Aujourd'hui, moment coquin avec mon copain. J'en ai reçu dans le cou, sur le visage et même dans la bouche. Il m'a éternué dessus. FML

Quel con le gamin. Me dis-je pour moi-même lorsque j’ouvris le sms de Tom, alors que j’étais dans mon bureau et lui dans la pièce d’à côté. Non content de me faire profiter de son humour douteux, le hacker immature mais compétent de la brigade s’amusait à m’envoyer par message des blagues qu’il entendait par-ci par-là ou encore, comme il venait de le faire, me faire part des anecdotes qu’il trouvait sur un site qui y était consacré. Bien que cela me gave parfois, je n’étais pas insensible à certaines comme celle que je venais de recevoir.

Je refermai mon portable et m’allumai une clope pour ne pas replonger de suite dans les pensées desquelles m’avait tiré le message de Tom. Cela faisait un moment aujourd’hui que je pensais à Rebecca Scott. Non pas dans l’optique de la trousser mais plutôt parce que j’attendais toujours sa réponse. Avant de nous laisser en plan comme des cons, moi et mes hommes, en usant de son pouvoir, elle m’avait indiqué réfléchir à ma proposition et pour le moment je n’avais pas de signe de sa part. N’ayant pas de dossier à traiter dans l’immédiat je décidai de sortir prendre l’air et d’aller boire un coup sur Princes Street. Je pris donc mon arme, mon insigne, ma paire de menottes et un paquet de clope neuf histoire de ne pas être à court et pris ma bagnole n’ayant pas envie de marcher.

Arrivé à destination, ayant galéré un peu avant de finir par me garer sur une place « livraison » et en baissant mon pare-soleil côté passager où était marqué PES pour pas avoir à faire sauter encore un pv, je marchais un peu avant d’entrer dans un bar. Mon choix se porta sur un établissement où il n’y avait pas trop de monde et une place libre sur une banquette au fond de la salle dans une alcôve afin d’être tranquille. Je commandai une bière puis attrapai un journal qui trainait là à la recherche d’une actualité qui pourrait m’indiquer qu’une de mes collaborations se soit en train de tourner court.

Alors que je lisais peinard en sirotant mon verre, le journal levé devant moi, j’entendis du bruit comme si quelqu’un venait de s’assoir face à moi mais n’y prêtai pas attention. Du moins jusqu’à ce que la personne en question commence à parler pour se commander à boire. Je baissai alors le journal pour découvrir Rebecca Scott face à moi. Me suivait-elle aussi ou n’était-ce là qu’une rencontre fortuite ? Peu importait au final car maintenant qu’elle était là elle allait pouvoir me faire part de sa réponse.

Et bien vous en avez mis du temps mademoiselle Scott. Vous avez réfléchi à ma proposition de la dernière fois ou avez-vous besoin d’encore un peu de temps ?

Avec l’ensemble des créatures surnaturelles je préfère ne pas faire de spéculation, aussi votre venue ne signifierait pas forcément que vous acceptiez de collaborer avec moi. J’ai déjà eu à faire à des individus, toutes espèces confondues, qui se présentaient soit disant pour me faire une proposition mais avec en réalité le but simple de me tuer. Je n’en ai peut-être pas l’air mais chacun de mes choix est posé et réfléchi.

Pourquoilui dire cela alors qu’elle ne m’avait pas encore clairement donné sa réponse ? Aucune idée à vrai dire, en dehors du fait que j’étais prudent même si parfois je pouvais sembler hors de tout cadre. Même si j’espérais une réponse positive de sa part je préférais qu’elle sache à qui elle avait à faire. La demoiselle attendit que la serveur dépose son verre puis s’en retourne à son taf avant de poursuivre. Elle acceptait donc l’idée de collaborer avec moi, exprimant même un désir plutôt inconnu chez un démon.

Vous avez fait le bon choix mademoiselle Scott, quelles que soient les raisons qui vous ont poussé à faire celui-ci. Effectivement j’ai plusieurs données au sujet de vos semblables et bien que j’attende de vous que vous me contiez celles que vous avez et que j’ignore, ce que j’espère de vous est d’un autre ressort mais nous y reviendrons un peu plus tard. lui dis-je en préambule de la suite, buvant une gorgée de bière avant de poursuivre.

Faites-moi donc part de vos contacts éventuels avec d’autres semi-démons je vous prie mademoiselle Scott. Nom, prénom, Photo si possible à envoyer à cette adresse mail (mail), s’ils font partie ou non du groupe de Watheerey, et quel est leur statut au sein de son groupe. Voici les informations que je souhaite que vous collectiez pour moi à l’avenir. Cela vous pose-t-il un problème mademoiselle Scott ? lui demandai-je sincèrement. Le fait de savoir si elle avait certains scrupules à faire ce travail pouvait avoir son importance, m’obligeant à adapter mon discours. Je repris ensuite la parole, une fois qu’elle m’eut répondu.

