Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé]
Sujet: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Sam 21 Déc - 15:04
J’avais des envies de meurtres, de suicides déguisés. La journée de cours avait été trop longue. Les profs s’étaient passés le mot pour nous la rendre insupportable, j’voyais pas d’autre explication. J’avais failli m’endormir durant les dernières heures de cours. Il faut dire que quand le prof se met à rabâcher un résumé de ses cours de la semaine, ça barbe, en plus, l’histoire, c’était pas mon fort, j’avais un problème manifeste pour retenir les dates, j’y pouvais rien. Toute la meilleure volonté du monde n’y changeait rien. Je finissais par les confondre, inlassablement. Aussi quand on nous avait lâchés, ça avait été pour moi une ruée vers la sortie, douce liberté retrouvée ! Mais pas question de rentrer tout de suite. Une envie soudaine -quoi que pas tant que ça- d’aller faire un repérage pour les cadeaux de Noël. Certes, j’étais très en avance mais j’aimais bien sortir de l’ordinaire et en plus, j’avais un budget restreint, argent de poche oblige, je m’y prenais sur une période de deux mois. Et puis j’aimais que les cadeaux que j’offrais soient connus de moi seule. Je retirais le silencieux de mon téléphone après y avoir jeté un œil, rien en vue, parfait ! Aucun message pour me dire de rentrer de façon express à la maison. Je pris donc mon temps, un temps relativement considérable, du moins, c’était ce que j’avais prévu jusqu’à ce que je n’aperçoive son visage dans une vitrine. Le temps de me retourner, il n’y avait plus personne. J’avais dû rêver, me faire peur pour la énième fois mais dès lors, l’angoisse ne me quitta plus. Le plaisir que j’aurais dû prendre à faire du repérage se transforma en un désir féroce de me fondre dans la masse, de disparaître. J’aurais pu rentrer chez moi, m’enfermer dans ma chambre mais je refusais de laisser le souvenir d’une mauvaise rencontre me pourrir la vie. Je serrais donc les poings, redressait la tête et repartis de plus belle.
Les minutes passèrent ainsi et j’étais désormais persuadée d’effectivement m’être fait des films. Je n’avais vu personne et je jurais intérieurement de m’être fait berner par mon imagination. Quelle cloche. Sauf qu’en passant près d’une ruelle, c’est un étau qui se serra autour de mon bras et m’entraîna dans une ruelle où il n’y avait que peu de passage en raison de son absence totale de portes.
J’arrêtais de respirer.
Il était là, en chair et en os, devant moi. Mon cauchemar personnel, bien vivant et qui me prouvait qu’il ne m’avait pas oubliée. La journée, au final, avait trop bien commencé et mon cours rasoir me sembla soudain d’un réconfort certain. Et si j’avais traîné un peu plus avec les copines devant l’école ? Et si j’étais rentrée tout de suite ? Et si je n’avais pas été voir ce qu’offrait les magasins ? Lentement, je tentais de glisser mon autre main jusqu’à ma poche pour appeler ma mère. Je connaissais mais clavier par cœur, ma mère était mon premier raccourci. Si Dieu existait, c’était le moment de me rendre service et de me montrer que je pouvais avoir un peu de foi dans ce mythe.
Mon cœur battait à cent à l’heure, j’avais intérêt à me calmer et vite. Je refusais de faire une crise d’angoisse ou quoi que ce soit de ce genre devant ce type. Hors de questions. J’étais plus forte que ça, c’était le bon moment pour pratiquer l’auto persuasion. J’étais un lièvre figé sous les phares d’une voiture. Et le gagnant, on sait tous qui c’est en général... la voiture. Mais malgré un léger tremblement et une angoisse grandissante, je me décidais à le regarder dans les yeux pour me donner plus de chance de pouvoir déverrouiller mon téléphone et appeler ma mère.
Pourvu que ça marche...
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Sam 21 Déc - 15:42
Nouvelle journée, nouvelle sortie. Il semblait que je n'en sortais jamais, de cette absence de routine devenue paradoxalement routinière. J'avais tous les jours quelque chose de nouveau à faire, de potentiellement dangereux ou pas du tout. Je n'avais que peu dormi la veille, ayant rencontré deux responsables humains d'un service de sécurité qui avait eu maille à part avec ceux que je présumais être des sanguinistes. Aujourd'hui, j'avais prévu d'entériner la scission au sein de la meute britannique pour pouvoir les diviser une bonne fois pour toutes et les empêcher de revenir sur le devant de la scène. J'avais déjà joué mon rôle auprès de Mary, et auprès de Jonathan. Les deux lycanthropes n'avaient pas été bien difficiles à tenter et à monter l'un contre l'autre. Là où il y a du ressentiment, je dispose forcément d'une latitude d'action importante. Pour autant, ces deux là restaient accro à leur pouvoir, et je le sentais, au sexe et au carnage. Ils pouvaient retrouver un terrain d'entente. J'avais donc eu la brillante idée en me levant de me diriger vers une autre ressource potentielle. J'avais repensé à ce que je savais de cette Meute que j'avais contribué à décimer au cours des Années Sanglantes. J'en connaissais plusieurs membres ou de vue ou de nom, et j'avais donc fait en sorte de pouvoir obtenir un quelconque ascendant sur eux. Il y en avait une que je soupçonnais faire partie de ce groupe. Paradoxalement, quelqu'un que j'avais connu il y a longtemps, et qui avait toujours été bonne avec moi. Isadora, bien sûr. Mon ancienne voisine. Celle qui m'avait montré à quel point la vie était compliquée, lorsqu'elle m'avait soigné du fait de blessures reçues au combat contre des vampires, du temps où je faisais partie de l'Eglise Humains Contre Vampires. La voisine m'avait bandé des mains meurtries et ensanglantées, pendant que nous avions partagé une bouteille de vodka. Elle m'avait confié être mère malgré son jeune age, et que sa fille était partie vivre ailleurs. Elle même était isolée et ne vivait que dans la précarité. Dévastés chacun à notre manière et ivre, on aurait pu finir dans un même lit, comme c'était mon habitude à l'époque. De me perdre dans l'alcool, et dans le con de femmes inconnues pour noyer le désespoir tenace qui m'empoisonnait le cœur.
