Hymn to the Pack [Livre II

Je soupirais doucement, mes mains s'appuyant sur les rebords du lavabo de ma salle de bain, alors que ma mousse à raser à la menthe me picotait toute la zone ainsi recouverte. Je me regardais dans la glace. Je repensais aux épreuves de sélection du prochain exécuteur, épreuves qui s'étaient déroulées la veille au soir. Hayden Clearwater, un ami et un atout, s'était avancé. Je l'avais bien imaginé de sa part. Même s'il y avait une maturité nouvelle et récente en ce loup, celui ci avait encore fait preuve d'une intégration parfaite de la socialisation au sein de la Meute. Monter dans la hiérarchie témoigne de la force et de la place dans la communauté, et il avait voulu faire partie de cette élite. Mike Rivera, un ancien, avait lui aussi décidé de présenter sa candidature. Loup ancien qui avait jusque là gravité autour du pouvoir par le poids que lui conférait la sagesse et l'expérience dûes à son âge, le loup garou d'origine espagnole avait pour principal avantage d'être bien rôdé à la manière dont s'exerçait le pouvoir au sein de la Meute. En sus, plus que tout autre, c'était un survivant. Des Années Sanglantes et des mois qui avaient suivis, marqués par la traîtrise de certains des loups les plus anciens et les plus proches de mon père, Mike avait réussi à survivre. Ce n'était pas un mince exploit, car aucun soupçon de traîtrise ne l'avait éclaboussé et sa réputation restait pour le moment sans tâche. En tous cas, aucune qui ne soit parvenue aux oreilles de l'exécuteur que j'avais été jusqu'à mon accession au trône de la meute. Pourtant, malgré ses nombreux atouts, je me méfiais encore de Mike. Il ne s'agissait pas d'un de mes soutiens les plus virulents ou indéfectibles, et il ne s'était que peu exprimé par rapport à la situation de la Meute. L'ennui supplémentaire tenait à son âge. Bien plus imprégné par les traditions lupines que n'importe quelle autre personne de la meute, il était peut être en désaccord avec la politique résolument moderniste que je menais.

C'était pour le rencontrer et faire le point que j'étais justement en train de me préparer, car c'était lui qui avait franchi avec succès les épreuves de sélection. Il avait couru dans la forêt, avait fait preuve de son endurance, et de son expérience pour traquer du gibier. Il était également reconnu qu'il avait une moralité lupine à toute épreuve ; il ne trimballait pas de famille humaine et vivait en bon loup garou. Il avait remporté son combat contre Hayden. Il était fort, et puissant. Mais je ne savais pas encore jusqu'à quel point je pouvais lui faire confiance. Prenant mon rasoir et commençant à couper ras mes poils de barbe, lentement, délicatement, sans faire perler de sang, je repensais à Irving. Le jeune loup garou m'avait le plus déçu. Il était certes moins mature que d'autres, mais était dans la Meute depuis tellement d'années qu'il en connaissait tous les rouages. En plus, je le savais me soutenir et soutenir Mary, ce qui s'avérait précieux dans une période aussi tendue où ma conduite avait contribué à nous dissocier, moi Ulfric et elle Lupa. Il n'avait pas voulu du poste. Ce n'était peut être pas plus mal. Une fois rasé, je me douchais, avant de revêtir une simple chemise et un jean. Ce soir, aucune réunion solennelle à Wolfheaven. Je l'avais convié pour discuter rien qu'à deux, tranquillement, des affaires de la Meute. Le rendez vous était fixé à vingt heures trente à un restaurant sis au bord d'une Nationale, dans le nord de Glasgow.

J'y arrivais légèrement en avance, après avoir embrassé Mathilda et les enfants, leur assurant que je ne rentrerais pas très tard.

Comme à mon habitude, j'allais m'asseoir tout au bout du petit Diner, dans un coin. Prenant la carte en main, je l'étudiais avant que Mike n'arrive. Quand ce fut le cas, je me levais et lui tendis la main ; il était hors de question qu'il s'agenouille et me présente son cou dans un endroit public, même si cela dérogeait à nos statuts et à nos lois. En prenant ainsi sa main, comme l'aurait fait un simple humain, je jaugeais déjà sa réaction.

| Bonsoir, Mike. Ravi que tu aies pu trouver. C'est pas forcément facile. Comment te portes tu depuis l'autre soir ? Tu as fêté ta victoire? |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

Le réveil avait été douloureux ce matin là. Mike s'était levé avec le dos endolori, courbaturé, marqué de la balafre que lui avait infligé Hayden. Les souvenirs de la veille étaient encore flou au moment où il avait posé le pied au sol et tout était resté confus jusqu'à ce que l'eau glacial de la douche lui arrache un râle de douleur. La veille. La veille, il avait fait la chose la plus stupide qu'il ait eu l'occasion de faire depuis des années et pourtant il avait mûrement réfléchi avant de prendre sa décision. La veille, il s'était porté volontaire pour endosser une lourde responsabilité, un poste dont il ne connaissait que trop bien les enjeux. La veille, il avait fait un petit pas, un petit pas qui l'avait conduit à un duel avec un loup qu'il respectait, un loup pour qui il n'avait pas la moindre animosité, et pourtant il s'y était jeté à cœur perdu. La veille, il avait prit conscience qu'il pouvait remplir ce rôle puisqu'il n'avait éprouvé le moindre doute au moment de l'assaut. La veille enfin, il avait mis ce même jeune loup à terre, il avait fait plier Hayden, il avait remporter le titre pour lequel ils s'étaient battus. La veille, il était devenu exécuteur. Non, pas tout à fait, pas encore... Il lui fallait encore passer une dernière formalité. Le quadra jetait un denier regard dans la glace, passant la main sur sa gorge douloureuse, il repensait à son combat. Hayden avait beau avoir moins d’expérience que lui, il avait su frapper fort et aux bons endroits. Qu'importe puisque au final il avait eu le dernier mot, ou plutôt le dernier coup de croc et lui avait lui aussi laissé sa marque, au torse et au museau. L'expérience, le sang froid, c'était tout ce qui avait suffit à les départager. Tous ces combats, tous ces morts avaient finalement servis à quelque chose.

Tentant de passer la serviette dans son dos sans hurler de nouveaux, il se séchait tant bien que mal et entreprenait de s'habiller. Il avait pu s’éclipser de son poste pour rejoindre ses frère et se mêler à ce combat mais il ne comptait pas tendre la perche à ceux qui voulait le pointer du doigts pour appuyer l'idée qu'un loup ne peut occuper un poste dans un lieu publique. Il avait sa matinée mais elle courrait à sa fin et il irait bien sagement présenter sa visite comme si de rien n'était. Aujourd'hui plus que jamais, il se devait d'être exemplaire. Garder la face, devant ses collègues, devant ses frères de meute. Ne pas faire de vagues, ne pas risquer de faire jaser dans le dos de ses congénères. Il les entendait déjà parler, les mauvaises langues ; "regardez c'est bien la peine de garder un loup parmi nous s'il ne peut pas faire son travail comme il faut", "voilà ce qui arrive quand on leur fait confiance il a déserté son poste". Non, il ne leur ferait pas ce plaisir. Il devait tenir cette journée la tête haute. Tenir jusqu'à son entretient avec son Ulfric le soir même.

Et il avait tenu. Courbaturé, fourbu, endolori, mais il avait tenu. Il avait même sourit, se focalisant sur les perspectives nouvelles que tout ceci lui offrait, mettant de coté la douleur et les responsabilité qu'il lui incombaient à présent pour se concentrer sur ce qu'il y gagnait. Se concentrer sur Charlie, sur l'aide qu'il pourrait lui apporter à présent, sur le poids supplémentaire qu'il aurait sur elle pour l’empêcher de commettre d'autre impaires. Penser à Mirah, à sa sécurité, au fait qu'il pourrait s'assurer qu'aucun autre loup ne viendrait à présent lui tourner autour. Sam enfin, Sam qu'il pourrait enfin venger, il se rapprochait du jour où il aurait droit à ce prix du sang que son corps tout entier réclamait si fort. Le loup avait tenu bon, même si l'homme n'avais aspiré toute l’après midi qu'à retourner prendre du repos pour se remettre enfin.

Puis était venu le soir. Une autre douche. Une chemise propre. Ne pas arriver en retard ou avec une mine affreuse. Une fois n'est pas coutume, il n'avait pas allumé le poste radio sur le trajet, préférant se concentrer sur les enjeux, sur ce qu'il était, ce qu'il devait paraître. Ses pensées vagabondaient comme il roulait vers le restaurant où la rencontre devait avoir lieu. Quelque part, il voyait l'ombre de Stephen, son père, quelque part, il ne pouvait s’empêcher de se demander quelle aurait été sa réaction à tout ceci. Il n'était même pas sur qu'il aurait prit le parti de ce jeune Ulfric. Le vieux loup aurait probablement était plus qu'offusqué par les reformes que Valentyne comptait entreprendre. Il n'aurait pas compris le besoin de changement, le besoin de renouveau dont la meute avait besoin. Le quadra riait seul dans sa voiture en imaginant la scène que son père lui aurait servit s'il avait été là.

Retrouvant son sérieux comme il arrivait au abord du parking, il prit une grande inspiration qui lui tira une grimace de douleur. Il allait porter encore quelques temps les traces de ce combat. Sortant du véhicule en tentant de ne pas ressembler à un vieillard courbaturé, il ferma les yeux un instant, cherchant non pas son courage, mais à rassembler ses idées. Ne pas faillir. Ne pas laisser paraître le moindre doute qui pourrait lui venir en traître au moment où il ne s'y attendait pas. A l’intérieur, son Ulfric attendait dans un coin. Il jeta un œil à sa montre, se rassurant rapidement, il n'était pas en retard, "Il" était seulement en avance. Il aurait volontiers plié l’échine devant lui, c'était son devoir, aucune dérogation possible, ce qui s'était passé la veille n'y changeait rien bien au contraire. Mais "Il" avait anticipé son geste et lui tendait la main. Une vulgaire poignée de main, c'était probablement le meilleur choix, et quand bien même, c'était le sien, il s'y plierait. Mike baissa la tête, seul signe de soumission qu'il pouvait lui offrir en ce lieu publique sans attirer l'attention, et serra la main tendue.

« Bonsoir, Mike. Ravi que tu aies pu trouver. C'est pas forcément facile. Comment te portes tu depuis l'autre soir ? Tu as fêté ta victoire? »

Fêter? Ne pouvant contenir un petit rictus amusé, il secoua simplement la tête de gauche à droite avant de se rendre compte qu'il devait parler. Il devait répondre à cette question. Parce qu'"Il" la lui avait posée, et parce qu’il ne voulait pas laisser croire qu'il était trop intimidé au delà du respect qu'il lui devait pour lui adresser la parole.

