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C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]
MessageSujet: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyVen 13 Nov - 10:33


Quand on emménage dans un nouvel appartement, surtout lorsque l'on vient de l'autre bout du monde, il devient rapidement vital de faire le tour du propriétaire pour se faire bien voir de ses voisins. Etant donné que mon déménagement s'est fait à la vitesse de l'éclair, avec la tornade Noah, prête à trouver une place adaptée à tous vos objets pour un rangement impeccable, j'avais encore du temps à tuer avant de me présenter à la PES. Donc autant bien l'utiliser... J'ai vite repéré une boulangerie au coin de la rue et me suis empressée d'acheter en quantité des viennoiseries à céder à mes voisins. Ensuite ? Le sourire de la parfaite commerciale suffisait à faire le reste. On se présente, on discute un peu... Parfois un peu trop, quand un vieux est si heureux de recevoir de la visite que je peine à décoller du canapé. J'en viens à rapidement réviser mon jugement et ne pas me présenter aussi avenante que possible, au risque de voir une horde qui s'ennuie se présenter à ma porte dès qu'ils me voient revenir du travail le soir de derrière leurs rideaux... Dans le pire des cas, mon cher ex-militaire aura tôt fait de les dissuader en ouvrant la porte à ma place. Bizarrement, on a moins envie de parler face à sa carrure de rugbyman et son air constamment pincé. Cette simple pensée me fait sourire... Peut-être que je devrais lui demander d'emménager ici, pour de bon ? Il passe déjà le plus clair de son temps à passer... Et les Illuminati, dans tout ça ?

Je pousse un soupir retentissant et me décide à arrêter là ma tournée. Je descends dans la rue pour fumer ma cigarette, prenant une pause bien méritée. Je pose le paquet de donuts restants sur le petit muret et observe les alentours, plutôt silencieux pour une fois. Je détaille les noms des personnes sur les boîtes aux lettres des immeubles d'en face et d'à côté, en parfaite flic, avant de tiquer sur un nom précis : Aaron C. Impossible qu'il s'agisse du même, et pourtant... La curiosité l'emporte. Je récupère mon paquet de donuts, écrase ma cigarette et profite qu'un des voisins me tiennent la porte pour m'engager dans l'immeuble d'en face. Je le suis jusqu'à l'ascenseur et appuie sur le dernier étage, toujours souriante malgré les doutes qui m'assaillent durant mon ascension. J'attends un moment, face à cette porte fermée, me rongeant l'ongle du pouce avant de me décider enfin. Au pire, ce n'est pas lui et je prétexterais m'être trompée de porte. Au mieux... Et si c'est lui ? On s'entendait bien, non ? Mais nous ne sommes pas partis en bons termes, enfin si on peut dire qu'un silence radio total signifie quoi que ce soit... Il a disparu de New York durant les années sanglantes, un peu plus et je l'aurais cru mort. Qu'est-ce que je pourrais lui dire, si c'est bien lui ?

Je sonne, sans prendre le temps de réunir mes pensées. Si je l'avais fait, jamais je n'aurais franchi le cap. Et quand la porte s'ouvre... Je manque de lâcher mon paquet au sol.

- Aaron !

Je me ressaisis bien vite, la surprise passée. Mon discours, vite !

- Hm... Je t'ai apporté des donuts ! Il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs. T'aimes ça ? On partage ?

Ok, c'est mieux que de ne rien dire du tout. Et puis, ça fait toujours rire tout le monde, quand je dis que je suis flic en ramenant ma collection de donuts multicolores... Ca devrait détendre un peu l'atmosphère. Je me mords la lèvre et lui rends finalement un sourire hésitant.

- Ca faisait longtemps, vraiment. Je viens d'emménager, dans l'immeuble juste en face... C'est marrant comme le monde est petit, non ? Ou c'est le destin, peut-être.
Astrid Lehtinen

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Astrid Lehtinen
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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyVen 13 Nov - 13:01

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Après deux bonnes heures de concentration extrême passées dans la chambre noire je sortais en soupirant de soulagement. J’avais fini par croire que je ne m’en sortirai jamais avec ses clichés et je comptais filer directement me détendre sous une bonne douche chaude. Pour le reste de la journée j’improviserais et j’irais peut-être faire un tour chez Charlie. Si elle était chez elle bien entendu. D’ailleurs, avant même de faire quoique ce soit je saisissais mon portable et envoyais un message au Petit Lotus. Un sourire apparu sur mon visage tandis que le sms était envoyé à sa destinataire ! D’ailleurs je me ferais un malin plaisir à la faire culpabiliser pour cet abandon dès que je la verrais.
Mais je n’en étais pas là… Pour le moment je filais sous une bonne douche et je n’hésitais pas à traîner en appréciant la chaleur de l’eau sur ma peau. Je me mis à réfléchir à la discussion que j’avais eue avec Ania et l’idée qui m’avait traversé l’esprit ce jour là n’avait pas disparue… Loin de là ! Le problème c’est que je n’avais toujours pas de gérant pour la galerie et que ce projet n’était pour le moment qu’un rêve. Du moins si Ania repartait de suite et j’hésitais à lui envoyer un message ce que je ne fis pas.

Terminant de me sécher, j’enfilais un jean brut et un t-shirt gris avant de me frotter négligemment la tête avec la serviette éponge. Cela eu le don de mettre une sacrée pagaille dans mes cheveux mais j’étais tout seul ici et au final ce n’était pas si mal. Me rendant dans le salon, je fis demi-tour en voyant l’heure et suite à un gargouillement de mon estomac. Il faut dire que j’avais tellement été concentré sur mon travail en cours que je n’avais rien mangé depuis la veille au soir.
Et ce fut cette pensée qui me fit prendre conscience que j’étais affamé. J’allais me préparé un bon petit plat histoire de m’occuper ! Mais le destin en avait choisi autrement puisque l’on sonna à la porte et nom à l’interphone. Je fronçais les sourcils avant de sourire en pensant à Charlie. Je n’hésitais donc pas à ouvrir la porte en grand et manquer de tomber sur le cul. Mon sourire disparu pour laisser place à la surprise en entendant mon prénom prononcé par cette personne…



- Astrid ! murmurais-je.


Je venais de faire un bon dans le passé et m’étais retrouvé à New-York. Si dans un premier temps les bons moments que j’avais passé avec la jeune femme m’étaient revenus à l’esprit ils furent très vite remplacés par ce que j’avais découvert. Elle qui se prétendait être mon "amie" m’avaient manipulé sans aucune hésitation et elle se pointait là !!!
Ok j’étais parti sans un mot et sans lui dire que je savais. Mais dès mon départ j’avais tout changé… Adresse mail, numéro de tel et surtout de pays. Je ne pensais plus revoir Astrid et de cette façon ne plus me souvenir ce à quoi avaient servi mes clichés. D’ailleurs cela avait très bien fonctionné jusque là ! Je secouais légèrement la tête et regardais le paquet sans comprendre puis je la fixais elle.



- Des donuts ? De quoi est-ce que… Pis je n’ai pas faim ! mentais-je alors que mon estomac se manifesta bruyamment tel un traître. Mais qu’est-ce que tu fais ici ?


Devant ma porte ? Dans cette ville ? Dans ce pays ? Mais tout ça je le gardais pour moi. Et je l’écoutais ! J’aurais pu lui claquer la porte au nez mais ce n’était pas dans ma nature. Ainsi j’apprenais qu’elle venait d’emménager dans l’immeuble en face du mien et qu’elle trouvait ça marrant… Je n’étais pas vraiment du même avis !


- T’habite en face ? répétais-je sans m’en rendre compte. Oui, visiblement le monde est très petit ou c’est le destin qui t’envoie pour… Je ne sais pas… des explications ? des excuses ? lâchais-je enfin en ne la lâchant pas du regard.


Aaron Caron

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyDim 22 Nov - 19:30


Le bon point, c'est qu'Aaron n'a eu aucun mal à me reconnaître... Il faut dire que je n'ai pas bien changé depuis son départ de New York. Mais pourquoi être parti à Edimbourg ? Et que penser de ce silence radio, tout ce temps, alors qu'il n'a manifestement pas disparu de la circulation... De nombreuses questions me trottent dans la tête, que je brûle de lui poser, mais il me coupe l'herbe sous le pied avec sa réaction pour le moins déconcertante. La surprise de mon arrivée s'est vite substituée à un ton bien plus acide, que je ne lui connaissais pas.

Je l'observe avec grande perplexité alors qu'il rejette mon offre, prétexte de ne pas avoir faim... C'est son estomac que je viens d'entendre gronder à l'instant ? Je lâche un bref rire avant de lui mettre le paquet sous le nez.

- Ne dis pas de bêtises... Bien au contraire, on dirait que j'arrive à point nommé !

Non décidément, il n'était pas content de me voir. Je me serais attendue à ce qu'il m'invite à entrer, déjà, à défaut de tout autre effusion sentimentale qu'il ne semble pas éprouver. Et la première question qu'il me pose, c'est vraiment de savoir ce que je fais sur le seuil de sa porte, comme si je n'étais qu'un vulgaire parasite ? Je continue de sourire, de jouer les innocentes... Ca me démange de laisser éclater ma colère, en vérité.

- J'ai été muté à la brigade d'intervention PES. Ils avaient besoin d'un sérieux soutien suite aux événements de Février et ... Enfin je peux te raconter en détail, si tu veux. On a beaucoup de choses à se raconter, non ? Il s'est passé tellement... Tu me laisses entrer ?

Je serre mon paquet dans mes bras et me penche en avant... J'hésite à me glisser à l'intérieur sans lui demander son avis, mais je me contente de regarder. Ca se trouve, je tombe simplement au mauvais moment et une fille doit se rhabiller en hâte dans sa chambre. Il doit avoir du succès, non ? Avec son joli petit minois... Je sens l'ours dans mon esprit s'agiter. En voilà un autre, de mécontent. Je n'ai aucun mal à sentir le ressentiment de Noah remonté par le lien, parce qu'il préférait que ces donuts lui reviennent, et peut-être aussi que je ne m'aventure pas sur ce terrain là... Mais surtout pour les donuts, évidemment.

J'hoche la tête, sans perdre mon sourire, à peine perturbée.

- Juste en face oui !

Je suis sur le point de lui indiquer quel appartement exactement quand il me prend de vitesse avec sa pique bien sentie. Des explications ? Des excuses ? Qu'est-ce qu'il me chante ? Je suis énervée pour de bon, de me faire si mal accueillir, mais je n'en laisse rien paraître et me contente de lui renvoyer un regard abasourdi. J'ai raté un épisode, clairement. Je prends une mine effarée, blessée même par ses insinuations. Si j'éclate de colère, il va se braquer, mais si je joue sur l'affectif, il va peut-être seulement se raviser et m'en dire davantage.

- Mais... De quoi tu parles Aaron ? C'est pour ça que tu ne m'as jamais donné de nouvelles ? Qu'est-ce que tu me reproches au juste ?

J'ai parlé un peu plus fort que voulu, ce qui m'arrange bien : Ma voix résonne dans le couloir. Tout l'étage va bientôt s'attendre à une scène et tendre l'oreille. Je baisse d'un ton avant de reprendre :

- Laisse-moi entrer, sauf si tu veux qu'on s'explique sur ton pallier. Je suis certaine que tous tes voisins ont hâte d'en savoir plus.
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyLun 23 Nov - 21:19

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Depuis ma séance chez le psy j’essayais de faire en sorte d’avancer et je faisais tout pour ne pas ressasser le passé. J’évitais de penser constamment à mon ex et mes nouveaux divers projets m’y aidaient. Ils me permettaient d’aller de l’avant. J’étais assez fier de moi, de ces progrès et du fait que j’avais même réussi à motiver mes parents à venir me voir. Je leur offrais le voyage et eux allaient aller à l’hôtel ! Mais oui, je leur avais justement fait croire que j’étais d’accord. En réalité je comptais leur laisser mon appart et demander l’hébergement. Je ne savais pas encore à qui mais j’allais trouver !
Bref, j’avançais mais ce crétin de destin décidait de me mettre des bâtons dans les roues en faisant ressurgir un passé plus lointain que j’avais enfoui dans ma mémoire. Un passé de trahison ! Voilà à quoi me faisait penser Astrid. Je lui mentais contrairement à mon estomac et malheureusement pour moi ce fut lui qu’elle écouta. Je reculais légèrement la tête face à l’alléchante odeur et mentis de nouveau. Ce qui était un fait étonnant de ma part.



- Ouais bah je suis au régime !