Pourtant, nous n'avions rien fait d'après mes souvenirs. Et depuis cette drôle de soirée où je m'étais confié comme jamais, un lien de confiance et d'amitié s'était installé entre nous. Je pensais qu'elle était loup garou pour l'avoir vue à la Lune Bleue le soir où nous avons provoqué le commencement des Années Sanglantes. Il m'avait semblé l'apercevoir alors que je mettais les lieux à feu et à sang avec mes hommes. En cherchant bien, j'avais retrouvé quelques mois plus tôt sa trace, ou plutôt celle de sa fille revenue au pays. Je ne savais pas comment elle avait traversé les Années Sanglantes, et je ne l'avais pas croisée dans les combats, en tous cas pas sous sa forme humaine si elle était vraiment loup garou. Je ne savais rien d'elle, en fait. J'avais donc approché sa fille. Qui ne m'avait rien dit, et que j'avais laissé partir. Courageuse petite qui aimait sa mère, mais le fait qu'elle refuse de me répondre avait tendance à confirmer mon instinct dans la suspicion que je nourrissais. Je décidais donc d'aller revoir la fille, Savannah. Pour refaire pression, découvrir enfin la vérité. Et mettre encore plus le bordel dans la meute par un moyen détourné. Je faisais en sorte en tous cas de continuer mon travail de sape...
Ne connaissant pas son emploi du temps par cœur, je traînais des heures durant en face de son établissement scolaire, jusqu'à ce que je la voie sortir. J'étais un peu éméché, mais mon corps devenu inhumain sous bien des aspects, éliminerait vite cet alcool. Je suivais la jeune fille insouciante, apparaissais et disparaissais de son champ de vision à l'occasion. Jusqu'à ce que je l'attende un peu plus loin de la rue commerçante. Je la vis se raidir, figée de terreur. Un mince sourire se dessina sur mon visage. Encore une sacrée impression de faite... Je m'approchais d'elle, constatant du coin de l'oeil que sa main allait dans sa poche, centimètre après centimètre.
| Salut, Savannah. Comment vas tu, depuis tout ce temps ? Dis moi... Tu veux appeler ta mère ? Je t'en prie, fais donc. Je serais ravi de la revoir après tout ce temps! |
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Torben Badenov
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Sam 21 Déc - 16:15
Comme on dit... Si j’avais su... Mais avec des si, on refaisait le monde et c’était bien connu, ça ne marchait pas comme ça. J’étais coincée avec ce type, que je le veuille ou non, un si ne changerait rien à ma situation, rien du tout. Je m’en serais bien passée, c’était un fait mais maintenant, j’allais devoir faire face. Qui il était, je n’en savais rien, je savais par contre parfaitement ce qu’il voulait et il n’aurait pas ce qu’il voulait, point final. Maman avait déjà assez souffert comme ça, pas besoin de lui ramener des ennuis en prime. Je n’avais pas la force de ma famille, je n’avais pas leur capacité, quelles qu’elles soient mais j’avais une grande gueule, j’étais franche. Je n’étais pas lâche et je ne le deviendrai pas. Avoir peur, c’est une chose, fuir, c’en est une autre et il n’en était pas question. En plus, j’étais toute proche de pouvoir passer mon appel, encore une manip’ et c’était bon, du moins jusqu’à ce qu’il parle. Je décidais d’arrêter mon geste. Tant pis pour les conséquences que cela aurait pour moi.
« Je... ça va. Merci. Mais quand on est poli, on se présente. » Non mais à quoi je jouais... J’inspirais un grand coup et je sortis ma main de ma poche pour les mettre dans les poches de mon jeans. « J’vois pas de quoi vous parlez. De toute façon, elle est au boulot. » Je haussais les épaules dans un geste que je tentais de rendre désinvolte. « Alors ? Vous êtes qui vous ? » Y aller au culot. Je n’avais pas le choix, même si j’étais terrorisée. Hors de questions que je m’esquive... je serai forte, à ma façon. Je ferai face. Je n’avais jamais parlé de notre première rencontre à personne et j’entendais bien à ce qu’il en soit ainsi encore cette fois. Je n’inquiéterai personne avec ça, il y avait déjà assez de problème, du moins, j’en étais convaincue même si je ne pouvais rien savoir. Oui, ma voix tremblait un peu mais tant pis. Quoi qu’il arrive, je ne lui donnerai pas de réponses ou alors, les mêmes que je lui avais déjà donnée. De toute façon, je ne savais rien ou presque.
De mon mètre soixante trois, je le regardais droit dans les yeux avec aplomb et une effronterie parfaite. J’étais une ado et j’avais donc un entraînement hors du commun en la matière. J’étais bien décidée à me servir de toutes mes armes contre lui même si pour ça, je devais être la peste que j’avais été avec Hayden. Foi de moi, j’avais de la ressource et il allait voir ce qu’il allait voir et ça, même si j’avais une trouille de tous les diables et que mes cauchemars n’allaient pas s’améliorer.
Pour donner un peu plus de poids à mon regard frondeur, je relevais le menton dans une parfaite imitation hautaine. « Vous avez rien d’autre à faire que de suivre une ado qui fait ses courses de Noël avec un mois d’avance ? Franchement, c’est pathétique. » Et prends ça. Oui, c’était gratuit et non, je n’en avais rien à faire. J’étais normale, ma famille aussi, je réagirai donc comme une ado normale. Point à la ligne.
J'étais cinglée...
