La recherche du saint graal [Livre III

Une fine bruine tambourinait avec délicatesse la fibre de mon parapluie. Le sol était encore mitigé quand à la couleur qu’il devait prendre, les gouttes l’assombrissaient par endroit. J’aimais la pluie, il y avait quelque chose de reposant dans son chant, sa régularité, sa nécessité. D’un pas tranquille, je me dirigeais vers le parc, ces derniers temps la chance ne m’avait pas vraiment sourit. Je peinais à trouver un boulot, l’argent diminuait de manière exaspérante et pour ne rien arranger ma lampe de chevet venait de passer l’arme à gauche.
Il y avait des malheurs bien plus importants, mais il était hautement frustrant de ne plus avoir cette lampe. D’une, parce que la nuit, je ne pouvais plus lire à l’abri sous ma couverture. De deux, parce que j’avais eu un mal de chien à la trouver. Sa couleur correspondait parfaitement à celle de la table de chevet, la lumière n’était pas aveuglante et l’abat jour se fondait avec harmonie aux nuances du papier peint. Elle était parfaite, jusqu'à sa taille. Sa perte serait à jamais une tragédie dans l’histoire de cet appartement.
Je n’étais pas particulièrement obsédée, j’aimais simplement que toute corresponde au mieux, que tout soit à sa place. C’était tout de même plus agréable. Hors cette perte prématurée venait perturber cet ordre.

L’argent devenant une denrée rare sur mon compte en banque, il fallait donc que j’écume les vide-greniers et autres rassemblements associatifs non commerciaux du coin. C’est ainsi que je partais en croisade sous un début de pluie, armée de mon fidèle parapluie. En plus, il semblait qu’une sorte de repas en libre-service était servi à qui en avait l’envie. Je n’étais pas fauchée au point de ne plus avoir de quoi me nourrir, mais la chose restait bienvenue. Je prenais rarement le temps de manger en journée, ce qui se soldait souvent par des crises d’hypoglycémies les soirs venus. J’avais trop de choses à faire, c.v, tours des entreprises et j’en passe. Manger paraissait donc secondaire quand le temps s’écoulait aussi vite.

Une vingtaine de minutes plus tard, j’arrivais au parc. La marche avait rougi mes joues et tenu la fraicheur à l’écart. Des tentes énormes avaient été montées pour tenir les gens à l’abri de l’eau. Une brise légère agitait mollement les lourds murs de tissus cirés. J’étais étonnée du monde rassemblé ici, je ne pensais pas qu’il y en aurait autant. Peut-être était-ce simplement dû à la pluie.
Je m’avançais avec précaution et repliais mon parapluie pour éviter d’éborgner quelqu’un. Les mouvements de foule agitaient les gens comme des vagues l’océan. J’avais du mal à me faufiler à l’intérieur des tentes, encore plus à me rapprocher des stands. Sans doute que le beau temps aurait rendu la tache plus facile, mais l’eau rebutait et tous les passants venaient se battre pour un petit bout de protection. La température montait d’un cran sous les abris, l’humidité agresserait presque mes narines. J’hésitais à revenir sur mes pas, mais je restais finalement sous les tentes. Maintenant que j’étais là, autant en profiter.
La circulation était difficile, mais pas impossible. La seule chose vraiment désagréable était ces mouvements de masses qui me forçaient à suivre l’impulsion comme des courants sous-marins. Ce manque de contrôle sur la situation éveillait une pointe de frustration dans ma poitrine.

Une odeur d’oignon m’informait que les fourneaux étaient en train de chauffer quelque part derrière moi. Un éclat brun attirait mon regard et l’objet de mes désirs s’offrait à ma vue. Je tentais de forcer le passage, mais un de ces foutus mouvement de masse finit par me faire trébucher et je heurtais quelqu’un. La pluie avait rendu le sol glissant et finalement, je préférais me prendre quelqu’un plutôt que de m’exploser le crâne contre le sol.

L’exécutrice de la Meute avait décidé de s’offrir une après-midi de détente. C’était chose rare ces temps-ci. Elle était très occupée et n’avait que très peu de temps pour elle. Ce qui était une bonne chose d’un côté puisqu’elle n’avait pas assez de temps pour ressasser les images de la mort de Mary et ses envies de vengeance. Mais c’était aussi épuisant physiquement comme moralement. On était Samedi, ‘lexie n’avait pas école, et Roxane avait donc décidé de sortir un peu avec elle. Sortir de Wolfheaven, faire quelque chose ensemble. Prendre un peu de ses nouvelles aussi. Elle était un peu responsable de l’adolescente, et en ce moment elle ne prenait pas le temps de s’occuper autant d’elle qu’elle le voudrait. Bien sûr Alexis ne se plaignait pas. Ce n’était pas son genre. Toujours peur de déranger. Mais Roxane ne voulait pas qu’elle pense qu’elle l’oubliait.

Elle avait donc emmené Alexis se balader en ville. Il y avait un évènement organisé dans un des parcs de Glasgow qui avait l’air chouette. Un genre de vide-grenier et de repas en libre-service. Elles étaient encore loin du parc mais pourtant Roxane sentait déjà des bonnes odeurs de saucisses envahir les airs. Emmitouflées dans des blousons étanches, elles marchaient vers les tentes qu’elles commençaient à apercevoir.

