❝ In the land of Gods and Monsters ❞
Cian & Ashleigh

Dans la nuit du 31 décembre 2016 au 1er Janvier 2017,

La fête est terminée, la Lupa est morte, une louve a été bannie. La Meute vit une nouvelle crise, une autre crise depuis la trahison de Jonathan, un vampire a tué notre Lupa, n’y avait-il aucune limite à leur irrespect, ils se pensent tous au dessus des autres, incapable de ressentir quoique ce soit. J’excècre cette race, je la vomis. Et maintenant ? C’était la vraie question non ? Qui allait prendre la place de Lupa ? Isadora ? Ashleigh ? Pouvais-je prétendre à un tel rôle ? J’en doutais. J’étais trop jeune, trop peu expérimentée. Mais ça ne m’empêcherais pas de vouloir faire partie des voix qui comptent dans la meute.

Je force une transformation de louve à Humaine. Je suis exténuée, en colère, tellement, tellement en colère. J’ai encore en tête les images de son corps, baignant dans le sang, la tête en moins, les membres séparés de leur corps, une mort horrible, une mort atroce, une mort qui appelle simplement à la colère et la vengeance. La transformation est plus longue que d’habitude, mon esprit n’y est pas, mon corps change, je devrais avoir l’habitude, mais c’était toujours aussi long. Je sens chacun des muscles se tordre puis se briser, pour reprendre une place plus humaine. Ma peau tombe en lambeaux, mes dents tombent, les griffes se rétractent ou tombent à leur tour, le sang, tellement de sang. Quand enfin je retrouve mon apparence, je suis recroquevillé dans la neige, nue, le corps encore chaud de la transformation, je suis fébrile, je reprends mes esprits, je reste quelques minutes au sol, dans ce moment de quiétude après la transformation, où tout me semble calme, il n’y a encore pas les problèmes de la nouvelle année qui m’assaille, pourtant, il faut se relever, je me redresse, fatiguée, vraiment fatiguée. J’utilise un tronc pour m’adosser et me relever. Parfois je me demande vraiment ce qui me pousse à ne pas arrêter la transformation, ou juste de la pleine lune parce que les conséquences physiques sont bien trop importantes.

Je regarde la nature autour, enneigée, nos problèmes ne la touche pas. Elle en a rien à foutre, tout ce sang disparaitra, et une nouvelle couche de neige prendra la place. Je baille, fatiguée, je m’adosse au tronc de l’arbre. Moi je veux juste rentrer chez moi, j’ai besoin de réfléchir à la suite des évènements, à ce que la Meute allait prendre comme décision. Car décider de se venger était une bonne base, mais si c’était tout ce qu’on avait, nous n’allions pas aller très loin. Je commence à marcher pour aller récupérer mes vêtements qui allait au final être bon pour la lavage, j’avais la peau recouverte de goutte de sang, vestige de ma forme lupine qui gisait dans la neige. Je suis à la recherche de buisson où j’ai laissé mes fringues, je peste, ça m’énerve je veux rentrer chez moi, je veux prendre une douche, je suis crevée, je veux parler à personne. Je trouve enfin mes vêtements, je commençais à sérieusement avoir froid, et j’enfile ça lentement, mon pantalon, mon tee shirt, mon pull, ma veste et je visse mon bonnet sur mon crâne et je me dirige directement vers ma voiture sans demander de reste.

Je ne veux pas rester ici. La perte d’un loup me rappelle bien trop de mauvais souvenirs. Il y avait quelques années de cela, j’avais perdu des membres de ma famille de la même manière, tués par des vampires pour se nourrir, ou simplement pour s’amuser, parce qu’ils le pouvaient, alors dans ces cas là, pourquoi s’en empêcher n’est ce pas ? Je grognais dans mon écharpe, je sentais le sang, mon sang, ça m’énervait, il n’y avait avait rien qui actuellement m’apaisait l’esprit, il n’y avait rien qui me calmait, je n’étais qu’une boule de nerfs, en colère et frustrée de n’avoir encore une fois rien pu faire. Les choses devaient changer. Pour moi, pour … beaucoup d’autre choses. Mais pour ce soir, j’avais besoin de rentrer chez moi et de cogiter à tout ça. Je pensais vraiment pouvoir partir sans qu’on ne vienne m’ennuyer, parce que j’en avais déjà eu pour toute une année, non ? Mais non… J’entends qu’on m’appelle, et je reconnais cette voix. Je balance ma tête vers l’arrière, en regardant la lune, en espérant, qu’Ashleigh ne voulait pas avoir de longues, longues discussion. Je me retourne, et je reste à l’attendre, et à me demander ce qu’elle pouvait bien me vouloir. N’était-elle pas l’exécutrice ? N’avait elle pas un Ulfric à voir, un plan de bataille à entamer ? Pourquoi n’ennuyer avec une louve comme moi, qui au final, n’attends que son lit, et une bonne nuit de sommeil ?

  Ashleigh ?

"Je te rejoins dès que je peux."