Nouveau mensonge déplorable quand on savait que je n’avais toujours pas repris les nombreux kilos que j’avais perdu suite au départ d’Elecktra. Mais mieux valait ce genre de bobards plutôt que de clairement lui dire de foutre le camp. Je pensais qu’elle comprendrait ! Astrid était une personne d’aussi futé que manipulatrice. Mais non, elle continua comme si de rien n’était en faisant fi de mon attitude et du ton employé.
Je la fixais sans rien dire lorsqu’elle parla de la brigade PES. Forcément qu’elle serait utile à leur cause si elle se servait de ses amis pour éradiquer les gens. Car oui, pour moi les loups étaient des gens, tout comme les métamorphes. Les vampires et semis-démons étaient ceux que je voyais comme des créatures surnaturelles. Je sais, c’est bizarre mais c’est comme ça. Enfin bref, je ne bougeais pas quand elle me demanda de la laisser entrer.



- C’est pas rangé !


Nouveau mensonge puisque mon appartement était niquel. Mais je ne cherchais même plus à ce que cela paraisse vrai. Astrid me connaissait et elle savait parfaitement que je n’étais pas bordélique même si j’avais pu changer depuis.
Voyant le sourire de la jeune femme lorsqu’elle me répondait qu’elle habitait juste en face me força à me poser des questions. Elle avait l’air si… si elle ! Comme avant que je ne découvre ce qu’elle avait fait. Aurais-je pu me tromper ? Non ! J’étais certain que mon instinct n’avais pas fait fausse route et je lui lançais une pique directe cette fois-ci. Cependant, elle n’eut pas la réaction à laquelle je m’attendais ! Je la connaissais farouche et j’étais sûr qu’elle allait se défendre face à mes accusations mais non… elle paraissait surprise !

Cependant elle avait tout de même haussé légèrement le ton et j’entendis un cliquetis de porte. Sûrement mon voisin qui venait voir ce qui se passait… Astrid avait vu juste et cela m’agaça. Mais ce qui m’énerva le plus fut sa dernière phrase…
Bref, ma vie était tellement calme que cela avait du attiré l’attention de mon voisin puisqu’il devait être en train de se préparer pour le boulot. En le voyant ouvrir la porte je lui adressais un sourire et un signe de la main.



- Désolé Dwayne ! Retrouvailles surprises, déclarais-je en me décalant pour laisser entrer Astrid. Bonne journée.


Il me répondit la même chose et je me tournais pour faire face à celle que j’avais considérée comme une amie. Ma culpabilité ressentie s’était envolée face à sa dernière phrase et je répondais froidement.


- Mes voisins me connaissent et ils savent que je rends service ! Mais en effet, je suis sûr qu’ils aimeraient savoir que la voisine d’en face se sert de ses amis pour massacrer des gens. Tu n’avais pas le droit ! Tu t’es servi de moi pour… pour tu sais de quoi je parle. Je marquais une pause. Tu dis qu’on a des tas de choses à se dire alors commence par m’expliquer pourquoi tu ne m’as pas parlé de tes intentions quand tu m’as demandé les clichés ?


Aaron Caron

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 26 Nov - 18:41


Je vais vraiment lui fourrer un donut entier dans la bouche s'il continue à raconter n'importe quoi. Je lui rends un regard profondément dépité, pour qu'il comprenne bien qu'il ne trompait personne, et surtout pas moi. Dans mes plus lointains souvenirs, Aaron était déjà un bien piètre menteur. Il ne s'est pas vraiment amélioré avec les années. Peut-être agit-il simplement ainsi pour me dire : "Ouste ! Dehors !" Il a oublié à quel point je pouvais me révéler têtue et acharnée peut-être ? Je l'ai laissé tranquille. Je n'ai pas cherché à faire des recherches poussées pour le retrouver, et pourtant, vu tous les dossiers auxquels j'avais accès à l'époque, j'aurais vraiment pu retrouver sa trace. Je ne l'ai pas fait, parce que je supposais qu'il avait de bonnes raisons d'agir ainsi... Et aussi parce que les années sanglantes m'occupaient à temps plein, jusqu'à ce que je les finisse alitée pendant des mois, au seuil de la mort. Alors oui, je le trouve franchement gonflé de réagir ainsi.

Je lève les yeux au plafond quand il me sort une nouvelle excuse, pour éviter que je rentre dans son appartement. Reste civilisée, Astrid... Je ne force pas le passage. Je lui rends un sourire parfaitement factice et cille un peu. Crétin ! Voilà ce que disait mon regard.

Je pensais tenir le bon bout, malgré ses accusations. Il hésite quelque peu, comme s'il craignait de s'être trompé. Il est presque attendrissant, pris dans ses tourments. J'ai l'impression de le retrouver plus jeune, l'espace d'un instant, avant que son amertume ne refasse surface. Raté... Je rends un bref sourire à son voisin de passage et me retourne vers lui.

- Un donut, monsieur ? Dwayne ! C'est bien ça ? Astrid, enchantée. Mon ami n'a pas très faim alors...

Je lui tends tout le sachet sans l'ombre d'un remord, malgré la pique que je sens dans mon esprit. J'en connais un qui va râler après ces donuts... Et un autre qui aurait mieux fait de le faire, juste à mes côtés, et va bien vite le regretter. Oui, ce n'est rien de plus qu'une petite vengeance mesquine pour avoir été si mal reçue !

- Bonne journée !

Mon sourire s'étire jusqu'à mon regard avant de disparaître totalement, quand je me retourne complètement vers Aaron. Bon, s'il a vraiment envie que l'on s'engueule sur son pallier... Qu'à cela ne tienne, je ne compte pas le décevoir !

- Massacrer des gens ? ... Je sais de quoi tu parles ? Je rêve là !

Je lui pointe un doigt inquisiteur sur le torse, hors de moi. Je n'ai plus envie de jouer. Je laisse exploser ma colère, réellement blessée par son comportement.

- Tu me juges avant même de connaître ma version des faits ? Tu as disparu toutes ces années, sans un mot, sans un regard... Silence radio total ! Et pour quelles raisons ? Parce que tu crois que j'ai massacré des innocents ? Tu n'es jamais venu me demander ce qu'il s'était passé ... JAMAIS ! Alors ne parle pas sans savoir Aaron !

J'ai fini par crier, comme je m'en doutais. Quitte à ce que ses voisins entendent, qu'ils n'en ratent pas un morceau. Je reprends d'une voix grondante où perce une certaine amertume :

- Tes clichés m'ont permis d'arrêter une meute dangereuse qui menaçait les habitants du New Jersey. Ils les transformaient tous sur leur chemin, sans se préoccuper des conséquences, seulement pour brouiller les pistes et grossir leurs effectifs. Aaron... Quand ils ne mourraient pas des suites des morsures, ils devenaient incontrôlables et bouffaient leurs propres familles ! C'est ça, que j'appelle un massacre. Et oui, j'ai tué leur chef de meute pour les arrêter, d'une balle d'argent en pleine tête. Et tu sais quoi ? On m'a remercié pour ça.
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 26 Nov - 20:53

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Moi… Désagréable, voir agressif ! C’était une première… Un miracle qui pouvait être applaudit à deux mains. Combien de fois ma mère m’avait dit que personne ne serait jamais capable de me faire sortir de mes gongs par de simples paroles ? Des tas ! Pourtant j’étais impulsif mais uniquement en cas d’attaque physique ou verbale sur une personne qui m’était chère. Même lorsqu’on s’en prenait à moi, ce qui était très rare, je préférais éviter les conflits.
Aujourd’hui c’était différent. Une personne que j’avais fuie pour ne plus à avoir à la croiser se tenait là, devant moi ! Astrid m’avait menti et c’était servi de moi… Peu m’importaient ses intentions de base lorsqu’elle m’avait demandé mes clichés. De son point de vue je suis certain qu’elles étaient très bonnes et je ne lui en voulais même pas pour ça. Tout à chacun peut avoir une opinion différente ! Le truc c’est qu’elle ne m’avait pas expliqué à quoi allaient servir mes photographies. Et elle savait que si elle m’avait donné la raison j’aurais refusé de les lui donner. Voilà ce qui m’avait fait du mal… Sa trahison ! Alors je m’en foutais qu’elle prenne mal mon accueil qui n’en était pas un au final. Le pire c’est qu’elle dérangeait mes voisins avec qui l’entente était bonne et cela semblait l’amuser. Enfin, Dwayne gagnait des donuts et il adorait ça… Il n’allait donc pas s’en plaindre !

Je commettais ensuite une erreur… Bien que j’aie laissé la place à Astrid de rentrer elle n’en fit rien alors que je lui disais ce que j’avais sur le cœur. Je me fichais que mes paroles puissent la blesser puisque ses actes du passé avaient eu le même effet sur moi à New-York. Le truc c’était que j’étais seul là-bas, personne à qui parler… Je ne m’étais pas lié avec beaucoup de monde durant mon stage car j’avais été très proche d’Astrid. Et ce que je ressentais pour elle n’avait jamais vraiment été très clair à vrai dire… Aujourd’hui encore je ne savais pas trop quoi en penser.
Mais bizarrement, même si je lui en voulais je baissais la tête quand elle me balança ses accusations à la tronche. Oui j’étais parti sans lui demander d’explications parce que je pensais qu’elle avait massacré des gens, pas forcément des innocents. Mais si je n’étais pas venu lui demander les raisons j’avais des motifs… du moins j’en avais un ! J’avais peur ! Peur de ne pas m’être trompé dans mes suppositions.

Je ne lui répondais pas de suite lorsqu’elle se taisait car je savais qu’elle n’avait pas fini. Je l’attrapais par le bras et la faisais rentrer dans mon appartement avant de fermer la porte sans la claquer. Alors qu’elle reprenait la parole je la conduisais presque de force au salon. Je n’avais pas envie que mes voisins entendent cela même si mon logement était très bien isolé.



- TAIS-TOI ! m’énervais-je. T’as rien compris… Tu ne vois même pas ce que je te reproche... Je pensais que tu me connaissais Astrid, ajoutais-je tristement et d’une voix plus basse. J’ai toujours su que les avis des uns et des autres différaient quant à la façon d’agir contre les créatures surnaturelles. Que nos deux avis étaient différents mais je m’en fichais. Je m’en foutais parce que j’étais bien avec toi et que le reste m’importait peu. Mais toi…


Je m’asseyais sur mon canapé et me passais les mains sur le visage. Je n’étais même pas sûr d’avoir envie de parler de ça ! J’avais tout fait pour oublier et j’y étais en quelque sorte parvenu… Mais là, ça me revenait en pleine face. Je soupirais et fixais la jeune femme…


- Les pires de nos criminels ont le droit à des jugements… ça a continué à être le cas pendant les Années Sanglantes ! Les loups sont en partis humains et tu n’as pas fait que les arrêter. Tu as été leur juge et leur bourreau. Tu les as tués de ma faute ! Je marquais une pause. Je t’ai fait confiance quand je t’ai donné les clichés. Je pensais que tu allais les identifier pour les arrêter… mais pas de cette façon.


Je me levais et me postais devant Astrid en la regardant dans les yeux…


- Et j’avais une raison… Je veux dire que je ne suis pas parti pour rien ! J’avais peur… peur de ce que tu allais me répondre et que cette trahison devienne réelle… aussi vraie que la solitude que j’ai ressenti dans un pays qui n’était pas le mien ! Et dans toute cette histoire la personne à qui j’en ai voulu le plus c’est moi…


Et petit à petit, aujourd’hui, je comprenais ! Je comprenais pourquoi je n’avais pas agi d’une manière qui me correspondait. Je saisissais enfin pourquoi j’avais fait le choix de fuir la jeune femme plutôt que de l’affronter.






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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMer 2 Déc - 19:07


J'ai la satisfaction de le voir baisser la tête quand je lui assène chaque parole avec violence. Je n'aime décidément pas les reproches qu'il me fait, et je ne comptais pas me taire indéfiniment alors qu'il se montre si injuste envers moi. Oui, il l'est. Aaron a préféré fuir, sans même un au revoir, plutôt que de m'affronter et de me réclamer la vérité. Je sais bien qu'il a tendance à ne jamais entrer de lui-même en situation conflictuelle, mais être à ce point couard... Je ne le pensais pas capable. Il m'énerve. Je laisse libre cours à ma colère contre lui, parce qu'il a mérité chacun de ses mots prononcés. Même s'il ne comprendra jamais ce qui me motive, parce que la cause que je défends le dépasse totalement.

