Je l'attendais dans mon bureau. Que n'avais je patienté pour enfin arriver à ce jour ? Cette rencontre, avec l'une des vampires les plus vieilles foulant encore ce monde de ses pas. De toute évidence, elle avait tardé à venir. Je ne parvenais pas à me concentrer sur mon travail. Voyez vous, quand on est immortel, on fait ce qu'on peut pour rendre son existence la plus palpitante possible, mais la vérité est que chaque jour de chaque année passé le premier millénaire, ont tendance à se ressembler, quoique l'on dise, quoique l'on fasse. Toujours les mêmes complots visant au pouvoir absolu, toujours les mêmes rencontres, la même violence dans l'existence de tous les jours, les mêmes moments intimes. Bien sûr, j'étais bien entouré, et cela jouait pour beaucoup que ce soit dans ma distraction comme dans ma longévité. Krystel était la compagne idéale pour traverser les siècles, pour dominer ce monde, pour réchauffer mon cœur mort depuis longtemps et ma couche depuis longtemps désertée par la femme que j'avais épousée aux temps jadis. Je regardais l'horloge suisse du XVIème qui se trouvait sur le coin de la pièce. Vingt et une heure quarante cinq. Elle allait arriver ; je l'avais fait mandée. Et en vieux français, je vous prie. Héritière de la France médiévale, la « jeune » vampire que j'allais rencontrer aujourd'hui était en fait une quasi-contemporaine de la reine ; elles étaient nées toutes les deux vers la même époque, à quoi, un siècle près grand maximum ? Pour moi qui vivait depuis bientôt deux millénaires, cela ne comptait plus vraiment. Tout ce qui comptait, et depuis toujours, était la vieillesse, et les idées que l'on portait. Et la vampire que j'avais « invitée » ce soir à me rencontrer était un specimen intéressant à ces deux points de vue.
Ancienne, Belle Angeline Renard l'était. Je le savais de source sûre ; mes espions étaient partout, mes indicateurs, multiples. Je savais de source sûre qu'à de rares exceptions près, elle était une des plus anciennes vampires foulant cette terre, étant moi même le plus ancien selon nos archives. Pour la simple et bonne raison que j'avais été pour beaucoup dans la mort de tous ceux qui m'avaient précédé, et la grande guerre vampirique des âges sombres avait également fait pour beaucoup dans l'élimination de mes contemporains. D'autres n'avaient pas survécu aux vendettas humaines, et pire encore, d'autres, beaucoup plus qu'on ne le pensait, avaient fini par mettre fin à leurs jours de façon lâche et couarde, gâtant trop tôt une immortalité à peine atteinte. Je méprisais tous ces faibles. Même de cet âge médian qui avait vu naître la reine, peu de vampires avaient survécu. Et je me doutais que Belle Renard devait être l'une des dernières de sa lignée, sinon la dernière elle même. On me parlait de temps à autres d'une autre vampire qui l'accompagnait souvent, mais je n'en savais pas beaucoup au sujet de cette dernière. Je me concentrais donc sur elle même. On me soufflait à l'occasion qu'elle portait des propos séditieux, à mon encontre, envers la structuration du pouvoir au sein de notre espèce, et aussi envers la reine. Je ne pouvais tolérer cela, bien entendu. Mais plus intrigant qu'une simple dissidente, il semblait que j'avais à faire à une véritable révolutionnaire. Le rapprochement avec les humains, un travail main dans la main, une sorte de démocratie. J'étais intrigué, vraiment. Comment pouvait on survivre aussi longtemps en tant que nocturne rouge tout en colportant des idées aussi dépassées que celles ci ? Des idées morts nées, des choses qui ne pouvaient se faire, un problème que l'on avait jadis évoqué et qui ne pourrait jamais être tranché. Nous étions trop prisonniers de nos pulsions pour obéir à un parlement de sages... Les sages, si peu chez les vampires, comment sauraient ils gouverner une espèce née et perdurant par la violence ?
J'attendais que l'on toque à ma porte, et que l'on fasse entrer mon invitée. Celle ci s'avança dans la pièce ; je me levais de mon siège et m'approchais d'elle, prenant une de ses mains dans les miennes, lui apposant un baiser fugace sur le dessus de l'épiderme.
| Belle Angeline Renard... Je suis heureux de vous voir ici, heureux aussi de vous accueillir. Comment vous portez vous? |
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Ven 6 Jan - 19:08
Si le mariage m’avait parut ennuyeux et très prévisible les quelques mots que m’avait adressé Augustus King, le roi des vampires, eux ne l’étaient pas vraiment. Aimable, en bon roi il m’avait confié sa hâte de me rencontrer. Sur le moment je m’étais peut être demandée s'il s'agissait de paroles en l’air mais je m’étais rendue à l’évidence quand l’un des émissaires du roi m’avait rappelé ma tache de bon sujet de sa majesté. J’étais conviée à la demeure du King, pour le rencontrer. Ses raisons et ses motivations me paraissaient obscures. Mais cette convocation n’était pas sans m’inquiéter. Si le roi souhaitait me rencontrer ce n’était pas pour boire le thé, il devait avoir une raison bien précise mais laquelle ? Qu’est ce qui pouvait bien se passer dans sa tête ?
Je me surpris à m’inquiéter. Et si j’avais été espionnée ? Et si la conversation que j’avais eut avec William et Jana il y a quelques temps déjà, avait été entendue ? Je n’osais y penser, j’étais courageuse et téméraire mais le courroux du roi n’était pas à prendre à la légère. S’il me posait des questions sur ce que j’avais pu bien dire, et bien je ne nierai pas, je resterai fidèle à mes principes et ce sera pour moi l’occasion rêvée de dire ce que je pense. J’essayais de me rassurer comme je pouvais. J’étais en Ecosse depuis un bon moment déjà, j’avais croisé l’odieuse Krystel quelques fois et pourtant jamais le roi n’avait fait appel à moi. C’est qu’il y avait forcément une chose qui avait dû changer. Je savais très bien ce que c’était, c’était ma collaboration avec Jana et William. Est-ce que j’avais eu raison d’accorder ma confiance à un vampire aussi instable que William ? Il était si déboussolé en ce moment qu’il avait peut être parlé. Comment en être sûre ?
Je chassais toutes ces mauvaises questions de mon esprit. Il était tant que je me rende à notre rendez-vous. Je prévenais Désirée de mon soudain départ. Je n’avais pas jugé utile de lui dire plus tôt que je comptais m’absenter et encore moins de lui dire la raison de mon absence.
« Désirée, je sors. Ne m’attends pas. »
« Et je peux savoir où tu vas ? »
Evidemment c’était trop rêver que de m’imaginer qu’elle puisse ne me poser aucune questions. Je soupirais lasse. Elle ne devait pas savoir, sinon je serais dans l’obligation de lui raconter ce que nous nous sommes dit, bien plus encore je devrais lui parler de mes plans, de mes projets, c’était hors de question. Il était encore trop tôt pour elle.
« Non tu ne peux pas. »
J’entendis une porte claquer violemment. Elle avait dû s’enfermer à l’étage. Parfait, qu’elle m’en tienne rigueur au moins elle ne poserai pas de questions. Je me mettais au volant de ma voiture. Je roulais en bordure d’un bois et arrivais bien vite à la demeure du roi. Bien évidemment j’étais attendue et je me fis escorter jusqu’à une pièce qui devait être ce qui se rapprochait le plus d’un bureau. L’un des toutou du roi toqua à la porte et l’on me fit entrer. Le roi s’approcha de moi et me salua d’un baiser sur les mains. Je me baissais, bien que ce geste en couta à ma fierté. Je n’avais jamais vraiment aimé le protocole.