«Bonsoir . . . Monsieur » Il cherchait une formule de politesse à appliquer en public mais rien ne lui venait de mieux. Ne pas montrer le moindre doute. Il était trop tard à présent pour faire demi tour de toutes façons. « Fêter ? Non, je ne voulais surtout pas risquer de ne pas pouvoir assurer ma journée de travail. Ne ne compte pas tendre la perche à ceux qui voient d'un mauvais œil ma dérogation pour continuer à travailler dans Oldtown. Je n'ai de toutes façons pas la volonté de fêter quoi que ce soit depuis . . . trop longtemps. Et puis il n'y a rien à fêter, je n'ai fait que mettre mon expérience au service des nôtres. »

Franc, droit, il n'avait aucun intérêt à lui mentir, il avait faillit dérapé sur un sujet qu'il souhaitai à tout prix esquiver mais s'était ressaisit. Le loup savait qu'il devait continuer à éviter de mêler Sam à la conversation le plus longtemps possible, pour ne pas perdre ses moyens d'une part, et pour ne pas laisser sous entendre qu'il comptait négocier à ce propos.... pas maintenant. Poliment, il attendit qu'"Il" se soit assis pour prendre place à son tour. Il ne prendrait pas la parole s'"Il" ne lui posait pas de question, c'était le moins qu'il puisse faire si ils ne pouvaient pas appliquer les règles ici. Beaucoup de choses lui venaient à l'esprit, il voulait se rassurer sur certains détails, Mary surtout, lui faire part à "Lui" de son avis sur ses projets pour la meutes, ceux dont il était au courant du moins, aborder les sujets de Charlie et Mirah s'il en avait l'occasion....

L'heure de vérité était arrivée. Pour que les choses fonctionnent, un exécuteur et son Ulfric devaient partager un lien spécial, presque privilégié. Une relation de confiance était fondamentale ; il remettrait sa vie entre mes mains et j'en ferais de même. Ma famille s'appuierait aussi sur lui pour les défendre, si le besoin s'en faisait sentir. L'exécuteur était autant protecteur que bourreau, et il avait beaucoup de largesses juridiques d'après le code de la Meute, pour agir. Je ne savais pas encore si Mike et moi pourrions établir pareille relation. Cela demandait de l'investissement, et plus encore, une certaine conjonction de caractères. Rien d'aisé, contrairement aux apparences. Prendre un Bolverk qui ne croyait ni en moi ni en ce que je faisais, et dont le désir était de revenir sur mes réformes au sein de la Meute, serait une prise de risque effroyable et potentiellement incontrôlable pour moi. Je ne pouvais pas me permettre ce genre de prise de risque. Ni maintenant, ni jamais. Mon pouvoir sur la Meute devait être semblable au roc pur et dur, et non à un mur de briques. Si une brique s'effritait ou se fragilisait, c'était tout le reste de l'édifice qui risquait à plus ou moins brève échéance de s'effondrer, ou de s'agrandir de plus en plus. Je ne pouvais pas permettre cela. Jaugeant son regard, je n'y décelais qu'un sérieux sans faille. Plein de morgue, peut être même. Me considérait il vraiment comme son supérieur hérarchique ? Je n'en savais rien. Ce regard était fier, mais pas insoumis. Assez impénétrable. Jusqu'à ce qu'il émette un petit sourire en coin, qui pouvait tout dire et son contraire. J'espérais juste qu'il ne soit pas en train de sourire à une pensée qui s'orientait contre moi.

Je souris cela dit à mon tour, quand je l'entendais hésiter par rapport à la manière de s'adresser à moi. Il était clairement mal à l'aise, au moins au niveau protocolaire, de me rencontrer dans ce genre d'endroit, ouvert sur un public qui n'avait pas besoin de connaître notre identité. Monsieur. Qu'un mec plus vieux que moi d'une petite dizaine d'années me donne du monsieur m'étonnait plus que lorsque certains m'appelaient Ulfric, ce titre que j'avais ravi à mon père, en déchiquetant sa gorge sous le regard de l'ensemble de la Meute. Mike semblait étonné que je lui pose ma question en ces termes, comme si ce qu'il avait accompli n'était pas digne de célébrations. Grand, vieux et expérimenté. Il me faisait l'effet d'un roc. Mais était il pour autant compatible avec ma personne ou ma politique ? Je n'en savais rien encore. Je lui donnais une petite tape sur l'épaule pour lui faire signe de s'asseoir. En face de moi, sur la banquette opposée gainée de cuir. Je ne me départissais pas de mon sourire.

| Ce qu'il y a à fêter, c'est que nous avons un nouveau... Bras droit... à accueillir chez nous. C'est une grande nouvelle pour tout le monde. C'est un signe de retour à une plus grande stabilité, et à plus d'efficacité aussi. Tu incarnes un certain espoir, Mike. Celui que tout s'arrange enfin pour nous qui avons tant souffert de trahisons, ces derniers mois. |

Je reportais mon attention sur la carte, la connaissant par cœur mais me référant par habitude à un écrit pour mieux asseoir mon choix. Le prix n'était pas un problème, et rien de ce qu'il y avait ici n'était hors de prix, de toute manière. Une jeune femme plutôt séduisante vint nous voir, très avenante, pour prendre nos commandes. Je lui fis signe que nous n'avions pas encore choisi, et repris, lorsqu'elle se fut suffisamment éloignée. Cette fois ci, nous étions vraiment « seuls » au moins pour quelques minutes.

| Je vais aller droit au but, Mike. Tu fais partie des loups qui n'ont pas vraiment pris part à la fin de mon père, ni de mon côté ni du sien. Peut être que tu as une opinion sur le sujet, mais je ne la connais pas. C'est pourquoi je ne t'ai pas nommé Bolverk l'autre soir, quand bien même tu avais rempli les critères d'endurance, de force et de courage, qui étaient requis. Je veux un exécuteur à mes côtés qui soit capable d'appuyer ma politique, et comme le veut la tradition, donner sa vie pour la mienne. Je veux que tu me poses toutes les questions dont tu as besoin de connaître les réponses pour épouser ma politique, et rejoindre ma destinée. Je pense qu'on peut discuter de tout ça autour de quelques côtes bien grillées, non ? Que veux tu savoir de moi, Mike? |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

Monsieur. Le terme était très probablement mal choisit, mais que pouvait-il bien dire d'autre ? Il était hors de question de l'appeler ouvertement son Ulfric au milieu du dinner. Exclu plus encore, l'idée de lui adresser la parole sans la moindre formule de politesse. Et lui qui cherchait plus que tout à éviter de faire le moindre faux pas diplomatique, il ne put masquer sa surprise quand "Il" lui accorda une petite tape sur l'épaule. Mais loin de se laisser démonter par cette petite familiarité imprévue, il accepta l'invitation à s'asseoir en face de "Lui". Si notre conférencier était plutôt gêné de la situation, à son grand soulagement "Lui" ne semblait pas l'être le moins du monde, ou s'"Il" l'était, il le masquait plutôt bien. Soulagement ? Qui voudrait d'un Alpha qui se laisse facilement déstabiliser ? Le problème était que c'était également valable pour lui, il devait se montrer inébranlable pour mériter le titre qu'il avait gagné la veille.

« Ce qu'il y a à fêter, c'est que nous avons un nouveau... Bras droit... à accueillir chez nous. C'est une grande nouvelle pour tout le monde. C'est un signe de retour à une plus grande stabilité, et à plus d'efficacité aussi. Tu incarnes un certain espoir, Mike. Celui que tout s'arrange enfin pour nous qui avons tant souffert de trahisons, ces derniers mois. »

Stabilité ? Comme si lui, probablement le loup le plus instable émotionnellement de la meute puisse apporter une quelconque stabilité. A moins qu'"Il" n'ai raison, oui dans un sens, il incarnait un équilibre, lui le vieux loup, le soldat fidèle et "Lui" le jeune Ulfric plein d'idées révolutionnaires. Peut être que leurs frères seraient plus enclins à "Le" laisser mener ses reformes si il affichait son soutient à tout ceci. Et ce soutient, l'homme cultivé, le passionné d'histoire qu'il était ne pouvait que le lui apporter. Il avait bien trop d'exemples à fournir dans ce sens, mais il craignait que trop de changements d'un coup finissent par faire exploser leur groupe déjà fragile de l’intérieur. Trahisons. Ils ne devaient pas perdre de vues que tout ceci était encore relativement frais dans l'esprit de chacun de leurs frères et que rien ne leur assurait qu'il ne restait pas d'autres comploteurs dans l'ombre. Notre loup décida de faire part de ces réflexions, une partie du moins à son interlocuteur. Mais cette fois, alors que la veille il avait évité son regard de peur qu'"Il" puisse lire dans la détermination qui l'habitait alors une forme de défiance qui n'était pas dans ses intentions, cette fois, il le regardait droit dans les yeux.

« Je suppose en effet que beaucoup des nôtres seront rassuré de cette situation. Le fait d'avoir à nouveaux un Bolverk dans la meute en soulagera plus d'un quand au maintient de certaines traditions. Le fait que je puisse être celui là, moi qui ai passé plus de temps dans cette même meute que vous, sans vous offenser, les assurera d'une certaine continuité malgré tout. »

Le quadra ne parlerait pas tout de suite de son avis personnel là dessus, pas sans y avoir été invité ouvertement. Pour l'heure, il imitait son Ulfric et portait son attention sur la carte. Il lorgnait la liste des pièces de viande dont il avait grandement besoin plus qu'envie. L'homme se sentait encore trop épuisé pour avaler quelque chose de trop lourd, mais il savait que le loup ne se ferait pas prier, d'autant qu'il devait récupérer rapidement des éventements de la veille. Blonde. La serveuse qui vint leur demander où ils en étaient de leurs choix avait de longues boucles dorées. Mike ne s'attarda pas plus sur elle, quand bien même elle aurait été à son goût, ce n'était pas le moment de lorgner les jolie filles, pas devant "Lui". Mirah ? Elle ne lui en aurait probablement pas voulu pour quelques regards perdus, surtout si personne ne la mettait au courant. La jolie blonde repartie, "Il" s'adressait de nouveau à lui.

« Je vais aller droit au but, Mike. Tu fais partie des loups qui n'ont pas vraiment pris part à la fin de mon père, ni de mon côté ni du sien. »

Non il n'avait pas pris partit, son esprit avait déconnecté, grisé par le sang, obnubilé par la trahison de ses frères, certains qu'il connaissait depuis son arrivée en Écosse, le cœur encore trop lourd de la perte de son fils. Et pourtant il avait vu d'un bon œil ce changement, il n'aurait jamais pu pardonner à leur ancien leader, et qui sait ce qui aurait pu lui passer par la tête s'il avait eu à suivre ses ordres dans la folie qui l'avait conduite à tant de traîtrise. Il était peut être temps en effet de rassurer le loup en face de lui là dessus.

« Peut être que tu as une opinion sur le sujet, mais je ne la connais pas. C'est pourquoi je ne t'ai pas nommé Bolverk l'autre soir, quand bien même tu avais rempli les critères d'endurance, de force et de courage, qui étaient requis. Je veux un exécuteur à mes côtés qui soit capable d'appuyer ma politique, et comme le veut la tradition, donner sa vie pour la mienne. »

Il dut se mordre la joue pour ne pas l'interrompre, vexé qu'"Il" ai pu penser une seule seconde que ce n'était pas déjà le cas, même en tant que simple soldat. Tout loup se devait de mourir pour "Lui" si la situation l'exigeait. Tous.

« Je veux que tu me poses toutes les questions dont tu as besoin de connaître les réponses pour épouser ma politique, et rejoindre ma destinée. Je pense qu'on peut discuter de tout ça autour de quelques côtes bien grillées, non ? Que veux tu savoir de moi, Mike? »

Toutes les questions ? Le conférencier en avait beaucoup. Beaucoup qui ne concernaient pas directement la meute et qui pourraient attendre. Les autres.... pouvait-il vraiment les poser ? Maintenant qu'"IL" l'invitait à le faire, il ne devait plus hésiter. Valentyne avait raison, s'il ne pouvait pas lui parler ouvertement, cette collaboration était vouée à l’échec. Se redressant su la banquette, il vint s'appuyer sur ses coudes, croisant ses mains et fixant son Ulfric droit dans les yeux, "Il" voulait qu'il soit sincère, il le serait.