Je manque de m'étrangler quand il me tire subitement à l'intérieur. Il me refuse l'entrer, et maintenant il me pousse dans son appartement ? Je m'arrache de force à sa prise à la porte de son salon. Je lui lance un regard furibond, avant qu'il ne me douche par sa propre colère. Je cille, un peu ahuri qu'il ose me répondre et élever le ton. Si quelqu'un d'autre aurait prononcé ses mots, ça ne m'aurait pas pour autant arrêté, mais venant de lui... C'est plus que déroutant.

- A d'autres ...

Je lève les yeux au plafond, alors qu'il me fait le coup classique d'inverser la situation à son avantage. Et après, c'est moi la manipulatrice en puissance... A regarder cet air de chiot, à lâcher ces mots-là... J'ouvre la bouche, et la referme aussitôt. Qu'est-ce qu'il me chante, à dire qu'il s'en moque finalement ? Qu'il était bien avec moi ? Je secoue la tête négativement. Je ne le quitte pas du regard alors qu'il s'installe dans son canapé. Je reste debout, les bras croisés, à le fixer et attendre la suite. Il a réussi à captiver toute mon attention, alors qu'il s'en serve maintenant.

Je pousse un profond soupir avant de reprendre :

- Non, ça n'était pas le cas. Aaron... Tu te voiles la face. Nous étions en guerre. Nous devions les arrêter avant que d'autres victimes ne... Ecoute ! Tu crois que ça me fait plaisir d'ôter des vies ? J'ai fait le nécessaire, c'est tout. Quand je me suis retrouvée face à eux... Je n'avais plus d'autres choix que d'agir. Tu n'as pas vu ce que j'ai vu. Tu es resté planqué derrière ton appareil, à nier l'évidence. Parce que la guerre est laide et que, quand on choisit de protéger quelqu'un, on doit forcément prendre les armes contre un autre !

Je n'ai pas pu m'empêcher d'hausser à nouveau la voix. Je me pince l'arrête du nez d'une main. Je détourne finalement le regard vers sa fenêtre, résignée.

- C'est comme ça. Ton monde et le mien sont différents... Je ne pense pas que tu puisses comprendre un jour. C'est tout...

Mon regard revient bien vite à lui quand il se lève pour se poster devant moi. Je l'observe un temps sans comprendre, et ses paroles ne m'aident pas à clarifier la situation. Qu'est-ce qu'il me raconte ? Il s'en veut, mais de quoi ? Je me passe une main sur le front. Je n'arrive plus à le suivre maintenant.

- Ce n'était pas contre toi. J'avais besoin de ces clichés, pour ma mission. C'était plus important que nos deux vies, tu comprends ? Alors oui, c'était peut-être intéressé au début, mais... Je ne suis pas restée en contact avec toi pour cette raison. Je pensais qu'on était devenu des amis ou...

J'hausse les épaules. Je ne sais plus ce que je dis. Je n'aurais peut-être pas dû venir, finalement. J'aurais dû laisser ce lien rompu pour de bon, ça valait peut-être mieux pour lui. Je n'aurais pas eu à lui infliger ma présence, et il n'aurait jamais plus été mêlé à ce qu'il ne désirait pas.

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Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 3 Déc - 22:26

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Pourquoi je me mettais dans cet état ? Pourquoi je la faisais entrer dans mon appartement alors que j’aurais pu lui claquer la porte au nez ? Elle n’aurait sûrement pas parlé à une porte close surtout si je mettais la musique à fond ! Était-ce parce que je voulais des réponses ? Je n’en étais pas sûr car tout cela faisait parti d’un passé révolu ! Ou presque puisque mon psy m’avait dit de me plonger dans mon passé. Ironie du sort c’est lui qui venait à ma rencontre. Enfin bref, apparemment je ne voulais pas de réponses car je les connaissais et je jouais au con en faisant comme si ce n’était pas le cas. Astrid avait fait son boulot !
Oui… Voilà ce qu’elle avait fait. Mais elle m’avait manipulé ! Car quand on cache ses vraies intentions pour obtenir quelque chose il s’agit bien là de manipulation non ? Je soupirais… En effet je ne savais pas ce que j’attendais de la jeune femme qui venait de débarquer à nouveau dans ma vie. J’avais tout simplement été trop surpris ! Pour une fois je m’étais emporté mais le résultat était à chier. J’aurais dû rester calme… ou au moins essayé !

Je l’écoutais alors me dire que je me voilais la face et qu’à l’époque nous étions en guerre ! Sa voix était cassante et je me rendais compte que je la préférais à son arrivée. Mais je n’allais pas le lui dire puisque c’était moi-même qui avais réussi à la mettre hors d’elle alors qu’Astrid avait tenu bon pendant un moment. Et puis avait-elle tort au final ? Mon point de vue n’était-il pas faussé ? Pour ma part je n’avais jamais eu l’impression de vivre une guerre à New-York. Ok, j’avais vu des choses pas très belles à voir mais cela c’était toujours fait de manière indirecte, via le développement de mes clichés.
Je haussais alors les épaules… Voilà ce qui nous différenciait. Elle avait vécu cette ‘‘guerre’’ alors que je l’avais immortalisée ! Je soupirais légèrement… et maintenant ? Je devais lui faire des excuses ? Je ne pensais pas car je n’étais toujours pas d’accord avec le fait de tuer sans juger même si les arrestations s’avéraient musclées. Je fixais Astrid de nouveau alors qu’elle me disait que nos deux mondes étaient différents et que je ne pourrais jamais comprendre.



- Mon monde a bien changé depuis New-York Astrid, déclarais-je simplement, presque sur le ton de la conversation. Ne crois pas que je suis le même qu’à l’époque.


Puis je lui avais dit ce que je ressentais vis-à-vis de ce qu’elle avait fait. Je ne m’énervais pas, je lui faisais simplement part de mon ressenti en me tenant face à elle et en ne la quittant pas des yeux. Je hochais alors la tête lorsqu’elle déclara qu’elle avait fait ça pour sa mission. Oui, je le comprenais… mais est-ce que je l’acceptais ? C’était une autre histoire à laquelle je n’allais pas chercher de réponse maintenant.
Non ! Au lieu de ça je me contentais de froncer les sourcils en entendant sa phrase inachevée. Erreur ! Elle savait que ma curiosité me pousserait à poser la question.



- Ou ? répétais-je intrigué.


Mais même si la situation semblait se calmer il fallait que ce soit réel et même si je ne voulais pas m’excuser pour mon départ de New-York je le faisais concernant mon comportement d’aujourd’hui.


- J’n’aurais pas du t’accueillir de cette façon, lâchais-je une fois le silence revenu. C’est pas moi ce genre de réaction mais… enfin, ce n’est pas une excuse mais ça n’a pas été simple pour moi ces derniers mois. Je marquais une pause. On ne va pas tout reprendre depuis le début alors est-ce que tu veux boire un truc ?


Je lui indiquais le plan de travail de la cuisine où il y avait une machine à café, du jus d’orange pressé de ce matin et mes pancakes maison qu’elle connaissait.









Bla bla bla :
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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptySam 5 Déc - 19:08


Je me sens épuisée. Je ne voulais pas me mettre en colère contre lui, mais c'est plus fort que moi. Quand on m'attaque, je ne peux pas m'empêcher de riposter. Fuir les problèmes n'est pas dans mon caractère, même s'il m'arrive de feinter pour mieux obtenir ce que je veux. Le point de rupture est là, justement. Je ne me suis pas souciée de son bien-être quand j'ai réclamé les clichés. Je savais pertinemment qu'il ne me les donnerait pas si je lui disais à quoi ils allaient servir... Un mensonge par omission, c'est petit, c'est facile. Je n'ai pas éprouvé le moindre regret à me servir... Pourquoi ? Parce que je sers une cause plus grande. On m'aurait demandé de le tuer que je l'aurais fait, sans l'ombre d'une hésitation. Ca n'aurait rien eu de personnel, ma propre vie aussi passe après la cause que je défends. Mais bien sûr, il ne pouvait pas comprendre. Lui dire que c'était nécessaire ne l'aiderait pas à encaisser, et pourtant, ça l'était.

Je reste les bras croisés, plantée là, au milieu de son salon. Je fixe un point pour m'éviter de revenir inlassablement à lui. Ma colère est retombée, et la sienne aussi. Il n'y a plus rien que je pourrais dire qui changera quoi que ce soit. C'est à lui de choisir, maintenant. Il m'a amené ici, il peut bien me demander de repartir. Je fronce les sourcils avec une moue interrogatrice quand il me parle de son monde, celui dans lequel il vit maintenant.

- Le mien est toujours le même...

Non, je ne crois pas qu'il soit encore le même. De longues années se sont écoulées depuis, et nous avons tout deux eu l'occasion d'évoluer. Ce n'est pas pour autant que le monde dans lequel je vis à changer. Oh bien sûr, il s'en est passé des choses depuis, mais je ne peux pas renier ce que je suis, je ne le pourrais jamais. Ce monde, on ne le quitte pas de son vivant.

Aaron semble encaisser ce que je lui révèle. Il me connait assez pour que rien ne puisse vraiment l'étonner dans mon discours. Contrairement à ce qu'il peut croire, je ne me suis pas vraiment cachée de lui. Je peux être bien plus factice si besoin est. Non, au lieu de ça, il s'attarde sur cette phrase que je laisse mourir... Je le reconnais bien là, tout dans le ressenti.

- Quoi ? Ou... Qu'est-ce que j'en sais, moi ?

Je fais semblant de ne pas comprendre. Je secoue la tête avant de fuir à nouveau son regard. Je devrais éviter de jouer avec ses humeurs, vu comment il peut se révéler moins paisible que je n'ai l'habitude. Pourtant, il me surprend, parce qu'il cherche à se rattraper. Je relève enfin les yeux vers lui, même si je préfère conserver cette attitude blessée par son comportement.

- Ce n'est rien... Mais je n'ai plus les donuts.

Je lui rends un sourire navré.

- Je veux bien un jus d'orange. Et je rêve où ce sont tes pancakes maison là ?

Je les pointe du doigt. Mon sourire s'étire, malicieux. Je commence à prendre mes aises et m'installer dans le canapé, les coudes reposants contre le dossier.

- Si tu me racontais ce qu'il s'est passé ces derniers mois, si ça te tracasse tellement ? Comme au bon vieux temps...

J'ai un élan de curiosité. Je me demande s'il me parlera des événements de Février, parce que ça m'intéresse d'en savoir davantage. Mais on va peut-être éviter de lui réclamer des clichés, n'est-ce pas ?
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 10 Déc - 22:15

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Le monde pouvait-il réel changé ? Non, cela était impossible. Seule notre vision de ce dernier évoluait même si elle n’était parfois pas très claire. Avant, lors de la grande révélation, j’avais envie de rencontrer les créatures surnaturelles, de les connaître ! J’étais curieux et je voulais en savoir plus. Je n’avais jamais envié leurs pouvoirs, non ! Je ne regrettais absolument pas d’être un simple humain, qui plus est ordinaire. J’étais juste curieux.
Mais tout avait changé ces derniers mois. J’avais trop souvent été mis en danger à cause de ces êtres que j’avais autre fois voulu approcher. A présent je préférais les éviter et je n’allais jamais de mon plein gré dans les endroits que les vampires ou les loups fréquentaient. Sauf, concernant les derniers, en compagnie de Charlie ! Mais cela ne c’était encore jamais fait. Bref, mon monde rejoignait sûrement un peu plus celui d’Astrid… Oui, c’était vraisemblablement le cas puisque son monde n’avait pas changé ! Je soupirais légèrement en ajoutant quelques mots pour qu’elle comprenne que j’avais enfin vu ce qu’était une attaque…



- Dans ce cas on vit sûrement dans le même monde maintenant… en plus d’être voisins !


Est-ce que je me calmais ? Oui, je n’aimais pas être en colère. Ce sentiment n’était pas fait pour moi et il me faisait même culpabiliser. Du moins c’était le cas lorsqu’il était dirigé vers un membre de ma famille ou un ami… Même si je ne voulais pas le reconnaître en ce moment à cause de la rancune, Astrid était une amie ! Je m’étais même demandé à plusieurs reprises, lorsque nous étions à New-York, si mes sentiments pour elle étaient uniquement amicaux. Je n’avais jamais eu la réponse puisque j’étais parti avant… Enfin, puisque j’avais fui selon elle.
C’est sûrement pour cela que je relevais la phrase que la jeune femme ne terminait pas. Je n’avais pas fait ça dans le but de l’agacer ou quoi. C’était purement et simplement de la curiosité. Je me demandais si elle aussi s’était posé les mêmes questions que moi mais je n’allais pas me gêner pour l’interroger à ce sujet. Je me contentais de sourire en remarquant qu’elle avait parfaitement compris où je voulais en venir.