« Bonjour mon Roi, c’est avec honneur que je suis ici et je vous suis reconnaissante de requérir ma visite. Puis-je savoir en quoi je peux vous être utile. »
Une invitation, mon œil oui, une obligation plutôt. Mais tel était la réalité de notre temps, je devais le respect à mes supérieurs, que je les porte dans mon cœur ou non.
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Sam 7 Jan - 18:52
Je sentais la raideur avec laquelle la vieille vampire s'inclina devant moi. Je n'en laissais rien paraître, mais je comprenais par cette impression qu'elle n'avait pas vraiment envie de s'abaisser devant moi. Etait ce juste parce que ça me concernait, ou était ce plutôt parce qu'elle était réfractaire à l'autorité par nature ? Je me doutais que ce n'était pas le cas. Bientôt un millénaire d'existence et elle n'avait jamais fait de vague ; je n'avais jamais entendu de débordement de sa part par ses supérieurs hiérarchiques, et je savais aussi qu'elle n'avait commencé à se faire réellement connaître dans notre société qu'en diffusant sa propagande. Si du moins, on pouvait en croire les rumeurs. Je savais que les informations étaient en fait la principale richesse dans ce monde, mais je savais aussi qu'elles pouvaient s'avérer dangereuses si mal employées. Je ne pensais pas que Belle était rigoureusement opposée à l'autorité. De fait, elle était née dans une période de pouvoir absolu, et avait grandi pendant plus de la moitié de sa vie d'adulte dans des systèmes de pouvoir et de domination aussi subjectifs que successifs. Non, ce devait être autre chose. Je devais faire attention, et trouver précisément de quoi il en retournait. Elle m'avança l'honneur que je lui faisais, mais aussi le plaisir qu'elle avait d'être ici. Par contre, sa politesse obséquieuse, elle l'avait effectivement gardée dans ses habitudes, malgré le temps qui passait. Belle Renard eut même l'audace de me demander directement et frontalement la raison de sa venue dans mon manoir. Je ne pouvais détacher mon regard du sien ; elle avait une puissance prégnante que j'avais envie de confronter à la mienne. Mais l'heure n'était pas aux amusements. Si nous devions nous contredire, autant le faire avec les bonnes manières, non?
| Avant d'aborder des sujets plus sérieux, avez vous soif ? J'ai un peu de tout, j'ai même obtenu le service d'une vierge italienne à la peau merveilleusement douce, qui renferme un grand cru d'O négatif. Je vous la conseille. Demandez, et je vous ferais apporter ça. Je prendrais bien un peu de A positif. |
Je venais me replacer derrière mon bureau, pensif. Je réfléchissais au sang que je voulais boire. Le défaut quand vous vivez des lustres, c'est qu'il ne vous faut plus qu'une nourriture de qualité pour encore ressentir les effets de la satisfaction d'un bon repas pris. Bien heureusement, ma position impliquait que j'avais accès à tous les mets raffinés de ce monde. Du sang épicé et très liquide des sud américains au sang nettement moins corsé des slaves, mais tout aussi savoureux. Je m'assis confortablement dans mon fauteuil, faisant signe à la vampire de prendre place dans le siège placé en face du miens. J'attendais qu'elle s'éxécute, avant de m'allumer un cigare, laissant la boîte ouverte et la poussant vers elle, de sorte à lui proposer tacitement le produit que j'étais en train de consommer. Il fallu que je laisse la flammèche de longues secondes pendant que j'aspirais l'air, de sorte à déclencher la combustion lente du tabac. Je reportais mon attention sur la jolie blonde.
| Vous pouvez vous rendre utile de plusieurs manières, mais j'ai bien peur que certaines soient à la fois plus nécessaires mais moins plaisantes que les autres. Pourquoi ne pas commencer par me dire la vérité sur les rumeurs nébuleuses qui vous entourent comme un halo depuis votre arrivée en Ecosse, mademoiselle Renard ? On me rapporte de biens curieux évènements. Vous prospectez tant auprès d'humains qu'auprès de vampires pour militer pour un monde égalitaire et harmonieux. Non pas que cela me dérange. Après tout, n'ais je pas moi même engagé le processus voici bientôt quatre ans ? Ce qui j'avoue me... m'intrigue, oui, c'est le mot, c'est que vous réuniriez des personnes autour de vous, pour s'opposer à moi. Dans quel but.... Je vous le demande. |
J'appuyais sur le bouton qui appelait mon personnel de service.
| Va pour un A positif. |
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Sam 7 Jan - 20:38
Si j’avais eu un cœur en marche, je pense qu’il serait en train de battre la chamade. Je ne m’étais pas préparée à cette entrevue. Je n’étais pas vraiment sûre d’avoir suffisamment laissé murir mes opinions, mes projets, pour pouvoir en parler mais maintenant j’étais là, devant le roi, avec l’impossibilité de prendre la fuite. Il m’était impossible de partir, même en le demandant, il n’accepterait sans doute. Est ce que l’un des sujets du roi avait déjà décidé de lui faire faux bon ? Et comment avait-il réagit ? Je ne m’étais pas non plus préparée à ce qu’il me voulait concrètement, je n’y avais pas spécialement réfléchis, préférant choisir d’être spontanée, je ne cherchais pas vraiment à calculer. Je ne m’étais jamais intéressée de près à ce roi, pourtant j’avais connu son ascension au pouvoir aux alentours du XIIIème siècle mais à cet époque ça m’était égal qui pouvait être mon supérieur hiérarchique. Ce qui m’importait c’était l’ascension à mon propre pouvoir, la quête de ma puissance en buvant toujours plus de sang humain. Les temps avaient bien changé. Augustus me demanda d’ailleurs si j’avais soif. Jouant à la perfection son rôle d’hôte. Il souhaitait que je goute à une jeune vierge italienne, du O négatif. Lui était tenté par du A positif. L’idée de la jeune vierge n’était pas pour me rebuter mais j’avais moi même toujours préféré le A positif. Qui plus ait je ne buvais plus vraiment de sang humain, mais je n’étais pas non plus une militante acharnée en faveur du TruBlood. Et il était hors de question que je laisse entrevoir une faiblesse au roi, bien qu’il devait être au courant. Est ce que j’étais censée accepter ce qu’il me proposait ? Mais je n’en avais guère envie.
« A vrai dire je suis moi aussi une fervente adepte du A positif. »
Il me tendit aussi une boite de cigare dans laquelle il venait de servir. Je déclinais poliment. Il m’arrivait de fumer, l’avantage pour un vampire étant que ce n’est pas nocif, mais le cigare c’était plutôt un plaisir masculin. Je savais que toutes ces propositions seraient de courte durée et qu’il allait très vite entrer dans le vif du sujet. Ce qu’il ne tarda pas comme je le redoutais. Visiblement, j’avais été espionnée puisqu’il savait des choses à mon sujet, sur mes projets. Je doutais que William est parlé il n’aurait pas osé. Non, le roi avait une longueur d’avance, à moins que ce soit du bluff ? Non je ne pensais pas. En effet, il était au courant de mes idées bien placées bien que ce que les rumeurs ne fasse pas forcément état de la réalité.
