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Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]
MessageSujet: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 6 Juin - 0:29

Il a fait une chaleur torride toute la journée. Température étouffante dans cette atmosphère saturée d'humidité – l'orage menace et tu le sens gronder au loin, résonner sous ta peau et rugir dans tes veines. Tu n'aimes pas la chaleur : tu préfères le froid hivernal à cette moiteur épuisante qui assomme et engourdit. Mais voilà, les vampires ne vont pas cesser leurs complots et leurs crimes sous prétexte que tu n'aimes pas juin et son thermomètre dopé, alors tu t'es forcée à quitter le St Edward's en pleine rénovation pour aller t'aérer les idées et repérer peut-être quelque activité suspecte. Le crépuscule s'annonce dans les rayons du soleil qui décline lentement à l'horizon – il est vingt et une heures et les rues sont encore animées. Tu déambules le long des avenues, de trottoir en allée, croisant des jeunes couples, des mères et leurs enfants, des étudiants rentrant de l'université, des pères de famille rentrant du travail à grandes enjambées. Les rires t'environnent et ton humeur étrangement se met au diapason de cette allégresse estivale qui frémit, en dépit du tonnerre qui gronde en sourdine par-delà l'horizon. Le soleil n'est pas encore couché – tu as encore au moins trente minutes avant que les Nocturnes ne se lèvent pour montrer le joli bout de leur affreux nez, et tant que la ville est exempte de crocs tu voudrais bien faire une petite pause, prendre un bain de foule parmi les innocents que tu protèges, et te détendre quelques instants loin du quartier général qui s'agite tel une fourmilière en furie.

Du regard, tu parcours les côtés de cette rue dans laquelle tu t'es engagée. Là aussi, du monde partout – les terrasses sont bondées, et tu voudrais bien t'en aller chercher le frais dans une salle climatisée, histoire de changer un peu. Le bar, là-bas, peut-être ? C'est réputé pour être un repaire de gros bras, et la brindille blonde que tu es apprécierait un peu de défoulement 100% humain, pour une fois. Mais bon, ta bonne humeur actuelle t'est trop précieuse pour que tu souhaites retrouver ton sérieux coutumier. Le petit café là-bas, au coin de la rue, est chargé de bien trop de souvenirs pour que tu oses en pousser la porte : Silviano raffolait de la salle lambrissée de l'étage et c'est régulièrement que vous vous y retrouviez pour échanger les dernières nouvelles autour d'une tasse fumante. Rien que revoir l'enseigne te provoque un pincement au cœur et une vague de tristesse pour ton vieil ami soufflé par l'attentat – c'est encore trop récent dans ta mémoire pour que tu y songes sereinement. Rien que d'imaginer la sommes de vies fauchées par cet acte vil, tu en frémis – et tu t'empresses de détourner les yeux, pour calmer la détresse qui voudrait bien t'avaler toute entière si tu la laissais faire. Rencontrer Alaina t'a fait du bien avant l'attentat – aujourd'hui, elle est l'une des raisons qui ont fait que tu n'es pas partie exiger revanche tête baissée. Elle t'a appris la prudence et la responsabilité – et tu peines, parfois, à reconnaître la femme qui te rend ton regard dans le miroir. Reforgée après avoir été brisée, polie par les revers du passée, affûtée par les larmes et le sang versé. Pas vraiment intacte, et même carrément amputée d'une part de toi pour ne pas sombrer dans la folie, tu as su couper ce qui se gangrénait et te reprendre, à temps, au bord du gouffre.

D'autres y ont plongé tête la première, et alors que tu entres dans la salle climatisée du McDonald's du quartier pour y commander un milk-shake glacé, tes pensées se tournent un instant vers Torben. Le seul autre rescapé parmi ceux qui sont tombés, à part toi – l'autre survivant de l'équipe d'origine. Tu t'installes dans le fond, dos au mur, appuyée contre le dossier de ta chaise. Le sucre dans le gobelet de plastique te fait du bien, et la fraîcheur du breuvage t'apaise, alors que tu t'accordes cinq minutes pour penser à ton ancien collègue. Tu sais, tu as vu ici et là, combien il semble proche maintenant du pouvoir en place chez les vampires. Loin de ta portée, au-delà de toute rédemption – il faudra le tuer pour le libérer, et tu y es maintenant résolue. Un soupir navré – et tu raccroches ailleurs le fil de tes méditations, évoquant mentalement le visage de ta nouvelle pupille – Alaina a progressé, et ton humeur exceptionnellement optimiste te procure l'ombre d'un sourire. Tu fondes de grands espoirs pour elle, et cela du bien, après tout, de croire à nouveau en quelqu'un.
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 6 Juin - 20:21

    La chaleur était étouffante, le temps était vraiment étrange pour cette saison. Le déréglement climatique encore à l'oeuvre, sans doute. On aurait dit qu'on se retrouvait au mois de juillet ou d'août, alors qu'octobre était en cours. Je venais de terminer de faire jouer les contacts de la Reine pour pouvoir me libérer un créneau nocturne auprès d'un stand de tir, et j'avais aussi joué de ma réputation auprès des vampires pour qu'on puisse me livrer un ou deux vampires récalcitrants, qui devaient mourir en rémission de leurs crimes devenus trop voyants et incontrolables. Je prenais très au sérieux la mission que m'avait donné la Reine, faire le nécessaire pour l'entraîner aux nouvelles méthodes de combats, et à la pratique des armes à feux. Je savais qu'elle se battait comme un prédateur ; j'en avais moi même fait les frais des mois plus tôt. Mais un prédateur pouvait être traqué à son tour, et des solutions quantitatives ou qualitatives pouvaient toujours être trouvées. Alors, je souhaitais apprendre à la Reine ce qui lui permettrait de se défendre. Mettre à jour sa façon de se battre, en quelque sorte, et lui apprendre comment tirer parti de ses capacités hors du commun de par sa nature et son expérience, en parallèle d'une maîtrise d'un armement et de techniques modernes. Qui plus est, je savais que si bousculer ses habitudes ne se ferait pas sans heurt, l'avantage principal résidait non pas de l'expertise accrue qu'elle pourrait en retirer, mais plutôt de la connaissance qu'elle allait acquérir de la manière de se battre de ses ennemis. Je n'étais pas le meilleur tueur du monde, et je n'étais pas non plus quelqu'un de particulièrement pédagogue. Seulement, je disposais de l'énorme avantage d'avoir moi même pu me confronter aussi bien aux vampires qu'aux humains, et en tant qu'ancien soldat aguerri, j'étais le plus à même de pouvoir imbriquer l'un dans l'autre caractéristiques vampiriques et méthodes humaines. J'étais confiant. Pour quelqu'un chez qui tuer était quelque chose de fondamentalement naturel, je ne doutais pas que la Reine se montrerait une élève surdouée. Je raccrochais finalement mon téléphone, bloqué dans les embouteillages et satisfait de la réponse qu'on venait de me faire par téléphone.