« Je suis désolée, ‘lex, de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. Rien que marcher sous la pluie cinq minutes avec toi, j’ai l’impression que ça fait une éternité que ce n’est pas arrivé. Pourtant c’est pas faute d’avoir la pluie. »

La rouquine rit légèrement, tournant la tête vers la petite blonde à ses côtés, et la prit par les épaules pour la serrer contre elle tandis qu’elles marchaient.

« Est-ce que tu vas bien ? »

Tout en discutant elles arrivèrent aux tentes qui offraient un abri tout en étant particulièrement étouffant. Roxane n’avait rien contre la pluie, ni contre les foules, mais lorsque la foule était créée par la pluie, elle était en général particulièrement désagréable. Les gens se poussaient pour avoir un coin au sec. Et les odeurs étaient particulièrement fortes, entre les cheveux mouillés qui puaient les parfums en tous genre et les gens qui ne retiraient pas leur manteau malgré la chaleur due à cette foule agglomérée. Alors que Roxane retire son manteau, elle reçoit soudain un choc dans le dos, qui lui fait lâcher prise. Elle n’a le temps que de se retourner à moitié pour voir quelqu’un s’effondrer à moitié au sol. Elle la rattrape par le bras tant bien que mal, essayant de ne pas lui faire trop mal.

Lexie travaillait dur, en ce moment. Quand ça n’était pas pour le lycée, c’était pour la meute. Elle prenait à cœur son travail d’apprenti historienne. Très à cœur, même. Pourtant, Esilrys ne se faisait pas très disponible pour elle. Elle aurait pu, sans vergogne aucune, ne travailler que par intermittence. Peut-être la louve avait-elle d’autres obligations, mais elle était censée lui apprendre, et si leur relation avait subi des hauts et des bas, son mentor – si tant est qu’elle lui accordait cette appellation – ne contribuait qu’à les mener à l’acmé de la tension qui s’accumulait petit à petit. Il n’en faudrait de peu, d’ailleurs, pour que sonne le glas de leur relation. Une énième absence pourrait bien entraîner un casus belli. La métamorphe se sourit à elle-même : elle qui avait râlé après son professeur d’histoire, qui utilisait volontairement des mots anciens et peu usités – parce que ça lui faisait prendre son pied, d’après la lycéenne, même si elle aurait rougi de faire une analogie si ubuesque à haute-voix, sans doute même n’aurait-elle réussi qu’à la baragouiner -, elle se surprenait à les réutiliser inconsciemment, après avoir révisé ses leçons. Elle était contente, de les retenir si bien. Ce qui aurait pu être un fardeau, un faix, était au contraire un exercice plaisant. Elle se révélait avoir beaucoup d’appétence pour l’Histoire, et tout ce qu’elle pouvait apprendre. C’était une des surprises de son engagement à aller régulièrement au lycée.

Mais elle avait autre chose à faire, que de penser à ça. Roxane était venue la voir, la veille au soir, pour lui demander si elle voulait bien aller se balader au parc, comme avant. Et assister à un vide-grenier, où le repas était gratuit. La luciole avait souvent été à ce genre d’évènements, avec ses butins, tout ce qu’elle avait pu chouraver, tous les fruits de ses petits vols. Elle n’en était pas toujours très fière, mais c’était ainsi. Même si sa honte persistait, dans une sorte de rémanence désagréable par moment. Elle ne pourrait de toute façon pas changer son passé… Et sans ça, elle ne serait jamais devenue ce qu’elle était maintenant. Elle n’aurait jamais été qu’une bêcheuse, quelqu’un de blèche, qui se laissait marcher sur les pieds. Oui, ça n’était pas glorieux, mais elle avait agi au mieux, considérant les circonstances.

Elle soupira, se dispersant encore, alors qu’elle n’était même pas prête. Elle avait prévu de mettre un petit haut de couleur nacarat – d’après la vendeuse du moins, parce que Lexie l’aurait qualifié de rouge ou de corail, mais peu importait – avant de voir le mauvais temps. Elle avait du coup plutôt opté pour une combi short, sous laquelle elle portait un t-shirt chaud et confortable, ne manquant pas de prendre une veste si le besoin s’en faisait sortir. Avec des grosses chaussures, des Doc Martens qu’elle avait volées il y a plusieurs mois de ça. Avant de rejoindre la meute. Elle s’était efforcée de ne plus voler, depuis. Elle avait un peu peur des châtiments qui l’attendaient, si elle était prise en flagrant délit, et que ça remontait aux oreilles de l’Ulfric. Il ne lui dirait certainement pas, sur un ton de plaisanterie, qu’elle n’était qu’une fieffée coquine. Oh non. Elle s’imaginait déjà subir les pires sévices – l’emprisonnement temporaire étant sûrement le plus doux. Elle frémit, à côté de Roxane, mettant ça sur le compte de la pluie, et revêtant la veste imperméable qu’elle portait, s’arrêtant pour humer l’air, et l’odeur de terre mouillée qui commençait à se dégager du sol.

