Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé]
Sujet: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Mer 5 Aoû - 18:11
Le monde peut-être refait avec des « si ». Un simple mot, deux lettres avec pourtant une capacité impressionnante à contenir ressentiment, espoir et illusion. Dans mon cas, il s’agissait plus d’un simple « si j’avais été sérieuse, je serais en train de tenter de trouver du boulot ». Rien de bien méchant, mais aujourd’hui, j’avais envie de lâcher la bride sur ce que je devais faire, pour ressortir le ce que j’avais envie de faire. Cela faisait une éternité que je n’avais pas pris le temps de lire tranquillement en prenant le soleil. Il faut dire qu’entre les années sanglantes et mon appartement, les loisirs s’étaient faits rares et le soleil bien terne. J’aimais à penser que tout cela était derrière nous désormais, même si une petite voix dans ma tête me susurrait avec entrain que ce n’était que le début. Malgré tout, je m’étais installée dans un endroit assez dégagé, non loin d’une sortie. A distance suffisante pour que les arbres couvres les bruits de la ville, mais suffisamment proche pour que je puisse me sortir de je ne savais trop quel guêpier.
Je haussais les épaules pour me détendre et chasser ces pensées de mon esprit. Reprenant ma lecture avec attention. Au moins, pouvait-on rester un peu dehors sans craindre de se faire ouvrir le ventre désormais. La encore, au fin fond de mon crâne j’entendais ricaner méchamment. Je posais mon livre dans un soupir agacé. Je détestais ne pas réussir à focaliser mon attention, aujourd’hui, j’aurais voulu que mon bon sens me lâche 5 minutes. Il faisait frais, mais le temps était beau. Les passants rares, j’arrivais presque à me croire en campagne, j’étais bien et pourtant, non, je n’arrivais pas à oublier trente secondes tout ce que je devais faire, tout ce qui me tournait dans la tête. Je n’étais pas particulièrement pessimiste, mais il fallait être honnête, les tentions étaient toujours présentes au sein de la capitale, comme partout ailleurs. Alors à quoi bon se voiler la face. Je me massais les tempes doucement, finissant par fermer les yeux pour simplement profiter des quelques rayons de soleil.
J’avais le teint pâle à force de rester cloîtrer chez moi. Il fallait avouer qu’un peu de chaleur était bienvenue. Mon esprit cessait enfin de cogiter, mon souffle devint plus lent. Malheureusement, le repos fut de courte durée, des gamins galopant et hurlant s’étaient rapprochés de moi. Sans jamais vraiment m’approcher, ils criaient à plein poumons et écorchaient mes oreilles avec leur voix aiguës. Je fronçais les sourcils, toujours les yeux fermés. Prendre du repos n’était pas vraiment dans mes capacités… Les conversations des enfants avaient désormais toute mon attention.
Badinage infantile et sans importance, dans un nouveau soupir je rouvrais les yeux et fini par poser mon menton dans ma paume en regardant les bambins, l’œil indifférent. Une balle voltigeait de l’un à l’autre et je priais pour qu’un chien ne la trouve à son goût, l’attrape et s’enfuit avec. Les enfants l’auraient suivi, la tranquillité serait revenue. J’étais mauvaise, je le savais, en plus il ne me dérangeait pas tant que ça. J’étais simplement frustrée de ne pas réussir à me détendre plus que cela. Sans parler de la chemise mal boutonnée du blondinet haut comme trois pommes. Certaine fois, je faisais des fixettes et là c’était précisément le cas. Je n’arrivais pas à me le sortir de la tête. Ne pouvait-il pas faire cette simple chose correctement ? Le ballon fut envoyé bien loin de ces propriétaires. J’aurais presque pu m’en réjouir, s’il n’avait pas fallu qu’il les rapproche de moi. C’est en suivant le projectile, espérant vainement qu’il éclate après une rencontre fortuite avec une grosse épine que je le remarquais. Un homme, plutôt bien fait de sa personne il fallait l’avouer, debout pas bien loin. Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose dans cette personne m’avait fait accrocher son regard. Regards que je lâchais aussitôt. Déjà, il était hors de question de le dévisager et ensuite… Je ne savais pas, il y avait quelque chose, un éclat dans ces yeux, une ombre de sourire peut-être, qui était terriblement dérangeant. Hors, j’étais bien ici pour me reposer un peu, alors autant l’ignorer. Avec de la chance, il finirait assommé par ces gamins turbulents.
Dernière édition par Gabriel Hudson le Jeu 17 Sep - 21:20, édité 1 fois
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Sam 8 Aoû - 18:14
Kelvingrove Park. L'endroit avait mauvaise réputation depuis les événements des années sanglantes. Il faut dire que c'est immense... Et il peut se passer pas mal de choses, sous couvert des arbres et buissons, comme des agressions gratuites qui donnent naissance à des petits vampires ou loups-garous. Je me demande à quoi devait ressembler ce parc en Février, quand le chaos les a tous rendus fous furieux. Un tableau saisissant et sanglant, certainement. J'en souris un peu, repensant à ces instants de massacre avec un brin de nostalgie... Mais voilà, les humains ne comprennent jamais la leçon. On se retrouve avec des gosses dans les pattes, qui courent tous derrière un ballon en riant. C'est beau le déni. On trouve encore des parents prêts à laisser leurs enfants ici, à s'amuser sans surveillance, plutôt que de déménager sans tarder ailleurs. Peut-être que certains l'ont fait, mais pas tous. Ils doivent se dire que c'est pire, ailleurs. Ils n'ont pas tout à fait tort...
Je me suis arrêté en plein milieu de l'allée, le temps de les laisser passer. Je préfère éviter de me faire bousculer bêtement et d'aggraver ma blessure à la jambe. Déjà que ça m'énerve franchement de devoir encore utiliser une béquille, autant éviter de repasser à deux à cause d'un ballon. D'autant que le parking est à une cinquantaine de mètres... Ce serait ballot.