    Je me rendais compte alors que j'avais faim, et que je n'avais rien mangé de la journée, m'étant précipité pour accomplir ma mission. Cet empressement s'expliquait assez simplement ; j'avais été largement ralenti ces deux dernières semaines par les accusations qui étaient portées contre moi et la procédure en cours. L'intervention des meilleurs avocats du pays aux frais de Krystel m'avaient permis d'éviter la prison le temps que toute la lumière sur l'attaque que j'avais subie, mais je savais moi de quoi il en retournait. Des agents de la HCV, très probablement. Ils avaient été deux, mais j'avais été plus rapide. Et aussi, je m'étais montré sans pitié. On m'avait retiré mon permis de port d'armes et j'avais pour interdiction de quitter le pays tout en me laissant à disposition de la justice, et des heures et des heures d'auditions m'avaient empêcher de contenter les souhaits de la Reine, qui elle même avait été énormément prise par ses obligations de monarque et aussi par le surcroît de travail que lui avait procuré cette situation dans laquelle je m'étais fourré. Bref. Je me garais rapidement et attérissais au Mc Donald's le plus proche. Je me rendais d'un pas rapide en caisse, où je n'attendais qu'un court instant avant de dévaliser littéralement tout ce qui passait à portée de mon regard. Le plateau chargé, je finissais par aller m'asseoir. Cherchant une place, la vision d'une crinière blonde me laissa figé. Andréa Donwood. Un bref instant, le souvenir de nos corps brûlants qui se mêlaient ressurgit à ma mémoire, un souvenir autant emprunt de sauvagerie que de sang ; nous en étions recouverts. Elle ne m'avait pas vue. Elle ne me suivait pas, car elle même avait déjà commandé. Pouvait il existait pareille coïncidence ? Je saisissais l'occasion, et vint m'asseoir en face d'elle en posant mon plateau, un sourire artificiel ornant mes traits. Aucune peur, aucun désir, aucun remord. Seul le devoir.



    | Bonjour, Andréa. Cela faisait un moment. |


    Les choses me semblaient claires. L'un de nous deux allait devoir tuer l'autre, ici et maintenant.
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 7 Juin - 0:40

Oh merveille. Tu divaguais gaiement, tes pensées battant la campagne allègrement pendant que le contenu de ton gobelet baissait, et soudain une silhouette dans la périphérie de ton champ de vision attire ton attention. Démarche précise, vigilance extrême qui émane de tout son être pour qui sait où regarder, c'est Torben qui s'installe devant toi, posément, comme si rien ne s'était jamais passé et que vous aviez simplement rendez-vous comme deux vieux amis au fast-food du quartier. Un kaléidoscope d'images déferle dans ta mémoire et en quelques secondes, tu revois les étapes de cette collaboration chaotique qui fut la vôtre avant que tout ne s'effondre. L'ampleur de ta solitude, ton aveuglement, la manière dont tu t'étais raccrochée à lui dans ces ténèbres qui t'étouffaient, la longue chute dans le chaos qui s'ensuivit, la déchéance, le rejet, puis les gifles de Silviano, et cette violence de la part de ton vieux mentor à ton égard qui t'avait choquée bien plus que tout le reste. La manière dont il t'avait remis les pieds sur terre, confrontée à tes démons, et cette sérénité qui t'avait apaisée sans plus jamais te quitter, même alors que tu retrouvais Torben dans une foule bondée de vampires le soir du référendum. La fuite, la conversation âpre, et son départ en catimini, ces adieux inexprimés dont tu n'as réalisé que plus tard la portée. Et cette résolution, timide d'abord puis de plus en plus présente, de devoir un jour tuer ce que tu avais aimé, à ta manière fantasque et hallucinée. Et le voilà qui surgit devant toi et s'installe comme chez lui, avec sur les lèvres un sourire tellement faux qu'il t'agresse bien plus que tout le reste. Par réflexe, tu t'attends à devoir museler la tornade d'émotions qui accompagnait par le passé les apparitions de Torben dans ton esprit, et tu es soulagée de ne trouver en toi qu'un vide reposant, nuancé d'un zeste de regrets et d'amertume. D'un geste calme, tu reposes ton gobelet, pose tes mains à plat sur la table. Trêve pendant le repas, cela te plairait, même si tu sais que l'affrontement est inévitable. Tu ne peux compter que sur toi – le St Edward's et les renforts sont loin, et de toute manière, tu ne veux impliquer personne dans ce conflit personnel.

« Bonsoir, Torben. Je peux guère affirmer que la surprise est plaisante. »

Elle l'est pourtant, mais fugacement – tu es soulagée malgré tout de le trouver en vie et relativement bien portant physiquement. Mentalement, c'est tout autre chose, et tu te doutes qu'il n'a sans doute rien de plus pressé que de t'égorger avec son plateau. Sait-il tout ce qui s'est passé depuis son départ ? L'attentat, il en a forcément entendu parler, et tu ne sais s'il a eu accès à la liste très confidentielle des victimes. Se doute-t-il que vous êtes là, l'un et l'autre, les seuls vestiges d'une époque révolue ? Peut-être pas. A ce que tu en sais, il a la tête trop pleine de cette femme à laquelle il s'est livré et auprès de laquelle il joue aujourd'hui les chiens de manchon, gentil toutou prêt à accourir pour répondre au moindre de ses désirs. Ce constat te navre quelque peu – le Torben que tu as connu, tout autant délabré qu'il puisse avoir été, possédait néanmoins des convictions et une foi relative. Celui-là te semble dénaturé, presque étranger au fond – même si, curieusement, au fond de son regard, il est toujours le même homme, dévoué à la cause qu'il s'est choisie et aux maîtres auxquels il se dévoue.