« Dis Roxie, tu sais comment on appelle ce que l’on sent ? L’odeur, à cause de la pluie ? J’ai appris ça en cours de français – à croire que ma prof veut qu’on meure -, c’est le préti… péchi… prétichor ! Non, attends… Petrichor… Oui, c’est ça. Tu comprends l’intérêt d’apprendre ça, toi ? Mais j’ai un contrôle de vocabulaire, lundi… Enfin j’en ai deux. En français, et aussi en anglais – à croire que nos profs veulent notre mort. Tu pourrais me faire réviser ? Et tu sais, Anastasie, la sœur de Javotte, dans Cendrillon ? C’est pas qu’un prénom. C’est aussi comme ça qu’ils appelaient la censure, en France encore, l'anastasie. Enfin, c’est ma prof d’histoire qui nous l’a dit – et c’est le mot le moins bizarre qu’elle nous ait appris -, mais la prof de français nous l’a mis dans la liste des mots à retenir. J’en retiens un, pour dix oubliés. Je t’ai déjà parlé de notre prof d’histoire, avec tous ces mots étranges, qu’elle nous apprenait ? Y’en a des cools, mais y’en a d’autres… Tu sais ce que c’est, toi, une taroupe ? Madame Echen nous a dit que c’était un nom qui aurait pu aller aux hommes préhistoriques. C’est le poil, entre les sourcils. Je crois qu’on aurait pu confondre, pour nous, ça, tellement on les a froncés, nos sourcils, quand elle nous a dit ça. D’ailleurs, c’était pas très joli ! Ni nos sourcils froncés, ni les mono-sourcils des hommes préhistoriques ! Je préfère mes jolis sourcils, bien formés, sans poils au milieu et équidistant… Et puis en plus, ça servait à rien de nous dire ça, sinon à nous embrouiller. J’ai pas réussi à me concentrer, après, j’avais qu’une envie, c’était sortir, et me transformer. Sauf que j’ai pas pu. Déjà parce que je peux pas quitter la classe comme ça, et ensuite parce que je devais rejoindre Esilrys, qui est encore pas venue. Mais j’apprends plein de trucs, sur les loups. Et un peu sur nous. J’ai trouvé un carnet, une sorte de carnet de bord ou je sais pas quoi – un carnet qui consignait les journées d’un loup qui avait un copain métamorphe, visiblement. Enfin, il pensait que c’était une déformation génétique, qui avait mal tournée. Y’avait des annotations, avec une autre écriture. Y’en avait une qui disait qu’il était pas labile – ses mots, pas les miens. Il ne pouvait se transformer qu’en un animal. Ça a du être rajouté après, par le métamorphe. C’était un singe. À moins qu’il ne soit vraiment une déformation génétique ? T’en penses quoi ? Ou alors il avait jamais réussi à se transformer en autre chose, parce qu’il pensait que c’était pas possible ? Mais je bavarde trop… Je suis désolée, en plus, ça se trouve, je dis que des lapalissades pour toi. »

Lexie se tut, et ne put s’empêcher, soudainement, de rire, en s’imaginant Roxie avoir une taroupe elle aussi, parce qu’elle aurait froncé les sourcils suite à son blabla ininterrompu. Elle devait lui donner l’impression de baragouiner des mots sans queue ni tête, à vrai dire.

« Je vais m’arrêter là, je voudrais pas te perdre. Je suis déjà super contente d’être avec toi, je vais pas t’embrouiller avec ce que j’apprends à l’école. Après, je vais me mettre à te parler d’angles congruents – me demande pas ce que c’est, je suis même pas sûre qu’on puisse dire ça d’angles, mais c’est un truc de maths. Et si c’est pas d’angles congruents, je vais te parler de biologie et de tropisme et de rhododendron et… Bon, j’arrête. On pourra aller en cueillir, des rhododendrons ? C’est joli, comme fleur, et c’est rigolo comme nom, rhododendron. Tu crois que je peux me fabriquer une plaque en bois où j’en peindrais un, et que je le mettrais sur la porte de ma chambre ? Et puis on pourrait avoir un bouquet dans ta chambre, et un dans la mienne… Mais je sais pas si ça pousse maintenant. »

Elle s’arrêta encore, à l’approche des tentes, et se retourna vers Roxie, perplexe. Si elle la connaissait pas si bien, si elle avait pas su que c’était pas son style de s’apitoyer sur elle-même, elle aurait bien cru qu’elle lui faisait la un chleuasme. Elle raya mentalement un mot de sa liste de vocabulaire à apprendre, et sourit à son amie. Elle avait pas à s’excuser. Elle comprenait, qu’elle avait beaucoup à faire.

« Tout va bien, Roxie, tu sais ? Je t’en veux de rien. Je sais que t’as beaucoup à faire. Moi aussi, d’ailleurs. Enfin, je devrais avoir plus à faire, mais je vois presque jamais Esilrys… Je sais pas ce qu’elle fait, franchement. »

Elle eut pas le temps de s’appesantir, qu’elle se sentait entrainée par son amie, qui lui faisait un câlin de travers. Elle faillit trébucher, se prenant le pied dans une pierre au passage, mais se rattrapa tant bien que mal en étreignant la renarde. Elle était, elle aussi, très heureuse d’être là. Ça lui avait manqué, même si elle n’allait pas le dire, pour ne pas mettre Roxane dans une position inconfortable. Elle ne voulait pas qu’elle soit mal à l’aise. C’était son apanage à elle, d’être mal à l’aise. Et elle avait le don de se mettre dans des situations délétères – un mot de plus, un -, qui finissaient par la troubler d’une façon ou d’une autre. Si elle avait pu oublier tout l’embarras qui en résultait… Elle leva la tête, pour voir les gens aller grand ‘erre : tous voulaient s’abriter, à toute vitesse, et envahissaient les tentes. Si elle se trompait pas, sur le sens du mot… Elle espérait qu’elle se mélangerait pas tout, pour son interrogation. Le stresse pouvait lui faire perdre tous ses moyens, elle le savait. « Ils ont l’air affamés, comme s’ils n’avaient pas mangé depuis quatre mois… Tu crois que c’est le cas ? J’en ressentirai presque de la commisération pour eux… Lexie soupira. Elle devait plaider coupable, elle s’était forcée à utiliser aussi souvent que possible les mots de vocabulaire qu’elle n’arrivait pas à retenir, quelle qu’en soit la matière. Parce qu’en anglais, encore, c’était dur, mais ça allait. Mais en anglais et en français... En plus, avec un froid et une pluie comme ça, ils peuvent avoir des fièvres méthémérines. Tu savais qu’il y en avait eu des épidémies, euh… Je sais plus trop quand. Mais plein de fermiers y avaient succombé. Enfin je crois, je dis peut-être n’importe quoi… Sûrement, en fait. Heureusement que j’ai pas de contrôle sur ça… »