Une chose m’intrigue mademoiselle Scott. Pour quelle raison souhaitez-vous collaborez avec moi ? S’agit-il simplement du désir de pouvoir enfin vous poser sans craindre de me voir débarquer ou plutôt de vous protéger de Watheerey ? D’ailleurs savez-vous quelque chose à son sujet en dehors de ce qu’en dit la rumeur ? lui demandai-je avant d’aborder le point suivant de notre conversation.

Vous sentez-vous capable de mentir à l’un des vôtres ? Jouer un double jeu avec eux ? Nul doute que ce serait plus compliqué que de berner mes semblables, bien qu’avec vos pouvoirs cela ne sera peut-être qu’une formalité.

Lorsque la démone nuança ce à quoi elle était prête à faire dans le cadre de notre collaboration, ou plus à ne pas faire concernant ses semblables, j’accueilli la nouvelle avec une légère déception même si je n’en montrais rien puis réfléchis quelques instants à ses paroles. Elle n’acceptait de me donner des infos qu’au sujet des démons à la botte de Watheerey et pas de ceux qui désiraient la paix comme elle. Bien que peu convaincu par l’existence de semi-démons ne souhaitant pas le chaos mais la paix, je m’estimais déjà satisfait qu’elle accepte de me faire part de ses découvertes à venir au sujet des troupes de l’ennemie public numéro 1. C’était eux qui représentaient une menace directe pour notre société, alors si je devais trouver un autre moyen pour obtenir des infos sur des semi-démons « pacifistes » pourquoi pas.

Je n’attends pas une méthode miracle pour débusquer vos semblables mademoiselle Scott, mais que vous transmettiez toutes les informations que vous serez susceptible d’obtenir de Watheerey et ses larbins me conviendra très bien.

Loin de moi l’idée de vous comparer à vos collègues qui bossent pour elle, je ne suis que peu convaincu par le fait qu’il existe d’autres semi-démons pacifistes en plus de vous. Vous êtes à mon sens l’exception qui confirme la règle, mais après tout peut-être que vous avez raison, l’avenir nous le dira.

J’écoutais ensuite ses paroles, glanant quelques données au gré de ses mots, tandis qu’elle s’adressait à moi. Deux rencontres avec des démons au service de Watheerey ? C’était là un bon début qui pourrait nous mener sur sa piste. Lorsqu’elle énonça le fait qu’ils la tueraient s’ils venaient à découvrir qu’elle me refilait ses infos, je tiquai avant d’essayer de la rassurer un peu.

Si tout se passe bien mademoiselle Scott, ils n’auront aucune raison de vouloir vous tuer. Si malgré tout c’est le cas, contactez-moi et je vous mettrai en sécurité. Et en cas d’extrême urgence, si votre couverture venait à être démasquée et que je sois injoignable, rendez-vous à la PES et dîtes que vous avez des informations à me transmettre. Vous serez alors placée en cellule le temps que je vienne, car n’oubliez pas qu’en dehors de moi notre accord restera secret pour le moment. Il en va de votre sécurité mademoiselle Scott. précisai-je avant de faire une courte pause.

Vous venez d’évoquer une rencontre avec deux de vos semblables qui seraient aux ordres de Watheerey. Vous pouvez m’en dire plus à leur sujet mademoiselle Scott ?

Lorsque la démone m’interrogea au sujet de l’enregistrement de la gare où on pouvait voir son pouvoir se manifester, je n’eus pas besoin d’une période de réflexion préférant jouer franc jeu avec elle. S’il était hors de question de détruire le fameux fichier et ses nombreuses copies de son dossier, il était envisageable de le faire dans un avenir lointain.

Comme vous vous en doutez certainement mademoiselle Scott, pour le moment cette vidéo consiste en ma garantie de votre collaboration. Par contre il n’est pas inenvisageable qu’effectivement elle disparaisse de votre dossier un jour. Je vous en informerai lorsque ce sera le cas mademoiselle Scott. lui dis-je sincèrement bien que n’apportant aucune précision quant à l’échéance de ce fait. Pour l’heure je n’étais pas en mesure de déterminer dans combien de temps je détruirai ce document et surtout si je comptais le faire, mais ça elle ne pouvait que l’ignorer pour le moment.

Lysander, pyromancien et Jeremy, Illusionniste. Pouvez-vous m’en faire une description je vous prie, afin qu’à défaut de photo nous puissions avoir une vague idée de leur apparence. Si à l’avenir vous obtenez d’autres infos à leur sujet faite-m’en part à l’adresse mail indiqué sur ma carte. Dans l’optique de vous rapprocher d’eux, il pourrait vous être plus sûr de l’apprendre par cœur et de vous débarrasser de la carte afin qu’aucun d’eux ne puisse nous lier mademoiselle Scott.

