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Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]
MessageSujet: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptySam 27 Nov - 16:30

Pourquoi ça n'arrivait qu'à moi ? Bon sang elle n'avait que trois ans cette voiture, c'est pas comme si je conduisais une épave ! Et bien entendu, pour couronner le tout, il pleuvait comme vache qui pisse. Enfin non, c'était trop peu dire ça, c'était un véritable déluge qui s'abattait dehors ! Une de ces journées qui promet une édition spéciale au JT où on annoncerait que des quartiers entiers avaient été inondés et des dizaines de pauvres gens sans toit et relogés dans un centre sportif quelconque.
Moi je venais de finir ma journée de travail. Une belle journée qui me faisais me sentir utile. Ca me changeait de chez moi. Hugh était au travail à cette heure, inutile que je l'appelle, il ne pourrait rien faire pour moi. Alors j'avais pris mon portable et j'avais composé le numéro d'une compagnie de taxis. Evidemment, dans des situations comme celles-ci, c'était un peu la cata. Entre les véhicules immobilisés par une crue quelconque et les gens qui avaient décidé d'appeler un taxi pour éviter d'avoir à parcourir une distance qu'ils parcouraient habituellement d'une autre manière, il n'y avait plus une voiture de disponible. Une heure. Et ça, c'est si j'avais de la chance ! De la chance... non, je n'en avais pas trop en ce moment alors on va oublier hein ?

Je jetais un coup d'oeil par la vitre de ma portière et zieutais l'enseigne néon qui clignotait de l'autre côté de la rue. Un établissement spécialisé dans la restauration rapide sympa où on allait parfois boire un verre entre collègues à la fin de la journée. Vu que ma voiture refusait obstinément de démarrer, j'allais geler si je restais là, mieux valait que je me réfugie là bas.
Je laissais donc mon nom à la standardiste et lui précisais le lieu où j'attendrais, puis je pris mon courage à deux mains. Je plongeais ma tête sous le manteau et ouvris la portière, la claquant derrière moi et appuyant sur le bouton de verrouillage sans me retourner. Le petit cri strident que j'entendis me rassura sur le fait que ma voiture était bien fermée.
Comme je m'y attendais, l'endroit était bondé. La foule se pressait, il y avait des gens absolument partout et c'était bruyant au possible. D'ailleurs, je me demandais bien pourquoi ils s'obstinaient à laisser la musique en fond, parce qu'on n'en entendait que quelques éclats de temps en temps !

Je frissonnais. Forcément, on n'avait pas annoncé un temps pareil ! La journée ne devait même pas être mauvaise, 12°... Tu parles ! Il n'y en avait que 5 ou 6 à tout casser ! Du coup ma petite veste n'était franchement pas suffisante. Quelque chose de chaud, c'était ce dont j'avais besoin. Je me dirigeais alors vers le bar, jouant presque des coudes pour pouvoir me frayer un chemin jusque là, me faufilant entre deux gaillard qui étaient assis sur des tabourets et riaient grassement. Le patron était en train de préparer des irish coffee, et du coup, cela me donna envie.
Ce n'était pas mon genre de boire. Enfin je buvais de temps en temps, mais toujours raisonnablement. Là, je savais que je n'aurais pas à conduire alors je pouvais me le permettre.



HEY !!!


Je levais un bras et fit de grands signes pour qu'il me remarque.


UN DE PLUS POUR MOI !


L'homme leva un pouce pour me dire qu'il avait compris et je jetais un coup d'oeil courroucé au gros barbu qui était en train de me regarder avec un petit air pervers. Pressée d'en finir vite, je sortis un billet de mon portefeuille le glissant sur le bar au moment où le patron revenait avec ma boisson fumante. Heureusement il avait été rapide et je me retournais, essayait de dénicher un coin un peu plus calme. Mais la chance, pour une fois aujourd'hui, avait, semble-t-il, décidé de me sourire. J'aperçus un couple, dont l'homme était en train de se relever. Et vu que sa compagne posait les mains à plat sur la table, je me doutais de ce que ça voulait dire. Rapide comme l'éclair, je me dirigeais vers leur table, manquant de renverser mon café au passage. Mais c'était gagné ! J'avais une place assise.. Ouf ! Je n'allais pas la lâcher tant que mon taxi ne serait pas arrivé ! En plus d'ici, j'avais une bonne vue sur la route, je verrais si un véhicule s'arrêtait devant le pub.
Je soupirais en regardant les gens autour de moi. En fait j'avais un peu la tête en vrac ces derniers temps. Quelque chose me chiffonnais et je ne savais pas mettre le doigt dessus. C'était plus comme une intuition en fait, je n'avais pas vraiment d'élément tangible que je pouvais mettre en avant, mais malgré tout, je sentais bien qu'il y avait un truc qui clochait. Ca me rendais dingue et à vrai dire, je pensais par moment que je devais être en train de devenir complètement paranoïaque. Tout le monde l'était plus ou moins depuis trois ans, mais je pensais un peu échapper à la règle.
Pour être honnête, je ne savais pas trop quoi penser des vampires. Je n'en connaissais pas, et je me disais que comme chez les humains, il devait y avoir des gens biens et de dangereux psychopathes. Sauf que les psychopathes chez eux, ils étaient forcément bien plus dangereux !
Ce n'était pas mon genre de juger. J'étais ce qu'on appelait une "gentille fille" qui est assez ouverte d'esprit et qui essaye toujours de voir le meilleur dans tout. Rien n'était arrivé pour que d'un coup je me sente menacée, alors franchement, je ne comprenais pas trop ce mal être qui se prenait de moi à chaque fois que je quittais mon travail.

Je bus une gorgée de café et reposais le verre sur la table, me frottant les mains pour me réchauffer et c'est là que je le vis, se tenant devant moi...


Dernière édition par Suzy Swing Tannen le Dim 9 Jan - 20:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 28 Nov - 19:50

    L'homme était debout, devant moi. Il tira sur le levier d'armement du fusil d'assaut. Une balle s'enclencha dans le canon de l'arme. J'étais suffisamment sobre pour me rendre compte de la situation, et je n'étais pas serein du tout. Quoi de plus normal? Je n'aimais pas ce genre de confrontation, où le danger est toujours omniprésent. L'homme bascule l'arme vers moi. Les trombes d'eau continuent de tomber du ciel au lourd manteau nuageux. Le bruit de la pluie en devenait assourdissant, ce qui nous rendait la tâche encore plus difficile. L'irlandais fit basculer l'arme de côté et me la tendit. Je l'essayais. Un nouveau M4 de fabrication américaine. Bonne puissance de feu, compacte donc facile à transporter, et un système à douille permettant de fixer une lampe adapté au bout du fusil, à côté du canon. Viseur télescopique, et adaptabilité des balles en argent. Je remerciais d'un signe de tête le marchand de mort, et lui rendais l'arme qu'il remballa dans un étui d'un instrument de musique. Il m'avait assuré que l'étui passerait sans problème les détecteurs; un double fond de plomb permettait à l'arme d'être cachée aux yeux des détecteurs de métaux, et je l'avais vu sous mes yeux, après sa démonstration. Il me la fit essayer. Je calais la crosse du fusil contre mon épaule et visait une cible improvisée contre un arbre. Je tirais une dizaine de balles au coup par coup. Puis, une douzaine en rafales courtes de trois balles. Enfin, j'arrosais la cible avec les munitions restantes en mode automatique. Une bonne arme. L'arrangement fut vite conclu. Je sortais un grand sac poubelle dans ma voiture, et le donnait à l'homme. Il hocha la tête pour me remercier, et me confia l'arme, environs six cent projectiles et l'étui, puis partit.


    Affaire rondement mené. Or piqué chez des vampires abattus contre armement pour en tuer d'autres. Je savais que je n'aurais que fort peu l'occasion d'utiliser pareil arsenal; la plupart des affrontements contre vampires se font au pistolet, au couteau. La sale besogne est toujours exécutée par des armes maniables, ce qui n'était pas vraiment le cas d'un fusil d'assaut. Mais quand viendrait l'heure du grand chambardement, je serais préparé, et je n'aurais pas à me soucier du mauvais système logistique de l'Eglise HCV. Même au sein de la branche militante, la logistique et le ravitaillement n'étaient confiés qu'à des curetons et des moines de tout accabit. Ils ne prévoyaient jamais assez de munitions, et aucun armement lourd en cas de saisie policière. Je faisais fi de leurs consignes de sécurité et de leurs modes d'engagement. J'étais un soldat, pas un assassin professionnel. Je fais dans le sonore, et dans le dégueulasse. La finesse, fallait la confier à Andréa... Mes pensées dérivèrent un instant vers la jeune femme mais je la chassais bien vite de mon esprit. J'étais satisfait de ma journée. Affaire rondement menée. L'IRA véritable gagnait des fonds pour continuer sa lutte en Irlande, et moi je gagnais de quoi exterminer des vampires incrédules de voir un tel gadget projeter des balles en argent au rythme de plusieurs centaines à la minute. Oui, bonne journée...


    Ma voiture dérapait sur les pentes boueuses de la colline boisée. Il me fallait plus de trois heures pour rentrer à Glasgow, mais je ne vis nulle part la moindre trace de présence policière. Je n'arrêtais de déraper et de glisser sur la route. Il pleuvait des hallebardes depuis des heures, et cela ne semblait jamais vouloir se calmer. Mais pire que tout, j'avais faim, et soif. J'avais besoin de me poser un moment pour faire le point sur mon action de la journée, et sur la suite à adopter. Toujours tout prévoir. Rester en vie. J'entrais en ville et faisais un crochet par le subway avant de rentrer à ma planque. L'arme était planquée dans le coffre de ma voiture; je ne risquais rien si on m'arrêtait; j'avais tous les faux papiers qu'il me fallait. J'entrais alors que les portes automatiques coulissaient devant moi. Bondé, peu de place. Comme d'habitude. Je sentais l'odeur réconfortante de l'irish coffee, une des seules boissons alcoolisées dans cet espèce de fast food à sandwich. Je fis la queue pour commander, et prenais déjà à manger. Sauter le repas du midi m'avait donné les crocs, sans vouloir donner dans le mauvais jeu de mot... Je me déplaçais avec mon plateau jusqu'à trouver une table en partie inoccupée. Une jeune femme blonde s'y trouvait. Tant pis, j'en serais quitte pour un peu de compagnie. Je m'avançais vers elle. Très jolie, elle avait l'air plus jeune que moi. Mais elle avait pourtant une expression très mature, sur le visage. Et je repérais rapidement la bague qu'elle portait au doigt. Mariée. Cela me ramena à mes souvenirs, mais je décidais de repousser leur emprise. Je posais mon plateau devant la jeune femme, impatient de boire et de manger. Manger un sandwhich accompagné d'un irish coffee, dans le genre bizarre j'étais le roi... Je me montrais poli et souriant avec la jeune femme.



    | Bonjour... Cela vous dérangerait si je m'asseyais ici? C'est bondé, et j'avoue que l'idée de manger en terrasse me dérange un peu. |


    Sans même m'asseoir, j'enlevais ma veste noire détrempée, alors que l'eau ruisselait sur mon visage, mes cheveux étant détrempés. Je n'étais pas resté longtemps dehors en sortant de ma voiture, mais cela semblait suffisant pour finir transi de froid. Mon regard se porta sur l'alliance que portait la femme, et je ne pus décrocher cet objet des yeux pendant de longs instants. « Nous aussi, nous sommes mariés, Torben. De ce côté ci ou de l'autre... » me murmura Jana à l'oreille. Depuis quelques temps, je me mettais à entendre sa voix, de plus en plus souvent, et je n'avais plus l'impression que c'était dans ma tête. J'étais vraiment devenu fou... Je détournais le regard


    | Remarque, je vous dérange peut être, vous attendez peut être quelqu'un... |

Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 29 Nov - 1:13

Il y a des jours comme ça, on se sent plus mélancolique. Les jours de pluie surtout... oui, je détestais la pluie, comme la plupart des gens. Et puis dans ces cas là, les enfants étaient un peu cantonnés à l'intérieur de l'école et ce n'était vraiment pas gai pour eux. Même en hiver ils aimaient sortir. On les emmitouflait bien et ils prenaient plaisir à jouer à l'extérieur. Là ils avaient dû rester enfermés et si certains comprenaient, d'autres pas. Crises de larmes et tout ce qui va avec. Même si on sait bien que leurs réactions ne sont pas toujours bien réfléchies, c'est pas forcément ce qu'il y avait de plus agréable dans le métier de voir des gosses pleurer. Dans notre école, il y avait les deux types de handicap, mentaux, et cérébraux. Quelques autistes, des gamins paraplégiques ou avec des maladies orphelines. Foutues maladies ! Pourquoi ils s'étaient concentrés à faire du sang synthétique ces japonais ? Trouver un remède aux maladies aurait mieux valu ! Déjà, j'aurais encore un mari... là j'avais franchement l'impression d'être célibataire depuis quelques temps. Sauf le dimanche... mais le dimanche, il récupérait, et il dormait la plupart du temps. En semaine, je me levais quand il rentrait. Avec un peu de chance, je le croisais dans la salle de bains. Et quand je rentrais... et bien il était déjà parti. Super la vie de couple, vraiment. Certaines femmes auraient été bien contentes de ne pas voir leur mari. Pas emmerdée, auraient-elles dit. Oui, mais moi, j'aimais le mien, et je culpabilisais de lui en vouloir alors qu'il ne faisait que bosser pour ramener de l'argent à la maison et nous permettre de payer les factures. Ca ne rapporte pas un gros salaire institutrice, même spécialisée... que voulez-vous...

