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Sweet dreams [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyDim 23 Juin - 15:47




Sweet Dreams


La journée m'avait semblé interminable. J'avais déposé mon CV dans plusieurs agences et mes interlocuteurs m'avaient tous bien fait comprendre que la période n'était pas particulièrement propice à l'embauche. Je leur avais assuré, avec mon plus beau sourire, que j'étais prête à prendre toutes les offres et que cela ne me dérangeait pas de faire des missions ponctuelles de quelques jours voir quelques heures. J'avais vraiment besoin d'un travail. Cela avait semblé leur convenir même si certains n'avaient pu s'empêcher de poser des questions sur mes six derniers mois d'inactivités. J'avais donc du broder de nouveaux mensonges pour expliquer l'inexplicable. Cela dit la journée n'avait pas été totalement perdue, on m'avait proposé d'être hôtesse sur un salon de voiture (dont le descriptif du job ressemblait un peu à "sois belle et tais-toi"), de dépanner quelques soirs dans un restaurant routier entre Glasgow et Édimbourg et aussi de faire ouvreuse pour un concert dans quelques semaines. Ce serait toujours ça de pris…
Mais après tout ça j'avais besoin de réconfort. Enfin, j'avais surtout envie de voir Camille. D'après mes souvenirs, il finissait tôt ce soir-là, je pouvais peut-être le rejoindre à la lune bleue. J'avais hésité un peu, mais finalement, après avoir tourné en rond dans ma chambre d'hôtel, je m'étais décidée. J'avais récupéré un carton de fringue chez mon proprio, en attendant d'avoir de la place pour le reste de mes affaires, et j'avais donc pu choisir ma tenue, un luxe que je n'avais pas vraiment eu ces derniers mois. Pour la soirée, j'avais donc mis un petit tee-shirt kaki sur lequel étaient représenté un magnifique corbeau et quelques strass et une petite jupe en jean. Une veste noire et des petites spartiates en cuir complétaient l'ensemble. Je ne portais ni collants, ni bijoux, la chaleur de cette fin de juin étant déjà étouffante.  
Après avoir mis quelques affaires dans un sac, vérifié que j'avais mon portable sur moi et un peu d'argent, je m'étais mise en marche pour le bar. Je n'avais plus de voiture, m'étant débarrassée de l'ancienne quand j'étais en fuite et ayant rendu ma dernière location quelques jours auparavant. Sans revenus, il n'était pas raisonnable de garder un véhicule. Il me restait des économies mais je voulais qu'elles durent et si possible ne pas les épuiser avant d'avoir retrouvé une situation stable. L'idée de me retrouver sans rien m'angoissait profondément. Je n'avais déjà plus ni travail ni logement ni voiture, si je me retrouvais sans argent, j'allais finir sous un pont et on retrouverait mon cadavre vidé de son sang par un vampire. Oui je me faisais des scénarios catastrophe à tout va, mais j'estimais que ce n'était pas si improbable que ça. Les clochards ne tardaient généralement pas à disparaître définitivement. Bref, mieux valait ne pas penser à ça pour l'instant, je n'y étais pas encore… et puis je n'étais pas seule. J'avais des gens sur qui compter en cas de coup dur. Du moins, je l'espérais.

J'arrivais un peu avant 22h devant la Lune Bleue. Le parking était pas mal bondé, mais je retrouvais sans mal la vieille voiture de Camille, garée un peu à l'écart sur les emplacements réservés au personnel. Sachant qu'il ne devrait pas tarder, et espérant que ses horaires n'avaient pas changé, ce qui m'obligerait à rentrer dans le repaire officiel des loups-garous, je m'adossais à sa voiture et attendit, les bras croisés, observant les alentours.

Je serais incapable de dire combien de temps je restai là, perdue dans mes pensées avant que le bruit de pas ne me fasse tourner la tête. Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je reconnu celui que j'attendais, sourire qui se transforma en moue désapprobatrice quand je le vis allumer une cigarette.
Tout concentré qu'il était, j'attendis qu'il se rapproche, pour lancer, taquine :

- Ts, ts, ts…Pris en flagrant délit, Fontayn. Je me demande ce qu'Alan dirait s'il te voyait…

Je lui offris mon sourire le plus doux pour démentir mes paroles et glissai mes mains autour de son cou afin de le saluer plus dignement:

- Salut, beau brun…

Puis je posai mes lèvres sur les siennes. Tout mon corps sembla se relaxer comme s'il n'avait attendu que ça. C'était définitivement le meilleur moment de ma journée.

- Je passais dans le coin alors je me suis dit que j'allais venir raccompagner mon barman préféré !
 



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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyDim 23 Juin - 16:44




 Sweet dreams

Ce fût l’une des rares fois où mes yeux ne furetaient pas de façon systématique jusqu’à l’horloge vissée au plafond et pour cause, l’appel de Kate m’avait assez retourné ce matin pour alimenter encore mes pensées et me distraire de ma tâche. J’avais perçu sans grand mal l’inquiétude dans sa voix et pire que ça au-delà de la forme, le contenu m’avait réellement interpellé. Je m’en voulais. J’avais ressassé mes deux dernières rencontres avec Alan. Je ne l’avais pas assez ménagé, je le savais. Je n’avais pas été assez attentif avec lui ou assez patient, pourtant je savais pertinemment ce qu’il traversait en ce moment avec la PES. Je ne me pardonnais pas de ne pas avoir su discerner ses défaillances – non, j’exagérais, j’avais bien été alerté par son penchant pour la balustrade à l’hôtel mais de là à me douter que ça soit aussi sérieux, assez pour que sa femme me laisse un tel message sur mon répondeur. Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais déjà bondi chez lui pour lui parler mais bon. Dans ce genre de situation, je supposais que la subtilité restait la meilleure approche. J’allais devoir vivre avec mes angoisses jusqu’à demain soir, quand je le verrais. J’ignorais si j’allais pouvoir vraiment aider, si il allait m’écouter ou mieux se confier à moi mais ça valait la peine d’essayer. Même si je comprenais les motifs pour lesquels il n’avait jamais jugé bon de me parler de ses soucis – les partageant très certainement, je me sentais un peu coupable de son silence. Peut-être que si j’étais moins sur la défensive ou si j’arrêtais de l’inquiéter déjà simplement. Je faisais un piètre ami. S’il arrivait quelque chose à mon conseiller, je ne pourrais sûrement pas m’en remettre. Mon état psychologique se limitait à ça, oui. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ma force je la tirais des autres et pas de moi. Je n’avais jamais été courageux. Mais là il ne s’agissait pas de moi là. J’angoissais tellement que je passais mon temps à gigoter derrière le comptoir, je faisais tout et n’importe quoi afin de m’occuper les mains. Cette histoire me prenait trop à cœur, c’est pour ça qu’il fallait la résoudre au plus vite.

22h. Je fus surpris quand un collègue me dit qu’il prenait ma place. Ah oui, mon service se terminait à cette heure-là, c’est vrai. J’étais complétement à l’ouest. Je pris mes affaires dans le coin réservé au personnel et sortit de là le plus rapidement possible. J’étais crevé et je ne rêvais que de mon lit. J’avais beau tout faire pour dormir le plus et le mieux possible, depuis la guerre, j’avais le sommeil léger. J’avais l’impression qu’à tout moment on viendrait me débusquer pour me trancher la gorge ou m’arrêter ou je ne sais pas. J’étais parano, bien sûr. Et ce trait de ma personnalité ne s’amenuisait pas  quand j’étais perturbé par des affaires personnelles. Les cauchemars récurrents ne m’aidaient pas non plus à faire la part des choses. Les cadavres et les morts avaient été remplacés par Krystel ces derniers temps quand elle ne me décapitait pas, elle torturait des gens sous mes yeux. Bref, je n’avais pas des nuits de tout repos. Mais ça aurait pu être pire, ça avait déjà été bien pire. J’étais trop tendu et après cette journée entière à me torturer à propos de mon bras droit, je me sentais lessivé moralement. Ça faisait déjà une semaine que j’avais repris un rythme d’une cigarette par jour. J’arrivais à m’y tenir. J’essayais de limiter la casse, très sincèrement. D’ailleurs, je ne fumais qu’à l’extérieur pour me recadrer un maximum. Celle de ce jour, je l’allumais en franchissant la sortie. La nicotine s’invita allégrement dans mes poumons, je comptais en savourer chaque bouffée. Tellement concentré sur ma clope, je ne remarquais pas directement la silhouette accolée à ma voiture. Il fallut que je fasse déjà une bonne partie du chemin avant de la repérer. Rebecca ? Quelque chose se tordit dans ma poitrine, je ne savais même pas dire si c’était positif ou non. Je ne m’y attendais pas, ça non. Il était déjà tard, c’était dangereux de ne pas respecter le couvre-feu même si il faisait encore un peu clair à l’heure actuelle. Depuis combien de temps m’avait-elle attendu ? Voulais-je vraiment le savoir ? J’avançais un peu honteusement jusqu’à elle et lui offrit déjà ma moue de chien battu pour qu’elle pardonne ma rechute.

Elle parla ensuite et m’ôta directement la mine que j’avais prise. Oui, elle avait raison. Je ne voulais pas accabler plus Alan et pourtant… J’allais l’écraser à peine consumée quand la jolie brune me désarçonna de son sourire. Je me sentis me décrisper instantanément, il n’y avait rien de plus réconfortant que ce rictus. Je la laissais venir entourer ma nuque de ses bras et la laissa poser sa bouche sur la mienne. « Salut belle brune. » Je glissais ma paume qui ne tenait pas la cigarette dans ses cheveux. « C’est très attentionné de ta part. » J’étais vraiment content de la voir. Je me reculais pour poser le filtre entre mes lèvres et chercher mes clés dans mes poches. Mon regard fut attiré par les strass de son t-shirt et je ne pu retenir un franc sourire. J’ajoutais même très innocemment en pinçant très légèrement son t-shirt au niveau de sa taille. « Ça te va à ravir. » J’extirpais mon trousseau de clefs et ouvris les portières. Je n’aimais pas l’idée de trop s’attarder sur ce parking. Mon Univers ne devait pas entrer en collision avec le sien pour plein de raisons assez évidentes en fait. J’espérais que personne ne nous avait vus nous embrasser d’ailleurs. Qui sait ce que Mary pourrait encore trouver pour me torturer en utilisant Rebecca… Oui, je sais, je recommençais avec mes peurs irrationnelles. Je l’invitais à entrer dans l’habitacle tout en continuant de fumer tranquillement. Une fois à l’intérieur, j’écrasais le mégot dans le cendrier du véhicule et ouvrais une vitre pour que l’odeur s’échappe. Je me tournais alors vers elle et mon attention fut complétement dérobée par ses yeux. Elle était tellement… Je me penchais pour l’embrasser un peu plus dignement qu’à l’extérieur. Puis, je mettais les clés sur le contact, baissais très vite le volume de l’autoradio et articulais. « Tu as déjà mangé ? Si pas, on peut peut-être passer prendre un  truc quelque part ? Ou tu veux aller boire un verre ? Dis-moi. » Je faisais comme si c’était tout à fait normal qu’elle soit là alors qu’en fait ça n’était pas le cas. J’étais tellement éreinté et stressé qu’à vrai dire, je ne m'attardais pas vraiment là-dessus. Becky était là et j’avais besoin d’elle aujourd’hui. Je voulais juste qu’on passe une soirée tranquille, tous les deux comme au bon vieux temps. Et je n’allais pas laisser mes méninges gâcher ça. Hors de question. 

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyDim 23 Juin - 19:55




Sweet dreams


Camille avait petite mine et je m'en voulu d'avoir débarqué sans prévenir. Il avait peut-être d'autres plans et si ce n'était pas le cas, il aurait pu en profiter pour se coucher tôt. Il semblait épuisé. Mais ma culpabilité s'envola alors qu'il semblait réellement heureux de me voir. Je le suivi dans la voiture et me laissai happer par ses lèvres. Je ne protestai pas quand il se détacha de moi, bien trop tôt à mon goût et haussai les épaules à sa question :

- Et si on prenait Chinois à emporter ?

L'idée sembla lui convenir et il fit un léger détour pour aller chercher nos menus dans un petit restaurant que nous aimions bien. Une fois de retour à l'appart, il ne nous fallu pas longtemps pour nous installer sur le canapé et reprendre nos bonnes vieilles habitudes. J'avais oublié à quel point il était simple de parler avec Camille. La soirée passa trop vite tandis que nous discutions de tout et de rien. Entre nos taquineries, nos éclats de rires et nos parties de jeux vidéos avortées, rien ne m'avait semblé aussi simple et aussi naturel depuis une éternité. Tout coulait de source entre nous et quand nous ne réfléchissions pas à ce que tout cela signifiait, nous profitions juste un maximum de la présence de l'autre. Et c'était tout simplement… parfait…

Je le poussai gentiment alors qu'il prenait son temps pour ouvrir son biscuit de fortune.

- Ouvre-le, vas-y, ou c'est moi qui le fait !

Je levai les yeux au ciel et décidait d'ouvrir le mien:

- "Naviguez dans le monde de l'opportunité. Des trésors attendent d'être cueillis." Et bien… rien que ça ?