« Toi et moi avons des choses à régler et il est évident que nous en viendrons forcément là. Pour l'instant toutefois, j'aimerais terminer mon milk-shake en paix, si cela ne t'ennuie pas. Prends le temps de manger, je ne vais pas m'envoler. »

Tu reprends en main ton gobelet, sirotant une gorgée. Autour de vous, les conversations continuent, comme avant – rien n'a changé, si ce n'est que ton Apocalypse personnelle est en chemin, et que ce sentiment t'oppresse soudain. Tu ne t'attendais vraiment pas à trouver Torben ici, et quelques non-dits entre vous t'empêchent de le traiter comme n'importe quel ennemi. Ton estomac gronde, et la faim réclame son dû – le contenu du plateau de ton ancien collègue et nouvel ennemi te fait de l'œil et tu tentes la négociation.

« Si je vais jusqu'au comptoir me commander à manger, tu vas essayer de m'éborgner avec ta paille, ou je peux y aller sans déclencher un massacre ? Je ne serai pas longue, et je ne vais pas m'enfuir. Si l'on est voués à s'entre-tuer, j'estime avoir droit au dernier repas du condamné. »
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 7 Juin - 3:15

    En un regard partagé, je sais tout. Vous savez, c'est comme dans ces vieux films, où deux anciens alliés se retrouvent, mûs par de puissants antagonismes, dans un face à face terrible et quasiment apocalyptique ? Nous y étions. Il n'y avait rien d'autre que la mort, dans le regard d'Andréa, qui me renvoyait donc une cruelle et maussade image de moi même. Je m'en fichais éperdument. J'étais prêt. Je n'étais pas là pour fraterniser, je n'étais plus là pour lui arracher ses vêtements et échanger de brûlants baisers et d'ardentes caresses avant de me compromettre dans une relation sans lendemain avec une camarade de l'Eglise. Je n'en faisais plus partie. Ma vie, maintenant, ou plutôt une partie de celle ci, consistait plutôt à détruire les gens comme elle, les gens comme moi. Parce que c'était la dernière chose qu'il me restait, le but ultime qu'était la protection de la Reine, envers et contre tout. Passions passées et affection partagée, tout cela était réduit à néant par une pensée simple, terriblement basique, et affreusement cruelle. Tous ceux qui étaient comme moi étaient des ennemis. Car eux aussi savaient comment porter atteinte à la Reine de la nuit, et ça, je ne pourrais jamais le permettre, pas tant qu'il me resterait un souffle de vie. Un souffle de vie... Paradoxal quand on ne vivait plus le moins du monde pour soi même, pas vrai ? Krystel m'avait ouvert les yeux. Mon engagement dans la HCV avait été fastidieux pour la simple et bonne raison que je ne m'étais pas engagé pour le bien commun ou pour la survie de l'espèce humaine. A une époque où seule ma vengeance et mon auto-destruction comptaient, je ne pensais à rien d'autre qu'à moi même. C'était chose révolue aujourd'hui, puisque je m'étais reconstruit autour d'un idéal, la vraie foi enfin retrouvée. Dieu se fichait de nous, il s'en tapait complétement de l'humanité, sinon pourquoi m'aurait il infligé autant de revers, moi qui l'avait servi jusqu'aux portes de la mort ? Krystel, et Augustus par extension, étaient ceux qui disposaient de l'essentiel du pouvoir temporel sur cette Terre, et ce pour une excellente raison. Ils étaient invulnérables, ils étaient immortels. Ils élevaient ceux qui les servaient, et ils détruisaient ceux qui étaient leurs ennemis. Dieu, quant à lui, était bien incapable de pareille maîtrise. Ceux qui croyaient en lui étaient faibles. J'avais été faible. La rédemption avait été longue et douloureuse, mais aujourd'hui je savais. Je savais ce qui était bon, et ce qui était juste. Aujourd'hui, j'étais libéré de tout ce qui m'avait contraint autrefois. Aujourd'hui, j'étais devenu ce que j'aurais toujours dû être. Un instrument de mort.


    Andréa me regarda, ma concentration focalisée sur tout ce qu'elle faisait, sur chaque pore de sa peau en mouvement ou immobile. Elle pose son gobelet, elle met ses mains à plat sur la table. Quel instrument utiliser ? Ta paille, pour lui crever l'oeil ? Non, tu la connais, Torben. Andréa est une terrible combattante, en particulier quand on la sous estime. Elle sait tuer aussi bien qu'elle sait ruiner sa propre âme. Elle aussi, elle est damnée, mais elle est au delà de toute rédemption. Après tout, elle tuerait ma maîtresse si c'était en son pouvoir. Elle, toujours faible face à la chair, elle, qui avait baisé avec la Reine sous mes yeux alors que mes os étaient en morceaux et que je me traînais, fou de douleur, pour ramasser mon arme. Andréa était faible, et elle n'avait jamais su surmonter sa faiblesse ; intrinsèque à sa nature même, et à son histoire en lambeaux. L'affrontement va commencer. Nos regards se croisent à nouveau, quand elle me salue à son tour. Un très léger sourire fait dévier la ligne bien droite de mes lèvres closes. Me revoir ne lui plaisait pas ? Instiller le doute, provoquer sa colère, la pousser à la faute.



    | Je ne suis pas revenu avec un bouquet de fleurs, c'est un fait. Il y a ça, et le fait que tu m'as toujours préféré dans ton dos. |