Alors voilà, depuis des mois maintenant, dès que je quittais mes petits, je déprimais. Le pire, c'est que je n'avais parlé de ça à personne. La culpabilité, encore, celle de me plaindre alors qu'il se tuait à la tâche. Quand je le voyais rentrer avec cet air de chien battu, les yeux cernés, j'avais envie de me foutre des baffes d'être si égoïste. Donc je n'allais pas faire étalage de ma pauvre petite vie, ni à ma famille, ni même à Emmanuelle. Pourtant, elle me connaissait bien, et elle pouvait tout entendre. Mais franchement, j'avais l'impression que j'allais décevoir tout le monde si je lâchais ce que j'avais sur le coeur. Sans le tru blood, on n'aurait pas la même vie. Je serais peut être enceinte, qui sait ? C'était ce qu'on avait prévu à la base... fonder une famille. Moi qui avais toujours adoré les enfants, je me voyais mal ne pas en avoir. Alors on avait tiré des plans sur la comète, on s'était amusé à même chercher des prénoms qui nous plaisaient à tous les deux ! Le genre de chose qu'on fait quand on a vraiment envie de tout mettre en oeuvre pour réaliser son rêve de famille. Mais là... si je mettais un enfant au monde, il n'aurait pas de père. Pas la peine de tourner autour du pot. Je n'avais plus de mari, et nos enfants n'auraient pas de père. Oui, c'était dur à dire, surtout pour moi qui tenait tant à ce mariage, mais je ne savais vraiment pas quoi faire pour le sauver.
Je ne pouvais décemment pas demander à Hugh de tout arrêter, de quel droit le ferais-je ? Il semblait aimer son job, ne réclamait pas de vacances comme les gens dégoûtés du boulot le faisaient.

Moi aussi j'aimais mon travail. S'il m'avait demandé d'en changer, ça m'aurait profondément blessée. En fait, celui que j'avais maintenant me prenait plus de temps que le précédent. Avant, je bossais dans l'enseignement privé. Je donnais cours à des enfants qui n'avaient aucun problème et il était évident que les horaires étaient plus simples et moins fournis. Changer d'orientation avait été comme une réaction au travail de mon mari. Rentrer chez moi et trouver la maison vide, c'était vraiment déprimant au possible, alors j'ai fait en sorte de passer moins d'heures là-bas. Une fuite de la réalité, peut être, mais ce n'était pas plus mal. Quoique je fasse de toutes façons, ça ne changerait rien au manque que je ressentais. Parfois, je me demandais s'il le ressentais aussi. Ce qui était le plus difficile à admettre, c'est que ça ne semblait pas être le cas. Il était toujours aussi gentil avec moi, quand il était là, mais il ne semblait pas non plus regretter de ne pas me voir assez. Ou alors il cachait bien son jeu pour que je ne le sente pas malheureux ? Pourtant il devait bien sentir que moi je l'étais non ? On en était arrivés à ne plus parler de rien. Pas vraiment le temps, ni l'envie. Il y a quelques semaines de ça, j'avais eu la peur de ma vie dans un supermarché... j'avais bien cru que j'allais me faire agresser par ce malade qui devait frôler les 2 mètres de haut et qui avait des épaules de déménageur ! J'étais rentrée chez moi, complètement paniquée, pleurant comme une madeleine et j'avais fini par m'endormir d'épuisement, le sommeil rempli de cauchemars qui ne m'avaient pas vraiment quittés depuis. Il n'était pas au courant... pourtant c'était quand même quelque chose d'important.

Niveau sexe, ce n'était pas le nirvana non plus. S'il était fatigué, autant vous dire que pour ça, il n'avait plus vraiment d'énergie non plus. Pourtant avant on était tous les deux bien en harmonie sur ce point là. Ca me manquait aussi... et je me demandais comment il faisait pour que ça ne lui manque pas plus que ça. Il avait pourtant toujours été plus en demande que moi... Pas que je n'aimais pas ça, mais comment dire... l'amour que j'éprouvais pour mon mari était autre. Certains étaient en couple juste pour ça, moi je le faisais avec lui parce que ça faisait partie de la vie de couple. Au départ, Hugh n'était pas forcément mon genre d'homme, c'est son caractère, ce qu'il avait en lui qui m'avait séduite. J'en étais heureuse parce que je me disais que contrairement à une relation basée sur le sexe, la nôtre avait des fondations plus solides et durerait plus longtemps... du coup ça me faisait presque sourire maintenant que j'aie pu penser ça. Un sourire amer évidemment.

J'étais bien perdue dans mes pensées lorsque je vis un homme se dresser devant moi. Il était assez séduisant, sans doute quelques petites années de plus que moi, et il tenait en main un plateau sur lequel étaient posés un sandwich et un irish coffee... Quel drôle de mélange !



| Bonjour... Cela vous dérangerait si je m'asseyais ici? C'est bondé, et j'avoue que l'idée de manger en terrasse me dérange un peu. |


Je levais vers lui un regard amusé.


Ah bon ? je ne vois pas pourquoi ça vous dérange, la terrasse est très accueillante !


L'homme était en train d'enlever sa veste qui dégoulinait d'eau. On avait tous l'air de sortir de la douche à vrai dire. Dehors, le déluge ne se calmait pas. L'eau coulait presque de plus en plus dru et le vent ne faiblissait pas, envoyant parfois la pluie directement sur les carreaux du fast food en un grondement. Glauque... sinistre... froid. Un frisson me parcourut et je passais mes mains sur mes bras.


| Remarque, je vous dérange peut être, vous attendez peut être quelqu'un... |


Je me rendais compte que je n'avais pas encore répondu clairement à sa requête, bien que le sourire que j'avais fait quand il m'avait interpellée avait pour but d'être engageant. Parler de tout et de rien avec un inconnu, quelqu'un que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam ne pourrait pas me faire de mal, au contraire. A moins qu'il veuille la paix, manger tranquille et ne desserre pas les dents ? Quoiqu'il en soit, je n'allais pas le laisser manger debout !


Non, je n'attends personne...


Petit sourire et je hausse les épaules.


Enfin si, un taxi. Ma voiture a lâché. La batterie sans doute, j'en sais rien...


je lève les yeux au ciel, un peu énervée que cette fichue bagnole me fasse un coup pareil un jour de tempête alors que je la bichonne bien comme il faut. Elle a tous ses entretiens, je ne roule pas comme une tarée avec... A croire qu'elle avait vraiment décidé de s'acharner sur moi aujourd'hui précisément !
Une fois que l'homme est assis en face de moi, je lève quand même une main pour le saluer.



Je m'appelle Suzy. Suzy Tannen...

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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 29 Nov - 15:10

    La jeune femme que j'avais abordé semblait plongée dans ses pensées. Le temps maussade n'aidait visiblement pas à la réflexion. Peut être que le temps avait bel et bien un effet sur le moral des gens, après tout. Je n'en savais rien. J'avais juste envie de me poser, et de profiter un peu de cet instant de répis. Je ne souhaitais pas continuer de penser à tout ce qui viendrait bousculer mes pensées. Jana me hantait de plus en plus, ces derniers temps. Je savais que je ne parviendrais jamais à l'oublier, et l'avenir semblait de plus en plus incertain. Je n'étais même plus certain de parvenir à vivre avec le souvenir de cet amour disparu. Cela devenait très dur, avec le temps. J'aurais cru à l'origine, la mort dans l'âme, que mon amour pour Jana s'estomperait, en même temps que la douleur que je ressentais, mais il n'en était rien. Cette expérience m'avait profondément transformé, et je ne serais plus jamais le même; j'avais cette conviction. Et quand je regardais cette jeune femme, j'avais l'impression de revoir Jana. Aucune ressemblance entre elles, mais j'avais l'habitude ces dernières semaines que mon esprit me joue ces tours de passe passe. La jeune fit un trait d'humour qui me fit sourire, et cela me tira de mes pensées. A l'évocation de la terrasse, je ne pus m'empêcher de porter mon regard dessus. Elle était désertée, les chaises en plastiques empilées sur les tables, l'eau tambourinant ce mobilier de fortune, éclaboussant les choses en tous sens. Oui, véritable temps de chiotte.


    | Moins accueillante que votre table, tout de même, reconnaissez le... |


    Humour pour humour, j'étais bien servit de ce côté là. J'avais répondu du tac au tac, sans franchir la barrière de la convenance. Je ne souhaitais pas me mettre qui que ce soit à dos aujourd'hui; je n'avais pas l'âme de lutter. Je n'avais encore moins envie de me mêler aux gens, bien que j'étais venu manger dans un endroit des plus bondés. Sans doute étais je un type particulièrement paradoxal et contradictoire dans tout ce que j'entreprenais. Cela ne m'étonnerait même plus. J'espérais quoi qu'il en soit que la seconde partie de ma phrase ne brusquerait pas l'inconnue; je ne voulais pas qu'elle voit dans ma formulation un intérêt direct pour elle, genre la question implicite « êtes vous mariée ou puis je vous faire du rentre dedans? ». Ce n'était pas le but, et en jaugeant son expression, je n'avais pas l'impression que notre discussion allait partir d'un quiproquo. Il ne manquerait plus que ça! Entre mon esprit qui prenait plaisir à me tourmenter et la récente histoire avec Andréa, je n'avais vraiment pas besoin de ça!


    La jeune femme m'autorisa à m'asseoir, me disant qu'elle n'attendait personne. Je m'exécutais alors, soupirant en m'asseyant enfin. Je me sentais bien ici, au chaud. Je dépliais l'emballage de mon sandwich et croquais avidement dedans. Je savourais le goût de la viande, du fromage et de la garniture. Cela me rafraîchissait la bouche et satisfaisais mon appétit. La jeune femme m'explique ensuite qu'en fait, elle attendait un taxi car sa voiture avait lâché, a priori à cause de sa batterie. Je la regardais attentivement, réfrénant l'envie presque naturelle de la reconduire chez elle. Mais je ne pouvais pas rendre ce service. J'avais des armes dans ma voiture, et bien que cachées, elles ne feraient que soulever des questions. De plus, rester un inconnu dans un bar était plus sécurisant pour moi que de laisser la trace d'une rencontre trop prolongée derrière moi. Je repose mon sandwich pour serrer la main qui m'est présentée. Je n'hésite pas à dire mon nom. L'expérience m'avait appris que les noms étaient nettement moins reconnus que les visages, et celle ci avait déjà vu le mien.



    | Enchanté, Suzy. Torben Badenov. Pour votre voiture, si vous n'êtes pas trop pressée, je peux peut être jeter un coup d'oeil à votre voiture. J'ai quelques talents en mécanique, et rien de bien important à faire en cette fin de journée pluvieuse. |


    Ma proposition était honnête, mais je n'étais pas spécialement emballé à cette idée; mes souvenirs, toujours. Je me revoyais près d'Ozdranyi, réparant le radiateur d'un véhicule d'avance blindée alors que mes camarades repoussaient une embuscade de partisans. Aurais je cru à cette période là de ma vie, de me retrouver en Ecosse près de dix ans plus tard, combattant créatures de l'ombre et torturé par son veuvage? Je jetais un coup d'oeil à l'alliance de la jeune femme.


    | Votre moitié ne peut pas venir à votre secours? |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 29 Nov - 18:00

Je ne savais plus trop où j'en étais ces derniers temps, et je dois bien avouer que dès que je me retrouvais seule, que je n'avais plus personne dont je devais m'occuper, personne à qui parler de tout et de rien, je sombrais dans une profonde mélancolie. Le plus drôle dans tout ça, c'est que ce qui avait plut à Hugh, c'était ma joie de vivre, ma constante bonne humeur et mon optimisme à toute épreuve. C'était bien loin tout ça, j'avais l'impression d'être une autre personne. Je sens bien que j'ai changé ces dernier mois et j'avoue que ça me fait peur. Jusqu'à quel point puis-je changer ? Est-ce que mon mari finira par s'en rendre compte ? Et pourquoi étais-je comme ça ? Sans doute parce que je voyais mon mariage se détruire à petit feu et que je ne pouvais rien faire. Qu'y avait-il à faire d'ailleurs ? Ce n'était pas comme si nous nous disputions sans arrêt, je ne pouvais pas me battre contre le temps qu'il passait à travailler, il n'avait pas vraiment le choix. En fait, j'aurais plutôt dû le soutenir plutôt que de me plaindre comme je le faisais. Mais je n'y arrivais pas. Dieu sait que j'avais essayé, mais je n'y arrivais pas.

Ne plus penser, en tout cas pas à ça, essayer de concentrer mon esprit sur autre chose si c'était possible. Voilà ce que je me répétais dès que j'étais seule. Mais rien à faire, je cogitais sans arrêt, comme si, enfoui quelque part, il y avait la solution à mon problème. C'est toujours beau d'espérer, n'est-ce pas ? Et puis ça ramenait un peu l'ancienne Suzy, celle dont il était tombé amoureux et qui croyait encore qu'il y avait toujours de l'espoir pour tout.
J'étais presque soulagée de voir cet homme débarquer. J'espérais simplement qu'il serait de compagnie agréable le temps que je prenne mon taxi, alors j'essayais de me montrer avenante, chaleureuse lorsqu'il s'adressa à moi. Une plaisanterie s'enchaînant à une autre, il me fit remarquer que ma table était plus avenante que la terrasse.



Oui, c'est vrai j'avoue... la meilleure preuve est que je lui ai sauté dessus dès qu'elle s'est libérée !


Je lâche un petit rire. C'est fou, mais j'en avais presque oublié le son. Le pauvre gars avait l'air affamé et mordait dans son sandwich avec avidité. Je le rassurais le fait que je n'attendais personne et qu'il pouvait prendre place pour manger à l'aise, lui dévoilant que la seule chose que j'attendais, c'était un taxi vu que ma voiture était en panne. J'aurais dû presque être arrivée chez moi maintenant... mais en fait, ça ne me gênait pas plus que ça d'être ici. au moins il y avait un peu d'animation, c'était pas plus mal que d'allumer la télé et regarder des séries débiles qui agissaient presque comme un lavage de cerveau. Je me présentais à lui. Après tout, c'est ce que font les gens civilisés non ? Jusqu'à preuve du contraire, j'en suis encore une. L'homme pose son sandwich pour me serrer la main, une poigne ferme et sûre.


| Enchanté, Suzy. Torben Badenov. Pour votre voiture, si vous n'êtes pas trop pressée, je peux peut être jeter un coup d'oeil à votre voiture. J'ai quelques talents en mécanique, et rien de bien important à faire en cette fin de journée pluvieuse. |


Je fais signe de la main de laisser tomber.


