Passant la porte du café précédé de deux autres vampires le sourire aux lèvres, le blondinet balayait la pièce de son regard azuré avec ce visage continuellement inexpressif. On se retournait pour observer les trois hommes, les deux premiers étaient grands et massif, des bêtes à tuer ; mais le petit gringalet qui suivait était le pire des trois. Et s'il avait l'air d'une petite chose surprotégée par deux molosses dans un simple café, la station était bien loin de s'apprêter aux apparences. Yaâqov dévisageait les humains un à un, ses petites choses lui donnaient déjà faim... Mais il devait prendre sur lui, qu'est-ce qu'il faisait là ? Ce serait dérisoire de penser que l'hébreux venait juste faire un tour en ville, ce n'était pas dans ses habitudes. Il était là parce qu'on lui avait demandé de les accompagner, parce qu'on lui avait vendu la nourriture tant désirée pour un tour en ville, voila deux jours qu'il trainait à Glasgow loin d'Edimbourg et du chez lui où il se sentait plus ou moins en sécurité. Non pas envers les autres, plutôt envers ses propres démons. Pourquoi avait-on eu besoin de lui ? Pour les protéger la veille, il avait surveillé l'entrée de cette maison pendant une imposante séance de torture. A quoi bon tout cela ? Yaâqov avait cessé de se poser cette question depuis bien longtemps... Alors pour cette dernière soirée en ville, les deux vampires avaient proclamé que celle-ci ne serait que détente. Mais s'ils étaient entrés dans ce bar ce n'était pas dans l'idée de boire un café, ils y étaient venus en quelque sorte déposer Yaâqov en garderie le temps d’aller visiter quelques filles à la maison close voisine. La dernière fois, le frigide Yaâqov avait été particulièrement infecte avec les putains. Installé au fond du bar, une table ronde pour au moins quatre personnes ; le vampire s'installait au fond de celui-ci, observant la salle. Si d'abord les vampires lui tenaient compagnie sans que l'hébreu ne les écoute, l'un d'entre eux prit enfin la parole pour lui expliquer ce qui allait de passer. Ils lui expliquaient qu'ils allaient faire un tour et qu'il pouvait rester ici car il ne se passerait rien d'intéressant pour lui, le vampire les écoutait à peine. De toute façon, il ne comprenait pas grand-chose.

Les deux hommes se levaient, se dirigeant vers le bar, ils passaient commande pour Yaâqov et payaient bien plus qu'il ne fallait pour toutes les réclamations du vampire qui ne supportait pas vraiment la frustration avant de disparaitre. Ils avaient dit au blondinet qu'ils reviendront dans une paire d'heure, il savait très bien qu'ils ne reviendront pas. Ivre, ils auront oublié Kaufman au fond du bar, mais qu'importe, il était assez grand pour rentrer tout seul à Edimbourg sans la moindre égratignure avant que le soleil ne se lève. Soupirant doucement en regardant les deux hommes vampires, pressé de s'accoupler avec on ne sait quelle créature du bordel d'à coté. Yaâqov n'était pas ce qu'on pouvait croire de lui, une sorte d'asexué. En réalité, dans sa vie humaine l'homme avait eu une sacré tripoté d'enfants qu'il avait bien fallut concevoir, chose qu'il avait fait avec joie et amour. Mais il était détruit, on avait bafoué son âme et son corps, ce genre d'activité ne savait plus rien lui apporter. Il était cette coquille vide qui refusait d'être touché parce qu'il n'en avait aucun plaisir, parce qu'il en avait trop subit, parce qu'il n'y avait rien à ses yeux qui puisse le pousser à désirer quoi ce soit, pas même une femme... C'est alors qu'un serveur venait à sa table déposant un chocolat chaud, une assiette de fritte et un panini jambon/gruyère. Fixant le serveur de son regard azuré inexpressif, celui-ci déguerpissait aussi vite qu'il était arrivé. Baissant son regard sur la nourriture qui s'entassait sous son nez, l'odeur était assez alléchante pour un bar qui tentait de servir quelques plats à ses clients. Après la misère connue des camps, cette nourriture était parfaite à ses yeux, mais les humains restaient la seule chose qui puisse animer son appétit.

Mais la vie lui avait appris à ne jamais gaspiller de nourriture car peut-être n'y en aurait-il pas le lendemain. Pourtant, il pouvait vivre sans manger, mais c'était juste plus fort que lui. La nourriture sous son nez lui rappelait sa famine et le poussait à manger par automatisme. Les regards posés sur lui, comment un gringalet comme lui pourrait-il avaler tout cela ? Bien sur qu'il le pourrait, même s'il n'avait pas la carrure d'un routier il était tout à fait correct après tout ce qu'il avait vécu... De toute façon, Yaâqov n'était pas homme qui prenait grand soin de lui, si la vie ne lui imposait pas de s'habiller et de se laver probablement ne le ferait-il jamais, pourquoi faire ? Il n'avait personne à qui plaire... Au bout de quelques minutes de solitude à sa table, alors qu'il conduisait une énième fritte à ses lèvres, son regard se levait vers cette ombre qui s'approchait de lui. Une femme des plus séduisantes qui lui servait un sourire avec un naturel étonnant. La fixant de son visage vide d'émotions la jeune humaine, son regard océan la dévisageait pourtant elle semblait être un fantôme à ses yeux, c'est à l'instant où elle venait poser son adorable fessier sur la banquette qu'il témoignait une première réaction. Leger mouvement de retrait, glissant sur le coté pour instaurer une distance plus imposante entre eux, abandonnant sa nourriture à peine entamée ; fixant l'étrangère d'un regard suspicieux à se demander ce qu'elle attendait de lui. Stupide humaine, il pourrait la tuer d'un instant à l'autre, ils étaient tous les mêmes ces humains... Inutiles. Silencieux, il ne la quittait pas du regard ; si le blondinet avait l'air particulièrement calme en lui il se tenait prêt à lui bondir dessus au moindre geste brusque.

La Pomme du Diable, qu'est ce que j'aimais ce lieu. Pourtant, c'est un bar de vampires, enfin, soit disant, mais je l'aimais bien. Il faut dire que j'y avais de savoureux souvenirs par ici. J'aimais donc m'y retrouver souvent, et puis, j'y avais mes habitudes, le personnel du bar me connaissait, et ils savaient à présent que j'étais de la brigade PES, ce qui ne semblait pas les gêner le moins du monde, et tant mieux. Après une dure journée de travail, je m'étais donc rendue là-bas. Bon d'accord, la journée n'avait pas été aussi difficile que ce que je prétendais mais une journée de travail est une journée de travail, non ? Il n'en allait pas de même pour tout le monde c'était une certitude, mais là, j'étais ici pour me détendre. Pourtant, j'avais envie de jouer avec le feu comme trop souvent. Jusqu'à présent, j'avais survécu sans trop de mal, mais là, ce pourrait être dangereux, du moins, je le pensais. Quand j'avais vu arrivé le trio de vampires, je me suis dit que ces trois là pourraient être très dangereux si jamais ils se décidaient à faire du mal. Durant l'été, les vampires ont un peu la vie dure. Leur temps à l'air libre est plus restreint, la nuit est plus courte, ils ne doivent pas vraiment aimer ça. Mais ce gringalet de vampire, blond par dessus le marché faisait tâche au milieu des deux molosses qui semblaient l'escorter. Mais ce n'était peut être qu'une apparence, car en vérité, le blondinet était peut être là pour surveiller les deux autres, à moins que ce ne soit pas du tout le cas. Ils s'étaient installé à l'une des tables rondes dans le fond du bar. Les deux plus larges vampires discutaient entre eux avant de parler au blondinet qui ne semblait pas les écouter. Je regardais la scène d'un air amusé. Puis les deux se levèrent, passèrent une commande pour le blondinet et ils s'en allèrent faire autre chose. Le serveur apporta alors la commande qui avait été passé au blondinet qui pourrait savourer cela tranquillement si personne ne venait à sa table. Mais je ne sais pas, même s'il paraissait dangereux comme ça, j'avais envie de le taquiner.

Alors qu'il était en train de manger, je me déplaçais avec ma bière pour me rendre en direction de sa table. Ce vampire semblait être aussi inoffensif qu'une mouche, mais les apparences pour ce genre de créatures sont souvent très trompeuses. Je ne ferrais rien qui puisse le mettre potentiellement en colère. Je ne connaissais pas son âge, peut être qu'il était un jeune vampire, ou peut être pas, ce n'était pas marqué sur leur front, même si parfois ça aiderait bien. Il me regarda, du moins, il regardait dans ma direction sans vraiment de direction. Je m'attendais à ce qu'il me demande ce que je faisais là mais rien. Je décidais alors de m'asseoir sur la banquette. J'avais presque envie de lui piquer une frite, mais je ne connaissais pas encore le bougre alors je me méfiais. Si cela avait été Guillemaud, je l'aurais fait sans hésitation, même s'il est peut être plus dangereux que ce rabougri de vampire. Il eut alors une réaction de défense, voire même de peur puisqu'il s'écarta légèrement, pour que la distance entre lui et moi soit plus important. Il ne mangeait plus et me fixait du regard, un regard qui pourrait faire peur, mais pas moi. J'avais un visage plutôt souriant, ce qui n'était pas du tout son cas. Allez, je me fixais comme objectif de le faire parler, et si je réussissais, de le faire sourire mais c'était pas gagné, je vous jure. Je tentais une première approche.