« Vous avez raison Monsieur King, il faut commencer par le commencement. Inutile pour moi de nier le fait que je défends un certain idéal de vie. Il est temps oui d’avoir une discussion. Dire que je souhaite la démocratie semble être exagéré. Le vampire est instable, oui très instable, et beaucoup n’ont que faire de la façon dont notre société doit être organisée ce qui fait qu’un concept démocratique semble voué à l’échec. Cependant j’ai du mal avec ce concept aristocratique que vous avez mis en place. Je n’ai jamais eu aucun mal avec vos décisions, cependant j’ai l’impression que depuis 2007 il y a des failles dans le système. Je pense clairement que vous auriez du consulter d’autres personnes avant de révéler notre existence toute entière à l’humanité, des personnes comme moi. Alors oui j’ai tenté de réunir des personnes susceptibles de partager mes croyances, sans y être encore réellement parvenu, parce que la majorité était pour moi l’unique moyen de vous faire prendre conscience des avis d’une certaine communauté vampirique. »
Je croisais les mains après avoir fini de parler. J’avais dis ce que j’avais à dire. J’avais sans doute pris des risques à exprimer clairement ma pensée mais j’avais tout de même tenté de nuancer mes propos. Comment allait-il réagir je n’en avais aucune idée. Peut-être qu’il tenterait de me tuer maintenant qu’il était sûr de mon opposition à son régime. Mettre fin à mon immortalité comme il l’avait fait il y a des siècles à de nombreuses reprises. Je n’allais pas m’excuser pour ma franchise, c’est dans tout les cas ce qu’il souhaitait. J’avais suffisamment parlé.
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Dim 8 Jan - 23:16
Je constatais l'attente et en quelque sorte, le malaise de la vampire. Elle était intimidée. Je souris intérieurement. Je faisais souvent cet effet là, mais m'en rendre compte était réellement un plaisir de tous les instants. J'attachais mon regard dans le sien tandis qu'elle contredisait mon conseil en me disant qu'elle aussi était bien tentée par du A positif. Une fervente adepte ? Ne vbuvait elle pas de True Blood, fervente défenseur des humains qu'elle se trouvait être ? Je trouvais la situation réellement cocasse ; si elle même était capable de se nourrir à la gorge d'une proie, même consentante, c'est qu'elle ne croyait pas réellement, pas profondément, aux discours et aux idées qu'on disait qu'elle défendait. Je reposais mon regard sur la carte des rafraîchissements, tenue à jour depuis les dernières arrivées dans le personnel. Je souris en voyant que j'avais justement deux A positif très différent pour des connaisseurs. Une femme, une libanaise, et un homme du Kosovo. J'hochais la tête avant d'appuyer sur le bouton d'appel du personnel. Je prenais un air de complice envers Belle Renard, un air de connaisseur, et un petit sourire mutin dévoilant des dents blanches et cela ouvrit ma barbe, me donnant sans doute l'air plus avenant. Une voix s'éleva depuis mon boîtier vocal, à la droite de mon bureau.
| Que puis je pour vous, majesté? |
| Amenez moi le A positif, Michael je vous pris. La femme et l'homme, j'ai une invitée. |
| Bien, monseigneur. |
La voix se coupa ainsi que le contact électronique, en un petit « crac ». Je savais qu'on nous amènerait bientôt notre commande, et je salivais dès à présent. La vieille vampire déclina mon invitation à prendre un cigare. Je ne la forçais pas, refermais même la boîte par la même occasion, alors que je tirais une bouffée d'air vicié supplémentaire sur le tube de feuilles de vieux tabac. Je remarquais son visage, accueillant la nouvelle de ma dotation en information avec un stoïcisme que je ne pouvais que lui reconnaître. Brave petite vampire ; elle était peut être un peu plus redoutable que je ne l'avais prévu, mais pas autant que je ne l'avais espéré. J'aurais bien eu besoin d'un véritable défi, d'un combat sans merci et sanglant, dont l'issue aurait été incertaine. Je tiquais cependant sur le « Monsieur ». J'eus une petite grimace, le coin de ma bouche frémissant de déplaisir. Je levais une main pour la stopper immédiatement. Je tenais à ce que les choses soient claires entre nous. J'étais le maître. Pas elle.
| Je préfère « Sire » ou « Majesté ». N'oubliez pas votre place, Belle, et soyez sûre que je n'oublie pas la vôtre. |
J'étais assez impressionné par son éloquence et par le fait qu'elle se montre aussi entreprenante. Elle n'aimait pas l'organisation hiérarchique de notre société, elle souhaitait fonctionner comme un espèce de conseil ? Je réfléchissais à la question. Cela avait déjà été tenté dans le passé, et n'avait pas marché. J'avais dû tous les tuer et les donner en pâture à mes chiens de chasse, pour éviter toute trahison et l'émergence d'un individu un peu plus ambitieux que les autres. Plus courageux, ou téméraire même, elle me dit même que j'avais tord. Elle prit des gants, certes, mais elle me le dit. Elle avouait même ses tendances séditieuses ! Un comble ! Je n'avais encore jamais vu un traître assumer sa position de la sorte, j'en restais aussi surpris qu'amusé. A dire vrai, je me sentais hilare, et ne réprimais pas le rire froid qui s'échappa bien vite de ma bouche. Je me mis à rire comme je n'avais peut être plus ri depuis des années, ou des décennies. Je ne me reprenais qu'à grand peine, au bout de longs instants d'hilarité. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi divertissant depuis tant de temps ! Je me reprenais finalement, alors que l'on nous apportait nos amuses gueules. Les humains portaient leurs vêtements. Je n'avais pas les penchants de Krystel pour la nudité de ses serviteurs, je trouvais cela inconvenant, surtout hors intimité. Avec elle, cela ne me dérangeait pas. Cela dit, ne mettrais je pas Belle toute nue, histoire de lui apprendre un peu comment se comporter avec ses supérieurs ? L'idée était tentante.
| Je suis désolé de m'être montré aussi cavalier, mais j'ai trouvé votre récit assez désopilant. L'avis d'une certaine communauté vampirique ? Cet avis a toujours existé. Il réunissait des plus anciens, comme vous l'êtes aujourd'hui, et beaucoup de jeunes qui ont craqué par la suite. Cela ne marche pas. Pas plus que la démocratie. Un conseil oligarchique de vampires ? C'est ce qui existait avant que vous ne veniez au monde. Mais les luttes de pouvoir étaient telles qu'elles menaçaient l'ensemble de notre espèce. J'ai rétabli l'ordre, et je ferais tout pour que celui ci perdure. |
Je faisais signe à l'humaine de s'approcher. Véritablement magnifique, elle avait été mannequin aux Etats Unis, avant de tomber sous la coupe des morsures. Le Shérif de Chicago m'en avait fait cadeau pour mon mariage avec la reine.
| Et j'aurais dû en parler avec vous plutôt que quelqu'un d'autre, vous consulter, c'est bien ça ? Quelles compétences et quelles expériences avez vous en matière de décision politique? |
L'humaine me présenta son cou. Je mordais férocement, brutalement dedans. La soumettant ; elle glapit de souffrance. Je désirais faire passer le message à Belle, avant de la punir plus concrètement, que c'était moi le maître, et que les humains étaient à moi, et à personne d'autre.