Puis je m'emparais de celui de Camille et lu:

- "La beauté vous entourera - ouvrez vos yeux pour la voir."

Je me mordis la lèvre, d'humeur coquine et me redressai pour venir m'allonger sur lui:

- Il ne faut pas contrarier les biscuits de fortune…  alors je vais sauter sur la première opportunité qui vient… murmurai-je en venant doucement m'emparer de ses lèvres. Et toi, est-ce que tu vois la beauté qui t'entoure… ?

La fin de soirée prit un tournant bien plus charnel et l'on se retrouva à se battre sous les couvertures, dans le genre de corps à corps où il n'y avait jamais de perdants. Puis, épuisée de notre bataille, je m'endormis dans ses bras le sourire aux lèvres, comblée. Les choses n'avaient jamais été aussi paisibles entre nous depuis mon retour et j'espérais que cela durerait encore longtemps....

*****

La ville était à feu et à sang. Nous étions au beau milieu du chaos, un chaos auquel j'avais contribué. J'avais participé à cette débauche d'horreurs perpétrée par les miens. Grâce à nous bientôt les ténèbres règneraient sur le monde. J'avais dû serrer les dents, prétendre que tout ça ne me touchait pas, pire, que cela me plaisait. Près de moi, Lysander ricanait de ses exploits. Bon nombre des bâtiments en flammes étaient de son fait. Beaucoup de brûlés vifs également. Mon estomac s'était révolté plusieurs fois et il m'avait fallu tout mon sang-froid pour ne pas vomir tripes et boyaux.

- On l'a fait, Becka ! Tu vois, je savais que tu étais l'une des nôtres ! Je savais que ça te plairait !

Il m'attrapa brusquement par les hanches pour m'embrasser goulument. Ses lèvres avaient un goût de cendre.
Je le repoussai sans ménagement et lui lançai un regard noir:

- Ce n'est pas une raison suffisante pour que je finisse dans ton lit, Lysander !

Il se mit à rire en secouant la tête :

- Tu y viendras. Vous finissez toutes par y venir.
- Dans tes rêves…

Une voix forte et menaçante nous interrompit et je tournai les yeux pour voir Maryana. Je retins difficilement un frisson face à l'aura diabolique qu'elle dégageait.

- Ne le prend pas personnellement, Lysander, lui dit-elle en me regardant. Notre jeune amie préfère les humains…

Je fronçais les sourcils sans comprendre avant de voir apparaître Jeremy et Pandore qui traînaient quelqu'un, chacun par un bras.
Mon cœur rata un battement quand je reconnu leur prisonnier. Camille…

- Non… murmurai-je, horrifiée.

Comment avait-elle su ? Comment l'avait-elle retrouvé ? Je jetai un regard à Palmer qui souriait d'un air sadique. C'était lui. Il m'avait suivi. Il n'y avait pas d'autres explications, il m'avait suivi, il m'avait vu avec Camille et il était venu tout raconter à Maryana.

- Tu as quelque chose à nous dire, Rebecca ?

J'essayai de reprendre un air impassible, mais il était trop tard. Je m'étais trahie et mes yeux revenaient continuellement à lui, essayant d'apercevoir à quel point il était blessé. Les deux sous-fifres de Maryana le jetèrent sans ménagement sur le sol et il n'eut même pas la force de se relever. Il redressa seulement la tête en toussant et je sentie mon cœur se briser. Son visage tuméfié laissait deviner qu'il avait passé un sale quart d'heure avec mes semblables. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait et semblait osciller entre colère et incompréhension. Tout était ma faute. J'aurais dû lui parler de tout ça, j'aurai dû essayer de le préserver… je n'aurais jamais dû me laisser aller à être avec lui.

- Becky ?

Je détournai mes yeux de lui pour me concentrer sur Maryana:

- Ne lui fais pas de mal, je t'en prie.

La dirigeante des semi-démons soupira.

- Je croyais pourtant que tu avais compris, Rebecca. Tu es l'une des nôtres. Tu ne peux pas te permettre d'avoir ce genre de faiblesses. Les faiblesses sont tout juste bonnes pour les humains, pas pour nous. Nous sommes bien au-dessus de ça ! T'enticher d'un misérable humain, vraiment….

Je voyais déjà où elle voulait en venir mais mon cerveau refusait de l'accepter et je secouai la tête, les yeux embués:

- Maryana… s'il te plaît…
- Tu dois te débarrasser de cette faiblesse.
-       Non…
- Tue-le.

Terrorisée, je fis quelques pas dans la direction de notre dirigeante, le cœur battant la chamade:

- Non, pas ça, je  t'en prie…sanglotais-je, je t'en supplie, laisse-le partir ! Je ferai n'importe quoi, je ne le reverrai plus jamais, je ne côtoierai plus jamais un humain, pitié… ne m'oblige pas à faire ça…

- Très bien.

Je me figeai, incrédule, ne comprenant pas ce qu'elle me disait.

- Si tu es incapable de réparer tes erreurs, je m'en chargerai.

Camille se mit à hurler soudainement et je restai une seconde pétrifiée alors que Maryana utilisait son pouvoir sur lui. Je l'avais déjà vu faire, elle était en train de porter son sang à ébullition, si je ne faisais rien elle allait le tuer lentement et dans d'atroces souffrances.

- NON ! Criai-je en voulant me précipiter sur elle.

Mais Lysander m'attrapa par le poignet et un nouveau cri, cette fois de douleur, traversa mes lèvres alors que ses doigts laissaient leur empreinte brûlante sur ma peau.

- Non ! Lâche-moi ! Arrête ! Maryana, pitié, arrête… !

Les cris de Camille cessèrent et il se recroquevilla sur le sol, haletant.

- Tu es l'engeance d'un démon, tu es incapable d'aimer. L'amour ne sert à rien, l'amour n'est qu'une illusion, comme celles dont tu nous régales, Rebecca. Il n'y a pas d'avenir pour toi et lui. Tu vas le regarder mourir et avec lui mourra ce qu'il reste de ta pathétique humanité…

Elle fit un signe à Jeremy qui ne me lâcha pas du regard alors qu'il attrapait le bras gauche de leur prisonnier. Je me cachai yeux quand je compris ce qu'il allait faire mais cela ne m'empêcha pas d'entendre le craquement de ses os et le hurlement de douleur de Camille.

- Non !


La panique fit réagir mon pouvoir. Je créai l'illusion d'un éclair d'une violence inouïe s'abattant à deux pas de Jérémy. Surpris, il recula et je profitai que la poigne de Lysander se relâche pour me précipiter aux côtés de Camille.

- Camille… Camille… sanglotai-je en le serrant dans mes bras. Je suis tellement désolée…  

Il me regarda, les yeux écarquillés et posa sa main valide sur ma joue. Il voulu dire quelque chose mais je fus brusquement tirée en arrière et c'est un ultime hoquet de surprise qui s'échappa de ses lèvres avant que les flammes le dévorent.  

- Non… non ! Camille !

Je m'effondrai à genoux, en larmes, les deux mains sur ma bouche, incapable de respirer alors que je voyais la vie le quitter. Je fermai les yeux, ne pouvant pas supporter cette vision cauchemardesque de l'homme que j'aimais en train de mourir par ma faute.  

- C'est ça… nourris-toi de cette douleur, de cette peine… tu ne souffriras bientôt plus. Nous ne souffrons pas, Rebecca, c'est les autres que nous faisons souffrir.

Je voulais mourir moi aussi, je voulais disparaître, je voulais me venger et tous les tuer.
La respiration chaotique, je me relevai, sentant chaque fibre de mon corps vibrer de colère et réclamer vengeance.
Maryana sourit, satisfaite:

- Voilà, tu la sens, cette haine ? C'est ce qui fait de nous, ce que nous sommes Rebecca. Embrasse ta destinée démoniaque et plus rien ne se dressera sur ton chemin…

Je ne l'écoutai pas, je ne voulais rien entendre. Je voulais qu'elle meure, je voulais qu'ils meurent tous. Je me tournai vers Lysander qui avait précipité la fin de mon amant. Grâce à mon pouvoir je le plongeai dans un état second et le jetai à terre pour serrer mes mains autour de son cou de toutes mes forces. Je ne contrôlai plus rien. Mon pouvoir se déchaînait autour de nous et j'entendis Pandore crier. Quand je fus certaine que le meurtrier de Camille était mort lui aussi, je me relevai et cherchai Maryana du regard. Elle avait disparu. Il n'y avait plus rien, plus personne autour de moi. Puis je vis Palmer qui me regardait, une expression étrange sur ses traits:

- Tu deviendras comme nous, tôt ou tard…  mais avant ça, je m'assurerai que tu perdes tous ceux auxquels tu tiens, Scott, juste pour le plaisir… d'ici là, profite du temps qu'il te reste…

Je retombai à genoux à côté du cadavre calciné de Camille et me remis à sangloter dans mes mains, complètement perdue et incohérente en répétant :

- Non… non, je ne veux pas… je ne veux pas… pitié…


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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyDim 23 Juin - 22:51




 Sweet dreams

Cette soirée, c’était tout ce que j’aurais pu rêver en sortant de mon boulot. La normalité et la tranquillité manquaient parfois cruellement à mon quotidien. Pas que je n’apprécie pas le côté surnaturel de mon existence mais disons que ce pan de ma vie empiétait bien trop sur tout le reste. Avec Rebecca, tout se faisait tellement naturellement. Je redevenais juste l’humain qui menait une existence tout ce qu’il y avait de plus banal et ça me plaisait d’endosser ce rôle – au moins, lui, il arrivait encore à se détendre. Enfin quand je parlais de rôle, je restais moi-même avec elle tout de même. Mais je m’égarais là. Nous prenions le chemin d’un petit restaurant chinois qui proposait des plats à emporter où nous étions de vieux habitués. Une fois notre repas embarqué, on regagna mon appartement baigné dans cette odeur alléchante qui réussissait à elle seule à faire crier famine à mon estomac. Nous arrivions bien vite dans mon salon où on s’empressa d’ouvrir les paquets. Les heures défilèrent alimentées par nos éclats de rire, nos discussions sans queue ni tête, notre appétit gargantuesque et nos jeux bien à nous. Les biscuits de fortune nous ouvrirent sans grand mal d’autres horizons que s’empressa semblait-il, d’emprunter ma comparse. A sa question, je répondis d’un « Mmmh je ne sais pas, je crois qu’elle est là mais elle est malheureusement bien trop vêtue pour que je sois certain de ça. » et revenais m’emparer de sa bouche. Très vite, nous nous retrouvions l’un et l’autre sous les draps. Une très belle conclusion à cette soirée improvisée. Nos ébats nous avaient complétement éreintés. Aussi, elle tomba littéralement de fatigue dans mes bras et je l’imitais très rapidement. Avant de sombrer, je ne pu m’empêcher de remarquer à quel point sa présence dans l’immeuble m’avait manqué. Je me sentais bien, vivant et relativement optimiste. Que pouvait-il se passer après tout dans l’immédiat ? Je fermais les paupières dans cet état d’euphorie et laissa Morphée faire le reste.

Une voix semblait m’appeler. Je devais sûrement rêver, j’avais un sommeil bien trop léger. Il suffirait de reprendre le fil de mes rêves, d’ailleurs c’était quoi déjà ce songe ? Une histoire de chiens, oui, avec un … Non, quelque chose clochait, j’entendais la voix de Rebecca. Mais je ne voulais pas émerger, j’étais bien là au chaud. Était-il l’heure de se lever ? Pas déjà quand même. Encore ses intonations, je les perçois mieux et là, je suis forcé de réveiller mes autres sens. Après être sorti de ma phase de sommeil plus ou moins profond, j’ouvrais un œil et sentis les couvertures remuer violemment. Là, je l’entendis encore plus clairement, sa supplique. Je me redressais d’un bond, en sursaut, le cœur palpitant déjà dans ma gorge. Que se passait-il ? J’analysais et sondais les ténèbres, plus particulièrement la silhouette de la jolie brune pour la trouver en plein cauchemar. « Rebecca… » Je la voyais se débattre, parler – bien que je ne comprenais pas tout son discours. Des larmes inondaient ses joues, elle était en train de lutter contre j’ignorais-quoi en rêve mais rien qu’à la voir dans un tel état de désespoir, j’en fus complétement bouleversé. Je me rapprochais d’elle et tentais de la réveiller en posant ma main sur son poignet. « Rebecca, réveille-toi. »  Plus ça allait, pire c’était. Je voyais ses traits se tordre de douleur, ses cris devenant encore plus horribles à écouter. J’étais complétement flippé à mesure que ses hurlements grimpaient dans les aigües. Je devais la réveiller. Je la secouais très légèrement en répétant son prénom encore une fois. Elle chercha à me repousser violemment et en voulant la maîtriser prudemment tout en étant encore à moitié allongé, je me pris brutalement un coup d’épaule dans la mâchoire et me mordit la lèvre jusqu’à l’entailler. Elle me prenait pour un ennemi. Je fus un peu sonné et relativement paniqué. Au milieu de ses hurlements, je crus discerner un nom qui faisait rejaillir d’autres angoisses. Maryana ? C’était quoi cette histoire ? Non, j’avais du confondre. J’étais trop parano et encore trop endormi.