" Bonsoir ! "

C'était une première tentative, très simple, directe et polie, quoi de mieux ? Cela fonctionnait la plupart du temps mais je sentais que j'étais tombé sur un spécimen qui ne serait pas facile à amadoué.

Yaâqov dévisageait la jeune femme brune qui s'était installée prés de lui sans y être invité, souriante, il ne savait pas si elle s'amusait de lui ou si c'était un sourire habituel chez elle. Quoi qu'il en soit, le blondinet se montrait particulièrement distant, juste parce qu'elle était une petite chose humaine et qu'elle risquait de faire chavirer son coeur de vampire qui se jetterait sur elle pour s'abreuver de son sang délicieux. La créature nocturne avait l'air d'un adorable petit agneau incapable de faire du mal à qui que ce soit, mais ce n'était jamais qu'un faux semblant. Si l'habit de fais pas le moine, ce dicton prenait tout son sens lorsque l'on pouvait voir Yaâqov et si on avait la sensation qu'une misérable pichenette lui briserait les os, il était bien plus solide que l'on pouvait le croire. Mais le vampire était d'un naturel calme, il se contentait d'attendre silencieusement les ordres du maitre, il obéissait, il mangeait en répondant à ses besoins pulsionnels. Il suivait, il n'avait pas ce caractère de meneur, de dominant. Il suivait comme un agneau parce qu'il n'y avait rien qui puisse le motiver à prendre les devant. Juste sa soif, il avait tellement soif... Yaâqov se sentait en permanence frustré, il n'en avait jamais assez... Une soif démesurée qui le rendait si sauvage et imprévisible, si Julien avait su le calme il ne demeurait pas moins dangereux. Il était un vampire bon à tuer, il était un vampire fou, une erreur de la nature. Elle souriait toujours, c'est alors qu'elle le saluait, jetant un bref coup d'oeil autour de lui pour voir si on les observait. Apparemment non... Yaâqov reportait son attention vers la jeune femme tendant doucement sa main non tatouée vers son assiette qu'il tirait lentement vers lui avant de prendre une fritte entre ses doigts pour la porter à ses lèvres sans pour autant la quitter du regard. Doucement son regard tombait sur sa chope de bière ; les femmes buvaient n'importe quoi de nos jours... Probablement le blondinet aurait fait scandale à sa femme s'il l'avait vu consommer ce genre de boisson d'ivrogne, elle avait été une rose si délicate ; un peu de vin sur ses lèvres la rendait si belle... Mais c'était fini, c'était loin... Trop loin. Plus le temps passait, plus il oubliait le si beau visage de sa femme pour ne se souvenir que des horreurs de ce monde bien triste dans lequel il avait dû cheminer malgré lui.

L'hébreu finalement desserrait les lèvres pour répondre à la jeune femme, si réservé il n'était pas quelqu'un de très bavard. De toute façon, il n'avait rien à dire à personne et puis la plus part du temps il ne comprenait rien et il était juste incompris. Alors à quoi bon ? Il n'était que de passage dans cette vie, sa vie... Elle n'avait aucun sens, rien ne pourrait jamais plus le rendre heureux, c'était juste terminé. « Quoi tu Youloir à mé regarder comme ainsi ? » Interrogeant la jeune femme de cet accent délicieux et cette grammaire plus que douteuse, il comprenait bien plus la langue de Shakespeare qu'il ne la pratiquait. Fixant la jeune femme de ses yeux azurés il la dévisageait comme s'il essayait de deviner ce que lui voulait cette humaine ; Il n'était pas de bonne compagnie, probablement allait-elle le comprendre et s'en aller comme tous les autres. Il n'était pas quelqu'un d'intéressant, si Julien s'était intéressé de lui c'était uniquement pour ses talent de tueur ; mais le vampire savait qu'il en comptait pas, il n'était rien.

Le vampire me regardait de façon à me dévisager complètement, comme s'il ne m'avait jamais vu, et je crois que c'était le cas alors je pouvais le comprendre finalement. J'arborais un magnifique sourire que j'essayerais de garder en permanence ou presque, pour qu'il me pense sympathique et amicale. Je n'avais absolument rien à perdre à lui parler, et peu être que j'avais des choses à gagner, alors je tentais le coup sur sa petite personne. Il était méfiant, cela se voyait à son attitude, son regard, comme il avait fait vis à vis de sa nourriture. Il était maigre ce vampire, chétif, mais cela était sans doute voulu, à moins que cela ne soit sa condition depuis sa transformation. Je n'étais pas spécialement grosse non plus mais j'avais des formes, je ne ressemblais pas à ces mannequins longilignes là. Je me préférais largement comme j'étais. Je restais pour le moment à ma place après lui avoir dit bonjour. Je ne voulais pas lui faire peur si cela était possible, ou le faire fuir, car il semblait si méfiant. Si je faisais un geste de trop, il pourrait partir sur le champs, ou alors me sauter à la gorge. Il savait très bien qu'il ne devait pas faire cette dernière chose mais vous savez, parfois nous avons une odeur si appétissante à leurs narines qu'ils ont du mal à s'empêcher de ne pas nous sauter au cou. Lorsque je l'avais salué il avait regarder rapidement autour de lui, pour voir si j'étais seule à venir le déranger, ou si nous étions observer peut être mais il n'y avait rien de bien spécifique à ce qu'une brune viennent à la table d'un gringalet, non ? Je le pensais fortement, en tout cas je n'avais pas vraiment attiré l'attention sur moi et c'était mieux ainsi. Il prit une frite, sans détourner son regard de ma personne. Il observa ma boisson, ce qui ne semblait pas tellement lui plaire vu le petit rictus presque imperceptible qu'il avait fait. Moi aussi je l'observais de façon détaillée. Je me demandais s'il allait me répondre, ou s'il allait continuer à manger comme si je n'étais pas là finalement. Puis, je le vis ouvrir la bouche pour me parler, et sa phrase fit mal à mes oreilles. Ce vampire ne semblait pas être anglophone à la base, car sa phrase était très mal construite et avec l'accent, certains mots ne semblaient pas être bien dit. Mais j'avais compris c'était bien là l'essentiel même si mon visage avait marqué un trait de surprise lorsqu'il avait entendu la phrase. A qui avais-je à faire ? Je n'en savais rien du tout, je ne l'avais encore jamais vu ici. En même temps, je ne suis pas en permanence dans ce bar. Il me demandais donc ce que je lui voulais. Il ne parlait pas bien la langue mais la comprenait-il mieux qu'il ne la parlait ? Je teste quelques choses.

" Vous comprendre ma langue ? Moi vouloir faire connaissance avec vous ! "

Et mon sourire était encore plus franc et radieux qu'auparavant pour appuyer mes propos. Oui, je voulais le connaître un peu, s'il le désirait, car je ne voulais pas lui forcer la main. Peut être qu'il ne voudrait rien me dire, peut être qu'il n'arriverait pas à s'exprimer comme il le voudrait même. J'attendais en tout cas sa réponse. Je restais à ma place, simplement pour le moment, dans une position d'attente.

Il n'aimait pas cette façon qu'elle avait de le dévisager, il était vrai qu'il n'était pas vraiment du genre à trainer dans les bars et rencontrer des gens... Quelle horreur... Il aimait rester dans son coin où on lui foutait la paix, sortant quand il avait un peu faim, lorsqu'il ne savait plus contrôler cette soif qui le rongeait, agissant sous les ordres de Julien, loin de l'idée de le décevoir ; mais il avait bien souvent cédé à ses pulsions. Parfois il s'en était mordu les doigts après avoir croqué certaines personnes, surtout lorsqu'elles avaient un gout des plus effroyable qui soit. Il n'oublierait jamais cette fille d'ailleurs, il n'oublierait pas ce gout démoniaque qui coulait dans ses veines comme un fruit pourri. Rien que d'y repenser cela lui donnerait presque la nausée. Mais il chassait déjà cette idée de son esprit, se sociabiliser était une tache difficile pour un homme comme lui, blasé du monde entier ; il n'y avait pas grand-chose qui puisse l'intéresser. Il avait brisé le silence, espérant qu'elle s'en aille. Plus il la regardait, plus il ne pouvait s'empêcher d'avoir cette furieuse envie de la vider de son sang. Chose à éviter de faire devant tout le monde, alors valait-il pas mieux pour eux deux qu'elle s'en aile gentiment et le laisse manger ses frites tranquillement ? Il n'avait embêté personne pour que l'on vienne l'importuner de la sorte. A croire que les gens faisaient tout pour lui faire perdre patience, il fallait avouer qu'il n'en avait pas beaucoup ; surtout avec les humains. Les voir lui donnait juste faim... C'était une sensation indescriptible, il se sentait attiré par eux sans pouvoir lutter contre cette envie bien longtemps...