Non voyons ! Il pleut des cordes, restez bien au chaud.


Si dans ma nature j'étais toujours encline à rendre service, j'avais toujours du mal d'accepter qu'on m'en rende. C'était comme ça, je ne voulais pas déranger. Limite si je ne voulais pas disparaître dans un trou de souris pour qu'on m'oublie. Mais là je devais bien avouer que je me voyais vraiment mal accepter ce genre de proposition. S'il avait fait ciel bleu, peut être bien, mais rester sous la pluie par ce temps, c'était un coup à se choper le rhume du siècle. Oui, je sais, là je réagis en pure institutrice ! "Mets ton bonnet", "Sors pas avec les cheveux mouillés !"... c'est plus fort que moi ça. Faudrait presque que je sois la mère de tout le monde c'est dingue de vouloir prendre soin de l'humanité comme ça ! Déjà quand j'étais gamine j'étais comme ça. Je n'avais que 4 ans quand ma petite soeur est née, et j'avais toujours envie de m'occuper d'elle. Evidemment, je ne pouvais pas faire grand chose, mais quand elle était endormie dans son couffin et que je pouvais la voir, je vérifiais toujours que tout allait bien. Quant à mon petit frère, n'en parlons pas... alors lui, j'étais la seule qui réussissait à lui faire manger sa panade et plus tard, il n'y avait qu'avec moi qu'il acceptait de faire ses devoirs. Une vraie petite maman déjà... pourtant j'étais tout doucement en train d'oublier l'idée d'être mère un jour. En tout cas là, c'était vraiment mal parti.


| Votre moitié ne peut pas venir à votre secours? |


La voix de Torben me sortit de ma rêverie.


Ma moitié ?


J'eus un petit rire malgré moi. Un petit rire amer.


Non... non il ne peut pas.


Et voilà que j'étais repartie à me sentir mal, seule, abandonnée, déprimée au dernier degré... Une simple remarque, bien légitime, et je me rendais compte que je n'étais pas comme toutes les femmes. N'importe quelle femme mariée aurait appelé son mari en renfort, aucune n'aurait envisagé d'appeler le garage le lendemain avant même de lui en avoir touché un mot parce que même si je savais qu'il était capable de régler le problème, je savais encore mieux qu'il n'aurait pas le temps de faire. Il me dirait "Et je dors quand ? J'ai encore eu une nuit épouvantablement longue, il faut que je me retape Suzy !"...
Je l'entendais déjà d'ici... Il me regarderait avec ce petit air dépité de ne rien pouvoir faire pour moi et au final, j'aurais juste perdu du temps. Non, je n'étais pas comme les autres femmes mariées. J'avais une vie de célibataire. Je mangeais seule, je dormais seule, je m'occupais de payer les factures, et quand un problème survenait à la maison, je m'en occupais pour qu'il n'ait pas à le faire.



En fait, j'ai déjà de la chance si je le croise et que je peux lui parler 5 minutes, donc c'est un peu mort pour qu'il s'occupe de ma voiture.


Je m'étais rendue compte qu'à entendre ce que j'avais dit, il aurait pu penser qu'il était mort... ou qu'on était séparés. Du coup j'avais précisé. Enfin je n'avais pas vraiment envie de l'ennuyer avec mes histoires. C'est fou comme on a toujours tendance à se confier quand on est face à un inconnu. Peut être parce qu'on sait que demain, il aura tout oublié. Mon nom, mon visage, tout ce que je lui avais dit disparaîtrait avec la nuit.


Désolée... Je ne veux pas vous ennuyer avec mes problèmes.


Je lui fais un petit sourire et détourne le regard vers l'extérieur. Tout ça à cause du Tru blood. Comme quoi ça tient à peu de chose une vie. Je pousse un soupire et parle comme à moi-même.


Foutus vampires...
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 1 Déc - 18:42

    La discussion semblait bien entamée. C'était toujours le plus délicat, quand on ne connaissait pas la personne en face; la prise de contact. Je savais bien qu'il ne fallait pas que je me leurre, mais j'appréciais cette femme. Elle avait un côté avenant qui ne me rebutait pas. Elle n'était a priori pas comme tous ces gens, qui se pressent contre moi pour me questionner, et tout savoir de moi. Je n'avais jamais aimé ça. Je ne le supportais plus. Mais avec cette Suzy Tannen, tout semblait passer tout seul. Je ne pouvais pas dire pour autant que je l'appréciais vraiment, juste je sentais qu'elle et moi aurions sans doute pu avoir des atomes crochus avant que tout ne se barre en sucette dans cette existence. Suzy Tannen.. Quand j'y repensais, ce nom de famille me disait quelque chose, mais très vaguement. Ce nom ne me venait pas de la HCV, sinon je ne l'aurais pas oublié. Peut être une lecture? La télévision? La radio? Aucune idée. Je n'avais pas pour impression pour autant d'avoir affaire à une sommité ou une starlette quelconque. Et l'ignorance des gens de ce restaurant me confirmait qu'il ne devais pas s'agir d'une personne particulièrement reconnue. Mais je savais tout aussi bien que cela ne voulait rien dire. Tant pis, je retrouverais probablement l'origine de ce nom plus tard. Ce ne devait pas être bien important. Si ça se trouvait, il ne m'évoquait quelque chose qu'à cause de la ressemblance de ce nom avec quelqu'un que j'avais dû connaître dans le passé. Rien de bien grave, en somme. Je souris un peu au rebondissement jovial que mon interlocutrice fit à ma première plaisanterie. Elle rit. Ce rire fait du bien à entendre. Cela faisait un moment que je n'avais plus entendu rire quiconque se retrouvant mêlé à une de mes discussions.


    | Félicitons nous mutuellement, alors. Nous seuls avons détecter l'attraction de cette table. |


    Je continuais de manger à toute vitesse, et croquait à nouveau dans mon sandwhich. Pour un corps aussi affamé que le mien, c'était un véritable régal. Je savourais chaque aliment. J'avais l'impression qu'à passer moins de temps ivre mort, je retrouvais le goût de certaines choses, ces derniers temps. J'espérais que ce n'était pas que provisoire. Pourtant, je continuais de boire, mais j'évitais de passer tout mon temps la tête à l'envers. Cela allait finir par me tuer si je n'arrêtais pas, et je n'avais pas envie de mourir comme un misérable, seul, autour d'un verre. Non, je savais que je mourrais bien assez tôt en ne me contentant que de continuer de combattre les vampires. Bien entendu, je ne pouvais pas me dire d'arrêter complétement la boisson. Non, j'en avais plus que jamais besoin. Je devais juste faire attention. La jeune femme fit un petit geste de la main et me dit de laisser tomber. Je haussais les épaules. C'était comme elle voulait. Après tout, ce n'était pas si j'obligeais les gens à accepter mon aide, même si cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de protester. Plus par habitude qu'autre chose, j'imagine.


    | C'est comme vous préférez, Suzy. Je n'ai aucune autre obligation qui m'attend. |


    Mon coeur se serra. Non, je n'avais plus d'obligations. Plus de travail, plus de vie, plus de femme, ni de famille... J'étais seul, débris survivant d'une nuit de folie. C'était aider Suzy, ou rentrer plus vite dans ma chambre, me souler et dormir d'un mauvais sommeil, emprunt de cauchemars et de rêves brisés. Oui, la morosité me gagnait ces derniers temps, pensais je un peu ironiquement. Je buvais une gorgée de mon café au whisky. Le goût brûlant du café et ambré du whisky me requinqua et réchauffa un peu mon corps gelé, bien que mon âme, elle, restait vide et froide. Mon intérêt pour la conversation revient à grande vitesse alors que la jeune femme s'interroge sur ce que j'appelle sa moitié. Mon premier réflexe est de me demander si je ne me suis pas trompé d'expression. Après tout, mon anglais n'est pas naturel; je l'ai appris sur le tas. Je ne me trompe pourtant pas. Elle a un rire amer. Je pense tout de suite qu'elle est séparée, divorcée, ou que ça ne se passe pas bien avec son époux. Pauvre d'elle, un mariage qui lui évoque cette expression est tout ce que j'ai toujours voulu éviter. Je ne m'épanche pas dans les détails; je ne m'y intéresse pas. Je ne veux pas lui soutirer des informations que de mon côté je ne lui donnerais probablement pas. Je ne souhaite vraiment pas détailler nos existences. Ce serait nous lier plus qu'il n'est bon pour deux inconnus presque parfaits. Je me sentais cependant désolé de l'ombre que j'avais manifestement jeté sur l'âme et le visage de ma vis à vis. Il me semblait que c'était quelqu'un de plutôt agréable, et je me sentais une fois de plus d'avoir gâché une bonne humeur. J'avais l'impression de contaminer tout ce que je touchais.


    Je bus une nouvelle gorgée d'Irish Coffee. L'alcool ne me faisait aucun effet, ma la persistance de goût qu'il laissait en bouche était intéressante. Cela me rendait plus doux, moins stressé, moins occupé par mes pensées. J'aimais l'alcool, cela me permettait de tenir. Tenir le choc, encore et encore. Continuer, recommencer, me battre, et recommencer. Cycle sans fin. Suzy reprend la parole après un instant de silence. Visiblement, sa vie de couple lui pèse. Elle me dit qu'elle n'a, en gros, aucune vie de couple avec son époux. Il doit apparemment être très occupé, ou meublant son temps libre d'une façon réprimée par la morale, comme ça arrive parfois. Celame renvoyait encore à ma propre histoire. Tout ce temps gâché plutôt qu'à le passer avec Jana. Je revois son visage fatigué quand je rentre du travail, quand elle me dit qu'elle s'est occupée de tout dans la maison. Mon coeur se serrer. Si seulement j'avais su... Suzy s'excuse de ses problème et de l'étalage qu'elle en fait. J'essaie d'avoir un sourire avenant.



    | Ne vous inquietez pas, vous ne m'ennuyez pas. On rencontre tous ce genre de problème, à un moment où à un autre de notre existence... |


    Alors, elle me fige. Elle a dit « foutus vampires ». Je me stoppe, je la regarde. Mon premier réflexe est la suspicion. Pourquoi dit elle ça? Je n'en sais rien. Elle n'est pas mariée à un vampire, cette abomination n'existe pas encore. Son époux travaille peut être avec des suceurs de sang? Je n'en sais rien. Je ne le sais pas. Je reprends mon verre. Oui, foutus vampires.... « Calmes toi, mon amour ». J'entends encore sa voix. Je me redresse d'un bond, et regarde partout autour de moi. Mais elle n'est pas là. Elle ne peut pas être là, elle est morte. Je l'ai vu. Mon esprit part en sucette. Je m'affaisse légèrement, reportant mon attention sur mon verre, que je finis d'un trait.


    | Je comprend ce que vous dites. Les vampires, eux, m'ont aussi volé mon épouse. A leur manière.... Que fait votre époux, pour avoir affaire avec eux? |
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 1 Déc - 22:41

Pourquoi je n'arrivais pas à ne pas y penser ? C'est fou mais quel que soit le sujet de conversation, ça me ramenait mon mariage. L'homme assis en face de moi semblait assez sympathique, et il avait même proposé de tenter d'arranger le problème de ma voiture. J'avais gentiment décliné, ne souhaitant pas le soumettre à un bain forcé qui risquait après de le rendre malade. Oui, j'avais un mari... et oui, il aurait été normal que je me tourne vers lui en de telles circonstances. Sauf que ce n'était pas possible, parce qu'il n'avait plus de temps à me consacrer. Je commençais sérieusement à me dire qu'il était grand temps que j'ai une conversation avec lui. Peut être que j'allais lui envoyer un message sur son portable pour prendre rendez-vous ? Au moins il comprendrait le message et verrait qu'il y avait un problème. Ce n'était tellement pas mon genre ce type de raillerie. Mais la femme qu'il avait épousée était en train de changer, bien malgré elle, et à cause de lui. Je commençais à éprouver de la rancoeur, je commençais à lui en vouloir vraiment, même si la Suzy de toujours protestait contre ça et disait qu'il ne fallait pas le blâmer mais plutôt le remercier de se tuer ainsi à la tâche pour sa famille. Sa famille ? Quelle famille ? Où sont les soirées ensemble devant la télé ou autour de la table du petit restau du coin ? Où est l'enfant désiré et planifié ? Si on avait été une famille, je n'aurais pas eu à m'inquiéter pour ma voiture, parce que s'il n'avait pas pu s'en occuper ce soir, il l'aurait fait demain. Mais non, je ne pouvais pas compter sur lui, pour rien. Alors pourquoi suis-je encore avec lui me direz-vous ? Parce que par nature, je suis fidèle et loyale, parce que l'aime et que je ne veux pas croire que notre mariage est fini juste parce qu'il fait trop d'heures, parce que les rares moments que nous avons ensemble, il reste cet homme gentil et bourré d'humour qui m'a faite craquer... Voilà pourquoi je m'accroche aux branches même si j'ai de plus en plus l'impression que le tronc est irrémédiablement pourri. On n'était pas comme ces couples qui se déchirent et se balancent des insultes à la figure, alors comment ne pas vouloir s'accrocher et espérer que les choses s'arrangent ? Peut être si je lui parlais, si je lui exposais clairement que je n'en pouvais plus de cette situation alors il prendrait conscience de ce que son travail est en train de lui coûter et il ferait en sorte de sauver notre mariage ?

