'était tout. Rien de suspect, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il n'y avait pas anguille sous roche. Je me méfie, parce que je sais que je ne peux faire confiance à personne. Parce que je sais que quoi je fasse, les traîtres peuvent être partout. Même derrière ce visage angélique. Ce coup délicieux, cette poitrine... Putain, y'a vraiment quelque chose qui cloche. Je reste moi aussi impassible que possible, mais je sais qu'Ashleigh me connaît. Elle doit bien se rendre compte que quelque chose cloche, et même si j'ai mûri sans elle, la louve a fait quand même parti de ma vie un moment. Et aussi, elle connaît mon père. Elle sait de quoi il est capable. Et elle sait aussi ce que moi, je suis capable de faire. La louve ne semblait pas comprendre ce que je disais maintenant, et à vrai dire moi non plus. J'avais essayé de la destabiliser, mais je me rendais compte que j'étais le premier à l'être dans cette discussion. Rien de ce que je faisais en ce moment n'était clairement défini, n'était clairement assumé. J'étais perdu. Tout simplement. Paumé parce que plein de choses s'accumulent en vrac. Le retour de Johan, l'accident de Johan, nos sentiments déclarés avec Isadora, la crise d'adolescence de Savannah, la perfidie de mon paternel, le danger de la mort et tout le reste... Tendu, étrange et destabilisant. Je ne savais plus trop où j'étais. Ashleigh me dit quelle était sa situation actuelle. Je ne bafouillais pas quand je lui répondais, et haussais même les épaules.

| Oh, pour savoir, comme ça. C'est juste qu'on ne s'est pas vus depuis un moment tous les deux. Et que la Meute est déjà bien chamboulée. J'espérais que toi au moins, tu savais un peu mieux gérer que la moitié d'entre nous. Et puis, nous... Enfin. Avec Isadora, ça bouge. Petit à petit. Je crois. |

Je regarde par dessus son épaule un instant.

| Ecoutes, reviens à Wolfheaven, d'accord ? Il se pourrait bien que les choses ne changent plus vite qu'on le penserait. |

Son visage resta impassible mais je le connaissais assez bien pour savoir que ce n'était pas ce qui se passait en ce moment en lui. Cela faisait longtemps que nous n'étions plus ensembles et que je ne l'avais pas vu – nous avions chanhé, c'était indéniable – mais il était sûrement aussi déstabilisé que moi par ses propres propos, ou par les miens. Quand il m'annonça que ça n'allait plus si bien avec Isadora, je vis son regard fuir quelques secondes derrière moi. Il haussa les épaules, mais ce n'était pas très crédible. Cela parraissait évidant que ce n'était pas aussi anodin pour lui. Il me conseilla de vraiment passer à Wolfheaven "Il se pourrait bien que les choses ne changent plus vite qu'on le penserait", je cite. Oui, ça c'est sûr. A mon avis ça a déjà commencé à bouger et ça ne sera pas sans suite. Si je n'avais rien à voir avec les derniers évènements, il se pourrait bien que j'ai un rôle à jouer dans les prochains... J'avais prévu de retourner à Wolfheaven, et je n'allais pas y manquer. Comme il me le dit lui même, la meute était chamboulée, et je comptais y mettre mon grain de sel - discrètement, bien sûr – mais je n'allais pas rester de coté sans rien faire. Ce n'étais pas du tout mon style.

| Je vais passer dans les prochains jours. J'ai remis ma vie en ordre, si on peut dire. En tout cas, j'espère que ça va s'arranger, avec Isadora. |

Je le regardai encore une fois : c'est vrai qu'il était séduisant... Peut être plus qu'avant même. Enfin, ce n'était pas le moment de fantasmer, ni de laisser libre cours à mes pulsions ou à mes envies quelconques .

