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Elle observe les environs déserts. Les bagarres auront lieu ici ce soir mais pour l’heure, il est bien trop tôt pour qu’il y ait qui que ce soit. Joan arpente l’entrepôt vide. Il reste des tâches de sang, un peu d’huile de vidange aussi, tout ceci dans une odeur immonde de pourriture et de renfermé. L’odeur lui importe peu, elle s’y est habituée. On s’habitue à tout. Même ce à quoi on pensait ne jamais avoir à s’habituer. Les événements de ces derniers jours avaient beaucoup secoué Joan. La mort de la Lupa et de l’Ulfric l’avait réjouie, c’était indéniable. Les têtes des lycans tranchées net, c’était un répit pour les humains, débarrassés pour un temps de cette engeance du diable. Mais Joan savait pertinemment que tous les loups n’avaient pas péri dans l’attentat de la Lune Bleue et de Wolfheaven, à son grand regret.

Mais il y avait autre chose qui tourmentait son esprit, bien qu’elle ne parvienne pas à l’assumer. Torben. Elle l’avait revu l’autre soir dans ce combat qui avait si mal tourné finalement. Elle était persuadée qu’il était mort et pourtant, il était là, bien vivant devant elle. Il l’avait aperçu, elle en était sûre et il l’avait reconnu. La rage qu’elle avait alors ressentie l’aurait certainement poussée à le tuer de ses propres mains si la suite des événements ne l’en avait pas empêché. Torben était un collègue, ils s’étaient aimés. Elle l’avait aimé follement, éperdument. Et lorsqu’il avait disparu, elle en avait conclu, comme beaucoup d’autres, qu’il était mort. Le revoir ainsi, aux côtés d’une vampire lui avait broyé le cœur.

Son pied effleure un clou rouillé teinté de sang. Normalement, la règle des combats impose que l’on se batte à mains nues, aucune arme n’est autorisée. Mais certains combattants ne s’embarrassent pas de règlements. Ceux-là sont en général expulsés manu militari du ring, par Joan parfois en personne. L’ordre et la discipline. Joan y est très attachée. Sans règle, nous ne valons pas mieux que les bêtes fauves qui vivent non loin de nous.

Mais il y a un dernier élément qui tourmente l’esprit de Joan et pas des moindres. Lors de la soirée, une force maléfique l’a fortement influencée, elle l’a senti. Durant la soirée, elle s’est laissé porter par cette force, contre laquelle elle ne pouvait résister. Mais à présent qu’elle en est libérée, elle se pose des questions. Il est évident qu’il y avait des semi-démons l’autre soir de présent. Le jeune garçon qui générait de l’électricité en était un exemple. La femme masquée également, au vu de l’emprise qu’elle avait sur le loup et le vampire, bien que son pouvoir l’ait trahi. La facilité avec laquelle Joan avait sombré dans cette pulsion de haine et de violence lui faisait peur à présent.

Elle fit demi-tour et contourna un pilier qui présentait des traces d’impacts. Sûrement la tête d’un combattant vaincu. Les combats allaient parfois jusqu’à la mort. Cela indifférait Joan. Dieu reconnaitra les siens. Les hommes sont tous des pêcheurs. Seul Lui peut faire la différence parmi ses enfants et trier le bon grain de l’ivraie. Elle entend soudain un léger bruit derrière elle. Joan se retourne et un sourire se dessine sur son visage en même temps que ses yeux s’illuminent lorsqu’elle reconnaît Mia.

Bonsoir. Je ne t’avais pas entendu arriver.