- Rhooo elle est simple ma question. Je te demandais juste de finir ta phrase, déclarais-je de façon innocente. Tu pensais qu’on était devenu amis ou… ?


Oui ! J’insistais parce que je n’étais pas du genre à lâcher l’affaire. Cependant il y avait une chose que je devais faire et c’était rattrapé l’accueil merdique que je lui avais réservé. Le passé c’était le passé non ? Oui ! C’était ce que je n’arrêtais pas de me répéter et je l’avais un peu oublié lorsque j’avais vu Astrid à ma porte. Mais on a tous droit à une seconde chance et son erreur à elle avait été de faire son boulot. Est-ce que je pouvais lui en vouloir pour ça ? Non, absolument pas.
Voilà pourquoi je m’excusais avant de me comporter comme le Aaron qu’elle connaissait. Je haussais les épaules concernant ses donuts… Sans vouloir me vanter je préférais largement mes pancakes maison. Je me dirigeais vers le plan de travail après avoir pris au passage deux verres et je me tournais vers Astrid.



- Oui, ce sont bien eux ! Je préfère toujours le fait maison, et j’en fais toujours trop… Je servais les verres de jus d’orange en ajoutant. Tu veux quoi avec les pancakes ? Beurre de cacahouètes, confitures ou sirop d’érable de chez moi ?


Je me retournais pour voir Astrid installé dans mon canapé, le sourire aux lèvres. Cependant, ses dernières paroles effacèrent quelques peu le mien même si je tentais de le dissimuler. Mon regard se posa brièvement sur la photo d’Elecktra du moins sur l’emplacement vide puisque je l’avais enlevé.


- Y’a pas grand-chose à dire, déclarais-je en revenant près du canapé. J’ai eu la malchance de toujours me trouver au mauvais endroit au mauvais moment et je me suis fais plaquer par lettre par ma fiancée !


Je posais le plateau sur la table basse et m’asseyais aussi sur le canapé.


- Et toi ? T’es ici définitivement ou ils vont te muter dès que la situation sera arrangée ? Si elle s’arrange !





Aaron Caron

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMar 15 Déc - 16:51


C'est un sourire triste qui étire mes lèvres en réponse à sa tentative de concialiation. J'apprécie l'attention, mais il ne pourra jamais comprendre à quel point nos deux mondes étaient différents, et en tout point opposés parfois. Il en allait ainsi pour tout ceux qui luttaient dans l'ombre, afin de maintenir l'équilibre des forces en place. Nous ne recherchons aucune gratitude. Nous nous contentons de faire ce pourquoi nous existons. Aaaron peut-il en dire de même ?

- Oui, peut-être bien...

Je reste évasive, parce qu'il est compliqué de s'engager sur ce terrain. Son monde comporte bien plus de possibilités et d'opportunités que le mien, d'incertitudes et de déceptions aussi. Ce ne sont pas des sentiments que je ressens souvent, parfois en demi-teintes seulement. Il m'arrive de les plaindre, à parfois passer une vie entière pour trouver à quoi rime leur existence. Tout est limpide pour moi.

- Je pensais que tu voulais que je quitte ton monde, en laissant cette porte à moitié close... Mais tu as changé d'avis ?

Je lui rends un regard vaguement interrogateur, depuis le canapé. Je relève la tête pour le fixer un temps, alors qu'il insiste sans aucune honte pour connaître la suite de cette phrase laissée en suspens. Ce n'est pas bien, ce qu'il fait, mais il avait raison sur un point... Ce n'était pas bien non plus de ma part de jouer avec ses sentiments. Je m'accoude au dossier du canapé avec une lueur amusée dans le regard.

- Ou peut-être plus. On s'entendait bien. Ca me faisait plaisir de te rendre visite, parce que je soufflais enfin un peu, alors que je risquais ma vie chaque jour avec la guerre qui grondait au dehors. C'était comme un cocon, où j'avais l'impression qu'elle n'existait plus durant un instant.

J'ai perdu mon sourire. Je me surprends à mimer ma pensée par les gestes, pour tenter de mettre des mots dessus, parce qu'il m'est compliqué de l'exprimer dans toute sa sincérité, lavée de tout faux-semblant. Peut-être qu'à force de porter des masques, il m'est difficile de faire autrement. Sauf qu'Aaron me force à gratter la surface, pour retrouver ce qui fait de moi une personne à part entière, et non uniquement une Illuminati.

Je lâche un bref rire, alors que je me rends compte par ce simple haussement d'épaules qu'il me renvoie que mes donuts ne lui manquent pas le moins du monde. Alors, bien entendu, sa cuisine est largement meilleure que ce que je peux trouver en magasin... Mais la petite boulangerie du coin m'a paru sympathique. Il n'était pas si mal, ces donuts !

- Tant pis pour les donuts alors. Du sirop d'érable, s'il te plaît.


L'ambiance se dégrade lentement mais sûrement, sans que je ne sois en mesure d'en comprendre les raisons. Je suis son regard, jusqu'à l'emplacement vide d'un cadre photo. De toute évidence, Aaron a tenté d'oublier ces derniers mois, et de manière radicale. J'hoche lentement la tête. Je ressens sans mal sa peine, étrangement... Peut-être parce que ce cadre vide représente extrêmement bien mes plus grandes frayeurs.

- Si tu parles des événements de Février, c'est le moins que l'on puisse dire... A croire que tu es maudit ! Mais rassure-toi maintenant, je suis dans les parages pour te sauver la mise.

Enfin, si on veut. C'est loin d'être aussi simple... Et s'il doit mourir un jour, qui suis-je pour me mettre en travers du chemin de la mort ? Je secoue la tête pour me chasser ces pensées de l'esprit, et désigne ensuite le cadre d'un signe du menton. Une vive curiosité m'assaille.

- C'est ta fiancée, que tu avais encadrée là ? Ca fait combien de temps ?

Je me retourne quand il pose le plateau sur la table basse pour attraper le jus d'orange. Je le fais tourner un temps dans mes mains, toutes à mes réflexions, avant de me décider à en boire une gorgée.

- Si elle s'arrange, oui... Je suis dans les parages le temps qu'il sera nécessaire, ce qui peut durer que quelques mois ou de longues années. Dans notre intérêt à tous, tu ferais bien d'espérer que je ne m'attarde pas éternellement en Ecosse. Enfin, j'aime bien le pays... Et puis, je ne suis pas venue seule non plus.

Un mince sourire étire finalement mes lèvres quand je me retourne vers lui.

- Il s'appelle Noah.
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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMer 16 Déc - 10:30

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Oui, nos mondes étaient les mêmes à présent. Je ne me voilais plus la face, j’étais moins naïf et surtout je savais ce que dont certaines créatures étaient capables. Il n’y avait rien de réjouissant à cela et je me prenais même à parfois vouloir revenir en arrière. Que la grande révélation des vampires n’ait jamais eut lieu ! J’avais l’impression qu’à l’époque tout était moins sordide. Enfin, cela l’était mais sûrement, mais en apparence. J’étais trop jeune pour pouvoir comparer.
Nous concernant Astrid et moi, nous avions beau vivre dans le même monde à présent je savais que nous ne le vivions pas de la même manière. Pourquoi ? Tout simplement parce que son métier lui montrait souvent ce qu’il y avait de plus horrible sur cette terre alors que mon boulot m’offrait ce qu’il y avait de plus beau à quatre-vingt-dix pour cent du temps. Mes pensées me prouvaient alors que ce que je venais de dire n’était pas tout à fait vrai et c’est pourquoi je me contentais de sourire à Astrid à sa brève réponse.


J’avais de nouveau retrouvé mon calme et je savais que ma colère avait été déclenchée par Astrid mais aussi qu’elle ne venait pas seulement d’elle. C’était un tout et son arrivée surprise avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Voilà pourquoi je m’en voulais et que j’allais me faire pardonner. Bien sûr cela ne voulait pas dire que je lui pardonnais ce qu’elle avait fait à New-York. Disons que je l’acceptais ou que j’essayais de le faire.
Je fixais alors Astrid lorsqu’elle me fit part de ses pensées et avec un haussement d’épaules je me contentais de lui répondre…


- Une porte à moitié close est la vision pessimiste… Moi j’aurais dit une porte à moitié ouverte !


Puis la conversation en vint à ce que nous avions été à New-York. Des amis ou ? Voilà la réponse que j’attendais à la phrase qu’Astrid n’avait pas terminée. Je m’étais longtemps demandé après mon départ si j’avais dû être plus explicite mais en avais-je conscience moi-même à ce moment là ? Pas vraiment. Je ressentais bien qu’elle était plus qu’une amie et que j’avais comme un besoin d’être près d’elle mais je n’avais pas cherché à savoir plus. Lorsque j’avais voulu le faire il était trop tard ! Elle s’était déjà servie de moi et j’avais préféré fuir.
Aussi je me stoppais lorsque Astrid choisi de continuer sa phrase après que j’ai réitéré ma question. Je la fixais en entendant le ‘‘ou peut-être plus’’. Je détournais légèrement le regard avant de la regarder de nouveau… Nos sentiments avaient été les mêmes ! Alors que serait-il arrivé si je n’étais pas parti ? Est-ce qu’on aurait… Je ne terminais pas cette question mentale. Elle n’aurait jamais aucune réponse ! Ce qui avait été fait ne pouvait être défait.


Pour ne pas laisser la mauvaise nostalgie s’installer je reprenais la parole avec un sourire.


- Et j’adorais te chouchouter quand tu venais. Je marquais une pause hésitante. Ou te dessiner, ajoutais-je. Le plus amusant c’est que tu ne t’en es jamais rendue compte.


Et oui… Nous avions passés de très bons moments ensembles et je me rendais compte que mon départ s’était vraiment fait sur un coup de tête. Cependant je n’arrivais pas à le regretter car la vie m’avait fait rencontrer d’autres personnes qui comptaient à présent beaucoup. Bref, le passé c’était le passé !
Mais le présent, en cet instant, lui ressemblait beaucoup ! N’ayant pas trop de peine pour la perte des donuts je proposais mes pancakes maison et j’adressais un clin d’œil à Astrid lorsqu’elle choisi le sirop d’érable.


- Enfin quelqu’un qui mange ses pancakes avec le bon accompagnement, déclarais-je amusé. Rien que pour ça tu pourras venir en réclamer quand tu veux, ajoutais-je spontanément.


Cependant je redevenais légèrement maussade lorsque la question d’Astrid me remit en mémoire les événements de ces derniers mois. J’acquiesçais d’un signe de tête pour lui confirmer que je parlais des événements de février et des précédents mais je ne le précisais pas. J’eus ensuite un léger rire franc et sincère.


- Et quoi ? Tu vas devenir mon garde du corps personnel ? demandais-je amusé.


Puis Astrid revint sur le sujet Elecktra en m’indiquant l’endroit où la photo de mon ex était encore accroché il y avait peu.


- Oui c’était bien une photo d’elle, reconnus-je simplement. Combien de temps qu’elle est partie ? demandais-je. C’était juste avant les fêtes de fin d’année.


Puis je n’ajoutais rien… Pas même le fait que j’avais eu besoin de retourner dans mon pays natal pour me changer les idées. Non, je préférais interroger Astrid à mon tour. Tout en l’écoutant je me servais un verre de jus d’orange dont je bus une gorgée.
Je notais donc qu’elle resterait le temps que la situation ne serait pas arrangée. J’allais prendre un pancake lorsqu’elle ajouta dans ses explications qu’elle n’était pas venue seule. Je la fixais alors pour en savoir plus et elle me dévoila le prénom d’un gars. Je renonçais au pancake pour reprendre la parole.


- Oh ! T’es venue en couple ? Je note que je ne pourrais pas débarquer à l’improviste chez toi alors, déclarais-je avant de demander. Il fait le même boulot que toi ?


S’il avait pu la suivre c’était logique que ce soit le cas. Ou alors il exerçait un métier indépendant. Enfin, je le saurais bientôt. Mais cela me faisait bizarre de la savoir en couple… même si je n’avais pas envisagé de reprendre où nous en étions restés à New-York.