Je vais pour reprendre ma route quand j'ai cette impression étrange qu'un détail m'a échappé. Je tourne la tête sur ma droite et avise la petite brune installée sur un banc, face à son livre. C'est typiquement le genre de filles qui ne m'intéresse pas. Il lui manquerait des lunettes pour jouer les parfaits rats de bibliothèque. Moi, nourrir des clichés sur les lectrices solitaires dans les parcs ? Jamais. Elle a remarqué que je l'observais. Un sourire ourle mes lèvres, naturellement, comme à chaque fois qu'une fille s'attarde à me regarder. Il s'accentue un peu plus, presque dérangeant, quand je mets enfin le doigt sur ce qui m'avait dérangé. C'est une métamorphe. Je comprends subitement mieux le côté discret, à ne pas vouloir attirer l'attention. Je ne connais pas un seul métamorphe qui aime s'afficher.
J'aurais pu reprendre tranquillement ma route, quand elle décide finalement de m'ignorer... Sauf qu'elle vient de piquer ma curiosité et que je ne compte pas la laisser s'en sortir à si bon compte. Je m'approche d'elle... Et m'assois juste à côté sans lui demander la permission. Je soupire d'aise et repose mes bras le long du dossier. Elle n'a vraiment pas de chance, d'être tombée sur moi.
- Je suis toujours surpris du nombre de créatures surnaturelles qui séjournent à Glasgow... Souvent même sans qu'on s'en rende compte.
Journal Intime Spécialisation: Enragé Points de vie: 15 Coups du Destin: 14
Malcom Hastings
« L'estime, pour être bien trempée, doit l’être dans le sang des autres. »
Messages : 1931 Membre du mois : 69 Je crédite ! : (c) Shiya Localisation : Glasgow Caractère : Sadique – Violent – Séducteur – Imbu de lui-même – Fidèle – Entier – Homme de parole – Débrouillard – Méticuleux – Cynique - Protecteur - Instable Autres comptes : Astrid Lehtinen
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Sam 8 Aoû - 19:54
Le bois se plaint avec discrétion quand l’homme décide de s’asseoir à côté de moi. Je regarde obstinément mon bouquin, lisant par la même occasion une dizaine de fois la même ligne en boucle. Les enfants sont partis plus loin, appelés par leurs parents sans doute. C’est un soulagement, mais également assez malvenu. J’avais toujours l’espoir que cette foutue balle s’écrase sur cette tête d’ange. Les vertus du silence n’étaient pas comprises par tout le monde et certaine pas par lui semblait-il. Ne parlons même pas du langage corporel. Si j’avais détourné le regard, que j’avais plongé le nez dans un livre en faisant semblant de rien, si je n’avais pas relevé le regard lorsqu’il c’était rapproché, c’était peut-être pour une raison …. Ha ba non bien sur suis-je bête, tout le monde voulait être accosté de la sorte, sans même un salut. Il était tellement peu réceptif. Je n’étais pas particulièrement associable, mais là, j’avais juste besoin de prendre l’air, de me changer les idées. L’ambiance lourde qui pesait sur la ville mettait tout le monde à cran. Moi comprise, mes épaules étaient nouées par le stress. Alors, me faire accoster par un inconnu pour faire causette n’était pas vraiment ce dont j’avais besoin. Mon livre se referme dans un claquement sourd, je le pose sur mes genoux et je daigne enfin lever le regard sur l’inopportun. Ce petit sourire était charmant, mais en cet instant il m’agaçait. Ou était donc ce foutu ballon ?
-Bonjour, j’insistais doucement sur ce mot, la politesse était une notion qui lui semblait inconnue. Ce n’était pas mon cas et si je n’avais pas de temps à perdre à la lui inculquer, je n’allais pas m’abaisser à son niveau.
-Dans un sens, cela n’a-t-il pas toujours était le cas ?
Mes yeux glissent sur l’herbe qui nous fait face. Le surnaturel, encore et toujours. Les gens n’avaient que ce mot à la bouche. C’était lassant à force. J’espérais ne pas être tombée sur un de ces fanatiques, trafiquants de je ne sais quelle substance. Je n’étais clairement pas intéressée par ce genre de consommation. Il est vrai qu’a la lumière des derniers évènements, sortir n’était pas une bonne idée, encore moins dans ce Parc. Mais j’avais besoin de sentir le vent sur mon visage. L’attaque était encore bien présente dans les esprits, de nouveau la suspicion s’était installée dans le regard du peuple. Les gens étaient obsédés par ce qu’ils ne pouvaient pas avoir, par ce qu’ils avaient perdu. C’était déplorable. Les vampires, loups et autres joyeusetés avaient finalement toujours existé. Leur naissance ne s’était pas faite le jour de leur révélation au monde. Depuis que les humains étaient impliqués, les évènements n’avaient cessé de s’aggraver.
-Vous m’excuserez, mais je suis venu ici pour avoir un peu la paix, donc j’aimerais autant que chacun reste dans son coin.
Je m’écarte légèrement de lui histoire d’appuyer mes propos. Je ne voudrais pas que le fait de lui avoir répondu l’encourage dans son entreprise. Laquelle d’ailleurs ? Je n’en étais pas certaine. C’était une étrange façon d’aborder quelqu’un tout de même. Je frotte mes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer un peu. Elles étaient toujours gelées, la bise ne faisait qu’accentuer le phénomène. Je reprends mon livre et prends néanmoins le temps de préciser à mon interlocuteur, histoire d’être certaine de clore cette conversation naissante dont je ne voulais pas.
-De plus parler de ce genre de sujet me met mal à l’aise, donc j’apprécierai d’autant plus ne pas continuer cette discussion.