    Référence à notre passé tumultueux, référence qu'elle ne pouvait que comprendre. Elle me dit de manger, et qu'elle même voulait terminer son milk shake. Hors de question bien entendu, pour la simple et bonne raison que le meurtre n'attendait pas. Attendre, c'était instaurer un dialogue, peut être de la compassion et ce genre de sentiments qui me laissaient aujourd'hui plus froid que la pierre. Alors pourquoi perdre du temps ? Soit, je déballais mon hamburger et croquais dedans, mon regard ne quittant pas le sien. Tout était étudié, son regard, ses gestes, la vitesse de sa respiration. Quand bien même aurais je eu des couverts en plastique que j'aurais pu plus rapidement mettre fin à cette mascarade, mais ce n'était pas le cas. Ca allait se faire à l'ancienne. Long, et douloureux. Elle reprend son gobelet et prend une nouvelle gorgée de ce qu'il contient. Repas du condamné ? S'enfuir, donc ? Je la retins à la table, plaquant une main de fer sur sa propre main, n'hésitant pas à serrer plus que nécessaire pour lui intimer de rester à table. Je la regardais toujours, les yeux dans les yeux.


    | Toi qui aimes tant les humains. Tu as le choix. Où on fait ça ici devant tout le monde et j'en tuerais si nécessaire, où on fait ça dehors tranquillement, en tête à tête, comme autrefois... Dans les deux cas, ça sera sale, long, et douloureux. Tu t'en sens la force, Donwood ? Tes petits copains ont essayé de me faire la peau y'a quelques semaines. Et je sais ce que toi tu ferais, si tu L'avais en ligne de mire. Ca me suffit, comme raison. Tout bien considéré, je ne sais même pas s'il m'en faut vraiment une. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 8 Juin - 18:44

La manière dont il retient ta main sur la table te fait réprimer une grimace de douleur. Cette violence n'est absolument pas nécessaire, et tu es persuadée qu'au fond de lui il le sait. Ses paroles révèlent à quel point il est sous la prise de la reine des vampires, et tu sais, fermement, à présent, qu'il n'y a nul retour possible pour lui. Une certaine tristesse t'envahit à cette pensée – mais c'est la le Destin qui choisit et si tu as pu être sauvée, Torben lui ne peut qu'être libéré. Dure mission qui s'avèrera sûrement difficile, mais tu es une guerrière, une croisée de Dieu dans la guerre qui s'annonce, et tu as foi en tes capacités. Il est certes plus âgé et expérimenté, et certainement dopé par le sang de sa maîtresse damnée, mais tu as pour toi la détermination et l'abnégation de ton combat. Cruel tour de la fatalité d'avoir retourné contre l'Église un de ses soldats les plus efficaces, mais avec le recul tu réalises maintenant que le combat de Torben n'était pas contre les vampires mais contre lui-même. Il est sûrement mieux là où il est maintenant – même s'il a choisi d'oublier ceux qui lui avaient tenu la main dans l'adversité, Thomas, Silviano, et de pardonner le mal qui a été fait à cette Jana dont la perte l'a détruit. Une princesse chez les vampires à présent, prétendent la rumeur et tes informateurs, et une part de toi se demande si le dévouement actuel de ton ancien collègue ne le fait pas plus souffrir qu'il n'y paraît, s'il n'a pas perdu totalement tout vestige d'humanité.

Il n'en reste pas moins que tu n'as nulle intention de le laisser t'abattre là, comme ça, sans avoir eu la chance de mener à bien la nouvelle mission que tu t'es adjugée depuis le massacre de mai et l'attentat du St Edward's qui a vu la fin de l'HCV telle que tu la concevais et le début d'une ère chaotique à laquelle tu ne souscris pas. Tes nouveaux chefs te déplaisent, et depuis quelques temps tu t'efforces de faire cavalier seul, entraînant petit à petit Alaina à ta suite, la détachant de ses liens avec l'organisation l'un après l'autre. Certes, tu restes agent de Dieu et tu résides au St Edward's lors de tes passages à Edimbourg, mais plus pour surveiller ce qui s'y passe que pour réellement t'impliquer dans la métamorphose de la structure. Ils restent obstinément braqués sur les vampires et ne se préoccupent guère de tes inquiétudes – pour ta part, tu t'es focalisée sur un nouvel ennemi, et tu cherches ardemment à lui associer un nom et un visage. Tu ne sais rien de ce qu'il se dit dans les hautes sphères décisionnelles, mais les consignes sont étonnamment peu adéquates et tu refuses de te borner à massacrer des Nocturnes. Non, ce qui te préoccupe, toi, est peut-être également un problème pour les vampires, et sur une impulsion tu t'en ouvres à Torben qui ne t'a pas lâchée et tente toujours d'incruster ta main dans le plateau de la table.

« J'aime les humains, effectivement. Tu es peut-être devenu aveugle à leur merveille, mais pas moi – et je pense que tu serais étonné de ce que je ferais si j'avais ta Reine devant moi. Tu présumes trop, Torben – perds un peu ton arrogance et écoute-moi. »

De ta main libre, tu saisis ton gobelet, avale la dernière gorgée de ta boisson glacée. Tu baisses légèrement la voix, te penche vers lui, toujours sans tenter de dégager ta main. Il serait capable de tenter de te l'arracher et manchote, ça ne t'irait pas très bien. Personne ne semble s'intéresser à vous, et ton regard froid revient se fixer dans celui du slave après avoir balayé les environs.