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Dim 22 Jan - 12:11
Assise sur le fauteuil, je luttais pour me détendre, je n’avais aucune envie d’être là, j’avais été forcée de venir, et j’avais horreur que l’on me force la main. Heureusement Monsieur King n’était pas le seul personnage royal que j’avais rencontré au cours de mon existence, et ce ne serait certainement pas le dernier. Je ne perdais pas la face, tentant de paraitre au mieux sûre de moi mais aussi d’être prudente. Je n’allais pas clamer haut et fort que je voulais faire la révolution, ni même menacer le monarque de mort. Moi même je n’étais pas certaine de vouloir une véritable révolution. Je n’avais en aucun cas l’idée d’appeler la population vampire à faire un coup d’état, ni même de constituer une armée. Ce n’était pas une mauvaise idée en soit mais si je pouvais faire comprendre au roi le fond de ma pensée sans utilisé la manière forte c’était mieux. Malheureusement si je n’arrivais pas à lui faire entendre raison, peut être qu’un coup de pouce moins discret serait le bienvenue. Mais j’y réfléchirais en temps voulue. Pour l’instant il s’agissait pour moi de mesurer chacune de mes paroles, de noyer toute idée de coopération, de faire croire au roi que j’étais seule dans le coup. Je devais protéger William et Jana à tout pris.
Le roi convia deux humains à nous rejoindre, l’apéritif pouvait commencer. Je ne pouvais pas m’empêcher de considérer ce geste comme une provocation. Le roi savait très bien que je ne buvais plus de sang humain et il voulait voir si j’accepterais son offre ou si je resterai fidèle à mes convictions de ne boire que du TruBlood. C’était une façon pour lui de voir jusqu’où je pouvais aller. Il allait être déçu, je ne prévoyais pas de faire de la résistance aujourd’hui. Je le regardais, sans paraitre hautaine mais d’égal à égal. Je ne pouvais pas me résoudre à prendre l’air d’un petit sujet apeuré, ça c’était au dessus de mes forces. Il grimaça, sans que je sache pour qu’elle raison. J’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas, tant pis, il me le ferait comprendre et ça ne tarda pas. Ainsi «monsieur» n’était pas un titre suffisamment honorifique pour le monarque. Je restais impassible mais où fait de moi je bouillais. Pour moi ce titre de roi ne m’avait jamais parut dérangeant, j’avais même rencontrer des rois humains, comme Louis XIX. Mais là, maintenant que les idées de notre roi m’étaient si dérangeante jamais du mal à établir les convenance. Je ne le voyais plus comme un roi mais comme usurpateur.
«Très bien, pardonnez moi votre Majesté.»
J’appuyais un peu trop sur les deux derniers mots, bien que j’eus essayé de paraitre sincère. Il allait encore prendre ce ton pour un affront et je ne pouvais pas me le permettre. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait, de l’affronter ici et maintenant, en face à face mais ce serait mettre en danger tout ce que William et moi tentions de bâtir.
Après que j’eus clairement exprimé le fond de ma pensée il éclata de le rire. Il trouvait cela si drôle que l’on puisse avoir d’autres idées que les siennes. Je croisais les bras, tentant de calmer la haine qui montait en moi à l’égard du roi. Je devais me calmer, immédiatement. Je me répétais qu’il me testait, il jouer avec mes nerfs et je ne faillirais pas. Je le laissais ce moquer ouvertement de ma personne, essayant tant bien que mal que mon visage ne trahisse pas mon agacement.
«Je suis d’accord, vous avez rétablit l’ordre. Mais comme je vous l’ai dis je trouve la situation actuelle très différente de celle que nous connaissons depuis des siècles. Si cet idée de conseil n’a pas marché auparavant cela ne veut pas dire qu’elle ne peut pas fonctionner aujourd’hui. Il suffit juste peut être de revoir le conseil. Que ce soit clair, votre majesté, je n’essaie pas d’aller à l’encontre de votre autorité, seulement d’ajouter ma pierre à l'édifice, une pierre moderne.»
Si j’essayais de le convaincre de la véracité de mes propos, je n’étais moi même pas réellement convaincu. Je voulais d’un changement plus net, mais si ce n’était pas possible je serais capable de me contenter du peu que j’arriverai à obtenir. Et d’ailleurs quand je suis venu au monde, ce vampire n’était pas encore roi, mais ça il ne semblait pas le savoir. J’allais faire comme si je n’avais connu que lui. Je regardais l’humaine s’approcher du coin de l’oeil sans vraiment m’en soucier. Je prêtais plutôt attention au parole du roi.
«Oui vous auriez pu me consulter, si vous m’aviez connu à ce moment là. Je pense que mo n ancienneté suffit à assurer ma compétence en manière politique. D’ailleurs j’ai eu la chance de conseiller certains monarques humains à l’époque, et je leur étais d’une aide précieuse, j’étais presque devenu indispensable.»
Je n’osais rien ajouter, j’avais l’impression que m’essouffler à le convaincre était vain. Je voyais dans son attitude qu’il savait déjà ce qu’il allait faire de moi. Et je ne souhaitais me ridiculiser à entreposer mes idées s’il n’était pas disposer à entendre clairement le fonde ma pensée. Je voulais savoir clairement de quoi il en retournait. J’en avais assez de tourner autour du pot.
«Vous ne m’avez pas convié seulement pour entendre mon opinion politique, n’est- ce pas?»
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Sujet: Re: Roads [Livre 1 - Terminé] Dim 22 Jan - 15:45
Je m'attachais à ôter tute sensation de plaisir à l'humaine que je mordais. Elle en venait même à soupirer et à glapir une fois ou deux sous l'effet d'une souffrance terrible que je lui imposais, une souffrance à caractère de domination. Je comptais montrer à Belle que de tous les aspects de mon pouvoir, dont celui d'atteindre qui je voulais quand je le voulais, sans restriction aucune. Et montrer aussi que je pouvais dominer les humains et les astreindre à ma volonté faisait partie de ma petite démonstration. Cela dit, je n'étais pas certain que cela modifie quoi que ce soit à son comportement ou à son attitude, elle me semblait de toute façon bien trop fière pour se plier à mes exigences ou en tous cas s'astreindre à mes commandements. D'une certaine manière, je n'escomptais aucun changement de comportement de sa part, je préférais que l'on évite tout faux fuyant, de sorte à ce que je sache clairement à quoi m'attendre à son sujet. Je constatais donc qu'elle continuait de soutenir mon regard, et je dénotais là la volonté de ne pas se laisser marcher sur les pieds, ou en tous cas pas trop. J'attendais donc de voir comment se déroulerait la conversation, avant de la faire tourner un peu plus à mon avantage. Je la toisais, alors qu'elle m'appelait désormais majesté. Je ne comptais cependant pas me comporter en parfait tyran ; je tenais aux principes régissant notre société -comme celle des humains d'ailleurs- mais je savais tout aussi bien que je ne pouvais régler que sur la base d'une cruauté et d'une domination aveugle. Je centralisais entre mes mains l'ensemble des pouvoirs de la nation vampire, mais il fallait cependant avouer que je n'avais jamais non plus veillé à autre chose que l'intérêt commun, quitte à prendre des décisions qui pouvaient à juste titre paraître inhumaines. Je m'en dédouanais en me disant que justement, je n'avais plus rien d'humain.