Le dieu ballon étant ce qu’il était, inexistant, je devais donc m’en remettre au bon sens de l’homme pour retrouver un semblant de tranquillité. J’avais un peu peur qu’il ne prenne la mouche, après tout, je ne savais pas à qui j’avais affaire. Poule mouillée, je ne l’étais pas vraiment, j’évitais les ennuis autant que possible. C’est ainsi qu’on restait en vie dans cette ville. Savoir se faire oublier, attirer l’attention était devenue bien trop risqué. Loin de devenir une petite chose fragile et malléable, je faisais simplement en sorte de ne pas être impliquée dans les histoires étranges. Je n’avais certes pas choisi le meilleur des lieux, mais à être trop prudent, on n’en venait à ne plus vivre. Cela n’avait pas non plus grand intérêt.
Un petit soupir de dépit franchit mes lèvres. Je crois que je ne réussirais pas à lire tant qu’il serait à côté de moi. Cette fichue manie de faire attention à tout et tout le monde. Mes yeux glissaient sur les lignes sans en imprimer un seul mot. Je continuais cependant avec tranquillité pour donner le change et tromper l’intérêt de mon voisin. Mes sourcils se froncent légèrement, je venais de me rendre compte que je comptais ses respirations, perdant encore une fois le sens des mots qui s’étalaient sous mes pupilles. Si je me mettais à attendre qu’il parte sans rien faire, je risquais d’être déçue. Ce genre de personne, avec autant d’éducation qu’un singe apprivoisé, avait la fâcheuse manie à s’accrocher.
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Ven 14 Aoû - 9:40
Elle ne daigne pas sortir le nez de son livre. Mon sourire s’étire un peu plus, devant la déconvenue que je dois lui causer. C’est toujours aussi jouissif de s’immiscer dans la vie des autres, essentiellement quand ça les emmerde. Je me demande bien en quoi elle peut se transformer… Certainement rien de bien agressif. Une souris ? Elle a le même côté craintif et discret de l’animal, mais je n’ai pas la moindre idée de s’il est solitaire. C’est forcément un animal de nature solitaire. On a toujours tendance à prendre l’apparence de ce qui nous est proche, donc évident.
Elle capitule et ferme son livre pour me regarder en retour. Elle a compris, ou toujours pas ? Peut-être que la brune s’en moque totalement et cherche à fuir les siens. Ce serait dans la même lignée que mon hypothèse précédente. J’hausse un sourcil, quand elle me reprend sur les règles de politesse les plus basiques. Se rend-elle compte à quel point elle empire son cas ?
- Si tu veux. Dans notre cas, si. On n’est pas un virus qui se transmet par la rage ou la mort après tout. On se contente de se laisser vivre.
Elle s’excuse et me rabroue toujours avec politesse. Demandé si gentiment, on serait presque tenté d’accéder à sa requête… Enfin si j’étais un gentil garçon ou même peut-être un dragueur qui tente sa chance. Mais non, rien de tout ça. Je suis seulement un connard.
- T’as vraiment pas de chance alors, ma belle. Je suis venu pour m’amuser un peu.
Elle s’écarte, tente de se réchauffer un peu les mains. Je lâche un rire bref avant de passer mon bras autour de ses épaules. Si elle ne l’avait pas fait, peut-être que je l’aurais laissé tranquille… C’était juste trop tentant. Je la force à maintenir une certaine proximité, et même avec une jambe en piteux état, je doute qu’elle arrive à se soustraire à mes attentions. Ce n’est pas une Louve, rien qu’une métamorphe assez chétive.
- Tu ne comptais pas t’envoler, tout de même ? On ne fait que commencer, ce serait dommage. Relax’. On a plein de choses à se raconter je parie…
D’habitude, elles m’évitent de me faire autant passer pour un lourdingue. Elles sont même plutôt flattées que je m’arrête pour elle… Bon, j’évite les timides totalement coincés en général, ça doit aussi aider. Je me demande si elle va se mettre à crier ou se débattre, elle ne peut plus faire semblant de lire ses pages d’un air stoïque. Je lui prends son livre des mains pour le refermer et en regarder le titre. Un roman… Je déteste lire. Quel intérêt ? On en perd de vue l’essentiel.
- Pourquoi ? Parce que ça te tue, qu’on soit pareil ? Il va falloir te faire à l’idée, ce n’est pas quelque chose qu’on peut ignorer. Arrête de faire semblant, je sais quelle bête peut sommeiller au fond de toi.
Je lui rends un large sourire. Elle me ferait presque rire avec ses manières. Je sens déjà qu’elle va se hérisser, car on a décidément rien en commun hormis d’être des métamorphes.
Dernière édition par Malcom Hastings le Jeu 3 Sep - 10:49, édité 1 fois
Journal Intime Spécialisation: Enragé Points de vie: 15 Coups du Destin: 14
Malcom Hastings
« L'estime, pour être bien trempée, doit l’être dans le sang des autres. »
Messages : 1931 Membre du mois : 69 Je crédite ! : (c) Shiya Localisation : Glasgow Caractère : Sadique – Violent – Séducteur – Imbu de lui-même – Fidèle – Entier – Homme de parole – Débrouillard – Méticuleux – Cynique - Protecteur - Instable Autres comptes : Astrid Lehtinen
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Ven 14 Aoû - 11:51
Ces propos sont étranges, presque incohérents. Je ne suis pas certaine de le suivre. Il ne manquerait plus que l’humanité devienne transmissible. Comme la nature de ces monstres … C’était une idée vraiment dérangée. Pourquoi diable est-ce que j’écoute les inepties d’un fou ? J’ai bien l’impression que c’est un cas particulièrement détraqué qui m’est tombé dessus. Je ne prends pas la peine de lui répondre, il faut que je l’ignore. Après tout, il finira bien par se lasser et aller proférer ses propos inexplicables à des copains de rues bourrés. Peut-être l’était-il d’ailleurs, cela expliquerait son comportement. Drogué plutôt, il ne sentait pas vraiment l’alcool. Mes yeux glissent lentement des pages à l’homme. Là, je commençais à m’énerver, si je n’allais pas me mettre à hurler en pleine rue comme une greluche, j’avais une sérieuse envie de lui en coller une. Pour qui se prenait-il ? Et pourquoi moi, merde ? S’il y avait un dieu la haut, je crois qu’il me détestait et ca venait de devenir réciproque. Je restais calme, il n’y avait pas d’autre manière de régler la situation. Il était tellement sûr de lui, cette pauvre petite chose paumée, que perdre ses moyens étaient la dernière chose à faire. Les hommes et leurs certitudes que les femmes n’étaient que des êtres sans défenses.