« Tu peux bien me tuer quand tu le voudras – mais pas avant que je n'aie terminé ce que j'ai entrepris. Tu étais là Torben – tu étais là, avec moi, et toi aussi tu l'as perçu, j'en suis persuadée. Il s'est passé quelque chose ce jour-là – j'ai la conviction que l'Humanité se compte un nouvel ennemi, et le pressentiment qu'il n'aime pas particulièrement les vampires. J'ai d'autres chats à fouetter que de m'attaquer à ta maîtresse – et si tu as un brin de bon sens, tu m'aideras à savoir exactement ce que j'affronte, parce que cela pourrait sûrement intéresser ta Reine aussi. »

Une alliance bien peu conventionnelle que tu proposes là, entre une croisée du Seigneur et le serviteur des vampires – mais contre le plus grand mal que tu pressens dans l'ombre, tu auras besoin d'alliés, et tu ne peux te permettre de négliger aucune opportunité.
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptySam 9 Juin - 14:58

    Andréa incarnait tout ce que j'avais laissé derrière moi, depuis que j'avais choisi cette nouvelle existence. Elle faisait partie d'un passé révolu, que j'avais enterré derrière moi avec les ruines de tout ce qui avait fait ma vie. J'avais laissé de côté toute émotion, toute chaleur humaine, j'avais abandonné toute espérance, tout rêve, j'avais vraiment tout laissé. Perdre tout espoir rendait libre. Je n'étais plus prisonnier comme avant de mes émotions, je n'étais plus prisonnier de mon tempérament, ni de mes remords et mes regrets, et encore moins de mes pulsions. J'étais libre, je m'étais détaché de tout ce qui m'empoisonnait l'existence auparavant. L'Eglise, bien sûr, et ses idées erronées sur la nature des vampires et sur les buts à poursuivre pour l'Humanité. La première chose que j'avais renié avait été ma foi et mon amour de toutes les valeurs qui avaient autrefois dominé mon existence. Ensuite, j'avais tourné le dos à toute la sentimentalité qui avait pourri mon jugement et gangréné mon cœur. Bien entendu, je n'étais pas un robot, et je n'étais pas plus fou à lier ; je sauvegardais toujours des traces de ce passé là. Mais le nouveau contrôle purement calculateur et objectif qui me permettait de sonder mon âme me permettait de tout réprimer, de tout contrôler, et de démolir tout ce que j'avais pu ressentir. Jana n'avait pas accepté de me rejoindre, pire, elle en était venue à bousculer à nouveau un univers de haine et de vengeance que je m'étais construit. La seconde tâche la plus importante de ma renaissance avait été de détruire tout espoir de vie commune retrouvée, et anéantir tout ce qui aurait pu passer pour de l'amour. Bien entendu, je l'aimais. Mais je savais que plus rien ne pourrait plus jamais nous unir ; notre nature même poussait l'un à dévorer l'autre. C'était ainsi. Le reste du travail avait consisté à détruire une bonne fois pour toutes l'entièreté de ma personnalité. Plus de contrôle sur moi même m'avait rendu plus fort. Et surtout, cela m'avait rendu... différent. Andréa faisait partie de ces choses que j'avais oublié, enterré sous les décombres qu'avaient laissé les traitements infligés par la Reine sur mon corps et sur mon esprit. Andréa avait incarné l'espoir peut être de vivre autre chose, et beaucoup de passion aussi, avec une bonne mesure de vices. Andréa n'était plus un espoir, ni un objet de désir. Elle était une cible.


    Me débarrasser de toute émotivité m'aidait énormément dans ma tâche. Je calculais, j'analysais, j'observais et j'écoutais tout ce qui m'entourait avec une attention qui n'était plus jamais biaisée par des sentiments ou par des sensations ; je voyais le monde comme il était. Froid, cruel, dangereux. Andréa n'était plus celle que j'avais baisé dans le sang d'un vampire explosé, et elle n'était plus non plus celle qui avait été droguée jusqu'aux orteils. Je la voyais pour ce qu'elle était, à cet instant précis. Une jeune femme courageuse, qui avait compris depuis notre premier regard que malgré tout ce qu'elle pourrait dire ou faire, elle devrait me tuer pour sortir en vie de cet endroit. Pour l'avoir vue passer à l'action, je l'en savais capable. Mais j'étais confiant. D'une part, et sans me vanter, sa silhouette étant certes bien plus agile et déliée que la mienne. Mais j'avais l'avantage de la force brute et de la pratique. J'avais comme elle était entraîné par la HCV. Mais avant ça, l'armée et la guerre. Et après ma trahison, j'avais été confronté à des situations autrement plus dangereuses que quand je travaillais en équipe. Qui plus est, ma masse musculaire était nettement plus épaisse que la sienne, et je savais avoir une endurance importante ; c'était ce qui avait plu à ma Reine, et fait de moi son jouet dans un premier temps. Andréa frappait fort et précisément, elle m'apparaissait comme l'assassin entraîné ; vif, rapide. Mais si elle loupait son coup, je la démolirais à mains nues. Andréa parlait. Je l'écoutais, mais je ne lâchais pas sa main. J'écoutais attentivement ce qu'elle avait à me dire.


    Aucune réaction physique à ses paroles, mais elle avait éveillé mon intérêt. Seulement, je ne voyais pas vraiment les choses comme elles ; je savais que la Reine elle même était déjà sur la piste de ceux qui avaient provoqué tout ce bordel à Edimbourg. Je m'avançais vers elle, très légèrement, et lui murmurais d'une voix ironiquement suave.



    | Oui, je pourrais t'aider, on pourrait découvrir ensemble ce qu'il s'est passé, et mettre ces types hors d'état de nuire... Mais je peux aussi te mettre K-O, t'emmener, te peler vive si besoin est, jusqu'à ce que tu me dises tout ce que tu sais. Ceux que je sers sont les seuls à avoir les moyens de découvrir la vérité, pas les tiens. D'ailleurs, j'imagine que tu fais cavalier seul, puisque si tu me proposes ça aujourd'hui, alors que tes copains ont essayé de me buter y'a pas longtemps, c'est que personne ne sait ce que tu fais. Je me trompe ? Tu es seule, Andréa. Plus que jamais. Et tu sais comme moi que t'amener, même abîmée, à ma Reine pour qu'elle puisse elle même t'interroger... Cela ne ferait que la ravir. Je lui offrirais peut être cette petite gourmandise du destin, tu ne crois pas ? Oui. Ce serait bien. Maintenant, tu sors et je te suis. Ou alors, je vais commencer à tuer des gens. La balle est dans ton camp, Andréa. Et tu sais tout aussi bien que moi que peu importent les vidéos de surveillance, les témoins oculaires, les moyens de mes... employeurs, sont tellement énormes que je ne serais jamais inquiété. Quand bien même terminerais je en prison, que ça me ferait une belle jambe. Tu as trente secondes. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 10 Juin - 2:14