« Tout d’abord, je tient à mettre les choses au clair, mon fils m'a été pris par les nocturnes alors que cette soit disant paix était instaurée, je ne vois pas comment j'aurais pu voir d'un bon œil les projets de votre père, malgré tout le respect que je lui devait. Voila mon opinion. Vous incarner un vent de renouveau, VOUS incarnez l'espoir dont cette meute a besoin, pas moi. Je ne vous ferai pas une leçon d'histoire, mais soit nous évoluons, nous nous adaptons à ce monde, soit d'autre le feront avant nous et nous disparaîtrons. L'histoire est faite de cycles, à nous de ne pas nous enliser dans le passé et de savoir avancer. Si ce que vous entreprenez va dans ce sens, je vous suivrais les yeux fermés. Si vous prenez un autre chemin, je vous suivrais aussi bien que j’éprouverais un certain regret face à ces promesses d'avenir dont vous vous éloignerez. La seule chose dont je voudrais être sur, c'est que vous n'avancerez pas trop vite, que vous n’oublierez pas qui nous sommes et ferez les choses progressivement pour ne pas perdre la moitié de nos frères en route. Quand à ma vie au service de la vôtre . . . elle l'est depuis ce soir où vous avez pris le pouvoir, je n'ai pas besoin d'un titre pour me sacrifier pour vous ou la Lupa si le destin me met devant une telle situation.»

Déterminé. Il avait fait en sorte en soutenant son regard que le loup devant lui puisse s'en rendre compte. Le reste de ses interrogations ? Elles attendraient. Pour le moment il devait gérer le plus urgent, l'assurer de son soutient, l'assurer qu'il restait le soldat fidèle et plus encore, qu'il n'avait rien contre ses projets de reformes ou sa vision des choses, bien au contraire. Quant à la viande grillée...

« Pour en revenir à ces cotes bien grillées... elles seront les bienvenues. L'esprit est plus lucide quand le ventre est plein. »

Pour ce qui était d'en apprendre plus sur "Lui", le quadra serait trop mal à l'aise pour oser engager la conversation sur un terrain qui ne concernant pas directement la meute. "Il" était son Ulfric, il était hors de question de risquer d’être indiscret même s'il y était invité. Mary ? Isadora ? Il n'aborderait pas ces sujets même s'ils lui brûlaient les lèvres, comme à la plupart de ses frères.Des questions ? Non il n'en posait pas ouvertement mais espérait qu'"Il" ai lu entre les lignes. Ses seuls craintes concernaient la limite entre l'évolution et un changement trop radical qui causerait leur perte aussi sûrement que l'immobilisme dans lequel ils étaient jusque là enlisés.

S'ouvrir, se révéler. Cela n'avait rien de simple, en fait. C'était quelque chose que je faisais tout plein de bonne volonté, mais que je n'avais jamais vraiment pu faire auparavant. En fait si, j'étais de mauvaise foi en disant ça. J'avais pu le faire depuis longtemps, m'ouvrir comme ça, mais c'était surtout l'envie et la nécessité qui me manquaient. J'étais exécuteur. Quoi que je fasse, j'étais perçu et assimilé comme l'ombre de mon père, et je restais apparemment figé pour toujours dans cette position. Et honnêtement, sans la connerie paternelle, j'aurais sans doute conservé cette même place pendant un bon millénaire de plus. Comme quoi, on ne se refait pas... Aujourd'hui c'était avec cette nouvelle place d'Ulfric que je prenais conscience de l'enjeu de connaître et de me faire connaître, de m'impliquer personnellement et collectivement dans une Meute dont je faisais partie, mais dont les affaires ne me touchaient que d'assez loin. Mais ce ne serait plus le cas. Je ne laisserais plus les événements se dégrader d'eux mêmes sans aucun pouvoir d'inverser la tendance. J'allais agir, et plutôt deux fois qu'une. La base bien sûr était de bâtir et d'entretenir un lien solide et étroit avec mon propre Bolverk, l'exécuteur de la Meute. Pour l'instant, nous n'en avions pas d'officiel bien que Mike, le loup massif et ancien devant moi, avait passé les tests avec brio. Enfin, presque tous les tests. Le plus important était celui qui commençait dès maintenant. Celui qui me permettrait de savoir quel exécuteur il serait pour me seconder. Mike en tous cas avait l'air relativement dubitatif de ce que j'avançais. C'était vrai que mon discours était volontariste de toute évidence, et que cela pouvait passer sous silence le fait que j'avais énormément destabilisé la Meute en tuant son chef précédent et en entamant tout un ensemble de réformes.

Quoiqu'il en soit, je retirais une certaine compréhension du regard du vieux loup, qui me confirmait tacitement qu'il était effectivement un poids tendant vers la stabilité plutôt qu'un facteur de déséquilibre. C'était tout ce que je demandais. Mike ne cilla ni ne détourna le regard en m'avançant ce qu'il pensait de toute cette situation. Je savais aussi lire entre les lignes ; mon propre père m'avait depuis longtemps rompu aux usages courants en politique, ce qui était loin d'être anodin lorsqu'on le connaissait. Je ne me départissais pas de mon sourire en l'écoutant, sous entendant effectivement que mon accession au pouvoir suprême avait engendré une certaine instabilité de fait.

| Nous nous comprenons donc. Et juste entre nous, c'est une des principales raisons qui m'ont poussé à voir des avantages dans ta candidature, quand bien même tu n'as jamais fait partie de mes propres soutiens et que nous ne nous connaissons pas autant que je le voudrais. |

A son tour de déchiffrer mes paroles, et il y avait un certain nombre de sens cachés à celles ci. Je ne comptais pas entrer dans un jeu de domination verbale avec mon vis à vis, mais je tenais tout de même à jauger sa capacité à la politique et son aptitude au discours. Etre représentant et dépositaire de l'autorité chez les lycanthropes demande bien évidemment une certaine mesure de manipulation, qui se conjuguait très bien avec un haut degré de compréhension de l'autre. Je notais au passage que le regard du loup garou s'était un très court instant attardé sur la serveuse. Jeune et jolie. A son goût ? Je me rendais compte que je ne savais pas grand chose de lui. Réellement pas grand chose. Comme tous les loups de son âge, il avait normalement dû être poussé par son Ulfric à renforcer la Meute avec quantité de fils, en engrossant des humaines tout au long de sa vie d'adulte. Mais l'avait il fait, sachant que la Meute d'Ecosse n'avait eu qu'une Lupa aux appétit débridés pendant bien des années ?

Je jaugeais ensuite sa réaction à mes paroles à propos de son absence de parti pris pendant la lutte de pouvoir qui s'était jouée au sein de la Meute. Celle ci avait été brutale et sanglante. Beaucoup y avaient laissé des plumes, sinon des poils. Et Mike n'avait pas choisi de camp. J'osais penser que ce n'était pas par lâcheté qu'il avait fait cela, ce n'était pas sa réputation. Etait ce parce qu'il ne savait choisir, ou qu'aucun des choix possibles ne rentrait dans ce que lui même aurait voulu ? Je le vis alors hésiter. Pas pour me dire la vérité, mais parce qu'il avait tout simplement l'air d'avoir beaucoup de choses à me dire. Je précisais tout de suite que je préférais clairement ça à la situation inverse. Il me parla de son fils, et je fus presque choqué de n'avoir que de vagues souvenirs de cette histoire ; à cette époque là j'avais mes propres problèmes à régler. Je fus rassuré qu'il voit les choses de ma manière malgré quelques bémols que je pouvais encore avoir l'occasion de corriger. Quoiqu'il en soit, il m'affirma à nouveau sa loyauté, qui me toucha beaucoup plus que je ne le montrais. Je ne souriais plus et affichais un simple air sérieux.

| Je me plais à penser que nous incarnons tous ce vent de renouveau. Pas seulement moi. Je suis plus traditionnaliste que beaucoup dans la Meute, en particulier nos jeunes transformés. Il n'a échappé à personne et à toi non plus qu'ils composent maintenant la majorité de notre Meute maintenant que la guerre a clairsemé nos rangs. Je pense la même chose pour le reste. S'adapter ou mourir, la seule loi inflexible de l'évolution. Les vampires partent désavantagés sur ce domaine, car ils vivent tous dans leur passé. Et pourtant, ils nous devancent. A nous de rétablir l'équilibre. Je te remercie pour ta loyauté et pour ta confiance, il nous revient à nous, Mary et moi, de ne pas décevoir de tels espoirs. |

L'instant était plutôt solennel. Recevoir pareil serment n'avait rien d'anodin. Les humains sont toujours subjugués devant leurs films glorifiant l'honneur et le sens du devoir, mais n'appliquent que rarement de telles valeurs. Chez nous, ce sens de l'honneur guide nos vies dans leur intégralité. Je sentais, malgré sa tentative de légéreté, que Mike n'était pas encore rassasié. La serveuse revint rapidement, et je lui commandais leur plus gros burgers avec plusieurs suppléments et de grosses assiettes de frites, avant qu'elle ne prenne la commande de mon vis à vis et qu'elle ne s'éloigne pour aller en cuisine. Je reprenais la parole.

| Je t'avoue que je craignais que tu sois plus récalcitrant. C'est vrai que pour un chef, refuser quelqu'un du statut … Quelqu'un comme Mary, même, tout simplement... Ca n'a pas été facile. Et ça n'a pas fait que me donner de nouveaux copains. Mais quand même, il fallait le faire. En mon âme et conscience, je n'aurais pu agir autrement. J'ai changé la perspective du pouvoir, vois tu ? Auparavant, c'était un couple qui restait en place, ses enfants prenant la relève à moins que la loi du plus fort ne décide qu'un prétendant assassine tout le monde pour prendre la place. Maintenant, lui sera le parangon des hommes, elle des femmes. Tout comme leur exécuteur, qui sera leur « adjoint » plus que leur âme damnée. J'aimerais aussi d'autres changements, vis à vis de nos cousins... Que penses tu déjà de ce que j'ai commencé à faire? |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

Le respect de l'autorité, le respect de ses aines. Bien qu'il n'ai pas été un enfant modèle, ni en tant qu'humain ni en tant que loup, Mike avait au moins ça pour lui, la parfaite connaissance du savoir vivre au sein de la meute que ses cousins espagnols lui avaient inculqué à l'époque. Certes il avait fait son lot de conneries, avec d'autres jeunes loups insouciants, mais il avait toujours su être un sujet loyal. Certains, comme Alan récemment, lui avaient posé la question fâcheuse, ce changement de meute, ce changement de décor... n'était-ce pas la preuve qu'il pouvait retourner sa veste ? Bien au contraire. On lui avait ordonné de partir, on lui avait dit qu'il n'était plus le bienvenue à Séville, que la meute de son père était désormais la sienne et il avait obéi sans argumenter. Vingt neuf ans. Vingt neuf ans à se dévouer corps et âme à la meute écossaise. Vingt neuf ans où il avait mis en pratique ce qu'il avait appris de part et d'autre, les codes que ses frères andalous lui avaient dictés, le sens du devoir de son père. Être un bon soldat. Ne pas faire de vague. Faire passer les intérêt du plus grand nombre de ses frères avant les siens. Mais la veille, en se portant volontaire pour ce poste d’exécuteur qui lui valait cet entretient privé avec son Ulfric, il avait mis ses intérêts personnels au même plan que ceux de la meute. Il espérait tout autant que la stabilité qu'il incarnait d’après ses mots à "Lui" profite à ses semblables, et qu'il puisse y tirer un avantage. Car malgré les rebondissements récents de sa vie, il ne parvenait à chasser son fils de son esprit. Son fils... le prix du sang, le besoin, dévorant, oppressant d'obtenir vengeance pour la chair de sa chair.

