« La même chose. »

Le lycanthrope poussa le verre vide vers le barman, qui le regarda avec un oeil désapprobateur. Quelle idée de venir prendre un verre ici après le travail. Il ne se sentait pas du tout à sa place, dans ce bar étrange où les vampires se mélangeaient aux humains. Il aurait pu aller à la taverne où il se rendait habituellement pour savourer une bière tranquillement sans déranger personne, mais depuis sa petite rencontre avec Belle, il n'avait pas osé y remettre les pieds, ne voulant pas affronter le regard du barman. C'était donc à la Pomme du Diable qu'il était venu et où il était encore, maintenant à sa cinquième pinte de Guinness. Seul.
Boire seul n'était pas sain, il le savait. Il avait pensé inviter Joshua à venir avec lui, son collègue de travail qu'il appréciait tant, mais il avait juste besoin d'être seul. Même si ça inquiétait tout le monde de le voir œuvrer en silence dans la librairie, se perdre dans ses pensées de plus en plus souvent, tout simplement être absent de tout. Il avait tant de choses importantes à penser... des trucs qui accaparaient son attention encore plus que le travail.
Le grossesse d'Isadora, par exemple. Son silence. Les avances de Mary. Sa rencontre avec Belle, encore. Celle avec Mlle Oppenheimer, qu'il reliait beaucoup avec celle des deux démons dans les bois lors de son entrée (malheureuse) dans la meute. Tout ça l'obsédait et l'empêchait de dormir, creusant de légers cernes grisâtres sur sa peau pâle. Il avait l'air fatigué, le libraire, et ainsi affalé au bar de la Pomme du Diable, entouré de tous ces personnages qui dansaient, il était plus que décalé. Il semblait sorti d'un autre univers, avec ses chics vêtements de travail et son visage couturé de cicatrices.

Le barman posa la bière devant lui et il le remercia d'un hochement de tête, posant la somme que lui coûtait cet alcool sur le comptoir. Une gorgée de la Guinness, savoureuse, avant qu'il ne se retourne vers la piste de danse pour observer les gens qui dansaient. Johan appuya ses bras sur le comptoir, ses yeux bleus sautant de personne en personne. Des jeunes filles, des jeunes hommes, des vampires -il pouvait en sentir l'odeur avec une précision troublante, des humains, pas de lycanthrope. Il était le seul dans la place et il avait l'impression que les vampires se doutaient qu'il n'était pas humain. Pas un seul n'était venu tourner autour de lui pour s'intéresser à sa carotide palpitante ou à la chaleur inhabituelle qu'il exhalait. Johan rajusta sa cravate, puis sa veste, avant de passer la main dans ses cheveu pour en défaire la coiffure sage qu'il devait affecter pour son travail (le domaine difficile du public). Bon. Cette dernière bière et il allait partir. Son appartement n'était pas très loin, avantage de vivre dans ce quartier pas excellemment bien réputé, et même avec cinq bières dans le corps, il allait pouvoir assurer son retour à bicyclette sans problèmes. Être un loup-garou avait ça de bien.
Une chevelure blonde attira son œil. Il avait toujours aimé les blondes (quoiqu'il n'avait rien du tout contre les brunettes, comme le prouvait son affection envers Isadora) et il ne put s'empêcher de sourire en voyant à qui cette chevelure appartenait. Tiens tiens... c'était un bel endroit où se revoir. Johan lança un clin d’œil à Belle, parce que c'était bien elle, qu'il venait de repérer dans le bar. Un clin d’œil, un léger signe de la main pour la saluer. L'aborder ? Peut-être. Peut-être pas.

Il y penserait avec une autre gorgée de bière, tiens.

Je commençais à bien connaître la pomme du diable. Il faut dire que c’était pour sûr le bar le plus fréquenté de Glasgow, surtout par nous autre vampires… Chercher quelqu’un de déjà et vous pouviez être sûr de l’y trouver un jour ou l’autre dans cet emblématique bar. Moi j’y allais pour plusieurs raisons, surtout parce que j’avais du mal à tenir en place, il fallait que je vois du monde, que je récolte des informations. J’avais un peu l’impression d’être hors du jeu, de passer à la trappe. J’avais clairement une baisse de régime et c’était sûrement du aux doutes de William. Il fallait vraiment que je le secoue à celui là, je craignais qu’il fasse marche arrière, Krystel à la main mise trop profondément sur lui. En parallèle me rendre à la pomme du diable me permettait de me changer les idées. Seule je ruminais, je cherchais mainte et mainte façons de parvenir à mes fins, je ressassais tout mes choix, les dernières conversations que j’avais eu, les événements du mariage royal qui avaient eu le don de profondément m’énerver.

Cette nuit, bien plus que les autres nuits je me réveillais avec le besoin de me détendre, de relâcher la pression. J’avais moi aussi mes faiblesses et mon nouveau régime n’était pas pour m’aider. Non il fallait que je me change les idées, que je m’amuse et que j’abandonne ce sérieux qui pouvait trop souvent me caractériser. Voilà pourquoi j’avais décidé de me rendre à la pomme diable, pour réellement décompresser.

Il faisait nuit depuis à peine quelques heures à peine, deux tout au plus. J’arrivais à la pomme du diable. Le bar était déjà bien rempli, je me réjouissais pour William qui savait correctement mener son affaire. J’étais vêtue d’une robe rouge très moulante et peut être un peu trop sexy pour une soirée que j’allais peut-être passer seule. Qu’importe, j’avais envie de me faire plaisir et j’aimais me mettre en valeur et attirer les regards. Ainsi accoutrée je me fondais très bien dans l’ambiance du bar de nuit. Les humains fanatiques de notre race désiraient du grand spectacle, ils pénétraient dans le bar, attirés par le danger et la luxure que nous pouvions représenter.

Je m’approchais du bar et m’assis sur l’un des tabourets haut. Je commandais un cocktail plutôt alcoolisé, j’étais rassasiée et l’idée de consommer une bouteille de Trublood n’était pas pour m’attirer. Je détournais mon regard pour observais la population toujours affluente dans le bar. William n’était pas présent mais je pu reconnaître une personne que je ne m’attendais pas à revoir de si tôt. Je ne l’avais pas repéré et pourtant, maintenant que je le voyais je pouvais sentir son odeur qui parmi cette foule humaine se distinguait étrangement. J’adoptais un grand sourire charmeur et amusé et m’avançais pour m’asseoir à côté de Johan.

« O’more ! Quelle surprise, il semblerait que les bars soient notre lieu de prédilection hein. Qu’est ce qui vous emmène ici ? » Je m’approchais de son oreille et lui chuchotait tout près de façon à ce qu’il puisse sentir mon souffle contre sa peau. « Moi qui vous aviez dit d’éviter les vampires… Le danger vous plait, à moins que ce soit l’idée du challenge ? »

Il n'eut finalement même pas à réfléchir à s'il allait saluer Belle, puisque celle-ci vint à lui.
Dans une robe moulante rouge.
Bon, d'accord, il abdiquait.
Johan répondit au sourire charmeur de Belle par une mimique du même genre, l'observant pendant qu'elle s'installait tout à côté de lui et un peu trop proche de lui, d'ailleurs... quoique ce n'était pas pour lui déplaire. L'alcool qu'il avait ingurgité le rendait déjà moins farouche que ce qu'il était en temps normal, moins sauvage, et son faible pour les jolies femmes n'était jamais bien loin pour lui planter un couteau dans le dos. Un frisson courut le long de son dos en sentant ses lèvres effleurer son oreille. Oh oui, il se rappelait de son avertissement suite à leur première rencontre, mais il avait besoin de dépaysement. Rien de mieux que de venir observer humains et vampires se pervertir alors que lui restait chaste et pur, non ? Non, en effet. Il lui répondit près de son oreille, pour qu'elle puisse bien l'entendre et que lui puisse sentir son parfum léger, ainsi que l'odeur si particulière des vampires :

« C'est une jolie façon de dire les choses... le danger a un goût plutôt savoureux. »

C'était vrai.
Et il ne pouvait décemment pas dire qu'il était venu boire ses émotions, tel un minable des ruelles. Ce n'était pas son genre, même si c'était bel et bien ce qu'il avait fait de sa soirée. Il avait bu ses émotions et fusillé du regard quiconque portait ses yeux sur lui, si ce n'est la jolie vampire qui était maintenant assise à ses côtés. Il rajusta le noeud de sa cravate, laissant ses yeux descendre le long de la gorge de la jeune femme, quel âge pouvait-elle bien avoir en réalité ?, puis se perdre quelques secondes dans le rouge de sa robe. Elle était vraiment dans ses plus beau atours, ce soir. Le lycanthrope cacha sa légère gêne, bien moins présente vu son taux d'alcoolémie, avec une gorgée de sa bière. Comme la première fois, il se dit qu'elle devait attendre quelqu'un, encore plus vu qu'elle était aussi... séduisante. Les femmes comme elle ne restent pas à attendre dans ses bars remplis de gens aux hormones bouillonnantes.
Quoiqu'elle était venue à lui.
À être si près de lui, il pouvait distinctivement séparer son odeur de celle des autres vampires. Maintenant qu'il la connaissait, il savait qui elle était. Et dans sa tête embrumée, dans son corps animal, son odeur inconnue devenait presque séduisante. Autant que ses dents blanches, sa crinière blonde, sa peau pâle et parfaite, sa voix enjôleuse. Ça lui faisait-lui-même garder la voix basse et l'attitude masculine, ainsi que quelques centimètres à peine entre eux.
Johan, voyons, concentre-toi.