Bon ça suffisait maintenant, il fallait que je la sorte de ça. Je m’assis dans le lit, la pris par les épaules et la secoua avec moins de ménagements. Ses sanglots me tuaient littéralement autant que ses paroles que je ne parvenais pas à saisir. « Rebecca réveille-toi ! Réveille-toi ! » Je parlais de plus en plus fort. Elle m’appelait encore une fois, j’en avais le cœur brisé. « Becky, bon sang, ouvre les yeux ! » Après l’avoir ballottée dans tous les sens, elle finit par s’extirper de son cauchemar. Je l’entourais de mes bras directement et la plaquais contre moi « C’est fini… C’est fini… Je suis là… » J’allongeais un bras jusqu’à l’interrupteur de la lampe de chevet afin de dissiper le noir environnant sans cesser de la réconforter. « Tu es en sécurité. Ce n’était qu’un rêve. Un mauvais rêve. » Je caressais son dos, ses cheveux tout en continuant de parler. « Je suis là… Tu es à l’abri ici avec moi. Tout va bien. » Sa frayeur était assez impressionnante. Je me posais déjà dix mille questions sur ce qu’il venait de se produire  - bien entendu mais pour le moment, je me focalisais davantage sur elle. J’essayais de la calmer déjà, après on verrait. « Tout va bien. C’est fini… Je suis là. » Je posais mes lèvres dans ses cheveux au hasard continuant à frotter son dos cueillant sa peine du mieux que je pouvais en me répétant inlassablement.

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyLun 24 Juin - 14:59




Sweet dreams




J'ouvrai les yeux soudainement, aspirant une grande goulée d'air avant de me sentir entourée par des bras forts et rassurants. Je reconnu son odeur et cela me laissa confuse. Camille... ? Camille était là, il était vivant, il était près de moi. Comment était-ce possible ? Sous le choc, je m'agrippai à lui comme si ma vie en dépendait et me mis à sangloter douloureusement contre son torse. Je n'arrivais pas à m'enlever de l'esprit les images de son corps brûlé se tordant de douleur.  ​

- Camille... ?

C​'est à peine si j'entendais sa voix ou sentait sa main sur mon dos. J'étais anéantie, j'étais inconsolable. J'avais beau sentir qu'il était là, mon corps tout entier était persuadé de l'avoir perdu. Mon cœur saignait et j'étais incapable ​de m'arrêter de pleurer.

La lumière me fit tressaillir et tandis que mes yeux papillonnaient je reconnu l'appartement de Camille. Alors tout à coup, je compris ce qu'il me disait, je compris qu'il était vraiment là et que tout ça n'avait été qu'un affreux cauchemar. J’enfouis mon visage ​
dans son cou et mes sanglots empirèrent, mais c'était de soulagement que je pleurais à présent. Il était là, vraiment là.

- Ho Camille...

Je commençais à retrouver l'usage de mon cerveau et j'entendais enfin sa voix me murmurer des mots réconfortants. Je me redressais pour prendre son visage entre mes mains. J'avais besoin d'être sûre, j'avais besoin de voir ses yeux, d'avoir une preuve que ce n'était pas ça le cauchemars : être avec lui alors qu'il n'était plus.

Respirant toujours de façon chaotique je plongeais mon regard effrayé dans l'océan de ses yeux.

- Je... j'ai cru... j'ai cru que...

"... que tu étais mort..." mais je ne pouvais pas dire ça de peur que prononçer ces mots à haute voix les rendent réels.
Je posais mes lèvres sur les siennes avec désespoir alors que mes larmes coulaient toujours sur mes joues, se mêlant à notre baiser pour y laisser un goût salé.
Ce rêve sonnait comme un avertissement, une prémonition. Tout ce que j'y avais vu était susceptible de se produire un jour. Mes semblables pouvaient répandre le chaos sur terre. Camille pouvait mourir à cause de moi. Je pouvais me laisser entraîner dans les ténèbres. La voix de Maryana raisonnait à mes oreilles alors même que je ne l'avais encore jamais rencontrée.  Oui, Camille était ma faiblesse, ma faiblesse d'humaine, ma plus grosse faiblesse. Et c'était autant la raison pour laquelle j'aurais dû tout arrêter que celle qui faisait que je m'accrochais tant à lui. Mes mains caressant ses cheveux et son visage, comme pour m'assurer qu'il était bien là, je me reculai pour le regarder encore, essayant de calmer le rythme totalement affolé de mon coeur. Je n'arrivais pas à parler, je n'arrivais pas à apaiser la peur dévorante qui m'avait habitée à l'idée de l'avoir définitivement perdu.

Et soudain, cela me frappa comme une évidence. Je compris ce que j'avais refusé de formuler, même en pensée, ces derniers mois : Camille était ma faiblesse parce que je l'aimais. J'étais amoureuse de lui. Et ce sentiment, si fort, incontrolable, douloureux même, était ce qui me rattachait le plus à mon humanité. Mon cauchemars disait vrai. Si je le perdais, s'il lui arrivait quoi que ce soit, je sombrerais sans espoir de retour.

Je le dévisageai, bouleversée par cette conclusion. Comment avais-je pu prétendre ignorer mes sentiments si longtemps ? Comment avais-je pu croire que tout irait bien, que cela disparaîtrait si j'évitais de mettre des mots dessus ? J'étais une idiote, une idiote qui n'arrivait pas à respirer et qui avait l'impression de se noyer dans ses sanglots.

Je fermais les yeux et me serrai à nouveau contre lui. J'eu l'impression de rester une éternité blottie dans la chaleur réconfortante de ses bras. La douceur de ses caresses et de sa voix me fit du bien et peu à peu mon souffle et mon rythme cardiaques s'apaisèrent. Un long frisson me parcourut l'échine et j'essuyai le vestige de mes larmes avant d'oser enfin le regarder, encore sous le choc. J'avais besoin de plus pour me rassurer.

- Embrasse-moi... suppliais-je.

Je ne me détendis que lorsque je sentis ses lèvres sur les miennes, mais son baiser avait un goût ferreux et je reculai pour les regarder.

- Tu saignes!  Tu es blessé ? C'est moi qui t'ai fait ça ?    

Je tremblais toujours comme une feuille mais j'avais retrouvé un minimum de sang-froid et de lucidité. Cela dit, cela risquait de ne pas durer.

Sans oser le toucher à nouveau, de peur de lui faire mal, je secouai la tête et murmurai, la voix enraillée :

- Pardon...je suis vraiment désolée, excuse-moi... je sais pas ce qu'il s'est passé...

Je me détachai de lui, incertaine, essayant de lui expliquer ce qu'il venait de se passer alors que moi-même je ne le comprenais pas vraiment :

- Je... je n'arrivais pas à me réveiller... et c'était... ça avait l'air... tellement réel...

Je passais mes mains sur mon visage pour essayer de me concentrer et de reprendre mes esprits, mais le trop plein d'émotions de ce qui venait d'arriver risquait de me submerger à tout moment. Il fallait que je gère ça, il fallai que j'essaye de me détacher de tout ça.

- Je dois avoir une mine affreuse... fis-je avec un petit rire qui sonnait faux. Tu dois me trouver ridicule... me mettre dans un état pareil pour un cauchemars...​


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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyLun 24 Juin - 18:27




 Sweet dreams

La réalité mit un long moment à se manifester dans son esprit. Je la sentais dévastée, confuse, perdue. C’était pire que de la frayeur nocturne. Je savais de quoi je parlais, ça m’était arrivé aussi d’être enlisé dans mes cauchemars mais là, ça dépassait l’entendement. Les pleurs avaient l’art de me mettre mal à l’aise et de me rendre encore plus maladroit mais étrangement, là, je m’en contrefichais et n’y pensais même pas. J’étais perturbé par l’état dans lequel mon amie s’était retrouvée, toutes mes pensées, tous mes gestes allaient vers elle. Mon prénom raisonna dans sa bouche comme une interrogation, un non-sens à vrai dire. « Oui, je suis là. » J’étais paniqué intérieurement mais je gardais extérieurement ma fausse assurance, mon faux calme. Je veillais à ce que mes intonations soient les plus douces possibles afin de l’apaiser. Ses pulsations frôlaient la démence, je pouvais les entendre, les sentir contre moi. Mais que s’était-il passé exactement ? Avais-je le droit de lui demander ? Pour le moment, c’était précoce d’en parler, ça venait de se produire. Je devais la laisser se calmer et retrouver un peu pieds. Elle prononça à nouveau mon prénom et je compris cette fois-ci qu’elle avait émergé. Ses sanglots redoublèrent – je ne saisissais vraiment rien. Je la serrais un peu plus fort contre moi alors que ses yeux embrumés me fixèrent. Je ne pus réussir à lui sourire ou à paraître détendu, la voir comme ça me déchirait surtout que je ne savais pas faire grand-chose dans l’absolu. Elle avait cru que … Elle me laissa en suspens et engloutit le restant de sa phrase. Elle s’approcha pour m’embrasser et je me penchais alors pour l’aider à cueillir mes lèvres. Ses larmes se mêlaient avec amertume à ce baiser, me laissant même des picotements désagréables. Ah oui juste, l’entaille. Pas grave, secondaire.  Je ressentais tout son désespoir et l’absorbais un peu sans le vouloir. Je la voyais me détailler, s’accrocher à cette réalité, notre réalité. On aurait dit qu’elle avait craint de ne jamais me revoir. Était-ce de ça qu’il s’agissait dans ses rêves ? Mon estomac se contracta. Elle semblait tellement effrayée et quand elle me laissait apercevoir ses prunelles, je goûtais à son affolement irrationnel. « Becky, je suis là. Tout va bien. Je ne vais pas disparaître. » Une petite voix dans ma tête rajoutait - pas dans l’immédiat en tout cas. Je ne savais pas de quoi l’Avenir était fait. Comme je lui avais déjà dit… je ne pouvais rien lui promettre. Mais ça n’était pas le moment de revenir là-dessus ou de jouer sur les mots. Elle continuait à pleurer sans savoir s’arrêter et moi j’en perdais mes mots. Je ne savais plus quoi faire ou dire, je me contentais de la bercer très doucement en lui disant que tout allait bien. Au bout d’un moment, je la sentis un peu se décrisper. Je la gardais bien logée dans mes bras et comptais lui laisser prendre le temps qu’il fallait pour récupérer.

Elle se redressa un peu, effaça les rivières construites par son chagrin sur ses pommettes et m’ordonna de l’embrasser. Je m’exécutais aussi sec. Ses pleurs s’étaient peut-être calmés mais pas ses tremblements. Je restais donc toujours bien vigilant. Voilà qu’elle s’inquiétait pour pas grand-chose. Je passais ma paume sur sa joue. « Mais non, t’en fais pas. Je me suis mordu, c’est rien.»  Ses excuses me firent froncer les sourcils. Et avant que je ne puisse lui répondre, elle m’échappa. Elle avait peut-être besoin de souffler un peu. Je ne bronchais pas quand elle tenta de m’expliquer. Elle n’alla pas très loin sur ce chemin préférant esquiver sur des détails franchement superflus. Je posais mes doigts sur sa main. « C’est tout sauf ridicule.» Je posais mes yeux dans les siens avant d’embrasser son front et d’y poser le mien. « Rebecca, ça va aller ? … Tu veux en parler ? » Oui, c’était pour une fois impossible pour moi de passer à côté de ça et de respecter son silence. Je me demandais ce qu’il s’était passé cette nuit et durant les six mois où on avait été séparé. La fatigue me rendait plutôt audacieux et j’étais tellement chamboulé par ça que je ne me sentais pas capable de passer outre. J’aurais surement minimisé cette histoire si… Si je savais ce qu’il s’était passé dans sa vie, si je savais prendre ça à la légère en ne craignant pas qu’elle ait de vrais problèmes. Mais j’étais un idiot, bien sûr qu’elle devait en avoir. Pourquoi partir sans prévenir ? Pourquoi avait-elle eu l’air si vulnérable en plein milieu de nos ébats ? Pourquoi cette crise de panique nocturnes ? Si ce n’est la somme de soucis plus ou moins importants ? A quel point avais-je envie de m’investir et de l’aider ? Je connaissais cette réponse mais je ne pouvais pas l’assumer. Je ne devais pas additionner ses ennuis aux miens. Je ne devais pas être distrait de mon objectif. Mais quel genre de monstre laisserait quelqu’un d’aussi proche sombrer ?  J’allais gérer, compiler, je me débrouillerais. Encore fallait-il qu’elle me laisse faire. Après tout, qu’étais-je pour elle ? Un ancien voisin, un amant occasionnel … Plutôt régulier en fait si on omettait son absence. Je me mordis la lèvre et jurais en me rappelant l’avoir déjà abimée. Comment en étais-je arrivé à de telles conclusions en si peu de temps ?