Elle semblait étonnée de son anglais, il soupirait faiblement. Les gens l'épuisaient avec leurs discussions ennuyantes, il s'ennuyait de ne rien comprendre, il s'ennuyait des gens et du monde entier. Alors il baissait les yeux pour regarder son assiette et poursuivre ce repas. Allait-il arriver à manger toute son assiette étant donné le gabarit ? Ne jamais sous estimer ce vampire. C'est alors qu'elle prit la parole en imitant son langage. Après avoir avalé sa bouchée, il relevait lentement son regard azuré vers elle alors qu'elle lui souriait toujours comme une bécasse. N'avait-elle donc rien de mieux à faire que se payer sa tête ? Le blondinet l'observait avant de lui répondre d'un ton froid « Pourquoi te moquerait à propos moi ? Pas le temps. » Il n'était pas très crédible avec cette conjugaison douteuse et ça malgré son ton peu approbateur et son regard glacial. La fixant sans grande colère, elle n'était pas la première et certainement pas la dernière, en général ça ne le dérangeait pas car cela ne le touchait pas plus qu'autre chose, mais il avait bien envie de la mettre dans son assiette à la place des frittes...

Elle continuait de sourire comme une idiote, il soupirait faiblement avant de plonger son regard dans son assiette avant de jurer en hébreu ; de toute façon elle ne comprendrait rien. Et puisqu’elle ne voulait pas comprendre qu’elle lui cassait les pieds. Il n’avait pas le temps de faire connaissance, c’était surtout que ça ne l’intéressait absolument pas. Les gens n’avaient aucun intérêt à ses yeux. Prenant une nouvelle fritte, le bellâtre tentait de se désintéresser d’elle tout simplement. Joli festin pourtant...

Je me demandais vraiment ce que ce vampire venait faire par ici, il semblait être si associable, et puis, il ne parlait pas bien notre langue, alors comment voulez-vous aussi qu'il puisse tisser des liens avec la communauté d'Ecosse. Sans doute avait-il était rapatrié durant les années sanglantes et qu'il se sentait bien ici pour ne pas repartir dans son pays natal qui semblait être loin d'ici, peut être russophone ou carrément d'ailleurs, il parlait trop peu pour que je puisse me faire une idée bien distincte de ces origines. Je ne l'avais jamais vu ici, et j'allais essayé de faire connaissance, en restant gentille et sobre mais pas sur que cela soit suffisant. De toute façon, si je voyais qu'il n'y avait pas moyen de discuter, je quitterais la table pour revenir à ma place d'origine, mais j'étais tenace, je ne lâche pas le morceau aussi facilement, que croyez-vous ? Peut être qu'il venait d'un temps lointain que personne ou presque n'avait connu et qu'il ne voulait pas sympathiser avec de simples mortels, peut être avait-il connu des choses horribles ... Je ne pouvais que soumettre des hypothèses, elle le resterait s'il ne me donnait pas de confirmation, mais c'est ainsi. Je ne savais donc rien de lui, à part qu'il était un vampire maigrichon qui parle mal la langue locale. Je me mettais donc à son niveau pour la langage, mais apparemment cela ne lui plaisait pas. Il pensait que je me moquais de lui, de plus il ne semblait pas avoir le temps, du moins c'est ce que je supposais en comprenant ces quelques paroles. Il usait d'un ton froid, cela se sentait, c'était glacial malgré une syntaxe très approximative. Je comprenais clairement que ma présence était indésirable, mais je n'allais pas bouger pour autant, pas tout de suite. Je cessais alors de faire ce franc sourire pour avoir une attitude bien plus neutre vis à vis de lui, comme pour lui faire comprendre que je comprenais que je l'importunais mais que je ne comptais pas partir tout de suite.

" Loin de moi l'idée de me moquer de vous. C'est juste que j'ai envie de faire connaissance, mais si vous n'avez pas le temps, je comprendrais, mais c'est tellement dommage. "

Je montrais ma déception mais sans en ajouter de trop. Je ne savais même pas s'il avait compris exactement ce que je voulais lui dire. Je verrais bien de toute façon, sa réponse, car je ne doutais pas qu'il me réponde que ce soit de façon positive ou négative. Enfin, peut être qu'il choisirait l'ignorance. Après tout s'il n'avait le temps, pourquoi venir dans un bar pour manger quelques frites ? Autant rester chez soi dans ce cas là, non ? La logique vampirique me dépassait cependant parfois, ils étaient tellement bizarre et ce vampire faisait partie de ces nocturnes que j'avais du mal à comprendre. Pourquoi venir ici si c'était pour rester dans son coin ? Si je n'ai envie de voir personne, je reste tout simplement chez moi, et puis c'est tout.

A sa remarque, elle avait enfin cessé de sourire comme une bécasse et autant dire qu'il préférait largement cela. Le blondinet retournait ses frittes qui avaient un gout délicieux soit dit en passant ; mais il aurait bien référé savourer le gout délicieux du sang de cette jeune femme ; elle devait avoir le sang si chaud à avoir la bougeotte de la sorte, il prendrait un plaisir fou de la vider de son sang pour ne laisser d'elle qu'un corps aussi froid que le coeur du vampire. Elle était rayonnante, elle avait l'air de tellement aimer la vie, il avait oublié ce que cela pouvait faire de se sentir heureux et léger... Il trainait son passé, enchainé, il ne pouvait plus s'en défaire. C'était là. C'était parti pour le hanter, encore et encore. Elle répondait avec des mots assez compliqués ; elle avait l'air de dire qu'elle ne voulait pas se moquer de lui. Pas le temps, dommage. Pourtant elle restait là, le dérangeant dans un repas qui lui avait été tout simplement offert. Passant lentement sa langue sur sa lèvre inférieure avant de relever son regard azuré vers elle. Pourquoi lui ? Il y avait tellement d'homme bien plus baraqué que lui dans ce bar, il avait ce petit minois d'ange diabolique ; peu épais et franchement peu enthousiaste. Elle n'avait pas choisi le meilleur oiseau de ce bar pour faire la conversation... « Pourquoi êtes intéressé faire de connaissance de moi ? J'ai mal à parler la anglaise. » Finissait-il par répondre. Il avait du mal et en plus il détestait ça. Il n'aimait pas parler pour ne rien dire, il n'avait rien à dire aux gens. Ils l'avaient abandonné...

Prenant doucement le mug de chocolat chaud entre ses doigts, il l'approchait lentement pour le coller à son assiette, caressant doucement l'image de la marque belge ; il relevait une seconde fois son regard vers la magnifique jeune femme qui lui faisait face pour à nouveau faire usage de la parole avec cet anglais à vomir « Comment cela se appellerait en anglaise ? » désignant la tasse ; puisqu'elle était là, autant qu'elle serve à quelque chose n'est-ce pas ? Il avait apprit l'Anglais aux cotés du julien qui lui avait apprit la base, du moins en ce qui concernait leurs activités qui étaient soit disant légale. Il apprenait les ordres comme on dresserait un chien... N'était-ce pas tout ce qu'il était pour Julien ? Tuer, éliminer... Il sentait encore les coups sur sa peau à chaque fois qu'il avait voulu se rebeller contre ce tyran, le rendant encore plus vide de volonté, cabot fidèle ; il n'y avait plus aucune motivation pour qu'il se batte parce qu'il avait compris que désormais il ne serait plus jamais libre. Jamais... L'espoir était mort dans ce cercueil en argent, ce maître le laissait souffrir de frustration au sang et cela sans la moindre pitié à son égard. Il était en manque, la folie le prenait un peu plus chaque jour. Il se sentait seul et affamé.

Les frittes du vampire semblaient avoir une grande importance. Entre deux regards dans ma direction, il en mangeait, ou il s'amusait à les tourner dans son assiette. Il n'avait même pas besoin de manger de la sorte, mais il le faisait comme si cela lui laissait une once d'humanité le pénétrer. Il est vrai que le plaisir de la bouche est quelques choses qui j'aimerais conservées si jamais je devais mourir, ou plutôt devenir une mort vivante. Car oui, avec tout ce qui se passe, je ne suis pas à l'abri de mourir, et vu mon potentiel, un vampire s'amusera bien à me transformer avant que je ne suis définitivement morte. Je me demande ce que je préférerais à ce moment là : mourir de façon définitive, ou devenir un cadavre sur pattes. Il y aurait plein de nouvelles variables à prendre en compte, alors je ne savais pas, mais la situation ne se présentait pas, elle n'avait aucune raison de se présenter de toute façon, n'est ce pas ? J'avais donc cessée de sourire bêtement devant lui, lui disant donc que je voulais faire connaissance avec ce cher vampire. Il se demandait pourquoi je m'intéressais à lui, surtout qu'il parlait mal l'anglais. S'il voulait, et si je connaissais sa langue maternelle, on pourrait le faire, ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Mais lui voudrait-il me donner ce renseignement si précieux le concernant ? Il était sans doute russe, ou quelques choses comme ça, j'avais des notions de cette langue et du coup, ce serait pour moi à ce moment là que tout deviendrait plus difficile. Mais j'étais prête à relever le défi.