| Je vous remercie, et vous sait gré de rétablir les bases du dialogue en m'appelant par ce titre. Vous vous seriez retrouvée face à un quelconque président humain, vous l'auriez appelé « monsieur le président », n'est ce pas ? Il faut toujours appeler les choses par ce qu'elles sont. |
Je constatais désormais une lueur assassine dans le regard de la vampire alors que j'avais ri aux éclats dans ce qu'elle avait pu me dire. Je trouvais cela réjouissant, presque jouissif, que de la tester de la sorte. Mais c'était surtout son aplomb qui avait été la cause de mon hilarité, plus que les idées en elles mêmes qui étaient, somme toute, relativement classiques. Ce qu'elle disait n'était pas sans fondement, la situation contemporaine n'avait rien à voir avec les situations antérieures, où les vampires les plus anciens et/ou les plus puissants s'étaient taillés de vastes domaines féodaux où ils faisaient régner une loi martiale très dure sur leurs sujets. J'avais fait cesser cela, en transposant ce modèle à une échelle supérieure, mais j'avais donné des droits à tout le monde. Techniquement, un vampire supérieur ne pouvait abattre un de ses congénères, l'ensemble de l'autorité était régulée par des lois fondamentales, protectrices de notre espèce mais aussi des humains en une large partie. J'avais rétabli l'ordre en établissant la loi. Le nombre de meurtres et de guerres fratricides avait grandement diminué. Mais Renard voulait plus, elle voulait une direction oligarchique de notre société et une régulation par le conseil. Je n'étais pas d'accord. Introduire la notion de conseil ne sert qu'à se trahir les uns les autres ; c'est dans la nature des vampires. La colère et la frustration étant chez nous exacerbées, le meurtre était le biais principal quand il fallait régler les différents politiques.
| Comme je l'ai dit, je suis contre cette histoire de conseil. Vous connaissez, pour être aussi ancienne, la nature profonde des vampires. Nous n'établissons aucun autre rapport que ceux basés sur la domination. Mieux vaut que celle ci soit douce, comme la mienne, plutôt que rude, n'est ce pas ? D'autant plus qu'un conseil peut bafouer les droits que j'ai moi même instauré avec autant d'aisance qu'un seul monarque. Avec le danger supplémentaire qu'un conseil se fonde sur la protection de cabales toutes plus puissantes les unes que les autres, ce qui rend invulnérable l'organe exécutif. |
Elle eut ensuite l'outrecuidance de me dire qu'elle avait conseillé des dirigeants humains par le passé, mais je ne laissais pas de côté son discours. Peut être contrôlerais je mieux ses faits et gestes en la gardant dans mon entourage ? Le tout était de fermer la porte à ses idées avant qu'elles ne contaminent tout le monde.
| Je ne suis pas un dirigeant humain. Chacune de mes décisions dépasse le cadre national, continental ou civilisationnel. La moindre décision que je prends a des répercussions sur l'ensemble de l'humanité, et l'ensemble des vampires. Je gouverne à une toute autre échelle qu'un simple monarque d'antan régnant sur une poignée de bouseux crottés et analphabètes. Mais si vous êtes aussi bonne, pourquoi ne pas vous mettre à l'essai ? Je ne vous cache pas que si je vous ai fait venir ici, c'est avant tout parce que j'étais curieux. Comment une vampire aussi vieille que vous peut défendre pareilles idées, allant à l'encontre de tout ce que vous avez pu vivre? |
Sa manière de se nourrir de l’humaine n’était pas anodine, sa façon de planter ses crocs sauvagement, son visage inhumain et déformé par l’appel du sang alors qu’il goutait au nectar qu’elle lui offrait docilement étaient calculés. Il s’appliquait très bien à me donner un aperçu de la cruauté dont il était capable. Cruauté dont je ne saurai surement pas imaginer les limites. Moi même j’avais su faire preuve de cruauté, je savais pertinemment de quoi un vampire est capable. Seulement Augustus est le roi et pour parvenir à ce statut il a surement dépassé toutes les limites possibles et inimaginables. C’était son message, qu’il me transmettait à travers son petit gouter, que c’était lui le roi, qu’il était capable de tout. Je restais stoïque, de la même manière que je l’ai étais depuis le début de notre entrevue. Le sort de cette humaine m’était indifférent, bien que je n’aurai pas pris autant de plaisir à me laisser aller à la torture. Aussi il fallait bien plus pour m’impressionner. Je lançais sa petite mascarade de côté en me concentrant plus tôt sur notre conversation. Je ne pouvais que remarquer l’aisance avec laquelle il maniait les mots, il s’agissait d’un excellent orateur et il savait également être persuasif.
« Pardonnez moi Sire, vous avez raison, je nommerai un président par son titre. »
Blablabla, que des usages et des formalités. S’il souhaitait tant que ça être désigné comme le maitre soit, dans ma tête il en serait tout autre et il ne pourrait malheureusement ne rien y changer. Son éclat de rire m’avait déstabilisé mais je me reprenais. Son hilarité n’avait fait que le rabaisser un peu plus dans mon estime. Cependant il prenait le temps de m’écouter, de voir ce que j’avais à dire, d’étudier mon point de vu. Etait-ce de la curiosité ou une vaste mascarade ? La deuxième solution me semblait la plus pertinente. J’étais tout de même obligée de me prêter à ce petit jeu, je n’avais pas d’autre choix que de répondre à ses questions et de montrer persuasive même si mon avis ne pèserait jamais dans la tête du monarque. Cette conversation pouvait tout changer, aujourd’hui je devais faire mes preuves. Montrer que j’étais une adversaire de taille sans être trop dangereuse pour que l’on souhaite mettre fin à mon immortalité. Je devais être habile et subtile pour pouvoir continuer à entretenir mes projets.
Il m’apportera son point de vu sur l’idée de conseil. Cette idée n’était pas pour lui plaire. Evidemment le tyran ne partage pas son pouvoir. Oui les rapports entre vampire son fonder sur la domination et il en a toujours été ainsi. J’avais la force ou la faiblesse, question de point de vu, de croire que notre nature ne se résumait pas à cela. Moi même au sein des dissidents j’avais établi le dialogue en nous regroupant autour d’un intérêt commun et j’étais certaine de pouvoir faire de même à grande échelle.
« Je vous suis reconnaissante d’avoir instauré cette manière « douce », loin de l’anarchie qui régnait il y a de cela des siècles, mais avec l’exposition de notre race ne m’en voulait pas de trouver cela maintenant insuffisant. »
Insuffisant, une manière détournée de lui faire encore comprendre que je n’étais absolument contente de sa manière de gouverner. J’étais consciente de dépasser les bornes au fur et à mesure de la conversation mais je savais aussi que le roi ne s’attendait pas à ce que je dise amen à tout. Il balaya mon argument sur mon expérience politique d’une façon vexante et insultante. Je serrais les dents pour ne pas m’emporter. Certes gouverner l’ensemble des vampires n’était en rien semblable à la régence des êtres humains mais tout de même, gouverner les humains restent une tâche difficile à laquelle j’ai su par le passé m’acquitter. Il me proposa ensuite d’une étonnante façon de me mettre à l’épreuve. Le ton de sa voix me laissait penser qu’il était persuadé que je n’étais pas à la hauteur.
« Mettez moi à l’essai, je m’acquitterai de ma tâche. Comment puis-je vous montrer ce dont je suis réellement capable ? »
Voilà la vraie raison de ma visite. Il ne comprenait tout simplement pas comment un vampire pouvait vouloir d’un tel changement. Je n’étais pas guidée par la volonté de prendre le pouvoir comme nombreux des adversaires que le roi avait du affronté. Il n’arrivait tout simplement pas à me comprendre et c’est en cela qu’il était frustré.