Le singe continue ses pitreries de mauvais goût. Un frisson me parcourt la colonne alors que son bras me rapproche de lui. Je lui souris froidement, fichant mes yeux dans les siens. Foutu pour foutu, je n’allais pas jouer la vierge effarouchée. Un tel plaisir ne lui sera pas accordé. Je ne sais pas pour quoi il a bien pu me prendre, mais il risque d’être déçu. Je retourne à mes pages comme pour lui signifier que sa présence n’est rien.
Un petit rire méprisant m’échappe. Ho non, je ne risquais pas de m’envoler, j’avais bien envie de lui apprendre les bonnes manières avant. Il fallait simplement l’ignorer, lire ou en tout cas faire semblant. C’était dur avec une telle énergumène à côté. Son bras autour de mes épaules pesait bien trop lourdement. Le coup de grâce fut donné lorsqu’il me prit mon livre des mains. Il voulait parler très bien, nous allons parler. Je fiche mon regard dans le siens pour la seconde fois. Ma voix se fait glaciale. S’il croit qu’il va m’intimider avec ces manières grotesques. Je ne comprenais même pas où il voulait en venir, de la drague, tentative de raquettes, une volonté d’éprouver ses talents d’emmerdeurs ?
-C’est assez navrant de voir les airs que tu te donnes. C’est à ce moment que les belles tombent dans tes bras en soupirant, c’est ça ? Sérieusement, tu me fais quoi là ? A te comporter comme un singe, il est tentant de te traiter comme tel.
Fuir en couinant n’était pas une option, sa main m’agrippait doucement, mais avec poigne. Elle était assez bien ancrée pour m’empêcher de me lever correctement. Je n’avais pas envie de m’étaler par terre avec la grâce d’un lamantin échoué. Je restais donc tranquille. Sa jambe boiteuse ne m’avait pas échappé, c’était rassurant. Il n’était pas en pleine possession de ses moyens et le bandage qui élargissait un de ces cuisses était visible. Un handicap bienvenu quand on soupçonne des réflexes aussi perfides que son comportement. Autant se méfier. Il continue son monologue absurde. Un de mes sourcils se relève. Je lui rends son sourire avec une ironie bien visible.
-Tu aurais pu trouver mieux quand même.
J’ai envie de lui envoyer une bonne gifle, mais je me fais plus mesquine. Mes mains s’appuient sans aucune douceur sur sa cuisse blessée. De loin, on pourrait presque croire que je tente autre chose. Je rapproche mon visage du siens, à distance respectable tout de même.
-Tu dois vraiment te sentir seul pour venir me voir et me parler ainsi. Détraqué comme tu es, trouver des compagnons ne dois pas être évident, je te l’accorde. J’aurais presque pitié.
Tout en parlant, j’accentue la pression. Les tendres ne survivent pas longtemps dans cette ville et si j’ai tendance à éviter les ennuis, je n’en reste pas moins complètement sans défense.
-Parce qu’en attendant la bête semble bien mal en point en plus d’être stupide.
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Mar 18 Aoû - 15:22
Elle ne réagit pas, enfin pas tellement. A croire qu’elle ne comprend pas de quoi je parle, vu sa façon de me regarder comme si j’étais fou. Je ne peux pas me tromper, surtout depuis que je côtoie la Meute. C'est une métamorphe. Une lapalissade qui me tente de lui crier aux oreilles pour qu'elle cesse enfin de jouer avec mes nerfs. Il serait totalement ubuesque qu'elle puisse nier sa propre nature. Alors à quel jeu s’adonne-t-elle avec moi ? Finalement, ce n’est peut-être pas moi qui m’amuse d’elle à ses dépens, mais l’inverse.
Elle me prouve de suite que j’ai tort de le penser, de par le regard assassin qu’elle me lance. A quoi s’attendait-elle de ma part ? Je me le demande. Je ne peux pas m’empêcher de lui rendre un large sourire, un rien provocateur. Elle ne cède pas à la panique, mais à un élan de colère froide. La petite semble d'humeur labile, ne se montrant pas si timide et réservée que je l'aurais cru au premier abord... Loin de là. Je préfère partir dans cette optique, plutôt que de lui courir après comme une proie. Le manque de répondant a souvent tendance à me lasser. Et pourtant, elle ne fait pas mine de bouger dans un sens ou dans l’autre quand je passe mon bras autour de ses épaules. Elle ne désire pas que je m’avance en terrain conquis mais garde un contrôle encore absolu sur elle-même. Après tout, peu importe. Elle ne sera pas en mesure de conserver longtemps cette attitude avec moi. Surtout quand je m’empare de son livre, son rire méprisant se changeant aussitôt en un ton polaire. Je continue de sourire, ne me démontant pas pour si peu.
- A ce moment-là ? Non pas vraiment… Plutôt bien avant de faire naître un casus belli. Je ne pensais pas un jour tomber sur une fille qui préfère lire un livre plutôt que de me parler quand je m’arrête pour elle. Je devrais peut-être te féliciter pour ta persévérance, enfin il aurait fallu que tu parviennes au moins à tourner une page depuis que je me suis assis à côté de toi… Histoire d’être crédible.