" C'est bien de connaître de nouvelles personnes, non ? Si vous me dites votre langue maternelle et que je la connais, on peut essayé dans l'autre sens puisque vous parlez mal l'anglais. "

Je ne savais pas si l'idée le séduirait mais je tentais ma chance, en espérant sincèrement qu'il parle couramment une langue que j'avais appris.  Peut être qu'il serait mieux à même de me parler, mais je ne pouvais le garantir. Alors qu'il regardait sa tasse de café ou quelques choses contenant un nectar semblable, il me demanda comme cela s'appelait en anglais.

" C'est une tasse ! "

Oui, je lui répondais directement pour lui montrer que ce qu'il faisait m'intéressait un minimum. Il semblait avoir appris notre langue sans aucun cours, sur le tas. Il ne semblait pas être là depuis très longtemps, sinon, il aurait appris à mieux parler la langue, car en étant en pleine immersion dans le pays, on comprends et on apprends bien vite la langue. Peut être qu'il était simplement très mauvais en langue, ce n'était pas impossible qu'il ne retienne rien.

Il ne voyait pas vraiment l'intérêt en ce qui le concernait de rencontrer de nouvelles personnes, les gens finissaient toujours par s'en aller et lui il était là, au milieu de ce monde qui pourrissait de l'intérieur sans que personne ne fasse quoi que ce soit. Il avait été trimballé à travers l'Europe comme un animal de compagnie que l'on se refillait une fois que l'on en avait eu assez de lui. Combien de maitre ? Beaucoup trop... Allemand, russe, français, ukrainien... Maintenant l'Irlande... Son maitre, Julien, un homme tellement respecté, on le pensait juste et loyal. Il était cruel et violent, c'était tout ce qu'en pensait Yaâqov ; mais il était bien trop faible pour faire autre chose qu'obéir. Cela avait prit bien du temps pour qu'il puisse se montrer aussi obéissant envers ce nouveau tyran, comme un animal que l'on devait dompter pour en faire sa chose. C'était son enfer, mais il ne s'en plaignait pas. Le blondinet n'avait plus rien à perdre, mis à part cette vie qui ne comptait pas à ses yeux. La jeune femme lui proposait de faire la conversation dans sa langue natale. Il la fixait de ses yeux bleus avant de l'interroger sur l'intitulé de ce qu'il y avait dans son récipient. Une tasse ? Cela était vraiment un drôle de mot pour quelque chose d'aussi agréable dans la bouche. « Tasse est beaucoup bien. Très gentil. » Répondait-il en fixant la jeune femme sans trop savoir si ce qu'il disait avait le moindre sens ; cependant pour la première fois il dessinait un très léger sourire sur son visage comme s'il venait de parler de quelque chose qui méritait de décrocher un sourire sur ce visage si habituellement triste. Achevant la dernière fritte qui suppliait dans son assiette bien qu'il n'avait pas faim ; il avait tout de même fini par avaler cette quantité démesurée dans son assiette en comparaison à son gabaries.

Le blondinet continuait de fixer la jeune femme pour lui répondre à sa première demande « J'ai naitre dans Pologne, parler hébreu, obéir allemande et roussie. François avoir compliqué de moi et obéir anglaise de maintenant. Apprendre anglaise est trop petit personne. Tu apprendre à propos de anglaise pour moi ? » A en juger par la tête de la jeune femme, son anglais était absolument pitoyable, elle semblait essayer de recoller les mots de ses phrases dans le bon ordre, en remplacer certains par d'autre pourtant, ce qu'il avait voulu dire était simple non ? Il maitrisait deux langues : le Polonais et l'hébreu. Il parlait assez bien l'allemand et le Russe. Le Français était trop compliqué pour lui et il commandait à apprendre l'Anglais depuis peu. Voulait-elle lui enseigner quelques mots d'anglais ? Forcement, dit comme cela c'était tout de suite plus simple à comprendre. Le blondinet continuait de la fixer cherchant à distinguer la moindre réaction de la jeune femme face à ces propos. Il commençait malgré lui à s'habituer à sa présence bruyante et humaine par-dessus le marché ! Quand il pensait qu'il aurait pu rentrer chez lui bien avant cela les deux autres vampires ne voulaient pas rentrer sans lui ? Pourquoi ? Yaâqov ne pouvait s'empêcher d'être toujours assez méfiant et au fond de lui il savait qu'il partirait avant eux de cette ville, il était bien assez grand pour retrouver seul son chemin. Il avait fait la traversée de l'Europe pour arriver jusque là, et même s'il s'était fait attraper par ce fameux Julien, il était loin d'être l'enfant chétif dont il donnait l'image.

J'avais l'impression que plus je lui parlais, plus il s'ouvrait à moi, mais peut être n'étais-ce qu'une impression que j'avais, et qu'elle ne reflétait pas la réalité des choses. Peut être que nous pourrions donc finalement converser un petit peu tout les deux même s'il avait beaucoup de mal avec la langue de Shakespeare. Mais bon, s'il n'était pas du coin, je pouvais très bien comprendre qu'il parle mal notre langue. Moi-même, si je me retrouvais immergée dans un autre pays, et que je doive apprendre la langue, qu'au début, durant plusieurs mois, ma prononciation et ma syntaxe ne soit pas très bonne. Ainsi, alors que je lui disais qu'il y avait peut être possibilité de parler dans sa langue maternelle, il me demandait comment s'appelait ce qu'il avait dans les mains. Je lui avais donné le mot que j'utilisais le plus souvent, autrement dit une tasse, mais certains appellent ça un mug ou peut être même un bol, mais tasse était ce qui correspondait le mieux. En tout cas, le mot semblait bien lui plaire, il me remercia et fit un petit sourire, le premier que je voyais dessiner sur son visage depuis le début de notre conversation. Cela semblait être bon signe, nous allions entrer en bon terme, peut être avant que je ne lui dise quelques choses qui ne lui plaise pas trop, c'était un vampire, et souvent ils sont lunatiques, s'énervant rapidement, j'en avais eu l'exemple avec Constance et Ruby dernièrement. Il n'y avait que Guillemaud qui semblait être un vampire normal, à moins qu'il ne soit simplement plus calculateur que tout les autres. Venant de sa part, cela ne m'étonnerait guère. Le vampire blondinet mangea sa dernière frite, comme s'il venait d'achever son petit plaisir, ou son petit supplice au choix. Puis, il me fixa à nouveau et me répondit à ma première question, du moins il essaya, car sa syntaxe était vraiment mauvaise. Je tendais donc l'oreille pour être attentive à ce qu'il me disait. Il était donc né en Pologne, donc logiquement il parlait polonais, ainsi que l'hébreu. Il avait vu l'Allemagne et la Russie visiblement, en tout cas, il semblait y avoir fait un passage suivi de François ? Là, il m'avait perdu un peu, qu'est ce qu'un prénom venait faire dans cette suite de pays et de langues ? Peut être voulait-il parler du français ? Cela semblait logique puisqu'il me parla de l'anglais par la suite. Il voulait que je lui apprenne l'anglais donc, si je comprenais bien, enfin quelques mots sans doute et je le ferrais avec plaisir. Je lui faisais donc un petit sourire, avec un signe positif de la tête.

" Si vous voulez, je vais vous apprendre des mots. Mon nom est Makayla, et je suis écossaise. Et vous ? Vous êtes polonais, mais quel est votre prénom ? "

En lui demandant cela j'avais fait quelques signes pour appuyer mes propos. En disant "Mon nom est Makayla" je m'étais montrer du doigt. Quand je lui avais poser la question, je l'avais désigné, comme si c'était à lui de dire son nom. Je ne savais pas vraiment si cela aurait un effet, mais je le verrais vite.

Il ne disait rien d'autre, laissant la jeune femme chercher à comprendre ce qu'il venait de dire, il avait fini par décrocher son regard d'elle pour observer les gens présents dans cet endroit étrange où les gens étaient tout de même assez calme, trop calme... Enfin il reportait son attention vers elle et il fut accueilli avec un sourire et un signe d'acquiescement de la tête. Elle acceptait donc, alors finalement cette humaine pouvait être utile autrement que part son sang, elle était spéciale comme humaine, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle l'était. C'est alors qu'elle reprit la parole pour se présenter avec un prénom assez particulier, il la dévisageait comme s'il essayait de décrypter ce qu'elle était en train de lui dire, elle s'accompagnait de geste afin d'être plus explicite. Doucement il se redressait avant de replier l'une de ses jambes pour la poser sur le rebord de la banquette avant de répondre « Mon nom êtes Yaâqov Polonais ? Et je ecoussaise de aussi ? » Enchanté et écossaise étaient deux mots qui n'avaient strictement rien à voir, mais il lui semblait que c'était ce qu'elle avait voulu dire, n'était-ce pas ce que les gens bien élevés se disent lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois ? L'observant de ses grands yeux bleus il se demandait s'il avait été tout à fait correctement après ce qu'il venait de lui dire, un peu comme un écolier qui venait de réciter sa leçon du vendredi après un week end où il avait tout fait sauf ouvrir ses cahiers.