« Cette robe vous va à ravir. Pour la concentration, c'était déjà raté, puisqu'il venait de la complimenter avec un sourire légèrement charmeur. C'est toujours divertissant de s'aventurer dans des territoires inconnus. Je viens en simple spectateur et je ne pensais pas trouver de compagnie aussi agréable que la vôtre. »

Un sourire, amical et enjoué. Johan paraissait heureux de me voir. Son visage était détendu et posé, bien loin de la première impression que j’avais eu de lui, celle d’un homme torturé et solitaire. Bien au contraire il semblait faire une pause, il avait l’air d’avoir plus d’assurance et je soupçonnais le verre de bière qu’il tenait entre ses mains de ne pas être étranger à son humeur.
Son adoration pour le danger me remémora les derniers événements de notre rencontre mais également toutes les questions que je me posais sur sa véritable identité. Mais qui était Johan O’More ? Ou plus précisément qu’est ce qu’il était ? Si j’avais des doutes sur la nature de l’homme ce n’était pas le moment d’en débattre, j’avais plutôt envie de me laisser porter par l’ambiance et peut-être le reste allait-il suivre de lui même.

« C’est vrai, le danger est excitant mais essayez de ne pas vous couper d’une quelconque façon sinon ça en serait fini pour vous. »

Une coupure et hop tous les vampires, y compris moi à mes dépends, se jetteraient sur lui. Mais je surveillerais sa maladresse.
Je ponctuais ma phrase d’un rire cristallin, presque enfantin. J’étais consciente du haut de mes 1400 ans que je pouvais presque avoir l’air fragile et vulnérable avec mon apparence juvénile qui devait avoisiner les 24 ans. Je passais une main dans mes cheveux et terminait mon cocktail d’une traite. J’avais peut-être un peu trop pris de plaisir à gouter à l’alcool ces derniers temps mais ça restait exceptionnel. J’hélais le barman qui cette fois n’était pas un frêle humain terrorisé à la vue d’un vampire, et lui commandais une bouteille de TruBlood A+ que j’entrepris de siroter avec une paille.

J’hochais de la tête au compliment de Johan et rapprochais mon visage du sien tout en levant ma bouteille de Trublood.

« Alors trinquons parce que vous n’êtes pas mal ton plus mon cher ! »

Un nouvel éclat de rire sortit de ma bouche, j’étais d’une humeur radieuse et la venue de Johan l’expliquait bien, ça me changeait les idées et me reposait comme je le pensais, bien que j’étais incapable de faire abstraction de toutes les questions que je me posais à son sujet.
Je l’écoutais attentivement m’expliquer qu’il venait ici en simple spectateur, pour voir les humains se mélanger aux vampires en connaissance de cause et en toute impunité. Moi aussi ça m’étonnait encore, il y a quelques siècles je n’aurais jamais pu ne serait-ce qu’imaginer une évolution pareille et pourtant… Je ne pouvais m’empêcher de me demander si c’était une bonne chose, notre révélation aux yeux de tous. Je sentais notre race entière en danger. Les humains restaient inoffensifs et je n’avais pas eu de mal à me lier à certains d’entre eux mais maintenant qu’ils savaient la vérité, la montée en puissance des mouvements contestataires pouvait constituer un véritable danger pour les vampires.

« J’aime aussi à regarder ce qui se passe ici. Que pensez vous de ces mélanges entre les humains, dont vous représentez fidèlement la catégorie et des vampires ? »

J’appuyais sur le fait que le jugeais comme un être humain même si au fond de moi ce n’était en aucun cas ce que je pensais. J’attendais seulement de voir sa réaction et j’étais également curieuse de connaître son avis. Il était intelligent, je le sentais et je souhaitais entrer dans le vif du débat avec lui et peut-être parvenir à mes fins par la même occasion. Malheureusement je ne pensais pas qu’il allait se livrer si facilement, peut-être avec un peu plus d’alcool ingurgité ?

« Prenons un verre ensemble ! En l'honneur de cette soirée. »

Non je n'essayais pas de le manipuler, j'aurai pu l'hypnotiser pour peu que j'y arrive mais je le respectais suffisamment pour ne pas faire une chose pareille, je lui étais redevable de son comportement il y a quelques jours, et je commençais à l'apprécier. Certes j'espérais découvrir son petit secret, mais j'essayais aussi qu'il passe du bon temps en ma compagnie, qu'il me voit comme un vampire mais aussi comme une vraie personne.

Il ne put que rire avec elle lorsqu'elle lui parla que s'il se coupait, il était fini. Il en avait bien conscience, difficile d'oublier ce qui était arrivé la dernière fois qu'il avait fait preuve d'un peu trop de maladresse, mais il n'allait pas s'arrêter de vivre pour si peu. Pour une coupure qui ne viendrait peut-être pas, pour des gestes auxquels il ne pensait pas encore, pour ce rire cristallin dont elle lui faisait la grâce. Elle était vraiment belle, ce soir, la vampire, et portait fort bien son nom. Il leva son verre pour trinquer avec elle, les joues roses. Le Trublood qui se frappe contre la bière, quelques gouttes d'alcool volant sur le comptoir, d'autres de sang factice, leurs rires conjugués comme une musique étrange dans ce bar.
Ce soir, il faisait des jaloux.
Sa question le plongea dans la réflexion. Ce qu'il pensait des mélanges entre humains et vampires ? Il ne put s'empêcher de noter le fait qu'elle l'entre dans la catégorie des humains, bien qu'il n'y avait plus sa place depuis une petite dizaine d'années désormais, mais il ne le releva pas autrement que par un léger haussement de sourcils. Elle devait avoir dit cela à dessein... peu importe. L'homme laissa ses yeux fixer le vide, tomber sur les corps des danseurs dans la boîte de nuit, effleurer la courbe de la croupe d'une rouquine incendiaire, se frapper à des crocs acérés qui effleuraient une gorge offerte d'un peu trop près. Il voulait trouver les mots appropriés pour exprimer sa pensée face à tout ce qui arrivait depuis trop peu de temps entre les vampires et les humains, cette révélation choc.

Pas le temps de répondre qu'elle le sommait de prendre un verre avec elle.
Comment refuser ?
Incapable de résister à une demande aussi enthousiaste, le lycanthrope acquiesça de la tête, déposant sa pinte de bière sur le comptoir.

« Prenez ce qui vous plaît, c'est moi qui paie. Un whisky pour moi. »

Mélanger des alcools ? Ce n'était pas recommandé. Et boire de l'alcool fort non plus. Mais un verre était un verre et ça allait lui faire du bien, de réveiller ses papilles un tantinet... Le serveur attendit la commande de la blonde avant de repartir plus loin pour préparer leurs verres. Cela permit d'ailleurs à Johan de mettre les mots sur sa pensée, le faisant revenir au sujet du mélange vampires et humains :

« Je suis favorable à l'intégration des vampires dans la société, enfin, a priori. On me dit que j'ai peut-être tendance à trop faire confiance à tout cela... Par contre, j'ai l'impression que tout va trop vite. On brûle un peu la chandelle par les deux bouts, dans toute cette histoire, et c'est pour cela qu'on se retrouve avec de violents groupes d'extrémistes religieux. Ils ont leurs convictions et la rapidité avec laquelle les vampires se sont imposés au grand jour ne fait que les bousculer encore plus. Il fronça les sourcils, revenant au plancher de danse. Je pense aussi que les humains ne comprennent pas réellement les vampires, ni tout ce que leur révélation implique. On dirait des enfants avec un nouvel animal de compagnie, ou en visite dans une fête foraine, quelque chose comme cela. »

Que de conversation sérieuse dans un tel endroit et avec autant d'alcool dans le nez ! C'est qu'il se faisait bien bavard, le O'More... habituellement, outre Joshua, il n'avait personne à qui parler de ses pensées face aux vampires, donc il en profitait, surtout que la demoiselle était concernée par ses propos. Il ne voulait pas avoir l'air d'un vieux moralisateur, par contre, qui bavarde éthique quand c'était le temps de s'amuser. Sans doute pour cela qu'il but dans sa bière désormais presque terminée, coupant ainsi dans son monologue d'explication. Il laissa sa main redescendre, effleurer le corps de Belle, et haussa les épaules. Il se rapprocha d'elle pour continuer à parler, ne se rendant pas compte que cette proximité physique pouvait être troublante :

« Et vous ? Favorable, défavorable, neutre ? Quoiqu'à vous voir ici, vous ne devez pas être contre tous ces mélanges, dans une certaine mesure. »

L’ambiance était bonne enfant mêlant nos éclats de rire à la musique qui raisonnait dans l’ensemble de la pomme du diable. Je hélais le serveur et commandais le whisky pour Johan alors que j’optais pour un nouveau cocktail, à base de Tequila. Le serveur s’activa derrière le bar et nous servit plutôt rapidement nos commandes.
Je portais le verre au liquide coloré à mes lèvres et bus quelques gorgées avant de le reposer sur le comptoir. Je dirigeais mon regard vers Johan, croisant mes jambes et appuyant ma tête dans ma main. J’écoutais ce qu’il avait à me dire, la réponse à la question que je lui avais posé quelques instants plus tôt, avant que nos verres nous furent servis. Sa réponse était intelligente, construite. Un avis plutôt bien étudié et pas très catégorique. Je souriais. Oui on brulait un peu la chandelle par les deux bouts, il avait entièrement raison. Mais le roi en avait voulu ainsi, n’en faisant qu’à sa tête sans même consulter l’avis des autres vampires. C’est vrai d’une certaine façon la révélation s’était bien passée mais l’homme change si vite d’avis. Les mouvements religieux à l’encontre de notre race étaient la preuve en image des risques que nous encourions à nous révéler au grand jour. Enfin … ne pas avoir à se cacher à un côté assez reposant, mais à quel prix ?
J’acquiesçais de la tête à ses paroles.