Se reconcentrer. Rester focalisé sur l'instant présent. La meute. Son Ulfric. Cette entrevue.

La stabilité. "Il" lui avait affirmé qu'il en incarnait le garant aux yeux de ses frères, lui avait été forcé d'admettre que d'un certain point de vue ce devait être vrai. De par son age, son ancienneté, il était probablement le meilleur choix dans ce sens. La réponse de Valentyne le surpris quelque peu. Il ne s'attendait pas qu'"Il" fasse de l'esprit de cette façon. C'était le genre de phrase qui voulait tout dire et son contraire et au vu du petit sourire qu'"Il" affichait, Mike n'avait aucun mal à comprendre que les mots avaient un sens bien à eux et qu'il devait lire entre les lignes, les déchiffrer. Cependant, il se contenta d'un sourire poli en guise de réponse. Quelque fut la signification de ces paroles, il n'avait pas son mot à dire, "Il" aurait voulu le connaître mieux ? Soit, qu'avait-il le droit de répondre à ça ? "Il" voulait n apprendre plus sur lui, qu'"Il" le questionne, il ne mentirait pas. Tout. Du voleur de poules au conférencier, du soldat au père, il lui dirait tout s'"Il" le lui demandait.

La serveuse. Blonde, comme la mère de Sam. Pas pour lui. Pas maintenant. Revenir à la conversation. Rester focalisé.

Il venait d'exprimer une partie de ses pensées, camouflant ses questions, ne voulant pas risquer de le froisser bien qu'"Il" l'avait lui même invité à les lui poser. Sam. Il avait de nouveau parlé de Sam.Il avait aussi étalé son fichu laïus sur la nécessité de l’évolution. Comme si son Ulfric avait besoin ou envie d'entendre le quadra radoteur qu'il était se rependre en belles paroles et en pseudo philosophie sociopolitique. Puis il était revenu sur quelque chose de plus concret, sur le fait qu'il était et resterait toujours le loup fidèle capable de verser son sang pour la meute, pour "Lui". Sans grande surprise, "Il" avait semblé apprécier son petit speech.

« Je me plais à penser que nous incarnons tous ce vent de renouveau. Pas seulement moi. Je suis plus traditionaliste que beaucoup dans la Meute, en particulier nos jeunes transformés. Il n'a échappé à personne et à toi non plus qu'ils composent maintenant la majorité de notre Meute maintenant que la guerre a clairsemé nos rangs. Je pense la même chose pour le reste. S'adapter ou mourir, la seule loi inflexible de l'évolution. Les vampires partent désavantagés sur ce domaine, car ils vivent tous dans leur passé. Et pourtant, ils nous devancent. A nous de rétablir l'équilibre. Je te remercie pour ta loyauté et pour ta confiance, il nous revient à nous, Mary et moi, de ne pas décevoir de tels espoirs. »

Notre conférencier fit un petit signe de la tête, remerciant humblement son interlocuteur pour l’intérêt qu'il portait à son avis, bien qu'il savait qu'il avait peu d'importance. Les jeunes... oui la meute comptait de nombreux jeunes loups et même si seule Charlie avait ce lien particulier avec lui, il y en avait d'autre qui devaient leur condition à ses crocs à lui. De fils de sang, il n'avait eu à sa connaissance que Sam, des filles, il en avait sûrement, des loups engendrés par ses crocs, il en avait perdu le compte à l'époque où créer des soldats, des frères, était une priorité. Les jeunes loups...

« Je ne doute pas un instant qu'ils, ces jeunes, aient des idées plus progressistes que les vôtres. C'est dans la nature même de la jeunesse, de vouloir remettre en cause tout ce que leurs aînés ont fondé. Tout comme mon père l'a fait pour mes frères et moi, j'ai inculqué nos valeurs à mon fils, loyauté, honneur, obéissance, tradition. Beaucoup de ce sang frais n'a pas eu cette chance, trop occupés que nous étions à nous battre quand ils ont été engendrés pour prendre le temps d'en faire de bons loups et pas seulement de bons guerriers. Mais, et je vais me répéter, quelque soit ce que vous entreprendrez, vous ne devez pas perdre de vue ce que nous sommes. Le progrès oui, mais pas au détriment de nos valeurs. Une évolution trop rapide nous perdrait tout à fait. C'est là toute la difficulté de votre tache, satisfaire les plus anciens comme ce sang neuf, à moins que vous ne vous imposiez. Là non plus je ne remet pas en cause votre capacité à le faire, vous avez ça dans le sang, mais pour ceux qui vous ont entendu clamer que vous serez différent de votre père, ce serait perçu comme un retour sur vos propre parole. Une instabilité que vous ne voulez pas incarner. Pardonnez moi, je n'ai pas à vous dire ce que vous devez faire, prenez ça comme un avis, pas comme un conseil, je ne prétends pas pouvoir vous en donner. »

Commençait-il à se détendre au point de se croire en pleine visite, faisant la classe à un groupe d'étudiant alors qu'il s'adressait à son alpha ? Il se mordit la joue, se giflant mentalement. Certes, il lui avait demandé d'être franc, mais trop de franchisse finirait par le mettre dans une position délicate. Tout plein de belles idées neuve qu'"Il" était, "Il" restait celui à qui il devait respect à tout point de vue. Comme un salut, la serveuse revint prendre leur commande. Cette fois, aucun regard pour ses formes généreuses ou ses mèches dorées. "Lui" commandait un burger et des frittes, et Mike, bien qu'il eu lorgné sur la viande grillée, opta pour la plus belle portion de poulet que la carte offrait, deux portions pour être exact. La volaille... une de ses rares faiblesses. La jolie blonde disparue de leur vue, "Il" l'interrogeait de nouveau ;

« Je t'avoue que je craignais que tu sois plus récalcitrant. C'est vrai que pour un chef, refuser quelqu'un du statut … Quelqu'un comme Mary, même, tout simplement... Ca n'a pas été facile. Et ça n'a pas fait que me donner de nouveaux copains. Mais quand même, il fallait le faire. En mon âme et conscience, je n'aurais pu agir autrement. J'ai changé la perspective du pouvoir, vois tu ? Auparavant, c'était un couple qui restait en place, ses enfants prenant la relève à moins que la loi du plus fort ne décide qu'un prétendant assassine tout le monde pour prendre la place. Maintenant, lui sera le parangon des hommes, elle des femmes. Tout comme leur exécuteur, qui sera leur « adjoint » plus que leur âme damnée. J'aimerais aussi d'autres changements, vis à vis de nos cousins... Que penses tu déjà de ce que j'ai commencé à faire? »

Récalcitrant ? Pour quoi faire ? Quand bien même il aurait été contre "Ses" idées, il n'avait pas le droit d'aller contre sa volonté. Mais il était vrai qu'il avait cette chance, si on pouvait appeler ça ainsi de partager au moins ce point de vue avec "Lui", ils devaient regarder de l'avant. Ce qu'il avait dit précédemment à propos des buveurs de sang lui revenait en tête, il n'avait jusque là pas réagit là dessus, mais ces créatures étaient en effet enlisés dans leur vieilles traditions, ils devaient réagir avant eux pour se renforcer, s'adapter, et qui sait... ces changement pourrait faire pencher l'opinion publique en leur faveur là où beaucoup trop d'humains vénéraient les vampires.

« Ce que vous avez fait avec la Lupa m'a surpris je ne vais pas mentir là dessus. Vexé peut être dans un sens, oui j'étais vexé pour Elle. Elle que je respecte, Elle que je suis depuis si longtemps. Mais si les humains on laissé leurs femmes gagner en considération au fil des siècles, puis s'ils ont aboli les droits de cuissage de leurs seigneurs, je ne vois après réflexion pas pourquoi nous continuions à nous attacher à ces choses, il s'agit plus de tradition pure que d'un réel besoin. Un partenariat plutôt qu'un couple ? A partir du moment où l'un de vous n'est pas mis sur la touche par l'autre, je suppose que ça peut fonctionner. Nos sœurs sont de plus en plus nombreuses, et elles ne sont plus aussi faibles que nous voulions le croire jusque là. Les louves sont peut être moins puissantes que les loups, mais les femmes . . . bien plus vicieuses que nous autres. J'en connais quelques une capables de mener n'importe quel mâle, de quelque espèce qu'il soit, par le bout du nez avec de belles phrases et un peu de parfum.» Il s’arrêta pour laisser échapper un petit ricanement avant de reprendre, peut être venait-il d’admettre ouvertement qu'il faisait partit des mâles manipulables en question, peut-être comprendrait-"Il" qu'il parlait plus généralement et ne se visait pas particulièrement, mais qu'importe « Mais ne nous éloignons pas du sujet. Nous sommes deux choses, des hommes et des loups. Comme les seconds, nous vivons en meute, comme eux nous laissons l'instinct guider une grande partie de nos vies et comme eux nous nous soumettons à des leader naturels, le couple alpha, la Lupa, Vous. Si vous changez ce dernier point, assurez vous de ne pas changer la vision de nos frères quand à votre autorité, ou il vous faudra devenir non plus le leader respecté par crainte mais celui respecté pour son charisme. »

Mike cherchait un exemple, quelque chose de précis, de concret pour illustrer ce qu'il disait. Juger "Ses" actions, "Ses" choix ? Sûrement pas. Mais lui rappeler ce qu'il ne devait pas perdre de vue, qu'il était important de ne pas perdre la confiance et le respect de leurs frères pour mener ses projets à bien... ça il se devait de le faire.

« Ne vous méprenez pas, je ne doute pas de votre charisme, seulement . . . il est bien plus difficile de s’allouer la fidélité de ses hommes que de les forcer à se battre en son nom. Même si au final, les samouraï fidèles à leur seigneurs étaient mus par une force bien plus dangereuse que de simples mercenaires sans fierté et vous auriez beaucoup à y gagner en vous allouant une telle fidélité de la part de nos frères. Sans parler de la meute en elle même, les humains verraient là une forme d'honneur qu'ils pourraient vouloir prendre en exemple, plutôt que de lorgner la jeunesse éternelle des nocturnes. Ne renoncez pas à votre autorité pour autant bien au contraire, mais gardez ça en tête et les quelques réfractaires qui râlent dans l'ombre devant vos reformes, et bien vous vous les mettrez dans la poche sans en faire des martyres. Car ceci ne ferait que renforcer la détermination de vos détracteurs. Mais à nouveau mes paroles sonnent comme des conseils que je n'ai pas le droit de vous donner, veuillez m’excuser. »

Cette fois, le quadra avait baissé les yeux. Jusque là il avait soutenu son regard, affirmant ainsi sa détermination à parler franchement, à répondre aux question qu'"Il" lui posait, mais il avait à présent la sensation que s'il continuait à vouloir être aussi franc, il finirait par dire quelque chose qui risquait de vexer le loup en face de lui. Certes, Mike était prêt à embrasser ses idées, toutes ses idées, celles qui lui plaisaient et celle qu'il réfutait, mais il devait surtout rester à sa place.