Je caressais une dernière fois ses cheveux avant de me glisser jusqu’au bord du matelas et de m’y asseoir avant de me pencher pour ramasser mon caleçon et l’enfiler à la suite. Je devais bouger, m’occuper les mains comme toujours quand je me sentais un peu trop tendu. Puis ça donnait l’occasion à Rebecca de réfléchir à ce qu’elle voulait ou non me révéler sur son cauchemar. « Tu devrais peut-être boire quelque chose. Tu veux quoi? Un verre d’eau ? Du thé ? Autre chose ? » Elle devait sûrement avoir la gorge sèche après de pareilles péripéties. Je ne savais plus trop quoi faire à vrai dire, j'avais besoin de réfléchir et je n'arrivais pas à faire fonctionner correctement mon cerveau. Je me hissais sur mes jambes et attrapais le premier paquet de mouchoir à ma portée pour lui donner avant de me diriger vers le coin cuisine et d’attendre sa réponse.

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyLun 24 Juin - 22:53




Sweet dreams




Camille a écrit:
« Rebecca, ça va aller ? … Tu veux en parler ? »

Son front contre le mien m'empêchait de sombrer à nouveau mais je secouai la tête.

- Je ne sais pas...

Je ne savais pas si ça allait aller, je ne savais pas si je voulais en parler. Je n'étais même pas sûre de pouvoir faire confiance à ma voix ou à mes sentiments. J'étais encore sous le choc de cet affreux cauchemar et de la prise de conscience que j'avais eue. Parler m'était difficile. J'avais peur de trop en dire, j'avais peur de ne pas en dire assez. J'avais inquiété Camille, je le sentais dans sa façon d'être, de parler. Je me remettais tout juste de mes émotions et je n'avais pas encore pensé à l'impact que ma crise avait pu avoir sur lui. Il avait besoin de réponses, ce que je pouvais comprendre, mais je savais aussi qu'il n'était pas prêt à entendre celles que je pouvais lui donner. Décidemment, je ne lui rendai pas la vie facile. Il caressa encore mes cheveux avant de s'éloigner. C'était aussi bien, j'avais besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Il me demanda si je voulais boire quelque chose et j'acquiesçai machinalement:

- Je veux bien un peu d'eau, s'il te plaît...

Ma voix était encore enrouée. Je pris le paquet de mouchoir qu'il me tendait et le regardai se diriger vers la cuisine. Je me sentais affreusement coupable. Après la soirée parfaite que nous venions de passer, il avait fallu que ce stupide rêve gâche tout. Même si je reprenais pied, j'avais vraiment été secouée et il n'était pas étonnant qu'il en aille de même pour lui.  Je devais lui parler, lui répondre, lui expliquer. Il ne méritait pas mon silence, il ne méritait pas de s'inquiéter inutilement pour moi. Je voulais l'apaiser, et peut-être que me confier un peu m'apaiserait également. Je me levai à mon tour pour le rejoindre et me glissai dans son dos pour passer mes bras autour de sa taille. Je posai mon front contre son dos et inspirai son odeur un instant. Je ne savais pas par où commencer et pourtant les mots sortirent peu à peu tout seul:

- Pendant les années sanglantes, j'ai tout fait pour ne pas côtoyer de vampires ou de loups-garous... j'avais peur et je ne voulais pas prendre partie. Je ne voulais pas me mêler à eux. J'ai réussi à rester loin de tout ça, regardant toutes les horreurs qui se passaient autour de moi en essayant de ne pas me laisser bouffer par elles.  Et maintenant, maintenant que tout est censé être fini, j'ai cette impression... ce pressentiment horrible... qu'en réalité rien n'est terminé, et que cette fois, que je le veuille ou non, je vais devoir y prendre part...

Je fermai les yeux et resserrai mes bras autour de lui comme pour me protéger, comme pour le protéger:

- Longtemps j'ai fait des cauchemars de ces années-là... mais maintenant je rêve de ce qui pourrait arriver... mes nuits sont peuplées de carnages, Camille... de violence et de gens qui meurent à cause de moi, à cause de ce que je fais ou de ce que je ne fais pas... et ça me terrorise.  Je peux à peine prendre soin de moi : je suis incapable de protéger qui que ce soit...

J'étais faible et idiote. Lui dire tout ça ne servait à rien. Cela ne me faisait pas du bien et ça ne devait pas non plus calmer ses inquiétudes.

- Mais j'ai l'habitude de ces mauvais rêves... jamais ils ne sont aussi... sombre et aussi réaliste que celui de cette nuit...

Rien que d'en parler, je sentais l'angoisse revenir, mon cœur et mon souffle s'accélérer. Devais-je lui dire ce que j'avais vu ? Devais-je lui parler de l'image de son corps meurtri et sans vie ? Non... je ne pouvais pas, j'aurais l'impression de le revivre une deuxième fois.
Je frottais ma joue doucement contre sa peau et m'éloignai de sa chaleur à contre cœur.

- Je ne voulais pas te réveiller ou t'inquiéter, je suis désolée...je ferais mieux d'y aller...

Je fis mine de me retourner et cherchai mes affaires du regard. Il valait mieux que je sois loin de lui. Plus vite je m'en irais, plus vite il pourrait retourner dormir. J'avais suffisamment été un poids pour lui depuis mon retour, il fallait que je m'éloigne avant de définitivement tout gâcher.  A moins que cela soit déjà trop tard...


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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 0:04




 Sweet dreams

Mes doigts s’emparèrent du premier verre se présentant à moi dans l’armoire, je le posais sur le plan de travail. Allait-elle m’en parler ? Ou était-ce à ce point tabou ? Je ne pouvais pas insister. La bousculer risquait de l’achever et tant pis si ça me ferait de nouvelles angoisses à endurer. Je ne pouvais pas décemment lui extirper de force des confessions. Alors je m’enfonçais dans notre mutisme commun, le temps de quelques battements de cœur, de plusieurs respirations. Les draps remuaient, le parquet grinça et bien vite ses petits bras m’entourèrent. Je la sentais si fragile, là contre moi - à moins que cette sensation ne soit en fait que purement psychologique. Son front flirtait avec mon dos et je savais qu’elle était en train de s’imprégner de mon odeur. J’allais lui parler quand elle me devança. Je me tu et écoutais chaque mot sortant de sa bouche avec la plus grande attention. Elle se livrait à moi sur des thèmes que généralement, nous n’abordions pas. Parce que j’avais moi-même une bonne part de secret à ce sujet et que je voulais oublier toute cette atrocité quand nous nous rejoignions dans notre bulle. Je me doutais que ça avait eu un impact sur son existence – logique. Mais je ne réalisais pas à quel point les gens non impliqués dans le conflit se sentait aussi pris par les événements. Ce qui était stupide, je le concevais. Je n’étais pas parvenu à me détacher de mes intérêts personnels pour voir le reste. Becky avait souffert de cette guerre et je ne l’avais jamais vraiment su. Ma main gauche vient se poser sur les siennes nouées autour de moi et les serra fort alors qu’elle-même amplifiait son étreinte. Je crispais mes traits sur une expression mêlant incompréhension et légère colère qui sortait d’un lieu bien méconnu de ma personnalité. Pourquoi devrait-elle se mêler aux combats ? Pourquoi devrait-elle être responsable de morts ? Je ne comprenais pas. Je ne saisissais pas sa vision des choses. Pourquoi se jugeait-elle inapte à protéger les autres ? Pourquoi finirait-elle par les blesser ? Elle mélangeait tout, c’était moi ça, pas elle. Que s’était-il passé durant ces six foutus mois ? Pourquoi… Je fermais les yeux conscient que je ne pouvais pas en attendre plus de ces révélations, c’était déjà plus que ce que j’aurais pu rêver. Et c’était tellement violent comme je voulais la protéger et la préserver de tout ça. J’avais envie de lui dire qu’elle n’avait pas à prendre position, qu’est-ce qu’il la forcerait à le faire ? A part moi bien sûr… Les humains avaient la PES, elle n’avait aucune raison de se mêler de ces histoires. Je refusais qu’elle le fasse à vrai dire mais je n’avais pas le droit de lui dire ça. Une bonne partie de sa tirade, je la partageais. Nous étions sur la même longueur d’ondes sans le savoir. Mais moi c’était normal, j’étais un métamorphe. J’étais plongé directement dans la guerre, j’avais mes responsabilités mais elle ? Pourquoi croyait-elle que…

Je ne pouvais pas plus en avant me torturer à propos de tout ce que je ne savais pas car soudainement, elle se décolla de moi et se mit à marmonner une aberration qui me cloua sur place. Ma propre impuissance face à sa détresse se mua en quelque chose de proche de la colère.  Je l’arrêtais d’un mouvement vif en la prenant par le poignet. « Attends Becky, tu crois vraiment que je vais te laisser partir maintenant ? Il fait nuit et tu es bouleversée. Je ne te laisserais pas franchir cette porte. »  Je me rendais compte à quel point j’avais été intransigeant dans ma façon de l’arrêter, ça ne me ressemblait pas tant que ça. Je me calmais très vite et l’attirais contre moi. «  Reste avec moi. Et arrête de t’excuser. »  Finalement, je la soulevais sans lui laisser le choix et la porta jusqu’au lit où je l’allongeais avant de revenir sur mes pas et de lui servir ce fameux verre d’eau. Je revins jusqu’à elle pour lui donner et m’assis ensuite dos à elle sur le bord du matelas tout en cherchant mes mots. Je ne savais pas encore trop quoi répondre par rapport à ce qu’elle m’avait confié. De peur d’en dire de trop, de peur de trop chercher à savoir, de peur de… Je pouvais être la cause qui la mènerait à ces cauchemars, l’impliquant bien trop dans ça.  Je savais que j’aurais dû mettre un terme à nos petits jeux depuis longtemps. Je repoussais encore cette échéance à plus tard car ce n’était pas le moment d’avoir ce type de débat avec ma conscience. « Je ne peux pas te promettre que cette guerre ne finira pas reprendre, Becky. » Ca non, j’étais assez immergé dans les histoires politiques liées à la meute. « Ce n’est pas ton rôle de protéger les autres. Et tu ne peux pas te blâmer de rester en retrait. Ce conflit nous dépasse tous. » J’avais vraiment du mal d’en parler de manière détachée alors je préférais revenir sur les termes qui me chiffonnaient la concernant. Je me rapprochai d’elle et la détaillais. Je ne sais pas d’où me venait tout à coup cet élan de compassion et d’affection démesurée pour la créature qui avait élu domicile dans mes draps mais une foule d’émotions m’étreignirent si vivement que j’en fus un moment déstabilisé. Le fait qu’elle ait une si piètre opinion d’elle me rendait malade. Et avant que je ne puisse démêler toutes mes pensées déjà bien trop enchevêtrées, ma main s’avançait sur sa nuque. « Protéger quelqu’un ne signifie pas seulement lui épargner des blessures physiques. » Si elle savait le nombre de fois qu’elle m’avait réparé d’une certaine façon après la violence des combats, après que je sois sorti de situations morbides et sanguinaires. Sa présence ponctuelle au milieu du chaos avait ordonné et contribué à conserver mon équilibre psychologique instable et le poids de mes implications. « Ce n’est pas parce que tu ne vois pas les effets de tes actes qu’ils sont nuls et non avenus. Rebecca, tu te sous estimes. L’avenir n’est peut-être pas très radieux mais je te connais. Tu sauras prendre les bonnes décisions. » Je venais de me livrer bien trop, non ? Oh, j’en savais rien, je m’en foutais.  « Pour tes cauchemars… Je n’ai pas grand-chose à te conseiller. »  Moi quand j’avais des terreurs nocturnes, je sortais voler une heure ou deux pour me calmer… « Le mieux c’est de se distraire avant de se recoucher. »  Je pris sa main dans la mienne. Je crevais d’envie de lui dire que j’étais là moi ce soir, qu’elle n’était pas seule et qu’il ne lui arriverait rien tant que je serais là mais c’était faux. Complétement faux. Je risquais même de provoquer ses peurs. Je voulais cesser d’y penser. Je me mis à caresser son bras de long en large du bout des doigts. J’avais envie de lui promettre tellement de choses et j’avais envie de m’étrangler en même temps pour oser songer ça. Je ne savais vraiment plus où j’en étais – pour changer tiens. « Est-ce que je peux faire quelque chose ? »  Ça m’avait un peu échappé. Je parlais pour cette situation et de façon générale. J’avais entraperçu quelque chose d’insoupçonné chez elle et je désirais déjà gratter plus, en découvrir davantage afin de mieux combler ses brèches. Pour qui je me prenais franchement ? Sûrement pas pour celui que j’étais. Un pauvre crétin de métamorphe qui partageait son lit avec une fille trop bien pour lui.

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 9:10




Sweet dreams



J'étais déjà en train de me dire que j'allais devoir commander un taxi quand Camille m'attrapa par le poignet et me fit savoir qu'il n'avait pas l'intention de me laisser partir. Et aussi brusque qu'étaient ses mots, ils me firent du bien. Je n'étais pas certaine d'être en état de retrouver ma chambre d'hôtel maintenant.

- Cam...