Pas un mot de plus, rien. Nous ne nous embrassons pas, l'instant ne s'y prête pas. Il se détourne, et je le regarde quelques instants disparaitre dans l'obscurité de cette nuit fatidique. L'odeur d'Irving s'efface, et je me retrouve à nouveau seule. Un soupir m'échappe, alors que je passe mes mains sur mon visage et dans ma tignasse blonde. La fatigue commence sérieusement à me tenir. La transformation, la course effrénée, tous ces chamboulements, suite à une soirée qui avait pourtant si bien commencée... Malgré cela, je ne ressens aucune envie de dormir, c'est même le contraire. J'hésite, un instant, à regagner la planque de mes habits, mais me décide à retrouver ma forme animale. Je suis seule, je ne sens aucun loup. Personne ne me dérangera, et de plus, j'arrive à me transformer de plus en plus rapidement. C'est tant mieux. Un instant de concentration, et la douleur prend possession de moi, de tout mon corps, tout mon être. Chaque partie de mon corps est en mutation. Tout se brise, se disloque. Je me suis mise à aimer cette douleur, et il le faut bien, car embrasser sa nature est la seule voie que nous autres, lupins, puissions emprunter. Et puis je me remet à courir, une fois que mes pattes poilues eurent touché le sol, mon environnement approprié par mes sens sur-développés. Je dois me défouler, évacuer pour de bon. Je laisse ma louve me guider à travers la forêt, alors que mes pensées s'égarent. Le corps de Mary, inlassablement. Juste une loque, couverte de sang, à peine digne d'un être vivant. Plus de visage, plus d'identité. Je revois Roxane se rouler en boule dans la neige, et ne peut m'empêcher de sourire à cette pensée, par pure méchanceté. Moi, j'étais restée digne quand Jonathan était mort, alors qu'elle s'écroulait sur elle même, comme un pauvre petit animal apeuré. Et elle a raison de l'être... Je tente de faire le tri, entre tous ces courants contraires qui m'agitent. La joie et la haine. La rage de vaincre, dans tout les cas. D'arriver enfin à mon objectif final, alors que celui-ci devient enfin réellement accessible, mais aussi de faire payer le prix à mes ennemis les suceurs. Quel magnifique cadeau pour les remercier d'avoir éliminé mon adversaire... En m'offrant l'opportunité de me plonger dans un bain de sang, dans une nouvelle guerre. Je n'attends plus que cela, depuis que cette paix nous enchaine tous à nos sorts, tels de vulgaires cabots apprivoisés. Que nous ne sommes pas. Il est temps que les loups redeviennent des loups, et que j'honore une bonne fois pour toutes la mémoire de mon Ulfric. Il voulait que je devienne Lupa, il m'a forgé pour cela. A moi de me saisir de ce qui me revient, désormais. Il faut que je me contrôle, que j'établisse ma ligne de conduite à suivre pour les jours à venir. Je serai sûrement beaucoup mieux à le faire dans mon lit...

Je retrouve sans mal l'endroit où j'ai laissé mes habits. Reprendre forme humaine me laisse encore de vives souffrances, alors qu'à la place de cette fourrure épaisse, je ne trouve qu'une peau frêle et pâle, fine et si fragile. Une odeur me fait lever le nez tandis que j'enfile mes sous vêtements. Un autre loup, ou plutôt une louve. Je ne connais pas chaque membre de la meute, mais son odeur à elle, je suis capable de la reconnaitre. J'hésite, qu'ai-je à lui dire ? Rien de spécial, nous ne sommes pas plus proches que de simples amies, et je suis un peu à bout. Mais je me rapelle, de ce qui s'est dit ce soir. Je mets rapidement mes derniers habits et la hèle. Elle se retourne alors que j'arrive vite à sa hauteur. Je la regarde un instant, puis mes yeux se perdent dans le ciel obscur.

"Belle nuit, n'est-ce pas, pour une si horrible soirée ?"

Question totalement inutile, mais la seule entrée en matière qui me vient. C'est vrai que la nuit est belle. Sombre parsemée pourtant de quelques étoiles. La lune, toujours si belle, majestueuse, diffuse sa lumière blanchâtre, qui ricoche sur la neige. Je soupire, et passe aux choses sérieuses.

"Pourquoi as-tu soutenu Charlie, tout à l'heure ?"

❝ Smells like divide spirit under the moon" ❞
Cian & Ashleigh

1er Janvier 2018

Ashleigh est … intransigeante. Du moins c’est de cette manière là que je la vois. Je trouve qu’elle a un regard dur, parfois froid. Je ne le connais pas des masses, c’est notre exécutrice, je suppose que ce genre de regard, va avec ce genre de place dans notre hiérarchie. Elle est d’une beauté froide, qui comme l’hiver gerce les lèvres et coupe la chique. C’est le genre de fille qui ne laisse pas les choses en plan, et qui fait les choses qui doivent être faite. Ja la trouve assez impressionnante. Je ne sais pas bien comment la jauger et comment me comporter quand je suis face à elle. Surtout maintenant, que je suis seule, et qu’elle est mon dernier obstacle avant de pouvoir rentrer chez moi. Je me demande de quoi elle veut me parler. Elle me demande comment est ma soirée, horrible soirée, précisait-elle.

J’ai une moue interrogatrice, je ne comprends pas tout ce qu’elle me voulait. Une …. belle nuit ? Froide… et insensible ? Je ne considère pas cela comme une belle nuit. Une belle nuit respire la fraîcheur des jours d’hiver, la neige, les épines de sapin, le feu de bois et les loups. Une belle nuit n’est pas un paysage tâché de rouge, ce n’est pas non plus une neige souillé par le corp d’une de nos soeurs. Que voulait elle que je lui réponde ? Franchement ? Que j’appréciais les étoiles malgré le bannissement de Charlie et la mort de Mary. J’eus un froncement de sourcil. C’était la pire entrée en matière de l’histoire. C’était… déplacé. Clairement et simplement déplacé. Je reste silencieuse, parce que je ne vois l’intérêt de répondre à une pareille question.