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 23 Déc - 19:13
Je me tenais prêt à réagir au tac au tac en cas de besoin. Après tout, je connaissais suffisamment l'espèce humaine pour savoir que poussée dans ses retranchements elle était capable de tout. Je savais que ma présence ici serait un choc pour la jeune Savannah, et de ce fait elle était en quelque sorte imprévisible pour moi. Je ne la connaissais tout simplement pas assez pour savoir un minimum ce qu'elle avait derrière la tête, et je ne savais pas non plus comment les filles de son âge étaient susceptibles de réagir en règle générale. Mes souvenirs concernaient des filles des années 80/90 grand max. Je n'avais plus depuis mon propre vieillissement cotoyé des filles de cet âge là, des adolescentes. Encore pire, les adolescentes occidentales étaient pour moi un mystère complet. En quelque sorte, notre jeunesse à nous était bien plus trash pour ce qui concernait le sexe, l'alcool ou la drogue. Chez moi à Kharkov, en ex union soviétique, les jeunes se lâchaient comme pas possible. Pourtant, il y avait une certaine rigueur chez eux, chez moi à cet âge là, qu'on ne retrouvait pas chez les jeunes britanniques. Eux étaient nettement plus individualistes, nettement plus portés sur l'apprentissage des savoirs. Tous parlaient d'école, d'études, d'échappatoires et de passion. Chez nous on parlait de responsabilités et de décompression. La posture n'était pas la même. Qu'est ce que je faisais à l'âge de Savannah ? Est ce que j'étais déjà parti bosser à mi-temps à l'usine de pièces détachées de radiocommunications de la zone industrielle non loin de chez moi, ou est ce que j'esquivais l'école pour aller voir Jana en cachette ? Dans les deux cas les choses seraient terriblement différentes. Je ne disais pas que la fille que j'avais en face de moi avait une fille facile, bien au contraire. Son existence m'apparaissait horriblement plus compliquée que celle que j'avais vécue à son âge. Moi, je n'avais jamais trop eu à me casser la tête aussi tôt que cela dans ma vie... et l'armée n'avait pas forcément poussé à complexifier tout cela... La fille abandonna son téléphone mais continua de me faire face. Du cran. Si physiquement elle ressemblait assez peu à sa mère, on ne pouvait nier qu'elle semblait en avoir le caractère. Je souris à ses paroles acerbes, m'inclinant un parodiant une révérence respectueuse.
| Pardonnez mon impolitesse gente dame, les bonnes manières ne font pas tellement partie de mes impératifs professionnels voyez vous... Torben Badenov, pour vous servir. |
Je me fichais bien de lui révéler mon identité, celle d'un mec dont la mort a été annoncée il y a plus d'un an. Qui croirait une gamine?
| Je suis un serviteur de la Reine des Nocturnes Rouges, un ennemi des démons et un ami de ta mère. En douterais tu? |
La situation m'amusait beaucoup pour l'instant. Elle me regardait avec beaucoup d'aplomb, presque avec de la condescendance... Une ado d'aujourd'hui, sans aucune ambiguité aucune ! Elle continua de s'en prendre à moi. Je me rapprochais un peu plus, pour la mettre à l'aise et pour la dominer plus encore physiquement parlant.
| Je ne te suis pas... Ou plus. Là, je discute avec toi. Tu lui ressembles tellement, je trouve ! Ta mère était comme toi. Meme quand elle a peur, son instinct la pousse à mordre... Est ce que tu crois que c'est lié à sa nature de loup garou? |
Question faussement innocente...
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Torben Badenov
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 23 Déc - 20:01
J’avais bien fait de ne pas appeler. Je pouvais m’en sortir toute seule, je pouvais... Non. Je devais me débrouiller toute seule. Je ne savais rien de ce type, rien du tout si ce n’était qu’il avait eu un regard à me filer la frousse pour le restant de mes jours. Mais j’étais sûre d’une chose, il ne pouvait qu’être dangereux. Je n’arrivais pas à le voir sympathique, c’était impossible. Je n’étais pas bon juge du tout concernant les gens. J’étais méfiante envers à peu près tout le monde à cause des années passées et de ma famille. Je ne me confiais pas vraiment ou alors de façon très vague, même à Mirah qui était ce qu’on pouvait appeler une amie. Mais c’était compliqué, tout était compliqué et je ne pouvais pas parler de tout ça, à personne. Vraiment personne. D’un côté, j’étais une ado plus que banale dans la vie de tous les jours. Je passais inaperçu dans la foule... D’un autre, chez moi, j’étais différente, la seule humaine et l’adaptation craignait parfois pas mal. Et puis finalement... il y avait la fille qui savait et qui ne pouvait pas parler. Celle qui était toute seule devant son journal intime avant d’aller se coucher et encore, je ne pouvais pas tout écrire. Dur, ça l’était puisque je ne pouvais même pas confier mes pensées à du papier de peur qu’on tombe dessus. Si ça n’avait été que ma mère, Hayden ou mon frère et ma sœur... je m’en serais fichue. Mais et si... et si ça n’était pas eux. Voilà dans quel monde je vivais, personne ne pouvais comprendre ça.
Alors qu’il se présentait à se fichant de moi ouvertement, son nom m’évoque vaguement quelque chose mais ça s’arrêtait là. De toute façon, avec ou sans son nom, le résultat était le même, il me filait la frousse et j’avais bien raison d’écouter mon petit instinct. Serviteur de la Reine des vampires... Instinctivement, je reculais. Bien sûr que je doutais. Je campais sur mes pieds. Allez ma grande, fais ton show, joue à la peste, souviens-toi. « Ami de ma mère ? J’vous connais pas donc non, j’vous crois pas. Si c’était votre amie, j’vous aurais déjà vu avec elle. » Clair et net mais surtout particulièrement vrai. Ceux que je devais connaître, à qui je pouvais faire vraiment confiance, je les connaissais. Irving et Sarah par exemple.