Il m'attira contre lui avec plus de douceur et un sourire se dessina sur mes lèvres quand il me demanda, m'ordonna même, de rester avec lui et de cesser de m'excuser. Je ne demandais pas mieux. Bien au contraire, j'avais besoin de sa présence. Je reconnaissais mieux les signes de ma dépendance maintenant que j'en avais enfin pris conscience. Aussi chaotique qu'elle pouvait parfois être, notre relation était ce qu'il y avait de plus positif dans ma vie. Il me faisait du bien, dans tous les sens du terme. Il me détendait, il me rassurait. Je n'avais pas ressenti ça depuis... depuis quand au juste ? Je ne m'en souvenais pas.
Il me prit par surprise en me soulevant et en me portant sur le lit avant d'aller me chercher mon verre d'eau avant de s'asseoir sur le bord du lit. Je bus quelques gorgées, ne me rendant compte à quel point ma gorge était asséchée que lorsque le liquide bienfaiteur l'apaisa. Je vidai le verre avant de le poser sur la table de nuit.  La suite de ses mots me laissa songeuse et coupable. Il continuait à me répéter qu'il ne pouvait rien me promettre. Je le savais et je ne lui avais pas demandé de le faire. Mais alors que j'avais clamé être une  grande fille, je continuais à ne lui montrer que les facettes de la fillette terrorisée. C'était tellement égoïste de ma part... je voyais bien que cela réveillait quelque chose en lui, même si je ne comprenais pas quoi.
Camille a écrit:
« Ce n’est pas ton rôle de protéger les autres. Et tu ne peux pas te blâmer de rester en retrait. Ce conflit nous dépasse tous. »
Sur ce point, je ne pouvais qu'être d'accord avec lui. Personne ne m'obligeait à me sentir concernée, mais je l'étais. C'était moi qui m'étais imposée cette mission de protéger ceux que j'aimais plutôt que de rester les bras croisés. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'avais accepté de collaborer avec Mc Borough, pour avoir l'impression d'être utile. Je m'en étais tellement voulu de n'avoir rien fait toutes ces années. Je n'étais pas une héroïne, loin de là, et je me battais tous les jours avec mes peurs, mais je savais que je pourrais devenir une véritable tigresse si on s'en prenait à mes proches. Mon rêve me l'avait confirmé et les extrémités auxquelles cela pourrait me conduire m'inquiétaient. Serais-je vraiment amenée à renier mon humanité pour protéger ceux que j'aimais ? Cette perspective me donnait la nausée. Heureusement, la main de Camille sur ma nuque, comme un baume apaisant, me détourna de ces pensées.
Camille a écrit:
« Protéger quelqu’un ne signifie pas seulement lui épargner des blessures physiques. Ce n’est pas parce que tu ne vois pas les effets de tes actes qu’ils sont nuls et non avenus. Rebecca, tu te sous estimes. L’avenir n’est peut-être pas très radieux mais je te connais. Tu sauras prendre les bonnes décisions. »

Je me mordis la lèvre, émue. Il avait l'air sincère. Comment pouvait-il me témoigner une telle confiance alors que j'en étais moi-même incapable ? Je doutais de chaque décision que je prenais et lui, avec son naturel déconcertant, m'assurait que je prenais les bonnes. J'avais du mal à le croire, pour la simple et bonne raison que d'être ici avec lui était déjà une mauvaise décision. Mais cela me faisait tant de bien, cela me rendait heureuse. N'avais-je pas le droit à ces quelques parenthèses de bonheur ? Ne pouvais-je pas profiter de ces moments privilégiés dans notre bulle avant que celle-ci n'éclate et que la vie nous rattrape ? J'avais déjà profondément ébranlés notre paix plusieurs fois depuis mon retour. Mais Camille n'avait pas encore fui et je n'avais pas encore eu le courage de m'éloigner. Et plus le temps passait, plus je me répétais que ce n'était qu'une question de temps et que bientôt je devrai vraiment m'en aller, plus je doutais d'en être vraiment capable. Je nous mettais tous les deux en danger, et pourtant, le quitter, l'abandonner encore une fois, était au-dessus de mes forces.
Il me conseilla de me distraire avant de me recoucher et je lui souris bravement en acquiesçant. Je savais que je ne dormirais plus cette nuit-là, peut-être même pas les suivantes, mais je ne voulais pas l'inquiéter davantage. Je lui étais tellement reconnaissante d'être là pour moi, avec moi.
Il me caressa doucement le bras et me demanda:
Camille a écrit:
« Est-ce que je peux faire quelque chose ? »  
J'eu l'impression que mon cœur battait plus fort, gonflé de tendresse pour Camille. Quand était-il devenu si prévenant ? L'avait-il toujours été ? J'avais l'impression d'avoir complètement occulté une partie de nos rapports en refusant d'admettre mes sentiments. Il avait toujours été là pour moi depuis que nous nous étions rencontrés. Même lorsque nous n'étions qu'amis, il m'arrivait de chercher du réconfort dans sa compagnie. Bien sûr, cela avait pris d'autres proportions quand nous avions commencé à coucher ensemble. J'avais beau retourner ça dans tous les sens et me dire que c'était mal, je ne regrettais pas un seul instant. Ma main trouva le chemin de sa joue et je lui souris, sincèrement cette fois.

- Tu fais déjà tout ce qu'il faut... merci... soufflais-je en posant mes lèvres sur les siennes.

Je m'agenouillai pour être à sa hauteur et passer mes bras autour de sa nuque, bien décidée à nous changer les idées à tous les deux.

- Dis-moi quelque chose que je ne sais pas sur le grand Camille Fontayn ! Proposais-je avec enthousiasme en venant embrasser son cou. Une de tes plus grosses bêtises d'adolescent ou ton plus bel exploit ! J'ai besoin de distraction, tu l'as dit toi-même...

Je lui fis un petit sourire innocent avant de le faire changer de position pour me glisser contre lui, mon dos plaqué contre son torse, ses bras protecteurs autour de moi tandis que mes doigts traçaient de multiples arabesques sur sa peau.  J'avais essayé de reprendre un ton plus léger et de me défaire de toutes les émotions négatives que j'avais accumulées dernièrement. Je voulais parler, je voulais l'écouter, je voulais être bercée par ses bras et par sa voix. J'étais nettement mieux ici avec lui que seule dans ma chambre d'hôtel miteuse, d'ailleurs, cela me faisait penser:

- Ho, je ne t'ai pas dit : une amie à moi va m'héberger quelques temps ! Je vais enfin quitter cet horrible hôtel ! Il faudra qu'on fête ça ...

Pourquoi pas en étrennant mon nouveau lit ? Oui, tous les prétextes étaient bon, nous avions tous les deux grandement besoin de nous changer les idées. A cet instant précis, peu importait si je méritais ou pas d'avoir Camille dans ma vie. Il était là, et je n'avais pas l'intention de le laisser s'en aller. Je voulais rester avec lui et arrêter de m'excuser constamment... exactement comme il me l'avait demandé...


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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 12:15




 Sweet dreams

J’accueillis ses lèvres et puis son sourire qui atténua fortement la peine que son cauchemar avait creusé dans ma poitrine. Je n’étais pas doué généralement pour réconforter les autres, trouvant mal les mots, me laissant déstabilisé trop facilement. Peut-être que je n’avais pas tout foiré avec elle finalement. Ses bras m’entourèrent la nuque et j’avais désormais une très belle vue sur son magnifique corps. J’allais devoir me concentrer pour ne pas me laisser distraire. C’est là qu’elle décida de zapper le sujet de notre malaise antérieure et de nos discussions. Je comprenais qu’elle ne veuille pas s’étendre là-dessus et j’allais bien entendu respecter ça. Je ne voyais pas quoi ajouter et il fallait comme je l’avais suggérer – passer à autre chose, tenter d’oublier. Sa question me désarçonna parce qu’elle venait vraiment de passer du coq et à l’âne. Et puis aussi, surtout, parce qu’être le centre de la conversation ne me plaisait pas vraiment. Je devais souvent omettre, esquiver tout ce qui toucherait de près ou de loin aux secrets que je désirais conserver. «  Houlà… » Je voulais aussi la détendre donc je me mis mentalement en quête d’une anecdote sympathique neutre. Mmmh… L’adolescence… A vrai dire, si on retirait toute la partie «  je dissimule mon côté animal, et mes tentatives de vol », il ne restait rien d’intéressant. Ma vie de gosse de riche était plate, sans saveur, banal. J’avais expliqué à Rebecca que je venais d’une famille aisée sans préciser à quel point nous étions riches. Je ne lui avais pas parlé de mon appartement grand luxe que j’avais occupé à Edimbourg, ni de ma Porsche offerte par mon paternel et encore moins du reste. Notre demeure avait plus des allures de grand manoir que de maison et j’avais eu un précepteur à domicile quand j’étais petit – ça en disait très long. Bref, Becky ignorait que j’avais été un riche héritier – traqué même pas la presse people à une époque. Avait été, oui car je ne comptais pas reprendre la société de mon père. Bref. Tout ça importait peu, c’était dans une autre vie. Mais c’est de ça qu’elle voulait que je parle. Je réfléchissais durant de longues secondes avant de trouver un juste accord entre l’humour et la préservation de ce que j’étais et avait fait. « Mmmmh… Je pense qu’on peut dire que c’est une de mes plus grosses bêtises et aussi mon plus bel exploit. J’ai réussi à gâcher une soirée importante organisée par mes parents quand j’avais quelque chose comme 17-18 ans en démarrant une bagarre en plein milieu du salon. Je pense que personne ne s’attendait à finir la soirée à l’hôpital… Et pourtant… » Je souris en y repensant. Ça ne me ressemblait pas ça, elle devait le savoir. J’étais du genre pacifique. Les raisons de ce débordement ? La pleine lune déjà – qui me rendait aussi irritable qu’impatient, surtout que je contrôlais moins bien mes pulsions animales à l’époque. Puis, je venais d’apprendre pour Rachelle, quand je n’étais pas déprimé, c’était la colère qui dominait. Je soupirais à ce songe avant d’enchaîner. « Donnant-donnant. Je veux aussi une anecdote. » Je penchais alors la tête vers elle et glisser mes doigts sur sa bouche. « A moins que tu préfères action à vérité ? » Je lui offris un autre rictus puis la laissa réajuster notre position.

Je retirais ses cheveux de son cou pour venir ensuite le couvrir de baisers, j’y calais ensuite ma tête et appréciais son odeur. Nous arrivions si bien à passer de la tension à la détente, ça en frôlait le ridicule. Elle me confia avoir trouvé une solution alternative concernant son logement et je fus surpris de réaliser qu’une partie de mon être se détendit considérablement en apprenant la nouvelle. Je n’avais pas réalisé que j’avais porté cette histoire comme un poids, comme un souci supplémentaire. C’était complétement inconscient de ma part. Je ne réalisais vraiment pas ce qu’ils se passaient entre elle et moi. Je mordis l’intérieur de la joue et me redressa un peu pour poser mon menton sur le sommet de son crâne. Elle n’allait pas vivre seule en plus, ça me rassurait deux fois plus du coup. Surtout après cet épisode de frayeur… « Ça, c’est une très bonne nouvelle, à fêter en effet. Tu seras de quel côté du coup ? »  Oui, je venais bien de lui poser innocemment cette interrogation. Je vins caresser le creux de son cou – c’était indéniablement un endroit que je chérissais. « Si il faut t’aider pour déménager tes affaires...  Mes muscles et moi-même sommes à ta disposition. »  Un coup de tête ? Un peu. Ça ne me semblait pas déplacé pour un ami de longue date de proposer un coup de pouce. Oui, je conscientisais bien que j’avais souvent un emploi du temps assez chaotique mais j’arriverais bien à tout organiser. J’étais doué pour ça. Soudainement, je la pris par la taille et la fit basculer vers l’arrière avec moi. Elle se retrouva allongée sur moi et je la retournais bien vite pour venir l’embrasser longuement avant de reculer légèrement pour l’admirer. « Dis-moi ton secret, tu as vendu ton âme au diable en échange de toute cette beauté, c’est ça? » Je revins très vite poser ma bouche sur la sienne avant d’observer la vitre juste à côté et d’ajouter. « Je pense qu’on aura droit au lever du soleil sous peu. » Je pris une des couvertures pour  la jeter sur nos deux corps enlacés, je trouvais qu’il faisait un peu frisquet, surtout que nous n’étions pas très habillés.

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 22:39




Sweet dreams



Je me mis à rire lorsqu'il me raconta ses exploits, et leva les sourcils, surprise :

- Nooon ? Tu m'avais caché cette facette de ta personnalité ! Humm tu dois être super sexy quand tu t'énerves...    