Je lâche un rire bref à son commentaire bien senti. J’admets, elle m’a bien eu. Pour une fois que je me contente de faire la discussion, elle arrive encore à contourner ma réflexion quant à sa nature pour le tourner en drague ouverte. Je l'observe se pencher sur moi, avec un regard interrogateur alors qu'elle paraît bien plus entreprenante que je ne l'escomptais. Je suis des yeux ses formes voilées par un haut de couleur nacarat, avant de revenir aux siens d'ébène, surmontés de sourcils si bien épilés qu'on n'entrevoit pas une taroupe. Elle les hausse, avec un fin sourire qui m’interpelle, tandis que sa chevelure brune retombe sur moi. Je suis vraiment à tomber sous le charme avec aussi peu ?
Quand ses mains se posent sur ma cuisse, mon esprit se déconnecte une seconde avant de me rappeler bien trop vite à une urgence absolue. J’entends à peine ses propos désobligeants. Mon premier réflexe est de la repousser avec force, si bien qu'elle valdingue dans le décor et se retrouve à écraser un rhododendron de son postérieur. C'est d'une voix serratique que je reprends, crispé par cette douleur brutale qui remonte le long de ma cuisse.
- Mais quelle garce...
Le sang imprègne mon bandage, puis le tissu de mon pantalon par touches légères. Il me bat aux tempes aussi. Je sens une colère sourde me donner la force de me relever malgré tout. Je m'avance pour lui faire face, mes chaussures s'enfonçant dans la terre rendue blèche par plusieurs jours de pluies successives. J'inspire un bon coup, goûtant à cette note rafraîchissante de pétrichor… Sans parvenir à m’éclaircir les idées.
- C’est moi qui aie pitié de toi. Tu ne te rends pas compte encore des retombées délétères que peuvent avoir tes actes. Tu devrais savoir qu’un animal blessé est bien plus agressif et retord que peut en être un autre, en pleines possessions de ses moyens.
Je l’attrape par les cheveux avant qu’elle ne se dérobe, la tirant avec force pour la forcer à me regarder. Difficile d’échapper à mon emprise si elle ne peut pas se mettre à courir. Je me demande si elle va se transformer, là, de suite. J’ai bien envie de le voir… Et de la forcer à le faire pour s’assurer de s’en tirer en un seul morceau.
- Tu n’aurais jamais dû faire ça, si tu tenais à ce que les choses se terminent bien pour toi. Qui est le plus stupide de nous deux ?
Journal Intime Spécialisation: Enragé Points de vie: 15 Coups du Destin: 14
Malcom Hastings
« L'estime, pour être bien trempée, doit l’être dans le sang des autres. »
Messages : 1931 Membre du mois : 69 Je crédite ! : (c) Shiya Localisation : Glasgow Caractère : Sadique – Violent – Séducteur – Imbu de lui-même – Fidèle – Entier – Homme de parole – Débrouillard – Méticuleux – Cynique - Protecteur - Instable Autres comptes : Astrid Lehtinen
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Mar 18 Aoû - 19:26
Tourner les pages. Il était mignon, comment réussir avec un abruti pareil à proximité ? Le pire dans l’histoire, c’est qu’il n’abandonnait pas. Sur un nycthémère, combien de fois un mec de la sorte réussissait son coup ? Je veux dire, en étant aussi acharné, il devait plus les faire fuir qu’autre chose. Sans parler de son rire, agaçant au possible. Bon, je n’étais pas tout à fait honnête, son assurance faisait son petit effet, je comprenais pourquoi tant d’autres avaient succombé. Mais pas moi, pas maintenant, ce n’était pas le bon jour et actuellement, il m’irritait plus qu’autre chose. Je n’étais pas comme ces pauvres erres qu’il devait faire tomber en pâmoison avec leur chleuasme auquel il se serait empressé de répondre histoire de les empêtrer un peu plus dans son filet. Etait-ce méthémérin pour lui que d’agir ainsi ?
-Il y a déjà casus belli, soupirais-je, plus pour moi que pour réellement lui répondre.
Non mais vraiment n’avait-il pas remarqué mon agacement ? C’était sa persévérance à lui qu’il fallait saluer, ou sa stupidité. Au choix. Alors je décidais d’agir en conséquent. Les mots semblaient couler sur lui comme de l’eau sur le verre. Autant devenir plus vicieuse, même si je n’appréciais guère ces méthodes. Ce n’était pas faute d’avoir été claire. Je me penchais vers lui et l’atmosphère changea du tout au tout. J’aurais pu être tentée, chouraver un baiser à ces lèvres railleuses. Le résultat aurait marché, son silence. Mais je n’étais pas sur d’avoir la paix après cela. Alors je me contentais d’appuyer là où ça faisait mal.
Si j’ai la réaction attendu de prime abords, ma voltige dans les plantes et la terre blèche chargées de l’odeur de petrichor ne l’était pas tout à fait. Pencher comme je l’étais, le déséquilibre était certain, mais je ne pensais clairement qu’il puisse avoir autant de force. Je l’entends jurer, je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait sourire. Et au vu de ce que je lui ai fait, je ne peux que lui donner raison. Des brindilles s’emmêlent à mes cheveux et les parfument d’une senteur de bois et de terre. Il me fait face, une tache rouge sur le pantalon, une pointe de culpabilité s’éveille dans ma gorge. Il est désormais à équidistance de moi et du banc. J’y étais peut-être allée un peu trop fort. Je pensais juste qu’il avait un bleu, une petite coupure, pas de quoi le vider de son sang –même si on y était loin-. Il a l’air furieux. Je devrais peut-être prendre peur, j’avoue que je ne suis présentement pas très à l’aise, mais je décide qu’il est encore trop tôt pour dire si je suis tombée sur un psychopathe violent ou non. Si j’en suis venue à rouvrir une plaie à ce point, sa réaction semblait justifiée. J’aurais pu être à quia, mais je n’avais aucune envie de faire pénitence, après tout, il avait commencé.