J'espérais que mon attitude moyennement ambiguë n'allait pas mettre la puce à l'oreille à la louve sur quoi que ce soit. Je préférais éviter de lui mentir carrément, tout comme je préférais avant tout ne pas trop m'attarder sur ce qui pouvait être problématique pour nous, pour moi, pour Isadora, ou pour la Meute. Ne lui donner aucun détail sur rien était peut être somme toute la solution, mais mes légères gaffes montraient quand même bien que j'avais bel et bien envie de me laisser aller, de me confier à quelqu'un. Le seul défaut de ce merveilleux raisonnement était que je n'étais absolument pas certain que la louve en face de moi soit la personne la plus indiquée pour faire ce genre de choses. Ashleigh m'assura qu'elle allait probablement passer dans les prochains jours. Cela pouvait vouloir dire son retour aux affaires de la Meute, comme cela pouvait signifier aussi qu'elle était simplement partante pour ajouter au Chaos institutionnel qui traversait notre organisation clanique. Avec Ashleigh, il n'était jamais facile de savoir ce qu'elle avait concrètement derrière la tête, sauf en matière de pulsions charnelles. Là, en général, elle vous faisait comprendre très vite ce qu'elle attendait de vous, d'elle même. Le tout, dans la minute. Je ne pouvais que capter ce que son regard disait cette fois ci ; j'étais toujours à son goût, et elle était toujours au miens. Je pris sur moi, inspirais un bon coup, et réfrénais les idées qui me venaient de mon animal. Inutile de succomber à quoi que ce soit, sauf si je tenais à perdre le contrôle pour de bon, ce qui ne m'arrangeait en aucune manière. Et ce qui me coûterait beaucoup aussi.

| Oh oui, je l'espère aussi. On fait tout pour en tous cas. |

Un peu gêné, je me grattais un instant l'arrière du cuir chevelu

| Je vais te laisser, Ashleigh. On se revoit bientôt de toute façon. Prends soin de toi. I tu remarques quoi que ce soit n'hésites pas à me contacter. |

Je l'embrassais sur les joues en guise de salut, avant de partir

[H-J] : on arrête là ?

Il été décidément assez géné, et je dois avouer que je l'étais un petit peu pour lui. Je ne suis pas dénué de compassion... Il me dit qu'il allait me lasser mais qu'on se revérrait bientôt. Je l'espère, failli – je répondre. Non, un peu de tact ma belle. Il ajouta aussi que je n'hésite pas à le contacter si je remarquais quoi que se soit. De ce côté, là, je pense que je l'aurais fait de toute façon. Après tout, il était l'exécuteur. Il m'embrassa sur les deux joues et je me contenit d'éffleurer sa bouche. Punaise... Je manquais vraiment de tact ce soir. Ce n'est vraiment pas le moment de se laisser aller. N'empêche que ça me fit bizzare de lui faire la bise. Berf, passons.

| Pas de soucis | lancais-je | A bientôt ! |

Tandis qu'il s'éloignais dans la nuit à présent bien tombée sur Glasgow, je repris moi même mon chemin, me retournant discrètement une dernière fois : je ne le voyais plus. Je ne savais pas trop ce que je ressentais, à présent. Cette petite rencontre inattendue m'avait... je ne sais pas comment dire... dérouté, voilà. J'étais assez dérouté, ce qui était, de plus, assez inhabituel chez moi. Il m'avait apporté de la clarté et des précisions sur certaines affaires mais des doutes sur d'autres. Enfin ! J'allais rentrer chez moi et un bon croque meusieur m'attendait. Si ça ce n'était pas une bonne nouvelle ! Après la journée ennueyuse qui vient de se dérouler à l'hopital, j'avais besoin de me changer les idées. Hayden avait bien commencé, et la perspective du croque-meusieurs finissait en beauté.Il faisait frais dans ces ruelles et je serrais ma veste en cuir tout en avançant. J'avais d'autant plus hâte de rentrer à la maison que je savais qu'il y faisait bon. Il y avait des choses auquelles je devais réfléchir, mais on verra tout ça demain matin. Si la journée est aussi ennuyante que celle passée, j'aurais du temps pour ça.

» Should we face the past ? [Livre I - terminé]
» Des loups en duel [Livre II - Terminé]
» Les loups & l'agneau [Livre II - Terminé]
» Les loups ne se mangent pas entre eux [Livre II - Terminé]
» « Tout le genre humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de toute la terre. » [Livre II - Terminé]