Mais a en juger par la tête de la jeune femme « Cela faisait mauvaise ? Anglaise être regarde comme le François pour moi. Mieux faire obéir que de lui parler. » Cependant, malgré cette frustration face à sa difficulté à assouplir son accent et à faire sortir de sa bouche des sons nouveaux ; il tenait bon. Il semblait déterminé à en apprendre plus, à comprendre un peu mieux ce qu'il pouvait bien se passer autour de lui, les gens n'ont pas idée de cette sensation atroce d'entendre les gens parler autour de soit et de ne rien comprendre, cette solitude absolue d'être dans un monde étrange remplis d'étranger. Au moins ici, il ne se faisait pas battre s'il ne comprenait pas ce que l'on pouvait lui dire, il devait admettre avoir eut des maitres bien plus cruel que ce Julien qui était loin d'être deux. Mais le blondinet semblait avoir part cette horrible habitude de n'être rien, il n'était qu'un juif après tout, n'est-ce pas ? Son visage demeurait figé, mais il lui laissait toute son attention bien qu'il avait tendance à se recroquevillé par simple habitude lorsqu'il parlait avec quelqu'un, il ne faisait confiance en personne et il se rappelait des sourires tellement sincères de certains soldats qui à la vue de leurs supérieurs venaient les frapper comme des chiens parce qu'ils ne devaient surtout pas sympathiser et devait montrer que c'était loin d'être le cas... Douloureux souvenir qui avait laissé gravé en lui des manies et des comportements déroutants...

Je sentais que la leçon d'anglais ne serait pas facile avec ce petit vampire blondinet qui semblait être finalement plus sympathique que je ne l'avais imaginé. J'essayais de le comprendre et je ne m'en sortais pas trop mal pour le moment. Il semblait donc s'appeler Yaaqov, ou quelques choses comme ça, et il était donc polonais, à la base. Je n'ai pas compris pourquoi il me disait qu'il était écossais, ou un truc dans le genre, mais je ne lui disais rien, il fallait que j'essaye de lui apprendre l'anglais, le plus simplement du monde. Il avait parlé d'écossais, mais il devait confondre de mots, parce que je ne voyais pas ce que cela venait faire là. Il avait du le voir sur mon visage, voyant mon incompréhension partielle à propos de sa phrase. Il me dit donc que pour lui l'anglais était aussi difficile que le français, du moins c'est ce que j'avais compris.

" Ce n'est pas tout à fait ça. Votre prénom est Yaaqov, mais votre nom n'est pas polonais, c'est votre pays. Vous êtes polonais pas écossais. Essayez de dire : je m'appelle Yaaqov et je suis polonais. Essayez de redire. "

J'essayais de parler de façon distincte avec quelques gestes pour que cela soit plus compréhensif. Je lui montrais lui en disant qu'il était Yaaqov et qu'il était polonais. Je lui demandais de répéter, mais je ne savais pas s'il avait compris cela. Je le verrais de toute façon bien rapidement. Je voulais en apprendre un peu plus sur lui, peut être qu'en lui apprenant certains mots, certaines phrases, je réussirais cela. En tout cas, cela se passait bien mieux que je ne l'aurais pensé comme quoi, on est parfois étonné du déroulement des choses.

Ce qu'il avait dit n'était pas correct, il pinçait légèrement les lèvres assez déçu dans le fond parce qu'il avait vraiment fait l'effort d'y arriver ; mais cela n'avait pas suffit. Cependant il l'écoutait toujours avec attention. Elle lui donnait une phrase à répéter, doucement il passait sa langue sur ses lèvres glacées avant d'entreprendre ce premier essaie avec un accent franchement dégelasse. « Je m'appelle Yaâqov... Et ? » Voila qu'il avait déjà oublié la seconde partie de la phrase, poussant un juron dans sa langue de croyance en appliquant sa main contre son front. C'était tellement compliqué, toutes les langues se mélangeaient furieusement dans sa tête et il avait besoin d'aide pour y mettre un peu d'ordre. Du moins, si c'était possible. Cela faisait six langues à son actif qu'il devait s'entêter à apprendre. Fort heureusement la jeune femme eu la gentillesse de lui souffler la partie manquante qu'il répétait en soufflant également pour imiter au mieux sa phonétique (bien qu'il en était à des années lumières, il était bien mignon malgré tout) « Je suis polonais... ». Souriant légèrement avant de reprendre encourager par la jolie brune qui lui faisait face « Je m'appelle Yaâqov et je souis.... Polonais ? » Il lui adressait un léger sourire cependant très timide, mais vraisemblablement satisfait de lui-même bien que la prononciation était tout ce qu'il y avait de plus pathétique en ce bas monde, cependant l'accent de l'europe de l'est était particulièrement récurrent et jamais il ne pourrait s'en défaire, cependant il pouvait essayer de l'adoucir mais cela viendrait avec la pratique. Mais pour cela, il devait avoir quelqu'un avec qui parler... Les ordres du Julien étaient bien souvent les seuls mots que l'on pouvait lui accorder, il trouvait cela déroutant que cette fille s'intéresse à lui, Yaâqov. Personne.

Doucement il prenait son chocolat chaud avant de demander « Toi apprendre anglaise de moi encore ? » Il ne savait pas pourquoi elle lui rendait ce service, probablement allait-elle lui demander en échange quelque chose, tout le monde le faisait de toute façon, pourquoi serait-elle différente ? Peu importe, il n'était plus à un don de lui près, qu'est-ce qui pouvait bien l'intéresser ? Certainement pas un renseignement vu qu'il ne comprenait pas grand-chose ; de l'argent ? C'était idiot, tout le monde savait que les juifs n'avaient plus d'argent... Qu'importe, il avait besoin d'apprendre l'anglais et surtout de le comprendre.

Je n'aurais jamais pensé devenir en quelques instants professeur d'anglais pour un vampire polonais qui était sur nos terres depuis visiblement peu de temps. Il avait été un globe trotter si je comprenais ces propos : Pologne, Allemagne, France et Ecosse, peut être avait-il visité d'autres pays même. Yaaqov faisait vraiment des efforts pour parler correctement, mais après des années de morts, cela n'était peut être pas simple d'apprendre rapidement, en tout cas, son deuxième essai était bien plus concluant. Il avait réussi à répéter la phrase : Je m'appelle Yaaqov et je suis polonais, par deux fois. Il avait un petit sourire sur les lèvres apparemment satisfait de lui. La prononciation n'était pas terrible, mais la syntaxe était bonne, c'était déjà un grand pas pour lui. Je lui souriais à mon tour avec un petit signe positif de la tête.

" Voilà, c'est ça, vous avez bien redit ma phrase. "

Il prit son café ou son chocolat chaud qui était dans sa tasse et il me demanda si je voulais encore lui apprendre l'anglais. Pour moi, nous ne faisions que commencer, mais peut être en avait-il déjà marre, peut être pensait-il que j'allais lui demander quelques choses par la suite. Il n'avait peut être pas les même coutumes que nous dans ces origines, à moins que pour lui, tout service se paye d'une façon ou d'une autre. Je ne savais pas comment il avait l'habitude de procéder, mais j'agissais par pure bonté de coeur afin qu'il puisse mieux se débrouiller.

" Oui, on peut continuer si vous voulez. Je peux vous apprendre des mots et des phrases ! "

Oui, le vocabulaire est la base pour parler. Si vous ne connaissez pas le vocabulaire, vous risquez d'avoir du mal à parler même si vous savez conjuguer les verbes et tout. J'attendais donc sa réaction avant de lui apprendre quelques mots qui lui serait peut être utile par la suite.