« Pourquoi je défends l’idée d’un conseil ? Pendant des siècles j’ai été totalement indifférente à la manière dont nous étions gouvernés, je me contentais de respecter les règles et de vaquer à ma propre vie, extasiée par ma propre immortalité. En étudiant les humains je me suis rendue compte que leur concept de démocratie les avait changé. Alors je me suis dis, pourquoi ne pas faire pareil ? Pourquoi ne pas prendre des décisions ensemble ? Parce que je suis réellement convaincue que ça ne pourrait que nous aider à assurer la pérennité de notre race, dans une époque où la haine à travers les vampires ne cesse de croitre. »
Je remarquais que les affronts que je jetais en plein visage de la vampire ne semblaient pas la laisser totalement de marbre. Son visage se fermait très légèrement, et son regard en disait long. Je connaissais suffisamment bien les gens en général et les vampires en particulier pour parvenir sans trop de problèmes à décrypter leur attitude. Je savais qu'elle était emplie de réprobation. Et je savais aussi que cela m'excitait quelque part, de la provoquer aussi ouvertement. Je ne sais pas pourquoi, mais tenter de la choquer et de la mettre en colère semblait être devenu l'un de mes jeux favoris. En tous cas, je m'éclatais pas mal et c'était là le principal ! Qu'est ce que vous voulez, quand on est Roi on a finalement assez peu de distractions. La Reine faisait la gueule en ce moment, je ne voyais quasiment plus mon humaine et je me rendais compte que les dossiers en attente n'arrêtaient pas de s'empiler. Demandes de justice de la part de vampires se plaignant de leur shérif, cadeaux envoyés par des dirigeants de nations ou de sociétés privés voulant s'arroger ma coopération, rapports détaillés sur les sujets que je faisais surveiller. Sans compter les demandes d'audience, les contrats à signer, les documents fiscaux, les rapports secrets sur l'activité de mes firmes... Tout ça laissait assez peu de temps pour les loisirs. La moindre chose que je faisais à l'extérieur me semblait minutée, surveillée et contrainte de la même façon, que j'avais l'impression d'être parfois devenu l'esclave de mes propres fonctions. Je souris lorsque la vampire me pria de l'excuser. Excuses acceptées, sinon le jeu n'avait plus qu'à se terminer, et je ne le souhaitais absolument pas...
| Voilà, nous sommes d'accord et vous m'en voyez ravi... |
J'étudiais toujours ses traits et sa posture alors que je me rendais compte que je ne devais en aucun cas prendre part à ce petit jeu de pouvoir qu'elle cherchait à instiller dans la conversation. En bon dirigeant que j'étais, je me devais de planer au dessus du débat, de faire en sorte que tout se passe correctement. Je devais me montrer supérieur, montrer que mes intérêts n'étaient pas ceux du commun des mortels ou des autres vampires. La vampire me dit qu'elle m'était reconnaissante pour l'instauration de ce que j'avais moi même nommé la manière douce. Mais elle alla de but en blanc pour m'annoncer que ma façon de procéder ne lui paraissait pus suffisante avec notre exposition. Là pour le coup, j'étais curieux de ses arguments, dans le sens où je pensais au contraire que l'exposition ne faisait que renforcer mon pouvoir, et mon emprise sur les peuples de ce monde. Je ne pensais pas me tromper de beaucoup, mais peut être la française avait elle une autre idée sur la question, qui me permettrait de nuancer ce que je sais déjà. Peut être. Autant essayer d'avancer correctement dans le bon sens plutôt que de prendre seulement un malin plaisir à la tyranniser de la sorte.
| Qui a dit que je vous en voulais pour quoi que ce soit ? Je trouve assez rafraîchissant de me retrouver en posture de compétition pour mes idées et ma façon de faire. Je me demande quand même ce qui vous amène à de telles conclusions. Les humains ont un faible pour leur passé, et notre monarchie les rappelle à des jours qu'ils imaginaient glorieux. Est il utile de préciser que l'immense majorité de ce peuple faible et servile crevait de faim et de misère à pareille époque ? Mais les monarques ont toujours eu une place dans leur cœur, et si vous m'avez compris depuis le début de notre entrevue, vous aurez deviné que j'attache une importance certaine à l'avis des humains, et à l'affection qu'ils peuvent me porter... |
J'avais été convaincu qu'elle ramasserait le gant que je lui avais jeté au visage. Que pouvais je espérer de mieux que de la court circuiter politiquement en l'amenant à se remettre en cause, et en amenant les autres vampires à la déconsidérer, en lui confiant un poste important mais au siège éjectable ?
| Elle croît parce que les humains sont idiots. Mais ce que vous négligez, c'est que notre posture actuelle porte de plus en plus d'humains à voir en nous les remèdes à tous leurs problèmes. Ils nous aiment, nous adulent. Certains nous vénèrent, même. Un conseil ne ferait qu'ajouter des voix discordantes là où il n'y avait auparavant qu'un seul discours, cela enverrait le mauvais message. Mieux vaut une espèce réunie derrière son leader, expérimenté, que d'avoir à chaque fois affaire à des individus différents aux intérêts divergents. Un poste, je peux vous en trouver un. Vous aimer vous occuper de quelque chose en particulier ? Si vous aimez autant les humains, je peux vous mettre en relation avec eux... |
Je ne cessais de me répéter qu’il ne fallait pas que je sorte de mes gons, que je devais à tout prix garder mon calme. Face à moi se trouvait un adversaire de taille et pas n’importe quel adversaire de taille puisqu’il s’agit du roi. D’un roi qui a pris le pouvoir à coup de nombreux combats, de tueries et de barbaries sanglantes. Une créature qui a largement la capacité de mettre fin à mon immortalité. Au fond je savais qu’il cherchait à me provoquer bien plus qu’à m’écouter déblatérer, exposer mes idées qu’il jugeait mortes dans l’œuf. Même s’il donnait l’air de m’écouter, une petite voix en moi ne cessait de me souffler qu’il me testait, attendant chaque réponse comme un vampire attend une gorgée de sang. J’étais convaincu que tout ce que je pourrais dire ne servirait à rien. Qu’est ce que j’espérais au juste ? Que j’allais pouvoir faire changer un roi sur sa conception qui la mené au pouvoir ? Sur des idées qu’il traine derrière lui depuis des centaines d’années. J’avais déjà du mal à convaincre d’autres de mes semblables alors là. De toute façon je n’étais pas à l’origine de cette entre vu et je n’attendais aucun changement de la part du roi. Tout ce que je tentais de faire c’était protéger ma position et celle de ceux que j’avais embarqué avec moi, pour pouvoir mieux continuer et un jour frapper un grand coup.
Je l’écoutais parler. Il avait totalement raison quand il disait que notre monarchie rappelait aux humains leur temps passé. J’avais suffisamment côtoyé d’humains pour m’être rendue compte de l’admiration qu’ils pouvaient nous vouer. Je me reteins de sourire quand il me dit qu’il prenait en compte l’avis des humains, qu’il avait de l’affection pour eux. Même un homme avait plus d’affection pour un chien que lui pour un humain. Il ne tenait en rien compte de l’avis des humains, nous nous étions imposé à eux par le mensonge. Lui même n’était-il pas en train de se nourrir avidement de l’hémoglobine d’une humaine ? Etait-ce ça avoir de l’affection ? Non je ne le croyais pas. Et de ma même manière qu’il ne prenait pas en compte l’avis du peuple humain il ne prenait pas en compte l’avis de ses confrères vampires. Il avait le droit de vie et de mort sur chacun de nous, c’était un pouvoir arbitraire et sans limite. Ce que je cherchais précisément à combattre. Je voulais trouver une solution encore plus douce, j’avais suffisamment fois en les vampires pour me permettre d’y croire. Si moi j’étais capable de tolérance, nous en étions tous capable. Bon sang nous ne sommes pas des bêtes, étais-je la seule à croire que les vampires peuvent être bon, même meilleur que les humains, puisque je ne peux pas renier notre supériorité.