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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 24 Déc - 12:10


Une porte à moitié ouverte …
Je croise les mains sur un de mes genoux et lui rends un mince sourire en réponse. C’est une vision qui me plait peut-être mieux. Nous avons bien mal démarré tous les deux, et Aaron a pris un temps considérable avant de s’expliquer. Il m’a laissé dans le flou suffisamment longtemps pour que je me sente clairement indésirable en ces lieux, et maintenant ? J’ai l’impression de retrouver un peu de notre complicité d’antan, même si elle est teintée d’une légère amertume. Je suis douée pour ne rien laisser paraître, et lui aussi pour donner le change à priori. Je l’ai rarement vu en colère… Je me doutais bien qu’il ne saurait pas le rester, seulement il risque de ruminer plus tard et de ne me rappeler qu’après une certaine prise de conscience… Ou ne pas chercher à le faire, justement. Il ne tient qu’à moi d’inverser la tendance. Peu importe ce qu’il croit, j’ai appris à l’apprécier, tout comme ces moments que l’on passait ensemble. Seulement, il ne surpassera jamais ma mission… Mais personne n’en est capable, cela n’a rien de personnel. Même Noah ne devrait pas interférer, sauf que son cas est bien plus compliqué à gérer. Je préfère le chasser de mes pensées et remettre ces considérations à plus tard, pour me concentrer sur l’instant présent.

Mes confidences semblent faire écho dans l’esprit d’Aaron, parce que je le vois détourner le regard avec un semblant de timidité presque touchante. Il m’amuse un peu, assez pour que j’aie envie de le taquiner, mais je ne me permets pas le moindre commentaire. Je sais qu’il le prendrait mal, précisément maintenant, alors qu’il prend la peine de se découvrir un peu, lui qui est habituellement si secret. Je ne cherche pas à lui cacher ma surprise, à l’évocation de ses dessins. Je me souviens qu’il passait des heures sur ses calepins à griffonner bien entendu, mais je n’ai jamais surpris les esquisses qu’il aurait pu faire de moi.

- Sérieusement, tu me dessinais ? Mais… Pourquoi tu ne m’as jamais montré ces dessins, tu faisais ton timide ?

Je lui rends un sourire malicieux, une lueur amusée flottant dans le regard. Le petit cachottier… On dirait que ça allait plus loin qu’une simple amitié pour lui. Je veux dire… C’est étrange de dessiner une amie, surtout en se cachant, non ? Et d’autant plus que je n’ai rien remarqué. Je pourrais le mettre sur le compte de ma jeunesse, mais on m’a formé pour jouer des émotions. Je ne suis peut-être pas aussi douée que ma sœur en la matière, mais il est certain qu’avec Aaron… J’ai été parfaitement aveugle. Cette pensée a quelque chose d’assez dérangeant.

Il détourne ensuite habilement la conversation sur ses pancakes maison, prenant un ton plus léger en contraste. Toujours dans la fuite, mais on va finir par aborder les sujets qui peuvent fâcher.

- Ton garde du corps ? Non, certainement pas… Je suis un peu trop occupée à arrêter les criminels de tout poil pour m’en charger, mais tu peux déjà reprendre mon numéro de téléphone et m’appeler au moindre problème. C’est un bon début, non ?

Je suis sûr qu’il l’a effacé, puisqu’il s’est si bien évertué à m’effacer de sa vie. J’ai une légère moue boudeuse qui vient ponctuer mes propos. Il y en a une autre qu’il s’est empressé de rayer de sa vie, celle qui trônait dans ce cadre… Cette mystérieuse fiancée disparue depuis bien six mois maintenant. Et toujours célibataire. Aaron a dû bien mal vivre cette perte, qui n’était pas la première.

- Je suis désolée pour toi, Aaron. Si tu veux en parler…

J’hausse les épaules. Je ne rajoute rien, parce qu’il n’a visiblement pas envie d’en parler maintenant et que je ne vais certainement pas insister. Je sais qu’à sa place, je supporterais extrêmement mal pareil rejet. D’ailleurs, ça m’est déjà difficile de supporter le sien, et nous n’étions que des amis. Si Noah me faisait un coup pareil, je le poursuivrais jusqu’à l’autre bout du monde pour avoir le plaisir de l’étrangler moi-même.

D’ailleurs, en parlant de lui, j’en touche deux mots à Aaron qui me renvoie une neutralité déconcertante. D’accord…

- C’est lui qui m’a suivi, quand je lui ai annoncé que je serais mutée en Ecosse. C’est un ex-militaire… Il avait envie de quitter l’Armée depuis quelques temps, ça a été l’occasion pour lui de plier bagage pour découvrir de nouveaux horizons.


En général, quand tu utilises le mot « militaire », cela a tendance à refroidir les ardeurs de tout ceux dans la pièce, peu importe dans quel contexte un tel mot est employé. Je l’admets, ça m’amuse un peu. Assez pour guetter la réaction d’Aaron avec un intérêt non feint.

- Et non, il va falloir reprendre l'habitude de sonner maintenant !

Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMar 5 Jan - 10:06

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Mon psy m’avait peut-être demandé de me replonger dans mon passé mais j’avais l’impression que pour certains cas il valait mieux l’éviter. C’était d’ailleurs ce qu’il fallait que j’évite concernant ma relation avec Astrid ! Si ces actes n’avaient pas été des plus honorables, mon comportement avait été lâche. Je n’avais pas voulu entendre une vérité que je connaissais déjà et qui m’aurait vexé, voir blessé ! Astrid comptait beaucoup pour moi à cette époque et il ne m’aurait pas été facile d’entendre que je passais après son boulot. A présent je le comprenais mieux car mon travail, ma passion, me prenait beaucoup de temps.
C’est en prenant conscience de cela et du fait que je n’avais pas envie de ressasser le passé que je me calmais de moi-même. Je préférais profiter du présent, voir de l’avenir et aussi je faisais mes excuses dans ce but bien précis mais également parce que j’étais sincèrement désolé de mon accueil.


C’est ainsi que nous en revenions à parler du passé mais des bons moments que l’on avait passé ensemble. Ceux-là même qui nous faisait oublier les horreurs qui se déroulaient dehors ! En fait nous étions parvenus à nous créer une petite bulle protectrice qui était assez plaisante quand on y repensait. Aux milieux de ces souvenirs je lui fis quelques aveux mais tous n’eurent pas une réponse ce qui n’était pas pour me déplaire.
Je souriais donc aux paroles d’Astrid et me contentais, dans un premier temps, de hausser les épaules. A vrai dire je savais que j’avais fait ces dessins pour m’entrainer, et parce qu’elle était jolie mais j’ignorais pourquoi je ne lui avais jamais montré ! Je ne pensais pas qu’il s’agissait là de timidité. J’avais peut-être craint qu’elle ne veuille plus me laisser faire ou qu’elle devienne moins naturelle.


- Sérieusement, répondais-je simplement. Après je suppose que je ne te les aie pas montré parce que ce n’étaient que de simples croquis. Mais si tu veux en voir y’a pas de souci. J’ai conservé pas mal de mes croquis et autres esquisses de New-York même si j’en ai perdu une bonne partie durant mes divers déménagements.


Cependant, comme je ne voulais pas subir un vrai interrogatoire concernant mes réelles motivations je proposais à la demoiselle des pancakes qu’elle accepta. Elle avait toujours eu un petit faible pour ma cuisine et visiblement c’était toujours le cas.
Je la taquinais ensuite en lui demandant si elle allait devenir mon garde du corps tout en sachant que la réponse serait négative. Et comme je m’en doutais Astrid me répondit qu’elle aurait trop de boulot pour avoir ce rôle mais elle précisa que je pourrais toujours prendre son numéro et l’appeler en cas de problème. Je me tournais alors vers elle.


- Oui, c’est un bon début ! Par contre j’ai déjà ton numéro de téléphone, déclarais-je. Enfin, t’as peut-être changé depuis le temps, ajoutais-je en ramenant le plateau.


J’expliquais ensuite brièvement ma rupture avec Elecktra et je le faisais uniquement parce que mon invitée surprise me posait des questions. A vrai dire je n’aimais pas parler de ma séparation parce que j’en ignorais les causes réelles. Le mot laissé par mon ex-fiancée ne valait rien !
Je jetais donc un coup d’œil à Astrid quand elle se dit désolée et qu’elle me demanda si je voulais en parler. Parler de quoi ? Il n’y avait rien à dire.


- Y’a pas grand-chose à dire… Tout se passait bien entre nous, on s’était fiancé et avant même de pouvoir l’annoncer à qui que ce soit elle m’avait quitté en me laissait une simple lettre, expliquais-je machinalement. Du coup je suis devenu assez méfiant ! avouais-je.


Je ne précisais pas à quel sujet car cela était une évidence et puis je m’intéressais déjà à autre chose. La vie amoureuse d’Astrid ! A vrai dire, aussi égoïste que cela puisse être, je n’avais pas imaginé une seule seconde qu’elle puisse être en couple et cela me faisait bizarre. En plus elle semblait avoir trouvé le bon puisqu’il l’avait suivi jusqu’ici !
Mais ce qui me fit sourire ce fut d’apprendre qu’elle était avec un militaire. Rien à voir avec le photographe que j’étais. J’aimais l’action, barouder dans des contrées inconnues mais je n’étais pas un combattant. En bref, je ne devais pas du tout être le genre de type qui intéressait Astrid. Mais je gardais ces pensées pour moi et écoutait la jeune femme me dire qu’il faudrait que j’apprenne de nouveau à sonner.



- Effectivement ! Si tu vis avec un ex-militaire je ne vais pas m’amuser à rentrer chez vous sans sonner… déclarais-je simplement. En tout cas, c’est bon pour la sécurité du quartier.


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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMer 6 Jan - 23:45


Un sourire en coin ourle mes lèvres devant la justification assez piteuse qu'il me sert. Ce n'était que de simples croquis qui ne méritaient pas que mes beaux yeux s'attardent dessus... C'est cela oui. J'aurais bien envie de le taquiner un peu à ce sujet, pour les avoir conservé tout ce temps comme un secret bien gardé.

- Bien sûr que je veux les voir, sauf si tu as une meilleure excuse à me fournir pour éviter un drame... Ce n'était pas trop compliqué de crayonner quelques esquisses sans que je m'en aperçoive j'espère ? Je m'en serais voulue de contraindre tes talents d'artistes par des malencontreux coups d'œil dans la mauvaise direction...

Moi, me moquer de lui ? Jamais. Aaron essaie vainement de détourner le sujet avec le coup des pancakes. Bien essayé, mais je ne suis pas dupe. Cela dit, je veux bien lui laisser croire que je le suis juste le temps d'en avaler un ou deux trempés dans du sirop d'érable. J'adore les donuts, mais je me contente d'aller les chercher en boulangerie. Un jour, je me mettrais à la cuisine... Quand j'aurais assez de temps le soir pour ne plus me contenter de plats réchauffés.

Je penche la tête avec un air vaguement perplexe, m'arrêtant dans ma dégustation pour l'observer un temps. Vraiment ? Tout en contradiction, ce cher Aaron... Si résolu à me rayer de sa vie, mais pas assez pour se résigner à m'ôter de son répertoire téléphonique, ou comment couper le cordon en ne cisaillant qu'à moitié.

- Non, c'est toujours le même. Je suis seulement étonnée que tu l'aies conservé malgré tout...

Je perds mon air enjoué au profit d'une douce mélancolie à l'évocation de sa fiancée. Ce qu'il me confie sonne comme des excuses. J'imagine sans difficulté que l'amertume de cette rupture ne l'a pas incité davantage à pardonner quelques écarts passés. Non, cela aurait plutôt eu l'effet inverse, à alimenter sa rancune...

- Mais... C'est quand même étrange, Aaron. Pourquoi serait-elle partie du jour au lendemain, alors que vous veniez de vous fiancer ? Tu n'as pas essayé de la contacter, de la retrouver ? Il lui est peut-être arrivé quelque chose de grave, indépendant de sa volonté.

Il n'apprécierait peut-être pas que je prenne la défense de son ex-fiancée, mais j'en éprouvais le besoin... Parce que nos deux situations étaient assez similaires pour que je ne le laisse pas reproduire les mêmes erreurs, à vouloir couper les ponts sans laisser la moindre chance, alors même qu'on ne choisissait pas toujours.

Enfin, c'était bien moins douloureux de parler de Noah. Je suis étonnée qu'il le prenne si bien, après ce que j'avais cru percevoir, sous-jacents à ses reproches... J'avais pu me tromper. C'est rare, mais ça arrive. Je ne m'en formalise pas plus, parce qu'il m'est plus évident de parler ouvertement avec lui, comme dans le passé. Ce n'était pas quelque chose que j'avais pris l'habitude de faire, mais dans cette bulle que nous avions formés à cette époque, j'avais l'impression que c'était possible, et que mes obligations étaient parfois bien lointaines, même si elles finissaient toujours par revenir au premier plan à un moment ou l'autre.