Et enfin elle me demande ce qu’elle voulait me demander. Avais-je à me justifier face à Ashleigh ? Je ne voyais pas pourquoi ça semblait aussi… étonnant que je soutienne Charlie. Surtout quand on sait qu’elle et moi avions été très proche quand nous faisions nos débuts dans la meute. Et parce que je n’étais pas froide face à un appel au secours. Je ne tournais pas le dos aux miens, c’était comme ça. On m’avait tourné le dos à mainte reprise, un père absent, une famille décimée par la mort et les vampires, j’avais eu mon lot de personnes absentes. Je ne pouvais pas en mon âme et conscience balancer Charlie dans la rue, seule, un cabot sans protection, une cible facile. Ce qu’elle avait fait était… grave et cette sanction, aussi sévère était-elle, je la comprenais. Elle le méritait. Je fronce les sourcils, et ne comprends toujours pas. Nous sommes une Meute, une famille, nous traversons des moments tragiques. Et elle vient me demander pourquoi j’ai soutenu Charlie ? M’accuse t-elle de quelque chose ? De plus, elle déforme mes intentions. Je ne soutenais pas Charlie. je protégeais Charlie, ce qui était entièrement différent.

 Ton interprétations est mauvaise, Ashleigh. répondis-je en fourrant mes mains dans mon manteau à la recherche de mes clefs.

C’était la vérité. Il y avait une différence. Elle était subtile, certes, mais il y avait une différence. J’étais celle qui avait dénoncé Charlie, je ne la soutenais pas. J’étais celle qui avait demandé à ce qu’elle ne se fasse pas exécutée. Je la protége. J’étais celle qui l’avait exposée au grand jour, balancé à Hayden, pour la protéger, la protéger de ses démons. Je protégeais mon amie, ma soeur, Charlie, Mei, tout ce qu’elle avait représenté. Et si elle avait fait des erreurs, elle les payerait. Mais faire d’elle un cabot, c’est simplement et purement se débarrasser d’un problème, sans chercher plus loin. Je n’accepte pas cette mentalité. La Meute avait décidé à l’hunanimité, j’avais accepté. Mais que l’on ne me demande pas de cautionner.

Je ne la soutiens pas. Je cherche à la protéger. Je n’ai pas vraiment de compte à te rendre face à ça, je ne vois pas ce qu’il y a à dire, sur le fait de soutenir une louve. Et je me suis déjà expliquée pendant la prise de décision face aux restes de la Meute, on ne m’a pas écoutée, elle est partie. Que veux tu que je te dises ?  

Je ne savais pas où cette conversation allait. Dans quelle direction, mais étrangement, je ne me sentais pas à l’aise. Je ne regrettais pas ma décision. Je n’avais de grande responsabilités, alors je pouvais suivre les principes en quel, je crois. Le loup solitaire meure et la meute survit. Ce n’était pas une phrase en l’air, et je refuse que Charlie meure pour ses erreurs. Toute vie à son importance.

Qu'avais-je vraiment à dire à Cian ? Nous n'étions pas proches, nous n'avions pas grand chose en commun, à part peut être notre caractère un peu revêche. Elle n'avait pas non plus d'importance particulière dans la meute, pas de position spécialement stratégique, mais j'étais convaincue que chaque voix pouvait avoir son importance, à un certain stade. Bien que n'ayant aucune idée de la suite des évènements, je devais me préparer le terrain au mieux. Rien n'est jamais vraiment perdu, quand l'on utilise son temps à bon usage. La fatigue et l'heure tardive ne m'arrêtaient guère, on ne va jamais bien loin si tel est le cas. La fatigue peut déconcentrer, mais je m'en fiche. J'estime être assez forte et maître de moi même pour ne pas laisser des éléments autres parasiter mon discours et mes manières d'agir. J'ai aussi compris que j'allais devoir apprendre à négocier avec des individus du même sexe que le mien, et devenir tout autant douée dans leur manipulation que dans celle de la gente masculine. Et tout cela, eh bien ce n'était pas gagné, loin de là. Je devais améliorer beaucoup de choses en peu de temps, peut être même n'avais-je pas de temps. J'en avais peur. J'avais peur de ne pas pouvoir saisir l'opportunité qui s'offrait à moi, qu'Hayden nomme d'office sa femme Lupa sans que je puisse revendiquer la place sans me compromettre. Ce que je voulais éviter, à tout prix. J'apprenais des erreurs de mon mentor... Bien que trahir ne me pose aucun problème moral, je ne le ferai pas, et je veillerai à ce que mes premiers écarts de conduite ne ressortent jamais au grand jour. J'étais faite pour être Lupa, et j'allais l'être. Un point c'est tout. La balle est dans mon camp, je le sais, c'est à moi de jouer, d'avancer mes pions, ou plutôt de constituer mon jeu pour le moment. Et je ne comptais pas chômer, mais m'y mettre dès ce soir s'il le fallait. Tout mon corps était tendu, encore douloureux, mon esprit fatigué, éreinté, mais de toute manière je savais que je n'arriverai pas à fermer l'oeil de la nuit, ou du moins pas avant quelques heures. Quand je pense que demain je travaille... Une occupation qui me semble tellement futile, inutile. Il fallait que je fasse quelque chose. Absolument.

La jeune louve ne répond pas à mes premières paroles, et d'ailleurs je n'attendais pas vraiment de retour. Sa moue, en revanche, ainsi que sa manière de se tenir, me confirment mon hypothèse ; elle est tout aussi fatiguée que moi, peut être même plus, et très peu disposée pour une conversation. Ce n'est pas grave, ce n'est pas cela qui va m'arrêter. Savoir pourquoi elle a agi et parlé en faveur de Charlie tout à l'heure n'est au fond qu'un prétexte, une couverture pour tâter le terrain, la tester. Je la sais proche de Charlie, du moins l'a t'elle été il y a un moment, dans ses débuts dans la meute. Jeune louve violente et prometteuse... Mais j'aimerai pouvoir mieux la cerner. Elle me dit que je me trompe. Je hausse les sourcils, presque inconsciemment. Je n'ai aucune envie de la prendre en traitre, je veux simplement savoir.