Pour ma part si je dois vous contacter, je me ferai passer pour un institut de sondage. Si vous êtes dans l’incapacité de me répondre, dîtes-moi que vous ne souhaitez pas répondre à mon sondage, je comprendrais alors que vous n’êtes pas seule. Vous pourrez laisser un message sur le numéro avec lequel je vous aurai appelé, le répondeur sera celui de cette prétendue société de sondage. lui précisai-je, usant encore une fois de la société de sondage bidon, qui n’était qu’une couverture pour que mes indics comme elle puissent me joindre en toute sécurité.

Les années de clandestinités au sein de l’HCV avant les Années Sanglantes m’avaient permis de mettre au point plusieurs stratagèmes de communications sûrs en cas de besoin, indépendant des circuits officiels.

Si le manipulateur du feu vous donne sa confiance, le second peut-il représenter un danger pour vous ? Par exemple serait-il possible qu’il décide d’enquêter sur vous ? Quoi qu’il en soit j’attends vos infos, espérons que vous soyez convaincantes mademoiselle Scott. lui dis-je en l’encourageant sincèrement. Autant pour sa sécurité que pour les infos qu’elle pourrait me fournir. ET oui, car si elle était repéré par les larbins de Watheerey je perdrai alors un précieux contact.

Sans me donner leur nom, avez-vous rencontré dernièrement d’autres semi-démons qui ne soient pas lié à Watheerey mademoiselle Scott ?

Tant mieux mademoiselle Scott, notre collaboration n’en sera que meilleur. lui répondis-je après qu’elle m’ait affirmé vouloir arrêter Watheerey. Si elle semblait désireuse de m’aider, je gardais néanmoins une certaine réserve bien que respectant ma part du contrat. Je n’étais pas à l’abri qu’un jour, d’autant plus au contact du groupe de l’ennemie public numéro un, sa nature démoniaque ne prenne le dessus sur son humanité qui dominait pour le moment.

Ne vous inquiétez pas, on a retrouvé des criminels avec moins que ça. Cela constitue déjà un bon point de départ pour lancer des recherches discrètement.

Les données qu’elle me fournissait pourraient avoir leur importance par la suite bien qu’effectivement pour le moment ce n’était pas déterminant. Cela pourrait toujours servir si la brigade venait à arrêter l’un d’entre eux. La démone m’indiqua ensuite ne plus avoir de portable, s’en étant probablement débarrassée au long de sa fuite. C’était là plutôt une bonne chose car la preuve d’une certaine prudence, qualité importante pour sa mission qu’elle avait à accomplir.

Il vaut mieux ne pas utiliser votre compte actuellement bloqué mademoiselle Scott, afin de ne pas laisser de trace officielle. Je vous ferai créer un nouveau compte dans une banque en ligne dans la journée, vous pourrez vous en servir d’ici quelques jours. Vous pouvez tenir jusque-là? Je vous enverrai les informations correspondantes sur votre téléphone une fois que vous en aurez acheté un, via l’institut de sondage bidon. lui expliquai-je soucieux que personne ne puisse remonter à elle puis à moi via son ancien compte bancaire.

Je l’écoutai ensuite me donner quelques informations supplémentaires au sujet des deux démons déjà rencontrés puis de celles qu’elle souhaitait obtenir de ma part. Il était très difficile pour nous, la PES, d’avoir une estimation du nombre de semi-démons encore en vie, du groupe de Watheerey ou non. Aussi je comptais bien sur mes différents contacts pour en apprendre davantage à ce sujet.

Nous ne pouvons déterminer avec certitudes le nombre de membres de votre espèce mademoiselle Scott. Nous pensons qu’il peut y avoir au moins une centaine d’entre eux dans notre pays, dont un tiers voire la moitié aux ordres de Watheerey. Si leur existence ne peut être établie comme avec les lycans ou les vampires, nous nous attachons aux détails périphériques pour les traquer. Toute personne vivant dans la clandestinité laisse des indices mademoiselle Scott, ces mêmes détails qui nous permettaient de suivre plus ou moins efficacement votre trace. lui expliquai-je brièvement sans non plus lui donner trop de détail, on ne sait jamais.

Je venais de finir ma boisson et décidai de commander une autre bière tandis que parlait la démone pour m’expliquait que sa traque l’amener à manquer de liquidité. Si je ne souris pas à l’évocation de ce fait j’étais néanmoins satisfait que nos méthodes portent leurs fruits. Car lorsque l’identité d’un individu recherché était connue, geler ses comptes bancaires était l’une des solutions qui permettait de le mettre dans la merde.

Je reviens mademoiselle Scott. dis-je en me posant mon journal puis en me levant jusqu’au comptoir de l’établissement pour m’adresser au barman.