Je pose mes mains sur mes genoux et lâche un léger rire qui me vient naturellement.

- A t'entendre, on croirait presque qu'il te fait peur... Bon, d'accord. Il est plutôt impressionnant de carrure, maniaque à l'excès, et avec un coefficient social proche de zéro.

Je marque une pause, toute à mes pensées.

- Mais oui, il défendra le plus grand nombre en risquant sa propre vie. Ne t'inquiète pas, c'est quelqu'un de bien. Disons qu'il m'apporte la stabilité dont je manque souvent cruellement...

Je lui jette une œillade, guettant sa réaction. Je n'ai pas envie de parler trop longuement de Noah si cela peut gêner Aaron, surtout vis-à-vis de sa propre situation. D'autant plus que ça doit se voir, parce que pour une fois que je peux parler librement... Je ne me cache pas tellement de l'amour que j'éprouve pour mon compagnon.
Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyJeu 7 Jan - 19:00

C'est fou ce que le monde est petit !

 


*Jamais je n’aurais du lui parler de ces croquis que j’ai fait d’elle !* Voilà la pensée qui me traversa l’esprit alors qu’Astrid déclarait, qu’effectivement, elle voulait y jeter un coup d’œil. Sur le coup j’aurais pu regretter ce qui m’avait traversé l’esprit mais c’était avant que la demoiselle me taquine… se moque même ! Dans un premier temps je ne répondais rien car je réfléchissais à quelque chose ! Un truc qui pourrait me permettre de clouer le bec de la demoiselle.
Cela ne semblait pas venir mais je savais que j’allais trouver une parade qui m’éviterait de revenir sur les sentiments que j’avais pu avoir pour elle et que je n’avais jamais avoué. Et puis j’étais persuadé qu’elle avait compris… Elle avait toujours été très perspicace !


- Quand tu auras fini de te moquer de moi tu me feras signe ! déclarais-je avec une moue boudeuse. Puis je trouvais enfin en constatant qu’aucun dessin inachevé ne traînait. Ok ! C’est vrai que je ne t’ai jamais montré aucune des esquisses de toi mais en même temps t’as jamais vu aucun de mes croquis. Je montre que mes dessins, peintures et photos terminés, ajoutais-je avec un clin d’œil.


Après il se pouvait parfaitement que la jeune femme ait déjà vu des croquis puisqu’il lui arrivait de débarquer sans prévenir. Elle ne prenait pas trop de risque en faisant ça car j’avais passé beaucoup de temps à bosser mon stage lorsque je n’étais pas de sortie avec elle… Le fait qu’elle débarquait sans prévenir ne m’avait jamais dérangé, au contraire, je trouvais ça sympa. Et puis cela ne semblait pas dans sa nature d’appeler avant !
D’ailleurs, en parlant de téléphone, Astrid se déclara surprise d’apprendre que j’avais toujours son numéro. Je la regardais légèrement gêné. A vrai dire, si je n’avais pas supprimé son numéro c’est qu’il y avait une raison… du moins plusieurs consécutives. Je la regardais droit dans les yeux et j’en venais à penser qu’il valait mieux ne plus esquiver le sujet !


- Ok ! T’as gagné… Je marquais une pause avant de me lancer. Au départ je ne l’ai pas effacé parce que j’espérais que tu appellerais… puis je l’ai gardé pour ne pas répondre au cas si tu venais à appeler, enfin je crois. En fait, pour être franc… je m’arrêtais, hésitant… pour être franc j’en pinçais carrément pour toi mais j’ai jamais été capable de te le dire et tu ne l’as jamais remarqué, avouais-je d’une traite avec un haussement d’épaules. Ça explique sûrement pourquoi j’aimais autant te dessiner et que je ne t’en ai jamais parlé !


Pour de l’aveu c’était de l’aveu, mais en me taquinant et en me cherchant comme elle le faisait Astrid devait s’en douter. Je n’aimais pas garder ce que j’avais sur le cœur et si je ne lui avais rien dit à New-York c’est tout simplement parce que je m’en étais rendu compte trop tard. Enfin, on ne pouvait pas revenir en arrière ce qui ne l’empêcha pas de parler du passé mais plus précisément de ma rupture avec ma sirène.
Je baissais la tête en entendant son avis… J’avais eu le même ! Cela ne m’empêchait de l’écouter jusqu’à la fin avant de la regarder droit dans les yeux.


- C’est aussi ce que j’ai pensé ! Et contrairement à ce qu’elle avait écrit dans sa lettre, j’ai essayé de la retrouver. En vain ! Par contre mes recherches m’ont prouvé qu’elle avait payé le mois de préavis de son appartement et annulé ses concerts. C’est son proprio qui me l’a dit lorsque je suis allé récupérer mes affaires que j’avais chez elle. Je soupirais. La seule de ses connaissances que j’ai croisé et pu interroger m’a dit qu’elle avait voulu recommencer sa vie à zéro. Concernant ses rares amis, ils ont disparus. Donc, en bref, je ne saurais jamais pourquoi ma fiancée a disparu du jour en lendemain.


On aurait cru entendre le résumé d’un film à l’eau de rose… Le truc c’est qu’ils finissent bien en général et je doutais que mon histoire puisse avoir ce genre de happy end. D’ailleurs elle était déjà terminée.
Ce n’était pas le cas d’Astrid. J’apprenais qu’elle était en couple et que son gars l’avait suivi jusque là. Un militaire ! Il ne fallait pas que je lui cherche des noises alors, même si cela ne me serait venu à l’esprit. Je souris en entendant les paroles de la jeune femme et je faisais un signe de tête négatif. Non, je n’avais pas peur… A la limite je devais avouer que je ressentais une pointe de jalousie mais j’étais surtout ravi de voir Astrid aussi radieuse lorsqu’elle parlait de son homme.


- Même pas peur ! … Quoique… Vu la description que tu en fais, plaisantais-je avant d’ajouter. Enfin… s’il te rend heureuse, c’est le principal ! ajoutais-je. D’ailleurs t’es radieuse quand tu parle de lui. Je fouillais ensuite dans le tiroir de la table basse. Tiens ! Avant que j’oublie de te les montrer, dis-je en lui tendant un porte-vues. Ce sont ceux de New-York.


Aaron Caron

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyDim 17 Jan - 14:22


Qu'il est attendrissant quand il prend cette mine boudeuse... Je ne peux pas m'empêcher de le taquiner, c'est plus fort que moi. Je renoues avec notre ancienne relation que nous entretenions à New York, dans d'autres temps, d'autres circonstances... Mais qui étaient si éloignés de cette réalité qu'il fallait affronter chaque jour que cela me paraît des plus naturels. C'est notre bulle qui est en train de se reformer, malgré les épreuves que nous avons traversés, et qui ont même réussi à nous séparer.

- Qui aime bien châtie bien, tu devrais le savoir !


Je lui décoche un clin d'œil, enjouée, avec ce sourire qui ne me quitte plus. Il se trouve une nouvelle excuse à me brandir pour ne pas m'avoir parlé plus tôt de ses esquisses... Je me dis que, quelque part, j'ai toujours su la nature réelle de notre relation. Peut-être qu'on aurait pu aller plus loin, à l'époque, mais je connaissais déjà mes consignes. Ca aurait été bien plus dur pour lui à encaisser, sans aucun doute, et j'avais encore assez de respect envers Aaron pour limiter la casse. Je n'avais pas pour autant prévu qu'il fasse le lien avec les infos et qu'il me plante ensuite. Et puis maintenant, ma vie avait pris un autre tournant et je ne me voyais pas avec un autre homme que Noah. Non, pour être exact, déjà à l'époque, je n'avais que Noah en tête, même si nous n'étions pas ensemble et que je n'en espérais pas tellement. A chaque fois que j'avais été voir ailleurs, mes couples s'étaient brisés bien vite. J'aurais été incapable de m'engager avec un autre, pour autant Aaron était un ami qui m'était cher et je n'étais pas certaine qu'il aurait compris ce manque d'engagement de ma part.

- Je levais trop souvent la tête pour que tu arrives à achever ton œuvre, c'est ça ?


J'hausse un sourcil, vaguement perplexe, quand il admet sa défaite. Ok... Et qu'est-ce que je venais de gagner exactement ? Je l'avais appelé, à plusieurs reprises. Je pensais qu'il n'avait pas décroché en lisant un numéro inconnu sur son portable, mais il savait pertinemment que c'était moi. Ce qu'il me confie ensuite... Ne m'étonne pas plus que ça. Il faut dire qu'Aaron est un bien piètre comédien et menteur, si bien que je ne m'amuse pas à simuler la gêne comme une jeune fille timide. Non, je le regarde droit dans les yeux, avec sérieux. Ce n'est pas le moment de se moquer.

- Si, tu viens de me le dire. Et je le savais déjà, seulement...


Je lui rends un mince sourire, compatissant.

- J'ai vraiment essayé de te préserver, Aaron. J'ai voulu tout faire pour que notre bulle n'éclate pas, à cause des années sanglantes, de mon travail, de ce tout. Je n'avais pas tellement envie de te perdre pour de bon, même si c'est tout de même arrivé. Et maintenant... Beaucoup de choses ont changé, j'imagine.

Ca ressemble à des excuses, non ? Peut-être. Je ne suis pas du genre à en faire, après tout. Je considère l'incident clos, et ne m'étale pas, surtout quand on en vient à parler de son ex-femme... Ce qui est un sujet encore plus délicat vu sa réaction. Je me rends compte qu'il tenait beaucoup à elle, pour entamer toutes ses recherches alors même qu'elle l'avait plaqué de la pire façon imaginable. Une lettre, c'est vraiment minable. Mais recommencer sa vie à zéro, du jour au lendemain... C'est plutôt inquiétant, surtout si ses amis ont aussi disparus. Fuyait-elle quelque chose, ou quelqu'un d'autres que lui... Un danger imminent ? Ou peut-être était-ce simplement une rupture et qu'elle avait pété un câble, va savoir.

- Aaron... J'ai accès à pas mal d'informations au sein de la PES. Est-ce que tu veux que je fasse des recherches sur elle, ou préfères-tu que nous arrêtions d'en parler et faire un trait là-dessus ?

Je peux l'aider à la retrouver, s'il le désire vraiment. Mais cette fois-ci, je ne compte pas le faire sans lui demander son avis. Je ne prendrais pas la peine de retrouver cette illustre inconnue si ce n'est pour lui. C'est plus facile de parler de Noah, et je lâche un léger rire à sa première réaction quand je lui en fais la description.

- Il a aussi de nombreuses qualités pour compenser. Et oui, il me rend vraiment heureuse.

Et si je ne prends pas la peine de contrôler mes émotions au quotidien, je suis certaine que j'afficherais ce sourire idiot en parlant de lui en permanence. C'est quand même un peu étrange d'en parler avec Aaron, surtout après ce qu'il m'a confié, donc je suis bien contente qu'il dévie la discussion pour me montrer ses dessins. Je parcours son carnet datant de New York en m'attardant sur chaque esquisse. Je redécouvre avec un plaisir non feint cette ville qui m'a vu grandir, et que j'ai appris à aimer. New York sera toujours mon foyer, bien davantage encore que la Norvège.

- Ils sont magnifiques, Aaron. Tu as vraiment intérêt à les finir un jour... Je te paierais l'aller-retour à New York s'il le faut, mais j'en veux un pour décorer mon salon !


Je passe les pages jusqu'à tomber sur ces dessins qu'il a réalisé de moi, étant un peu plus jeune. Je n'ai pas tellement changé depuis, et il est aussi doué pour dessiner des buildings qui s'élancent vers le ciel que les traits d'une femme. Je dirais même qu'il m'embellit un peu trop... Ce qui a le don de me faire sourire. Je m'arrête à la dernière page, où un de ses dessins est si détaillé qu'on dirait qu'il a capturé les moindres détails de mon visage. Je brandis le carnet devant lui avec une expression mutine, sans pouvoir me retenir de le taquiner à nouveau.

- Et tu vas me dire qu'il n'est pas fini celui-là ? Oh... A moins que tu voulais mettre de la couleur ? Suis-je bête !