Alors que je jetais un coup d’œil à la rue toute proche, je l’écoutais d’une oreille me dire que je ressemblais pas mal à ma mère, en caractère. Rien de nouveau sous le soleil, on me l’avait déjà faite mais quand il parla d’instinct et de morsure, je fronçais les sourcils. De quoi parlait-il ? J’ouvris finalement des yeux ronds. Comme la première fois et ça n’était pas plus volontaire de ma part cette fois que celle d’avant. Bon, je n'aurais pas dû être surprise une deuxième fois mais j'me défendais bien, je trouve. S’il pensait m’avoir comme ça, parce que je n’étais qu’une banale ado de quinze ans, il allait être servi le vieux. Je n’étais pas la reine du mensonge, j’étais même pas douée pour ça... mais on ne touchait pas à ma mère. Jamais. Qui que ce soit. « Vous me l’aviez pas déjà faite celle-là ? Enfin, un truc du genre ? Faites gaffe, les cheveux blancs se profilent. » J’étais complètement cinglée... J’étais en train d’insulter avec un aplomb féroce le serviteur de la Reine des vampires. Je me serais enterrée dans un trou si je l’avais pu. « Ma mère n’est pas un loup-garou. J’pense que je le saurais si c’était le cas alors fichez-moi la paix. »
Pourtant, je ne bougeais pas d’un pouce. Il était trop près, j’étais figée. Et même si verbalement parlant, j’aurais pu démonter n’importe qui, je n’en menais pas large. Je ne perdais pas de vue qui il était... et ça n’avait rien de rassurant. J’étais peut-être surprotégée mais je n’étais pas naïve. Je savais ce que je devais savoir concernant les vampires et les demi-démons, peu importe comment on les appelait vraiment. Je ne disais pas que les loups-garous étaient tous sympathiques... Je n’en savais rien et il y avait des connards partout... la preuve. Et par exemple, je savais que les relations vampires et loups-garous, c’était pas la joie.
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Jeu 26 Déc - 17:40
Je comprenais assez aisément que la jeune fille ne me considère que comme un étranger et bien pire que ça, une menace. Il semblait qu'elle ne soit pas née de la dernière pluie. Méfiante comme pas une, elle avait le même caractère que sa mère. Tout feu, tout flamme. Elle ne se laissait pas faire, pas plus qu'elle ne trahissait les siens. Je la respectais pour cela. Elle était jeune mais forte ; Isadora ne pourrait que s'enorgueillir d'avoir une fille aux épaules déjà solides pour son âge. Savannah semblait assez mature, et suffisamment capable de se contrôler pour me faire face. De facto, elle me considère comme un ennemi puisqu'elle décèle un manque de vérité et de transparence dans mes propos. Cela dit, je parvins à la prendre rapidement à contrepied. Lui offrant un sourire charmant, je m'amusais visiblement de ses réponses. C'était le cas, au fond. Il n'y avait rien qui paraisse anormal dans tout ce que nous puissions dire, aucun passant ne se tournait vers nous désormais. Discussion pas tout à fait normale, mais sans pour autant attirer l'attention de tout le monde aux alentours non plus. Dans ces conditions, il était difficile pour des individus extérieurs de se retrouver à nous surprendre. Pour cela, il aurait fallu que je paraisse beaucoup moins souriant, et la gamine beaucoup plus vindicative. Quoiqu'il en soit, je continuais de tenter malgré tout d'instiller le doute en elle.
| Oh, j'aurais dû dans ce cas expliquer que ta mère était une ancienne amie. J'imagine que de son côté elle ne doit plus beaucoup penser à moi... Il n'en a pas toujours été ainsi, cependant. |
Bon, on ne pouvait pas réellement parler de doute car je n'aurais pas le front de mentir au point d'expliquer à la jeune femme que j'avais pu entretenir une liaison avec sa propre mère. Pourtant, je tenais à lui faire comprendre que nous n'étions pas pour autant des inconnus et qu'il fut un temps où même au delà de bien nous connaître nous avions pu mettre en place une relation de confiance, voire d'amitié. Je savais que deux âmes brisées telles que nous ne pouvaient à l'époque que s'entraider. Il y avait forcément quelque chose à faire dans ce sens à l'époque, quand bien même aujourd'hui cela ne serait sans doute plus possible du fait de nos allégeances respectives. Vindicative, Savannah me cracha que j'étais vieux et donc, inepte. Je répétais les choses visiblement, mais pouvait elle sincèrement se rendre compte de la ressemblance qu'elle entretenait avec sa génitrice ? Amusé et nullement touché par sa remarque, je lui répondais assez simplement. La fille devint alors plus téméraire en me demandant carrément de la laisser. Et encore une fois, elle défendait bec et ongles Isadora. Etait elle vraiment humaine ? Plus le temps passait et plus mes doutes étaient conséquents. Pourtant, il me semblait assez clair et net que ma volonté de creuser se ferait en dépit de tout le reste.
| Oh, ne t'en fais pas pour moi va. Tout le monde vieillit... |
Ce qui me donnait forcément une idée. Je tendais la main.
| On tranche la question une bonne fois pour toutes ? Une photo de ta mère, tu dois bien avoir ça sur ton téléphone non ? Tu m'en montres une, la plus récente possible. Et peu importe ce que je vois, tu ne me verras plus. Marché conclu? |
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Jeu 26 Déc - 23:15
Ce type me prenait pour une débile, il allait en faire les frais, que j’ai les jetons ou pas. S’il pensait qu’il me roulerait, il était mal. D’accord, j’avais quinze ans mais ça ne changeait rien. Je voulais protéger ma famille et si tout ce que je pouvais faire, c’était mentir ou me taire et bien je le ferai. Je n’attirerai pas d’ennuis à ma famille, ni à qui que ce soit. On m’avait donné des réponses, un peu, et je n’irai pas trahir qui que ce soit stupidement malgré la frousse que je pouvais ressentir. Je respirais un grand coup, du moins en avais-je l’impression et je le regardais droit dans les yeux. Personne ne semblait alerté par notre conversation et j’aurais clairement préféré le contraire mais je ne pouvais pas faire grand chose. Crier ? Pourquoi faire ? Personne ne se retournerait. On avait peut-être passé, tous, des années difficiles mais les gens n’avaient pas changé. Du moins, je ne comptais pas sur eux.
Intriguée, j’haussais un sourcil. C’était possible. Je ne pouvais pas connaître tous les amis de ma mère mais dans le doute, je refusais de lui faire confiance. D’autant plus qu’il venait de préciser ancienne amie. Il croyait vraiment que le lui ferais confiance ? Si c’était le cas, il se mettait le doigt dans l’œil. Jamais de la vie ou plutôt, pas sans preuve. Et en plus, vu ce qu’il insinuait... J’étais méfiante, vraiment. J’avais quinze ans mais je n’étais ni stupide ni même naïve. Je savais comment ça fonctionnait entre deux adultes. Je n’étais pas cruche.