Oui, heureusement. Alors qu’elles s’avançaient, un son particulièrement désagréable parvint aux oreilles de Lexie. Un musicien, à bien y regarder, mais le son qu’il sortait de sa vielle à roues était plus serratique qu’autre chose – on aurait dit qu’on frottait une scie sur un tableau, même. En même temps qu’on y faisait glisser des ongles. C’était assez affreux. Digne du concert de l’anniversaire de mort de Nick-Quasi-Sans-Tête, dans Harry Potter, même. Oui, parfaitement. Elle s’apprêtait à le dire à Roxie, à qui elle tournait le dos, et elle se retourna juste à temps pour la voir rattraper quelqu’un. Avec beaucoup de force, d’après elle. Elle aurait surement eu mal, d’ailleurs, et se serait trouvée bien en peine de répondre. Elle s’agenouilla quand même pour être à hauteur de la personne. « Vous allez bien ? »

Le sol est poisseux sous mes mains. Heureusement, une âme charitable m’a rattrapé au vol m’évitant une chute bien plus rude. Sa chevelure rousse envahit mon champ de vision avant que je ne puisse distinguer son visage. La poigne dont elle fait preuve est impressionnante. Je ne me serais jamais doutée qu’elle puisse avoir une telle force avec des doigts si graciles. L’habit ne fait pas le moine d’après l’adage, que l’on parle d’humain ou non, de nos jours rien n’a jamais été aussi vrai. Je notais intérieurement qu’il faudrait que j’évite de vexer cette femme à l’avenir, je suis certaine que ces gifles doivent être redoutables.

Une jeune demoiselle nous rejoint et sa voix chatouille mes oreilles dans ce brouhaha presque oppressant. Les gens s’écartent à peine devant le petit groupe que nous formons. Ils sont bien trop pressés de se mettre à l’abri pour avoir la moindre commisération . Quelle plaie. J’en aurais presque grogné si je n’avais pas été accompagné. Non je ne me prenais pas pour un chien, mais parfois avoir un comportement des plus primitif pouvait sacrément calmer les nerfs. Seulement voilà, je ne voulais pas que ma (mes ?) sauveuse impromptue se trompe sur l’origine de mes jérémiades. Autant se taire que de paraitre ingrate alors que l’une m’avait certainement évité la foulure de cheville pendant que l’autre venait vérifier mon état.

Un sourire faible étire mes lèvres, je ne peux pas faire mieux alors que certain hésite à peine à nous marcher dessus avec leur gros sabot. J’ai peut-être des instincts de psychopathes, mais si peu de respect et de savoir vivre me donnent des envies de meurtre.

-Merci pour l’aide et oui tout vas bien.

Je me relève en tentant d’épousseter la boue à l’odeur de pétrichore qui n’avais pas attendu pour s’accrocher à mes vêtements. Cela me donnait un aspect négligé vraiment désagréable. Personne n’irait le remarquer, certainement, je l’espérais… Fixette quand tu nous tiens. Je tentais de cloisonner mon esprit, de me focaliser sur mes interlocutrices, ce n’était pas le moment de me concentrer sur des détails (aussi importants fussent-ils), au risque de les ignorer involontairement. J’attends que la plus jeune des deux, semble-t-il, ne se relève pour continuer. Simple courtoisie et respect pour des personnes avec un semblant de savoir vivre, contrairement à l’ensemble des sangouins ici présent. Oui, j’étais en pétards et le fait de me retrouver avec la dégaine d’un gosse qui s’est roulé dans la boue n’améliore pas mon humeur. Et non, je n’exagère pas…Enfin je crois.

-Désolé pour ça. Il y a beaucoup de monde et le sol est assez traitre.

Je parle d’une voix forte, entre le musicien qui ne sort qu’un son sérratique de son instrument, les enfants qui tentent de chourraver bonbons et babioles devant des commerçants agacés, il devenait difficile de se faire entendre. L’acmé de ce brouhaha est donnée par les hurlements d’un bambin qu’une mère a eu la bonne idée d’amener avec elle.
Je le comprends tellement ce petit… comme l’anastasie de la presse, j’aurais apprécié une méthode similaire pour ne plus être agressé de la sorte, faire baisser cette cacophonie, et pouvoir remercier correctement les deux jeunes femmes.

Ce n’est pas que je suis une mégère tout le temps énervée, mais glisser, heurter des gens et les salir n’était pas ce que j’appréciais le plus au monde, voilà tout. Oui, salir, mes yeux venaient de s’accrocher à une tache de boue sur le jean de la rouquine, étalé de la sorte elle prenait une couleur nacarat vieillotte vraiment pas terrible. C’était un comble ! Sans parler du fait que mes yeux y revenaient sans cesse, comme une absurdité clignotante et fluorescente qu’il fallait se dépêcher d’effacer. Surtout que rien ne dénotait dans sa tenue, c’était d’ailleurs plutôt reposant. Sauf cette foutue, petite et exaspérante saleté.