Astrid Lehtinen

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyVen 5 Fév - 21:52

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Un sourire franc et sincère apparaissait sur mon visage lorsque la demoiselle utilisa un dicton qui faisait parti de mes favoris. D’ailleurs, était-ce pour cela que j’avais accueilli Astrid de la sorte après des années de séparation ? Certes, il y avait une de la rancune et beaucoup de surprise. Mais il y avait autre chose ! Même si je ne lui avais pas avoué j’étais content qu’elle soit là… c'est-à-dire vivante ! L’arrêt de ses appels m’avait fait craindre le pire mais j’avais été trop têtu, orgueilleux pour prendre de ses nouvelles.  Pour cela j’aurais du l’appeler, lui parler et surtout répondre à ses questions si j’avais composé son numéro.


- Je le sais, je le sais, déclarais-je simplement.


Puis j’esquivais le sujet de mes esquisses cachées justement. Certaines choses, ou plutôt certains sentiments appartenaient au passé et je pensais qu’il n’était pas bon de les faire ressurgir. Cependant j’étais un piètre menteur et je choisissais de dire en partie la vérité en omettant certains détails. C'est-à-dire que je ne montrais jamais mes croquis ou esquisses ! D’ailleurs, Astrid ne pourrait pas me dire le contraire. Si elle avait vu beaucoup de mes œuvres, ces dernières ne lui avait été dévoilées qu’une fois terminées.
Je souriais donc à sa remarque, pensant que j’avais gagné. Je lui répondais même avec un clin d’œil.


- C’est une des causes en effet… Tu ne tenais jamais en place ! Une véritable hyperactive, déclarais-je avec un léger rire.


Cependant je me rendais compte que je n’avais pas vraiment gagné. Si j’avais réussi à trouver une excuse pour les dessins je ne savais pas vraiment quoi lui répondre concernant le fait que j’avais conservé son numéro de téléphone sans jamais lui donner de nouvelle. Je la fixais et après un temps de réflexion indéterminé je lui avouais la vérité sans rien lui cacher cette fois. Pas même la naissance des sentiments que j’avais eu pour elle et dont je m’étais rendu compte après que j’eus pris la fuite.
Cependant, en observant son air plus sérieux et en entendant ses paroles je ne regrettais pas mon départ précipité ! Non, je préférais que cela se soit passé ainsi finalement. Pourtant je fus surpris lorsque la jeune femme déclara qu’elle savait ce que j’ignorais. Je le regardais étonné en hochant la tête pensivement. Beaucoup de choses avaient changées ? Pas de mon côté apparemment. Toujours photographe, de nouveau célibataire, mais sûrement moins naïf !


- Peut-être de ton côté, repris-je pensif. Moi je suis encore photographe, célibataire et naïf… enfin moins, ajoutais-je avec un sourire en ne lui cachant pas mes pensées. Bref… On va arrêter là les regrets parce que tu m’as bel et bien protégé. Je suppose que j’aurais eu le droit à échec cuisant si j’étais revenu sur mes pas comme je le voulais pour te faire part de mes sentiments. Je ne me trompe pas ?


Et voilà ! Le dernier aveu était tombé… J’avais voulu revenir auprès d’elle à un moment. Lorsque le manque de sa présence avait supplanté la colère avant que cette dernière ne reprenne de nouveau le dessus.
Mais ce lointain passé fut très vite remplacé par un plus récent et je fixais Astrid sans savoir quoi répondre à sa proposition. J’avais envie d’accepter, même si ce n’était que pour savoir que celle qui avait été ma sirène allait bien. Ne quittant pas Astrid du regard je lui répondais de manière sûre.


- A vrai dire je préfère en rester là… Aussi bizarre que cela puisse paraître j'ai le sentiment qu’elle va bien ! Sûrement très loin d’ici mais qu'elle est en forme. Merci quand même, ajoutais-je simplement.


Lorsque la jeune femme me confirma ensuite que son homme la rendait bel et bien heureuse je luis adressais un sourire. Tout en hochant la tête je me contentais de penser qu’un jour j’aurais moi aussi cette chance… C'est-à-dire trouver la bonne personne !
Puis, pour ne pas nous éterniser sur le sujet je faisais l’effort de montrer mes fameux croquis non-terminés à Astrid. J’oubliais juste que parmi ces derniers se trouvait un dessin terminé… Dans un premier temps je souriais à la jeune femme et lui répondais de suite.


- Ok pour l’aller-retour… si tu m’accompagne, précisais-je avec un clin d’œil. Pour le dessin, choisis celui que tu veux et je te le termine.


Cependant j’avais déjà pour projet de terminer ces fameux croquis mais j’avais fait assez de photos pour le faire d’ici. Bien sûr je ne le disais pas ! Et même si j’avais voulu je n’en aurais pas eu le temps…
Astrid me montrait un dessin d’elle, terminé et signé ! De nouveau elle me charria et je fus légèrement gêné alors que mon regard se portait du carnet au visage amusé de la jeune femme. Je me reprenais et répondais avec un haussement d’épaules…


- Non ! Celui-là est bel et bien fini… Je devais te l’offrir, avouais-je. Tu sais… enfin t’as peut-être oublié ! On s’est prévu un resto et j’aurais du te le donner à ce moment là… Mais je suis parti la veille de ce fameux jour. Je marquais une pause agrémentée d’un sourire. Il te plait ?




Dernière édition par Aaron Caron le Lun 15 Fév - 13:02, édité 1 fois
Aaron Caron

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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyDim 14 Fév - 21:06


Je laisse ce sourire de complicité gagner mon visage, en réponse au sien. Il m'arrive de me demander si la vraie Astrid n'est pas celle qui passe du temps avec Aaron, dépourvue de masques et de faux-semblants. Je suis plus détendue avec lui, parce que je n'ai pas besoin d'incarner la cause que je défends, ou de travailler à sa réalisation. Je me sens... Humaine. Un sentiment étrange, mais dangereux.

Je laisse un rire filtrer d'entre mes lèvres à sa remarque. Je lève les yeux au plafond, toujours aussi amusée.

- Dis-toi que je suis bien pire au travail... Et je n'ai pas bougé de ce canapé depuis bien une demi-heure. Je fais des progrès, non ?

Oui et il me tient par l'estomac aussi. Dès que je n'aurais plus de pancake à m'enfiler, des chances que je quitte le renfort du cuir pour fureter partout... Ben quoi ? Ca a toujours été dans mes habitudes d'agir ainsi, et j'adore découvrir de nouveaux lieux de vie. Ils regorgent de secrets, les cachettes ne sont plus les mêmes... Et pour un esprit vigilant, tu peux saisir toute la vie de la personne en procédant ainsi. Je connais déjà Aaron, mais de nombreuses années se sont écoulées. J'ai beaucoup de retard à rattraper.

Enfin il avait trouvé un autre moyen de retenir durablement mon attention, en me révélant les sentiments qu'il avait eu à l'époque... Entre amour et haine, la barrière est assez fine. Ce n'était pas tellement son comportement qui m'avait mis sur la piste, mais bien son départ sans plus laisser de nouvelles... Qui aurait agi de cette façon si l'affection n'était pas si forte ? L'équilibre prenait parfois du temps à se reconstituer, et c'était ce que nous nous évertuons à faire.

- Tu as changé, Aaron. C'est plus évident comme constat à faire pour quelqu'un comme moi qui n'a pas pu te voir durant des années que pour toi. Les épreuves que tu traverses te forgent.

Et il s'était embelli aussi. Enfin, la plupart des hommes le faisaient en prenant de l'âge. Je devrais garder cette pensée dans le coin de mon esprit et me contenter de cette simple observation d'ordre général. Je n'avais pas envie que Noah le voit d'un mauvais œil simplement parce que je laissais filtrer plus que je ne l'aurais dû.

Je me mords la lèvre quand il pose cette question... Epineuse. Je pousse un fin soupir. J'imagine que je lui dois un peu de franchise...

- Tu te trompes. J'aurais pu me laisser tenter, mais...

Mais tu es humain, Aaron. Je ne peux pas faire ma vie avec un humain, alors que les Illuminati ont besoin de moi pour perpétrer notre héritage, afin que l'équilibre ne périclite jamais. Je ne pouvais pas lui dire que la cause que je défendais était plus importante que mes propres sentiments. Je pouvais lui dire, par contre, pour Noah. Tout est plus grand, plus intense, quand on partage un lien aussi fort.

- Je connais Noah depuis mes douze ans. J'ai appris à l'aimer, le détester, l'envier et le chérir. Nous n'étions pas ensemble à l'époque. Il nous a fallu beaucoup de temps pour nous rendre compte de nos sentiments réciproques, et aussi une longue séparation entrecoupée de peu de visites. Tu m'as connu à ce moment-là. Seulement, même si nous aurions pu franchir le cap... Oui, Aaron. Je pense que je serais tout de même tomber amoureuse de Noah.

J'hausse les épaules. Je n'ai pas envie de le blesser à nouveau, seulement c'est la vérité. Nous nous connaissons depuis tellement longtemps... Je ne vois pas d'autres issues, sauf si Terry était toujours dans l'équation, bien sûr. Mais que je sois ou non avec Noah, les Illuminati m'auraient incités à un moment ou un autre de prendre époux parmi les nôtres. Ce n'est pas encore exclu qu'ils le fassent, d'ailleurs.

- Ce ne sont que des suppositions, Aaron. On ne sait pas de quoi est constitué l'avenir, et il ne sert à rien de repenser le passé différemment, parce qu'il ne changera pas. Je suis certaine que tu trouveras quelqu'un qui te conviendra, quelqu'un qui pourra t'apporter le bonheur que tu mérites, et cette personne n'aurait pas pu être moi. Tu le savais, et c'est aussi pour cette raison que tu es parti.

Aaron était une énigme en lui-même des fois. Je sentais beaucoup de rancœur en lui, envers les femmes qui avaient pu jalonner sa vie, mais encore plus envers celle qui aurait dû la sceller. Pour autant, il ne voulait pas avoir de ses nouvelles, non par rancune, mais parce qu'il était persuadé qu'elle allait bien et vivait une nouvelle vie loin de lui. Alors pourquoi ne pas se débarrasser de ce cadre vide, s'il pensait qu'elle en avait fait de même ?

- Tu devrais tourner la page, Aaron.

Je me lève pour plaquer ce cadre contre le bois du meuble. Je sais que le geste est fort. Je lui aurais bien présenté des amies pour lui changer les idées, mais je ne connais qu'Eva ici, qui est mariée. C'est moi la nouvelle. Et lui ? Je suis sûr qu'à force de l'attendre et de rester dans le passé, il a raté de nombreuses chances de refaire sa vie avec une autre.

Je reviens près de lui pour me lover contre l'accoudoir du fauteuil, regardant par-dessus son épaule les croquis qu'il me révélait. Retourner à New York me ferait du bien, même si ce serait un peu étrange de faire la route avec Aaron et non Noah. Mais après... Je pouvais bien aller voir mon tuteur, Nicholas, non ? Il était comme un père pour moi.

- D'accord, mais je préfère que tu partes d'une page blanche pour en refaire un nouveau. Une vue, qu'on avait l'habitude de voir...

Je veux qu'il dessine cette vue imprenable que j'avais depuis sa fenêtre à l'époque. C'est quelque chose qui nous rappellerait nos souvenirs communs, mais dessiner depuis une page vierge et nouvelle. J'aimais le concept.

Je me suis emparée du dessin achevé, qui retraçait à la perfection mes traits de l'époque. Je fais toujours ces deux tresses, dès que je vais travailler. On a besoin de garder les cheveux attachés, à défaut de les couper. Ca me donne vraiment des airs de gamine, mais même Noah disait qu'il les aimait bien. Je détaille ce dessin avec attention, parce que je n'ai pas envie de penser à la veille de son départ.

- Tu es vraiment parti du jour au lendemain...

Je le fixe un temps, avec une pointe de tristesse, avant de reprendre de la distance. Je repose le dessin sur la table basse, avec précaution.

- Je n'ai pas oublié.

Et cette seule phrase laisse planer bien plus qu'un simple resto qu'on s'était prévu. Je lui rends un mince sourire et secoue négativement la tête.

- ... Merci. Tu aurais une pochette pour que je puisse le transporter sans qu'il ne prenne l'humidité ? J'ai l'impression qu'il pleut en permanence par ici.
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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyMar 16 Fév - 20:20

C'est fou ce que le monde est petit !