« Oui... ben avant ou maintenant, c’est pareil. Pour moi, ça change rien. » Têtue ? Moi ? Peut-être bien mais si je ne connaissais pas certaines personnes, c’était pour de bonnes raisons et il était hors de question que je déçoive ou pire... que je fasse une bêtise. Il pouvait toujours courir, il courrait longtemps. Il n’empêche, je me posait des questions mais les poser à ma mère impliquerait de parler de cette rencontre et de la précédente et je ne voulais pas. Elle allait s’inquiéter et je ne voulais pas qu’elle s’inquiète. J’avais déjà réussi à passer sous silence notre première rencontre, je pourrai encore le faire. S’il avait vraiment eu une histoire avec maman... et bien c’était du passé. Elle était avec Hayden et ils étaient heureux, plus ou moins... j’en avais cette impression en tout cas.
Têtue comme une mule, je croisais les bras et je le regardais toujours d’aussi haut malgré toutes mes craintes. Il la jouait plus fine que la dernière fois mais ça n’empêchait rien. J’avais vu que ce type-là ne ressentait pas grand chose. Je ne savais pas comment l’expliquer mais j’avais l’impression qu’il cachait vraiment beaucoup de choses et pas des trucs que j’aurais aimé connaître.
« Ouais, sauf les suceurs de sang nan ? » Suicidaire... Mais c’était vrai. Il n’y avait qu’eux qui ne vieillissaient pas, tout le monde le savait maintenant. Je levai donc forcément un sourcil quand il me demanda mon téléphone. « Même pas en rêve. C’est perso ! » Il y avait des photos de moi et ma famille, de mon frère, de ma sœur, de nous, de mes copains, mes copines... je ne voulais mettre personne en danger. Je me rendais compte à quel point c’était stupide de garder des photos. Je me rendais d’autant plus compte que j’avais raison d’éviter les réseaux sociaux. Pourtant... j’avais besoin de souvenirs, vraiment besoin... C’était devenu absolument primordial à la mort de mon père, de mes frères et de ma belle-mère. J’enchaînais donc avec aplomb... Autant aller jusqu’au bout. « C’est perso un téléphone ! On vous a pas appris ça ? Faut vous mettre à la page ! Notez, un vampire, ça a peut-être un peu de mal avec la technologie... »
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Dim 29 Déc - 17:23
C'était bas bien sûr que de tendre un piège à une fillette, parce que cela ne se faisait pas. Seulement moi, je l'avais déjà dit et en avait une conscience extrême, je n'avais plus la moindre inhibition qui m'empêchait d'user de n'importe quel moyen pour parvenir à mes fins. Seul comptait le résultat, c'était un fait que personne ne pouvait nier que de dire que j'étais impitoyable en ne me laissant arrêter par quoi que ce soit. Et là en l'occurrence, j'allais avoir la gamine avec un truc vieux comme le monde, un coup de ruse qui se basait avant tout sur sa méconnaissance des trucs de loups garous. En tous cas, sa façon de se conduire par rapport à ma question innocemment posée me renseignerait forcément sur ce qu'était vraiment sa mère. Si elle était effectivement une lycanthrope et que sa fille était au courant, celle ci ne voudrait pas le moins du monde me prêter son téléphone pour que j'observe une simple photographie, qui révélerait alors que sa mère n'avait physiquement pas vieilli en sept longues années de guerre en Ecosse. Si au contraire elle ne savait pas, elle me donnerait le téléphone et j'aurais donc la réponse aux questions que je me posais. Simple comme bonjour. Simple, clair et net. Sans bavure d'aucune sorte. Bon quoiqu'il en soit, sa résistance faisait honneur à Savannah, mais il arriverait fatalement un moment où elle finirait par me faire perdre patience et là les choses pourraient aller infiniment plus loin qu'une simple demande d'observer une bête photo sur un téléphone tout aussi stupide. Ca, Savannah ne voulait sans doute pas le vivre, mais elle n'aurait bientôt plus le choix. La gamine refusa toujours de me répondre, croisa les bras et continua de jouer à son petit jeu. Elle voulait vraiment qu'on franchisse une étape supplémentaire ? Cette fille était une vraie crétine bornée, j'allais lui apprendre l'horreur de ce monde alors qu'elle aurait pu se l'éviter sans aucun problème... Mais ça elle semblait avoir du mal à le comprendre, ou si elle le comprenait elle se contentait de refuser de faire ce constat. Tant pis pour elle. La fille me parla des suceurs de sang. Je ne lui souriais plus.
| S'il n'y avait qu'eux qui ne vieillissaient pas... Dis moi Savannah... Comment réagirais tu si je te disais que tes cauchemars ne sont pas non plus prêts de s'arrêter? |
Je me fichais bien de la réponse à ma question, tout ce qui comptait c'était avant tout de lui faire passer un message, de lui faire comprendre que je n'étais pas prêt de passer moi même l'arme à gauche. En tous cas, pas tant que je saurais éviter les quelques pièges mortels sur ma route... Parce que si je devenais moins sensible qu'auparavant aux ravages du temps du fait de ma proximité avec la plus puissante vampire qui soit, il fallait quand même avouer que mourir de vieillesse me paraissait être quelque chose de profondément absurde et de très peu probable. Je mourrais probablement dans une embuscade quelconque, dans le meilleur des cas, ou bien je souffrirais le martyr pendant des heures pendant qu'au travers moi souffrirait la Reine. Mon destin n'était pas inéluctable, mais l'histoire nous apprenait que tous ceux qui s'étaient cru invincibles avaient subi le choc de la mort avec une cruauté incroyable. La fille se défendit, elle ne voulait pas me laisser son téléphone. Je soupirais, montrant à quel point j'étais las et prêt à abandonner toute patience pour me concentrer sur la manière forte. Forcément dans ce genre de cas, mon ton paraît nettement moins enjoué et l'air que j'arbore sur le visage est beaucoup plus dur...