Brigade PES, donnez-moi un stylo et un papier et 200 livres de votre caisse, magnez-vous s’il vous plait.dis-je à l’employé qui resta deux secondes sur place avant que je ne sorte mon insigne. Votre patron n’aura qu’à se présenter à la PES pour se faire rembourser en présentant ce papier. lui expliquai-je en tendant la feuille de papier sur lequel j’avais indiqué la somme emprunté, le nom de l’établissement et signé de mon nom.

J’avais déjà employé cette méthode depuis que j’étais à la tête de la brigade et si mes interlocuteurs s’en étonnaient la plupart du temps ils se faisaient néanmoins rembourser. Une fois les billets en main je retournai m’assoir à ma table devant la semi-démon pour les lui tendre.

Voici pour tenir en attendant que votre argent soit disponible, achetez-vous un portable aujourd’hui afin que nous puissions rester en contact. Quant à trouver un travail vous comprendrez que je ne peux vous faire bosser au sein de la brigade pour des raisons évidentes de sécurité mais surtout parce que Watheerey se poserait quelques questions.

Je l’écoutais ensuite m’interroger à propos des siens et me dit un instant que les démons solitaires semblaient tout aussi ignorants que la majorité des gens. C’était à elle de m’informer à leur sujet normalement pas l’inverse, mais après tout si cela pouvait l’aider mener à bien sa mission.

Nous savons qu’il existe différents pouvoir classés sur une échelle de A à F selon la dangerosité de l’individu et sa propension à se laisser maîtriser par sa personnalité démoniaque. Votre pouvoir par exemple est classé B. Quant à vos semblables qui ont croisé ma route, certains s’en sont sortis, d’autres non, en fonction de leur comportement. Concernant les pouvoirs que j’ai pu voir à l’œuvre, j’ai vu le feu, l’électricité, l’illusion ou encore un élémentaliste. Vos capacités pourraient faire envie si la contrepartie de leur utilisation n’était pas aussi dangereuse, autant pour vous que pour le reste de la société. dis-je avant qu’elle ne me demande quelle allait être la suite des événements.

Vous allez vous vous acheter un portable, vous trouvez un job et un appart et vivre votre vie jusqu’à ce que Watheerey vous envoie quelqu’un. Rejoignez son groupe et tentez de vous mettre au parfum de ses projets. Bien entendu vous me transmettez vos infos mademoiselle Scott, et je respecterai notre accord.

Bien sûr mademoiselle Scott. Apprenez à contrôler votre pouvoir afin qu’il ne vous submerge pas. Utilisez-le de temps en temps afin de ne pas être en « manque » mais de manière minime et anodine. Nul n’est condamné mademoiselle Scott, tout n’est que question de volonté. lui dis-je pour tenter de la rassurer un minimum bien que je ne sois pas forcément doué pour cela.

Elle m’informa donc de ses intentions prochaines, comme d’acheter un portable et de m’en communiquer le numéro. Elle crut bon de me faire comme un rappel : que je tienne ma parole et elle en ferait de même. Peu habitué à ce genre de paroles venant de la part d’un semi-démon, quand bien même il s’agirait d’une femme, je la saluai avant qu’elle ne quitte ma table. Pour ma part je décidai d’y rester encore un peu, reprenant la lecture de mon journal en commandant un café.

Une fois ceci fait je sortis de l’établissement et m’allumai une clope, foutue prévention de merde qui m’obligeait à fumer mon tabac dehors et plus en intérieur. Si cela faisait un bon nombre d’années que cette réglementation à la con était passée, prétendument pour pousser les gens à moins cloper, j’avais encore du mal avec cette loi hypocrite. D’un côté on vous vend les cigarettes, de l’autre on vous dit que c’est mal de fumer. Connerie de politiciens à la cons oui !

Sortant de mes pensées je pris le chemin de la PES afin de poursuivre ma journée par une tâche bien chiante et plutôt longue aussi passai-je par un bureau de tabac afin de m’assurer un stock conséquent de nicotine. J’avais pas mal de paperasse en retard et je comptais bien me mettre à jour, du moins essayer si tant est que l’on m’accordait quelques heures sans qu’un des agents ne viennent m’interrompre dans mon bureau.

Arrivé sur place je saluai rapidement les agents qui bossaient, poussant une ou deux petites gueulantes lorsque l’un d’eux me semblait sur le point de s’endormir avant de me diriger dans mon bureau pour repenser au cas Scott avec une petite clope. C’était une bonne chose si je pouvais obtenir de cette nana qu’elle infiltre le groupe de Watheerey pour moi. Nul doute que l’on pourrait ainsi collecter pas mal d’infos au sujet de l’ennemie public numéro 1 et de ses sbires. Encore fallait-il que l’illusionniste ne soit pas découverte.