Torben disait n'avoir aucune obligation et je me demandais quelle était sa vie. Vous savez, quand vous êtes dans un train le soir et que vous voyez les fenêtres allumées des maisons... vous vous demandez ce qui peut bien se passer derrière les rideaux... Ce n'est pas de la curiosité malsaine, l'envie de s'immiscer dans la vie des autres, vous vous posez juste la question, comme ça, parce qu'intimement, vous savez que partout où vous regardez, il y a eu de grands bonheurs, et des moments de grande souffrance. Aucune vie n'est lisse d'obstacles et de meurtrissures, des douleurs plus ou moins grandes mais qui pour vous comptent plus que tout. Evidemment il y a toujours pire... si votre mariage capote, vous pourriez aussi avoir perdu un être aimé avec qui tout allait bien, dans ce cas là, vous auriez pu avoir perdu un enfant... là, vous vous dites que peut être, c'est mieux que de le voir atteint d'une maladie dégénérative qui va l'handicaper de plus en plus pour l'amener à l'issue fatale sans que vous ne puissiez faire autre chose qu'assister à sa déchéance, et là c'est peut être quand même mieux que ce jeune africain qui a assisté impuissant au massacre de toute sa famille à coup de machettes. Oui, il y a toujours pire, mais nos douleurs restent les plus importantes, n'est-ce pas ? Monde d'égoïstes et de gens qui pensent que tout tourne autour de leur nombril... J'en faisais partie, tout comme Torben, tout comme ces deux jeunes femmes qui discutent guillerettement en parlant trop fort trois tables plus loin, comme cet homme aux cheveux blancs qui s'apprête à sortir de l'établissement.

L'homme avait raison, on rencontre tous ce genre de problème à un moment ou à un autre de notre existence. on vit dans un monde où le mariage n'est plus qu'une signature qu'on peut effacer à coup d'honoraires d'avocats et de bénédiction de juges. C'est facile de se marier, c'est facile de divorcer, et au moins ici il n'y avait pas d'enfant qui serait balloté entre ses deux parents. Et voilà que je pense au divorce maintenant ! je secoue la tête et bois une longue gorgée d'irish coffee, grimaçant. Pour moi qui ne bois que très peu d'alcool, ça reste corsé comme boisson !
Enfin toujours est-il que je n'ai pas à l'ennuyer avec mes histoires de couples. Quand je pense que tout ça a démarré avec l'arrivée de ce sang synthétique ! Sans ça, les vampires ne se seraient pas manifestés, il n'aurait pas fallu produire cette boisson de l'enfer dont ils raffolaient et Hugh aurait continué son ancien travail, on en serait pas là. Foutus vampires ! j'avais l'impression qu'ils m'avaient volé ma vie !
Du coin de l'oeil, il me semble voir Torben sursauter, mais quand je lève les yeux vers lui, on expression est calme. Mais ce qu'il me dit me glace le sang. Les vampires lui ont volé son épouse ? Dans quel sens dit-il ça ? L'a-t-elle quitté pour l'un d'eux ? Ont-il été dans une situation similaire à celle que je rencontre avec Hugh ? A-t-elle été tuée par un vampire ? Il y a tant de possibilités...
L'homme me demande ce que fait mon mari pour avoir affaire à eux. La réponse est tellement simple qu'elle me semble ennuyeuse.



Il est responsable de la distribution de tru blood pour le territoire des îles anglaises... Il n'en finit pas de faire des heures tant il faut en produire ! du coup il est aussi présent qu'un fantôme à la maison, j'en arrive à oublier le son de sa voix parfois...


A croire qu'ils en buvaient des litres et des litres... ou qu'ils étaient des millions. Je n'avais jamais rencontré de vampire... du moins je ne crois pas. Est-ce que je serais capable de les reconnaître si j'en croisais ? Bien sûr comme tout le monde j'en ai déjà vu, à la télévision, notamment cette femme qui est leur porte parole. Mais à vrai dire, si on ne m'avait pas dit qu'elle était vampire, je ne l'aurais pas soupçonné. On était loin de la caricature de Bram Stoker...
Mais ce qu'il a dit m'intrigue, et je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions. Il faut dire que je n'ai jamais abordé avec personne le thème vampire avant, même avec Hugh... il prétendait ne pas en croiser tant que ça et qu'ils étaient aussi normaux que lui et moi dans leur comportement. Torben semblait en avoir une certaine expérience, une expérience douloureuse. J'avais peur de le blesser avec une question... je détestais blesser les gens. Mais c'était plus fort que moi, alors après avoir repris une gorgée de mon Irish coffee qui commençait à être froid, je penchais un peu la tête en le regardant.



Excusez moi, je ne voudrais pas paraître indiscrète ou réveiller de mauvaises choses mais... qu'est-il arrivé à votre femme ?
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 2 Déc - 23:29

    Je me demandais de plus en plus à qui j'avais vraiment affaire. En effet, la jeune femme avait titillé ma curiosité, avec son histoire de vampires et d'époux prit par les rigueurs de son travail. Que faisait il vraiment? A mon sens, il ne devait pas y avoir trente six solutions, car bien peu d'humains frayaient effectivement avec les vampires, et plus petit encore était le nombre d'entre eux à passer l'intégralité de leur temps avec les suceurs de sang. Politicien ? Je ne pensais pas. La jeune femme n'avait pas l'allure d'une femme de député ou d'élu quelconque. Ce n'était peut être qu'une impression, mais je l'imaginais plutôt conjointe d'un chef d'entreprise, ou de quelqu'un qui gérait des affaires commerciales. Mais de quel commerce pouvaient donc se raccrocher les vampires? Je n'en avais aucune idée, et cette discussion prenait immédiatement une tournure plus professionnelle. Mon intérêt de chasseur était piqué au vif. Je tenais peut être le début d'une piste. Et depuis l'attentat et le côté morose qu'avait pris la tournure des évènements, je n'avais pas eu grand chose d'intéressant à me mettre sous la dent. Je ne savais bien évidemment pas comment on pouvait se sortir de toute cette histoire... Par « on », j'entendais bien sûr l'Eglise Humains Contre Vampires. Nous étions plus que jamais soumis à des défis énormes, presque insurmontables.


    La crise médiatique sans précédent qui touchait le mouvement, et l'opinion publique qui nous pointait du doigt. Les grands pontes de l'organisation avaient adopté un profil bas, mais qui manquait selon moi de courage. Je me rappelais les combats en tchétchénie. Moralement et internationalement condamnée, l'opération n'avait jamais été annulée, ni reportée, ni cachée. Nous avions continué à « ramener le calme dans la province, quoi qu'il en coûte ». En plus de ça, il y avait toutes les tensions internes. Les branches dures de l'organisation voulaient plus d'actions, tandis qu'une partie des dirigeants jouaient l'apaisement. Enfin, une autre partie de l'Eglise, plus délétère sans doute, se détournait peu à peu de notre véritable objectif, de ce que nous devions faire en priorité; tuer des vampires. Andréa Donwood, mon ancienne coéquipière, faisait partie de ceux là. Elle s'était perdue elle même dans la tourmente de la guerre. Elle n'avait pas tenu le choc. Je n'avais ni pitié ni compassion pour elle; juste un étrange sentiment confus, mêlant tristesse et déception, sans doute un peu de rancoeur aussi.


    C'était pour toutes ces raisons que je m'intéressais autant à la poursuite de cette discussion. Pendant ces quelques instants où les idées, théories et constats ont fusé dans mon esprit, j'en ai presque totalement oublié mon interlocutrice. Mais celle ci se rappelle à moi en répondant à ma question. Responsable de la distribution de Tru Blood? Un marchand de mensonges, comme nous aimions appeler les représentants de cette firme, dans le milieu de l'HCV. Je jetais un regard étrange à la jeune femme; j'étais amusé de la situation, mais c'était plus de l'ironie qu'autre chose. Marrant, que ça marche si bien, leur truc. Avec le nombre de vampires qui se nourrissaient d'humains pervers et consentants, et ceux qui se faisaient vider contre leur volonté, il ne restait qu'une mince frange de leur population a effectivement avoir recours au Tru Blood. Cependant, je repris mon sérieux. Ce qui arrivait à Suzy n'était pas de son fait, elle était comme nous tous, bloquée par sa participation involontaire à un système qui lui volait peu à peu son existence...



    | Je vois. Je compatis à votre situation. Pour avoir moi même infligé pendant longtemps ce genre de choses à mon épouse, je sais à quel point c'est dur. Je suppose que s'il fait ça, c'est avant tout pour vous... Cela n'excuse en rien son absence, ni ne la rend moins douloureuse... Je sais d'expérience que ce genre de choses ne se résout que par le dialogue, ou une prise de conscience de votre mari. Je croise les doigts pour que ça s'arrange, Suzy... |


    J'étais sincère. Je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam cette personne, mais elle me semblait sincère et honnête. Elle m'avait confié des choses que l'immense majorité des gens préféraient cacher sous un vernis de bienséance... Mais elle semblait préférer aux apparences une approche directe, sans concessions. Je trouvais cela louable, même si je n'avais jamais aimé me confier. Evoquer ma propre situation devant cette quasi inconnue restait également douloureux. Je savais que je ne devais pas tenir rigueur à Suzy de cette curiosité, mais repenser à tout cela était toujours tellement douloureux... Je me rappelais de la tchétchénie, de ce conflit qui m'avait éloigné de Jana. De toutes ces journées de travail, à travailler dur pour offrir une vie digne et agréable à ma moitié, et préparer la venue de notre descendance tant désirée... J'aurais su, je n'aurais jamais agit comme je l'avais fait. Toutes ces choses que j'avais faite me semblaient tant dénuées de sens aujourd'hui, alors que j'avais finalement perdu ce qui comptait le plus à mes yeux... Lorsque Suzy me posa la question fatidique, je prenais un moment pour lui répondre. Je délaissais ce qu'il me restait de sandwich, et sortais ma flasque. Je me servis le contenu dans mon gobelet. L'odeur de whisky se répandit dans la pièce. J'amenais le verre à portée de mes lèvres, et regardais son contenu. Je me perdais dans ce liquide ambré, comme je m'étais autrefois perdu dans le regard de mon épouse. Je poussais du bout des doigts ma flasque d'un ou deux centimètres vers Suzy, lui faisant signe que je l'invitais à boire un verre avec moi. Je n'avais pas envie de partager mon histoire; elle était ma malédiction, et ce qui avait été pourtant pour moi le meilleur moment de ma vie. Suzy m'avait parlé de ses problèmes en toute franchise, cela ne révolutionnerait pas le monde que je lui dise ce dont il retournait... d'autant qu'elle prendrait peut être conscience du fait que son mari jouait avec le feu, et qu'il fallait qu'elle agisse si elle voulait continuer son existence... Je redressais finalement le regard vers celui de Suzy, que j'accrochais de longues secondes. Un regard froid, dénué de vie et de chaleur. Un regard sérieux, intransigeant.


    | On me l'a enlevée. Des vampires... |


    Je bois mon gobelet d'une seule gorgée. Je garde un instant le liquide en bouche, qui annihile mes sens et brûle mon palais, avant de faire de même avec ma gorge lorsque je déglutis. Je grimace, c'est toujours aussi douloureux que de boire, mais cela a toujours le même effet libérateur...


    | Un vampire, plutôt. Il a réussit à entrer chez moi un soir de réveillon, il y a un peu plus d'un an. Il m'a blessé sérieusement, et a tué ma femme. Ma Jana... Faites attention à votre mari, Suzy. Il joue son existence et son âme, pour vous. |


    j'ai envie de boire, j'ai envie d'oublier, j'ai envie de partir. Je détourne le regard, et je me sers un autre verre.


    | N'hésitez pas à vous servir. Ca fait du bien à l'intérieur, et par ce temps, ça vous protège des virus. |
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 3 Déc - 14:12

Il y avait de la tristesse dans les yeux de cette homme. J'étais plutôt empathique et j'avais l'habitude de devoir faire preuve de psychologie dans mon travail, alors c'est quelque chose que j'avais perçu. Pas que j'avais envie de l'analyser, mais ça m'avait presque sauté aux yeux. Quand il m'a dit que des vampires avaient pris sa femme, j'avais compris que ça devait venir de là.
En fait, je ne connaissais pas grand chose de cette race mystérieuse. Il pouvait y en avoir un qui me demande son chemin que je ne crois pas que j'aurais pu déterminer ce qu'il était. Et puis je ne m'intéressais pas à eux. J'aurais peut être dû, par la force des choses, vu que mon mari travaillait en quelque sorte pour eux. Il faisait en sorte de les fournir en tru blood, donc les vampires, c'était un peu son domaine. Mais peut être par réaction à ce que ça me coûtait, je ne voulais rien savoir. Comme à peu près tout le monde, je me méfiais plus ou moins. Après tout, c'est de notre sang que ces êtres se nourrissaient à la base et j'avais du mal de leur trouver de la sympathie. Dans un même temps, je n'en connaissais pas, difficile de juger dans ces conditions. Moi qui avais toujours été la première à prôner l'ouverture d'esprit, qui disait toujours qu'il fallait connaître avant de juger et ne pas le faire sur des on-dit, j'étais un peu mal embarquée. Continuer dans cet état d'esprit et attendre d'en savoir plus ou bien rejoindre l'idée de beaucoup qui pensaient qu'il n'y avait pas d'espoir de rencontrer des gens biens dans cette race, qu'ils étaient dangereux, quelle que soit l'image qu'ils véhiculaient ? J'étais un peu paumée.