| Tu veux vraiment me pousser à bout, petite ? Dernière chance. Je te laisse me donner ce téléphone. Si tu le veux vraiment, tu me mets toi même la photo qui t'importe le plus de ta mère, je me fiche bien de voir les autres trucs qu'il y a sur ton téléphone. Franchement, tu crois que j'en ai quelque chose à foutre des autres gens que tu côtoies ? Allez, balances, ou je te préviens que c'est la dernière fois que je demande gentiment. |
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Torben Badenov
Seule la Mort met Fin au Devoir
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Dim 29 Déc - 20:33
Je savais que j’allais trop loin, je savais que j’allais l’agacer, j’avais déjà fait ça et malgré moi en plus. Mais cette fois, j’agissais de façon volontaire, je le mettais en rogne consciemment. Je n’avais pas d’autres options. Je ne pouvais pas parler, je ne pouvais pas lui donner ce qu’il voulait non plus. C’était tout simplement impossible et il fallait que je tienne le coup. Je préférais avoir peur de ce type pour le restant de mes jours que mettre ma famille en danger. L’empêcher de voir mon téléphone ou lui montrer une photo... Dans le deuxième cas, il y avait plus de risque que dans le premier. S’il ne voyait rien, il ne pouvait être sûr de rien. Ça tournait à fond dans ma petite tête. Et la menace qu’il énonça trouva directement écho en moi. Pourtant, ça ne changeait rien. J’étais flippée, j’avais parfois du mal à respirer et je tremblais mais je n’avais pas le droit de faire ça à ma mère, à Hayden, à mon frère, à ma sœur... Ce fut soudain l’évidence pour moi, ils étaient plus importants, tous, que je ne le serai jamais. Le constat manqua de me couper le souffle et déclencher une crise d’angoisse sans précédent mais je respirais à fond. Justement. Ils étaient importants, je devais bien agir, aussi bien que possible.
« Tant pis pour les cauchemars. Je connais, j’ai l’habitude. » Je savais qu’il me promettait des cauchemars pire que ça mais ça n’avait pas d’importance. Pas la moindre. Je l’écoutais encore et je finis par sortir mon téléphone. Ce que j’allais faire était très con mais sans preuve... que des suppositions. Il ne serait jamais sûr. Je posais mon doigt sur l’icône de la galerie photo et j’en effaçais le contenu lui présentant un dossier vide, vierge de tout autre dossier ou photo. Je lui mis ensuite le téléphone sous le nez, le dossier mentionnant d’un message qu’il était vide. « Vous n’en avez sûrement rien à foutre non. Et moi je n’en ai rien à foutre de vos menaces. On vit dans un monde de merde, j’suis ni conne ni naïve. J’m’en tape que vous soyez dangereux, que vous soyez le serviteur de la Reine. Ma mère est normale, ma famille est normale et j’ai rien à prouver. À personne. Et si vous voyez le mal partout, c’est pas mon problème mais j’vous laisserai pas emmerder ma famille parce que vous êtes parano. » Je savais qu’il n’allait sûrement pas me lâcher après ça, qu’il ne le prendrait pas bien du tout mais tant pis. Et pour bien lui montrer qu’il perdait son temps, je coupais le téléphone sous son nez. Je n’avais plus aucun moyen de joindre qui que ce soit et lui n’aurait rien qui aurait pu se trouver dans mon téléphone. Je reculais encore, me rendant compte que je n’irais pas plus loin, avec un mur derrière moi. Au moins, ça me tiendrait debout, parce que franchement, j’en menais pas large. Pire, je persistais et je signais mais je n’avais pas le choix.
Il me protégeait de tout ? Et bien je pouvais bien faire ça pour eux, après tout.
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 30 Déc - 1:05
J'espérais que la fille n'allait pas me faire plus de difficultés sinon les choses allaient vite devenir difficile. Elle résistait bien, quand bien même elle restait terriblement vulnérable. Pourtant, la fille d'Isadora parvenait à résister dans ses derniers retranchements, ce qui induisait forcément qu'en faisant durer l'échange elle multipliait les chances qu'un commerçant ou un badaud se ramène en se demandant ce que je fous ici avec cette petite qui ne me ressemble pas et avec qui je parle depuis un bon paquet de temps. Il fallait donc que je me dépêche si je voulais retirer des éléments viables de cet entretien, sinon j''aurais fait choux blanc et j'aurais perdu ma journée. Non pas que ce soit dramatique en soi, mais quand même, j'avais horreur du gaspillage en général et des contretemps en particulier. Aucune ressource au monde n'était à cent pour cent inépuisable, et le temps moins que toute autre. Je ne voulais pas dans ce cas que je perde trop de mes journées à pourchasser des chimères. Si cette piste ne donnait rien, je déléguerais la tâche à d'autres personnels pour me concentrer sur d'autres activités plus chronophages mais beaucoup plus efficientes en quelque sorte. J'avais tellement de choses à voir et à faire... Je vis la fille se raidir et l'extrêmité de ses doigts tremblait un peu. La menace faisait son petit effet, mais je savais qu'il n'y avait rien de mieux qu'une bonne vieille démonstration physique pour être parfaitement crédible. Cela induisait du coup que je devais la bousculer un peu plus ; elle n'était pas encore mure et pouvait le devenir, mais comment devais je faire sans éveiller les soupçons ? Je savais être discret comme pas un dans le noir. Mais ici, en plein jour... L'adage selon lequel lorsqu'on ne peut se cacher on devait faire son action au grand jour pour que personne ne s'en rende compte ne se vérifiait pas. Voler quelque chose au nez et à la barbe de tout un public était une chose. Molester une gamine en était une autre. Incroyable, tout de même, de se rendre compte que je ne rechignais pas tant à faire du mal à une gosse parce que c'était mal que parce que c'était compliqué...