"En quoi ?"

Je suis prête à tout attendre, du moment que cela reste cohérent. Je veux des explications, c'est tout, je veux ses motivations, le fond de sa pensée. Même si cette démarche est uniquement de mon initiative, je pourrai, selon le résultat, en référer à Hayden. Tout dépend d'elle, mais elle n'a en effet aucun compte à me rendre, je ne suis pas ici en tant qu'exécutrice. Du moins, pas pour le moment. Oui, vraiment, tout dépend d'elle. Cian me parle de protéger Charlie, et du fait que l'on ne l'ait pas écoutée. Je rentre mes mains dans mes poches.

"Je ne suis pas là pour t'engueuler, Cian, je ne suis même pas vraiment là en tant qu'exécutrice. Je veux juste... Comprendre ta position."

Je marque une pause, un instant.

"Elle nous a trahi, elle nous a mis en danger, bien qu'elle soit des nôtres, tu comprends que notre Ulfric ne pouvait pas laisser cela passer. Elle n'est, en effet, pas en sécurité sans la meute, mais la possibilité de regagner sa place lui a tout de même été accordée. Tu aurais préféré la mort ?"

Mon ton était posé et calme, nullement agressif ou offensant.

❝ In the land of Gods and Monsters ❞
Cian & Ashleigh

1er Janvier 2018

Je croisais mes bras sur ma poitrine. L’air est frais, et je regarde la fumée de ma respiration se frayé un chemin dans l’hiver. J’arrive à peine à tenir debout. Pourquoi sentais-je que j’allais encore devoir me justifier alors que je n’en ni l’envie, ni la force. Le retour de Louve à humaine m’avait exténuée. La chose n’avait jamais été aussi difficile que ce soir. Je n’avais même pas eu le temps de m’exalter de l’environnement de Wolfheaven, même quelques minutes aurait été suffisante. Mais impossible. Je ne me sentais plus chez moi ici. Je ne sentais plus que l’odeur des vampires, je ne sentais plus que l’odeur d’une douce colère qui montait en moi. J’étais habituée à la colère, beaucoup moins à ce désir violent et irrépressible de vengeance. Je n’étais pas d’humeur à avoir une discussion calme. Ce n’était pas personnellement contre Ashleigh, mais les circonstances faisaient que je n’avais pas spécialement envie de m’épencher sur les raisons de mes choix ce soir. Je n’étais pas quelqu’un de bavard, ni même de très sociable. La parole me semblait bien souvent une perte de temps, rien qu’à regarder les politiques parler, on prouvait que le don de parole n’aurait pas du être universel, mais bien exclusif.

Je soupire. Elle me ressort le même discours que tout le monde, celui qui a convaincu le reste de la Meute. Mais moi je n’étais pas une convaincue, on était déjà bien peu nombreux, et regardez ce que nous faisions ? Nous bannissons les notre. Si je comprends et respecte la décisions, ça ne veut pas dire que j’en suis ravie. Je n’avais pas l’impression d’avoir été trahie par Hayden, j’avais simplement l’impression d’avoir été jouée, et qu’on avait joué sur les mots. J’étais frustrée, très frustrée. Elle voulait comprendre ma position, tant mieux pour elle, mais je ne voyais pas en quoi ça comptait l’aider. Pourquoi me sentais-je si énervée ? En réalité je savais parfaitement pourquoi, cette soirée, cette nouvelle année, je hausse les épaules. Elle avait raison, c’était évident, seulement je n’étais pas dans la position de l’Ulfric, ou même d’Ashleigh qui se disait ici en tant que simple louve et non comme exécutrice. J’arquais un sourcil, peu convaincue.

Préférer… la mort ? Je la trouvais calme. Très calme. Étais-je réellement la seule complètement sur les nerfs, la mort de Mary, le départ de Charlie. J’avais un caractère explosif, entier, et colérique, ce qui était mon gros défaut. Mais j’avais l’impression d’être dans un décalage émotionnel très intense avec Ashleigh. Elle semblait calme, c’était certainement ça qui faisait qu’elle était exécutrice. Ça manquait d’émotions ? Ce n’était définitivement pas comme ça que je voyais les choses.

 Comprendre ma position ? répétais-je en retenant une grimace.

Je ne voyais pas ce qu’elle voulait comprendre. Mais je comprenais la position de L’ulfric, moi j’étais une sentimentale. De ceux qui souffre de manque affectif à cause de carence en matière d’attention maternelle ou/et paternelle. Cette pensée m’arrache un rictus.

Il n’y a rien à comprendre. Ma position n’est pas celle d’un leader. Je n’ai pas de décision à prendre dans ce genre. J’ai compris la décision. Met sa sur le compte de notre passé commun à moi et Charlie. Je considère que c’est une mauvaise décision. Et je ne vois pas ce que viens faire la mort là dedans… Cette tendance aux extrêmes, j’ai pas la case.

J’espère au moins, que ça passera l’envie à d’autre de trahir les nôtres. Sinon, ça n'aura servit à rien. Et ça je ne l'accepterais pas. terminais-je.