 


Je devais reconnaître que le fait qu’Astrid ne soit pas en train de fureter partout relevait du miracle. Je n’avais jamais vu personne d’aussi remuant qu’elle et j’allais le reconnaître… Du moins c’était le cas avant que mon attention se porte sur l’assiette de pancakes maison. Cette vision me fit sourire car s’il existait un moyen pour qu’Astrid reste tranquille c’était en lui présentant des trucs qu’elle adorait mangé… Ma cuisine en faisait partie à l’époque et visiblement c’était toujours le cas.
Je lâchais les petits délices maison des yeux pour regarder la jeune femme.


- J’allais te donner raison mais j’ai des doutes, déclarais-je en souriant. Reconnais que si tu n’avais pas mes célèbres pancakes sous le nez tu serais déjà en train de fureter par ci par là !


Ce n’était pas un reproche et mon clin d’œil lui confirmerait ce qu’elle aurait sûrement compris. Astrid avait toujours été comme ça ! C’était sûrement du à son métier. Je n’en savais rien mais cela ne m’avait jamais dérangé. Je n’avais rien à lui cacher et c’était encore le cas. Le seul secret que je gardais était dans ma tête et elle n’y avait pas accès. Du moins, à la base il y en avait deux mais je venais de lui avouer ce que j’avais pu ressentir (ou presque) pour elle à New-York… car depuis le temps les sentiments avaient du disparaître non ?
Je lui disais même que j’étais plutôt content que tout cela se soit passé ainsi. Pourquoi ? Parce que j’étais toujours le même, en moins naïf… et donc je supposais que je n’aurais eu aucune chance auprès de la jeune femme si j’avais avoué mes sentiments. Je souris légèrement lorsqu’elle déclara que j’avais changé… Je haussais les épaules !


- J’ai juste fait en sorte de rester en vie ! Apparemment je me suis plutôt bien débrouillé puisque je suis toujours là, plaisantais-je.


Mais je fus très vite surpris par les paroles d’Astrid. Elle aurait pu se laisser tenter mais… bah oui, dans ce genre de situation il y a toujours un mais ! Ce dernier me surprit… Elle était en train de m’expliquer qu’elle avait toujours eu des sentiments pour ce Noah et qu’ils étaient dans une phase de séparation lorsque nous nous fréquentions… amicalement parlant bien entendu ! Je me mordillais la lèvre inférieure comme je le faisais toujours quand je réfléchissais. Je ne savais pas vraiment comment je devais prendre tout ça ! Jamais elle ne m’avait parlé de ce type qui avait pourtant l’air de compter énormément et depuis un long moment. Je préférais ne pas continuer à penser à cela. Je n’avais pas envie qu’une nouvelle rancœur ne naisse.
Avec une pointe de déception je reprenais la parole.


- C’est ce que je dis… Je n’aurais jamais fait le poids ! Et je ne pense pas que j’aurais bien encaissé une rupture pour un autre. Je marquais une pause et fixais la jeune femme dans les yeux. Alors tu vois… c’est mieux comme ça, murmurais-je plus pour moi-même.


Astrid tenta ensuite de me réconforter à sa façon ce qui me fit sourire. Je n’étais pas désespéré et je savais que je pourrais trouver quelqu’un qui serait fait pour moi. Mais pour le moment je ne cherchais pas et je vivais au jour le jour. Se précipiter ne servait à rien et je le savais parfaitement. Tout était allé si vite avec Elecktra et regardez le résultat.
Je ne répondais pas aux paroles d’Astrid. Je ne le faisais pas car je ne savais pas si j’étais d’accord avec elle ! Cela venait peut-être du fait que nous replongions dans nos souvenirs passés et que ces derniers m’avaient rappelés les sentiments que j’avais... euh... que j'avais eu à son égard. Voilà que je m'embrouillais ! Je me contentais de la suivre du regard lorsqu’elle déclara que je devais tourner la page et qu’elle dissimula la photo. Je lui souris alors qu’elle revenait…


- C’est ce que je fais… si le cadre était encore là c’est parce que je dois y mettre une nouvelle photo. Elle est en train de sécher dans… … le labo, terminais-je en constatant qu’elle s’était assise plus près.


Je ne sais pas ce qui m’avait perturbé et je me rendais compte que je ne voulais pas le savoir. J’espérais alors que mes croquis avaient détourné son attention et que la jeune femme n’aurait pas remarqué mon hésitation. Pour en être certain je lui proposais un de mes croquis de New-York ! Mais la demoiselle en préférait un nouveau et elle évoqua une vue précise. Je la regardais dans les yeux en sachant parfaitement de quoi elle parlait… Je nous revoyais encore tous les deux à la fenêtre en train d’admirer cette ville toujours en mouvement, violente à cette époque mais envoûtante !


- Pas besoin de retourner à New-York pour cette vue… je pourrais la refaire les yeux fermés !


Puis Astrid tomba sur un dessin d’elle que j’avais terminé. Je l’avais oublié celui-ci ! Je la laissais le détailler sans rien dire car je me souvenais moi-même de ce qu’il aurait pu représenter… Mais je faisais en sorte de ne pas imaginer ce que ce fameux dîner aurait pu avoir comme résultat. Voilà pourquoi je regardais la jeune femme si proche de moi et chassais l’idée qui m’était venue. Ses paroles m’aidèrent…


- Je suis désolé… Vraiment !


Je m’en rendais compte à présent. Peu importe la colère que j’avais ressentie… Je n’aurais pas du fuir. Je constatais aussi que je fus déçu de la voir s’écarter légèrement. Mais il ne fallait pas… je ne devais pas ressentir ça. Même si elle n’avait pas oublié. Le passé, ce passé, devait le rester.
Je ne la quittais pas du regard mais je ne répondais pas de suite. Puis je souris légèrement, tentant d’oublier ce qui se passait dans ma tête.


- Il ne pleut pas tout le temps… des fois il neige ! dis-je pour plaisanter. Et une pochette ? Oui, je dois avoir ça ici, déclarais-je en me penchant vers Astrid pour récupérer un porte-vues sur l’étagère.


Mon regard plongea dans celui de la jeune femme au moment même où ma main se posait l’objet. Était-ce une impression ou bien étais-je trop près d’Astrid ? Visiblement je l’étais assez pour que mes lèvres se posent sur celles de la jeune femme… Cet instant, aussi bref soit-il, me rappela pourquoi je n’étais pas retourner auprès d’elle. Elle avait été la première ! La première pour qui j’avais ressenti de l’amour et je n’avais même pas été capable de m’en rendre compte. C’était un comble ! Astrid avait été la première jeune femme que j’ai aimée et il ne s’était jamais rien passé entre nous. Ce baiser m’en avait fait prendre conscience.
Je me reculais légèrement et fixais de nouveau Astrid…


- Excuse-moi… Je… Non, je ne dirais pas que je regrettais car ce n’était pas ce que je pensais. Excuse-moi, s’il te plait ! demandais-je sincèrement avec une pointe de tristesse.


Je ne regrettais pas mais je n’aurais pas du faire ça… Elle était en couple et heureuse !



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MessageSujet: Re: C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé]   C'est fou ce que le monde est petit ! [Livre III - Terminé] EmptyLun 7 Mar - 19:31

Je lui rends un sourire narquois pour toute réponse. Je n'allais pas lui donner raison... Mais oui, ses pancakes avaient tendance à me garder en place, le temps que je savoure chaque bouchée avec une lenteur délibérée. Je m'étais retrouvée privée de ces délices pendant des années... Il me fallait bien rattraper le retard et en profiter copieusement maintenant, non ?

Aaron prenait la vie avec un optimisme déconcertant... La situation en Ecosse était si précaire que n'importe qui de censé aurait déménagé sans tarder pour de plus calmes horizons. Bien sûr, dans le monde entier persistait des dissensions depuis la révélation, mais le Chaos avait apposé sa marque sur l'Ecosse comme sur aucune autre région. J'étais présente pour régler ce genre de problématiques, mais lui...

- C'est déjà pas mal, en effet. Je ne sais pas ce qui arrive à te retenir ici, Aaron...


Je l'observe avec la plus grande méfiance quand nous abordons des sujets bien plus délicats, comme l'attirance que nous aurions pu partager mais surtout... Mes sentiments envers Noah. Je lui mentirais à lui dire que je n'en éprouvais pas avant de le rencontrer. C'était faux. Seulement... J'étais aussi douée pour mentir aux autres que pour me mentir à moi-même, et il m'avait fallu longtemps pour prendre conscience que je ne voyais pas simplement Noah comme un grand frère que je n'avais jamais eu. L'affection que je lui portais avait toujours été bien au-delà, même si à l'époque, et rien que d'y penser des frissons me parcouraient l'échine, je ressemblais bien plus à une petite peste d'adolescente enamourée et jalouse qu'à une vraie femme qui savait ce qu'elle voulait. Pas étonnant que Noah ne se soit attardé sur moi que de nombreuses années plus tard...

Aaron se mord la lèvre avec insistance, et sa nervosité ne peut pas m'échapper. Je ne dis rien, parce qu'il est inutile de tourner le couteau dans la plaie, j'attends que lui s'exprime en premier.

- Oui, Aaron. C'est mieux comme ça.


Je lui rends un sourire doux, conciliant. Je suis plutôt soulagée qu'il se rende lui-même à cette évidence et ne cherche pas à aller plus loin. On s'est déjà causé assez de mal l'un l'autre, inutile d'en rajouter n'est-ce pas ? J'arrive à lui arracher un sourire, et j'estime alors que le sujet est clos. J'ai subitement envie d'aller dans son labo pour voir quelle photo comptait-il mettre en substitution de celle de son ex-femme. J'hausse un sourcil, interrogateur. S'il veut m'en parler, il le fera, mais je ne veux pas me montrer trop intrusive comme j'ai si souvent l'habitude de le faire bien malgré moi.

Mon sourire se fait plus affirmé quand il m'affirme pouvoir reproduire les yeux fermés cette vue que nous avions tout deux de New York, depuis la fenêtre de son appartement. Je suis touchée qu'il devine si bien mes pensées, et ce que je désirerais qu'il me dépeigne, mais je me lève pour regagner un peu de distance, parce que ça ne m'a pas échappé qu'il en ressente un certain malaise. Je ne veux pas le laisser croire que... Même si je suis obligée de marquer quelques distances par rapport à notre ancienne complicité. La situation est totalement différente maintenant.

- Ce n'est rien. Je te devais aussi des excuses, alors... Nous sommes quittes, non ?


Je le suis du regard quand il se lève pour attraper une pochette au-dessus de moi afin de mettre le dessin en lieu sûr... Une bien mauvaise idée. Je me maudis intérieurement, prête à détourner la tête quand son regard croise le mien un peu trop longuement... Mais trop tard, le mal est fait. Je me fige sur le coup, quand je sens ses lèvres effleurer les miennes. Le contact m'électrise d'une bien étrange façon, et je ne peux pas retenir cette légère pointe qui transperce mon lien avec Noah. La surprise, l'enchantement... Laissent bientôt place à la gêne et la culpabilité.

Je secoue négativement la tête, le regard braqué au sol alors qu'Aaron me débite des excuses qui n'en sont pas tellement. Je me lève et prends mes affaires, parce que c'est bien la seule chose qu'il me reste à faire. Je pars d'un pas résolu vers la porte d'entrée, oubliant le dessin derrière moi. Depuis le seuil, je lui lance un regard peiné. Mais que veut-il que je fasse d'autres ? Je suis bien obligée de m'en aller, après ça... Et partir comme ça, comme une voleuse, de la même façon qu'il l'a fait par le passé. Noah a dû sentir cette infime sensation de par notre lien. Il est bien trop attentif pour qu'il en soit autrement, et je ne peux décidément pas m'attarder une minute de plus à lui expliquer alors que... Je dois des explications bien plus urgentes à Noah.

- Moi aussi, Aaron. Je suis désolée. Je pensais que tout était limpide maintenant, mais la page n'est pas non plus tournée pour nous. Je ne veux vraiment pas t'infliger de nouvelles blessures, après ce que tu as vécu et... Je dois vraiment y aller. Je ne sais pas quand on pourra se revoir. Je ne peux pas te dire... Je te recontacterais, par téléphone. D'accord ? Il faut vraiment que je rentre maintenant. Merci de m'avoir invité, et pour les pancakes. C'était vraiment une soirée extra.

C'était, oui. Je me mords la lèvre. J'ouvre la porte et pars ensuite sans me retourner, sans même lui jeter un regard de plus. Je ne veux pas qu'il m'embrouille les idées, m'empêche de partir ou pire, me suive jusqu'à mon appartement qui est juste en face et où doit m'attendre Noah.

Je n'arrête pas de me maudire tout au long du trajet du retour.
Je ne suis qu'une idiote, vraiment.
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