En fait, je ne m'étais jamais posée vraiment la question. Mon problème n'était pas qu'Hugh travaille dans un secteur qui les concernait, mais simplement le temps qu'il y passait. J'avais cette rancoeur égoïste, ce sentiment d'abandon qui était de plus en plus difficilement supportable. Lui et moi n'étions pas en train de prendre des chemins différents qui menaient facilement à une séparation parce que c'était invivable, juste on ne vivait plus vraiment ensemble, même si on partageait le même toit. Même le lit conjugal ne nous recevait plus jamais ensemble entre ses draps. Alors franchement, j'avais d'autres chats à fouetter que les vampires, tant qu'aucun ne m'approchait, je faisais avec, un peu comme tout le monde. Le monde avait changé depuis la révélation de leur existence... j'avais un peu l'impression qu'on revivait ce temps passé où des organisations plus ou moins secrètes se battaient contre les gens de couleur. On les disait inférieurs, bêtes, sauvages, mal intentionnés, voleurs, impurs, hérétiques... C'était une belle connerie et même s'il restait des petits réseaux un peu partout dans le monde, les mentalités avaient évolué à leur sujet. Mais bien entendu, il n'y avait rien à leur reprocher. Est-ce qu'on était dans le même cas avec les vampires ? Est-ce que leur réputation ne les précédait pas ? N'y avait-il pas une bonne partie de leurs membres qui finalement n'étaient pas dangereux pour un sou et ne demandaient qu'à s'intégrer ? Je n'en savais rien... mais comme on dit, dans le doute... Je n'avais pas l'intention de risquer ma peau en cherchant à savoir.

Quand j'en parlais à Hugh, il me prétendait qu'il n'en avait croisé que très peu. "Suzy chérie, ce n'est pas parce que tu produis de la boisson énergétique spéciale pour les sportifs de haut niveau que des stars du basket ou du foot viennent dans ton entreprise !". Imparable... qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ? Quand je lui demandais pourquoi il bossait la nuit alors, si ce n'était pas pour rencontrer des vampires, il avait aussi la réponse : Y'a énormément de bars qui prennent du tru blood et qui sont gérés par des vampires. La plupart des bars gérés par des humains n'en commandent pas, ils ne veulent pas voir les vampires débarquer chez eux. Et les vampires, ils dorment le jour, donc ils passent leur commande la nuit tombée. Il faut être réactifs pour les livrer, donc c'est la nuit que je dois être présent". Mais juste pour relever leurs mails, je n'ai pas à les rencontrer, ce n'est pas moi le représentant de la marque, je m'occupe juste de la distribution". Voilà, toujours rien à répondre. Et du coup, il n'avait rien à en dire, je n'étais pas plus avancée et restais dans mon ignorance. Peut être n'était-ce pas plus mal après tout...

Le dialogue... oui, il avait raison, il faudrait passer par là. je n'avais jamais été contre, je ne voulais pas l'ennuyer au départ, mais maintenant, ça devenait trop problématique. Il le fait pour vous... déjà torben me tenais ce discours alors j'imaginais bien les autres. "Il se crève au boulot pour toi Suzy !" "Il fait ça pour vous offrir la meilleur vie possible, comment peux-tu te plaindre ?"... Je voyais déjà ça arriver gros comme une maison. Déjà que je culpabilisais, là ça allait être pire. Et après on s'étonnait que je ne voulais pas ameuter le quartier !



Vous aussi vous travailliez beaucoup ?


Torben disait avoir infligé ça longtemps à son épouse... mais d'après ce que j'avais compris de son discours, ils en avaient parlé et il avait pris conscience du mal qu'il lui faisait. Le pire dans l'histoire, c'est que maintenant qu'il l'avait perdue, il devait s'en vouloir de ces heures passées loin d'elle et qui étaient perdues à jamais. Je me demandais si Hugh comprendrait... Oh c'était un homme gentil, mais qui sait comment il pouvait réagir ?
Mais quand j'entendais ce qui était arrivé à sa femme, je me disais que mes soucis étaient bien ridicules par rapport aux siens. Cela ne m'encourageais pas à faire confiance à ces êtres de la nuit en tout cas.
Jana... il y avait tellement de tendresse quand il prononçait son prénom... Des vies brisées et pourquoi ? A cause d'instincts sauvages et indomptables. Non, ces enfants de Caïn ne nous apportaient rien de bon, décidément pas.
J'allais poser ma main sur son bras en un geste amical, lui dire que j'étais désolée de cette horreur qu'il avait traversée... mais il m'arrêta dans mon élan en recommençant à parler. Il me dit que Hugh jouait sa vie et son âme pour moi. Je fronçais les sourcils. Je n'avais rien demandé moi... Je n'avais pas besoin de mener grand train, ma famille était modeste et l'argent n'avait jamais été un besoin pour moi. Mais surtout, ce qui m'avait interpellée, c'est ce regard froid et perçant... et cette phrase : "il joue son existence et son âme"... Il ne faisait que travailler comme n'importe quel cadre d'entreprise ! Pourquoi jouerait-il son existence et son âme ?
Ca faisait un moment qu'il avait poussé sa fiole d'alcool devant moi, mais je n'en avait pas pris. Il me suggéra de me servir, mais je dois bien avouer que là, j'avais d'autres idées en tête.



Pourquoi... pourquoi vous dites qu'il risque sa vie et son âme ? qu'est-ce que vous voulez dire par là ?


J'étais paniquée d'un coup. Quoi que je trouve comme idée de réponse à ma question, ça ne sentait pas bon du tout. Je posais ma main sur son bras et le suppliais du regard.


Torben... je n'ai pas besoin de boire, j'ai besoin de comprendre. Vous avez l'air de connaître votre sujet et moi je suis complètement ignorante. Je vous en prie... dites-moi ce que je dois savoir... Qu'est-ce que je dois craindre ?
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 7 Déc - 21:55

[Hj me revoilà enfin! J'ai été grandement aidé par la musique « Still loving You » de Scorpions, sans savoir pourquoi xD!]


    L'alcool me réchauffa l'âme, mais ce ne fut pas suffisant pour m'éviter de ressentir ce frisson étrange qui me parcourut l'échine. Je n'aimais décidément pas parler du passé. C'était quelque chose de particulièrement facile à aborder de fait; je n'avais qu'à repenser et les mots me venaient tout seul. Je ne ressentais pas la gêne viscérale des trois quarts de l'espèce humaine en matière de secrets. Je n'aimais pas ça, cependant. Je trouvais très facile d'en parler. Mais c'était de résister à tous les sentiments qui m'étreignaient qui était particulièrement difficile. Je n'étais pas fait de roc, j'étais même quelqu'un de plutôt fragile, et je n'avais jamais su passer outre les drames qui avaient ponctué ma vie. Bien sûr, j'en avais eu l'occasion, comme tout homme, d'oublier. Mais je m'étais toujours juré de ne jamais oublier, de ne jamais pardonner, de ne jamais renoncer. Je devais alors me montrer distant, avec tout le monde. Je ne devais pas risquer de me retrouver détourné de mon chemin. Les femmes sont le meilleur moyen pour moi de manquer mon destin; Cora, Mary, les autres... Andréa. Andréa, oui. Elle avait sans doute été la plus proche de me dévoyer totalement à ma cause; elle avait touché quelque chose en moi. Je ne l'aimais pas, mais je ne pouvais pas nier que je ne m'étais pas pris d'affection pour elle. C'était compliqué. Tout l'était toujours. Hannah aussi était une femme, mais elle était ma soeur. C'était pour elle, si je m'étais autant armé ces derniers temps, si j'investissais mes propres deniers dans l'élaboration d'un véritable arsenal de guerre, c'était pour la sortir du pétrin dans lequel je l'avais fourrée. Quelle connerie d'existence, plus j'essayais d'agir pour aider les gens que j'aimais, et plus je les enfonçais dans des ennuis pas possibles.


    Les paroles de la jeune femme me ramenèrent à ce passé pas si lointain, où je bossais comme un fou. J'avais accumulé tous les petits boulots possibles dans une Russie économiquement morose, et l'armée m'avait pendant longtemps privée de l'amour de celle qui serait devenue ma femme. L'armée... Une époque pas si éloignée que ça que l'actuelle, quand j'y repensais. Ca tire de partout, ça marche et ça crève, sans que je ne discerne très bien où je me dirigeais. Droit dans le mur, sans doute, mais la brutalité de mon existence m'avait toujours préservé de remises en question existentielles de ce que je voudrais faire; tout m'avait toujours semblé s'imposer... Ce n'était pas vraiment le cas si je voulais être honnête, mais c'était toujours l'impression que j'en avais eu.



    | J'ai été séparé pendant plusieurs années de celle que j'aime, un peu par la force des choses. Militaire de circonstances, et ensuite, il a fallu travailler quand je suis rentré au pays... Mais je n'ai pas à me plaindre. Le peu de temps que j'ai pu avoir avec Jana a été les meilleures années de ma vie. Vous verrez, quand tout se sera arrangé. Vous ne retiendrez que les bons côtés, et pas le reste. Je chéris cette période de ma vie plus que toute autre chose, et ce sera pareil pour vous, j'en suis sûr. |


    Enfin, je ne voulais pas dire que son mari allait souffrir et qu'elle serait heureuse, juste que j'étais persuadé d'avoir raison lorsque j'avançais pareille idée. Lorsque je repérais du coin de l'oeil que la jeune femme vint vouloir poser sa main sur son bras, je sentais une attitude honnête et réconfortante, qui me hérissa les poils de l'avant bras. Je fermais un instant les yeux, mais retirais mon bras par anticipation. Je ne voulais pas qu'elle me touche; cela n'avait rien de méchant pour elle, au contraire. Juste, ça n'arrangeait pas les choses, et cela ne les rendait pas plus faciles non plus. Je préférais être seul, cela m'avait toujours aidé, voire même protégé... Alors, je lui ouvris mes pensées, et me dévoilais sans doute plus que de raison. Je jetais ma prudence aux orties pour lui faire partager mon expérience de la souffrance et des vampires, choses très liées pour moi... Je ne savais pas comment allait réagir Suzy à l'annonce de ce que je venais de lui dire. Visiblement, elle compatissait à mon sort tout en ne comprenant pas tout. N'avais je pas été clair? Mon premier réflexe fut de ressasser dans mon esprit les paroles que je venais de dire. Mon anglais n'était pas encore parfait, même si sa pratique quotidienne faisait de moi quelqu'un de bilingue. Je remarquais d'un coup beaucoup de détails, qui en dirent long sur l'état d'esprit de la jeune femme alors que je lui révélais tout ce que je savais.


    Sa poitrine se soulevait plus fort, et plus rapidement. Elle était de toute évidence effrayée par mes propos. J'avais bien conscience que je ne m'étais pas exprimé correctement; j'avais toujours du mal à distinguer les expressions les unes des autres. Son regard s'était légèrement écarquillé, et je percevais un infime tremblement. Elle avait peur. Elle ne tremblait pas pour cette raison, mais simplement parce qu'elle réfléchissait trop vite, et probablement à des scénarios catastrophes. Quand elle me prit pour de bon la main, je n'eus pas le courage de la lui retirer; ce n'aurait pas été juste.



    | Si votre mari côtoie des vampires, alors il faut qu'il fasse attention. Les vampires hypnotisent les humains, et peuvent leur infliger bien des choses par le seul biais d'un regard. Je ne suis pas fou, vous savez. Je l'ai vu. Je l'ai subit, même. Pire encore que leur force physique et tous leurs avantages de prédateurs, ce qu'ils font subir à l'âme est bien pire. Parce que les vampires séduisent, d'une manière ou d'une autre. Ils pervertissent ce qui est bon chez quelqu'un, pour ne plus en faire qu'une simple marionnette. Ca passe par le sexe, ou par l'argent. D'un côté comme de l'autre, les vampires font preuve de sacrées ressources... |


    Que devait elle craindre? Vaste question, à laquelle je ne pourrais pas être précis. Je pris un instant pour réfléchir, et détournais mon regard du sien. Contre sa volonté, je lui servais tout de même un fond d'eau de vie dans son gobelet, avant de boire à nouveau. Je n'avais plus vraiment envie d'attendre d'être rentré pour picoler, et la honte me monta aux joues alors que je montrais ma faiblesse devant une inconnue.


    | La corruption, sous toutes ses formes. Les vampires agissent en marge de la société, et s'il peut leur apporter quelque chose, ceux ci vont l'appater avec leurs moyens habituels. Vous devez être vigilante. Crises de colère, hallucinations, comportement anormal... Votre mari aurait bu de leur sang. Vous avez surement entendu parler du « V » sans doute? Il risque ça, déjà. Cette saleté de drogue se répand. Si vous voyez des traces de morsures au cou, au poignet ou à l'aine, c'est qu'il est devenu leur amant. Enfin, si votre train de vie change en s'améliorant rapidement, c'est qu'il trempe dans leurs magouilles. Je ne suis pas en train de vous dire que votre mari est un sale type, Suzy. Je suis sûr qu'il ne fait que son travail et qu'il vous aime. Je vous donne juste quelques trucs, au cas où... Je ne sais pas quoi vous dire d'autre... |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 8 Déc - 0:04

Je n'ai jamais été paralysée par la peur, c'est la première fois que ça m'arrive. Et je n'au jamais non plus ressenti de réelle panique... là aussi c'est une première. Mais ce que me dit cet homme, et surtout cet air qu'il a sur le visage en me le disant... ça me fait froid dans le dos. J'envisage tous les scénarios possibles alors que finalement il m'en a dit peu, mais je ne sais pas pourquoi, je sens que la situation est bien pire que ce que j'avais pensé. Se peut-il que mon mari m'ait menti ? Se peut-il qu'il trempe dans quelque chose qui n'est pas net ? Je n'arrive pas à l'envisager... c'est plus fort que moi, je ne peux pas. Pas Hugh ! Il a toujours été honnête, il a toujours été droit, il a toujours fait ce qu'il fallait... Je le voyais embarqué là-dedans, mais peut être pas comme il faut. Moi je le voyais en victime, subissant je ne sais quelle menace. Peut être qu'ils menaçaient de s'en prendre à moi s'il ne se tuait pas à la tâche ? Je sais, ce sont des pensées bien naïves... mais je suis naïve, le genre de fille qui a été élevée simplement et avec des sentiments simples. Comment pouvais-je imaginer ce dont ces êtres étaient capables, toute la perversité qui les animait ?