Elle me dit que faire des cauchemars l'indifférait, que quelque part elle connaissait déjà. Bon, bien. Surtout si elle faisait allusion à ma précédente visite. Je laissais la petite prendre son téléphone, mais je pressentais l'embrouille en voyant sa mine. Quand elle me tendit le téléphone, celui ci était vide. Je relevais un regard noir, profondément haineux et belliqueux, vers la jeune fille. Amusant, n'est ce pas ? S'il n'y avait pas tous ces gens, je t'aurais emmenée pour te faire couiner tous tes sales petits secrets, morveuse... Mais nous n'étions pas dans un monde idéal ou le monde est aveugle. Le monde est dangereux, et plus nous le sommes nous mêmes et plus il est dangereux pour nous. La fille recule, se rend compte qu'elle a franchi une limite invisible. Je pars d'un petit rire amusé.
| Bien joué. Mignonne et intelligente comme ta mère. Veilles donc à garder tes arrières, j'ai bien peur que ta bonne étoile ne dure pas si tu n'es plus prudente. |
Je me rapproche à nouveau d'elle, lui empêchant toute sortie.
| Et alors on fait quoi maintenant ? Je par parce que je ne peux te forcer à parler ici et je reviens plus tard, la nuit, dans ta chambre pour qu'on voie ensemble ce qu'il en est pour ta mère ? Ou bien tu me dis tout maintenant et je nous épargne cette petite... Contrainte ? La tronche que ferait ta mère si elle me verrait arriver comme ça ! J'imagine qu'elle serait furaxe... Et moi, armé. Qu'est ce que tu préfères, Savannah? |
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 30 Déc - 2:09
J’avais été trop loin, je le savais, je le voyais, je le sentais. Un long frisson remonta le long de ma colonne, genre sueur froide et j’avais une boule dans la gorge. Ce mec était taré, il était flippant et dangereux, vraiment dangereux. Je le savais bien, je le voyais bien mais je devais faire avec et tenir le coup. Je n’étais pas décidée à crier, j’étais peut-être encore persuadée qu’il me laisserait tranquille, que ma détermination aussi stupide que téméraire paierait mais je me faisais des idées.
Mon téléphone vide et éteint sous ses yeux, c’était parfaitement volontaire, calculé mais j’avais mal vu. J’avais cru à tort qu’il avait peut-être encore un cœur, allez savoir ce qu’il y avait désormais à la place. Son regard et son visage changèrent du tout au tout et je sus d’instinct que j’avais été trop loin, beaucoup trop loin. Si j’avais été moins choquée, plus courageuse, j’aurais sans doute trouvé une réplique cuisante, un truc bien franc et absolument immonde mais j’en étais incapable. J’avais la gorge nouée et j’étais incapable de répliquer quoi que ce soit, j’aurais même été incapable de crier tant la trouille me paralysait complètement. Il m’avait déjà servi un regard à foutre les jetons mais là... c’était autre chose, plus... féroce, plus dangereux.
Je fermais les yeux et détournais le visage, fuyant son regard pour la première fois depuis le début tout en l’écoutant. J’avais un mal de chien à retenir mes larmes mais je refusais de pleurer devant ce type. Il fallait au moins que j’évite ça, si c’était possible du moins car la menace était claire et net, il ferait du mal à ma mère en s’en prenant à moi et puis il lui ferait du mal. Mais je ne pouvais pas... J’étais inutile, un poids et j’étais maintenant un danger pour ma propre famille... La menace et mon impuissance combinée, je ne pus m’empêcher de laisser couler mes larmes et bien malgré moi de le supplier de me laisser. « Je... Je ne préfère rien. Je n’ai rien à dire. Ma mère est normale. » Je ravalais un sanglot. « Elle est normale. » Je tremblais toute entière et je ne tenais debout que parce que je ne pouvais pas me replier sur moi-même ou me laisser glisser le long du mur. « S’il vous plait... Laissez-moi... »
J’étais mauvaise menteuse mais pas quand je n’avais aucun autre choix, pas quand il s’agissait de leur sécurité. Je ne voulais mettre personne en danger et plus que jamais, je me rendais compte que j’étais une faiblesse pour eux. Mes sanglots redoublèrent en silence alors que je ne le regardais plus, que je n’osais même plus apercevoir son regard même une seconde. « Laissez-nous tranquille. Je ne dirais rien sur vous... à personne. Je... je le... j... ju... jure. » C’était la pure vérité, il était hors de question que je parle de cette rencontre à qui que ce soit. La crise d’angoisse qui menaçait depuis tout à l’heure me heurta de plein fouet et je me mis à chercher mon air sans rien arriver à rajouter. Je tentais de luter en silence contre moi-même. S’il ne voulait sans doute pas être vu, je n’avais aucune envi e qu’on me pose des questions. Je me mis à penser à tout et à rien, tentant d’expulser l’angoisse grandissante que je connaissais bien, celle de la perte. Si je m’en sortais, ce dont je doutais vraiment maintenant, personne ne me poserait de questions ce soir non plus... ils n’étaient pas là, ils étaient là-bas...
Si je m’en sortais...
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 30 Déc - 18:52
Je la mettais en demeure. Ni plus, ni moins. S'il fallait que je me rende chez elle et sa mère pour m'assurer de ce qu'était réellement sa génitrice, cela ne me posait absolument aucun problème. Erin serait probablement ravie d'avoir un peu de frissons dans une nouvelle mission... Et moi cela m'indifférait. Une fois de plus ou de moins, m'infiltrer chez quelqu'un n'avait rien de sorcier ni d'intimidant. J'étais quelqu'un d'honnête, en tous cas par rapport au code de conduite que je m'étais établi : faire tout ce qui est en mon pouvoir pour réussir à atteindre mes objectifs. De ce fait, je ne romprais pas avec l'habitude et s'il fallait se rendre au domicile des O'Doyle, cela ne me dérangerait pas le moins du monde. Ce que je voulais juste savoir, c'était s'il y avait une chance d'obtenir les informations que je recherchais autrement que par la force. Rien n'était joué, de toute évidence. La fille regarda son téléphone, comme si elle regrettait peut être son geste. Je n'en savais rien et je me fichais complètement de ses états d'âmes, ceux ci m'importaient peu. Je continuais de la fixer de mon regard froid et inexpressif, que la majorité des gens considéraient comme s'il s'agissait d'une menace. Ce n'était pas tout à fait le cas ; il s'agissait bien plus d'une promesse que d'une menace. Mes promesses, je les tiens toujours. Et si Savannah Livingston s'entête encore et bien tant pis pour elle et pour les siens. Un fantôme ou deux iront hanter sa demeure. Je continuais d'attendre alors que je la voyais hésiter. De toute évidence, ce que j'avais dit avait son petit effet et elle avait bien du mal désormais à passer outre mes paroles. Tant pis pour elle, tant mieux pour moi. Je la vis fermer les yeux et détourner le regard. Je ne prenais pas cela pour une victoire même si mine de rien je venais de briser tout à fait sa résolution pour mon plus grand plaisir. Est ce qu'elle allait craquer ou non ? Les paris restaient ouverts et je ne m'avançais pas, restant froid et concentré sur la tâche qui était la mienne.