Elle le félicitait pour ce qu'il venait de dire et il ne pu réprimer un sourire, c'était assez étrange de sourire de la sorte comme s'il était définitivement heureux, douce sensation bien qu'il savait bien qu'elle serait éphémère, c'était là l'une des rares fois où il se laissait à oser discuter avec une étrangère et le plus déroutant était probablement dans le fait qu'il la tolérait aussi prés de lui, en général les gens le dégoutaient tout simplement si ce n'était pas pour qu'ils finissent en diner... Les relations sociales de Yaâqov étaient un véritable désert ; personne ne pouvait l'approcher si ce n'était Julien et en général ses approches étaient loin d'être amicale, c'était un rapport entre l'autorité et le soumis. Il était le faible dans cette histoire, comme toujours... Le blondinet dévisageait la jeune femme avant de se préoccuper de sa boisson encore brulante lui demandant si elle avait l'intention de poursuivre cette leçon inattendue entre deux inconnus. Elle répondait que « oui », l'observait à nouveau de son regard azuré avant de lui répondre « Tu peuvent apprendre de moi, maline d'abord tu dises comment je renversais toi. » A moins d'être un dieu il était quasiment devenu impossible à comprendre, les mots semblaient se mélanger dans sa tête comme dans un tourbillon infernal. Le blondinet ne lâchait cependant pas la jolie brune du regard, ce rendant bien compte qu'il n'avait pas su se faire comprendre. Alors il laissait tomber l'idée de savoir comment elle comptait se faire remercier en échange de cette aide Lentement il fit tourner la tasse entre ses doigts ridiculement fins « Besoin mots pour... Beleidigen ? Allemande dire Bastard, Ungeziefer... Entendre dire à moi poute. Tu expliquer quoi cela ? Tu comprennes ce que je dite ? » Doucement il se mordait la lèvre inférieure, c'était assez agacé dans le fond parce qu'il n'y arrivait pas, il semblait assez déçu et fâche contre lui-même. Doucement il resserrait ses doigts autour de la tasse au point que celle-ci éclatait en débris. S'ébouillantant la main, il sursautait légèrement à cause de bruit, mais il semblait complètement imperméable à la douleur. Il relevait doucement le regard vers la jeune femme, l'incompréhension dans le regard alors que le contenue de sa tasse toujours brulant venait couler sur ses jambes sans qu'il ne réagisse se contentant de fixer la jeune femme avec l'atroce sensation étrange d'étouffement, il ne savait pas vraiment décrire ce qu'il ressentait, ce n'était ni de la colère, de la peine... Le serveur accourait et venait appliquer son torchon sur ses cuisses, mais le blondinet eut une réaction de recul assez brutal au point qu'il donnait un coup dans le nez du type ; la respiration coupée il se comportait comme un animal apeuré et attirait tous les regards dans un silence d'incompréhension... Il n'avait pas peur des autres, il avait peur de ses réactions, peur de la punition...

Je venais de lui dire qu'il avait bien répéter la phrase et cela le fit sourire. Son visage semblait s'illuminer, bien plus qu'au début de notre conversation. Je n'aurais jamais cru que nous allions partir dans ce sens d'ailleurs, mais c'était une très bonne surprise, pour tout les deux je pense. Pourtant, je sentais que tout n'allait pas être aussi simple entre nous deux, du moins je le pensais. Son anglais était toujours aussi médiocre. Alors que je lui disais que nous pouvions continuer cette petite leçon, il me demanda quelques choses mais malgré tout les efforts, je ne compris pas pleinement sa phrase. Je ne disais rien du tout mais ma tête devait tout dire. J'essayais de faire des regroupements de mots similaire mais la syntaxe était tellement mauvaise que je ne voyais vraiment pas où il voulait en venir, mais c'était comme ça, peu importe. Je fis une petite moue d’incompréhension et il comprit que je n'avais pas compris ce qu'il venait de dire. Il ne chercha pas à redire sa phrase, elle ne semblait pas être si important que cela au final, du moins c'est ce que j'en concluais. Alors qu'il faisait tourner sa tasse entre ces doigts, il me demanda quelques choses, mais là aussi, se fut difficile à comprendre. Il voulait donc une traduction pour " belégen" ? Ou quelques choses comme ça ? Cependant, je cru comprendre un mot "bastard", bâtard en gros, non ? Il voulait insulter quelqu'un ? Il vit que je ne semblais pas comprendre à nouveau pourtant, je pensais avoir trouver le mot qu'il cherchait mais je ne pus le dire, il venait d'exploser sa tasse entre ces mains parce qu'il avait serrer trop fort. Pas de doute, même s'il semblait être frêle, il possédait une force bien plus importante que le commun des mortels. Cela fit un bruit sourd qui le fit sursauter, attirant donc quelques regards vers nous, alors que tout se passait discrètement jusqu'à présent. Je ne savais pas si la leçon allait pouvoir continuer malheureusement, même si cela m'aurait plu. Yaaqov me regardait, il ne comprenait pas tellement ce qui arrivait, le contenu de la tasse se répandait sur sa main, sur la table et bientôt sur ces jambes le laissant apparemment sans réaction. Que devais-je faire ? Devais-je m'approcher au risque de me prendre un coup ? Le serveur venait alors dans notre direction agissant de façon irréfléchie. Il venait nettoyer les jambes du vampire qui eut un mouvement de recul, suivi d'un réflexe, son poing partant sur le nez du serveur. Je l'aurais parié. Yaaqov n'est pas quelqu'un de très tactile, c'était pour cette raison que je m'étais assise finalement assez loin de lui. Je me levais alors pour venir à côté du serveur qui avait le nez cassé assurément vu comment le sang coulait. Je lui disais d'appeler les pompiers, ou les urgences, il devait se faire soigner tout de suite. Je me retournais alors vers Yaaqov, sans être trop prêt.

" Je pense que le mot que vous cherchez est insulter ! Et comme exemple, il y a bâtard, ou con ! "

Et je lui faisais un petit sourire comme si rien autour de la tasse ne s'était passé. Voyant cela, les gens autour de nous continuait leur discussion, ils voyaient clairement que je semblais maîtriser la situation. Le blondinet n'était même pas énervé après les autres, mais principalement après lui-même, j'en avais l'impression en tout cas.

Ses gestes avaient été assez brusques, sur la défensive. Il n'était pas un prédateur comme beaucoup de vampires, du moins pas volontairement. Il ne savait pas vraiment résister à l'appel du sang, c'était comme si un monstre l'habitait et prenait le contrôle de son être, mais les coups de Julien lui avait enseigné à se tenir tranquille. Mais c'était assez compliqué que sa situation, il n'y avait rien de normal dans sa façon d'être, il ne le serait jamais plus de toute façon. Il devait apprendre à vivre à nouveau, mais dans sa solitude il n'avait su trouver la foi d'avancer, de penser à l'avenir. Sa vie était sur arrêt depuis bien trop longtemps. La situation venait de déraper parce qu'il n'avait pas supporté qu'on le touche, en général ceux qui le font ont intérêt à avoir une poigne solide pour ne pas s'en prendre une dans la tronche et c'était exactement ce qu'il venait de se produire. Le serveur avait également reculé sur la défensive, alors que le blondinet avait posé les pieds sur la banquette prêt à faire on ne savait quel mouvement si l'on avait le malheur de l'approcher un peu trop une seconde fois. Sa peau était brulée, mais il s'en fichait. Tout cela n'avait pas la moindre importance. C'est alors que la jeune femme s'adressait au serveur et le vampire laissait ses pupilles s'agiter pour analyser les personnes présentes dans le bar, il se sentait un peu trop au centre de l'attention, il détestait cela... Puis l'humaine bavarde se tournait vers lui pour lui répondre comme si rien de tout cela ne s'était passé, appuyant ses propos avec un sourire qui se voulait de toute évidence sincère. Yaâqov la fixait de son regard qui ne semblait plus vraiment comprendre ce qu'il se passait autour de lui.

Alors il mit toute son énergie pour se concentrer dans la phrase qu'elle venait de lui dire... « Sonne trempe. A Bastard une con... » Très mauvaise répétition de phrase de sa part, il fallait dire que sa concentration avait été moindre, une main contre son front, le regard perdu qui fixait le sol ; de ses lèvres s'échappait les saintes paroles de l'ancien testament dans sa langue religieuse qu'était l'hébreux. Refuge absolue de ses peines et de ses émotions parfois trop intenses et ingérables à ses yeux. Si les phrases avaient perdue leur sonorité de foi à ses yeux, elles avaient toujours ce doux parfum d'habitude, de sensation d'avoir un point quelque part auquel s'accrocher. Une religion qu'on lui avait tout bonnement interdit pour qu'il s'y accroche avec autant de désespoir. Il ne savait pas vraiment s'il était calmé mais ses lèvres se livraient déjà de nouveau au mutisme alors que ses yeux fixaient le sol qui semblait être un gouffre à ses yeux.

Même si je ne connaissais pas vraiment le vampire qui était en face de moi, j'avais bien compris qu'il n'était pas du tout tactile, il n'aimais pas qu'on l'approche de trop prêt même, alors le serveur qui lui avait donné son plat de façon rapide sans le toucher la première fois avait fait une boulette en allant essuyé le chocolat chaud au niveau de l'entrejambe du blondinet. Je ne savais pas tellement ce qu'il lui avait pris. Si j'avais casser ma tasse moi aussi, si j'avais pris un café que je me serais involontairement tombé dessus, je ne crois pas qu'il aurait agit de la sorte à mon égard. Je suis une femme, il est un homme, cela aurait pu ressembler de près ou de loin à des attouchements, et s'il veut garder son boulot, je ne suis pas certaine qu'il aurait agit de la sorte. Enfin, je n'avais pas les moyens de revenir en arrière pour qu'il puisse ne pas agir, ce qui était fait était fait. Je m'étais donc levé pour essayer de faire en sorte que la situation ne dégénère pas. Je n'avais pas brandit mon badge, mais si j'en avais besoin, je l'aurais fait sans hésitation. Je me retournais donc vers lui, prononçant la phrase et les mots qu'il voulait sans doute connaître mais ce qu'il me dit par la suite fut difficilement compréhensible. Je supposais qu'il traitait le serveur de "con", mais je n'en avais pas la moindre certitude. Son regard était sur le sol, comme s'il avait honte, ou quelques choses comme ça. Si je le connaissais mieux, je lui aurais pris le menton pour le regarder dans les yeux mais ce n'était de toute évidence pas possible, je ne pouvais pas le toucher. Les quelques personnes qui étaient venues dans notre direction avaient repris leur place, il n'y avait pas de drame, mais je sentais encore des regards mauvais dans notre direction. Des humains qui n'aimaient sans doute pas trop les vampires, à moins qu'ils soient mauvais parce qu'on avait tapé sur leur serveur préféré, je ne saurais tellement vous le dire. Je retournais donc à ma place en face de lui.