« Si seulement vous saviez ce qui se cache derrière tout ça vous seriez sans doute bien surpris. Mais vous avez raison ça va un peu trop vite mais comment faire pour ne pas choquer l’espèce humaine ? Vous qui êtes humain vous voyez cela rationnellement mais les groupes s’emportent si vite … Je soupirai je ne voulais pas penser au futur, à ce qui pouvait arriver. Je riais à sa dernière phrase. Un animal de compagnie indomptable cela dit ! Mais c’est très bien illustré. Regardez tout ces humains ici et là sur la piste, ils viennent nous observer, nous étudier, ça les excite … »

J’avais dis ces derniers mots dans un murmure, fixant Johan quitte à le mettre mal à l’aise. Même si j’appuyais sur le qualificatif humain je désignais le groupement d’homme comme autre que nous deux. Plus je réfléchissais et plus j’étais convaincue que Johan n’était pas un être humain.

« Enfin on peut dire que je partage plus ou moins votre avis, à vrai dire je ne sais plus vraiment quoi penser. Maintenant que c’est fait on n’a plus qu’à attendre la suite des événements, en espérant que le pire n’arrive pas. Sinon je ne suis pas contre ces « mélanges » j’ai toujours apprécié l’espèce humaine, de manières différentes selon les époques. »

Je riais, à une époque j’avais apprécié bien plus le sang qui coule dans le corps des humains plutôt que leur mode de vie ou leur esprit, avec le temps je m’étais attachée à l’espèce, les étudiants comme un véritable scientifique sans pour autant cessé de m’abreuver de mon objet d’étude. Maintenant j’avais fais le choix de ne plus me nourrir d’eux, du moins le moins possible. La grande révélation n’était peut être pas étrange à mon choix soudain.

Je sentis la main de Johan sur ma jambe alors qu’il se rapprochait pour me parler, j’avançais mon visage à mon tour et posais ma main sur son épaule. Nos visages ne devaient être séparés que par une dizaine de centimètre à peine. Je lui murmurais :

« Selon vous … quelle sera la prochaine espèce à faire sa grande révélation aux yeux de tous ? »

Mon regard fixait toujours le sien, se voulant envoutant. Je laissais ma main près de son épaule et posais l’autre tout contre sa cuisse.

Tout ce que disait Belle était bien nébuleux et ne faisait que secouer les pensées de Johan, qui se rendait que la révélation avait beau avoir eu lieu, les humains ne savaient rien du tout des vampires. Ils n'étaient que des marionnettes, en quelque sorte... que faire contre des êtres immortels et surpuissants ? Vu sous cet angle... ça devenait encore plus glauque que ce que ça pouvait déjà être. Et puis, sa façon de l'entrer dans la catégorie des humains le troublait. Le gênait. Il était un imposteur, il le savait, mais à chaque fois qu'il s'excluait de cette catégorie dans ses paroles, qu'il la corrigeait, il ne faisait que confirmer l'idée qu'il était différent.
Comment être autre chose que gêné, de toute façon, devant une femme aussi jolie qui vous regardait de façon aussi intense ?
Il fit un léger signe positif de la tête en l'écoutant, trouvant également son avis construit et intéressant. Elle avait probablement traversé plusieurs époques et avait vu les humains évoluer, les moeurs... elle parlait en connaissance de cause, tout simplement. Le rapprochement de la blonde sa personne ne lui échappa pas, mais il ne fit rien pour s'y soustraire. Bien fou aurait-il été de le faire, de toute façon ! Il avait bu trop d'alcool pour penser à s'en écarter. Il était célibataire et n'avait pas de comptes à rendre à personne, puisque la seule femme qui l'intéressait le repoussait avec force. Donc, il faisait ce qu'il voulait, tout simplement.

Sa main glissa sur la cuisse de la jeune femme. Plus fermement, plus grandement. Elle avait la peau froide, il pouvait le sentir même au-travers de sa robe. Elle devait se réchauffer au contact de son corps brûlant, à la température trop élevée, sentir le vagues de chaleur qui émanaient de lui.

« Comment ne pas être excité ? C'est si nouveau, si... dangereux. Je ne suis pas le seul à aimer jouer avec le feu... »

Une réplique murmurée, aguicheuse à sa façon.
Il jouait avec le feu. Il se laissait aller à ce qu'il avait déjà été. Il oubliait son visage parcouru de cicatrices, ses mains striées de marques blanchâtres, Isadora, Mary, la meute, tout ce qui tournait dans sa tête. Il ne voyait que les yeux de la jeune femme, ses yeux hypnotisants, ne sentait que son souffle sur son visage. Il prit une gorgée de son verre de whisky

« Je pensais aux fées des bois. Il éclata franchement de rire, avant de redevenir sérieux. Si d'autres espèces il y a réellement, je crois que celles-ci seront très prudentes avant de penser à se dévoiler comme l'ont fait les vampires. Les humains seraient surpris de voir à quel point leur monde est un mensonge. »

Il s'excluait, s'incluait, laissait ses doigts caresser la cuisse de Belle, qui se réchauffait sous son contact, ne disait rien sur sa nature qui se faisait tranquille ce soir, amortie par l'alcool. Pas de sang à l'horizon, de toute façon, même si l'attrait de la chasse à la demoiselle échauffait tout de même son loup. Il sourit, un peu, légèrement, laissant brièvement ses prunelles descendre sur les lèvres de la vampire avant de retourner à ses yeux. Penser à cela était mal. Il ne devait pas laisser son esprit divaguer trop longtemps. Et dans l'idéal, il devrait arrêter de boire, surtout de l'alcool fort.

C’était bien ma veine. Non ma journée ne pouvait pas être pire qu’elle ne l’avait été. Ce n’était pas possible, l’univers ne me détestait pas à ce point quand même ? Cela avait commencé dès le réveil. Mon nouveau voisin n’avait pas été averti de la finesse des murs et bien sûr, ce dernier s’était décidé à huit heures du matin de percer pour installer une étagère. Résultat des courses ? Il y avait un jour de la taille d’un poing entre son salon et le mien, et bien entendu, mon canapé n’avait pas apprécié tous les gravas qui étaient tombés sur lui. Certes Monsieur pas doué avait promis de tout remettre en ordre de sa poche. Aimant trop mon intimité, j’avais pris des affaires et m’étais décidée à temporairement habiter dans la maison que Nathanaël avait acheté pour ses loups. Je savais qu’elle était aminée, mais je préférais encore vivre avec mes congénères qu’avec mon nouveau voisin certes charmant, et plutôt bel homme, mais un peu trop curieux. Bien entendu, il m’avait fallût faire un grand ménage dans la pièce que j’avais emprunté, mais aussi dans les pièces communes. Les hommes ne savent décidément pas se servir d’un balai ou de produits ménagers. Ou si, mais ils attendaient que quelqu’un d’autre le fasse à leur place. Pendant la remise à « neuf » de la maison, j’étais tombée sur ma Lupa qui « s’occupait » avec un des loups présents. Berk. Imaginez ma gène et le dégout que je pouvais ressentir à avoir été spectatrice de quelques secondes de cette scène. Bouarrr, je n’irais plus jamais dans cette salle de bain. S’il n’y avait eu encore que ça…

Deux humains s’étaient pointés chez nous. Perdus. Je venais tout juste de finir, et de m’asseoir que l’on vint me chercher pour m’occuper d’eux et leur expliquer pourquoi ils y avaient autant d’hommes nus mais également des loups présents ^^’. Je peux vous garantir que ce n’est pas des plus facile. Je nous fis passer pour des descendants indiens qui n’aimaient pas les entraves à leur nature, et qui travaillaient avec une association de protection des loups d’Ecosse. Je ne suis pas sûre qu’ils m’aient totalement crûs, mais j’avais fait du mieux que je pouvais. Et lorsqu’ils voulurent poser des questions, je leur fis comprendre que c’était une propriété privée et que nous pouvions leur attenter un procès. Après cela, il m’avait fallût, bien entendu, les ramener en ville. Hors de question qu’ils entrent dans la maison et vu qu’aucun des loups ne voulaient s’y coller… On en profita pour me donner une liste de courses immondes, sans doute sous les ordres de Mary. Bien sûr, comme si s’était écrit boniche sur mon front ! J’étais en colère, cependant avais-je le choix ? Non. Il me fallait quand même participer un peu à la vie de la meute, et faire quelques tâches, à défaut de ne pas verser d’argent.

J’avais ainsi fait la navette Glasgow, maison des lycanthropes deux fois dans une seule et même journée. Je m’étais également occupée du déjeuner et du diner, n’ayant pas spécialement envie de manger un steack cru avec ce qui ressemblait vaguement à de la purée beaucoup trop liquide. Je me notais à moi-même de prévoir des plats à congeler pour éviter qu’un membre de la meute ne fasse une allergie alimentaire. J’avais dû, bien entendu, partager mon repas avec Mary qui m’ignora complètement, incitant tous les autres loups à en faire de même. Grand Dieu, quand est-ce que cette dernière grandirait ? Je me le demandais bien. Une fois que nous eûmes fini et que j’ai forcé les hommes à faire la vaisselle – faut pas non plus pousser ! – je regagnais ma chambre pour lire. Enfin c’était ce que je comptais faire avant que l’on ne vienne toquer à ma porte. Un jeune voulait sortir en ville et bien entendu, personne ne voulait le conduire et j’étais « son dernier espoir ». Je comptais lui dire que non lorsque notre chef passa par là et lui affirma que j’allais jouer au taxi. Génial, oui la journée ne pouvait pas être pire.