Je le taquinais, amusée. De toute façon, Camille était toujours sexy quoi qu'il fasse. Je n'avais pas pensé qu'il me retournerait la question. Mon enfance avait été des plus banales si on excluait les conditions de ma naissance - et de ma conception- mais à l'époque j'ignorais que j'étais l'enfant d'un démon. J'étais juste une orpheline recueillie par un couple de Belges sympathiques. Leurs fils avaient été mes frères de cœur. Je n'y pensais pas souvent car je me sentais terriblement coupable de ma fuite. Je regrettais de ne pas leur avoir donné de nouvelles quand j'avais retrouvé mes esprits. Mais j'étais à des centaines de kilomètres de chez eux et l'adolescente perturbée que j'étais avait pensé qu'ils étaient finalement mieux sans elle. Adam et Noah me manquaient. Je me demandais bien ce qu'ils étaient devenus. Nous avions fait les 400 coups tous les trois. Ma plus grosse bêtise était sûrement d'être partie de chez eux sans un mot, sans prévenir. Mon plus bel exploit... je n'étais pas sûre qu'il y en ait eu un... C'était Adam qui avait toutes les idées foireuses, Noah et moi nous contentions de le suivre dans ses aventures la plupart du temps. Je n'avais rien contre l'action que me proposait Camille en alternative à mon histoire, mais je voulais jouer le jeu.

- Je t'ai déjà parlé de ma famille d'accueil ? Les Mathissen, c'était des gens formidables. Ils avaient deux fils qui étaient comme des frères pour moi. L'aîné, Adam, était toujours en train de nous fourrer dans les problèmes, mais je prenais souvent le blâme à sa place car sa mère était beaucoup plus indulgente avec moi. Un jour où nous n'étions que tous les trois, Noah était monté sur le toit pour essayer de sauter comme Adam prétendait l'avoir fait. C'était un mensonge bien sûr, mais il était toujours en train de taquiner son petit frère. J'avais peur qu'il se fasse mal et je suis montée pour essayer de le faire redescendre. Sauf que c'est moi qui suis tombée...et je me suis cassée le poignet. Noah n'arrêtait pas de pleurer. J'avais.. 14 ans je crois. Adam a appelé les secours et les pompiers sont venus pour m'emmener à l'hôpital. Florine était tellement folle d'inquiétude quand elle est venue nous chercher qu'aucun de nous ne s'est fait engueuler. Après ça, Adam est devenu le grand frère exemplaire et c'est moi qui ai pris le relais avec les bêtises... je crois que j'avais besoin de ça pour me sentir exister dans cette famille qui n'était pas vraiment la mienne.  

Cela faisait beaucoup plus d'informations que j'avais voulu en donner en premier lieu. Je rajoutai, malicieuse :

- Mais je veux bien un baiser, quand même, en guise d'action !

Ce n'est pas un mais plusieurs baisers qu'il déposa dans mon cou me faisant glousser. Je profitais de cette petite parenthèse pour lui parler de mon prochain déménagement et il me demanda où j'allais habiter:

- A livingston, mais c'est temporaire, seulement pour me dépanner quelques temps. Je reviendrai vite à Glasgow.

Il me proposa ses services pour le déménagement et je souris me mordant les lèvres d'un air intéressé. Camille, torse nu en train de porter mes affaires... appétissant.

- Humm... c'est gentil, merci, j'y penserai... hou !

Je poussai un petit cri suivi d'un éclat de rire lorsqu'il me prit par la taille et me fit basculer en arrière avant de me retourner pour que je lui fasse face. Je me retrouvai bien vite allongée tout contre lui et il m'embrassa longuement, finissant de faire disparaître les dernières ombres de mon cauchemar. Ses lèvres se retirèrent trop vite des miennes et il me lança un regard admiratif qui me fit rougir.

Camille a écrit:
« Dis-moi ton secret, tu as vendu ton âme au diable en échange de toute cette beauté, c’est ça? »

Mon cœur rata un battement mais je souris et secouai la tête en levant les yeux au ciel. Je préférais ne pas penser à combien il était proche de la vérité pour me concentrer sur le compliment.

- Si je te le dis, ce ne sera plus un secret...

Il m'embrassa encore et j'acquiesçai lorsqu'il parla du lever du soleil. La vue avait toujours été très agréable depuis chez lui le matin, alors que de chez moi, on avait le soleil couchant. Il jeta la couverture sur nos deux corps peu vêtus et je chassais une mèche de son visage. Je sentais qu'il luttait contre la fatigue alors que ses yeux papillonnaient. Le pauvre, j'avais largement amputé son temps de sommeil.

- Dors encore un peu... soufflais-je en l'embrassant sur le front, laissant mes doigts lui caresser doucement les cheveux pour finir de l'endormir.  

Il ne fallu pas longtemps pour qu'il cède et s'endorme. Je restai un moment à laisser glisser mes doigts sur sa peau, regardant le lever du soleil par la fenêtre, profitant de cette parenthèse de sérénité après la panique de la nuit.

Je finis par m'extirper doucement du lit, prenant bien soin de ne pas réveiller mon compagnon et remontant les couvertures pour ne pas qu'il ait froid. Puis j'entrepris de me mettre quelque chose sur le dos. Je me souvenais parfaitement de sa dernière réflexion concernant ses vêtements qui m'allaient si bien et je ne voulais pas le faire mentir. Je me dirigeai donc vers l'armoire pour y chercher quelque chose à porter.  Je jetai mon dévolu sur une chemise, mais je fis tomber le cintre et une partie des affaires tomba sur le sol. Je pestai et m'agenouillai pour les ramasser mais je me cognai dans une boîte qui tomba sur le sol en renversant son contenu. Des photos. J'enfilai la chemise de Camille par dessus mes sous-vêtements et ramassai les photos, intriguée. J'emportai la boîte avec moi dans la cuisine et étudiai les clichés. Sur la plupart d'entre elles, je reconnu Camille, enfant ou adolescent. Sur quelques unes, il était en charmante compagnie, une beauté rousse à l'air un peu hautain. Je fis sèchement taire la vague de jalousie qui s'était réveillée dans mon estomac à la vision d'un Camille détendu et amoureux. Une partie de moi voulait être à la place de cette fille sur ces photos. Une autre, plus lucide, était consciente que c'était du passé. Je me surpris à sourire en voyant ce petit garçon plein de vie, monter aux arbres et courir après les mouettes. Il avait l'air tellement heureux. Je fus plus intriguée par les clichés qui le représentaient adolescent, avec ses amis, en soirée, habillé chic avec une flûte de champagne à la main dans des décors somptueux. Je savais que la famille de Camille était aisée mais je n'avais pas imaginé  quel point. Ce que je voyais sur ces photos étaient tellement loin de ce que je connaissais du Camille d'aujourd'hui que j'avais presque du mal à le reconnaître.  

Plus d'une heure plus tard, j'allumai la cafetière alors que mon être réclamait sa dose de caféine pour tenir.  Alors que le café coulait, embaumant la pièce, je tombais sur d'autres clichés dont une photo de Camille et ses parents auxquels il ne ressemblait pas du tout. Mais j'étais mal placée pour dire ça. Je n'avais aucune idée de ce à quoi ressemblait ma mère et mon père était un démon... et dans l'attitude, il y avait un indéniable air de famille entre Camille et ses parents. L'argent faisait parfois cet effet. Je me demandais ce qui s'était réellement passé pour qu'il change autant et passe de ce fils à papa fortuné et détendu au barman sexy et angoissé avec qui je partageais mes nuits.  
Je me servis une tasse de café, pensive. Il avait du lui arriver quelque chose pour qu'il coupe les ponts avec ses parents mais s'il ne voulait pas en parler, j'étais mal placée pour lui reprocher.

Je bus une gorgée en fermant les yeux. Quand je les rouvris, je vis que Camille s'était réveillé et je lui souris. Je posai ma tasse et en remplis une seconde avant de la lui apporter, m'asseyant sur le rebord du lit.

-  J'ai fait une découverte très intéressante en te piquant une chemise, fis-je innocemment, bien consciente que la chemise en question lui donnait une vue imprenable sur les parties les plus stratégiques de mon anatomie.

Je lui montrai l'une des photos et souris :

- Tu étais très mignon quand tu avais cinq ans !

J'avais un peu l'impression d'être entrée dans son intimité sans en avoir eu l'autorisation et cela me gênait, c'est pourquoi j'ajoutai:

- J'espère que tu ne m'en veux pas, je suis tombée dessus par hasard, je les ai renversés sans faire exprès et... quand j'ai vu ta bouille je n'ai pas pu résister... Tu es même en très bonne compagnie sur certaines...






Dernière édition par Rebecca Scott le Dim 14 Juil - 13:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Juin - 0:14




 Sweet dreams

Le cauchemar semblait déjà un peu plus loin maintenant derrière elle, nous et il nous avait donné au moins l’opportunité  de creuser un peu nos connaissances l’un sur l’autre. J’avais écouté attentivement l’histoire de Rebecca qui avait sans mal pris forme dans mon esprit. Je l’imaginais bien enfant, avec ses grands yeux verts observant avec intérêt son  petit frère. Je ne pu me défaire de mon sourire durant son récit, le trouvant tellement fascinant. Chaque chose que j’apprenais sur elle et sur sa vie, l’était étrangement, fascinant. Chaque détail avait façonné la femme qui se tenait devant moi et même si pas mal de pièces manquait au tableau, je m’en fichais. J’acceptais ce qu’elle m’offrait et le chérissait d’une certaine façon. Je n’avais que très rarement construit des amitiés durables et solides alors celles que je possédais, je veillais à les enrichir et les sauvegarder autant que je le pouvais, autant que possible. C’est une des milles raisons qui m’avait fait freiner des deux pieds quand l’attirance qui nous unissait avait atteint son paroxysme. Honnêtement, avant cette soirée arrosée, j’avais manqué de me jeter sur elle un milliard de fois. Les soirs de pleine lune, je la renvoyais sans ménagements parfois. Je repensais à notre première nuit, la première fois que j’avais pu toucher ses lèvres, son corps et… sentis mes yeux se fermer peu à peu. Mince, je commençais à somnoler. J’essayais reprendre un peu pieds en secouant légèrement ma tête mais je fus pris en flagrant délit par ma comparse. Je ne voulais pas la laisser alors que le Soleil n’avait pas encore poussé ses premiers soupirs, je ne voulais pas qu’elle remue ce qu’elle venait de vivre. Mais finalement, malgré toute ma bonne volonté, son murmure et ses gestes tendres finirent par me faire sombrer définitivement. Je glissais dans les méandres d'événements que mon subconscient projetait en rêve et n’en retint rien, ce qui n’était pas plus mal.

Quelques heures plus tard, j’émergeais enfin. L’odeur du café vint me chatouiller les narines et j’haussais un sourcil interrogateur avant d’ouvrir vraiment les yeux. Je me redressais péniblement pour apercevoir au loin la jolie brune dans la cuisine. Elle n’avait donc pas su se rendormir, ça ne devait pas m’étonner. Je m’en voulais d’avoir si facilement céder au sommeil alors qu’elle avait veillé le reste du temps. Je posais mes paumes sur mes paupières et les compressa pour tenter d’abolir la fatigue qui me tenaillait encore. Heureusement ma charmante compagnie vint m’apporter un breuvage miracle dont l’arôme suffisait à me réconforter lors de réveils difficiles. Je l’acceptais en lui renvoyant sans mal son sourire. Ma voix était encore enraillé quand j’articulais. « Merci pour le café. Oh mais cette chemise sur toi est déjà une découverte très intéressante pour moi. » Taquin, je vins poser ma paume sur sa cuisse alors que de l’autre main, je levais ma tasse pour en boire une longue gorgée. Je manquai de m’étouffer avec quand elle me montra la photo. Où avait-elle trouvé ça ? Bon, je devais d’abord avaler correctement, après on verrait de quoi il en retournait. C’est ce que j’essayais exactement de faire quand elle mentionna le fait qu’il y en ait plusieurs et qu’apparemment, j’y étais accompagné… Je m’étranglais définitivement, récupérant alors mes doigts posés sur sa jambe pour les mettre devant ma bouche alors que je toussais. Je mis une bonne minute avant de parvenir à respirer correctement. Nom d’un chien où avait-elle déniché tout ça ?  Et qu’est-ce qu’elle avait vu exactement? Je pris la photo qu’elle m’avait apporté et la détaillais.  « Ah... oui… » Je cherchais déjà du regard les autres, atrocement livide. J’essayais de remettre un peu d’ordre dans mes pensées. Elle avait dû tomber sur ce que j’avais planqué dans l’armoire. Je me rappelais bien de la boite que ma mère m’avait forcé à embarquer, je savais qu’elle contenait des photos mais je n’avais jamais pris le temps d’aller vérifier le contenu. C’est pour ça que je m’inquiétais sérieusement de ce qu’elle y avait trouvé. Il ne devait pas y avoir que des photos de bambin là-dedans. Je prenais ça très au sérieux, trop au sérieux. Parce que c’est quelques clichés c’était sûrement déjà bien plus que ce que je lui avais révélé sur moi. C’est comme si je m’étais livré, qu’on m’avait livré sans que j’y aie consenti.