" Ce n'est pas grave, ce sont des choses qui arrivent Yaaqov. Vous voulez un autre chocolat chaud ? "

Est ce qu'il me comprendrait ? Toute la question était là. Je ne parlais pas trop vite, essayant d'articuler au maximum, sans me moquer de lui comme il a pu le penser au départ. J'étais prête à demander un nouveau chocolat chaud s'il le désirait, mais peut être qu'il n'en avait plus envie.

Aucune représaille, c'était étrange pour lui d'être là dans un bar au milieu de personnes qui semblaient vivre comme s'il n'y avait pas la guerre, c'était douloureux de voir ce contraste avec les camps... Rien que d'y repenser cela le faisait atrocement souffrir. Ses yeux semblaient contempler le sol, le blondinet se sentait assez étrange dans le fond ; il relevait lentement les yeux vers la jeune femme lorsque celle-ci lui parlait de nouveau en disant que ce n'était pas grave. Vraiment ? Il avait le droit de se tromper sans se faire battre ? La question de la jeune femme fut encore une épreuve pour son anglais. C'était quoi un chocolat chaud ? Chaud, ça il savait ce que c'était ; mais « chocolat »... Est-ce qu'il voulait se bruler à nouveau ? Etait-ce la question de la jeune femme ? Il ne savait pas, il se sentait tellement perdu. « Chaud... Chaude cola ? » Il n'avait pas vraiment compris ce qu'elle lui avait dit. Doucement il se mordillait la lèvre inférieure assez pensif avant de risquer un coup d'oeil aux personnes présentes dans le bar ; ils semblaient tous être retourné à leurs occupations et cela au grand soulagement de Yaâqov qui ne supportait pas vraiment l'idée d'être au centre de l'intérêt.

Regardant à nouveau Makayla de ses yeux d'une mélancolie qui semblait le gouverner, il lui disait alors « Je suis pas argent. Apprendre de mienne les comptes ? Vous demander quoi de moi, pour apprendre ? » Son regard se posait sur le serveur au téléphone qui avait l'air de se plaindre tout en s'appliquant un mouchoir sur le nez pour colmater son saignement. Le blondinet baissait à nouveau les yeux avant de croiser son regard, il avait échappé à la « punition », mais probablement que cela aurait très mal tourné étant donné qu'ils étaient de simples humains et qu'il avait la réaction assez vive dès qu'on le touchait. Il relevait doucement le regard vers la jeune femme en attente de sa réponse assez curieux mais à la fois complètement blasé de tout. Il était insaisissable comme homme...

Yaaqov était un vampire assez atypique finalement, du moins, je n'en avais jamais vraiment rencontré des comme lui. Il ne parlait pas bien notre langue, et cela faisait toute la différence. Je ne connaissais pas du tout son âge, mais il était polonais, il y avait eu des choses affreuses dans ce pays avec la deuxième guerre mondiale, mais peut être qu'il n'était déjà plus là-bas depuis un moment quand ces choses là sont arrivées. Si j'arrivais à reconnaître un vampire de loin, il m'était impossible de savoir leur âge. La dernière fois, Constance m'avait étonné avec ces 602 ans, elle semblait si jeune, si belle que je n'aurais pas pariée qu'elle était aussi fripée. Et dire que normalement, elle devrait être un tas de poussière, mais sans doute en était-il de même pour lui, peut être qu'il ne devrait être qu'un tas de poussière, ou alors qu'il serait simplement très défraîchi. Je lui demanderais son âge si j'arrive à le comprendre et s'il arrive à me comprendre ce qui n'était pas chose aisée, je vous en conviens. J'avais beau avoir l'esprit ouvert à sa syntaxe abominable, il y avait des choses qui ne passeraient pas. A la tête du blondinet, je compris qu'il n'avait rien pigé à ce que je venais de lui dire. "Chaude Cola ?" Il m'avait parlé d'un coca chaud ? Non, je parlais d'un chocolat chaud. Quelle misère qu'il ne comprenne pas.

" Non, Chocolat Chaud. "

J'essayais de mimer en même temps, montrant sa tasse, faisant mine de verser quelques choses, le même chose que précédemment. Est ce qu'il comprendrait mieux ? Si oui, est ce qu'il en voulait un autre ? Rien n'était certain malheureusement. Puis, il me demanda quelques choses, j'essayais de comprendre mais j'avais peur de mal saisir ce qu'il voulait avoir, ou savoir de moi, même s'il me posait clairement une question. Ce que je comprenais c'est qu'il n'avait pas d'argent sur lui mais que je pourrais mettre ça sur son compte ou quelques choses comme ça. La phrase d'après était compréhensible mais je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle venait faire là. Je me disais que j'avais peut être mal compris les deux phrases d'avant du coup. J'essayais donc de répondre comme je le sentais.

" Je ne veux rien de vous, je peux vous apprendre d'autres mots ! "

Est ce que ça correspondrait à ce qu'il me disait, me demandait ? Est ce qu'il comprendrait ce que j'avais à dire ? Je n'en savais trop rien mais la vie est dure parfois, surtout quand vous essayez de comprendre un étranger et de vous faire comprendre de lui.

Chocolat Chaud ? Il avait suivi du regard le geste de la jeune femme avec la tasse, il semblait réfléchir alors à ce qu'elle venait de lui dire. Cela semblait être un exercice très compliqué pour notre homme que d'assimiler l'anglais à son vocabulaire, il finissait par se détendre quelque peu en descendant ses pieds de la banquette pour les faire à nouveau atteindre le sol. Il avait lentement tendu la main vers cette tasse, l'air hésitant et apeuré qu'elle profite qu'elle s'approche un peu trop pour lui faire on ne savait quel supplice. Finalement il avait fini par attraper la tasse dans une vitesse vampirique, montrant qu'en fin de compte il n'était pas aussi innocent que ça, c'était un vampire et il le savait. Zieutant l'intérieur de la tasse vide, il relevait son regard azuré vers la jeune femme avant de lui dire « Toi dite ça être tasse. » Voila que l'incompréhension de son anglais précédente était remise sur le tapis. Etait-ce que cette boisson avait plusieurs noms ? Comment allait-il faire pour s'y retrouver maintenant. Une mine assez déçue, il avait fini par demander à la jeune femme ce qu'elle voulait en échange en lui disant clairement qu'il n'avait pas d'argent. D'ailleurs, il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait pu acheter quelque chose, des clopes dans les camps... Mais ce fut du troc à cette époque Probablement serait-il très surpris de voir le prix du pain à cette époque... Les choses changent, sauf lui.

Le blondinet savait qu'elle n'avait pas vraiment compris ce qu'il avait voulu lui dire, mais peut importe. Il se contentait de cela. Observant la jeune femme en relâchant doucement la tasse vide bien qu'encore chaude ; il lui répondait « J'avons apprendre l'anglaise, tu connaisse mots ; j'ai pas savais écrire l'anglaise être même que Allemande. Quoi écrire sienne ? » On pourra toujours dire qu'il avait le mérite d'essayer de parler l'anglais, aussi laborieux que cela puisse l'être. Pourtant, avec le temps il finirait bien par s'améliorer (ça ne pouvait pas aller en se dégradant de toute façon...). Il avait bien appris une bonne partie de la langue Allemande sur le tas même si des camarades des camps lui avaient prêté main forte pour mieux comprendre. Yaâqov accompagnait ses propos en attrapant la carte du bar où parfois il y avait quelques images pour accompagner la description de ce qu'ils vendaient par ici, mais ce n'était guère suffisant. Il montrait la carte à la jeune humaine en lui montrant l'image de ce qu'il avait mangé, ne disant rien de plus, se contentant de la dévisager.

Décidément, il ne comprenait rien ce petit polonais blondinet. Il pensait que je parlais de la tasse en lui demandant s'il voulait un chocolat chaud, mais j'allais lui expliquer de façon beaucoup plus simple, par des gestes. Je devais lui faire comprendre que la tasse était le contenant et que le chocolat chaud était le contenu du contenant. Evidemment, si je lui disais cela ainsi, il n'y comprendrait absolument rien, je devais lui faire comprendre par des gestes, il n'y avait que ça. Je prenais ma propre tasse dans mes mains.