J'aurai peut être mieux fait de rentrer chez moi. Même si, pour le moment, j'arrivais à rester calme et posée, en pleine possession de mes moyens, cela ne serait pas éternel. Je le savais. Et je sentais la fatigue en moi, exaltée par toutes les émotions qui se bousculaient, l'odeur de vampire et de mort obstruant encore mes sensations. La haine, la jubilation. Je masquais tout ça, pour l'instant. Mais ça ne durerait pas éternellement, pas ce soir, alors que je tombas de fatigue, alors que l'expulsion de Charlie, qui se situe pourtant il y a moins de deux heures chronologiquement, me semble tellement loin, tellement éloigné. Un autre monde, dans lequel Mary existait toujours et me bouchais le passage. Oui, vraiment, aller me coucher sans passer par la case "je vais taper la discute" aurait peut être été préférable. Parce qu'en plus, du peu que je connaissais de Cian, elle n'avait pas pour habitude de mâcher ses mots, ni de faire dans la demie-mesure. Si elle était énervée, à bout comme moi ou même plus, si elle n'avait pas envie de causer, je ne la ferais pas changer d'avis. Et franchement, ça m'avait bien l'air d'être le cas ce soir. Normal... Tant de bouleversements, en un laps de temps si restreint. Une louve bannie, une Lupa morte. Et la guerre, qui se déclare enfin. Les braises étaient encore chaudes, il ne suffisait que de les attiser... Et l'ennemi l'a fait. C'est toujours bon pour notre image auprès des humains ; nous pourrons dire que nous ne sommes pas les instigateurs de ce conflit et que nous ne faisons que répondre aux provocations de nos ennemis séculaire. Moi en tout cas, je m'en lavais les mains, ou plutôt les pattes. Une chance d'assouvir l'ambition qui me rongeait de toute part, tel un poison, un venin qui s'emparait de moi peu à peu, jusqu'à gouverner chacune de mes pensées, chacun de mes actes, et une chance d'assouvir également la soif de sang et de vengeance qui grandit tout autant dans le coeur de ma louve. Mais je dois être l'une des rares à me réjouir de la situation, et c'est pour cela que je dois jouer plus finement et être plus précautionneuse : certaines me connaissent trop à mon goût. Ce n'est pas le cas de Cian, du moins je ne le pense pas. Je l'espère.

J'ai bien compris, cependant, qu'il n'y avait pas grand chose à tirer d'elle. Ce soir du moins... oui vraiment, j'avais merdé sur ce coup là. J'aurai dû attendre quelques jours, laisser les choses se tasser... Enfin maintenant, j'y étais, et je n'allais pas la planter là, même si la fatigue pouvait m'en donner l'envie. Même si, comme je le lui ai dit, je ne suis pas là en tant qu'exécutrice, je ne l'oublie jamais. Je suis censée être un cran au dessus du commun des louves, mieux me contrôler, et tout ce qui va avec. Je suis encore jeune et j'ai du travail à faire, mais je suis en bonne voie... Il faut dire ce qui est : j'ai bénéficié d'un excellent mentor dans la matière, et pour bien d'autres choses d'ailleurs.... Mais j'essaye de ne pas trop penser à lui, bien que ce soit dur, de me détacher de la faille, la plaie béante que sa mort a laissé en moi. Je ne sais rien de Cian, peut être elle aussi, a t'elle eu un mentor parmi les loups ? Peut être elle aussi, a t'elle souffert de la perte d'un être cher ? C'est une autre affaire, que je n'ai pour l'instant nulle envie d'aborder.

Elle me répond assez sèchement, et j'avoue que je n'apprécie pas beaucoup cela. Je rentre les mains dans mes poches, alors qu'elle croise les bras. En effet, elle n'a pas à se comporter comme un leader, mais sa réaction peut être interprétée comme une déviance, une rébellion. Peut être n'a t'elle pas voulu soutenir Charlie, mais c'est l'impression qui s'en ressent, et elle devait le savoir. Je ne lui reprochais pas, pas ouvertement, j'avais compris le message : ce n'était pas en soutient de Charlie qu'elle voulait se positionner. Mais ça pouvait tout de même lui causer des ennuis, de la part d'autres. De plus hauts placés que moi, et il n'y en avait qu'un. Je hoche la tête, à la fin de ses paroles. Je préfère ça.

"Le problème, c'est que certaines pourraient... mal interpréter ta réaction. C'est tout ce que je veux te dire. Charlie nous a trahi, et la leçon devait passer. Il serait bête de bannir encore une louve, déjà que notre Lupa est morte."

Je fais quelques pas, tout en continuant, presque dans ma barbe :

"Ces saletés ne paient rien pour attendre."

❝ In the land of Gods and Monsters ❞
Cian & Ashleigh

1er Janvier 2018

Je pense que si j’avais été fumeuse, ça aurait été à ce moment là que je m’en serais grillée une. Mais c’est une habitude qu’en tant que mécanicienne, il était dangereux d’avoir. Tom m’avait raconté l’histoire de ce type, certainement complètement con qui avait fumé au dessus d’une moteur. La suite me semble évidente. Je me demanderais toujours si ce n’était pas une de ses histoires que l’on raconte pour que la personne reste sage et ne fasse pas de bêtises. Car il était possible que ce soit ça, surtout venant de Tom. Je soupire. Cette conversation m’ennuie un peu car elle porte sur des sujets qui au final, ne me touche pas réellement.

J’avais réussi à vivre éloigner de la vie décisionnelle de la Meute, parce que je ne pensais pas en avoir les épaules, et je ne me pensais pas capable de pouvoir faire les choix qu’Hayden avait fait aujourd’hui par exemple. J’étais restée éloignée, parce que j’étais mieux le cul dans l’huile à porter des grand jeans délavés et mes tee-shirt troués, j’étais restée éloignée parce que c’était de cette manière que je préservais ma liberté, celle d’aller et venir à ma guise, d’aller dans les highlands sans avoir d’agenda à suivre. Mais aujourd’hui, cette liberté a été mise à mal par le meurtre de Mary et ce que l’on pourrait considérer comme une déclaration de guerre, je suppose. Je n’avais pas du tout envie de penser à tout cela actuellement.