Elle se mit finalement à pleurer. Doucement, sans sangloter, mais je voyais dans son regard qu'elle était brisée, et que j'avais atteint le point le plus vulnérable de son esprit. Je ne pouvais que m'en satisfaire non ? Elle maintint sa position en me disant qu'elle n'avait rien à dire, que sa mère était normale. Je la voyais tremblais et se retenir d'éclater en sanglots. Elle me supplia de la laisser, elle et sa famille aussi. Je pensais que j'avais ma réponse. Pourquoi aurait elle craqué si ce n'était parce qu'elle connaissait la vérité sans pouvoir me la dire, tiraillée entre deux choix et un dilemme insolubles ? Baissant la tête, elle me masquait le miroir de son âme et je coupais court aux tergiversations ; quoiqu'il arrive finalement, je devrais passer par leur domicile. Je n'avais pas eu la certitude que je désirais ce jour alors tant pis. Je la vis alors suffoquer... et je me penchais vers elle, ma décision prise, un air indulgent sur le visage. Je lui déposais un léger baiser sur le front, doux, presque tendre. Plein d'une certaine compassion.
| Ne te martyrises pas. Tu as fait ce que tu as pu. C'est très brave, ce que tu as fait. Et rassures toi ; je n'ai pas envie de tuer ta chère mère. J'ai juste peur que ce soit elle qui me pousse à le faire un jour, vois tu... Rentres chez toi, maintenant. Je chercherais mes réponses à un autre moment... Je pense qu'un face à face avec ma vieille amie serait bien plus souhaitable que continuer de te travailler, n'est ce pas ? A une prochaine fois, Savannah Livingston. J'espère que tu n'auras jamais à regretter ton courage |
je me détourne et me glisse très rapidement dans la foule pour me mêler à elle sans prendre le temps de me détourner. Deux raisons à mon départ. La première, c'est que ses pleurs vont attirer la foule et je n'avais pas envie de me retrouver au commissariat. La seconde, c'est que je n’obtiendrais rien de plus. J'aurais pu la faire parler en la faisant craquer pour de bon mais... On en revenait à la première raison.
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé] Lun 30 Déc - 21:03
Je pensais que j’étais capable de défendre ma mère, Hayden et les jumeaux mais au final, j’en étais incapable. Tout ce que je voulais, c’était faire partie, un peu de ce qu’ils vivaient et là, ils étaient en danger parce que je n’étais... que moi. J’avais joué la dure à cuire, la garce, la peste. J’avais juste cru pouvoir les protéger et maintenant, ils étaient en danger par ma faute, parce que j’étais faible. Je n’étais même pas capable de m’empêcher de pleurer, encore moins de repousser la peur et l’angoisse qui montait lentement. Je tenais debout seulement parce que je ne pouvais pas chuter. Je n’étais bonne à rien, pas même à faire une phrase complète et entière. Je n’avais rien dit, c’était vrai mais il ne lâcherait pas.
Quand il s’approcha de moi pour déposer un baiser sur mon front, je sursautais violement manquant de me cogner la tête contre le mur. Ma crise d’angoisse redoubla. C’était presque pire que les menaces, je savais déjà que ce geste me poursuivrait chaque nuit. Ce qu’il ajouta avant de partir m’enfonça un peu plus. Je ne voulais pas les perdre, je ne voulais pas encore perdre quelqu’un. Je ne voulais plus jamais perdre personne. Plus jamais. Je me laissais finalement glisser contre le mur en enroulant mes bras autour de mes genoux. Je devais retrouver mon air et je pris le temps qu’il me fallait. Personne ne faisait attention à moi et ça m’arrangeait. Quand je fus calmée, je sortis de la ruelle, les larmes coulant encore toutes seules. Je crus entendre quelqu’un me demander comment j’allais mais je l’ignorais, me décidant finalement à courir pour rentrer plus vit. Je n’avais aucune envie qu’on me voit pleurer et il n’y avait personne à la maison. Ils étaient là-bas, ils ne se rendraient compte de rien en rentrant. Je laisserai un mot pour dire que j’étais fatiguée et ils ne me réveilleraient pas. Je les connaissais assez bien pour en être certaine.
Arrivée, je m’enfermais complètement en me mettant à trembler de plus belle. Je pus enfin éclater en sanglot et pleurer autant que j’en avais envie. J’avais le cœur au bord des lèvres, j’avais peur, j’étais terrorisée. Je pris une longue douche en mettant la musique à fond en tentant d’oublier ce qui s’était passé, sans succès. Je mangeais à peine avant d’aller dans ma chambre et de m’y enfermer. Je tremblais presque toujours autant rien qu’à repenser à la menace qu’il avait proférée ou encre au baiser qu’il avait déposé sur mon front. La tête à peine posée sur l’oreiller, je m’endormais malgré mon corps complètement sous tension. Je ne fis que des cauchemars. Cette nuit-là, je dormis à peine... Mon cauchemar avait pris des dimensions bien plus réelles, bien plus humaines et plus concrètes. Je n’avais pu qu’imaginer des choses avant et là, ne sachant qu’en partie, j’avais une idée plutôt clair de ce qu’ils risquaient. Je n’étais pas tranquille avant, je ne le serais plus jamais.
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Sujet: Re: Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? ★ [Livre II - Terminé]
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