Et pourtant. Je roulais quelques kilomètres après l’avoir déposé, avant que le moteur de ma voiture ne vienne lâcher un flot de fumée. Pour m’enfoncer un peu plus, je ne captais pas et en plus j’étais dans le quartier vampire. Génial GENIAL ! Je frappais quelques coups sur mon volant, sachant que cela ne changerait absolument rien, avant de me résoudre à entre dans une de ses boites à mort pour y trouver un téléphone et appeler un dépanneur. Si j’avais su, je n’aurais pas choisi le lieu où l’enseigne était la plus lumineuse, me disant qu’il y aurait plus d’humains que de suceurs de sang. Je ne m’attendais pas à y sentir une odeur très familière. Je ne m’attendais pas non plus à voir la source de cette odeur penchait et être TRES proche d’une femme en non-vie, qui attirait l’attention de plus d’un. Non c’était vraiment la goute de trop de cette journée. Je ne sais pas trop comment j’en suis arrivée là, mais je me vis prendre un verre d’alcool sur un plateau et le jeter, avec son contenu sur la blondasse. Puis je mis une claque magistrale à son « compagnon » avant de me mettre à beugler :

♪ Tu devrais avoir honte ! Comment peux-tu te fourvoyer avec un cadavre ! Faut être complètement nécro pour accepter qu’une telle espèce puisse nous toucher ! Et vous, n'avez-vous franchement pas envie de retourner dans votre tombe et de faire en sorte que votre existence monstrueuse ne soit plus qu'un mauvais souvenir? ♪

Oui je suis contre les vampires, et ma haine est devenue très forte après que les récits des miens sur leur acte envers notre communauté. Ils avaient torturé les notre. Ils avaient voulu exterminer notre espèce de la surface de la terre. Ils avaient tué des nourrissons, de jeunes enfants, des femmes enceintes pour éradiquer les lycanthropes et crurent y être parvenus. Une dizaine, une toute petite dizaine des nôtres avaient survécus. C’était à cause d’eux que nous devions nous cacher et lutter pour notre survie. Mais bien entendu Monsieur O’More avait décidé de le fréquenter, en plus une qui, cela ne faisait aucun doute pour moi, était une aberration depuis plusieurs siècle. Comment je le sais ? Parce que je la ressens comme une prédatrice et que ma louve s’agite en moi. Et très peu de nocturnes me faisaient cet effet, très peu. Je n’avais pas pu me retenir. Seulement j’en avais oublié le fait que nous étions dans un lieu hautement vampirique, et que j’étais on ne peut plus enceinte. Les conversations s’étaient toutes tues et l’on me foudroyait. Je vis quelques silhouettes cadavre-ambulant bouger, ce qui me fit me sentir encore plus oppresser, et donc encore plus dangereuses. Mettez plusieurs prédateurs dans une cage et soyez certains qu’ils vont s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’y en reste plus qu’un seul, le plus fort bien sur…

Je voyais bien que mon charme opérait sur Johan. C’est vrai ma nature de vampire n’y était pas pour des moindre. J’y allais doucement par palier. L’approche était peut être horrible, pas très morale mais je ne me forçais pas, au fond ça me plaisait vraiment de séduire Johan. C’était très attirant de ne pas savoir à qui j’avais à faire.
Je sentis sa main sur ma cuisse, en effet il n’était pas insensible. Je souriais, amusée et conquise. Sa peau était si chaude, brulante. Je trouvais celle des humains toujours chaude, si pleine de vie mais là c’était différent, j’avais presque l’impression qu’il me transmettait sa chaleur, il irradiait totalement. C’était si agréable. Je posais ma main sur la sienne. Est ce qu’elle serait alors moins glacée. Je plongeais mon regard dans les yeux de Johan, lui faisant comprendre que j’appréciais ce contact, ce contact qui avait pour moi quelque chose de nouveau.
Je lui murmurais en réponse à ses paroles.

« J’aime aussi beaucoup jouer avec le feu, un jour je finirai par me bruler… »

Peut être en questionnant trop Johan ? Ou alors je me brulerais à force de tenter le diable en m’opposant farouchement contre le roi.
Ce qui était bien avec Johan c’est que je n’avais pas le temps de me replonger dans mes souvenirs, de divaguer dans mes pensées les plus sombres. Tout ce qu’il me disait me faisait sortir de mes rêveries, parce qu’il était intéressant et drôle. Tellement drôle que j’éclatais de rire. Il avait un peu bu il fallait dire et il était tellement amusant comme ça. Des fées des bois, qui sait ça existait peut être, moi même je n’étais pas sûre de connaître tout de cette terre.
Je prenais un air apeuré pour m'amuser.

« Des fées des bois ? Vous croyez qu’elles se cachent dans les grandes forêts du pays ? »

Je riais, Johan avait raison, s’il existait d’autres espèces elles n’étaient pas prêtes à se dévoiler au grand jour. Il suffisait de voir le résultat avec la révélation des vampires, des attaques en tout genre, des tentatives d’attentat, vraiment c’était pitoyable.

« Oui vous avez raison Johan … »

Parlait-il en connaissance de cause ? Nous nous regardions, le charme et l’attirance faisaient honneur à la soirée. Si tout les éléments laissaient présager un rapprochement ce n’en fut pourtant pas le cas puisque je reçus un verre en plein figure. Charmant cadeau. Le verre éclata contre ma peau blanche et quelques goutes de sang perlèrent sur mon visage jusqu’à ce que la blessure se referme d’elle même. De l’alcool avait coulé sur ma robe la tachant au passage. Je me retournais subitement alors que j’entendais les cris d’une brune, une vraie furie visiblement. Elle pointant du doigt Johan en portant de violentes accusations, accusations qui se portaient directement à ma personne. Elle s’adressa même à moi me déclenchant un rire jaune.

« Je peux savoir qui vous êtes pour vous permettre de me traiter de tous les noms ? »

Peut être la petite amie de Johan, du moins elle se comportait comme tel. Si c’était le cas je comprenais sa réaction mais Johan n’avait jamais évoqué une quelconque relation. Peut importe qui elle était elle allait se calmer.
Son intervention avait fait cesser toutes les discussions, de nombreux vampires s’étaient tournés vers « l’humaine ». Qui était cette mortelle qui se permettait d’agresser l’une des leurs ?
Plus alarmant encore pour la jeune femme je pouvais sentir la délicieuse odeur de son sang, une odeur particulière, atypique, comme celle de Johan. J’aperçus un vampire dont les cors s’étiraient le long de ses lèvres.
Je me levais et me dirigeais vers elle en l’empoignant d’une main ferme et lui murmurais sèchement.

« A moins d’être suicidaire je vous conseille vivement de vous calmer. Je ne suis pas une tueuse mais je ne pourrais pas vous défendre si deux ou trois vampires s’en prennent à vous. Et puis… je ne crois pas que les accès de colères soient conseillés chez une femme ENCEINTE. Je pense qu’on devrait continuer cette « discussion » à l’extérieur, non ? »

J’avais remarqué qu’elle était enceinte, la grossesse semblait bien entamer et je sentais son bébé, la vie en elle. Le bébé avait aussi cette odeur particulière. Se tenaient sous mes yeux deux spécimens, j’en étais sûre… Le seul moyen de vérifier serait de la blesser, voir si son sang me faisait le même effet, Johan serait capable de m’arrêter à nouveau mais ce n’était vraiment pas prudent. Non je ne ferais pas de mal à une femme enceinte, c’était monstrueux. La question méritait tout de même réflexion.
Je lançais un regard à Johan, le pauvre il avait déjà bien bu et il ne devait pas savoir ou se mettre. Dire que cette soirée avait bien commencé…

Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire non. Aucun d’entre eux ne savaient qui j’étais. Je ne suis pas une proie comme il le pense, mais une prédatrice qui se faisait violence pour ne pas devenir un loup à part entière. Cette femme, cet cadavre ambulant pensait sans doute qu’elle était beaucoup plus forte qu’une femme frêle et enceinte ? Elle se trompait. Je n’étais certes pas une aussi bonne guerrière que Mary ou Nathanaël, mais j’avais appris avec ce dernier. Je pouvais résister à des mâles dominants, alors franchement cette vampire ne me faisait pas peur. Surtout dans l’état de colère que j’étais, je n’en avais rien à faire de la prudence. Je n’avais pas grand-chose à perdre de toute façon. Ma fille était loin de moi, j’étais la rejetée de ma meute, ma reine voulait ma tête et Johan… Johan préférait se la jouer nécrophile plutôt que de réparer ses erreurs. Il m’avait laissé tomber au moment où j’avais le plus besoin de lui. Je le détestais oui, sentiment du aussi au fait qu’il venait de se montrer très proche de cette blondasse de pacotille. Si je n’étais pas arrivée que ce serait-il passé ? Sans doute l’aurait-il amené chez lui et aurait partagé sa couche ? Oui ça ne faisait pas de doute, comme le fait qu’il se serait laissé boire par elle. Cette idée me révulsée autant que ma main de la sans-vie sur moi. Je la rejetais, m’extirpant violemment de ses griffes de vipère. Ma chair était marquée mais je ne ressentais aucune douleur. Juste une colère immonde qui voulait exploser. Je la repoussais de mes mains contre ses épaules. Pour lui faire comprendre, pour leur faire comprendre à tous que moi aussi j’étais forte, plus que je ne le montrais. Je ne pensais plus à couvrir ma couverture. Je ne pensais qu’à déchiqueter sa chair entre mes crocs. Je fis craquer mon cou, sans même m’en rendre compte, dans une attitude on ne peut plus agressive. J’allais la bouffer. Un sourire malsain orna alors mes lèvres alors que je lui dis, venant du plus profond de mon être de lycanthrope