Je tentais de prendre un ton faussement détaché sachant très bien que mon expression faciale parlait déjà bien trop pour moi  « Laisse-moi constater par moi-même quelles atrocités ont été exposées. » J’avais voulu que cette phrase sorte avec humour mais au final, elle raisonnait plutôt comme une plainte. J’étais mauvais comédien ce matin, la surprise et le réveil ne m’aidaient pas à retrouver mon calme fictif. Je me glissais jusqu’au bord du matelas en finissant d’une traite le nectar qui reposait toujours dans ma main et me levais. J’allais alors jusqu’à la cuisine où s’étalait un pan de mon existence révolu. En fait, je réalisais que je n’avais jamais voulu que Rebecca connaisse cette partie de ma vie parce qu’elle ne me ressemblait pas, elle était limite encombrante. Je n’avais pas vraiment honte de ce que j’avais été mais… Je ne sais pas, ça me mettait mal à l’aise. Et encore je n’étais pas au bout de mes surprises là, alors que j’atteignais le plan de travail. Bon ben si j’avais voulu rester évasif sur l’opulence dans laquelle j’avais été élevé, maintenant c’était complétement fichu. Comme je regrettais qu’elle ait dû me voir dans l’habit du parfait crétin, du gosse de riche. Je passais en revue l’ensemble de ses découvertes, complétement écœuré par les scènes qui se suivaient devant mes yeux, par mon insouciance, ma naïveté et mon arrogance. L’apogée fut atteinte quand je constatais que dans le lot, Rachelle s’était glissée. Avec horreur, je regardais nos moments volés immortalisés. On ne pouvait pas douter de notre relation, pas plus de ce que je ressentais en regardant tout ça. A l’époque, je n’étais pas très discret. Je me mordillais la lèvre. Merci maman, merci beaucoup. Elle n’avait jamais su la cause de notre rupture et elle l’aimait bien. Ce qui expliquait sa présence ici en Ecosse avec moi. Est-ce que je devais me justifier auprès de Becky ? Bon sang, je n’avais vraiment mais vraiment pas envie de parler de cette nana. J’en avais parlé à personne et je ne voulais pas que ça commence avec elle. Revoir la rouquine ne m’avait pas autant remué que je l’aurais pensé. Bon il y avait prescription aussi mais... Je me souvenais avec exactitude des dégâts qu’elle m’avait causés mais plus du tout des sentiments positifs qu’elle avait pu susciter. Au final, elle ne m’avait rien laissé si ce n’est une certaine amertume pour l’adolescent que j’avais été. Elle avait très certainement conditionné mes autres relations. La première histoire d’amour est toujours déterminante il parait. Bref, je m’égarais.

J’avais envie de tout jeter à la poubelle dans un mouvement rageur mais bien évidemment, je n’en fis rien. Je reposais ce que j’avais pris là où s’était et me dirigea très naturellement vers la cafetière pour me resservir. Je ne savais pas quoi dire, j’étais tellement mal qu’elle soit tombée là-dessus. Une bonne partie de ce que je jugeais intime venait d’être dévoilé. Après, c’est ma faute aussi, je n’avais pas réfléchi à une cachette plus élaboré pour ça. J’allais devoir m’exprimer sur le sujet aussi dérangeant et angoissant qu’il était. « Je ne savais même pas que j’avais tout ça. C’est ma mère qui m’a forcé à les embarquer quand j’ai quitté la France. » C’était une façon détournée de lui faire comprendre que non, ce n’était pas mon délire de me promener avec des photos de mes ex. Enfin de ma seule ex… Mais ça, elle l’ignorait. Dieu merci. Je n’étais pas encore parvenu à me retourner pour la regarder, conscient que mon trouble se lisait aisément sur mes traits. Je bu un peu de café et ajoutais. « Heureusement pour nous, tu n’es pas tombée sur une des soirées à thème costumées. Je me rappelle d’un Halloween terrifiant. » Je cherchais à paraître encore détaché, nonchalant, ce qui n’était pas du tout le cas. En fait, je me sentais blessé et exposé. Ça me stressait à un point inimaginable. J’avais peur de savoir ce qu’en pensait Rebecca. Et là, dans l’immédiat, je ne trouvais pas d’autres moyens d’aborder tout ça sans en dévoiler de trop sur mon histoire.

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Juin - 9:38




Sweet dreams


Si j'avais imaginé un instant la réaction de Camille à l'évocation de ses souvenirs de famille, j'aurais remis la boîte à sa place et prétendu n'avoir rien vu. Il faillit d'abord s'étouffer avant de pâlir brusquement. Cela m'inquiéta mais je n'osais plus dire quoi que ce soit. Il essaya de garder un ton léger, mais je n'étais pas dupe. Il semblait secoué.
Je le regardai se lever en finissant son café et rejoindre la cuisine sur la table de laquelle s'étalaient les photos. Elles avaient l'air de lui rappeler de mauvais souvenirs. Il s'en détourna après en avoir observé quelques unes et se resservit un café. Je le rejoignis prudemment, n'osant toujours rien dire alors qu'il m'avouait avoir oublié leur existence. Il essaya de faire de l'humour et je souris tristement, ne sachant pas comment réagir.

- Camille, je ne suis désolée, je n'avais pas l'intention de...

De quoi au juste ? De fouiner ? De le mettre mal à l'aise ? Moi qui avait passé un si bon moment à observer ces clichés, j'avais du mal à comprendre l'aversion qu'il semblait avoir pour eux. Je lui tournais le dos pour glisser mes doigts sur les photos éparpillées sur la table. Je savais ce qui me plaisait là-dedans. J'adorais les photos. Elles étaient le témoin d'une époque révolue, le souvenir de ce que l'on avait été à un moment donné. Et j'étais nostalgique car moi-même je n'en avais pas. Mon cauchemar devait m'avoir plus secoué que je ne le pensais, car je ressentais le besoin de me dévoiler à lui aujourd'hui. Et ce n'était que justice après avoir découvert cette partie de son passé sans son accord.

- Je ne t'ai jamais dit comment j'étais arrivée à Glasgow...  Quand j'avais 17 ans, j'ai fugué.. J'étais une adolescente perturbée, une orpheline qui ne se sentait pas à sa place, qui se sentait différente...

Et qui l'était. Après tout, j'étais partie après avoir semé le chaos au lycée, mais il n'avait pas besoin de connaître les détails pour l'instant.

-... je suis partie sur un coup de tête, et le temps que je reprenne mes esprits, j'avais quitté la Belgique, la France, traversé l'Océan et je traînais dans les rues de Londres... Je n'ai pas osé revenir, je n'ai pas osé les appeler, les prévenir que j'allais bien, j'ai juste... disparue.. et j'ai attéri ici.  Je me demande souvent ce qu'ils sont devenus, s'ils ont survécus aux années sanglantes, s'ils vont bien et s'ils pensent encore à moi parfois...


Je continuais à regarder les photos, n'osant pas encore me retourner pour soutenir le regard de Camille.

- Tout ça pour dire... je n'ai pas de photo de moi petite. Je n'en ai pas non plus de ma mère, je ne sais même pas à quoi elle ressemblait... mais j'aimerais en avoir.

J'haussai les épaules et me mis à ranger les photos dans la boîte. S'il ne voulait pas en parler, alors nous n'en parlerions pas. J'allais tout remettre à sa place et faire comme si de rien n'était.

- Ce ne sont que des photos, Cam... dis-je en les remettant dans la boîte. Je sais bien que tu n'as rien à voir avec le Camille de cette époque. Je sais que tout ça... ce n'est pas toi.

Je refermai la boîte et le regardai finalement avec un petit sourire:

- Mais c'est grâce à tout ça que tu es devenu ce que tu es. Il n'y a pas à avoir honte. Je me fiche bien de qui tu étais avant... ou de qui tu fréquentais...

C'était agréable de découvrir une autre facette de sa personne. J'étais curieuse, bien sûr, de savoir comment Mon Camille était devenu l'homme que j'aimais, même si cette pensée me faisait encore un drôle d'effet. Mais je lui faisais suffisemment confiance pour ne pas avoir besoin de le savoir à tout prix. Notre relation n'avait jusque là que très rarement concerné les pans sombres de notre passé. Lui dire tout ça consistait également en un net changement de ma part. Je n'avais jamais raconté mon enfance à qui que ce soit, pas même à Makayla que je considérais pourtant comme ma meilleure amie. Je m'étais construite une nouvelle vie en arrivant à Glasgow et j'évitais un maximum de me pencher sur l'ancienne. Cela avait tendance à me rendre triste et mélancolique.  

-Si tu ne veux pas en parler, tu n'es pas obligé.

Je revins vers lui pour renouer le contacte et posais mes lèvres sur les siennes.

- Cela dit, je suis bien contente de ne pas t'avoir connu à l'époque... ajoutais-je, malicieuse. Je suis sûre que j'aurais eu envie d'effacer ce petit sourire insolent de gosse de riche de ton visage... j'aime nettement mieux celui de mon barman préféré...

Je l'embrassais à nouveau, câline et glissais mes doigts sur son torse. Je m'en voulais de l'avoir gêné et attristé, et j'avais une excellente idée sur la manière de lui faire penser à autre chose.


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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Juin - 14:50




 Sweet dreams

Ses excuses me firent me sentir coupable. Je savais que je ne réagissais pas d’une façon très adéquate ou même très normale. J’avais tellement appris à conserver tout ce que j’étais, à empiler les secrets. Pour moi, moins on en disait, mieux c’était. Et même sur ces détails futiles comme mon enfance, je n’aimais pas trop m’étendre. C’était une façon de me protéger, la seule que je connaisse. Je ne voulais pas qu’on s’attache à moi ou qu’on me comprenne. C’était d’autant plus vrai depuis les Années Sanglantes avec la position que j’occupais. Le paradoxe voulait que partager mon lit soit plus simple que partager mes souvenirs. Je percevais moi-même ma bêtise mais ce n’est pas pour ça que j’arrivais à m’en défaire.  Rebecca n’était pas Rachelle, je le conscientisais bien. Pourtant, je me rappelais quels étaient les enjeux si j’en dévoilais de trop. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser bouffer ou détruire par des sentiments – et si c’était trop tard ? Je croyais toujours naïvement que ça ne l’était pas. Parce que je n’avais pas le choix. Nous nous tournions toujours le dos, elle devait être embarrassée par ma réaction et moi, je l’étais par ce qu’elle avait découvert. Sa voix vint secouer l’atmosphère pesante et j’eus droit à une autre partie de son histoire. Une partie importante. Je l’écoutais attentivement, respirant à peine. J’éprouvais même un léger pincement au cœur en comprenant un peu par où elle était passée. Les raisons de sa fugue demeuraient incertaines pour mon esprit mais ce qui se passe dans la tête d’une adolescente est toujours très compliqué. Je visualisais les scènes, elle partant toute seule, une valise à la main. Sa famille paniquée sans nouvelles. Puis les regrets qu’elle avait dû éprouver, qu’elle éprouvait. Elle se mettait à nue comme ça – Donnant-donnant ? Je ne trouvais pas ça très juste. Ce qu’elle me révélait était plus gros que ce que les photos lui avaient dévoilés. Je ressentis un nouvel élan de compassion pour elle. J’aurais voulu l’aider mais le pouvais-je ? Duncan pourrait… Bon c’était en France et ça ne concernait pas les métamorphes mais… Je me retournais sur elle, assez ému par ce qu’elle venait de m’avouer. Je la vis ranger les photos, je n’arrivais pas encore à articuler quoique ce soit. J’étais désolé pour elle, tellement désolé. Cette histoire de clichés me semblait bien dérisoire tout à coup, ce qu’elle souligna d’ailleurs en refermant la boîte. Je l’observais, la détaillais cette jolie brune qui m’en avait appris bien plus ces dernières heures qu’en trois ans d’amitié. Elle vint vers moi et tenta de me distraire. Je débloquais enfin ma cervelle quand elle m’expliqua qu’elle était bien heureuse de ne pas m’avoir connu à l’époque. Je rigolais à ses mots et me détendis.

« Et moi donc… » Je glissais mes doigts dans ses cheveux. Je ne savais pas trop comment aborder ce qu’elle venait de me confier. Alors j’articulais difficilement. « Becky… Je suis désolé pour… Je connais quelqu’un, un détective privé… Si tu veux, je peux tenter de voir si c’est possible d’enquêter sur ta famille ? »  Je voulais l’aider mais je ne savais pas comment. J’enchainais vite avec « Je n’ai pas vraiment honte de ça. » Je désignais la boîte d’un mouvement de tête. « Bon, ce n’est pas non plus la phase la plus géniale de ma vie mais… J’aurais préféré que tu ne découvres pas tout ça sans moi, c’est tout. Enfin, quel idiot planque ça dans son armoire aussi… » Je soupirais face à ma bêtise. J’avais envie de lui faire comprendre que ses révélations m’avaient touché et que j’appréciais qu’elle m’ait jugé assez digne de confiance pour me le dire. Je devais lui rendre la pareille aussi difficile que c’était pour moi.« Il n’y a pas grand-chose à dire là-dessus… Je pense que tu as compris l’essentiel. Mon père… Enfin ma famille de façon générale a toujours été dans le business, a la tête d’un Empire. Et tu l’auras compris, j’ai un peu brisé toutes les règles et les traditions. » Je lui souris en effleurant de mon pouce ses lèvres, y puisant un peu plus de courage. Je ne savais jusqu’où allait dans les confidences, elle en savait déjà assez pour déduire la majorité alors je parvins à me résoudre à ajouter. « Quand j’ai refusé de rentrer en France alors que la guerre débutait, ils ont tout simplement coupé le contact avec moi pour me forcer à revenir. Je ne peux pas les blâmer, j’étais ici en Erasmus à la base, ça ne devait durer qu’un an ou deux maximum… » J'en parlais comme des faits, sans y mettre d'émotions. Je me sentais tout engourdi, en avoir autant dit m’avait complétement noué le dos. « Enfin voilà, je suis … Enfin, non, j’étais un riche héritier… Ça ferait un bon titre de bouquin. » Je lui fis un clin d’œil et tenta de passer vite à autre chose en la serrant contre moi. Je voulais plaisanter sur le sujet mais je ne trouvais pas la force nécessaire alors je l’embrassais à la place. Changeons de thème, de façon brutale pour passer à quelque chose de moins embarrassant.