- Je suis navrée… je crois que j’ai taché votre pantalon avec ma capacité étonnante à rester debout… Je peux vous offrir quelque chose, un café, pour me faire pardonner ?

Intérieurement, j’aurais presque pu grimacer de cette phrase blèche pouvant presque passer pour une vieille réplique de drague. Ce n’était pas trop dans mes habitudes d’inviter des étrangers et de faire la discussion, seulement voilà j’avais merdé et il fallait assumer. Oui ce n’était pas grand-chose, pour la plupart des gens, pas pour moi. Surtout qu’elles m’étaient agréables pour le moment, alors autant rendre l’appareil. C’était encore la moindre des choses.

Roxane avait arrêté l’école lorsqu’elle avait fui l’orphelinat, et avait disparu de la circulation. Elle savait le principal. Lire, écrire, compter. Pour le reste elle avait appris seule ce qui l’intéressait. Surtout un peu d’Histoire et de Géographie. Les sciences la fascinaient, mais elle se pensait incapable de comprendre. Est-ce qu’elle regrettait de ne pas y être allée ? Pas vraiment. Roxane avait beaucoup appris dans la rue, et si elle était là où elle était aujourd’hui, c’est pour beaucoup grâce à ce choix. Mais elle trouvait malgré tout qu’Alexis avait de la chance de pouvoir aller à l’école, d’avoir tout ce savoir disponible, prêt à être appris. C’était peut-être pour ça qu’elle insistait tant pour que l’adolescente ne sèche pas les cours. Bien sûr elle comprenait ses envies de liberté. Et l’école n’était pas un lieu tendre, surtout lorsqu’on était différent. Mais il était important qu’elle profite de cette chance tant qu’elle le pouvait.

« Bien sûr, je veux bien t’aider. Mais je ne connais aucun de tous ces mots que tu viens de citer. Il faudra que tu me donnes ta liste pour que je les apprenne moi aussi, ou que je puisse t’interroger. Sinon je ne vois pas trop ce que je peux faire.»

Roxane se demanda quelques instants si c’était un métamorphe qui avait inventé ce mot que Lexie avait cité, celui pour désigner l’odeur de la pluie. Après tout les métamorphes détectaient beaucoup plus d’odeur que les humains moyens, et peut-être y en avait-il eu un qui s’était mis en quête d’y associer des mots, pour en parler plus facilement. Finalement elle finit par rire à haute voix devant le flot ininterrompu de paroles de l’adolescente. La rouquine avait presque oublié à quel point elle pouvait être pleine de vie et d’énergie. La vie à Wolfheaven était stressante pour Roxane depuis qu’elle était exécutrice et avait des responsabilités. Mais elle l’était tout autant pour la petite métamorphe qui devait se sentir intimidée par ces loups si différents des humains avec lesquels elle était habituée à vivre.

« J’essaierai de trouver ça, et on en mettra quand ce sera la saison. Rhodododron, c’est ça ?»

Elle soupira ensuite et s’excusa de ne pas passer plus de temps en sa compagnie. Pas faute d’en avoir envie, pourtant, ces moments lui manquaient. Elle serra la blonde entre ses bras tandis qu’elle la rassurait en lui disant qu’elle comprenait. Roxane lui sourit un peu, espérant qu’elle était sincère et qu’elle ne disait pas ça juste pour lui faire plaisir, avant de continuer son chemin vers les tentes d’où s’élevait une musique pas très agréable.

Alors qu’elles entame leur déambulation dans les allées abritées, quelqu’un trébuche et tombe sur Roxane, qui la rattrape par réflexe, la saisissant par le bras pour lui éviter de chuter violemment au sol. Alexis s’approche et lui demande si elle va bien. Les gens autour ne prennent même pas la peine de s’en inquiéter. Trop pressés. Chacun pour soi, c’est le mot d’ordre. Ca l’a toujours été et c’est de pire en pire. Même ici, alors que le but même de cette journée est l’entraide. L’inconnue les remercie. Roxane sourit et la rassure.

« Pas de soucis. Ca glisse beaucoup, avec toute cette pluie. Ca aurait pu être moi. J’espère que je ne vous ai pas fait mal en vous attrapant le bras. Réflexe. Je suis Roxane, au fait. »

Cette petite sortie informelle en compagnie d’Alexis rendait l’exécutrice un peu plus sociable que d’ordinaire, la sortant de son quotidien où elle devait se faire respecter par une Meute de loups qui ne l’appréciaient pas forcément. Elle jeta un oeil à son pantalon en voyant les regards que la jeune femme lui lançait. Une petite tâche s’y trouvait. Roxane sourit à nouveau. Rien ne viendrait gâcher cette après-midi. Ni la pluie, ni cette tâche.

« Oh je reste rarement immaculée très longtemps de toute façon. Ce n’était qu’une question de temps avant que ce pantalon ne finisse tâché. Mais pourquoi pas une petite boisson chaude pour se réchauffer oui. C’est une bonne idée. Mais ne vous sentez pas obligée de nous l’offrir.»