♪ Vous n’auriez jamais du me toucher. S’il y a bien une chose que je ne supporte pas c’est qu’un cadavre ose se prendre pour mon égal. Vous n’êtes qu’une espèce faible qui vit aux dépends d’une autre. Vous êtes voués à être détruit, plus tôt que vous ne le pensez d’ailleurs. N’êtes-vous-même pas capable de reconnaitre un prédateur lorsqu’il se présente devant vous. Seules les apparences comptent et nous avons très bien qu’elles sont forts trompeuses ♪

Je m’en fichais de savoir que l’on se rapprochait de nous, des vampires retenus par leur humain si faible leur implorant de ne pas faire de mal à une femme enceinte. Je n’avais d’œil ou plutôt de crocs que pour cette blondasse qui avait encore un peu de sang sur le haut de sa robe. Je ne l’aurais jamais cru mais ce dernier semblait on ne peut plus attirant. Je voulais le gouter. Je voulais refermer ma gueule autour de son corps et la dévorer vivant, jusqu’à atteindre son cœur et l’achever. Alors seulement là je serais apaisée. Je voulais voir ce cadavre dans une tombe. Non je n’étais plus moi-même, c’était ma louve qui avait pris le dessus. J’avais déjà un caractère bien trempée et lorsque je la laissais prendre le dessus, mon caractère était encore plus exacerbé. J’avais perdu pied en la laissant se nourrir de ma colère. C’était dangereux pour elle. C’était dangereux pour moi. En temps normal je m’accroche à l’odeur de la terre, de la forêt, de la nature pour me calmer et m’empêcher de muter. Là aucune n’était présente dans ce lieu de débauche. Enfin si il y en avait une, une alcoolisée, mais une quand même, et elle force ma nature humaine à reprendre un peu le dessus. Mon cœur bat très fort, comme lorsque je m’apprête à devenir un loup. J’essaye de le calmer mais tout m’est hostile, même la présente du loup. J’ai l’impression d’étouffer, que je vais suffoquer. Je me mets tout à coup à courir vers la sortie envoyant valser un cadavre qui voulait m’empêcher d’aller prendre l’air. Ma soif de sang reste cependant trop grande, alors je fais la seule chose possible pour ne pas muter. J’enfonce mes dents dans mon avant droit et bois mon propre sang. Je détestais cette pratique. Je la haïssais plus que tout parce qu’elle me rapprochait de ses êtres immondes. Seulement c’était soit ça, ça me transformer et cette solution étant pire que la première… Qu’est-ce que j’avais fait au Seigneur pour qu’il m’inflige tout ceci ? Qu’avais-je fais pour être autant maudite ?

Ils auraient pu se rapprocher.
Tout était en place pour cela. Belle avait un charme naturel qui se dégageait d'elle, sans doute à cause de sa nature vampirique, et ce charme ne laissait pas le lycanthrope indifférent, chose qu'il savait depuis leur première rencontre. Il pouvait sentir sa peau glaciale prendre couleur et chaleur quand il la touchait, tout le corps de la jeune femme se détendre quand il lassait sa main caresser la sienne. Son esprit ne pensait pas à Isadora et à sa grossesse étrange, ni à la meute. À rien d'important, juste au grain de la peau de Belle. Il y avait quelque chose, oui.
Avait était le moment approprié dans ce moment, cela dit.
Il eut à peine le temps de reconnaître l'odeur d'Isadora dans la Pomme du Diable, ce parfum animal qu'il reconnaîtrait entre mille, que Belle reçut carrément un verre, contenant et contenu, au visage, et qu'il se prit une gifle monumentale. Damnée soit cette force surnaturelle que les loups-garous avaient, puisqu'en ce moment, un peu plus fort et la jeune femme lui aurait carrément flingué la pommette. L'oeil surpris, et oui peut-être un peu mauvais, il écouta la brune lui hurler dessus qu'il se fourvoyait (quel terme poli) avec un vampire, qu'il était nécrophile (carrément) et que la blonde ferait mieux de les laisser tranquille en retournant dans sa tombe. Une vague d'incompréhension et de colère l'envahit. Cette femme était d'une imprudence impossible : faire un discours contre les vampires dans un tel endroit était dangereux, bien plus que ce que tout le monde pouvait envisager, et il se devait d'arrêter ça. Johan posa sa main sur le bras d'Isadora et se pencha pour lui dire, encore raisonnable et en contrôle de lui-même malgré la situation qui lui avait filé des doigts :

« Isadora, arrête, ce n'est pas la place pour faire une scène. »

Peine perdue. La réponse de Belle, aussi sensée que la sienne, n'avait fait qu'exacerber la colère de la louve, dont l'oeil brillait de haine. Merde. Merde, merde et encore merde. Ça devenait dangereux. Le lycan leva sa tête et vit plusieurs vampires tourner la tête et observer la petite scène qui se déroulait si près d'eux. Que sentaient-ils ? Leurs sangs, à Isadora et lui, si attirants ? Celui de Belle qui avait coulé ? Ou percevaient-ils le coeur battant de cet enfant qui grandissait dans le ventre de la jeune femme qui se déchaînait ? Johan montra les crocs et gronda à l'adresse d'un vampire qui faisait mine de se rapprocher d'eux.
Brusquement, Isadora tourna les talons et courut vers la sortie. Oh ho. Il savait ce que ça voulait dire. Johan laissa Belle en plan, avec à peine un « Ne sortez pas » autoritaire, et suivit la louve à l'extérieur, attrapant sa veste de cuir au passage. Il arriva derrière et perçut très distinctement l'odeur de son sang. Son sang.

Le sang.

Le loup ferma la porte de la Pomme du Diable derrière lui et, sans expliquer comment ou pourquoi, il arracha la poignée de la porte. Il ne fallait pas qu'ils sortent. Pas qu'ils sentent le sang d'Isadora et deviennent aussi fou que Belle lors de leur dernière rencontre. Il avait été capable de maîtriser une vampire, au péril de son propre calme, mais il ne pourrait en maîtriser dix, vingt, sous forme humaine, accompagné d'une femme enceinte. Puissante, certes, mais enceinte. Le blond jeta la poignée au sol et alla se placer devant Isadora, l'emmenant plus loin de l'entrée de la boîte de nuit. Cette fois, en plus de son incompréhension de voir la brune débarquer ici et de sa colère de se voit considéré comme un enfant désobéissant, c'était de l'angoisse qui avait pris place dans son coeur.

Il ne faut pas qu'Isadora se transforme.

« Calme-toi, ce n'est pas le temps que tu te transformes, surtout pas ici... Ses yeux se fixent sur son bras, volontairement blessé. ... et il ne faut pas qu'ils sentent ton sang. Détends-toi, respire... je suis là, calme-toi. Mais qu'est-ce qui t'as pris... »

Sa voix, au début conciliante et paisible, avait pris une teinte fâchée vers sa dernière phrase. Ses yeux faisaient, avec peur, le chemin entre Isadora et la porte de la boîte de nuit. Belle était apparemment pas une tueuse, mais pour l'avoir vécu, il suffisait d'un peu de sang surnaturel pour que tout change. Lui-même sentait son loup s'agiter face à cette blessure, ainsi que face à Isadora il devait l'avouer (la bête l'appréciait autant que l'homme, malgré tout ce qui était arrivé). Tout cela allait extrêmement mal se finir.

Le sang qui coulait dans ma bouche apaisa immédiatement l’animal qui se mouvait en moi. Ce n’était pas ce qu’il voulait, mais cela lui suffisait tout de même. A mesure que mes dents s’enfonçaient dans ma chair, mon côté humain reprenait le dessus, encore plus en colère qu’il ne l’avait été précédemment. Tout ça était de sa faute à lui. Pourquoi devait-il toujours me compliquer la vie ? N’en avait-il déjà pas assez fait ? J’avais tout perdu par sa faute, tout. Je n’avais plus de travail, ma fille refusait de me parler et ma Lupa était de nouveau sur mon dos. Avant qu’il ne rentre dans ma vie, cette dernière n’était certes pas existante et n’avait pas la moindre saveur, mais cette vie me plaisait et me manquait. Dès lors que les monstres ne seraient plus dans mon ventre, je quitterais l’Ecosse, c’était décidé. J’avais quelques contacts avec les Ulfrics aux Etats-unis. J’intègrerais leur meute, et je me rapprocherais de mon enfant. Et plus jamais je ne voudrais entendre parler de cette maudite Ecosse qui m’avait tout volé. Peu importe la promesse que j’avais faite. J’en avais assez et ce soir avait été la goute d’eau.