Sa main jouait avec mon torse depuis trop longtemps et après toutes ces petites confidences, j’avais l’impression que nous nous étions inconsciemment rapprochés. Je me sentais tellement encore plus attiré par elle en cet instant – ce qui semblait impensable compte tenu de  l'ampleur de l’attraction qui nous liait déjà. Mes baisers dévièrent sur sa nuque et sa clavicule. Je revins à son oreille.  « Je devrais vraiment te séquestrer ici et ne te faire porter que mes affaires. »

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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyMer 26 Juin - 23:40




Sweet dreams



Camille a écrit:
« Becky… Je suis désolé pour… Je connais quelqu’un, un détective privé… Si tu veux, je peux tenter de voir si c’est possible d’enquêter sur ta famille ? »  

Je dévisageais Camille, surprise par sa proposition et par l'espoir qu'elle avait subitement fait naître en moi.

-Tu... tu crois ? C'est possible ? Ce serait...

Angoissant, probablement décevant, culpabilisant, traumatisant et pourtant...

- Ce serait vraiment incroyable !

Je lui souris, émue. Je savais que découvrir tout ça serait compliqué et douloureux, mais j'en avais vraiment envie. Au moins savoir s'ils avaient survécus aux années sanglantes me rassurerait et me permettrait peut-être d'avoir l'esprit plus  tranquille.
Camille montra la boite d'un mouvement de tête en m'expliquant qu'il n'en avait pas vraiment honte, même si ce n'était pas la période la plus glorieuse de sa vie, mais qu'il aurait préféré être avec moi quand je les avais découverte. Je me mis à rire quand il soupira et posai ma main sur sa joue:

- Tu es tout sauf idiot...

Il sembla hésiter mais à ma grande surprise, il se mit à me parler de sa famille et je compris que mes confidences l'avaient touché. Ce qu'il m'avoua d'abord, je l'avais pour ainsi dire déjà deviné, mais la raison pour laquelle ses parents avaient coupés les ponts me laissa stupéfaite. Quel genre de parents pouvaient faire ça à leurs fils ? Avaient-ils vraiment cru que cela le ferait revenir ? Avaient-ils si peu d'estime pour lui qu'ils pensaient que le manque d'argent le ferait revenir en courant ? Je ressentie une bouffée de fierté pour lui et ma main glissa sur son bras qu'elle serra légèrement en signe de compassion. Ses parents étaient des idiots, eux, mais je ne me permis pas d’émettre cette pensée à voix haute. Il avait dû lui falloir tant de courage pour rester et suivre ses convictions. Et j'étais tellement heureuse qu'il l'ait fait !

- Tu as fait ce qu'il fallait, Camille.

Il avait dû être tellement blessé par tout ça... mon cœur semblait prêt à exploser de tendresse et d'amour pour lui au point que cela m'aurait presque fait peur. Mais j'étais près de lui, et mon être semblait avoir décidé que sa présence était suffisante pour m'apaiser en toutes circonstances. Je n'allais pas m'en plaindre... Il voulait alléger le sérieux de nos propos et j'accueillie sa diversion avec un sourire.

- Compte sur moi pour l'acheter, promis-je en venant l'embrasser alors qu'il me serrait contre lui. Ho et puis non, je n'ai pas envie de lire, je préfère que tu me montres...

Il ne se fit pas prier et m'embrassa, délaissant le sujet douloureux de nos passés respectifs. Je me sentais plus proche de lui que je ne l'avais jamais été après ces révélations. Nous nous étions mutuellement fait confiance au point de nous montrer vulnérable et c'était totalement inédit entre nous. Je sentais que ce qu'il venait de se passer était important même si je n'en comprenait pas vraiment l'enjeu. Mais je ne cherchais pas à creuser plus loin car déjà il venait embrasser mon cou et mon épaule, avant de sussurer dans mon oreille:
Camille a écrit:
« Je devrais vraiment te séquestrer ici et ne te faire porter que mes affaires. »
L'idée me plaisait. Bien trop pour mon propre bien et cela me fit sourire contre sa joue:

- Profites-en avant que je ne retrouves du travail... en attendant, je suis tout à toi...

J'aurais été incapable de me tenir debout s'il ne m'avait pas tenu si fort contre lui. Nos deux corps palpitants, haletants, l'un contre l'autre, il posa un instant son front sur ma poitrine, tandis que je glissais mes doigts dans ses cheveux, essayant de reprendre mes esprits. Mon dieu... cela avait été si...
Je pris son visage entre mes mains pour qu'il me regarde et lui souris, j'avais le rire au bord des lèvres tant ce que nous venions de vivre avait été incroyable:

- Woaw... murmurai-je en venant l'embrasser, presque incrédule. C'était... woaw...

Nous étions tous les deux moites de sueur, et je sentais nos coeur qui battaient à l'unisson dans une course folle alors que nous peinions à retrouver notre souffle.
Je ris et l'embrassai encore avant de l'enlacer et de venir enfouir mon visage dans son cou.

- Camille Fontayn, tu es un Dieu... marmonnais-je en souriant contre sa peau, amusée.

Mon Camille, mon Dieu. Le Mien, à moi. J'eu un accès de possessivité qui m'étonna moi-même et je lui mordillai gentiment la peau tendre sous son oreille. Je ne voulais plus jamais quitter ses bras. Etait-ce si irréalisable que ça ?
Je le serrai encore contre moi, l'emprisonnant dans mes bras pour profiter encore un peu de sa chaleur.
J'avais l'esprit dans du coton, j'étais détendue et incroyablement heureuse, à mille lieux de mon cauchemar et de mes angoisses.
Je finis par me redresser et l'embrassai encore.

- Tu m'as cassée, je ne peux plus marcher... dis-je d'une voix faussement boudeuse. Porte-moi jusqu'au lit ! S'il te plaît ! Tu seras récompensé !

Je pris mon air le plus innocent et éclatais de rire quand il s’exécuta.
Une fois sur le lit, je l'attirai à nouveau contre moi, sa tête entre mes seins et me remis à lui faire de petits guillis tout doux sur la peau. Nous restâmes un long moment sans un bruit, à profiter de ce moment de félicité. Je me mis à fredonner une chanson sans même m'en rendre compte et je me souvins soudain que je voulais lui demander quelque chose:

- J'ai des pass pour un concert dans deux semaines, tu m'accompagnes ? Peut-être même qu'on pourra aller flirter dans les coulisses... je te montrerai comme je sais bien faire des vocalises...



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MessageSujet: Re: Sweet dreams [Livre II - Terminé]   Sweet dreams [Livre II - Terminé] EmptyJeu 27 Juin - 0:42




 Sweet dreams

Rebecca me soutenait donc dans mes convictions. En même temps, si je n’étais pas resté, nous n’aurions pas cette conversation et je serais sûrement entrain de m’emmerder derrière un bureau à l’heure actuelle. Enfin qui sait ? Ca me laissait un drôle de sentiment dans la poitrine d’avoir parlé de ça à quelqu’un. Je ne l’avais jamais fait auparavant. Mettre les mots sur cette réalité la rendait encore plus grotesque. Mais ce n’est sûrement pas maintenant que je pourrais encore changer mes parents alors bon. Se distraire devenait donc une priorité pour effacer un peu toute cette lourdeur et ce sérieux. J’avais besoin qu’on ne s’attarde pas là-dessus, elle non plus. C’était facile avec elle de passer d’une phase comme ça à une autre. Elle était tellement… Je ne trouvais même pas d’adjectifs à la hauteur.

Complétement vanné après cette parenthèse inattendue, je laissais ma tête retomber dans sa poitrine et respirais à outrance son arôme. Bon sang, tout ça, ça n’avait rien de normal. On n’était peut-être pas doué pour parler de nous mais on ne pouvait pas dire que nous étions des ratés dans ce domaine. Ça n’était pas surprenant qu’après notre premier dérapage et malgré l’embarras, nous ayons finalement remis ça malgré tout. Le sexe avec Becky était exceptionnel, plus que ça même. Quand je croyais que ça ne pourrait jamais être mieux que ce qu’on vivait déjà, elle me surprenait.  Nous nous surprenions. C’était le seul langage que nous maîtrisions l’un avec l’autre. Et ça pour le maitriser... Elle m’obligea à relever le regard alors que mon esprit était toujours très nébuleux. Son « waow » m’arracha un sourire – celui de l’imbécile heureux. Je me laissais être enveloppé de son rire et l’embrassais en retour. Quand elle me déclara que j’étais un Dieu, je me surpris à pouffer de rire. Au moins je savais que nos ébats avaient provoqués le même bien être chez elle que chez moi. « C’est que tu t’es pas regardée. »  Je passais ma main de sa cuisse à sa hanche en passant par sa fesse. J’ajoutais en mordillant sa lèvre et en prenant une voix séduisante. « C’est toi la Déesse ici. » Elle me rendit la pareille en posant ses quenottes sur mon oreille. Je la gardais contre moi vu qu’elle semblait également le souhaiter. Je fermais les yeux quelques instants, je me sentais tellement bien avec elle. Tout semblait être si simple. Son bonheur faisait échos au mien. Bien que j’espérais vraiment ne pas l’avoir abîmée comme elle le suggérait. A ses paroles d’ailleurs je grimaçais mais n’ajoutais rien. Je la soulevais et la conduis jusqu’au lit vu qu’elle m’en intima l’ordre.  « A vos ordres Ma Dame ! »

Je la déposais sur le matelas, mon cœur commençait seulement à se remettre de nos ébats. J’étais aussi complétement cassé. J’acceptais ma récompense alors qu’elle logea ma tête entre ses seins et qu’elle me parcouru le dos du bout des doigts. Je me contentais de me fermer les paupières et d’apprécier le moment. Mmmh j’aimais bien qu’elle fredonne. Je somnolais à moitié contre elle quand sa voix me sortit un peu de mon coma. Je souris contre elle.  « J’en ai déjà eu un bel aperçu mais ça ne me déplairait pas de repousser tes limites vocales. »  Je ne percevais pas vraiment le rencard derrière la proposition. Avant, quand nous étions loin de nos lits respectifs et que nos corps ne se réclamaient pas avec cette même férocité (quoique… c’était un peu le cas mais à l’époque, on savait l’ignorer…), ils nous arrivaient de sortir de notre immeuble ensemble. Depuis que nous avions lancés cette relation charnelle, nous n’avions pas à ma connaissance quitter nos appartements – vu ce que ça provoquait aussi, ce n’était pas  étonnant que nous ne voulions pas sortir. Il suffisait de voir ce qu’il s’était produit dans ma voiture…  « C’est un oui au fait. » Je m’en fichais un peu du concert en lui-même, je ne lui demandais même pas des renseignements à ce propos. Ca nous donnait une occasion de nous revoir et là dans l’euphorie du moment, c’est ce que je désirais vraiment.

Le reste de la journée se déroula aussi positivement et agréablement. Nous discutions, rigolions pour des bêtises, partagions un repas, une douche, d’autres baisers. Je me sentais vivant et entier quand la réalité me rattrapa. Je devais voir Alan. Un gros nuage gris vint se loger dès lors dans mon crâne. Mon ami… J’avais presque oublié cette histoire qui pourtant m’avait tant angoissé. Vous voyiez à quel point c’était dangereux pour moi de traîner avec la jolie brune, elle me faisait perdre toutes les notions tangibles et me faisait aussi occulter le Monde extérieur. Mon stress revint doucement me hanter. Je sortis une bouteille de mon armoire que j’avais achetée quelques jours auparavant et pris mes clés en invitant mon amante à sortir. Nous gagnâmes mon véhicule et je me demandais si elle partageait elle aussi ma perplexité. Je n’avais pas envie qu’elle parte mais je réalisais bien à quel point je m’enfonçais sur un mauvais terrain. Je la ramenais à son hôtel et l’embrassais langoureusement durant de longues minutes avant de la laisser filer. Je n’ajoutais qu’un simple  «  A bientôt ma jolie brune. » alors qu’elle s’extirpait de l’habitacle. A peine eut-elle disparu de mon champ de vision qu’un sentiment de solitude et de peur m’étreignit. Je me demandais ce qu’elle éprouvait à ce moment précis et ce qu’elle en pensait de tout ça. Non, je ne devrais pas vouloir savoir. Je me relançais sur la route et pris la direction d’Edimbourg avec au moins la promesse de la revoir dans deux semaines. Ca n’aurait pas dû m’enchanter mais malheureusement, c’était le cas.

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