Lexie fit un grand sourire à son amie. Même si elle les connaissait pas, elle acceptait de l’aider, et c’était l’essentiel. Ça faisait très plaisir à la luciole, que Roxie lui dise oui, et non pas qu’elle avait beaucoup à faire et ne pourrait peut-être pas. Elle savait que si c’était le cas, ça ne serait pas parce qu’elle ne voulait pas la voir, mais uniquement parce qu’elle aurait réellement pas le temps. Elle n’aurait pu s’empêcher d’être déçue, même si elle savait bien que la renarde disait non à contrecœur. En tout cas, elle comptait profiter à fond de cette journée, rien que toutes les deux, comme avant. Elle avait besoin de voir son amie, pour oublier un peu tout ce qui la stressait dans la meute : avoir la confiance de l’Ulfric pour étudier, pour aller à l’Université, pour être historienne… c’était pas rien. Et si ça lui permettait d’être réellement acceptée, ce serait parfait. Mais là, elle devait pas y penser. Elle était juste avec Roxie, heureuse, et elle lui souriait de toutes ses dents.

« Je l’ai dans ma chambre. T’auras qu’à venir me voir quand tu pourras. Quand tu auras le temps, je sais que tu as beaucoup à faire, je veux pas te prendre trop de temps sur ton travail, d’accord ? Promis ? Et si tu as besoin, si je peux t’aider, tu me dis… » Elle était surexcitée, redevenait un peu la jeune fille qu’elle était quand elle était encore chez les Lindon, et avant que Constance ne la capture. « Oui c’est ça. Et puis je te ferai une plaque aussi. Nos portes de chambres seront belles, comme ça. Je pourrais peut-être même en faire pour tout le monde, tu penses ? Tu crois que ça leur ferait plaisir ? Qu’ils seraient contents ? Ou ils préfèreraient des cakes à la viande ? »

Elle babillait, partait dans tous les sens, disait tout ce qui lui passait par la tête, si bien qu’elle ne vit qu’au dernier moment Roxane ramasser une jeune femme, l’empêchant de tomber totalement, et mit un certain temps à sortir de ses pensées, et à l’aider à se relever en se baissant, pour la sortir de sa position précaire.

« Il y a un café là-bas, on peut s’y asseoir un petit moment, et après revenir ici. Ou faire l’inverse, si on ne veut pas que tout soit parti. Je ne sais pas ce que vous veniez chercher, mais il y a de jolis meubles pour la maison, des meubles anciens il semblerait, là-bas, on peut y jeter un œil. Si ça vous intéresse… »

Elle rougissait un peu, ne voulant pas donner l’impression d’imposer ses envies à l’inconnue.

|HJ| Désolée, c’est court et bof ^^’

Plus les minutes passaient et plus les gens venaient s’accumuler sous les tentes. C’était étonnant de voir à quel point nous étions capables de nous agglutiner dans un espace si petit. Bien encrée sur mes deux pieds, j’étais bien décidée à ne plus m’effondrer comme un pantin. Une humiliation par jour était bien suffisante comme ça, inutile d’en rajouter. Je pouvais dire ce que je voulais, mais j’avais un égo à entretenir tout de même, imiter un tapis dans la boue n’était pas de ces exploits qui permettait de lustrer. De même, j’avais une certaine image à donner, sans parler d’hypocrisie, ressembler un chien abandonné sous une averse avait de quoi rebuter. Je m’excusais, mes sauveuses payaient les pots cassés de ma maladresse.
La jeune femme, la rousse, sourit et me répond gentiment. Diable que c’est agréable de rencontrer ce genre de personne. Raison de plus pour insister, il était hors de question que je les laisse repartir sans les avoir remerciées convenablement. Bon, j’avoue, un peu de compagnies ne me ferai pas de mal non plus, j’avais fait l’ermite un peu trop longtemps ces derniers temps. Le besoin d’avoir une conversation se fait cruellement ressentir.

-Gabriel. Bon réflexe en tout cas, je ne suis pas certaine que j’aurais été capable de faire de même.

Bien sur que je m’y sentais obligée, mais il n’y avait pas que cela. Il faut dire que la dernière trouvaille des semi-démon de tout mettre à feu et à sang, avait eu la joyeuse répercussion de me laisser cloîtrer chez moi. Je m’y sentais en sécurité, même si c’était une impression tout à fait illusoire et ridicule. Au moins, je n’entendais pas parler d’eux à tout bout de champ, de leur atrocité, de ces évènements sans queue ni tête. Heureux le simple d’esprit comme on disait, pour ma part cela se résumait en évitant les nouvelles trop aberrantes, trop terrifiantes. Désormais, on se préoccupait plus des problèmes des autres… On n’entendait plus que parler de ces êtres fantasques….
Tout ça pour dire que j’appréciais cette rencontre, simple, agréable, parfaite.

-Ne vous en faite pas, ça me fait plaisir.

La plus jeune des deux lève son museau et ose enfin y mettre son grain de sel. J’aurais presque peur qu’elle nous claque entre les doigts tant ses joues deviennent rouges. Je lui souris gentiment alors que sa voix s’affirme un peu pour vaincre le bruit ambiant. Je regarde autour de moi, recherchant les dits meubles du regard, puis je finis par me lasser. Il y avait beaucoup trop de monde pour réussir à faire quoique ce soit. C’était un peu fatiguant.