Je mourrais d’envie de lui cracher à la gueule tout ce que je pensais, je me sentirais tellement mieux après cela. Sauf qu’une telle provocation ne ferait que mettre le feu aux poudres. Il aurait enfin un prétexte pour me sauter dessus. L’idée de me jeter sur lui pour lui régler son compte n’était pas pour me déplaire, même si je risquais d’y perdre la vie, seulement si je quittais ce monde, qui mènerait ce combat à la place ? J’avais promis un tas de chose, à Jana, à William. Egalement je refusais qu’il n’y ait plus de vampire pour avoir la force de s’opposer un jour au Roi, j’étais la seule à pouvoir le faire.
« Tous les humains ne sont pas idiots. Je vous l’accorde, certains voient en nous les remèdes à leurs problèmes, certains même nous considèrent comme des dieux. Pourtant d’autres vouent une haine incommensurable à notre race. Et cette haine ne cesse de grandir. Tout ça risque de se finir dans un bain de sang. N’est ce pas cette haine que les débordements des vampires attisent qui a manqué porter préjudice à la reine et à de nombreuses vies au mois de Mai ? Je n’ai aucune objection à ce que notre race paraisse unie derrière un leader, vous notre roi. Mais dans le fond, derrière le rideau pourquoi ne pas être conseillé ? »
Oui je croyais réellement que l’on pouvait être plusieurs à prendre les décisions sans pour autant que cela dérape en bain de sang. Il me proposa ensuite un poste en relation avec les humains. Je voyais cette proposition comme un moyen de me calmer. Comme on donne une friandise à un enfant qui pleure. Un rôle de seconde zone en somme. L’intérêt qu’il portait aux humains était si faible, que s’était un moyen de me caser quelque part pour me faire taire.
« Parfait, et en quoi consisterait ma tâche ? Je n’ai pas pour but d’être une baby-sitter sachez le, votre majesté. »
J’essayais d’avoir un ton neutre même si j’étais consciente de l’affronter directement en mettant en doute la tache à laquelle il voulait m’assigner mais j’en avais assez de tourner autour du pot. Je voulais des réponses à mes questions et lui voulait savoir à qui il avait à faire. Ainsi nous serions tout deux servis.
J'étais vraiment fier de l'idée que j'avais eue, pour le coup. En véritable animal politique, l'opportunisme n'avait plus le moindre secret pour moi, et je savais saisir les perches que l'on me tendait. Celle ci était arrivée trop naturellement pour que j'en vienne à la négliger ; je n'allais donc pas me gêner pour utiliser Belle Renard comme je l'entendais, la retourner vers moi et partager des intérêts communs avec elle. Se laisserait elle prendre au jeu ? Bien sûr, je n'en doutais pas. Elle aimait bien trop les humains pour ne pas accepter ma proposition. Et en pensant accomplir ses objectifs et défendre ses intérêts, elle ne penserait finalement à rien d'autre qu'à satisfaire les miens. Habile, rusé, pas vraiment discret mais imparable, bref j'aimais tout à fait. J'attendais d'en savoir plus sur ses attentes pour pouvoir aller un peu plus loin dans mon récit de ce que j'attendais d'elle. Je tenais vraiment à pouvoir la cerner complétement, de sorte à ne pas commettre d'erreur. Je ne voulais pas le moins du monde que ma petite idée ne se retourne contre moi, cela pourrait potentiellement avoir des proportions dramatiques et je ne souhaitais absolument pas remettre en question tout ce que je bâtissais depuis tant de temps que je ne me rappelais même plus réellement quand j'avais commencé à penser au pouvoir et à la domination absolue. Bref, il fallait que je tende l'oreille, que je sache ce qu'elle voulait et comment elle le voulait. Déjà, elle recommença à me dire que les humains n'étaient pas des idiots. Ca se discutait, mais je ne l'avais jamais dit pour autant, et encore moins devant elle. J'étais cependant parvenu à la manoeuvrer. De l'idée du conseil paritaire et égalitaire, elle en était venue à légitimer ma puissance et mon ascendant sur les autres en me disant qu'elle se voyait bien être à l'origine d'un système où on me conseillerait... Ce qui était déjà le cas, même si de sa position insignifiante dans notre société, elle ne pouvait pas s'en rendre compte, pas même un peu ! Je dévoilais mes canines encore ensanglantées, juste avant de lui répondre. Qu'est ce que je pouvais me réjouir de cette entrevue, vraiment!
Cela dit, je n'étais pas non plus d'accord avec ce qu'elle me disait sur le sentiment de haine qui existait à l'égard des vampires. Cela me semblait bien trop convenu, et avec assez peu de recul sur le passé. On pouvait me taxer d'absolutisme, de cynisme, d'à peu près tout et n'importe quoi... J'étais prêt à sacrifier quelques vampires si cela s'avérait nécéssaire, mais de là à massacrer ma propre espèce pour quelques miettes de pouvoir supplémentaire ? Non. Et quand je devais sacrifier des pièces, le jeu devait en valoir la chandelle. Plus je grimpais en puissance, et plus mon espèce en profitait, j'en étais plus que persuadé sachant que jamais nous n'avions été aussi nombreux ni aussi infiltrés à toutes les strates de la société. J'allais m'empresser de détromper la vampire, de sorte aussi à lui laisser sous entendre que je ne pouvais pas passer à côté d'informations, du fait aussi du maillage très efficace d'espions et d'informateurs dont je disposais.
| Nous nous comprenons donc, et je partage votre analyse. Sauf sur un point. Peut être avez vous vécu trop longtemps reclue ces derniers siècles, mais la haine contre nous autres vampires ne vient pas en augmentant... Auparavant, il y avait tout un tas d'ordres religieux, de révoltes paysannes et de sociétés secrètes qui nous combattaient. Ces derniers mois, j'ai presque anéanti l'Eglise Humains contre Vampires. Ces extrêmistes ont été saignés à blanc dans la guerre de l'ombre qu'ils ont voulu nous imposer, et j'ai pu les décrédibiliser sur la scène publique. Sans compter aussi que mes contacts avec les entrepreneurs et dirigeants humains a continué d'isoler politiquement et financièrement l'organisation anti vampires. Croyez vous donc que j'ignore qu'un monarque ne peut le rester sans avoir un minimum de sens commun ? |
Bien sûr que je devais faire quelque chose contre la HCV, c'était l'évidence même. Je ne resterais pas couronné bien longtemps si je n'avais pas les ressources suffisantes pour lutter contre ceux qui nous rendaient coup pour coup. Je faisais donc en sorte d'utiliser la HCV pour radicaliser le débat politique et pouvoir porter le débat vers une plus grande intégration des vampires, nécessaire pour que je puisse fondre mon peuple dans la masse de l'humanité pour faire cesser les violences. Je n'avais pas le choix pour le coup. Je souriais d'un air entendu.
| Je vois donc que nous sommes sur la même longueur d'ondes. Je suis déjà conseillé quand le besoin s'en fait sentir. |
Je remarquais que Belle prenait comme un affront personnel le fait que je la relègue auprès de Morgane Raybrandt. Parfait, si les choses tournaient au vinaigre entre elles, je pourrais rallier une large partie de l'opinion derrière la douce et fragile Morgane. Cela allait donner quelque chose de plutôt intéressant.