Ne pas faire de vague. Rester le bon soldat.

Les choses avançaient, et j'avais presque du mal à croire la vitesse à laquelle les choses avaient pu prendre un nouveau tournant. Il n'avais pas fallu très longtemps finalement pour que la crise interne à la Meute ne disparaisse, et c'était une bonne chose. J'étais peut être un poil trop optimiste, il fallait en priorité que je fasse comprendre mes objectifs à tous ceux qui m'entouraient. Pour autant, les choses semblaient plutôt bien marcher ; Mike, Charlie et certains autres que j'avais pu rencontrer depuis, ils avaient tous été peut être un peu récalcitrants mais au final cela n'avait rien changé à la donne ; ils finissaient tous par me renouveler leur serment et leur soutien. Je ne demandais pas plus que cet accord, cette acceptation parfois même simplement implicite, cela me suffisait largement. Mike avait pas mal de choses à me dire, ce qui m'allait très bien parce que cela m'évitait de devoir lui soutirer des réponses en faisant jouer mon autorité, et cela permettait également de mettre les choses à plat. Les non dits étaient dangereux pour tout le monde, en particulier quand on occupe ou que l'on soutient une place déterminante dans l'avenir de la Meute. Avoir un Bolverk apparaissait donc comme carrément indispensable, et mon autorité en serait d'autant plus légitimée au sein de la Meute. Je sens pourtant que Mike est un peu ailleurs alors que nous discutons aussi bien de nos propres situations que de celle plus globale de notre communauté. Peut être qu'il a ses propres soucis ? Si c'est le cas, il va devoir apprendre à faire avec, car un exécuteur n'a en théorie qu'assez peu de loisirs privés et doit sans cesse se remettre en question et résoudre les problèmes des autres. En fait, je me rendais compte que cette posture n'était pas méga différente de celle que j'occupais en tant qu'Ulfric....

Plus on avance plus Mike semble dérouté. Par la serveuse, par ce que je lui dis. Il a le regard qui, parfois, semble perdu dans le lointain. Il pense à autre chose, quelque chose de relativement grave. Mais quoi ? Je n'en sais rien. Je ne suis pas dans sa tête. Cette histoire de fils, peut être ? J'ai de vagues souvenirs et n'ose aborder le sujet de peur de faire une connerie. Ce serait con, quand même... De me le mettre à dos parce que mes autres problèmes m'ont suffisamment accaparé pour que j'oublie certaines autres choses, tout de même importantes. Mike me remercie de mon intérêt d'un signe de tête, avant de me répondre. Progrès, modernité, sont autant de mots qui se mêlent souvent au plus petit changement de population dans une communauté. La notre a été profondément bouleversée par le dernier conflit en date, il convient donc de tenir compte de ce que veut le peuple.Il me parle de son fils, et je ne sais quoi dire dans un premier temps.

| Je pense que le problème est effectivement global. J'ai encore vu une louve dernièrement, une jeune transformée, Charlie, qui ignorait beaucoup de choses sur ce que nous sommes et comment nous devons nous comporter. Le pire, c'est qu'on a tellement de nouveaux transformés qu'on ne peut tous leur apprendre ce qu'il y a à savoir sur notre nature, sur nos ennemis. Charlie ne sait pas se battre, par exemple. Elle a du mal à trouver sa place parmi nous. J'ai peur que le problème ne soit endémique auprès de toute cette jeune population. Il faut qu'on les éduque, qu'on les accompagne. Si la guerre devait éclater à nouveau demain, on en perdrait neuf sur dix en quelques heures, j'en suis persuadé. Il faut qu'on les élève, qu'on les prépare à se battre. Même si l'objectif de tout ce que je mets en place et d'éviter à tous prix un nouveau conflit à grande échelle. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'y préparer, au cas où... Pour les conseils, il faut que tu prétendes m'en donner, sinon tu ne peux convenir au rôle d'exécuteur. Il faut que tu comprennes que j'accepterais volontiers ton point de vue, tant que tu gardes à l'esprit que c'est l'Ulfric qui conserve le dernier mot. |

Une manière comme une autre de mettre les choses au clair, sans le rembarrer mais simplement de préciser ma pensée. Je lui fis d'ailleurs part de mes doutes quant à sa loyauté véritable, enfin, des doutes que j'avais pu avoir et que son attitude semblait infirmer. Là encore, je préférais confirmer plusieurs fois les choses pour les poser sereinement plutôt que de m'emballer et de penser que des soucis sont réglés alors qu'ils ne le sont pas. Le loup me confie que ce que j'ai fait avec la Lupa l'a surpris. En fait, le problème se situe bien plus sur ce que je n'ai PAS fait, en l'occurrence. Il me dit qu'il était vexé pour sa chef de Meute et qu'il la respectait. Il comprend, même s'il a forcément du mal à cautionner. Je ne peux pas le blâmer, honnêtement j'avais mis longtemps à me décider sur ce sujet et je n'avais finalement pris une décision que sur un coup de tête. L'instinct m'avait permis de trancher ce que mon esprit n'avait pas voulu voir en plusieurs jours d'intenses réflexions sur ce que j'allais faire, finalement. Mike me confie son ressenti par rapport aux femmes qui nous entouraient, et je ne pus m'empêcher de sourire à ses paroles, qui si elles pouvaient passer pour sexistes, n'en décrivaient pas moins une réalité bien tangible. Je ris en même temps que lui.

| Penses tu dans ce cas que je sois incapable de les mener par charisme ? Non, détends toi, je plaisante. J'y prends garde. Je maintiendrais les châtiments exemplaires en cas de désobéissance ou d'erreurs nous mettant en danger. Mon père n'avait pas que des défauts, et si je suis pour plus de liberté dans notre Meute, je pense aussi qu'il faut maintenir une certaine discipline pour que les choses puissent avancer dans le bon sens, et surtout dans le même. Ne pas se disperser est l'impératif majeur à mes yeux. |

Je m'interrompt pour remercier la jeune serveuse qui vient nous apporter nos plats, et commence par engloutir quelques frites avant de passer à la suite.

| Pour Mary, je sais ce que tu ressens. Le principal problème viendra au moment où elle se trouvera un nouveau compagnon. Si celui est ambitieux... Je vais devoir me montrer fort, voire brutal et dominateur, pour m'imposer aussi bien aux yeux du prétendant que du reste du groupe. C'est la faille de mon beau petit plan. Mais j'ai bon espoir de pouvoir continur de bien travailler avec Mary pour le progrès de toute notre Meute. Comme je t'ai dit, ne t'en fais pas. J'aimerais être conseiller et si cela me pose souci,, je te le dirais. Un chef avisé se doit d'écouter ceux qui ont de l'expérience... |

Mon couteau et ma fourchette lacèrent le burger, que je commence à enfiler. J'en prendrais peut être bien un deuxième... l'avantage d'être un lycanthrope est que l'on peut manger de tout et n'importe quoi. L'inconvénient c'est qu'il faut manger à intervalles réguliers en bonnes quantités...

| Si ma politique te convient, alors je pense que je peux t'introniser Bolverk. Espérons que tu n'auras pas trop tôt à mériter ton titre d'exécuteur... J'ai déjà une première mission, pour toi. Mirah, une de nos jeunes louves, se trouve être une experte de notre espèce. Je l'envoie mener des recherches poussées sur le phénomène de reproduction naturelle de notre espèce. J'ai besoin de quelqu'un de confiance pour l'escorter ; vampires et semis démons ont tout intérêt à faire échouer ces recherches donc sait on jamais, si elle venait à être découverte, il me faut un loup expérimenté pour l'exfiltrer. Tu en penses quoi? |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

Parlait-il trop ? Mike avait l'impression de s'enliser à chaque fois qu’il prenait la parole. Il se perdait dans ses propres phrases, ses propres idées. Lui qui avait pourtant l'habitude de s'exprimer clairement, sans effort, de trouver les mots justes et de captiver son auditoire, là il avait la sensation de lutter contre le courant. Le quadra avait vu des loups plus impressionnant, plus imposant dans tous les sens du terme que celui qu'il avait en face de lui, mais celui là était son Ulfric. C'était là tout le problème. S'il se laissait démonter dés le premier tête à tête avec lui comment pourrait-il espérer prétendre au titre d'Executeur ? Il devait se reprendre, reprendre confiance, retrouver son assurance habituelle. Au lieu de ça, il se contentait de se lancer dans une réponse, puis de faire demi tour, gêné par ses propres propos. Avis. Conseil. Après tout, ''Il'' lui avait posé des questions, il n'avait pas à rougir d'y répondre. Ne pas faire de vagues....

« Je pense que le problème est effectivement global. J'ai encore vu une louve dernièrement, une jeune transformée, Charlie, qui ignorait beaucoup de choses sur ce que nous sommes et comment nous devons nous comporter. »

Charlie ? Notre conférencier avait eu le plus grand mal à ne rien laissé paraître du choc d'entendre ainsi le nom de sa ''fille''. Certes, il était au courant des récents événements la concernant, il avait été aux première loges ce soir là, quand il l'avait trouvée à demi morte devant sa porte. Mais il aurait préféré qu' ''Il'' n'aborde pas ce sujet. Pas ce soir. Il n'avait pas besoin d'ajouter cette histoire à son stress actuel.

« Le pire, c'est qu'on a tellement de nouveaux transformés qu'on ne peut tous leur apprendre ce qu'il y a à savoir sur notre nature, sur nos ennemis. Charlie ne sait pas se battre, par exemple. Elle a du mal à trouver sa place parmi nous. J'ai peur que le problème ne soit endémique auprès de toute cette jeune population. Il faut qu'on les éduque, qu'on les accompagne. Si la guerre devait éclater à nouveau demain, on en perdrait neuf sur dix en quelques heures, j'en suis persuadé. Il faut qu'on les élève, qu'on les prépare à se battre. Même si l'objectif de tout ce que je mets en place et d'éviter à tous prix un nouveau conflit à grande échelle. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'y préparer, au cas où... »

Devait-il le prendre comme un reproche personnel ? Non ''Il'' semblait ignorer le lien qui l'unissait à la jeune louve. Une partie de lui fut soudain prise de l'envie de lui en dire plus mais ça aurait été admettre ses erreurs. Avoir surcouvée Charlie comme il l'avait fait avait été une grave erreur. C'était probablement une erreur qu'il avait commise avec Sam également... Les chassant tous deux de son esprit pour le moment, il tentait de se concentrer sur ce qu' ''Il'' avait d'autre à dire.

« Pour les conseils, il faut que tu prétendes m'en donner, sinon tu ne peux convenir au rôle d'exécuteur. Il faut que tu comprennes que j'accepterais volontiers ton point de vue, tant que tu gardes à l'esprit que c'est l'Ulfric qui conserve le dernier mot . »

Humblement, il acquiesça à nouveau d'un signe de tête. Il savait trop bien qu'avoir la langue trop pendue peut être fatal, et appréciait d'autant plus qu' ''Il'' daigne l'écouter parler avec un semblant d’intérêt. Quand à oublier qui était qui, certainement pas.