Certains pourraient mal interprété ma position. Ça me faisait une belle jambe. Je m’en fichais bien ce que je les gens pouvaient bien penser, ça m’intéressait pas le moins du monde. J’ai la conscience tranquille. Je me fiche bien de savoir si l’un ou l’autre pensait ça ou autre chose. Je me fichais comme de l’an çà, ça m’intéressait pas. Bannir une autre louve ? Est ce qu’elle est en train de me… menacer ? J’espérais qu’elle avait fait un mauvais choix de mot. Parce qu’elle ne savait clairement pas ce que j’avais du faire pour qu’elle soit au courant de la trahison de Charlie. Elle essayait de me donner des leçons ? Je la fusille du regard.

Ce que les autres pensent de moi ne m’intéresse pas. J’ai la conscience tranquille.   répondis-je sur un ton peut être un peu froid.

J’avais été la seule à ne pas voter pour le bannissement, alors je suppose que ça faisait douter, ou porter à confusion. Mais franchement, je trouvais que c’était pas le moment pour aller récupérer je ne sais quelle information. J’avais passé une nuit de nouvel an horrible, alors qu’habituellement je me bourrais la gueule jusqu’à tomber par terre, mais là… là, non il avait fallu du drame et encore du drame, et Ashleigh venait en rajouter une couche. Elle était pas fine, franchement. J’étais plus d’humeur à parlementer. Je n’avais rien à lui prouver, et mes convictions étaient les miennes et ça, personne ne pouvait me les retirer.

Me bannir ? Ce serait nouveau ça. Franchement, Ashleigh excuse moi hein… Mais c’est des conneries ce que tu racontes. 

J’avais prévenu que j’étais honnête, même quand j’avais tort ? ou raison ? Non parce que cette dernière phrase franchement, c’était vraiment pour me foutre en colère, c’était pas possible.

Du peu que je connaissais de Cian, quand elle était fatiguée, de mauvaise humeur ou simplement pas disposée à se montrer sociable, il ne fallait pas chercher. Ca avait l'air d'être le cas maintenant, mais franchement cela m'importait peu. Si je n'arrivais à rien ce soir... Eh bien tant pis pour moi. J'aurai perdu mon temps, perdu des heures de sommeil. Fatigue et tension. Mais au moins, je ne serai pas restée les bras ballants à prendre mon temps avant de me décider à bouger le petit doigt. La soirée avait déjà eu son quotat de bouleversements et de surprises, après tout... Je devais être la seule à qui tout cela ne causait aucun malheur, d'ailleurs. Cela, je me gardais bien de le dire... Même si sur certains points, je trouvais que Cian me ressemblait, sur d'autres non. Comme celui de la franchise, par exemple. J'arrivais à faire semblant, à faire des efforts pour mentir, même manipuler ou tout simplement mettre les formes dans mes propos, bien qu'il m'arrivait aussi de ne pas manier la langue de bois. Tout dépend les circonstances... je mets tout simplement chaque chose, chaque objet, personne, chaque instant que j'ai sous la main au service de mes ambitions. Peut être Cian n'en n'avait elle pas. Sûrement, ou pas au même niveau que moi. Ne pas avoir trois milles rivales ne pouvait que me contenter, même si trop de facilité me lassait rapidement. Ce n'était pas le cas; rien n'était aisé dans ce monde, dans cette meute, en ces temps où la guerre gronde et où la corruption fait rage. Je n'échappe pas à cette règle, d'ailleurs... Je ne négligeais aucun moyen d'assouvir mon ambition, même pas la trahison. Elle n'avait rien donné ; tant pis, elle n'avait pas été découverte. Bref. Trêve de digression.

La jeune louve ne faisait aucun effort pour se montrer réellement agréable, et je n'en n'attendais pas moins d'elle. Egale à elle même, comme toujours... Se doute elle que moi aussi, j'ai envie de rentrer chez moi, me coucher ? Ou puisque je sais que je n'arriverai pas à dormir, passer la nuit chez Irving ou Ducan pour l'une de nos énièmes parties de jambes en l'air ? Non, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ça, alors que la fatigue me terrassait, les nouvelles, bien qu’excitantes, me dépassaient. J'étais une louve après tout, un animal, une bête, tout ce que vous voudrez, mais pas un enfant de coeur. Alors franchement, qu'est-ce que j'allais faire des discussions diplomatiques ? Essayer de comprendre sa démarche, de saisir sa position ? De lui faire entendre ma voix, alors que ses oreilles étaient bouchées avec de la cire, son esprit focalisé sur une seule envie : qu'on lui foute la paix ? Mais je n'étais qu'une entêtée, et maintenant je n'allais pas la planter en plein milieu de Wolfheaven pour réaliser son souhait de rentrer chez elle tranquille. Même si, fondamentalement, ça ne me dérangerait pas. Je hausse les épaules, alors qu'elle me dit avoir la conscience tranquille. C'est bien ce que je pensais : elle s'en fout complètement.

"Tant mieux pour toi, alors."

Je n'allais pas lui dire autre chose, franchement, si tout ce qu'on pouvait penser sur elle l’indifférait, c'était ses affaires. Moi j'avais une place importante dans cette meute, et j'en visais une encore plus primordiale. Me ficher du regard d'autrui serait ma pire erreur. Mais elle, oui, c'était compréhensible après tout. Je soupire, continue à avancer lentement.