-L’acmé d'une conversation est d'utiliser la violence pour toi? c’est rémanent ou juste quand tu es contrarié?
J’aurais peut-être mieux fait de me taire. Je n’étais pas aussi sage que j’aimais le croire, mais je n’aimais pas que l’on me prenne pour une petite poupée juste bonne à satisfaire les besoins d’autrui. Plus jamais je ne voulais retomber dans ce genre d’attitude malsaine. Alors autant être en accord avec moi-même.
Il se rapproche de moi bien trop vite pour que je puisse faire quoi que ce soit. Un couinement m’échappe quand il m’attrape les cheveux. Là, je commence un peu à paniquer, mais la colère n’est pas bien loin. Il parle au lieu de me frapper, ce qui prouve qu’il n’a pas totalement pété les plombs. Soit j’ai affaire à un tueur en série qui aime terroriser ces proies, soit à un macho de première qui tient à me montrer sa dominance. Je le regarde d’un air faussement apeuré (dans un sens je le suis un peu), me mordant la lèvre tout en réfléchissant à quoi faire pendant qu’il me beugle dessus. Ses paroles sont dures, sa voix est serratique à cause de la douleur ou de la colère, je ne sais pas trop. Ses sourcils sont froncés, faisant ressortir quelques taroupes. Et pourtant, il continue à me provoquer, d’une certaine manière. N’était-ce pas lui qui avait ouvert les hostilités ? Ok, j’avais peut-être exagéré en sous-estimant la gravité de sa blessure, mais tout de même…. Il fallait calmer le jeu avant que ça ne dégénère trop.
Je fais la seule chose qui me vient à l’esprit, qui soit assez stupide pour être à son niveau tout en étant assez inattendue pour le calmer. Mes lèvres vont s’écraser sur les siennes. Je dois avouer que la chaleur de sa peau est assez agréable. Comme un tropisme, je me presse un peu plus, avec douceur, histoire de donner le change et de profiter quelque micro seconde de plus de cette tiédeur. Comme une anastasie à un besoin de contact muselé depuis trop longtemps. Je m’écarte de lui, prenant l’air le plus innocent possible.
-Satisfait ? Tu me laisses tranquille maintenant ?
Si vous croyez que je n’avais pas assuré ma sécurité, c’était lourdement se tromper. L’embrasser m’avais aussi permis de me rapprocher de lui, suffisamment pour que mon genou puisse rapidement aller dire bonjour à ses bijoux de famille sans être contré trop facilement et avec suffisamment d’élan pour que ça fasse mal. Il ne risquait pas de trop se décaler pour protéger sa cuisse. J’étais donc en meilleure position pour lui faire face qu’il y a quelque instant. S’il se calmait et me laissait tranquille, rien de tout cela ne serait nécessaire bien entendu, mais il n’avait pas l’air d’être une personne très raisonnable. Même s’il se calmait, je n’étais pas sûre de pouvoir lui tourner le dos, il avait l’air d’un fieffé menteur et lui accorder la moindre confiance avait un arrière goût de suicide.
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Sam 22 Aoû - 20:00
- L'acmé de la conversation ? On en était arrivé à ce stade-là pour toi ? Non parce que j'avais comme un doute sur ta capacité à simplement en engager une...
Je secoue lentement la tête. Pour une fois que je me contente de simplement faire la discussion, pourquoi ça dégénère ? Question de karma peut-être ?
- C'est rémanent, mais c'est bien pire quand je suis vraiment énervé ma belle... Et là, clairement, tu es sur la mauvaise pente.
Je ne sais pas pourquoi je continue de rétorquer, peut-être bien parce qu'elle s'est finalement décidée à parler... Même si c'est pour me prendre de haut avec des phrases certainement sorties tout droit de son livre. Je préfère ma version abrégée pour décrire sa personne. Au moins, elle est davantage consciente de sa situation précaire quand je lui attrape les cheveux. Je vois cette lueur dans son regard... Un savant mélange de peur et de colère propre à exciter le prédateur en moi. J'ai vraiment envie de la frapper pour lui faire payer, mais j'attends encore de voir ce qu'elle va faire.
Et on peut dire que c'est plutôt inattendu. Elle m'embrasse, ce que je ne lui rends pas directement, étonné par son geste. Si je m'étais attendu à ce qu'elle soit si impulsive et au contact aussi facile... La métamorphe cache bien son jeu. On peut dire que je ne suis pas déçu du voyage. Je relâche la pression sur ses cheveux, lui donnant du leste. Je lui rends un regard profondément sceptique, alors que je cherche encore à comprendre ce qui vient de se passer.
- Qu'est-ce que tu me fais là ?
Je viens de reconnecter les wagons. Mais bordel... Elle a vraiment cru que je la draguais ? Je lâche un rire bref, avant de me passer une main sur le visage. Pour une fois que je ne cherchais pas à en mettre une dans mon lit et seulement à discuter, elle a cru tout le contraire. Je comprends peut-être un peu mieux son geste, mais ne le cautionne pas pour autant. Reste que la petite a réussi à moucher ma colère, et sur ce point-là, son coup a réussi.
- Satisfait ? Certainement pas. Tu viens de m'exploser la jambe... Je me suis pris une balle, il y a pas si longtemps que ça. T'as vraiment cru que j'étais venu te draguer ? Je me suis arrêté uniquement parce que... Même si t'es foutrement individualiste, tu restes une métamorphe.
Je baisse le regard sur elle. On dirait qu'elle est prête à riposter... Mais j'ai strictement aucune envie d'empirer davantage ma blessure. Je sens le sang poisseux goûter le long de ma jambe. Elle ne m'a vraiment pas raté. Je me contente de la repousser, usant de mes dernières forces pour me relever et revenir au banc. Je repose une main sur la béquille restée là.