Une vague d'agacement te submerge devant l'entêtement de ce Russe borné. Il n'a pas tant changé que cela finalement, et tu aurais bien aimé qu'il perde cette obstination butée qui le rend résolument réfractaire à tout compromis. Il semble te considérer comme une ennemie personnelle – ce que tu es sans l'ombre d'un doute, mais les circonstances présentes justifieraient la hissée du drapeau blanc, du moins temporairement. Que faire ? Sortir et te laisser abattre, ou capturer, pour finir le jouet brisé d'une reine aussi égoïste que cruelle ? C'est hors de question, et de toute manière tu te méfies quelque peu des paroles de Torben. Tu connais son passé, dans les grandes lignes, son entraînement et son expertise, et confrontée à lui tu sais aussi que tu n'auras qu'une seule chance. Et si tu la laisses passer... Au fond, l'HCV t'importe peu. Cela fait des semaines déjà que tu les sens prendre une direction qui ne te plaît pas, marcher vers un objectif tellement dérisoire que leur propre inconscience te terrifie. Si tu venais à disparaître, ils n'en souffriraient pas. Non, ce qui te retient, c'est Alaina, ta pupille à qui tu as fait le serment de la préparer au chaos que tu pressens. Sous ta tutelle, elle s'éloigne peu à peu elle aussi de la stricte politique de l'Église, et tu sais que tes supérieurs considèrent avec suspicion votre évolution en marge de leurs directives. Toi, tu te sens... Libre, quelque part. On te refuse de l'aide pour découvrir ce qui se cache dans les ténèbres ? Tant pis, tu iras chercher de l'assistance ailleurs, ou bien tu te battras seule. La solitude ne t'a jamais fait peur – tu la vois plus comme un atout que comme une faiblesse. Torben, lui, ne semble pas avoir compris combien tu as changé depuis votre dernière conversation, et quelque part cela ne t'étonne pas de lui. Tellement muré dans ses certitudes...

Un bruit de pas à proximité te ramène à l'instant présent. Par habitude, tu as choisi de t'installer dans l'angle mort de la caméra poussiéreuse surveillant l'étage, et la plus haute salle du restaurant où vous êtes assis s'est vidée petit à petit, mais une femme vient d'y entrer, plateau en main. Elle vous dépasse, et un petit rectangle de papier blanc s'échappe en voletant de son plateau, virevoltant avant de se poser au sol sous votre table. Sous la main de Torben la tienne se crispe – tu serres le poing, enfonçant les ongles dans la chair calleuse de ta paume. Tu sais ce qu'il a en tête – un joli massacre sanglant de la totalité du restaurant, employés et clients, pour prouver son point de vue et te faire payer ta résistance. Non, vraiment, Torben n'a pas compris à quel point tu avais changé – à quel point, lui, il t'avait changée. Tu prends une inspiration profonde et brusque, et l'adrénaline court dans tes veines, emmenée dans tout ton corps par le galop soudainement frénétique de ton cœur qui bat la chamade. Décision difficile, décision compliquée – mais les grands combats ont toujours comporté leur lot de pots cassés.

« Madame ? Excusez-moi, vous avez laissé tomber votre ticket. »

La femme se retourne, étonnée. Un sourire, un signe de menton, tu lui désignes le morceau de papier, et elle dépose son plateau sur une table à proximité pour venir le ramasser. Tu sens Torben bouger légèrement, tu te doutes qu'il va réagir, tirer – tu ne lui en laisses pas le temps. Alors qu'elle s'agenouille à côté de toi pour atteindre le ticket, de ton bras libre tu l'attrapes, la déséquilibrant et l'attirant vers toi. Une torsion du poignet, et dans un déclic la lame que tu caches dans ta manche vient se loger au creux de ta main. Tu aurais aimé ne pas faire couler le sang, ce qui va rendre ta fuite bien plus malaisée, mais tu as foi dans tes capacités, et la nuit qui achève de tomber t'y aidera. D'un souffle, tu murmures un « Pardonnez-moi ! » désolé à l'oreille de la femme qui se débat silencieusement, trop surprise pour crier, ton bras l'empêchant d'émettre le moindre son – et d'un geste rendu fluide par l'habitude, tu lui ouvres la gorge. C'est sans un bruit qu'elle bascule au sol, s'affaissant comme une poupée de chiffon dans les dernières saccades de l'agonie, lorsque tu la lâches pour dégager ton poignard. A peine deux secondes pour l'exécuter - un battement de cœur, un clignement de paupières, une respiration. Le sang qui a jailli à flots de sa carotide tranchée t'a aspergée et tu en sens la chaleur imprégner tes vêtements, son goût cuivré sur tes lèvres. Tu as le cœur bien accroché, Andréa, mais tu réprimes avec horreur la vague de nausée qui t'envahit lorsque tu remarques le discret renflement de son abdomen, condamnant à mort l'enfant qu'elle porte en même temps que sa mère. Tes narines frémissent et tu repousses ta tristesse et ton chagrin – tu auras tout le temps d'exprimer ta détresse, ailleurs, plus tard, loin de la flaque de sang qui s'élargit sous votre table. Tu tournes vers ton vis-à-vis un regard embrumé de résignation, mais aussi dur et ferme que l'acier le plus pur.