"J'en sais rien, si ce sont des conneries. J'espère, franchement, on a déjà assez de soucis comme ça dans cette meute, avec les temps troublés. Je veux éviter les ennuis internes, c'est tout. La guerre semble inévitable à présent de toute manière, tu ne penses pas ?"

S'il n'y avait plus rien à tirer d'elle, autant tenter un changement de sujet...

❝ So If i Run it’s not enough, you’re still in my head forever stuck. ❞
Ashleigh & Cian

1er Janvier 2018

J’étais désagréable. Parce que la conversation, m’était désagréable. Je ne voyais pas bien pourquoi elle voulait commenter la soirée, alors que tout était déjà frais dans ma tête. J’étais exténuée, fatiguée, énervée, j’avais besoin de me retrouver seule, j’avais besoin qu’on me lâche la grappe, j’avais besoin que la Meute reste en dehors de ma vie, ne serait-ce que pour quelques heures. J’avais vécu une soirée éprouvante, la perte de Charlie, la mort de Mary, le chaos à nos portes que nous embrassions pour faire des gosses. Je soupire, et glisse ma main dans mes cheveux, pour ramener une mèche gênante en arrière. Je regarde ma main, il y a des restes de sang, des restes de transformations. Je soupire, une nouvelle fois. Elle hausse les épaules, et dit que c’est tant mieux pour moi. Je n’avais rien à me reprocher, et si j’avais quelques chose à me reprocher, ce n’était pas auprès de la Meute, ou d’Ashleigh. Je n’avais pas la manière dont elle me menaçait, du moins, c’était ainsi que je ressentais cette conversation.

Je me fichais bien des rumeurs, des oeillades, des chuchotements, je me fichais bien de savoir ce que Pierre, Paul ou Jacques pouvaient bien penser de ma vie et de mes choix. Ça faisait longtemps que je m’étais libérée de ces contraintes. Je n’agis qu’en fonction de ce que je crois juste, qu’en fonction de ce qui suit mes principes, pas autrement. Je n’agirais pas pour plaire, ou dans le but ultime de plaire. Mon but dans la vie ne se résumait pas à ça. Je faisais ce que je voulais, et ceux à qui ça ne plaisait pas, devrait s’occuper de leur vie, avant de vouloir juger la mienne. Je n’étais pas une « traîtresse ». J’avais fait ma part du boulot, j’avais eu ma dose d’insomnie à cause de cette décision. J’avais la conscience tranquille pour cette nouvelle année. Ce qui ne veut pas dire que j’étais en paix avec moi-même. S’il arrivait quoique ce soit à Charlie, je ne donne pas cher de ce qui se trouverait à côté de moi. Je tente de ma calmer, je tente réellement de calmer ma frustration, mais rien n’y fait.

Elle change de sujet, ce qui me semble judicieux, parce que j’avais fait le tour de ce sujet là. J’en avais fait le tour, et je ne voulais plus que l’on revienne dessus. Je continuais d’avancer, et suivait la cadence d’Ashleigh, elle trahissait la fatigue, ce dont je ne lui tiendra pas rigueur, j’étais dans le même état qu’elle. Peut être devrais-je tempérer mon attitude, mais ce n’était pas une chose qui m’était facile, au contraire, j’avais un mal fou à calmer mes ardeurs et mes colères. Je ne sais pas bien de qui j’avais pu hériter ce caractère colérique.


Tu n’auras pas d’ennuis internes de mon côté, si ça peut te rassurer.  repris-je en m’arrêtant pour la regarder droit dans les yeux.

Je pesais mes mots. Ce n’était pas de moi qu’il fallait se méfier. La trahison ne passait pas par mon esprit, et si j’avais un jour, trahit quelqu’un, c’était Charlie, et pour le bien de la Meute, ma Meute. Je préférais tout de même être claire avec elle. Pas seulement pour la rassurer, mais pour ma propre tranquillité, je n’avais pas envie que l’on commence une chasse aux sorcières. Mais si on voulait commencer par moi, je n’avais rien à me reprocher. Elle parle de guerre et mes poings se serrent. S’ils veulent la guerre, ils l’auront. Les vampires, veulent la guerre ? Eh bien ils l’auront. Je refuse de courber l’échine face à cette vermine qui souille nos terres et viole nos traditions. Cette vermine ne fait que tuer et c’est la seule chose qu’ils savent faire.

Ils veulent la guerre, ils l’auront. Maintenant à nous de voir, si nous voulons êtes les moutons, ou les Loups. Nous sommes les prédateurs aussi.

Je songeais de plus en plus à laisser cette conversation en plan, parce qu'elle ne menait réellement nulle part. Ou plutôt, elle m'avait déjà menée assez loin : Cian n'en n'avait rien à faire et il n'y avait rien de plus à tirer d'elle. Je devais bien l'accepter ; toutes les louves de cette meute n'étaient pas comme moi animées par un désir de pouvoir ou tout simplement de notoriété au sein des leurs. Et il valait peut être mieux arrêter là avant que son propre ton désagréable ne m'exaspère et ne déteigne sur moi. Non, je ne suis pas non plus capable de tenir un comportement exemplaire sur la durée lorsqu'une telle fatigue me tiraillait et qu'on me cherchait. Si on me cherche, on me trouve. Il ne devait cependant pas en être ainsi avec Cian, même si je ne peux m'en faire une alliée de poids, elle ne devait devenir une ennemie pour autant. J'en avais déjà assez, de ceux-là... Sans compter les vampires, qui, de mes ennemis, devaient demeurer les seuls connus de tous, de mes frères de meute. Non, je ne leur faisais pas confiance, les loups sont tout autant des loups entre eux que pour les autres.