- T'as décidé de ne pas vouloir comprendre, et moi de ne pas me prendre la tête avec toi. Estime-toi heureuse, en temps normal, je t'aurais déjà éclaté ton jolis minois contre ce banc... Fille ou pas.
Journal Intime Spécialisation: Enragé Points de vie: 15 Coups du Destin: 14
Malcom Hastings
« L'estime, pour être bien trempée, doit l’être dans le sang des autres. »
Messages : 1931 Membre du mois : 69 Je crédite ! : (c) Shiya Localisation : Glasgow Caractère : Sadique – Violent – Séducteur – Imbu de lui-même – Fidèle – Entier – Homme de parole – Débrouillard – Méticuleux – Cynique - Protecteur - Instable Autres comptes : Astrid Lehtinen
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Ven 4 Sep - 18:09
Le singe préhistorique lâche du leste, mes cheveux ne sauront que trop l’en remercier. C’est qu’il avait de la poigne et que ça faisait mal mine de rien. Ce type faisait quand même peur, ce n’était pas avec mon gabarit de crevette que j’allais le mettre à terre. Je n’avais pas trouvé mieux, il semblait incrédule, mettait du temps à comprendre ce qu’il s’était passé. Ce serait presque comique si je n’étais pas passée à deux doigts de servir de punching ball. Il n’avait pas la carrure d’un agneau sans défense, il transpirait bien trop la violence pour ça. Alors autant éviter les bleus. En plus, j’étais certaine qu’il tapait fort…
Une expression autre que la suffisance lui allait bien. Du peu que j’en avais vu, j’estimais que cela ne devait pas lui arriver souvent. Ces traits sont un peu détendus par l’étonnement, ainsi il fait un peu plus jeune. On dirait presque que l’homme de Cro-Magnon a des résidus de civilisation derrière ses airs de roquets insupportable. Son rire sonne la fin de cet affrontement stupide (et soyons honnête, complètement puérile). J’en suis soulagée, je pense que si mon action n’avait pas arrangé les choses, j’aurais fini dans un bien mauvais état. Sans parler que finalement… Je n’assumais pas ce que je venais de faire. Vraiment, pas du tout.
Il me parle avec calme, loin de la voix glaciale qui avait figé son visage un instant plus tôt. Même si je le prends toujours pour un psychopathe, je me surprends à me détendre un peu. Je me méfiais de lui, comme de la peste, mais ce serait mentir que de dire que je n’avais pas abusé. Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il se soit fait tirer dessus. Blague mise à part, l’information reste assez inquiétante, je la prends avec des pincettes et la range soigneusement dans un coin. C’est vrai que les rues n’étaient plus bien sûres, que dernièrement il y avait eu des troubles assez…catastrophiques. Il n’en restait pas moins étrange qu’un gars se soit pris une balle comme ça. Surtout lui, je ne sais pas, il avait bien la tête du gangster mafieux ou que savais-je encore. Alors je fais comme si de rien n’étais, comme s’il était tout à fait normal d’avoir ce genre de blessure et je ne le quitte pas des yeux au cas ou la bipolarité fulgurante viendrait s’ajouter la liste (déjà longue) de ces défauts.
Il n’avait pas voulu faire grassement valoir son statut de mâle dominant et je comprends de moins en moins son attitude. Mes yeux s’arrondissent de surprises sous le mot qu’il emploie. Je me reprends une seconde trop tard pour que cela puisse passer inaperçue. Je n’aimais pas passer pour une idiote, mais tant pis… Il fallait se rendre à l’évidence, si la définition m’était connue, je ne voyais pas du tout ce que cela venait faire dans cette conversation. De tous ce que j’avais pu entendre c’était bien la première fois qu’on utilisait cette méthode, ce mot… Je fronçais les sourcils… Qu’est-ce qu’il tentait de faire au juste ? Il repassait de la case dragueur invétéré à celle de dealer consommant ses substances. Il n’en restait pas moins bien trop stable physiquement et assez réactif mentalement pour que j’écarte, à contre cœur, cette hypothèse. J’essaie de percer le sens caché derrière ce terme obscur. Dans un sens j’ai bien envie de lui demander un éclaircissement, dans l’autre il serait bien plus sage d’écourter la conversation. Il divaguait certainement. Mieux valait s’éloigner de lui tant qu’il était de bonne humeur.
Contre toute attente, c’est lui qui rompt l’étrange étreinte dans laquelle nous étions. Je me rends compte du stress dans lequel il m’avait mis à la raideur de mes muscles. Je n’étais pas une guerrière dans l’âme, la situation avait été un peu trop loin pour moi. Le blanc-bec repart s’asseoir sur le banc, une affreuse auréole pourpre s’étend paresseusement sur son pantalon. Je me mords la lèvre un brin coupable. Tant pis, autant assumer, je ne vais pas m’apitoyer sur son sort. Il n’en vaut pas la peine. Il semble fatigué, ou las.
-Je n’en doute pas. Je vais tranquillement ramasser mon livre qui a valsé plus loin. Mettant encore un peu plus de distance entre nous pour mon plus grand bonheur.
-Désolé pour ta jambe, mais avec un poil plus de manières, on aurait pu avoir une conversation civilisée comme n’importe quelle personne normale.