« Tu as raison, j'aime les Hommes et je me bats pour eux, mais je sais aussi les sacrifier pour le bien du plus grand nombre. Tuer ne m'apporte aucune joie mais c'est un mal nécessaire si je veux atteindre le but que je me suis fixé. Si c'est là le prix à payer pour que tu acceptes de considérer, quelques instants du moins, l'éventualité d'une collaboration pour la survie respective des espèces que nous servons, alors je m'en acquitterai. Mais si tu refuses, ici et maintenant, de mettre en commun nos efforts, et que par un hasard éventuel ta Reine venait à en souffrir, tu ne pourrais en blâmer que toi. Tu as ta mission, j'ai la mienne – pour le moment, elles s'accordent. Oui, je suis seule alors que tu as derrière toi la puissance d'un empire – mais je suis déjà en cavale et je n'ai plus rien à perdre. Plus rien, Torben. »
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 13 Juin - 18:27

    Je sens qu'Andréa veut me prouver quelque chose. Qu'elle est plus forte que moi, ou que je me trompe, ou n'importe quoi dans ce genre là. Je sais qu'elle ne croit pas, qu'elle ne sent pas les choses comme moi. Je suis un paria, j'ai fait le choix qu'aucun autre n'aurait pu faire, parce que je savais fort bien que je n'étais plus comme eux. Même maintenant, j'aurais pu trahir la Reine ou m'adonner à une vengeance hypothétique, mais dans quel but au final ? Tout me semblait si anodin, si futile, depuis que j'étais entré au service de la Reine. Elle seule comptait, tout le reste n'avait aucune importance. Il me semblait bien que les sévices que j'avais subi avaient aidé à ce que je ressente les choses de cette manière, je pouvais même quelque part suspecter que ce fut fait avec ce dessein du début à la fin. Mais cela ne changeait rien. J'étais là, et j'étais comme j'étais. Plus rien n'aurait de toute façon pu changer cet état de fait, pas vrai ? Je devais prouver qui j'étais, et elle elle resterait campée sur ses positions. Parce qu'elle ne voyait pas, parce qu'elle n'avait pas eu la même révélation que moi. Il me semblait clair que plus rien aujourd'hui ne pourrait nous reprocher. Il me semblait tout aussi limpide que plus rien ne pourrait non plus me rapprocher de qui que ce soit dans ce monde. Cora et Krystel semblaient être les exceptions qui confirmaient la règle, mais je ne ressentais autrement plus le moindre désir de me lier avec qui que ce soit. J'étais le paria et ma position me paraissait inaltérable. Je serais toujours le même jusqu'à ce que je meure, désormais. Et l'échéance me paraissait toute aussi courte qu'auparavant. Cela ne me dérangeait pas. Vieillir ne m'intéressait pas, et je perdrais en utilité pour Krystel. Alors, ça ne valait décidément pas le coup. Une femme passa à côté de nous. Je me méfie, pensant qu'Andréa saisira peut être l'occasion de faire une diversion. Je reste aux aguets, prêt à tout, prêt à réagir en un instant, et à me montrer létal si le besoin s'en faisait sentir, ou si l'opportunité se présentait. Le manège qui se déroule devant mes yeux m'apparaît comme incompréhensible, je reste donc constamment sur mes gardes. J'entends un click, tout mes sens sont en alerte. L'éclair argenté fuse et le sang se répand partout. En un instant, je comprends, je comprends tout. Jusqu'à sa manœuvre désespérée. D'instinct, je sais comment réagir. Saisir les opportunités, analyser... Un masque d'effroi se peint sur mes traits alors que je tombe de mon siège. Je ne ressens rien à l'intérieur. Encore une humaine qui sort de la partie ; cela ne me faisait ni chaud ni froid. Tout à ma réaction profondément choquée, j'écoutais Andréa, ouvrant la bouche, prétendumment incapable de dire quoi que ce soit.


    Elle m'expliqua son absence de scrupules à faire couler le sang pourvu que ce soit pour un but plus élevé, pour un véritable idéal. Pour ma part, je m'esclaffais intérieurement. Elle venait de faire une bêtise affreuse ; elle porterait plus préjudice à sa cause en ayant fait ça maintenant qu'en ayant fait tout ce que je savais d'elle ces derniers mois. Elle essaya de me faire culpabiliser par rapport à Krystel, que je devais faire une tr^ve avec elle pour protéger ceux que je voulais sauvegarder dans le grand conflit qui s'annonçait. Hors de question. Pas que j'y étais opposé, que je n'en avais pas envie ou quoi que ce soit. Juste, je n'avais pas à prendre d'initiatives ou à m'engager personnellement pour quelque chose d'aussi énorme. Je ne pouvais pas m'allier avec elle, parce que je n'en avais pas reçu l'ordre. Si Andréa avait fait sa proposition à quelqu'un d'autre, et que c'était arrivé jusqu'aux oreilles de la Reine, peut être celle ci aurait pu me donner pour directive de travailler avec Andréa à résoudre cette énigme, mais ce n'était absolument pas le cas. La seule prise d'initiative qu'il me restait était celle soumise aux impératifs du devoir tel que Krystel me l'avait édicté des semaines plus tôt. La protéger elle, prendre tous les risques pour éviter qu'elle n'en coure. J'avais compris le message. Je dis d'une voix murmurée, alors qu'on commençait à se demander ce que je foutais par terre.



    | Les gens comme toi ont beaucoup à perdre. Ou à faire perdre à d'autres. Pas vrai ? Tu es toujours la même, Andréa, quoi que tu en penses. Tu n'as pas assez réfléchis aux conséquences de tes actes. |


    Un caissier se ramena et resta bouche bée devant la scène macabre. Je me tournais vers lui, et dérapais sur le sol trempé de sang pour m'éloigner le plus possible d'Andréa.


    | Elle a tué cette femme ! Cette cinglée lui a tranché la gorge ! Au secours! Il faut l'arrêter ! |


    Les gens crièrent, la majorité se mit à courir. J'en entendis un ouvrir le clapet de son téléphone. On allait bientôt être à cours de temps. Je laissais les gens sortir le temps de me relever, puis tournait la tête vers Andréa.


    | Tu as entendu ? Il faut t'arrêter. |


    Je dévoilais un léger sourire, avant de me jeter sur elle.
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 24 Juin - 20:59

Comme si l'écœurement ne suffisait pas, il faut en plus que Torben en rajoute. Il n'a pas tellement changé au final. Toujours ce goût pour le spectaculaire, presque en dépit de lui-même, cette manière de ramener l'attention sur lui, de se mettre au centre de la scène et de tout ramener à lui. Une part de son être qui ne changera peut-être jamais – il a bien fallu que tu apprennes à composer avec, mais ce soir, c'est l'exaspération qui domine. Si cet ahuri s'imagine que tu vas te laisser trucider sans réagir, ou bien que tu vas passer à un affrontement sauvage dans une mare de sang, il se fait des idées. Tu as d'autres chats à fouetter que de vider ta querelle avec un ancien collègue passé à l'ennemi, et ta mission est de celles qui ne souffrent aucun délai.