Les commandes. Les questions sur Mary, sur la meute... Sa réponse. Trop longue, comme la précédente. Il s'était encore perdus en exemples et en conseils. Les femmes...vicieuses... vraiment ? Venait-il vraiment d'aborder ce sujet avec lui ? C'était le fond de sa pensée, il était intimement convaincu que de quelque espece fussent elles, les femelles soient plus malignes que les mâles, compensant ainsi un manque de force par autre chose... pas nécessairement moins dangereux pour autant. Non, ''Il'' n'avait pas l'air outragé par cette vision des choses, ''Il'' avait même rit avec lui. Et puis la mauvaise leçon d'histoire... non... il ne devait pas se laisser aller à cette idée, il avait dit ce qu'il pensait avoir à dire, rien à regreter. Peut être le prendrait- ''Il'' mal, peut être lui en voudrait-''Il'' mais il ne devait pas se laisser aller à l'hypocrisie. S'il devait avoir ce poste, il l'aurait en étant lui même. Le quadra avait beaucoup à y gagner, beaucoup de choses étaient en jeu mais il ne voulait pas s'oublier pour autant. Quelle saveur aurait tout ceci s'il devait obtenir le titre de Bolverk en se faisant passer pour un autre ?

« Penses tu dans ce cas que je sois incapable de les mener par charisme ? »

Et voilà, on y était. Mais pourquoi avait-il eu besoin de parler de ça ? Se raidissant sur son siège, Mike s'étendait à voir tout foutu en l'air.

« Non, détends toi, je plaisante. »

Un soupire de soulagement s’échappa de ses lèvres, moins discret peut être que ce qu'il aurait voulu.

« J'y prends garde. Je maintiendrais les châtiments exemplaires en cas de désobéissance ou d'erreurs nous mettant en danger. Mon père n'avait pas que des défauts, et si je suis pour plus de liberté dans notre Meute, je pense aussi qu'il faut maintenir une certaine discipline pour que les choses puissent avancer dans le bon sens, et surtout dans le même. Ne pas se disperser est l'impératif majeur à mes yeux. »

''Il'' avait entièrement raison sur ce point. Ne pas se disperser. Quoi qu' 'Il' ait eu en tête, il devait garder le contrôle de la meute, toute la meute, et si cela impliquait de devoir faire preuve de sévérité et de discipline c'était tant mieux. S'ils avaient une part humaine ils restaient des loups. Des bêtes sauvages pour citer la mère de Sam et son imbécile d'avocat. Et les bêtes sauvages... et bien suivent le leader naturel, le plus fort ou le plus malin selon les espèces. Or pas besoin d'être biologiste pour savoir que le mâle alpha est rarement celui qui hurle le mieux dans le vide. La serveuse, toujours aussi blonde, distraction sans importance à présent, leur apportait leurs commandes et Mike attendit patiemment qu' 'Il'' ai entamé son assiette avant de s'attaquer à la sienne. La volaille... si on devait un jour le tarer de gourmandise ce ne serait certainement pas pour les sucreries comme celles qu'affectionnait Charlie... Charlie.. il devait la remettre sur le tapis avant la fin de la soirée. Il valait mieux mettre les choses au clair avant qu' 'Il'' ne l’apprenne autrement. Franchise. C'était probablement quelque chose que Valentyne apprécierait même si Mike avait sa part à se reprocher quand au manque de réflexe de la louve.

« Pour Mary, je sais ce que tu ressens. Le principal problème viendra au moment où elle se trouvera un nouveau compagnon. Si celui est ambitieux... Je vais devoir me montrer fort, voire brutal et dominateur, pour m'imposer aussi bien aux yeux du prétendant que du reste du groupe. C'est la faille de mon beau petit plan. Mais j'ai bon espoir de pouvoir continur de bien travailler avec Mary pour le progrès de toute notre Meute. Comme je t'ai dit, ne t'en fais pas. J'aimerais être conseiller et si cela me pose souci,, je te le dirais. Un chef avisé se doit d'écouter ceux qui ont de l'expérience... »

A présent, il reprenait totalement confiance. Son Ulfric l'invitait à donner son avis sans douter, sans trembler. S' ''Il'' devait réfuter ses idées 'll'' fallait qu' ''Il'' les entende d’abord. La lucidité dont le jeune loup faisait preuve, car il était encore jeune malgré tout le respect que notre quadra lui devait, était réconfortante aussi. Mike était forcé d’admettre le potentiel de son interlocuteur. Peut être arriverait -''Il'' à faire ce que d'autre avaient échoué avant lui, apporter la stabilité à cette meute.

« Qu'il soit ambitieux ou non, vous n'aurez pas le choix que de lui expliquer d'entrée qui est à la tête d ela meute. Sans ça vous risquez en effet de vous trouver face à un réel problème. Néanmoins je pense que la Lupa aura elle aussi son rôle à jouer. Si votre entente est bénéfique pour la meute, je la pense assez maligne pour ne pas risquer de nous mettre tous en danger en menaçant cette stabilité. Je l’espère sincèrement. » Il connaissait Mary depuis assez longtemps mais pouvait il vraiment affirmer ceci ? Non il préférait espérer ne pas se tromper à son sujet. « Je suis ravis que vous me laissiez m'exprimer ainsi, j'avais craint... non vous avez raison, je ne prétend cependant pas détenir une sagesse parfaite basée sur mon... expérience... mais je tacherais d'avoir un avis aussi souvent que vous en aurez besoin. En espérant qu'il puisse vous être utile et sans jamais m'offusquer qu'il ne soit pas respecté. »

Il voulait parler de sa ''fille'', s’excuser, promettre de réparer le manque d’éducation de Charlie, mais ''Il'' le devançait, reprenant la parole.

« Si ma politique te convient, alors je pense que je peux t'introniser Bolverk. Espérons que tu n'auras pas trop tôt à mériter ton titre d'exécuteur... J'ai déjà une première mission, pour toi. Mirah, une de nos jeunes louves, se trouve être une experte de notre espèce. Je l'envoie mener des recherches poussées sur le phénomène de reproduction naturelle de notre espèce. J'ai besoin de quelqu'un de confiance pour l'escorter ; vampires et semis démons ont tout intérêt à faire échouer ces recherches donc sait on jamais, si elle venait à être découverte, il me faut un loup expérimenté pour l'exfiltrer. Tu en penses quoi? »

Cette fois la fourchette lui échappa des mains. Mirah ? Charlie et maintenant Mirah ? L'espace d'un instant lui revint comme par flash la dispute qu'ils avaient eu à propos de ce voyage. Mirah. La savoir seule sur les routes était la pire des tourmentes mais pouvait-il vraiment accepter sachant le liens qui les unissaient tous les deux ? Mais n'était-ce pas justement l'occasion de parler de leur relation, de s'assurer que tout le monde sache que Mirah était sienne et sienne seulement ? Attrapant d'une main tremblante son verre d'eau, il le vida d'une traite, le posant avec plus d'assurance avant de répondre.

« Tout d’abord je suis ravis de la confiance que vous m'accordez. J’espère ne pas vous décevoir et mettrais tout en œuvre dans ce sens. Je ne suis pas pressé non plus de devoir donner son sens à ce titre mais le temps viendra où vous donnerez un ordre et où il sera suivit par votre humble serviteur sans poser de question. Quand à Mirah.... Je suis au courant de ce voyage. Nous en parlions le soir où Charlie s'est retrouvée confrontée à cette vampire. » le sujet était abordé, il devait profiter de l’occasion pour en parler aussi. « Je vais faire les choses dans l'ordre, peut être changerez vous d'avis à mon sujet quand j'en aurait finit, peut être pas. Mais je tiens à ne rien masquer, ma franchise sera mon meilleur atout ou sera ma perte. Charlie pour commencer. Je suis forcé d’admettre que je suis responsable d'elle. Je suis celui qui a fait d'elle une louve, j'aurais probablement du la préparer, j'aurais du veiller à ce qu'elle ne se retrouve pas larguée dans ce monde sans les bases. Je pensais lui en avoir apprit assez, je me trompais, j'en suis le premier navré et je compte bien réparer mon erreur. Mirah maintenant.... Mirah est ma compagne, j’étais effondré quand elle m'a annoncé devoir partir et rien ne me rendrait plus heureux que d'être celui qui veillera sur elle. Mais pensez vous vraiment que je puisse être suffisamment objectif pour être son protecteur dans ce voyage ? »

Quand il se tu, Mike ne savait plus s'il en avait trop dit ou pas assez. Charlie... admettre ses erreurs. Mirah.... renoncer à cette chance qu' ''Il'' lui donnait de peur que tout ceci soit mal interprété. Comme pour se redonner un peu d'assurance, se réconforter, un porta un autre morceau de poulet à ses lèvres attendant la réaction de son Ulfric.

Je commençais à tout confier à Mike, ce qui était de première importance pour moi. Je le pense avec force conviction depuis le début de cette conversation, et si je voulais être honnête depuis le début de mon existence, qu'il est nécessaire pour un Ulfric de s'ouvrir à son exécuteur. Je voulais que cette proximité et cette ouverture serve à être plus efficace, et surtout à créer un lien qui, s'il était exigeant, pouvait aussi s'avérer précieux. Un lien de loyauté n'est jamais plus efficace que lorsqu'il fait appel à bien plus, à des sentiments d'affection durable et d'attachement réciproque. On gouverne aussi bien par la carotte que le bâton me disait mon père, sauf que j'avais peut être mieux compris -du moins, je l'espérais-, que le bâton était un outil, une manière de faire d'apparence facile et rapide alors qu'il ne l'était pas du tout. Le recours à la force légitime était l'arme la plus puissante dans mon arsenal de dispositions honorifiques et statutaires au sein de la Meute ; je pouvais tuer, ou faire subir tout un ensemble de tourments, à ceux que je considérais comme indignes ou dangereux. Mais si c'était l'arme la plus dévastatrice de mon arsenal, il s'agissait aussi de celle qui était la plus délicate à manier. Utilisée à tord, la violence se retournerait contre moi et l'effort serait ainsi rendu contre productif. Autant dire que je préférais n'en user qu'en dernier recours. Ce qui me différenciait beaucoup de mon propre père par ailleurs parce que lui n'hésitait jamais à user de force brute pour parvenir à ses fins. Avec les conséquences pour tout le monde connaît déjà... La mort. Je voulais être plus flexible. Plus aimé, aussi. En tous cas respecté par mon intelligence et la valeur de mes décisions plutôt que par la peur que j'instillais dans les cœurs. Je n'étais pourtant pas si différent que cela de mon géniteur ; je devais bien avouer qu'un peu de peur n'avait jamais rien d'inutile.

Je note la réaction ténue mais révélatrice de Mike lorsque j'évoque le cas de Charlie, une jeune louve. Une transformée par nature, et encore malheureusement une inadaptée aux rigueurs que la vie en Meute nécessite. Cela m'importe peu pour le moment, mais j'ai compris du fait des propres réactions que la jeune louve a eue lors de notre dernière entrevue, que ces deux là partagent un lien, une connexion. Laquelle, je n'en savais rien encore, mais je le découvrirais. Directement ou non. Parce que si cela n'avait pas encore vraiment d'importance il pouvait arriver un jour où cela deviendrait évident que ça en avait une... Le loup reste silencieux, il m'écoute parler et évoquer mes idées, mes attentes et mes constats qui les guident. Il a l'air d'un sage, comme cela. Mais d'un sage soucieux. Difficile d'imaginer que les choses pourraient durablement le perturber, un pareil roc. Et quand bien même... Je m'amuse de la réaction du loup quand il pense m'avoir outragé ou mis en colère. Il n'est pas forcément facile à manoeuvrer mais la chose n'est pas impossible pour autant. Je note l'information dans un coin, pour sa réutilisation ultérieure. Mike semble d'accord avec ma façon de faire et avec ma vision des choses, et c'est non sans une certaine étincelle dans le regard que le loup me répond finalement.