Il m'avait dit des choses oui, mais ça ne m'avait pas éclairée. Au contraire, j'avais des interrogations, comme je n'en avais jamais eues, et ça me faisait peur de trouver des réponses. Je ne voyais pas ce qui pouvait se dégager de rassurant, même si pour l'instant, je n'avais encore rien entendu. Le pire allait venir, mais déjà là j'étais terrorisée. La colère et la culpabilité avaient donc laissé place à un autre sentiment, mais il n'était pas meilleur. Franchement, je ne savais pas quoi penser de tout ça, j'avais besoin de réponses, besoin qu'il m'en dise plus. Je le sentais assez fort sur son sujet, il savait de quoi il parlait. Il avait de l'aplomb, de l'assurance, et je sentais tous ces ressentiments dans ces yeux qui me faisaient penser qu'il y avait quelque chose de vraiment terrible derrière tout ça.
Et là je me disais... mais qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça ? C'est vrai quoi, on n'avait rien demandé à personne, on vivait simplement, et voilà que tout ça nous tombait sur le crâne.

Je devais savoir, il fallait absolument qu'il me parle, qu'il me dise ce que je devais craindre, ce que je pourrais avoir à affronter. Il ne pouvait pas me laisser comme ça dans l'ignorance ! J'aurais pu le supplier... en fait je crois que je l'ai fait. J'étais Blanche-Neige plongée dans un monde d'apocalypse, la blanche colombe survolant un monde en guerre. Je n'étais pas préparée à ça, je n'avais pas été élevée pour ça, je me sentais presque idiote, mais je préférais l'être que consciente de la réalité dans laquelle je vivais. Pourtant je n'avais pas le choix... cette réalité, je devais la connaître. Peut être que j'aurais à me battre, peut être que j'allais tout perdre, mais là il fallait que je me réveille de l'inconscience dans laquelle j'étais restée plongée trop longtemps.

Et voilà que j'apprenais que les vampires hypnotisaient les humains. Non, je ne le croyais pas fou... c'est moi qui avait été folle de continuer de vivre dans mon monde édulcoré. il parlait de prédateurs, de séduction, de sexe, de perversion de l'autre, de soumission... il n'a pas employé tous ces termes, mais je les ai bien entendus. Les vampires utilisaient les humains, imprégnaient leurs âmes, en faisaient leurs objets, soit par le sexe soit par l'argent, et ceux-ci sacrifiaient leurs âmes pour les servir. C'était infâme, et j'avais vraiment toutes les peines du monde à imaginer Hugh embrigadé là-dedans.
Torben me servit de l'alcool, et croyez moi si vous voulez, mais je l'ai bu d'une traite. J'avais les joues en feu, j'ai fermé les yeux très fort quand l'alcool a brûlé ma gorge, mais ça m'a fait du bien.



Comment je peux savoir s'il a été... perverti ?


J'avais presque murmuré ces mots, la peur au ventre à l'idée de ce que j'allais entendre, à l'idée que peut être, j'allais reconnaître certains signes. Mais non... ni crise de colère, ni hallucinations... il était toujours le même, juste absent.


Le V ? C'est... du sang de vampire que certains humains utilisent comme une drogue non ?


J'en avais entendu parler, effectivement. Les bruits couraient, même si je ne m'en étais pas intéressée jusque là.
Le train de vie avait augmenté, c'est vrai, mais parce qu'il avait eu un nouveau job, un emploi à responsabilités qui amenait un meilleur salaire. Mais depuis qu'il y travaillait, non, les choses n'avaient pas vraiment changé niveau train de vie. Quant aux morsures... je n'en avait pas remarqué. Mais on n'avait plus guère de vie intime depuis longtemps. Alors comment être sûre ? Il fallait que je le voie, et le meilleur moment, c'était le dimanche... là je pouvais espérer voir quelque chose, mais je devrais faire attention à ce qu'il ne remarque rien.



Quoi me dire d'autre ?


Je réfléchis quelques secondes. Il fallait déjà que j'intègre tout ce qu'il venait de me dire. Enfin... j'avais compris, mais c'était difficile à entendre, difficile à admettre, difficile à envisager. Je ne savais plus quoi penser, j'étais paumée comme jamais. Je devais m'en remettre à un inconnu. Ma vie, je devais presque la confier à ses conseils. Et si Hugh était effectivement victime de ces monstres, j'étais donc celle qui devrait le sortir de là. Moi, une institutrice ! Je levais les yeux vers Torben.


Peut être me dire ce que je peux faire pour le sortir de là si je trouve des morsures ?
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 9 Déc - 1:19

    Non mais qu'est ce que j'étais bien en train de faire, enfin? Je ne comprenais pas pourquoi je m'étais laissé volontairement entraîné dans cette conversation. J'en dévoilais trop, et sur moi même, et sur ce que je savais. C'était dangereux. La solitude et le secret étaient les moyens les plus sûrs pour rester en vie, quoi qu'il arrive. Je remarquais que la jeune femme but l'alcool d'une traite. J'avais fait assez de conneries comme ça pour l'après midi, aussi buvais je une dernière gorgée avant de ranger ma flasque. Inutile de faire trop de vagues. Une personne ivre au volant, bonjour la cata. Mais une femme ivre qui avait des tas de choses à penser à propos des horreurs que je lui racontais et des possibilités que cela incluait pour son mari. Je n'avais vraiment pas été avisé, sur ce coup là, et beaucoup moins que pour d'autres, d'ailleurs. Jamais je n'aurais du parler autant. Je me mettais en danger, sans parler des conséquences pour Suzy, son couple, son mari. J'imaginais déjà les pires scénarios. Que toute cette histoire passe par mr Tannen, puis par des vampires, et qu'ils retrouvent ma trace à Glasgow, et que je me fasse tuer. Ce qui ne serait pas forcément une mauvaise nouvelle en soi, mais juste que là, Hannah avait besoin de moi. J'étais encore loin de la retrouver, mais je savais que je devais tenir au moins jusqu'à ce que je puisse avoir une chance de la mettre à l'abris. Qu'elle soit en sécurité et ne souffre plus par ma faute, c'est tout ce que je demandais...


    Mais les choses allaient être chamboulées pour Suzy aussi, maintenant. Sans même le vouloir, j'avais changé la perception qu'elle avait de son époux, de son mariage, du travail de son mari... voir même de sa perception du monde dans lequel nous vivions! Certes, je n'étais pas contre le fait de mettre un peu de plomb dans la tête de personnes candides, mais là, il risquait d'y avoir du grabuge. Et si moi, le veuf, je provoquais un divorce? Ou pire, encore? Juste pour avoir déblatérer mes conneries. Même malgré moi, je devais confirmer le fait que tous les vampires n'étaient pas assoiffés de sang. Tous étaient mauvais, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Mais certains méritaient moins de mourir que d'autres, si vous voyez ce que je veux dire. Peut être que son mari ne mentait pas quand il disait à Suzy qu'il devait travailler encore et encore. Peut être que je voyais le mal partout. Peut être que j'étais devenu paranoïaque, avec le temps. Peut être que la folie me consumait une bonne fois pour toutes...


    Et surtout, peut être que je devrais me taire, plutôt. Je faisais assez de mal comme ça autour de moi sans en rajouter encore. J'avais fait souffrir beaucoup de personnes, et dans le cas présent, j'avais substitué la suspicion la plus malsaine à une femme qui ne vivait jusque là qu'un mariage morose, probablement qu'un épisode fort passager d'une vie qui serait bien remplie... je voyais très bien le choc que mes révélations faisaient chez Suzy. Elle était perdue, tout son petit monde devait s'écrouler autour d'elle. Mon dieu, qu'ais je fais encore? J'avais bien envie de reboire un coup à ma stupidité maladive, mais je ne voulais pas mettre de l'alcool entre mon interlocutrice et moi, alors qu'elle me demandait comment elle pourrait voir si son mari avait été pervertit. Elle me murmurait ces quelques mots. Me les soufflait, comme si elle avait peur de se faire mal en les prononçant plus fort. Je préférais regarder mes mains plutôt que de croiser son regard. Inutile de me pousser à faire encore plus de bêtises.



    | Vous le saurez, croyez moi. Ces changements sont de ceux qui ne passent pas inaperçus pour les proches... |


    Alors, elle me lança sur le V. Cette saletée. Cette chose, que j'avais pu voir détruire des vies. Cette chose qui m'avait fait commettre des actions... Mon esprit s'imprégna d'images tirées de cette nuit de folie passée avec Andréa, dans ce manoir à vampires... La dépravation de nos corps, la perversion de nos âmes... Oui, le V était une drogue, la plus puissante et la plus horrible qui soient, sans doute. Que les autorités n'aient pas encore officiellement informé le public n'indiquait à mon sens qu'une seule chose; les autorités étaient plus que jamais impliquées dans les magouilles avec les vampires. Le V... Cette saleté, qui se répandait partout. Paradoxalement, les plus pauvres étaient les moins touchés, contrairement à d'autres drogues ou addictions. Les riches, les cadres, les intellectuels... Tous se mettaient à utiliser cette substance hallucinogène, qui démultipliait les performances sexuelles. J'acquiesçais lentement aux interrogations de Suzy. Je l'avais déjà bien assez inquiétée comme ça, non?


    | Oui, c'est bien ça. Du sang de vampire, donné par un vampire de son gré, ou contre son gré. Ca vaut une fortune. Si votre mari était accro au V, croyez moi, vous le saurez. Passez moi l'expression, mais il aurait grimpé aux rideaux... Cela accroît le désir sexuel, provoque des hallucinations graves, une addiction terrible, et des sautes d'humeur qui le sont tout autant. Et les effets durent, donc vous l'auriez su. Rassurez vous. |


    Tu parles Charles! Elle devait bien être rassurée, maintenant que je lui avais dit ce qu'elle risquait vraiment! Tu parles d'un secours que je lui apportais... J'allais d'horreurs en horreurs, et cette pauvre femme passait vraiment une sale journée. Elle me demanda quoi dire d'autre, et réfléchit. Elle voulait savoir, elle se faisait du soucis. Maintenant que je l'avais paniquée, je me devais de la rassurer. C'était en quelque sorte mon devoir. Et puis, je me sentirais mieux après. Elle me posa une question difficile, à laquelle je n'avais pas de réponse. Je me frottais les yeux pour chasser les vilaines images de ma femme se faisant déchiqueter le cou par un vampire. Je réfléchissais un long moment, avant de rouvrir les yeux pour accrocher son regard.


    | Priez. C'est bête à dire, mais je ne sais pas. Je n'ai pas eu l'occasion de connaître personnellement cette situation... Je suppose que vous devrez en parler avec lui, s'ils ne se ferme pas. |


    Un lourd silence s'installait. Honnetement, je ne savais plus trop quoi dire. Je laissais passer quelques minutes avant de reprendre la parole.


    | Je n'aurais jamais du vous parler de tout ça. Votre mari semble être un gars bien, comme il y en a plein. Il se déchire pour vous. Et vous en souffrez peut être aujourd'hui, mais dites vous que ce sera plus calme plus tard... Parlez en avec lui, et oubliez toutes ces choses. Restez prudente, mais pas suspicieuse... Croyez moi, si n'importe quel cas de figure que je vous ai évoqué avait eu lieu, vous auriez été la première informée... Allez, oubliez tout ça. Je vous paye un autre café, même, et on va parler d'autre chose. |


    Je levais la main pour commander un café. Le serveur vit ce que je demandais, et il fit la grimace. Ben oui, coco, je n'allais pas me lever, j'ai une situation embarrassante sur les bras, vois tu...
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 9 Déc - 9:15

Je ne savais pas quoi faire de tout ça. J'ignorais même si Hugh était bel et bien tombé aux mains de vampires. D'un côté, je ne voyais aucune similitude avec ce que Torben me disait. Pas d'hallucinations, du moins pas à ma connaissance, pas de colères... Je n'avais pas vu mon mari changer, il était toujours le même, sauf qu'il n'était pas là. Ca avait un côté frustrant, parce que finalement, le fait qu'il soit si distant n'était pas normal. Avant il cherchait toujours ma compagnie, on avait une réelle complicité et quand on ne travaillait pas, les gens autour de nous avaient tendance à dire "Si vous cherchez Hugh, cherchez Suzy !". Il restait quoi de tout ça maintenant ? "Vous cherchez Hugh ? Suzy aussi...".
Je ne trouvais malgré tout pas normal qu'il passe tellement de temps à travailler. Dans ma tête, toutes les informations données par Torben s'emmêlaient, partaient pour mieux revenir, et j'avoue qu'il était difficile de ne pas perdre pied. Mais j'essayais, sans doute animée par l'envie de tirer tout ça au clair et de faire ce qu'il faut pour que les choses redeviennent comme avant.

Ma vie était à un tournant, et ça je le savais. J'avais ce sentiment que plus rien ne serait plus jamais pareil, quoiqu'il arrive. Je ne sais pas pourquoi j'en étais tellement sûre, mais à vrai dire, je sais qu'avant même d'avoir rencontré Torben, j'en avais déjà pris conscience.
Les choses allaient trop loin, la situation était trop enlisée pour qu'il en ressorte quelque chose de bon.
Evidemment que je ne voulais pas mettre fin à mon mariage ! Mais vous voyez, même si j'apprenais qu'il avait été "hypnotisé" ou je ne sais quoi, je ne sais pas si je pourrais continuer si j'apprenais qu'il les aidait dans un certain trafic ou s'il me trompait. Je sais que je ne pourrais pas lui en vouloir vraiment que ça ne serait pas vraiment sa faute, mais malgré tout je ne pourrais plus le regarder comme avant, je ne le verrais plus du même oeil, et comment continuer dans ces conditions ? Savoir qu'au départ il s'était engagé dans tout ça pour moi... ça me donnait un sentiment de culpabilité.