-Je n’étais venue que pour trouver une lampe, mais … je ne tiens pas particulièrement à me battre pour en avoir une. Dis-je en jetant un coup d’œil à la masse humaine s’agglutinant sur les stands.
« Vu ma carrure, je ne suis même pas sûre de réussir à arriver jusqu’aux étales. Mais si vous avez quelque chose à faire je vous en prie, je ne suis pas pressée.

Je ne voulais pas non plus m’imposer, après tout, j’étais celle qui été redevable.

-Il y a un petit salon de thé pas loin, avec une devanture verte, je ne sais pas si vous connaissez. Je vais peut-être vous attendre là-bas. Je laisse tomber pour aujourd’hui, il y a trop de monde et de pluie. J’en ai un peu marre de me faire bousculer pour tout avouer, je vais finir par estropier le prochain qui me marche sur les pieds... Et comme je ne veux pas non plus m’imposer.

J’attends la réponse des deux demoiselles. Hésitant entre le couple ou la fratrie. Elles pouvaient être amies tout simplement, mais il y avait une complicité évidente entre elles qui passaient par leur regard, leur geste, me faisant pencher vers des liens plus intimes. Dans tout les cas, c’était leur histoire, pas la mienne, mais je ne pouvais me défaire de ces petites manies d’observer et d’épier le moindre petit détail. Dans tous les cas si elles décidaient de me rejoindre plus tard, j’étais en train de trouver la manière la plus simple de leur expliquer le chemin du salon, je me voyais mal les attendre comme une potiche sous la pluie. Redevable, mais pas idiote.

[HRP: J'avoue que c'est pas beaucoup mieux, s'il y a un problème, pas de matière à répondre convenablement, hésitez pas à me mp, je modifierais.]

Les bavardages insouciants de la jeune blonde aux côtés de Roxane étaient tellement spontanés. Elle avait un don pour se fourrer dans les ennuis, ce qui ne manquait jamais de causer le plus grand stress à Roxane, mais elle était aussi un petit rayon de soleil pour la métamorphe, surtout depuis la mort de Mary. Sans l’adolescente à ses côtés, elle se sentirait bien seule. Elle la rassura sur le fait que tout allait bien, et que l’ado avait bien d’autres choses à faire que de l’aider, et répondit à sa question concernant les plaques de chambre aussi sincèrement qu’elle le put. A savoir qu’elle serait ravie d’en avoir une, mais que connaissant les autres, ils préféreraient de loin un bon plat de gâteaux bien consistants.

Leur conversation fut interrompue par la chute d’une inconnue, que Roxane attrapa au vol comme elle le put. La jeune femme qui venait de lui tomber dans les bras s’excusa plusieurs fois, confuse, et elle se présenta a son tour. Gabriel. La rouquine refusa accepta de bon coeur l’invitation à prendre un café, refusant par principe de se le faire offrir, mais cédant rapidement. Si ça lui fait plaisir après tout, autant ne pas perdre du temps en politesses sans fin.

Elle proposa un salon de thé voisin. Roxane n’y avait jamais mis les pieds, fréquentant lorsqu’il lui arrivait de prendre un café en dehors de Wolfheaven les Starbucks ou elle pouvait se mêler à la foule et dont le côté industriel lui plaisait car on s’y sentait invisible et anonyme, mais pourquoi pas puisqu’apparemment c’était un endroit apprécié par cette Gabriel.

« Oh on ne faisait rien de spécial non plus en fait. C’était juste l’occasion de passer un peu de temps ensemble. Qu’on le passe ici ou dans un café ne changera pas grand-chose. Et ce sera certainement plus calme. Tu voulais rester un peu pour voir les étals, Lexie? Sinon allons découvrir ce fameux salon de thé. »

La petite luciole était heureuse, voilà tout. Les choses n’étaient jamais si faciles, n’étaient jamais faciles tout court, et elle avait eu son lot de malheurs, plus qu’elle ne le souhaiterait à qui que ce soit, mais elle faisait de son mieux pour aller bien. Et Roxane l’y aidait, quand elles pouvaient se voir. Comme maintenant. Qu’une jeune femme se joigne à leur duo ne la dérangerait pas. Elle était peut-être très gentille, et Lexie aimait bien rencontrer de nouveaux gens.

« Je suis désolée, je me suis même pas présentée. Moi c’est Lexie. Mais j’ai besoin de rien, je venais juste avec Roxane, pour passer un peu de temps ensemble. Je pensais pas qu’il y aurait autant de monde… C’est fou. »

Et ça l’était, c’était tout simplement insensé, surtout vu comme les gens manquaient de civisme. Ils se comportaient comme… comme des animaux. Même les loups de la meute, quand ils se laissaient aller, étaient plus organisés que ça. Ils s’attaquaient pas aux gens pour s’arracher quelque chose, et s’ils le faisaient, c’est parce que c’était à eux et qu’ils l’avaient indiqué bien avant. Là… Tout ça n’était qu’à ceux qui les vendaient, et tout le monde aurait du avoir la possibilité de l’acheter, ou ne serait-ce que d’y jeter un œil. Mais les gens ne semblaient pas de cet avis.

La métamorphe jeta un petit coup d’œil à son amie, pour savoir ce qu’elle voulait faire. Après tout, elle avait proposé de venir ici. Peut-être que ça lui tenait à cœur. Mais ça n’avait pas l’air d’être le cas, alors je suivis Gabriel et Roxie vers le salon de thé que la première avait évoqué. Elles passeraient un bon après-midi, au chaud, bien meilleur qu’à piétiner pour regarder des étals alors que tout le monde se bousculait. Ce fut d’ailleurs le cas, quand elles partirent une fois la pluie bien calmée. Lexie ne savait pas si Gabriel était une amie, mais elle la trouvait gentille.

|HJ| Bon du coup je suis partie en mode clôture, mais si ça te va pas, Roxinette, dis moi. ^^ J’ouvrirai la discussion !