| Vous êtes bien impolie vis à vis de notre délicieuse porte parole... Non, du tout. Vous l'assisterez, ferez même des discours si c'est ce que vous voulez... Vous désirez qu'on vous entende ? Parlez, et des gens vous écouteront. A ce poste, uniquement. |
Je commençais à en avoir assez marre d’être dans le bureau du King. Je sentais comme un malaise en moi. En réalité j’avais l’impression d’être une créature que la science observait, la science étant Augustus. Il m’étudiait avec une satisfaction morbide, s’attardant sur le moindre détail de ma personne, la moindre réaction physique que j’avais à ses paroles, chacun de mes mots. Au fur et à mesure j’avais compris qu’il serait impossible de communiquer avec le monarque. Ses idées s’étaient enracinées dans sa tête depuis des siècles et il était impossible pour lui d’écouter un point de vu différent. Depuis le début il n’avait eu de cesse que de chercher à démonter ce que j’avais à dire sans réellement m’écouter, ou seulement pour mieux établir mon portrait. S’il pensait pouvoir me conditionner il se trompait. Non je n’étais pas comme ses fervents acolytes et comme lui je ne démordrais pas de mes convictions. Je chercherais toujours à atteindre mon but. La seule différence entre nous c’était que moi je m’imposais des limites morales, j’avais des principes. Le seul principe d’Augustus était à mes yeux tout faire pour conserver sa domination. Il userait de tous les moyens pour, quitte à écraser les autres. Dans ma bataille je trouverais toujours les moyens pour ne pas jouer selon ses règles. Je l’écoutais sans réellement chercher à le contredire, à quoi bon ? Je n’y voyais plus trop d’intérêts. Il avait clairement montré qui il était et ce qu'il pensait, il m’avait clairement exposé son point de vu et il croyait me satisfaire en me donnant ce poste. Pourtant je ne serais pas satisfaite tant que le changement n’arriverait pas. Encore une fois je n’étais pas d’accord avec ses arguments. Il semblerait que nous soyons en beaucoup de points opposés.
« Au contraire j’ai vu du pays et selon moi la situation est beaucoup plus tendue aujourd’hui qu’auparavant. Mais grâce à votre générosité et à ce poste que vous m’offrez je pourrais peut-être y changer quelques choses. Je suis convaincue de pouvoir inverser la haine de certains humains envers notre espèce. Malheureusement je doute que Morgane et moi suffirons. »
Je croisais les bras. Je savais pertinemment que ce poste rimait à rien et je ne doutais pas qu'il le sache lui aussi. Quand il me dit qu’il était déjà conseillé quand le besoin s’en fait sentir je dus me retenir de rire. Conseiller par qui ? Par la reine ? Par ses sbires ? Autant de personnes qui n’oseraient pas dire au roi ouvertement leur désaccord. Pour moi se faire conseiller ce n’était pas ça. Non c’était s’entourer de personnes compétentes dans des domaines différents, de s’organiser réellement, d’institutionnaliser le système et même mieux de ne pas être réticent aux idées nouvelles. Seulement il était impossible de faire comprendre ça à une personne grisée par le pouvoir telle que le roi.
« Morgane Raybrandt a tout mon respect et j’admire ce qu’elle fait. Je n’avais pas compris que vous vouliez que je l’assiste. »
C’est vrai la fille Raybrandt était sans doute celle qui comprenait le mieux ma vision du monde, la seule qui partageait mon sentiment à l’égard des humains. Cependant elle ne cessait de se rapprocher de sa mère, retrouvant grâce à ses yeux alors que William ne cessait de la décevoir. Je craignais que les belles idées de Morgane ne s’éteignent bien vite. Je regardais le roi tentant de lui montrer mon respect suite à notre conversation. Je respectais ma hiérarchie en ce sens que le respect était pour moi une chose essentielle. Mais ça s’arrêtait là et le respect serait la seule chose que je pourrais lui témoigner. Je ne lui accorderai jamais aucun crédit.
« Ce sera tout mon roi ou vous souhaitiez ma présence pour une autre raison ? »
La discussion ne s'était finalement pas vraiment passée comme elle aurait dû le faire, dans le sens où j'avais été prêt à écouter ses arguments, curieux que j'étais. Mais ceux ci ne m'étaient pas apparus comme réalistes. D'aucun les penseraient faussement naïfs tandis que d'autres penseraient peut être que cette nouvelle idéologie pro cohabitation servait des motifs politiques, je n'en savais rien. Moi je pensais simplement qu'elle avait débloqué. Elle semblait penser réellement ce qu'elle disait. Quelque part, j'aurais préféré voir en elle une rivale politique. Mais je ne sais pas, j'étais déçu, quelque part. Déçu de la façon dont j'avais joué avec elle sans réticence réelle de sa part. Peut être que le jeu s'avèrerait plus intéressant à la longue ? Je ne savais pas, j'en doutais. Je ne voulais pas me retrouvé piégé dans des attentes qui ne seraient finalement jamais satisfaites. Je n'avais pas le choix ; j'étais persuadé de l'avoir laissée à l'endroit où elle pourrait faire le moins de dégâts et là où je pourrais la surveiller le plus efficacement possible. Enfin, je l'espérais. Je la testais, aussi. Parce que pour avoir su apporter sa voie au chapitre dans un univers aussi cloisonné que le nôtre relevait pour l'instant, sinon du miracle, au moins l'expression de compétences certaines en matière de charisme et de savoir faire avec les gens. Elle pouvait me servir, si je parvenais à ne pas la laisser se briser. Je ne voulais pas qu'elle parte en fumée. Pas par respect ou par affection pour elle, non, mais tout simplement parce que j'étais convaincu que sous son aspect rebelle, je pourrais en tirer quelque chose. Peut être pas de la loyauté et de la fidélité, mais je pourrais me débrouiller, j'en étais certain. La vampire en tous cas, avait abdiqué sa raison et sa volonté pour se subordonner à la mienne. L'acquiescement n'était même pas implicite ; elle reconnaissait mon ascendant sur elle, de facto. Je savais que je pouvais continuer sur cette voie, aussi lui rendis je son sourire, sourire qui se crispa quelque peu quand elle me fit part de ses doutes concernant Morgane et elles, seules contre tous. Je savais que cela ne suffisait pas, mais elle négligeait le rôle de la Reine et le miens, de plus en plus vus dans les médias humains.
| Je suis satisfait de me rendre compte que ma proposition vous convient. Changer les choses directement, c'est bien n'est ce pas ? Bienvenue dans l'équipe, vous n'êtes plus seule, Belle. Je peux néanmoins vous dire que j'y ai déjà songé. Peut être que la princese Jana pourrait à l'occasion vous donner un coup de main ? Si vous incarnez les vieux vampires, elle elle incarne notre jeunesse et notre modernité. Je vais y réfléchir, cela pourrait s'avérer productif.
Et comme cela, je pourrais la surveiller aussi. Belle se rattrapa relativement bien quand j'interprétais assez librement la plus petite de ses paroles pour la retourner contre elle. Le pouvoir des mots était impressionnants, mais on ne pouvait pas nier que c'était une arme dangereuse. Un mot mal choisi, une tournure de phrases malheureuse, et on ne pourrait rien changer à la tempête médiatique qui se préparerait. J'estimais que la punition de Belle pour son outrecuidance était totale. Elle, la vieille et puissante vampire, serait subordonnée à une vampire plus jeune, et issue de ma propre lignée. Le message était clair, je le compris en voyant son regard.
| Elle partage d'ailleurs votre amour pour les humains, je ne doute pas que vous vous entendrez à ravir. |
Belle avait eu son lot d'humiliations pour ce soir. Je lui déposais un baiser sur la main.
| Ce sera tout. Bonne nuit, Belle. Nous nous reverrons bientôt. |