D'après lui je ne pourrais pas passer à côté des changements qui s'opéreraient en lui s'il devenait accro au jus de vampires. Or si je n'avais rien remarqué, c'est que sans doute, et heureusement, il n'en consommait pas. tout n'était peut être pas perdu ? Je voulais m'accrocher à ça... Et si ce n'était pas perdu mais qu'il était sur le mauvais chemin et que sa chute ne soit qu'une question de temps, je voulais essayer de trouver un moyen de le sortir de là. Mais est-ce que j'en étais capable ? Si je lui demandais d'arrêter tout ça, est-ce qu'il le ferait ? N'était-il pas déjà trop tard ? Si les vampires avaient déjà commencé à avoir une emprise sur lui, peut être que je ne pourrais rien faire... Peut être aussi qu'ils le laissaient tranquille parce qu'il était consentant et que s'il décidait finalement de se rétracter de ses engagements envers eux, ils feraient en sorte de le dominer autrement.

Franchement je ne pensais pas qu'il soit déjà accro au V. Grimper aux rideaux ? Désir sexuel ? Il rentrait tellement crevé qu'il traînait les pieds et quant au désir sexuel... ça faisait des mois qu'il ne m'avait pas touchée. Pourtant j'avais tenté des approches, mais rien à faire. Il n'avait pas non plus de sautes d'humeurs, il avait gardé son tempérament calme. Franchement c'était difficile de faire le tri dans tout ça, encore plus de se dire que finalement il avait l'air d'être totalement consentant par rapport à ce qu'il faisait. En même temps, j'ignorais ce qu'il faisait. Qu'il en prenne ou non, je n'étais pas rassurée, parce que je sentais le coup fourré arriver à des kilomètres. Mais qu'est-ce que je pouvais faire ? Prier ? J'avais fait un sourire ironique.



Je travaille avec des enfants malades qui n'ont rien demandé à personne. Je crois que depuis, j'ai un peu perdu de ma capacité à croire en dieu et aux prières.


Je voyais ces pauvres gamins parfois sombrer dans un état de plus en plus difficile, et leurs mères, leurs pères, je les voyais prier. Ca ne donnait jamais de résultat. Des miracles, je n'en ai jamais vue, alors à quoi bon ? Je crois que dieu avait tendance à nous oublier là-haut sur son petit nuage... Je soupirais.


Lui parler... Oui, j'y pense. Mais en même temps étant donné les circonstance, je ne sais pas s'il voudra le faire. Soit parce qu'il ne peut pas les trahir, soit parce qu'il ne veut pas que je sache dans quoi je trempe pour me protéger, soit parce qu'il ne voudra pas que je m'inquiète. Il a tendance à vouloir tout gérer pour que je n'ai pas à m'en faire, alors là... là je ne sais pas si ça servira à quelque chose. Sauf si je pose un ultimatum. Je crois que je n'aurai pas le choix, je ne peux pas continuer comme ça indéfiniment.


Je soupirais et me reculais dans mon siège, perdant mon regard sur un point invisible de la table. Je ne peux même pas dire que je réfléchissais... je crois que je n'avais plus assez de force mentale pour ça ce soir. Ce que j'avais toujours craint était en train de se profiler, mais en pire, et je n'avais aucune arme pour lutter contre ça. tout ce que j'avais, c'était mon désir de sauver mon mariage. Mais est-ce que ça serait suffisant ? Est-ce que je n'allais pas découvrir des choses qui allaient définitivement tout casser ?
Oui, Hugh était un gars bien, ça je le savais, mais je ne savais pas si je pourrais oublier tout ça. Non, je ne pourrais pas ranger ça dans un coin de ma tête et attendre que quelque chose de grave arrive, attendre de le voir développer tout ce que Torben m'avait décrit. Je serais à l'affut, c'était certain.
Il voulait m'offrir un café, et je levais les yeux vers lui avec un petit sourire. Bien essayé le coup du "on va parler d'autre chose"... sauf que je ne savais pas de quoi parler, là j'avais un peu la tête en vrac à vrai dire.



Je vais me contenter d'un café simple cette fois je crois...


J'avais assez bu d'alcool. Sans doute que j'en avais eu besoin pour avaler tout ça, mais ce n'était pas une raison pour abuser. Tout ce que je gagnerais ça serait un mal de tête demain... et franchement ça ne règlerait pas mes problèmes. Ils étaient là, latents, ne demandaient qu'à sortir, et je savais que ça pouvait arriver du jour au lendemain.
Le garçon, un peu surchargé, finit par venir prendre notre commande, débarrassant nos précédentes consommations au passage. Je croisais les bras sur la table.



Très bien alors de quoi voulez-vous parler ? La météo. Il fait un temps de chien...mais je crois que vous avez remarqué...
Sinon on peut parler de notre enfance, mais ça va faire un peu psychanalyse ça, autant éviter.
Le sport ? Je déteste ça. Une vraie fille.
La famille est un sujet sensible pour nous deux je crois alors je ne sais pas...
Ah si tiens... qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 14 Déc - 16:21

[HJ; désolé pour le retard!]


    J'essayais tant bien que mal de rediriger la conversation vers quelque chose d'un peu moins dangereux pour moi et pour l'Eglise. Je me compromettais vraiment sans cesse, ces derniers temps, et je ne pouvais pas continuer comme ça. Je devais être plus prudent, plus discret... Un solitaire tel que moi n'aurait normalement eu aucun soucis, mais j'avais toujours connu quelques soucis dans mes relations avec les gens. Je n'aimais pas me retrouver au milieu de la foule, je n'aimais pas particulièrement me lier d'amitié. Pourtant, j'avais terriblement de mal à mentir sur ma nature. J'étais capable de jouer des rôles, de m'infiltrer, ce genre de choses... Mais quand j'étais moi, j'avais toujours du mal à calmer mes paroles. Sans doute que j'avais trop besoin de parler. Parce que si j'avais toujours été solitaire, ce qui ne veut pas dire asocial, je n'avais encore jamais été aussi isolé de ma vie. Je ne voyais plus aucun ami, je n'avais plus ma femme auprès de moi, ni ma famille. Les seuls gens à qui je parlais, c'était à Jana quand je devenais fou, aux vampires que je tuais, ou aux quelques personnes par qui j'étais forcé de passer pour faire mon boulot; Radanti, la HCV, les trafiquants d'armes... Et les barman...


    Je haussais les épaules lorsque la jeune femme me dit avec ironie qu'elle n'était pas croyante, qu'elle n'avait pas digéré le fait que les enfants avec qui elle travaillait étaient nés comme ils étaient. Et moi, qu'aurais je dû dire? Si je lui répondais, c'était plus pour la forme que pour autre chose. Je n'avais pas pour ambition de faire de la pub pour Dieu. Qu'il se démerde, s'il n'était pas capable de garder, ses fidèles. Demandez moi de me battre pour lui, ça pas de problème, je savais faire. Par contre, demandez moi de le comprendre, et là j'en devenais totalement incapable. Avais je déjà dit que j'étais un intellectuel?



    | Je vois ce que vous pensez. Que devrais je dire, alors, avec ma femme qui m'a été enlevée? Pourtant, à chaque fois que ma vie a été mise en jeu, je me tournais naturellement vers lui. Allez savoir pourquoi... |


    Suzy me fit alors part de son dilemme concernant la position qu'elle devait avoir vis à vis de son mari et de ses petits secrets. Là encore, je n'étais pas capable de l'aider plus que ça. Avec Jana, si nous nous disputions régulièrement, cela n'avait, en tous cas ce mon côté, jamais remis notre couple en question à ce point là. Je crois que l'instauration de la règle « pas de secret » était la plus primordiale au sein d'un couple. Bien sûr, il n'était pas forcément possible de tout dire à son compagnon; il fallait parfois faire la part des choses... A la place de Suzy, je me serais sans doute retrouvé bloqué de manière stupide et indécise, je ne pouvais donc pas la conseiller. Et qui étais je pour faire ça? Quelle légitimité avais je? Je ne pouvais pas me permettre de faire encore plus de tord que ce que j'avais déjà fait. Ce n'était juste pas possible, je n'avais pas à prendre position comme ça. Je ne pouvais pas risquer de provoquer une catastrophe bien malgré moi. Je ne voulais pas avoir ce genre de chose sur la conscience. Celle ci devait déjà supporter tellement de choses...


    | Je vous comprend, mais je n'ai aucun conseil à vous donner... Je n'ai jamais connu ce genre de situation, je ne sais pas ce qu'il convient de faire... |


    je repensais à tout ça avec un pincement au coeur. Sans doute que si j'avais pu vivre plus longtemps avec Jana, peut être que c'était quelque chose qui aurait pu m'arriver aussi? Je n'en savais rien de tout. Je n'imaginais pas ma douce et tendre épouse se compromettre avec des suceurs de sang. Elle aimait certaines des choses qu'ils pouvaient apporter, mais de là à mettre en danger notre couple? Je n'étais pas objectif; j'idéalisais peut être ma compagne. Je n'en savais rien, peut être qu'elle serait accourue dans leurs bras. Pourtant, jamais nous n'avions évoqué le sujet ensemble, de son vivant. Je me sentais le vague à l'âme, maintenant que je repensais un peu plus encore à tout ça. Non, mon chéri. Tu sais bien que je n'aimais que toi, je n'avais pas envie de frayer avec ces vampires.... Je méditais sur ces paroles qui avaient été susurrées dans le creux de mon oreille. Sa voix me réconfortait, mais je me forçais à ne pas voir en ces termes la vérité pure et simple, seulement mon esprit malade qui faisait ce qu'il pouvait pour soigner ma solitude. Suzy me dit qu'elle allait se contenter d'un simple café. Je lui souris. Elle ne semblait pas réticente à changer de sujet, et je trouvais ça bien, rassurant en quelque sorte. Alors, nos commandes furent apportées.


    Cynique, Suzy relança la discussion en évoquant tour à tour la météo, l'enfance, le sport, et la famille. De toute évidence, elle avait raison. Nous n'avions au final pas grand chose à nous dire. Je n'étais qu'un inconnu et elle l'était tout autant que moi à mes yeux. Je ne pouvais pas aborder n'importe quel sujet. Déjà, c'était un bel exploit que je réalisais là en ayant une conversation aussi longue avec une femme qui ne soit ni serveuse, ni danseuse, ni prostituée. Yahou, vive moi. Mais vint ensuite une question que je n'avais pas vu venir, et qui me laissa un peu... figé. Je ne savais pas quoi lui répondre. Vite, une couverture. Je choisissais la plus simple, celle dont j'avais le plus l'habitude.



    | Oui, vous avez raison, on ne peut évidemment pas parler de tout et de rien, comme deux inconnus peuvent pourtant le faire. Moi, je travaille dans l'imprimerie. Je travaille pour une grande entreprise ukrainienne, et je suis ici en partenariat commercial avec tout un tas de représentants de firmes britanniques. C'est un boulot comme un autre, qui me permet autant que possible de m'éloigner de mes vieux souvenirs... Et vous, vous êtes quoi? Educatrice spécialisée pour les enfants qui ont des problèmes physiques ou mentaux? |


    j'avais dit tout cela en le pensant vraiment. Mais ce n'était pas pour autant la pure et simple vérité; venir ici m'avait éloigné de cette maison désormais vide où j'avais vécu plusieurs années d'amour avec ma compagne bien aimée. Ma famille, je n'aurais pas pu supporter leur regard... Alors un bien pour un mal, j'étais arrivé en Ecosse.
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 15 Déc - 18:29

Je crois que mon monde venait de s'écrouler autour de moi. En général, l'instinct ne vous trompe que très rarement et là je sentais au fond de mes entrailles que quelque chose de grave était en train de se tramer. Il aurait fallu que je sois complètement idiote pour continuer de refuser de voir la vérité en face : mon mari me mentait... Pourtant, j'aurais pu continuer de vivre dans ma bulle, continuer d'ignorer, faire un signe de la main en disant "mais non ! il ne ferait pas ça, et puis il n'a pas changé, il bosse juste trop !"... oui, j'aurais pu, et une partie de mon esprit me criait, me hurlait de le faire, sans doute parce qu'il présageait que ma vie allait doucement prendre l'apparence d'un cauchemar éveillé. Seulement voilà, j'étais quelqu'un de lucide, trop peut être, et cette confortable ignorance était en train de me rendre folle.
Je voulais savoir, comprendre ce qui se passait. S'il était soumis à la cause des vampires malgré lui, alors pourquoi ne montrait-il pas les signes que Torben m'avait décrits ?

Décidément, je me sentais vraiment à côté de la plaque. Je ne savais vraiment plus quoi penser, et très franchement, je ne savais pas si j'allais pouvoir tenir comme ça encore longtemps. Ma vie était simple avant, je voulais la retrouver... je voulais qu'on me rende ce qu'on m'avait pris et qu'on nous fiche la paix ! J'étais heureuse, tout allait bien... un métier que j'adorais, un mari que j'adorais, des projets en vrac qu'on voulait réaliser dans les prochains mois... notre vie était une belle croisière avec un but à atteindre et un voyage confortable jusque là. Et puis le bateau avait commencé à prendre l'eau, et là, je la regarde s'infiltrer, sournoise, et je me demande quand viendra le moment où nous allons vraiment couler. C'est l'impression que j'en ai en tout cas... on coule, quoi qu'on fasse, immanquablement, on coule. On se parle à peine, ça fait des mois que je n'ai plus vu la moindre lueur de désir dans son regard, cette petite flamme qu'il avait tout le temps avant et qui est maintenant éteinte depuis un moment. C'est comme si nous étions un vieux couple déjà. Et non, ce n'est pas normal, parce que c'est arrivé si vite, parce que c'est arrivé sans raison, parce que justement il travaille comme un forcené et ne s'en plaint même pas, parce qu'il ne semble pas souffrir de notre éloignement. Alors même s'il ne présente pas les signes que Torben a décrits, il y a quelque chose qui cloche et je vois mal autre chose qu'un lien avec les vampires. Encore une fois, je sens qu'il y a quelque chose de pas net.