Bref, je m'égare. Tout ça pour dire que de toute manière, j'étais dans un état proche du sien, alors pourquoi m'échiner ? Toute la tension de cette soirée, cette course, les transformations répétées... Peut être serait il mieux d'aller récupérer des heures de sommeil dès maintenant avant que je n'en n'ai plus le temps, au lieu d'user la nuit du nouvel an à tourner en rond avec ma vis à vis. Les prochains jours promettaient d'être agités. Et surtout, bien plus qu'agités, décisifs. La place de Lupa, l'enfant que je devais avoir... Je n'y pensais pas trop. Il n'y avait plus rien à dire, plus rien à faire tant que nous n'aurions pas de semi démon sous la main. Mais surtout, la guerre qui allait, qui devait éclater. Je le voulais, je l'attendais de toutes mes forces, de tous mes voeux, alors que l'appétit sanguinaire de l'animal en moi est loin d'être satisfait. Je ne suis pas un cabot. Nous ne sommes pas des cabots, pas de vulgaires chiens tenus en laisse. L'Humanité devrait s'en rappeler, et surtout, les vampires. Ils auront ce qu'ils sont venus chercher en nous offensant, en nous provoquant sur notre propre territoire. C'est naturellement le premier sujet qui me vient à l'esprit lorsque je ne trouve rien de mieux à faire que de faire dériver la conversation. A cela elle ne pouvait être indifférente. Cela la concernait, nous concernait tous, de l'Ulfric au plus jeune loup de la meute qui a encore peur de son ombre. Heureusement que le meurtre de Mary avait été commis ainsi par des nocturnes et sur notre territoire. En me concentrant sur ces faits, sur cette odeur, je parvenais mieux à adopter la posture normale attendue de tout loup qui se respecte face à la perte de sa Lupa. C'était important. Je devais marquer pour de bon mon innocence dans les affaires de mon père d'adoption, et surtout aux yeux d'Hayden. Je sais qu'on ne m'accuserait pas de ce meurtre, et pour une fois en effet je n'avais rien à voir. Je lui offre l'ombre d'un sourire

"Il serait temps que ces suceurs s'en souviennent. De toute façon, cette paix n'a jamais été rien de plus qu'un écran de fumée."

Je passe une main lasse dans ma tignasse blonde.

"Bon, je te laisse rentrer chez toi, non ? On a tous besoin de repos."

❝ In the land of Gods and Monsters. ❞
Ashleigh & Cian

Au moins on était sur la même longueur d’onde. Il fallait que quelqu’un paie, et si en plus c’était sur vampire, moi ça ne me posait absolument aucun problème. S’il voulait la guerre il l’aurait. Mais pour l’instant, pour ce soir, j’avais certes un besoin de vengeance, un besoin de rétribution, le besoin d’être le grand méchant Loup, mais j’avais aussi envie de dormir. Et je pense qu’Ashleigh ne pouvait qu’approuver. Ou sinon j’allais simplement lui tourner le dos pour rentrer, j’étais exténuée moi. Et la tension qui pulsait, allait se rediriger vers la mauvaise personne.

Quand elle me sourit au moment où je lui dis que nous aussi nous sommes des prédateurs ? Si l’on parle de vampires dans les comptes, celui que l’on craint le plus souvent c’est le grand Méchant. Je suis fatiguée, fatiguée de cette soirée, fatiguée de courber l’échine. Peut être devrais-je me réveiller, arrêter de me cacher dans mon garage et redresser la tête. Je m’en sentais capable, mais je n’avais pas l’impression d’en avoir la force. Je ne considère pas comme fragile, mais quel était le prix de l’envie ? L’envie de devenir une figure importante de la meute, sur laquelle on pourrait compter ? Je ferais tout pour la meute, mais aurais-je l’impression de sacrifier quelque chose en ayant plus d’ambition ? Je n’en avais aucune idée. Une partie de moi avait certes cette impatience, cette envie, cette frustration. Mais cette partie de moi m’effrayait un peu, laisser ma colère sortir, s’exprimer, c’était quelque chose qui me ferait défaut, mais qui pouvait aussi me rendre pas mal de service, surtout dans le contexte actuel, surtout après que Mary ait été assassinée de sang froid sur nos terres. Je soupire, une énième fois.

Elle dit que la paix était une écran de fumée, et qu’elle allait se dissiper. Du moins, c’était de cette manière que je le voyais. On savait parfaitement que la paix prépare la guerre. Qui voulait la paix ? Les vampires ? Les semis démons ? Les humains ? Les métamorphes ? Les loups ? Après cette déclaration de guerre, je ne voyais pas bien comment nous pouvions seulement essayer de négocier pour une paix hypocrite.


Un écran de fumée qui se dissipe. répondis-je.

Et enfin arrive la bonne nouvelle, je vais pouvoir rentrer chez moi. Mes épaules se détendent et je souris légèrement, soulagée de ne plus avoir à faire grand chose pour retrouver mon lit. Les obstacles commençaient à devenir de moins en moins important, encore fallait-il que je rentre en un seul morceaux au volant de ma voiture.

Oui, du repos. Et du temps pour réfléchir à la suite. Bonne nuit Ashleigh, il y a rien qui m'attire plus que mon lit actuellement.

Je lui tourne le dos, entre dans ma voiture et lance un dernier regard à Ashleigh, avant de démarrer la voiture et de quitter Wolfheaven. Une fois les portes du domaine passé, j'eus l'impression de respirer à nouveau, toute cette pression m'avait étouffée.