J’avais envie de me mordre la langue. Il avait fallu que je le dise à voix haute. Oui, j’étais désolée, je me sentais un peu coupable, mais il ne méritait vraiment pas autant de considération. Garce ou pas…
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Dim 6 Sep - 14:20
Elle paraît surprise de ce que j'avance... Ce que je ne parviens pas à comprendre. Qu'est-ce que j'aurais pu dire de si surprenant ? Je suis vaguement perplexe, mais décide de passer au-dessus. Si elle avait quelque chose à dire, elle l'aurait déjà fait. Non, elle doit préférer clore la discussion pour éviter que les tensions n'explosent. Enfin si on peut vraiment parler de discussion... Je viens de dire que je ne comptais pas me prendre la tête avec elle et compte m'y tenir. Qu'elle aille simplement se faire voir. Je reste poli, modéré. C'est quand même une première. Je ne peux pas me permettre de me lever, là, de suite. Je fais de ce banc ma propriété le temps que ça me passe et que je reprenne ma route. Libre à elle de faire semblant de lire à nouveau, comme s'il ne s'était rien passé, ou d'en quêter un autre hors de ma vue.
Elle ramasse son livre et me répond de manière laconique. Elle ne cherche pas plus d'explications, et ne veut pas non plus me provoquer inutilement. Tant mieux, quelque part. On dirait qu'elle a réalisé son erreur, comme quoi on aurait vraiment pu se parler en de bons termes finalement. Elle semble me rejoindre sur ce point-là, mais ça ne m'étonne pas du peu que j'ai vu d'elle.
- C'est rien. Je l'ai cherché. Au moins je t'ai arraché un semblant de réaction...
Je souffle un sourire, la fixant un temps.
- Ne te fous pas de moi. Tu n'as jamais voulu vraiment discuter, sinon on n'en serait pas là. Je comprends, tu sais. Tu n'es pas la première qui veut seulement conserver sa tranquillité. On a tous été amené à faire ce choix, à un moment donné. Seul ou possiblement mal accompagné. Je ne sais pas comment tu as grillé que je faisais partie de la meute, mais tu te serais contenté de me dire que t'as pas envie d'entendre parler des tiens et j'aurais tracé ma route.
J'accepte ses excuses, plus ou moins. Je me demande encore là où ça a pu déraper à ce point. J'hausse les épaules et repose mes bras sur le dossier du banc. C'est plus vraiment mon problème.
Je n'exclue pas le fait qu'on se recroise un jour, si elle habite dans les environs. Par contre, je suis presque persuadé qu'elle fera en sorte de continuer à marcher sans s'arrêter afin de ne pas se trouver sur le chemin du grand méchant loup.
Journal Intime Spécialisation: Enragé Points de vie: 15 Coups du Destin: 14
Malcom Hastings
« L'estime, pour être bien trempée, doit l’être dans le sang des autres. »
Messages : 1931 Membre du mois : 69 Je crédite ! : (c) Shiya Localisation : Glasgow Caractère : Sadique – Violent – Séducteur – Imbu de lui-même – Fidèle – Entier – Homme de parole – Débrouillard – Méticuleux – Cynique - Protecteur - Instable Autres comptes : Astrid Lehtinen
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé] Jeu 17 Sep - 21:20
Le temps se refroidit, je le sens à la chair de poule qui fait frissonner ma nuque. Ou peut-être était-ce lui... Ce psychopathe incohérent… J’aurais certainement préféré l’option droguée et bourrée. Parce que ces derniers mots me font froid dans le dos. Pourquoi est-ce que je devais tomber sur ce genre de personne ? Il y a eu un malentendu, un énorme quiproquo. Pourquoi avait-il eu besoin de rajouter ce détail, je ne voulais pas le savoir… C’était presque amusant de voir comme un simple mot pouvait faire basculer une rencontre. Elle n’était déjà pas bien joyeuse, carrément flippante pour être tout à fait honnête. Là, elle se teintait d’une pointe de cauchemar. Etait-il un loup ? Quelque chose me disait que ce n’était pas le cas. Il n’aurait pas fait l’erreur de dire que j’étais comme lui. Les choses étant ce qu’elles sont, chaque race tient à son identité propre. Le racisme jouant certainement là-dessus, je doutais qu’un de ces animaux aime à se comparer à un humain, il en était de même pour nous.
Il devait simplement faire parti de ces dégénérés en jubilations devant le surnaturel, voulant s’en rapprocher le plus possible. Je ne sais pas ce qu’il a pu voir en moi, je ne comprenais toujours pas pourquoi ce mot « métamorphe » me mettais autant mal à l’aise. Mais une chose était sûre, il ne fallait vraiment pas que je traine dans le coin. Je ne voulais pas tomber sur ces amis (pour peu qu’il en est). Je ne voulais pas me noyer dans un monde qui n’était pas le mien. Il était déjà suffisamment dur de se construire pour y rajouter des éléments grotesques et aberrants de conte de fées.
Il y avait trop de choses qui ne tournaient pas rond, qui ne collaient pas, qui n’avaient simplement aucunes logiques ou en tout cas que je ne comprenais pas. Alors pourquoi vouloir s’embourber davantage la dedans ? Non vraiment, c’était suicidaire. Je tenais encore à la vie et ce gars là était définitivement classé dans la catégorie « à éviter ». Je souhaitais ne plus jamais avoir à le croiser. Malheureusement, le destin s’amusait à se jouer de ce genre de volonté. Non pas que je croyais à une vie linéaire et écrite d’avance, simplement que s’il existait un ou des dieux, il avait un étrange sens de l’humour. Humour que j’étais loin de partager.
Je m’éclipse donc, étant bien élevée, je me sens obligée de lui dire au revoir. Après tout s’en aller en courant à toute jambe n’était pas non plus l’attitude la plus sereine et exempte de soupçon qu’il puisse y avoir. Il fallait savoir garder son sang froid, chose que j’avais légèrement oublié en m’appuyant sur sa blessure. Finalement, je ne m'en étais pas si mal sortie après avoir côtoyé une énergumène pareille.
Journal Intime Spécialisation: Observateur Points de vie: 13 Coups du Destin: 8
Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
Messages : 631 Membre du mois : 4 Je crédite ! : . Autres comptes : Aucun :D
Sujet: Re: Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé]
Contenu sponsorisé
Aile en plume ou de couleurs. [Livre III - Terminé]