" Ceci est une tasse ! "

Et je lui montrais la tasse en faisant le tour de celle-ci avec mon index gauche. Ensuite en mettant mon pouce en évidence, repliant les autres doigts sur eux-même, je faisais en sorte de verser un liquide imaginaire dans la tasse.

" Ceci est le chocolat chaud. "

Est ce que mes gestes lui ferrait comprendre ce que je voulais dire ou pas ? Je ne savais pas, je ne cherchais pas à comprendre ce qu'il comprenait de mes propos. Mais j'essayais toutefois de comprendre ce qu'il me disait, car la syntaxe était simplement une torture pour mes oreilles mais je me concentrais exprès pour pouvoir saisir le contenu de ces paroles. En tout cas, il voulait apprendre l'anglais, c'était une certitude, il faisait des efforts. Il me le disait, je l'avais compris ça. Par contre sa question je ne l'avais pas compris, il semblait m'avoir dit qu'il ne savait pas écrire l'allemand, comme l'anglais aujourd'hui. Puis il me tendit la carte où il pointait du doigt, un panini et des frites. Et il me regardait, il me fixait comme si je devais lui dire ce qu'il avait mangé ? Je n'étais pas certaine de saisir pleinement la chose, pour ne pas changer.

" C'est ce que vous avez mangé oui ! "

Est ce que je devais lui dire ce que c'était ? Peut être, je ne savais pas, mais je ne perdais pas patience, pas encore. J'espérais que c'était aussi son cas car plus d'un se serait arracher les cheveux.

Observant la jeune femme, il était comme suspendu à ses lèvres dans l’idée de comprendre tout ce qu’elle lui disait. Tasse, Chocolat chaud. C’était de toute évidence deux notions différente. La voyant faire semblant de verser quelque chose en disant que c’était le chocolat chaud ; il l’observer pas sur d’avoir vraiment compris. Mais est-ce que la tasse était l’objet qui détenait la boisson ? Est-ce qu’il aurait dit que le contenue était très bon précédemment au lieu du chocolat ? Dans ce cas, ne c’était-elle pas moquée de lui tout à l’heure ? Il préférait rester sur l’idée qu’ils ne s’étaient tout simplement pas compris dans les propos de l’autre, et c’était justement le cas. Alors, il optait pour lui parler du menu, il le lui montrait avec une distance raisonnable quand elle lui répondait que c’était en effet ce qu’il avait mangé. L’observant de ses yeux azurés quelques instants avant de lui demander « Comment cette se dire en anglaise ? » L’observant avec intérêt, il semblait que cette fille avait une patience extraordinaire et puis visiblement elle l’intriguait. Il avait l’air juste étonné et se méfiait du fait qu’elle s’intéresse à lui, qu’elle veuille lui parler en publique... Qu’elle soit gentille, les gens aimables ça n’existait plus dans ce monde...

Son regard se braquait vers le serveur qui était assis sur un tabouret au bar et le fixait avec des yeux noirs, le blondinet le fixait quelques instants avant de demander à la jeune femme sans décrocher ses yeux de celui de l’humain absolument furieux après son client « Pourquoi lui avons touche moi ? Je as pas faire lui ça sur moi, pas toucher. Il regarda moi, être appel ? Je partir... » Yaâqov reportait son regard vers la jeune femme, probablement ne la reverrait-il jamais plus ; mais il se souviendrait d’elle-même si elle oublierait fatalement... Tout le monde l’oublié et lui aussi c’était oublié en tant qu’individu. C’était triste, mais le monde savait l’être parfois, impitoyable et injuste. Il fallait juste se battre ou mourir, mais il n’avait même pas ce choix. Il devait se battre et c’était tout, il ne devait pas se poser de question, il devait faire avec et jamais se plaindre. Il savait qu’il ne devait pas faire de mal aux humains, du moins pas ceux que Julien ne lui ordonnait pas à le faire. Il n’était pas un être agressif en dehors de ses crises d’hystérie où il était une véritable bête sanguinaire. Mais qu’était-il d’autre à ce jour ? Soit un pauvre martyr incapable ou ce criminel qui n’avait plus peur de rien. Il était les deux, le désespoir conduit à l’impensable... Il n’était pas humain, même si souvent il se comportait comme tel, juste parce qu’il se souvenait. C’était sa différence.

En me montrant le menu sur la carte, il voulait donc savoir comment cela se disait en anglais. Il ne le lisait donc pas vraisemblablement car c'était écrit noir sur blanc, enfin rouge sur fond jaune pastel en l'occurrence. Il voulait donc savoir ce qu'il avait mangé. J'allais donc le lui dire simplement. J'hochais la tête de façon affirmative, comprenant ce qu'il me demandait. J'espérais qu'il comprenne, car tout à l'heure il n'avait pas bien compris la tasse et le chocolat chaud, mais là, il n'y avait pas d'erreurs possibles, si ?

" C'est un Panini avec des frites ! "

C'est ce qu'il avait mangé, mais comprendrait-il que le panini était le long pain avec la garniture à l'intérieur, et les frites les petits morceaux de pomme de terre coupé en bâtonnet ? Je ne savais pas, mais je ne pouvais pas faire plus clair, ou difficilement puisqu'il n'y avait pas d'autres mots pour désigner ceci. Mon explication lui suffisait-elle ? Je l'espérais, puis il me demanda pour le barman l'avait touché. Il me dit également que lui n'avait pas agit ainsi qu'il ne l'avait pas touché. Le barman avait fait son travail en essayant d'éponger le liquide brûlant qui était allé sur Yaaqov, mais peut être aurait-il du s'abstenir pour le coup. En tout cas, le regard du barman ne se décrochait pas du blondinet, comme s'il avait vraiment une dent contre lui alors que ça ne devait pas être le cas, mais bon, un bon coup de poing dans le pif, ça ne fait jamais du bien. Yaaqov semblait cependant vouloir partir selon sa dernière phrase. Il faut dire qu'il avait fini son assiette, alors pourquoi resterait-il plus longtemps ici ? Ma compagnie ne semblait pas lui être complètement inintéressante, mais sans doute dispensable même si j'essayais de lui apprendre quelques mots d'anglais.

" Le barman a essayé de faire son travail. Il aurait du ne pas le faire pourtant. "

Est ce que cette phrase simple serait compréhensible pour le polonais ? Je n'en avais pas la moindre idée, et finalement c'était terrible de ne pas se comprendre comme ça. Enfin, c'était comme ça. S'il voulait partir, il pouvait y aller, je n'avais pas finie ma soirée ici pour ma part, pas encore, mais s'il désirait partit, il pouvait le faire sans me demander mon avis.

Un panini ? C'était vraiment un nom étrange, il l'observait avec son regard azuré assez évasif. Avant de se contenter d'un léger sourire à son intention, c'était presque invisible mais il semblait dire par le biais de celui-ci qu'il avait bien compris. Du moins il lui semblait. Panini et frites. Lequel était lequel ? Il ne savait pas vraiment, mais il n'était pas sur de voir prononcer ces deux mots correctement. Il aurait bien pu rester quelques temps de plus, il mais il préférait déjà rentrer. Le soleil guettait et il ne voulait pas revoir les deux idiots de pervers qui semblaient avoir un pénis à la place du cerveau. Ils étaient absolument pathétiques... Il avait L'éternité devant eux et il la passait à s'envoyer en l'air avec tout ce qui pouvait bien trainer du moment que c'était pénétrable, il trouvait cela juste dégouttant. Il avait perdu gout à la vie et les plaisirs sacrés n'avaient plus aucune saveur à ses yeux. C'est alors qu'il remettait l'idée de partir, entre autre assez gêné par le regard du serveur mais aussi parce qu'il souhaitait rentrer. Le poids du regard, l'intérêt que cette humaine lui donnait... C'était tout ce qu'il y avait de plus troublant pour le blondinet plutôt habitué à ce qu'on ne le remarque pas. Et puisqu'elle ne voulait rien en retour, il pouvait partir n'est-ce pas ? Si seulement cela pouvait en être ainsi plus souvent... Mais la vie n'était pas une chose simple, c'était bien connu.


Elle lui expliquait que l'homme avait voulu faire son travail, son travail était-il de tripoter les gens ? Le blondinet ne l'avait pas supporté. Il n'aimait pas qu'on le touche, mais alors à cette partie de son anatomie ; encore moins. Yaâqov l'observait avant de répondre « Pas être la grave... Je oublions cette. Mais toi, si tu vu les deux idiotes vampires revient ici. Tu dire que j'ai partir de voir avant ; je plus attendons. Eux, être idiotes... » Il lui servait enfin un véritable sourire en dévoilant ses belles dents blanches avant de se relever et de refermer sa veste un peu plus haut avant de dire « Gentil, humaine bavarde. » Ce fut à cette conclusion qu'il déambulait jusqu'à la porte de sorti, fixant ses pieds malgré tout avant de pousser la porte, il se retournait lentement pou croiser à nouveau le regard de cette fille et de disparaître dans le souffle de la nuit. Rentrer « chez lui », s'enfermer, respirer...