Il sortit à ma suite, et vint me trouver. Je ne voulais pas lui parler. Je ne voulais même plus le voir. Il me somma de me calmer et que ce n’était point le moment de me transformer. Ne le savais-je pas ? A son avis pourquoi étais-je sortie ? Pourquoi étais-je en train de me mutiler ? Sa préoccupation était à mon sens mal placé. Je me reculais, laissant une distance entre nous. Je finis par lécher ma plaie, pour que cette dernière cicatrise plus vite, et dès lors que mes yeux se posèrent sur mon bras, je constatais qu’un gros bleu l’ornait. Jurant, je sortais ensuite un canif de ma poche et entailla les deux jambes de mon jean, de telle manière à ce que ce dernier ne soit plus qu’un short. Génial ! Maintenant je me sentais à poil. Si j’étais du genre pas pudique avec les miens, je l’étais énormément en société humaine. Mais je n’avais pas le choix. Je me fis un bandage sommaire avec le tissu, puis jetais plus loin ce dont je n’avais pas eu besoin. Jurant une nouvelle fois, je finis par me retourner vers le loup, après m’être assurée qu’aucune hémoglobine m’avait touché le sol ou le reste de mes vêtements. Pointant un doigt vers Johan, je me mis à lui crier dessus

♪ MOI je sais me contrôler toute seule ! Tu sais quoi? Retournes voir ta pét#sse de blondasse ! Amène la donc chez toi et laisse la faire de toi son repas vu que ce n’est que ce que tu souhaites. Bafoues donc tes frères par la même occasion et ta sœur, tu sais CELLE ne t’a pas rejeté lorsque tout le monde le faisait ! Mais vas-y Johan, te ne gêne pas ! Mais ne compte plus sur moi pour t’aider, j’en ai assez fait, j’ai assez donné ! Oh mais d’ailleurs la voilà qui arrive. Tu n’as plus besoin d’aller la chercher. ♪

J’étais en colère contre lui. Il trahissait les siens, il me trahissait moi ! Et c’était on ne peut plus douloureux. Je lui en voulais. Tout était de sa faute en cet instant. Sa faute et celle de cette vampire qu’il avait envie de se taper. Lorsqu’elle fut de nouveau visible dans cette ruelle je lui adressais un regard on ne peut plus mauvais. De nouveau je me sentais en danger, et ma louve grognait en moi. La déchiqueter, la mordre, la tuer. C’était tout ce dont j’avais envie. Je serrai mes poings, ne pouvant m’empêcher d’espérer qu’elle me donne une seule bonne raison pour la réduire en charpie. Je n’avais plus envie d’être calme et d’être la gentille Isadora qui se sacrifie pour les autres, et qui se laisse marcher sur les pieds pour le bien-être de sa communauté. Cela ne m’avait mené nulle part.

♪ Qu’est-ce qu’il y a le cadavre ? Vous avez peur que votre diné ne s’envole? Vous n’êtes qu’une abomination. ♪

Je n’avais pas pu m’en empêcher, c’était plus fort que moi. Je la détestais c’était purement physique. Surtout que Johan bavait littéralement sur elle, ce qui était quelque part compréhensible. En toute objectivité cette morte était en tout point sublime. Elle avait de la prestance, des formes proportionnées, une sublime chevelure et un visage on ne peut plus harmonieux. Comme le reste de son corps d’ailleurs. Bref, elle n’était pas banale comme je pouvais l’être, et j’étais franchement laide à côté d’elle. Quelque part j’étais jalouse de tout ce qu’elle représentait, jalouse que le loup la préférait à moi. Secouant la tête légèrement, je laissais échapper un rictus avant d’ajouter

♪ Bravo Johan, tu as touché le gros lot. Passe donc une bonne soirée avec ton cadavre ♪

Et sans plus de mot, je me retournais et m’éloigna d’eux. Tout ce que je voulais c’était de plus revoir, ni l’un ni l’autre. Trop énervée, je m’entendis pas le vampire qui vint me sauter dessus, m’écroulant par terre lorsque son corps percuta le mien. Je sentis ses crocs chercher à s’enfoncer dans mon cou. Le traite, il m’avait pris par surprise et plaquait au sol. Je m’écrasais sur le bitume, et ma tête cogna fortement contre ce dernier. Le monde semblait tanguer autant de moi. J’arrivais tant bien que mal à me dégager du mort-vivant qui essayait de me bouffer, et à m’écarter légèrement, en titubant. Tout se passa très vite. J’appuyais une main contre ma tempe qui semblait être sur le point d’exploser, me rendant compte du sang que je perdais. Je jurais, voulu rejoindre la forêt, afin de prendre ma forme lupine, et de panser cette plaie béantes qui finirait par se résorber d’elle-même. Mais à peine avais-je fais quelques pas que je m’écroulais. Et puis tout fut tout noir

De nouvelles vociférations de la brune à mon égard fusaient. Je n’écoutais pas vraiment, gardant plutôt un œil sur la population du bar. Malgré ma désinvolture une de ses phrases ou plutôt de ses cris attira mon attention : « N’êtes-vous-même pas capable de reconnaitre un prédateur lorsqu’il se présente devant vous. Seules les apparences comptent et nous savons très bien qu’elles sont forts trompeuses» . N’était-elle pas un train de confirmer mes doutes, ce que je soupçonnais à propos de Johan et maintenant à propos de cette hystérique ? C’est vrai les apparences sont trompeuses mais je n’ai pas pour habitude de m’y laisser tromper. Je sens la tension s’emparer d’elle sans vraiment en comprendre les raisons. Quelque chose me disait pourtant que sa réaction dépassait largement la simple crise de jalousie. Je voulais lui intimer une nouvelle fois de se calmer mais je n’en eus pas le temps puisqu’elle se précipita à l’extérieur du bar. Un vampire, que l’attitude de cette femme semblait avoir attiré tenta de l’en empêcher mais celle-ci l’envoya valser sur le côté, avec la même force que celle de Johan. Un humain n’était pas capable de se défendre d’une telle façon face à un vampire, non c’était impossible.
Johan sembla soudain oublier mon existence, se précipitant à la poursuite de celle que je supposais être sa petite amie, en m’ordonnant, d’un ton qui n’était pas pour me plaire, de ne pas sortir. Peut être que je l’aurais écouté, parce que je n’avais que faire de leur petite dispute de couple ridicule mais pour plusieurs raisons je ne pus m’empêcher de les suivre. Les paroles de cette femme ni étaient pas étrangères, mais également j’avais vu sortir le vampire bien décidé à faire de la femme son repas du soir. Si j’avais su ce qui m’attendait peut-être n’aurais-je pas pris le risque de succomber à la curiosité, ou peut-être pas.

Je passais la porte en prenant soin de remarquer la poignée de porte qui gisait par terre. En sortant je jetai un coup d’œil à me confrères qui semblaient toujours l’affut mais mon regard faisait suffisamment comprendre que cette histoire était mon affaire. Plus loin dans la rue Johan se tenait au côté de la femme enceinte. Je stoppais mes pas, méfiante. Je me rappelais ce qui c’était passé avec Johan lors de notre première rencontre et je n’étais pas pour que cela se reproduise. Je tendis les oreilles et distinguais leur conversation. La brunette semblait toujours autant sur les nerfs, son cœur battait si fort que je pouvais l’entendre ici. Je notais même qu’il battait anormalement fort. Pourtant je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Son regard se pencha sur moi et elle s’en prit une nouvelle fois contre moi à coup de paroles haineuses. Je m’approchais tout en me tenant à distance.

« Quoi que vous puissiez penser, je ne compte pas faire de Johan mon diner. »

Même s’il m’offrait gentiment son sang pour la simple et bonne raison que je ne pourrais me résigner à ne pas le vider son sang. Je le tuerai à coup sur, aspirant son sang et sa vitalité jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucune goute des deux. Je remarquais que la jeune femme portait un bandage sur le bras, mais qu’est ce qui se passait ici ? Je n’eus pas le loisir de me poser d’avantage la question.
Dès lors tout se passa très vite, je n’aperçus que sa chevelure partant au loin. Si elle était décidée à nous laisser en paix c’était raté. Dans une seconde que seule ma vue développée était capable de percevoir, le vampire qui l’avait suivit s’élança contre celle dont j’avais cru discerner le nom, Isadora. Il se jeta contre elle et la plaqua au sol. Il n’avait à cet instant plus rien d’humain, ses crocs s’allongèrent et il chercha à mordre Isadora. Malgré ça elle sembla se dégager. Pour ma part j’avais réagit au car de tour si bien que je me trouvais près d’elle. Je poussais le vampire avec une force surhumaine, mes crocs tendus. Il allait comprendre qu’il n’avait rien à faire là celui là. Je voulus toucher Isadora mais malheureusement pour nous trois, le choc qu’elle avait reçu avait été si violent qu’elle s’était blessée à la tête.

Je me figeais soudainement comme clouée au sol. Devant moi Isadora était étalée face contre terrel, inconsciente. Un long parfum, semblable à du miel monta à mes narines, embrumant mon esprit si bien que je ne me rappelais plus ce que je faisais là. Je ne pensais plus, ma qualité d’homme m’était arrachée par l’obsession de me nourrir de ce nectar qui semblait me posséder.
J’eus cependant conscience de la situation pendant une moindre seconde, savant parfaitement ce que cette situation impliquait. Désespérée je ne parvenais qu’à crier, ma voix traduisant une panique démesurée.