Mais je suis dans le flou total, et je me demande, même si je découvre qu'effectivement il est sous la domination des enfants de Caïn, ce que je pourrais faire pour le sortir de là. De toute évidence, il n'y a rien à faire... Prier me dit Torben. Ca serait merveilleux si j'étais croyante, mais ce n'est pas le cas. Comme beaucoup d'écossais, j'ai été baptisée, mais mes parents ne pratiquent pas outre mesure, nous n'étions pas le genre de famille ou tout le monde faisais sa prière avant d'aller dormir. La religion a toujours été relativement secondaire dans mon éducation et dans ma vie. Et très franchement, avec tout ce que je vois autour de moi, tous ces innocents qui souffrent et ces monstres qui s'en sortent toujours, je vois mal comment, soudain, je pourrais y croire. Torben semble croyant lui par contre, d'ailleurs il me dit que c'est ce qui l'a aidé dans les épreuves qu'il a dû traverser. Je lui fais un sourire compatissant.



Je respecte ça Torben. Et peu importe pourquoi, le principal, c'est que ça vous ait aidé.


Moi par contre je devrais trouver un autre soutien que la foi... le combat peut être. Enfin, pas comme certains de ces gens que je voyais à la télévision et qui commettaient des attentats, tuant par la même occasion des humains innocents. Et puis j'ignorais si tous les vampires étaient mauvais après tout. Peut être était-ce comme dans la race humaine, rempli de contrastes et d'opposés. Me battre pour sauver mon mariage, si c'était encore possible. Parce que si j'apprenais qu'il m'avait trompée... Même sous l'emprise des vampires je ne pourrais jamais passer au dessus de ça. J'ai des valeurs, même si ce monde part en cacahuète, je tiens à les conserver. Et puis ça serait bien plus fort que moi, je ne pourrais pas supporter ça. Et encore, j'ai l'impression que ça serait la chose la moins grave que je pourrais découvrir...

Je savais bien que je devrais lui parler, affronter la réalité, mais j'ignorais si je pourrais en tirer quelque chose. Après tout, il pourrait très bien vouloir me protéger... Et si on était moins romantique et naïve que moi, on pouvait aussi penser qu'il voudrait les protéger eux. Je tournais en rond, je n'avais plus de repère, j'étais le poisson dans son bocal qui ne trouve pas d'issue et refait toujours le même chemin. Evidemment, l'homme ne pouvait pas m'aider. D'ailleurs, je n'avais énuméré que quelques doutes et constatations, je ne cherchais pas vraiment de réponse, ignorant s'il y en avait.

On a recommandé un café, et décision a été prise de parler de choses plus légères. Oui, mais de quoi ? Nous ne nous connaissions pas, difficile de trouver un sujet commun. Le hasard de la vie a voulu qu'on se retrouve assis à une même table et sans le vouloir, un sujet où il avait beaucoup à dire, et moi à entendre, était venu sur le tapis. mais s'il semblait bien s'y connaître, l'homme n'aimait visiblement pas parler de ce sujet justement. Je ne voulais pas le forcer, il avait connu des douleurs que je devinais bien lourdes à porter et je ne souhaitais pas plus les faire renaître que ce que je n'avais déjà fait. Alors j'ai choisi un sujet qui ne fâche en général personne : le travail. Soit on l'aime et on est intarissable, soit on le déteste et là aussi, on peut vite devenir intarissable !
Il travaillait donc dans l'imprimerie, pour une firme Ukrainienne. Je me disais qu'il était bien loin de son pays et de sa famille, ses amis ici... mais en même temps, il me dit que cette distance lui permettait de s'éloigner de ses vieux souvenirs. Donc il ne semblait pas en souffrir. Peut être que sa femme était sa seule famille.



Oui c'est ça ! En fait je travaille avec les deux. Nous avons des enfants qui sont atteints d'autisme, d'autres qui ont des maladies qui nécessitent un soin particulier. Disons que certaines classes sont adaptées pour recevoir des équipements lourds qu'ils doivent trimbaler avec eux tout le temps, dans ce cas les élèves ont le même cursus que les enfants valides. Et puis nous avons des gamins qui ont besoin plus d'un éveil que de véritables leçons. C'est passionnant de travailler avec eux, ils vous apprennent beaucoup en fin de compte. Leur vision du monde est très différente.


Ca y est, comme à chaque fois qu'on me lançait sur le sujet, je démarrais une tirade. J'aurais pu en parler des heures tant je trouvais mon métier passionnant. Actuellement, c'est d'ailleurs bien la seule chose à laquelle je m'accroche et qui me fait tenir debout. J'ai fait ma spécialisation au moment où Hugh a commencé à s'éloigner. Une manière pour moi de me concentrer sur quelque chose et de ne pas penser. Ca avait plutôt bien marché jusque là. Les enfants me prenaient du temps et me pompaient pas mal d'énergie. Ca faisait du bien, c'était positif ça au moins, j'avais l'impression d'être utile pour quelqu'un.


Moi je n'ai jamais quitté mon Ecosse natale. Quels sont les pays que vous avez visité et qui vous ont laissé les meilleurs souvenirs ?
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 30 Déc - 23:23

    Je me sentais un peu désemparé au fil et à mesure de cette discussion. Je me sentais vraiment gêné par tout ce qui avait pu se dire. Un petit coup de panique sans doute dû à l'alcool vint m'éclaircir les idées sur mon imprudence. Ma conduite était dangereuse. Je ne pouvais pas m'arrêter à cela, mais j'en gardais un sentiment de honte et de colère tournés contre moi même. J'en avais encore trop dit. Beaucoup trop. Je ne pouvais plus revenir en arrière. Ma main se mettait à trembler de nouveau. Cela faisait une éternité qu'elle m'avait pas joué le coup... Encore ce bordel, j'en avais vraiment marre. Je cachais ma main sous la table, pour éviter de montrer une de mes nouvelles faiblesses aux yeux de ma jeune interlocutrice. Je ne voulais pas me montrer. Je m'étais suffisamment dévoilé pour un bon moment là. J'étais en tous cas sauvé par la tournure que prenait la discussion. Il me semblait clair que Suzy n'était pas une personne méchante ou mal intentionnée, mais j'en avais trop dit. Elle me regardait d'un air sympathique, peut être compatissant aussi mais dans le bon sens du terme. Je ne ressentais pas la même bouffée de colère qu'avec d'autres personnes. Tu vois, tous les gens ne sont pas totalement indignes de ta confiance. Je suis contente, tu t'es un peu ouvert aux autres, me dit Jana. Je grognais un instant dans ma barbe. J'en avais marre de cet inconscient qui se barrait en sucette. Si j'étais fou et que j'étais conscient de ma folie, comment mon esprit pouvait il encore me faire ce genre de tour de passe-passe? Aucune idée. Je pétais une durite, c'est tout ce que je pouvais dire. Suzy m'arracha à mes pensées en me disant qu'elle respectait mes croyances. Je haussais les épaules d'un air qui se voulait remerciement à sa tolérance et son ouverture d'esprit. J'aurais bien continué à déblatérer sur le sujet, mais je ne voulais plus trop en dire sur ma situation et sur mon existence. Je me contentais donc d'un remerciement tout ce qu'il y a de plus platonique.


    | Je vous remercie. Bien souvent, les non croyants se réclamant de l'héritage de la tolérance ne le sont que fort peu envers ceux qui ont la foi. Cela marche bien entendu dans les deux sens. |


    Nous parlions donc finalement de choses légères. Ce n'était pas plus mal. Mais ces choses légères, comme tout le reste, me ramenaient finalement à mes mensonges, et eux me ramenaient ensuite à ma vie passée, à mes souffrances. Je devais avoir de sacrés problèmes psychologiques, mais je n'avais ni le temps ni les moyens, ni même l'envie, de m'occuper de les régler. J'écoutais donc ce qu'avait à me dire la jeune femme, espérant par là même penser à autre chose. Mais plus la discussion continuait, et plus je me sentais mal à l'aise. J'avais tellement peu à voir avec cette personne. Cette personne qui semblait admirable de travail et de courage, qui avait la détermination à toute épreuve de ceux qui s'occupent des gens différents. Ses soucis étaient tellement éloignés des miens. Je ne les plaçais pas pour autant sur une échelle de valeur; j'avais bien conscience que présentement, je n'avais qu'un seul soucis majeur, celui de ma soeur entre les mains de ces connards de vampires. Elle, elle risquait de perdre tout ce à quoi elle tenait. Moi, c'était déjà fait. Comparativement, ses propres soucis étaient bien plus importants que les miens.


    Elle me parla avec passion de son travail. De ses petits enfants autismes ou atteints d'autres maladies. Je n'aurais jamais su m'occuper de cette progéniture atteinte des pires maux qui soient, sans aucun doute. Je n'aurais pas eu la patience. Et maintenant moins qu'avant, maintenant que tout désir d'avoir un enfant s'était envolé en même temps que mon épouse. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec la jeunesse. Quelque part, me retrouver confronté à elle me faisait peur, ou en tous cas me tétanisait. J'avais bien conscience que c'était un blocage qui ne disparaîtrait jamais, mais comment pourrait il en être autrement? Le nom Badenov disparaîtrait avec moi, c'était certain. J'avais des nausées, désormais. Le vertige de tous ces rêves brisés qui jamais ne reviendraient. Bordel, c'était quoi mon problème? Alors, Suzy nous lança sur un autre sujet. Et ce fut encore pire. Je me sentais vraiment mal. Quel pays avait je visité qui m'avait laissé un bon souvenir ensuite? Je craignais que ce ne fut le cas d'aucune contrée. La Russie était à jamais entachée du meurtre de ma femme. La Tchétchénie, de mes actions et exactions de guerre. La Pologne et la Tchécoslovaquie, de ma sanglante vengeance contre le vampire responsable de la ruine qu'est ma vie. Et l'Ecosse, je ne la portais pas dans mon coeur pour le lot d'horreurs que je voyais sans cesse. Je me sentais défaillir. J'avais besoin d'alcool. De façon urgente. Je ne pouvais plus tenir. Trop de choses dans ma tête. Elle menaçait d'exploser. Calmes toi, raisonnes calmement. Trop tard, j'ignore le conseil et me lève doucement. Je laisse un billet sur la table. Je ne veux pas parler de tout ça. Je ne veux plus parler du tout. J'en ai trop fait. Je me sens trop responsable pour ce que j'ai dit à Suzy. Je me vois bousculé pour tous ces souvenirs, ces évocations de rêves déchus et de vie passée.



    | Excusez moi... Je, je ne peux vraiment pas. Je suis désolé, je dois vous laisser. |


    Ma tête n'est plus que douleur quand je sors précipitamment du restaurant. Je coure sous la pluie, une fois sortit. J'entre dans ma voiture, et referme la porte. Je verrouille les portières, et me claque le front contre le volant. J'ouvre le coffret dans la boîte à gants en grognant des jurons en russe. Jana... Nos projets... Les pays traversés... Les vampires... Je débouchonne la bouteille. La décadence est mienne. La ruine de ma vie est mon lieu de solitude. Je m'en vais rapidement. Je dois détruire un peu plus mes souvenirs, à grand renfort de boisson tourbée.
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 9 Jan - 20:29

Cette conversation aura éveillé en moi des doutes que je n'osais formuler jusque là. Je me suis toujours enfermée dans cette pensée raisonnable que mon mari ne faisait que travailler trop, qu'il n'y avait rien de bien grave, qu'une fois l'affaire bien lancée ça se tasserait. C'était ce que je voulais croire, pour ne pas sortir des limites de notre vie si calme et bien rangée. Jamais je n'avais envisagé les choses sous un angle différent de ça.
Mais j'avais oublié un détail pourtant de taille : les vampires.

Pour moi, ils étaient une idée abstraite, comme les personnages d'un roman, d'un film ou d'une série. Je n'en connaissais aucun, n'en avait jamais croisé et doutais même de pouvoir les reconnaitre si c'était le cas. Ils semblaient d'apparence si semblables à nous. Je ne connaissais que peu de choses sur eux, et voilà que Torben venait porter à ma connaissance des éléments qui changeaient tout.

Si je ne pouvais pas reconnaître toues les éléments qu'ils m'avaient décrits comme faisant partie de la nouvelle personnalité de Hugh, je doutais énormément. Je n'avais pas encore pu constater de trace de morsure. A part le fait qu'il me négligeait clairement et était très peu présent, il n'avait pas réellement changé avec moi. Malgré tout, je me disais de plus en plus que pour lui parler il faudrait que je prenne un rendez-vous avec lui ! Oui, on en était là...
Peut être demain... demain on était dimanche, il était là le dimanche.

Torben et moi avons fini par orienter la conversation sur des choses plus légères. Il n'y avait en effet plus grand chose à dire, seules des interrogations dont il n'avait pas les réponses subsistaient.
Mais il n'avait pas l'air bien du tout. Il semblait comme pris de panique, alors que finalement, la dernière question que je lui avais posée était des plus simples, juste quel pays de ceux qu'il avait visités lui avait laissé le plus de bons souvenirs...
D'un coup il s'est levé, s'est excusé et est parti sans autre forme de procès. Je dois avouer que je suis restée si surprise que je n'ai pas vraiment réagi pendant quelques secondes... le temps qu'une autre personne, une femme d'un certain âge, me sorte de ma rêverie et me demande si la place était libre. Je lui ai fais un sourire.



Oui, installez-vous je vous en prie...


De toutes façons, mon taxi venait d'arriver...
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MessageSujet: Re: Pouring Rain [Livre 1 - Terminé]   Pouring Rain [Livre 1 - Terminé] Empty

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