Il commence par confirmer bien évidemment la posture stricte et autoritaire que je devrais adopter en cas de séduction de Mary par un autre mâle de la Meute. Là dessus nous ne pouvons que nous accorder. Penser que seul compte le bonheur de la Lupa et que ses accouplements ne sont qu'un sujet éminemment personnel serait une bien grossière erreur. Je souris doucement à ses paroles quant à Mary, la Lupa. Je hoche la tête en signe d'acquiescement, et de remerciement d'une certaine manière, lorsque Mike m'explique sa position sur les conseils. Heureusement, sa posture suit ma propre ligne directrice.

| Oui, c'est bien ainsi que j'entends fonctionner. Si j'ai une certaine confiance envers ma Lupa, je pense que ce n'est pas à un loup aguerri comme tu l'es que j'apprendrais que les femelles de notre espèce, plus encore que les humaines, ont leur fierté et leurs pulsions. L'addition des deux peut donner une alchimie particulière comme un désastre probable. J'espère comme toi, mais je pense qu'avec elle aussi il me faudra agir avec force. Rappeler qui est le mâle dominant du coin. Quant au reste je suis content que nous partagions la même vision des choses. Notre relation ne pourra que s'en porter mieux ainsi. |

Je testais Mike en même temps que je réclamais ses conseils, alors que je lui parlais de son titre de Bolverk, notre exécuteur, et de Mirah, une jeune louve que j'allais charger d'une mission bien particulière. L'attitude du quadragénaire me mit ensuite sur mes gardes. Vaguement suspicieux, je me demandais si une nouvelle tuile n'était pas en train de me tomber dessus. Qu'arrivait il à la fin ? Mirah l'avait mis au courant. La nuit où Charlie a été attaquée. J'en déduisais que logiquement, la jeune louve se trouvait en compagnie de Mike de nuit. Probablement pas pour essayer d'attraper les mouches-à-feu. Et Charlie était venue le voir en premier après son agression. Donc il y avait bien un lien. Un lien fort, même. Je ne lâchais pas l'homme du regard pendant de longues secondes qui s'éternisèrent pour devenir des minutes, alors qu'il me racontait ce qui le liait à Charlie et ce qui le liait aussi avec Mirah. Qu'il ai une compagne ne m'étonnait pas. Très sincèrement, en règle générale, tout le monde baise un peu avec tout le monde dans la Meute. Ma relation exclusive avec Isadora était une exception qui avait tendance à confirmer la règle, et si l'homme en face de moi, peut être dix ans plus vieux que notre historienne, avait envie de s'envoyer la donzelle en question... Je n'avais pas grand chose à y redire. Je réfléchissais tout en le fixant en silence. Et je rendais mon verdict.

| Je vois. Tu as transformé Charlie pendant la guerre, tu es donc sa figure paternelle au sein de la Meute. Elle semble être une jeune femme admirable, courageuse sinon téméraire, et déterminée. Mais elle ne sait apparemment pas grand chose de la nécessité vitale pour nous de vivre en communauté. Tu devras y remédier. Parce que tu es responsable d'elle, en l'arrachant à l'humanité et en la vouant à la Lune, et que ses actes rejailliront sur toi. Fais en sorte qu'elle soit mieux préparée. Pas seulement pour nous, mais aussi pour elle. Elle y gagnerait un équilibre d'existence dont elle ne dispose pas actuellement, de toute évidence. Je ne critique en rien ton « éducation » ; la guerre fut une période difficile et compliquée, qui aujourd'hui encore jette son ombre sur notre Meute et sur chacun d'entre nous. Concernant Mirah, tu connais nos lois. Tout mâle peut la revendiquer s'il le désire, sauf si tu accomplis l'union sous la Lune. |

L'union sous la lune. Un ancien rite d'un passé barbare, mais qui a au moins l'avantage de régler par avance tout différent amoureux. Si Mirah et Mike voulaient vivre leur amour sans intervention de loups ou de louves extérieurs, ils devaient s'accoupler devant toute la Meute à l'occasion d'un de nos rassemblements sous la lune. Ainsi, devant les loups comme devant la Lune, notre Mère, ils seraient « unis », l'un à l'autre. Ce n'est pas un mariage en soi mais tout de même une marque d'engagement, qui ne peut être brisé sauf si l'un des deux s'unit à quelqu'un d'autre de la même façon. J'avais moi même jadis dû coucher sous les yeux de mes frères et sœurs avec Isadora, pour affirmer qu'elle était ma compagne et priver mon père de son désir ardent de l'avoir comme maîtresse. Et seul le fait de coucher avec Mary sous la Lune la nuit de mon accession au trône aurait pu me défaire de ce lien avec Isadora. Rien n'obligeait Mike ou Mirah de s'adonner au rituel. Mais si j'avais été mon père, rien ne m'aurait empêché non plus de forcer Mirah à coucher avec moi.

| Je vois cette mission comme un test, dans ce cas. Si tu peux me montrer être suffisamment fort pour me ramener les informations et défendre la louve, tu auras ma confiance et toutes mes louanges. Mais ne sauves pas Mirah au détriment d'informations vitales si ce choix terrible devait t'être imposé ; ta loyauté doit aller à la Meute plus qu'à ta propre vie et à ceux à qui tu tiens, si tu veux être exécuteur. Dans l'idéal bien sûr, trouvez moi les solutions que je désire et rentrez sains et sauf tous les deux, je ne veux pas que la survie de notre espèce ne nous coûte aussi cher. |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

La politique. C'était pourtant un sujet que le loup fuyait en temps normal. Or là, il était, il serait, forcé de jouer le jeu. C'était un des prix à payer pour avoir une chance, même infime de gagner le droit d'obtenir ce que son cœur désirait plus que toute autre chose, sa vengeance. S'il ne parvenait pas à se montrer digne de ce titre de Bolverk, il pourrait faire définitivement une croix là dessus. Alors il aurait à faire le choix qu'il souhaitait ne jamais avoir à faire, sa vengeance ou la meute. Mais il n'en était pas là. Pour le moment, il devait resté focalisé sur la conversation, sur le rôle qu'il avait à jouer, sur sa place parmi ses frères.

Mary. Les problèmes qui découlaient de l'absence d'union entre elle et Valentyne. Mike avait donné son point de vue quant à ce qu'il conviendrait de faire si le compagnon qu'elle choisirait était trop ambitieux. Il espérait que sa Lupa soit suffisamment raisonnable pour privilégier la stabilité de la meute à tout autre choix qui pourrait s'imposer alors. Il espérait aussi qu'IL ne se laisserait pas dépasser par les événements.

« Oui, c'est bien ainsi que j'entends fonctionner. Si j'ai une certaine confiance envers ma Lupa, je pense que ce n'est pas à un loup aguerri comme tu l'es que j'apprendrais que les femelles de notre espèce, plus encore que les humaines, ont leur fierté et leurs pulsions. L'addition des deux peut donner une alchimie particulière comme un désastre probable. J'espère comme toi, mais je pense qu'avec elle aussi il me faudra agir avec force. Rappeler qui est le mâle dominant du coin. Quant au reste je suis content que nous partagions la même vision des choses. Notre relation ne pourra que s'en porter mieux ainsi. »

Le quadra ne prenait pas ces mots à la légère. Pas plus qu'il ne les avait cherché par des courbettes ou une quelconque hypocrisie. Chaque phrase qu'il avait prononcée avait certes été réfléchie mais sincère. Il n’était pas homme, ou plutôt, loup, à se teinter de faux semblants pour embobiner ses semblables. Si IL appréciait ses propos, c'était tant mieux, si ce qu'il avait à lui dire ne lui plaisait pas... et bien visiblement IL le lui ferait comprendre sans pour autant lui en vouloir. Enfin tant que Mike lui montrait le respect qu'il lui devait, ce à quoi il ne comptait pas déroger de toutes façons.

Puis IL avait enchaîné sur le voyage de Mirah et notre loup n'avait pu tenir sa langue. Tout, de Charlie à sa louve, de la détresse de sa fille incapable de faire front convenablement à sa hantise qu'il puisse arriver quelque chose à celle qu'il aimait, tout, il avait tout dit. Tout ce qu'IL avait besoin d'entendre du moins. Accompagner Mirah était certes une opportunité qu'il ne voulait pas refuser, mais il n'osait l'accepter sans avouer le lien qu'ils avaient tissé.

« Je vois. Tu as transformé Charlie pendant la guerre, tu es donc sa figure paternelle au sein de la Meute. Elle semble être une jeune femme admirable, courageuse sinon téméraire, et déterminée. Mais elle ne sait apparemment pas grand chose de la nécessité vitale pour nous de vivre en communauté. Tu devras y remédier. Parce que tu es responsable d'elle, en l'arrachant à l'humanité et en la vouant à la Lune, et que ses actes rejailliront sur toi. Fais en sorte qu'elle soit mieux préparée. Pas seulement pour nous, mais aussi pour elle. Elle y gagnerait un équilibre d'existence dont elle ne dispose pas actuellement, de toute évidence. Je ne critique en rien ton « éducation » ; la guerre fut une période difficile et compliquée, qui aujourd'hui encore jette son ombre sur notre Meute et sur chacun d'entre nous. »

Ces mots ne faisaient que confirmer ce que le quadra savait déjà. Il aurait du faire plus pour sa jeune protégée. Bien qu'il tentait de n'en rien laisser paraître, il se sentait honteux d'être ainsi mis au pied du mur, face à ses erreurs. Ses erreurs. Il comptait bien les réparer, il n'était pas trop tard pour faire de Charlie une louve convenable. Certes, elle avait son caractère, un sacré caractère même, mais il savait qu'il pouvait la raisonner, lui réapprendre les bases et avancer. Elle devrait faire des progrès, elle en avait les capacités sans savoir les exploiter.

« Concernant Mirah, tu connais nos lois. Tout mâle peut la revendiquer s'il le désire, sauf si tu accomplis l'union sous la Lune. »

Le rituel, Mike y avait déjà pensé. Mais la décision ne lui appartenait pas. Il connaissait les coutumes de la meute, savait qu'elle ne lui appartenait que dans son esprit, que rien n’empêchait n'importe quel autre mâle, y compris celui qu'il avait sous les yeux, de la faire sienne si lui ne le faisait pas avant.

« Je sais tout cela. Je parlerai à Charlie. A Mirah aussi. Je ne lui imposerai pas le rituel simplement parce que j'ai peur qu'elle parte avec un autre. Elle a son mot à dire là dessus. »

Ce qu'il ne disait pas c'est qu'il avait beau aimer la louve, être jaloux du moindre regard qui se posait sur elle, comme le soir de leur retrouvailles à la Lune Bleue où il avait assommé un homme qui avait dansé trop prés d'elle, si il la voulait sienne, il ne voulait pas s'imposer la même rigueur à lui même. C'était plus fort que lui, il avait ça dans le sang après tout. Son loup de père avait beau être d'ici, d’Écosse, il avait le sang chaud de sa mère. Son adolescence avait été espagnole. Les premières amours avaient été écossaises aussi mais lui andalou, toujours. Et puis comment résister à un beau sourire quand on a un verre ou deux de trop dans le nez ?

La voix de son Ulfric le ramena vite à des sujets plus sérieux.