« Johan, encore ! »

Dans un geste désespéré j’éloignais mon corps d’Isadora en utilisant ma vitesse qui semblait défaillante. Je n’arrivais pas à me diriger et me cognait contre un mur. Dès lors toute part de rationalité m’avait quitté. Je n’eus pas le temps de me demander si Johan avait compris dans mon cri que je ne souhaitais pas ce qui allait suivre et qui se produisait pour la seconde fois.
Par malheur un simple mur de béton n’était pas un obstacle suffisant pour m’arrêter. Je me retournais, le visage crispé par la démence, les crocs allongés. Mon regard se posa sur Isadora et je fonçais sur elle avec une rapidité imperceptible par l’homme. Je m’emparais de son corps le soulevant comme une vulgaire poupée de chiffon et tentais de porter mes crocs contre son sang qui perlait abondamment le long de son crâne.

Comme d'habitude, il aurait mieux fait de se taire.
Parler à Isadora ne l'avait pas calmée. Évidemment. On parlait tout de même d'Isadora, là. Sa colère avait enflé de façon démesurée et même s'il avait voulu l'empêcher de hurler toute sa rage comme elle le faisait actuellement, il en aurait bien été incapable.
Et évidemment, lui aussi ne pouvait pas ne pas répondre.
Pas contre la jeune femme. C'est elle qui lui avait dit de prendre les devants et de garder ses positions, de les affirmer en tant que mâle. C'était l'odeur de son sang qui échauffait aussi ses sens et son caractère, habituellement, plus que doux et conciliant, lui faisant répondre sans gêne à la brune, se rapprochant d'elle pour protester contre tout ce qu'elle venait de lui dire (une histoire de pétasse blonde de vampire et de dîner, si vous suivez bien) :

« Mais arrête, tu ne sais pas même pas ce qu'il se passe et tu refuses de me parler depuis l'autre nuit ! Laisse-moi m'expliquer, merde ! »

À quoi ressemblaient-ils ? Probablement à un petit couple, la jeune femme ayant pris le père de son futur enfant avec une autre femme qu'elle. C'était un peu cela, sans le côté couple, par contre, mais c'était cela. Il s'échauffait parce qu'il savait qu'il avait peut-être blessé Isadora, ne serait-ce que dans son estime, mais aussi parce qu'il n'avait jamais l'occasion de lui dire réellement ce qu'il en était réellement. Le bruit de la porte du bar fit s'arrêter les deux loups, qui tournèrent leur visage vers la personnage qui venait de franchir ladite porte. Belle, tiens, puisqu'ils parlaient d'elle... Et que ce n'était pas du tout le moment qu'elle vienne. Isadora cracha son venin sur la blonde, chose à laquelle Johan murmura un « Isadora » réprobateur, bien en vain. C'était se battre contre un moulin à vent.
Johan leva ses mains pour mettre son visage entre elles, se demandent quoi faire lorsque la louve tourna les talons, mais il ne se posa pas longtemps la question quand un violent bruit de chute du côté de la brune l'alerta que quelque chose n'allait pas.

Un vampire.
Un vampire avait attaqué Isadora. L'attaquait. Ce qui se passait était tellement rapide qu'il n'eut pas le temps de réagir : Belle fut plus rapide que lui et réussit à écarter l'indésirable. Et dans son coeur, une fracture. Isadora, au sol. Inconsciente. Du sang, partout. Johan n'entendit même pas Belle l'avertir que l'odeur du sang allait une fois faire effet : il ne pensait qu'à Isadora. C'était de sa faute si elle était là, blessée. Le loup s'approcha d'elle et réussit à peine à effleurer son corps, si mince malgré la grossesse, que la vampire revint trop vite et le souleva comme si de rien était.

Non.

Le blond occulta totalement le monde et balança son poing au visage de la vampire, se foutant de frapper une femme. Il voulait seulement qu'elle laisse Isadora. Son poing s'écrasa avec force sur le visage de la blonde, il sentit ses propres jointures craquer contre l'ossature de la femme, et si cela ne la fit pas lâcher la louve, cela la déstabilisa au moins un tantinet. Assez pour qu'il réussisse à se mettre en travers de son chemin, à enlacer Isadora, à sentir son coeur battre. Son coeur ? Pas que le sien... trois coeurs. Il en comprenait plus rien de la situation. Il pouvait sentir l'odeur affolante du sang d'Isadora, la froideur de la peau de Belle, son léger parfum, ses crocs qui effleuraient son cou, ou celui d'Isadora ?, et dans sa tête, une seule urgence : éloigner Isadora. La sauver. L'emmener loin. De sa poitrine montait un grondement animal et il ne put s'empêcher de monter les crocs à Belle, sa main enserrant le bras d'Isadora et l'autre réussissant trop mal à garder à distance la blonde vampire.
Un bruit de voiture dans ses oreilles, des lumières vives et des hurlements dans des hauts-parleurs.

« ATTENTION, POLICE, ÉCARTEZ-VOUS IMMÉDIATEMENT ! »

Facile à dire, ça, quand même.
Une violente ruade et Johan réussit, tant bien que mal, à défaire Isadora de l'emprise de Belle, mais il savait pertinemment que même dix policiers humains ne viendraient pas à bout de la vampire. Son souffle était court et sur lui, il sentait le sang d'Isadora, qui était toujours inconsciente entre ses bras. Ses yeux clairs croisèrent ceux d'un policier, qui les dévisageait avec horreur. Charmant tableau : lui, avec sa tête de balafré, recouvert de sang, tenant une femme enceinte jusqu'aux yeux et aussi recouverte de sang, en apparence morte. Génial.
Ils devaient partir. Ils ne pouvaient pas aller à l'hôpital. Il restait à côté.
Le blond passa ses bras sous le corps de la brune, la prenant dans ses bras telle une mariée ensanglantée, et réussit à la soutenir sans grande difficulté. Il fallait seulement qu'ils puissent partir sans trop attirer l'attention, maintenant, mais pour ça... sans doute que Belle allait pouvoir faire une efficace diversion.

Je portais le corps d’Isadora entre mes bras puissants sans me soucier de le ménager. Mes yeux exorbités fixaient avec envie la nuque de la jeune femme. Je ne la voyais même plus comme une humaine, seulement comme la plus dévorante des tentations. Son corps entier était enveloppé d’un doux parfum, celui du sang. L’odeur était si forte que même avec toute la bonne volonté du monde je n’aurai pas pu l’ignorer. Plus j’humais le parfum de son sang plus ma tête se rapprochait dangereusement de sa carotide que je voyais battre au rythme de son coeur, c'était alléchant. Mes crocs étaient plus sortis que jamais et un petit rictus se dessinait sur mes lèvres. J’étais satisfaite de ce que je m’apprêtais à faire. Enfin j’allais gouter à ce doux nectar, ce nectar qui m’appelait. Parce que cette odeur, sucrée et envoutante n’était qu’un appel à la tentation. C’était sa faute, c’était elle qui voulait que je la goute, c’était comme me donner la permission.

Mes dents touchaient presque la fine membrane de peau qui s’opposait comme une faible barrière entre le sang et moi lorsque qu’un coup me percuta violemment. Je vacillais légèrement, lâchant la femme dans le même temps. Je tournais la tête pour faire fasse à l’opportun. Je fixais l’homme quelques instants. Son visage me disait quelques choses sans que je me rappelle ce qu’il faisait là. La seule chose que je savais c’est qu’il m’empêchait une fois de plus d’atteindre mon but mais que néanmoins je ne voulais pas le tuer, mais je serais dans l’obligation de le faire si cela était nécessaire. J’émis un grognement roque et effrayant montrant les crocs à Johan. Le fou s’était saisi de mon dû ! Je m’élançais sur lui pour récupérer ma source de sang, criant et rageant dans mon élan. Je ne portais pas attention à Johan qui s’attendait surement à ce que je l’attaque. Non j’allais agir avec un peu plus de tact en me servant directement à la source. Il sera trop tard quand il tentera de me repousser, j’aurai le goût de son amie en pleine bouche. Mes crocs se plantèrent avec violence dans le cou d’Isadora, son sang coulait à flot directement sur mes lèvres, glissant avec délicatesse au fond de ma gorge. Je poussais un soupire de satisfaction.

Quand Johan me poussa de son bras j’avais déjà pu boire deux bonnes gorgée. Je tentais frénétiquement d’avancer un peu plus sans grand résultat. La folie qui s’était emparée de moi m’empêchait de réfléchir convenablement. J’entendis les menaces de la police humaine dans un porte voix. Je soupirais ou grognais peut être, agacée d’être une fois de plus importunée dans ma chasse. Mes yeux identifièrent en un seul regard le nombre de représentants de l’ordre présents : dix. Facile. Je m’élançais à leur poursuite persuadée qu’à mon retour mon diner serait encore là. Je me jetai au corps d’un policier lui arrachant la gorge de mes crocs, j’en poussais trois violemment contre le mur de la pomme du diable. Ils tombèrent inconscient sur le coup bien qu’ils vivaient encore. Pendant ce temps Johan et Isadora se faisaient la malle. L’odeur du sang s’éloignait vers le sud ravivant ma rage. Je m’élançais alors vers eux sans porter la moindre attention aux menaces des policiers qui s’élançaient vainement à mes trousses.
J’arrivais près de Johan qui portait toujours la belle dans ses bras.

« Alors on voulait partir faire la fête sans moi ? »

prononçais-je sur un ton sarcastique.

J’étais réellement offusquée de leur attitude. Dans ma démence je n’avais même plus envie d’épargner Johan qui m’avait outrageusement trahi en tant de me voler mon trésor. La folie de ce sang avait effacer toute trace de mon humanité réveillant la nature sauvage qui sommeille en tout vampire. Nature qui prenait actuellement le dessus sur ma raison.