Lexie et Roxanne, un duo original ne serait-ce que par leur nom. J’acquiesce à la remarque de la plus jeune. Moi non plus je ne m’étais pas attendue à une telle affluence, c’en était suffoquant, mais comme quoi tout n’avait pas été que désagrément. Les donzelles avaient réussi, d’une certaine manière, à égayer cette matinée. Les présentations étaient donc finies, laissant place au choix. Le froid, le monde et l’humidité eurent certainement raison de chacune d’entre nous. Nous étions venus faire des emplettes et nous allions finir à papoter au chaud dans un salon. Finalement, nous y gagnions au change, je pense.

Je m’étais transformée en guide pendant quelque instant, les menant à travers la foule et le parc pour arriver à l’endroit que je connaissais. La terre était collante à cause de l’eau, mais le trajet n’était pas très loin. Heureusement, l’établissement était ouvert. Apparemment, nous n’avions pas été les seules à vouloir nous réfugier là-bas, mais par chance il restait tout juste de quoi s’asseoir. Ce fut un soulagement que de se poser au calme et de pouvoir s’extraire de la pluie et du monde. L’air était moite dans la salle un peu trop chauffé. Pourtant cela faisait du bien, le brouhaha loin d’être désagréable formait une atmosphère douce. Sans mentir, j’y ai passé un très bon moment.
Lexie était une demoiselle vive d’esprit, bavarde avec cette tendance qu’on les gens pressés d’en faire trop. C’était assez mignon à voir, son caractère était contrebalancé par celui de son amie. Elle était un peu plus vieil sans doute, si je ne me trompais pas, du moins peu survolté.

J’avais pris plaisir à faire leur connaissance ainsi qu’a parler avec elles. Certainement que j’en prendrais tout autant à les recroiser. En attendant, les heures avaient filé sans que je ne m’en rende compte. C’était fou, la pluie s’était calmée, l’après-midi bien entamée et il fallait vraiment que je rentre chez moi passer des coups de fil important. Je n’avais pas pensé y rester aussi longtemps.

L’air frais fit rougir mes joues, après un dernier au revoir, je quittais les deux demoiselles. Vraiment, ça avait été un moment agréable malgré la cohue et les bousculades. Si j’avais le loisir de les recroiser un jour, je pense que je me laisserais aller à leur demander leurs coordonnés. C’était toujours sympa que de pouvoir passer un moment avec ce genre de personnes.

[HRP: Je continue sur la lancer de la clôture du coup. Hésitez pas s'il faut que je modifie quelque chose. Dans tous les cas, merci pour ce rp ♥ ]

L’après-midi que Roxane avait prévu en tête-à-tête avec Lexie ne s’était pas déroulée exactement comme prévu. Mais ce n’était pas une mauvaise chose. La jeune femme qui leur était tombée dessus par hasard était sympathique, et la proposition qu’elle leur avait faite de leur faire découvrir un salon de thé qu’elle appréciait leur avait plu à toutes les deux. Le vide-grenier était absolument bondé, et ce n’était pas si agréable d’y flâner. L’ambiance dans le salon de thé était bien plus agréable. Il y avait aussi du monde, sans doute poussés par la pluie qui ne s’arrêtait toujours pas. Mais c’était bien plus raisonnable, et les gens étaient bien plus civilisés.

Gabriel était une jeune femme avec qui il était facile de discuter, et les heures filèrent plus vite qu’elles n’en avaient conscience. Roxane se contentait la plupart du temps d’écouter. Alexis entretenant la conversation avec sa bonne humeur habituelle et rafraîchissante. La rousse était d’un naturel plus réservé, mais elle participa tout de même assez facilement. Gabriel avait l’air d’être quelqu’un en qui on pouvait avoir confiance. En fait Roxane avait même l’impression qu’elles avaient toutes les trois une façon de voir la vie assez compatible. Pour commencer elles avaient la même tendance à fuir les foules d’humains déchaînés comme celle qu’elles avaient croisées à ce vide-grenier. C'était un bon début.

Le salon était à la hauteur de ce qu’elle leur avait vendu. Roxane avait opté pour un cappuccino et elle avait eu la surprise de recevoir un charmant petit dessin sur sa boisson. Elle serait bien incapable de faire ce genre de trucs, et d’ailleurs elle n’avait aucune idée de comment c’était fait. Elle en avait presque été triste de devoir remuer son cappuccino. Finalement après quelques temps Gabriel prit congé. Elle avait à faire. Ce n’est qu’à ce moment que Roxane se rendit compte que la pluie avait cessé.

« On va rentrer aussi, pendant que la pluie nous offre une trêve. Merci pour tout en tous cas. J’ai passé une excellente après-midi. »

Une fois Gabriel partie de son côté, Roxane et Alexis rentrèrent à Wolfheaven. La rouquine prit encore un peu de temps pour faire réviser sa liste de vocabulaire à Lexie, puis elle dût la laisser pour vaquer à ses occupations d’exécutrice.

HRP: Désolée pour l'attente, si mon post vous convient on peut demander la clotûre de ce sujet. Merci à toutes les deux c'était cool. La recherche du saint graal [Livre III - Terminé] 62166

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