« Je vois cette mission comme un test, dans ce cas. Si tu peux me montrer être suffisamment fort pour me ramener les informations et défendre la louve, tu auras ma confiance et toutes mes louanges. Mais ne sauves pas Mirah au détriment d'informations vitales si ce choix terrible devait t'être imposé ; ta loyauté doit aller à la Meute plus qu'à ta propre vie et à ceux à qui tu tiens, si tu veux être exécuteur. Dans l'idéal bien sûr, trouvez moi les solutions que je désire et rentrez sains et sauf tous les deux, je ne veux pas que la survie de notre espèce ne nous coûte aussi cher. »

Le visage fermé, Mike acquiesça d'un signe de tête. Toute difficile que serait la décision à prendre si un tel cas se pressentait, il devrait faire le bon choix. Cependant, il y avait quelque chose qui serait plus fort que tout l'amour qu'il pouvait porter à la louve. Une chose pour laquelle il irait jusqu'à mettre de coté la maîtresse comme la fille. S'il ne pouvait pas choisir entre sa vengeance et la meute, elles passaient toutes deux avant le reste. Il savait qu'il aurait toutes les peines du monde à rassembler les morceaux de son âme et continuer à avancer si il devait perdre une des deux louves mais sa colère le rendrait plus puissant, sa vengeance n'en serait que plus violente. Si, depuis qu'il était sortit de sa vie d’ermite, il s'était accroché à elles comme à des bouées de secours pour sortir de sa dépression, sa solution pour ne pas y replonger était là. Le quadra n'avait pas l'intention de survivre à son affrontement avec le meurtrier de son fils, qu'il puisse l’abattre ou non, ce serait sans doute son dernier combat. Alors si elles devaient partir avant lui, elles ne seraient qu'une braise de plus pour raviver sa rage. C'était à ce prix qu'il avait dépassé sa peur de les perdre. Après un raclement de gorge et un instant de silence à faire jouer son verre entre ses doigts, il avait finalement répondu.

« Bien sur que l'idéal serait qu'on rentre tous les deux sains et saufs. Mais vous devez savoir que malgré le lien que nous avons tissé Mirah et moi, elle n'est en aucun cas une entrave à ma lucidité. Si je dois choisir entre la meute ou ma louve, bien que vous ayez à juste titre rappelé qu'elle n'était pas mienne à proprement parlé, mon choix de portera toujours sur mes frères. Le sacrifice de l'individu pour la survivance du plus grand nombre. C'est à ce prix qu'on avance. »

Il tue une fois de plus l'objectif vers lequel il avançait. IL n'avait pas besoin d'entendre ça, lui n'avait pas envie d'en parler ouvertement. Peut être comprendrait-IL, peut-être pas, probablement pas. Qu'importe, il n'en parlerait pas.

[Désolé Mikey je suis vanné, je t'ai rep à cheval entre mon mémoire et la relecture des 139 pages de Kry en cours... J'ai plus de noeils!]

Etre Ulfric n'a rien de facile. Mon père me l'a toujours dit ; il s'agit d'une affaire de choix et d'un ballet de conséquences, d'imprévus et de non sens. Il y avait toujours quelque chose qui dérapait, toujours quelqu'un qui voulait votre peau. Ce que je disais à Mike était horrible, même s'il était le seul ami que je pouvais avoir en tant que chef de Meute. Mon exécuteur. Je lui disais concrètement qu'il devait privilégier des informations à la louve dont il partage la vie. Je ne savais pas moi même jusqu'à quel point je serais susceptible de pouvoir opérer un choix sur ce sujet là, éminemment douloureux. Jusque là j'avais prouvé que j'étais prêt à sacrifier beaucoup à la Meute, mais tout ? Risquer ma relation avec Isadora n'était pas la même chose que risquer sa vie. Bien sûr que je préférais rompre avec elle, perdre tout lien et m'éloigner de ses enfants, que de la voir morte. Le prix à payer n'était pas du tout le même. Que valaient finalement une relation comparée à la vie elle même ? Je me plaisais à savoir que je serais bien plus enclin à l'abandonner par amour que la garder avec moi envers et contre tout, nous condamnant tous. Je mange, terminant d'engloutir ce repas de manière certes un peu gloutonne, mais silencieuse. Mike et moi commençons à nous perdre dans nos pensées respectives. Beaucoup de choses ont changées, et ce changement nous épuise déjà. Tant de choses auxquelles penser, tant de préoccupations et de dangers. C'est cela notre vie, maintenant. Et peu importe notre éducation et notre expérience de la vie. Rien ne peut vraiment vous préparer vraiment aux rôles qui sont maintenant les nôtres.

Je suis néanmoins satisfait que mes paroles aient eu ce petit effet sur Mike. Je n'avais aucune idée de la destination véritable de sa loyauté et de son allégeance, il faut dire que j'avais commis l'erreur de ne pas être proche de mes frères et sœurs de Meute, de manière à mécaniquement me protéger de tout ce qui aurait pu arriver. La mort d'êtres chers est toujours un drame et je ne voulais en aucune façon me démolir à chaque fois que ces putains d'Années Sanglantes allaient nous tomber dessus comme un sanguinolent couperet. Mais ça avait finalement été une erreur. Cette affection et cette émotion qui nous guidaient tous avait leurs avantages. On se bat, dur à la peine et dévoué à la tâche, quand on se bat pour ceux qu'on aime, pour les nôtres, notre famille. J'essayais du coup de renouer des liens solides avec tous les membres de la Meute quels qu'ils sont. Cela n'avait rien entendu rien d'aisé du tout, mais l'avantage était que désormais, je connaîtrais la valeur, les forces et les faiblesses de chacun de mes frères et sœurs de Meute. J'aime que Mike se soit confié à moi, j'apprécie même tout particulièrement. Même si mon jugement peut paraître désobligeant vis à vis de Charlie, Mike sait que je ne veux que le bien des nôtres. Je ne veux pas lui mettre la pression, en aucune manière. Mais il devait prendre une décision... Il me confirme en avoir conscience.

| Bien sûr, bien sûr. Toi même, tu as le droit de ne pas en vouloir, du rituel. |

Il n'y avait aucune partie qui y était forcée en fait. Seules dans les Meutes archaïques cela pouvait avoir lieu, et c'était chose fort rare. Nous revenions à des sujets d'un tout autre registre mais totalement sérieux lui aussi. Mike acquiesce d'un simple hochement de tête à mes paroles très dures sur ce qu'elles impliquent, et je me dis que la partie est déjà gagnée à ce niveau là. Ce pacte là n'est pas sans conséquences. Une fois que Mike l'aura accepté, nous serions liés par des promesses de sang et de larmes. Il réfléchit un moment, et me répond finalement après s'être raclé la gorge. Je souris doucement, pas trop ouvertement. Il n'y a rien de réjouissant dans le fait qu'un homme soit capable de sacrifier son cœur et son âme, même s'il y en a à ce qu'il le fasse pour une cause qui en vaille la peine. Je lui tends la main.

| Entièrement d'accord. Les plus grandes avancées sont payées avec du sang. Espérons que nos préparatifs nous en épargnerons le plus possible. As tu d'autres choses à voir avec moi, Bolverk ? |

Hymn to the Pack
Mike ~ Hayden V.

Sam, Charlie, Mirah. Le loup s'était par trop attardé sur des sujets sensible qui n'avait pourtant apparemment pas leur place ici. Et pourtant IL avait eu raison de les aborder. S'il était vrai qu'une semaine plus tôt encore, il aurait flanché en parlant de ceux qui comptaient tant à ses yeux, les choses avaient évoluées depuis. Manquer de perde sa fille comme il avait perdu son fils l'avait amené à réfléchir. Sur sa fragilité, sur les problèmes que tout ceci causerait si il venait à perdre le contrôle totale de ses émotions, se laissant sombrer pour de bon dans la dépression ou pire, la colère. Les deux seules choses qui lui avait permis de tenir à la mort de Sam n'avait rien à voir avec les louves, c’était la meute en elle même, sa famille d'âme plus que celle de sang, et sa soif de vengeance, ce sentiment que son fils ne trouverait pas la paix tant que la tête de son meurtrier restait solidement juchée sur ses épaules. C'était à cela qu'il s’accrochait maintenant, et si au retour de Charlie et Mirah dans sa vie, il avait pu croire un instant qu'elles seraient sa bouée de secours, il s'était finalement rendu compte de son erreur. Non, il devait continuer d'avancer pour la meute et pour l'espoir de voir tomber le nocturne qui lui avait tant pris.

Les assiettes se vidaient, la discution se poursuivait. Mirah, le rituel, éluder le sujet, le remettre à plus tard. Mike ne souhaitait pas parler de ça avec LUI. Tout ceci ne regardait que la louve et lui même, pour le moment. Le plus important étant que notre quadra l'assurait d'être capable de faire le bon choix s'il venait à devoir le faire. Et bien que tous deux étaient d'accord sur le fait qu'il serait préférable d'éviter d'avoir à faire un tel choix, il savait pertinemment que le risque était lion d'être nul. Le sacrifice de l'individu pour la survivance du plus grand nombre avait-il dit. L'histoire, toujours elle, n'était pas qu'une passion, elle était aussi source d'inspiration. Il était certes un ancien dans la meute et pouvait compter sur son expérience de loup, mais il était aussi un homme mur, capable de piocher dans la masse de ses connaissance pour trouver des exemples à suivre.

« Entièrement d'accord. Les plus grandes avancées sont payées avec du sang. Espérons que nos préparatifs nous en épargnerons le plus possible. »

Un petit sourire amusé vint naître au coin des lèvres du conférencier. En plus de tout le reste, le loup en face de lui était donc cultivé. Vraiment ils allaient bien s'entendre. Si sa candidature avait d'abord été motivée par un intérêt personnel, il commençait à penser qu'il allait prendre bien plus de plaisir que prévu à travailler avec ce jeune Ulfric. Ses idées, sa volonté, tout en faisait le genre d'homme que Mike appréciait. En plus du respect qu'il lui devait, il finirait peut être même par y voir plus que ça, sans perdre de vue l'Alpha derrière l'homme, ils deviendraient probablement un duo parfait. SA volonté ses mains. IL parlerait, il s’exécuterait.

« As tu d'autres choses à voir avec moi, Bolverk ? »

Là il avait relevé la tête, le fixant droit dans les yeux cette fois. Officialisait-il ? Avait-il pris sa décision ? Oui. Le quadra serrait la main tendu, scellant ainsi cette alliance, ce duo jusqu'à ce que l'un des deux croise la mort en chemin.

« Je pense que nous avons abordé les points qui méritaient d'être éclairci. Le reste... et bien nous verrons ce que le destin nous réserve. Je reste bien sur à votre disposition si quelque chose d'autre vous reviens à l'esprit. »

Il soutint son regard un instant puis reporta ses yeux à son assiette, le contenu avait fondu comme neige au soleil, tout comme les sujets qu'ils avaient à traiter. Sam ? Il poserait la question plus tard, dans quelques temps quand il l'aurait mérité. Il fallait être patient, mais n’était ce pas le dicton... la vengeance est un plat qui se mange froid.

Hors Rp:

Sujet: Re: Hymn to the Pack [Livre II - Terminé]

» L'histoire du livre perché. [Livre III - Terminé]
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» ◥ ♂ ◣ You Can't Always Get What You Want ◢ ♀ ◤ [Livre II - Terminé]