J’avais mal. Je luttais contre les ténèbres envahissant mon esprit, me raccrochant à cette douleur qui n’était pas un fardeau, mais mon moment de me reprendre. Tant que je souffrais j’étais vivante. Cependant c’était plus simple à imaginer qu’à faire véritablement. Je sentais que l’on me faisait quitter le sol, avec une poigne et une force importante. J’essayais d’ouvrir les yeux, de me débattre, mais je n’y arrivais pas. J’appelais ma louve et la puissance dont elle était dotée, mais elle ne me faisait pas échos. Je me sentais seule tout à coup, seule sans ma bête, sans cette dernière pour faire face avec moi. J’avais l’impression d’être… Humaine ? Grand Dieu, je n’aurais jamais cru que cela soit aussi terrifiant. Être seule était ma plus grande peur et je la voyais se réaliser. Je paniquais, ne me concentrais plus sur ma guérison, laissant les ténèbres m’engloutirent. De toute manière pourquoi lutter ? Je ne manquerais à personne et je préférais encore mourir plutôt que de ne plus avoir mon animal pour me soutenir. Une morsure me transperça, sans même que je me rendre compte. Cependant une odeur familière me frappa de plein fouet quelques secondes plus tard. Je l’appréciais autant que je la détestais, mais cela suffit à me faire retrouver ma louve. Elle n’était pas partie, non, elle semblait combattre de son côté, lutter pour ma survie. C’était étrange, mais dans une hallucination totale, je me voyais aller vers elle, fusionner mon corps avec le sien et ne faire de nouveau plus qu’un seul être entier et puissant, qui pouvait venir à bout de toute et surmonter tous les obstacles qui se dresseraient sur notre route.

Je suffoquais, comme un nageur restait trop longtemps sous l’eau, au point de se noyer. Mes sens s’affolaient avec tout ce dont ils étaient les témoins. Du sang, le mien, mais pas que. Des corps jonchant le sol. Des bruits, des hurlements, des avertissements. Des bras m’enserrant comme si j’étais un enfant à protéger, comme si j’étais une personne précieuse. Je bougeais, ou plutôt on me faisait bouger. J’avais mal, mal au crane, et à certaines articulations. Je me sentais faible, mais cela allait mieux. Je retrouvais mes forces, doucement mais surement. Je rassemblais mes souvenirs et une de mes mains se porta naturellement vers ma plaie à la tête, que je sentais se résorber, et la deuxième vers la morsure que l’on m’avait laissé. Je grognais de colère, avant de repousser le loup et lui faire comprendre que je n’étais pas une poupée de chiffon. Je voulais qu’il me lâche. Je pouvais très bien me débrouiller seule, marcher comme l’adulte que j’étais. Mon égo en avait pris un coup, un sacré coup même. Je m’échappais de ses bras au moment où l’autre blondasse vint à notre hauteur, des hommes à ses trousses. Elle me prenait pour de la nourriture, son regard en disait long tout comme ses paroles. Je lâchais sèchement

♪ C’est quoi le problème de ta petite amie O’More? ♪

Oui, je suis toujours en colère contre lui, encore plus à présent d’une femme se présente face à moi, tous crocs sortis, menaçante au possible. Je m’avance vers elle, gardant tout de même une distance respectable. Je fais quelques pas sur le côté, pour l’obliger à suivre la danse. Elle voulait se battre. Et bien, elle avait trouvé la bonne personne. Je n’étais certes pas transformée, je restais tout de même très puissance et forte, plus que mon adversaire pouvait s’en douter. Et puis mettre une raclée à cette suceuse de sang qu’adorait Johan était une idée on ne peut plus plaisante. Les autorités policières s’arrêtèrent à distance, me demandèrent (ou du moins demandèrent à la femme enceinte et ensanglantée devant leur yeux) de s’écarter de cette individu dangereuse, mais je ne leur accordais aucun regard, trop concentrée sur mon assaillant. Il fallait que je l’éloigne de Johan et des humains, ainsi la contournais-je jusqu’à reculer légèrement dans une autre direction. Je lui assenais un violent coup afin qu’elle reste concentrée sur moi puis fit couler un peu de mon sang de la plaie qu’elle m’avait fait, l’invitant à me rejoindre

♪ Approches Blondinette. ♪

Je reculais toujours doucement et avant qu’elle ne puisse plonger sur moi, j’entendis un déclic familier qui me fit baisser la tête. Des balles vinrent transpercer inutilement le corps de la vampire, ne faisait que la ralentir. Cela me permit de gagner du temps et courir à l’abri, loin des regards. Jamais je ne m’étais transformée en louve aussi rapidement. Je pense que cela vient du fait que mon corps avait besoin d’une telle forme pour que je puisse complètement me rétablir, mais surtout plus rapidement. Je repartais dans sa direction et me jetais sur elle, crocs sortis prête à lui déchirer la carotide et transpercer son corps. Elle n’allait pas se laisser faire, mais elle ne pourrait pas venir à bout d’humains armés et de deux lycanthropes dans son état, aussi forte et âgée soit-elle.

Pendant quelques minutes, il pensa pouvoir s'en sortir, réellement. Qu'ils allaient être assez loin pour que Belle oublie jusqu'à leur existence. Naïf Johan. L'odeur du sang d'Isadora était tellement forte qu'elle était impossible à ignorer, surtout pour une vampire en pleine crise de rage, et il ne fut étrangement pas surpris lorsque la blonde arriva près de lui rapidement. Si précédemment, il la trouvait magnifique, dans le moment, elle n'avait plus rien de beau ou de gracieux. Elle était une créature laide et assoiffée de sang, la démence déformant ses traits pour ne faire un masque de haine. Elle les voulait. Le loup baissa la tête pour regarder la brune qui commençait à s'agiter dans ses bras, reprenant conscience. Celle-ci tenta de se dégager de ses bras et il la reposa donc au sol. Si elle était capable de lui faire son visage contrarié, elle devait être assez forte pour marcher toute seule comme elle le faisait actuellement.
L'homme grinça des dents sous le commentaire de la louve, chose à laquelle il répliqua, sans peur de ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire :

« Tu parles de toi, j'espère, Isadora. »

Autant assumer jusqu'au bout.

Les policiers hurlaient toujours derrière eux, leur hurlaient de s'écarter, mais tous savaient qu'il n'allait rien se passer. Isadora s'avança rapidement vers Belle pour la frapper, puis refit saigner sa blessure tout juste avant que les policiers ne se décident à trouer de balles le corps de la blonde. Une distraction, à peine le temps que la louve disparaisse Dieu sait où et revienne... en louve.
Là, c'était plus que mal.
Johan hurla, en son for intérieur. Elle avait osé se transformer en louve. On lui demandait à LUI de ne pas fricoter avec des vampires, il ne parlait à personne de se nature, et elle se transformait pour se battre ? Dire qu'il s'était retenu de le faire et se retenait encore... Le loup en lui gronda, geignant pour aller rejoindre celui qu'il considérait comme sa compagne, pour se battre à ses côtés et la protéger, mais l'humain et la raison l'emportèrent. L'homme se dirigea vers les policiers, tétanisé de cette apparition lupine, et gueula d'une voix forte, étrangement rauque, qu'il ne se connaissait pas :

« Mais tirez sur la vampire, merde, c'est pas le temps de jouer à la statue ! »

Un d'eux sembla défiger et hocha la tête lentement, vidant son chargeur en visant la tête de la blonde. Un autre policier lui emboîta la manœuvre, se rapprochant de la vampire peu à peu. Pas de pitié dans le coeur de Johan, actuellement, qui ne voyait en Belle que la vampire qui s'en était prise à Isadora. Rien d'autre. Il réussit à rattraper son souffle, qui était court, ses yeux courant de la vampire aux policiers. Et maintenant ? Allait-il se transformer pour assurer les arrières d'Isadora ? Non, il devait rester sous sa forme humaine au cas où ça tourne mal pour elle, et puis, s'ils se faisaient prendre... ne pas y penser. Il devait tout simplement ne pas y penser. Seulement, là, comme humain, il se sentait au comble de l'inutilité – et il savait qu'il ne pouvait pas commencer à aller maîtriser de la vampire à mains nues, ce serait joliment n'importe quoi. Johan passa la langue sur ses crocs, foutue odeur de sang qui l'énervait, foutue Isadora qui savait mieux que quiconque réveiller son loup, en réflexion rapide. Les vampires. Qu'est-ce qui arrêtait les vampires. Il connaissait ce sujet sur le bout des doigts, depuis le temps qu'il lisait à leur sujet et se farcissait des études sur leur cas, c'était pas le temps que ça déconne dans sa mémoire. Mais que connaissait-il, au fond, sur eux ? Rien. Rien du tout. À moins que...
Le blond sortit son porte-feuille de la poche de son pantalon, en soulevant les rabats de cuir pour sortir la lame de rasoir qu'il y gardait. Elle était encore là, bien au chaud, à côté de la balle qu'il avait sortie de l'épaule d'Isadora. En argent. Parce que ça le blessait lui, que ça lui faisait réellement mal, au contraire du simple métal, parce que l'argent était ce qui le tuait. Peut-être que... il leva les yeux vers Belle et serra la lame entre ses doigts, faisant couler son propre sang, le mêlant à l'odeur trop reconnaissable de l'argent, bientôt insupportable pour quiconque ayant des sens trop affinés.

Il fallait qu'il la fasse fuir.
Il ne voulait pas qu'elle blesse Isadora.