Sa réaction ne t'étonne pas. Il se jette sur toi, mais tu t'étais préparée à quelque traîtrise, et ses mains n'attrapent que le vide. Les tiennes agrippent ta chaise, et dans un arc de cercle rapide, l'envoient se fracasser dans les jambes du slave qui trébuche, sans tomber toutefois, mais te laissant l'opportunité de l'esquiver et de t'enfuir. Du sang – du sang sur tes vêtements, du sang sur tes paumes, dans tes cheveux, sur tes lèvres. Tu bénis la nuit qui est tombée et te dissimule alors que tu cavales de ruelle en ruelle, sans attendre, sans pause ni arrêt, pour ne pas laisser à Torben l'opportunité de te rattraper si l'envie lui en était venue.

Cette soirée a été profitable. Pas aussi fructueuse qu'elle aurait pu l'être si ce Russe borné avait consenti à laisser un peu de bon sens entrer dans sa tête, mais pas aussi stérile que tu aurais pu le redouter. Torben te recontacterait peut-être dans les semaines à venir – tu te tiendrais prête à réagir. D'ici-là, tu te cacheras à Glasgow, loin des forces de police – et plus près de Johan, peut-être...
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MessageSujet: Re: Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé]   Sugar is the Answer [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 25 Juin - 18:38

    Tout s'est passé affreusement vite. Je me jette sur elle. L'instant se déroule à la vitesse de combat, comme l'appelaient mes instructeurs. Comme au ralenti. On perçoit presque tout autour de nous, sans pour autant avoir le temps de réagir correctement. Je tombe par terre en sentant une lourde chaise me frapper ; aussi vive qu'une anguille Andréa a pris la fuite. Je me retourne en maugréant, sonné pour le coup et à plat ventre. Pourquoi ne pas m'avoir achevé ? Mauvais timing de sa part ? Voilà ce qui la rendait plus faible, et qui serait toujours quelque chose qui me permettrait de prendre l'ascendant sur elle. Elle n'avait tout simplement pas l'irrésistible zêle contre lequel on ne pouvait pas lutter. Elle préférerait toujours s'enfuir que d'achever ses victimes. J'étais plus implacable, j'étais sans pitié, sans hésitation. Si mes ordres impliquaient de la tuer, je ne m'arrêterais pas à la première alerte ou à l'arrivée des flics. Mes ordres, pourvu qu'ils soient clairement énoncés, seraient un leitmotiv qui me ferait considérer toute personne dans ma ligne de mire comme un ennemi, qu'il aie quelque chose à voir avec ma victime désignée ou non. Je n'aurais pas perdu de temps à m'enfuir. Elle, si. Elle voulait découvrir la vérité sur les évènements qui la tracassaient. Elle pensait que c'était plus important que son existence. Je me retournais et me relevais d'un bond en ignorant la douleur cuisante de mes muscles et de mes articulations. Je pensais bien que lui courir après aurait été vain et inutile. Elle avait quelques dizaines de secondes d'avance sur moi. Bien assez pour quelqu'un comme elle pour me distancer, se fondre dans la masse, en bref disparaître. Elle avait la survie dans le sang, cette Andréa. Beaucoup plus d'instinct de conservation qu'il n'y paraissait, bien que cet instinct reste quoiqu'il en soit assujetti à son idéal. Si elle s'en retrouvait dépourvue, alors elle ne prendrait plus garde à sa sécurité. Je devais jouer là dessus si je voulais l'attraper un jour. J'entendais les sirènes de police se rapprocher. Les caméras m'avaient probablement filmé, peut être Andréa aussi. J'attendais patiemment l'arrivée des enquêteurs en remontant mon pantalon sur les gros bleus en formation sur mes jambes, là où les barres métalliques de la chaise m'avaient frappé avec force. Je me laissais assis et haletant, visiblement très choqué et très secoué par les évènements.


    Je parvins même à me retenir d'éclater d'un petit rire dénué de joie quand on me fit remarquer que j'avais tendance à me trouver systématiquement au mauvais endroit au mauvais moment. Entre les affaires de Laghlan, d'Edimbourg, plus récemment de la tentative d'assassinat... Je semais des cadavres dans mon sillage. On prit ma déposition. On voulut m'emmener en garde à vue le temps de faire toute la lumière sur l'affaire. Je ne cachais pas l'identité ni la présence d'Andréa sur les lieux de son ô combien horrible forfait, n'hésitant pas à la charger de tous les maux. Mon mensonge n'en paraissait que plus vrai, c'était un fait. Et quand on me demanda pourquoi j'étais venu la voir, elle qui était toujours recherchée dans l'enquête sur le premier mai, je répondais avec toute la sincérité du monde, que j'avais pensé être capable de mettre moi même cette dangereuse extrêmiste hors d'état de nuire. Que j'en avais fait une affaire personnelle, vu tous ces gens qui étaient morts ce jour là autour de moi, et le fait que j'avais été accusé « à sa place ». Le mensonge passa comme une lettre à la poste. Pour la simple et bonne raison que personne ne tenterait jamais rien contre moi du fait des puissantes complicités élaborées par ma mandante. On me signifia toujours l'interdiction de quitter le pays. On me donna rendez vous pour de nouvelles audiences au commissariat central et au tribunal. On ne m'arrêterait jamais, pas tant que j'aurais une utilité pour la Reine.


    Je n'étais pas fou au point d'imaginer que cette situation perdurerait à tout jamais. Tout comme je savais qu'Andréa Donwood ne tiendrait pas longtemps seule dans un monde qui voulait sa peau, et que nous nous retrouverions bien assez tôt.
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