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L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]
MessageSujet: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyVen 20 Déc - 17:32




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Je me glissais hors de mon manoir. J’avais décrété que ce soir, je ne verrais personne. Mon secrétaire s’arracha les cheveux lorsque je lui avais déclaré qu’il devait annuler tous mes rendez-vous et que je ne voulais être dérangée pour rien au monde. Cette nuit, j’avais décidé d’aller chasser et je m’en foutais complètement des restrictions humaines. J’avais une soif de sang importante, et une frustration que je devais évacuer. J’étouffais. J’étouffais sous le poids des responsabilités que j’avais, et du manque de liberté. J’avais besoin de m’envoler pour être efficace et en forme. Je ne pouvais pas m’en passer, aussi dangereux que cela puisse être. J’avais décidé que ce soir, je m’en foutais complètement et que je ne serais non pas la Reine mais une vampire, une chasseresse, une créature de la nuit.

Mes traques m’emmenèrent tout droit vers un métamorphe. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’en croiser. Quelques verres dans un bar avaient suffi pour qu’il m’invite chez lui. Eméché, il ne s’était pas aperçu qu’il avait en face de lui la Reine des vampires. Il n’avait vu qu’une jeune avec des formes alléchantes, qui promettaient bien du plaisir. Je le laissais penser qu’il m’avait entrainé chez lui afin d’y passer du bon temps. Pendant le trajet en taxi, il n’avait pas arrêter de me ploter, de toucher mon corps, et de m’embrasser, ne faisait qu’augmenter mon propre désir : celui de le mordre. Au pied de son immeuble, il profita de l’ascenseur pour se coller à moi. J’aurais pu le tuer tout de suite oui, mais son sang serait tellement meilleur s’il y prenait du plaisir, s’il était excité par ce qui allait suivre. On ne pouvait que le comprendre : il n’était pas vraiment un homme beau qui attirait le regard. Alors quand une femme était venue s’asseoir à côté de lui, qu’il avait pu lui offrir des verres, la faire rire, puis finir par arriver à l’amener chez lui, il n’avait pas laissé passer sa chance. Il aurait pu. Il aurait du. Il ne le pourra plus. Alors qu’il me plaqua contre le mur après avoir refermé sa porte, je plantais mes ongles dans son dos. Il laissa passer un cri de douleur, avant de se coller un peu sur moi et d’essayer de faire voler mes vêtements le plus vite possible. Je faisais glisser mes doigts le long de sa chemise, pour lui enlever et que rien ne puisse gêner mes crocs, puis les enfoncer dans son cou. Au début, il essaya de se dégager, mais mes mains massant son entre-jambe eurent raison de sa volonté. Sans doute devait-il se dire qu’une morsure n’était qu’un petit prix à payer pour ce qui allait suivre. Je jouais avec lui, léchant son cou, le mordillant avant de le mordre de nouveau. Je l’avais laissé ouvrir la veste que j’avais, et plonger son visage et ses mains dans ma poitrine, alors que je continuais encore à le caresser. Il me souleva pour venir m’allonger sur son canapé, n’en pouvant plus. Il se débarrassa de son pantalon avant d’essayer d’en faire de même avec le mien. Je replongeais mes crocs en lui, lui arrachant un râle de douleur, et de frustration. Il en voulait plus, il voulait me faire mienne, mais ce n’était pas ce que j’avais décidé. Si je lui donnais un peu de plaisir, ce n’était pas pour autant que je lui donnerais ce qu’il désirait. Il faisait preuve de pas mal de volonté, ainsi lui accordais-je un léger espoir, le laissant arriver à me déshabiller. Et lorsqu’il voulut fondre en moi, je l’empêchais de nouveau, en le mordant plus fortement, et alors que j’accentuais mes mouvements, le sentant se concentrer pour se contenir. Je me glissais dans son dos, avant même qu’il ne puisse vraiment s’en apercevoir, avant même qu’il ne comprenne ce qui était en train de se dérouler. Et alors qu’il était assailli d’un plaisir charnelle, je lui pompais tout son sang, jusqu’à ce qu’il en tombe inconscient. J’hésitais à instant à le tuer, mais décider qu’il pourrait un jour me servir encore. Je le laissais sur son canapé, vidé de toute force.

La nuit était bien avancée lorsque je me remis en quête, et il pleuvait. Mais cette fois, je ne choisissais pas un homme au hasard. Non, je savais ce que je voulais et ce que j’aurais, même s’il m’avait fallu une bonne heure avant de trouver ce que je cherchais. Je ne manquais pas de patience, surtout lorsqu’il s’agissait de traquer. J’avais repéré Erin en premier, avant d’atteindre Torben. J’étais allée jusqu’à elle sans que La Mort ne le voit, lui disant que pour ce soir, son travail était fini, puis je pris sa place. Quelques minutes avant qu’il ne se doute de quelque chose, avant qu’il ne sente surtout que je n’étais pas loin. Mais trop tard. Je venais déjà de sauter du haut de l’immeuble, et de m’avancer vers lui.  Alors comme ça, tu préfère d’autres vampires à moi ?. Torben n’avait pas là à mon  réveil. Mon avis ? J’étais agacée par son absence. Pourquoi ? Parce qu’il était mon servant humain et qu’il passait plus de temps à l’extérieur qu’en ma compagnie. Jalouse ? Pas du tout. Pour autant nous étions liés et je ressentais un besoin de plus en plus grand de l’avoir à mes côtés. Cela presque qu’une semaine qu’il était parti servir mes plans, sans remettre les pieds chez moi, sans être à sa place. Peu m’importait sur quel coup il était ce soir et ce que j’interrompais. J’en avais décidé autrement.
Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Déc - 12:25

    Il pleuvait. On suivait les traces qui nous menaient invariablement aux mêmes scènes depuis trois jours. Des gouttes de sang, des hurlements, des cadavres retrouvés. Quand je dis on, c'était Erin et moi. Elle restait constamment en hauteur, se déplaçant de toit en toit pour me couvrir alors que je suivais moi même les indices laissés par ceux que j'étais venu traquer. J'avais de bien meilleure compétence en pistage que la jeune femme, dont les principales compétences tenaient justement à échapper aux types comme moi à la base. La pluie rendait les choses compliquées, ce soir. Je ne les voyais pas arriver, pas plus que je ne les voyais passer à l'action quand bien même l'acuité de mes sens était accrue. La pluie brouillait tout ; les mouvements dans le lointain, les traces de sang, et elle étouffait même les sons. Je parvenais à une grosse flaque qui se formait sous un réverbère ; trois ou quatre gouttes de sang s'y diluait déjà. Je me mis à courir un peu plus rapidement, sentant les regards de ma partenaire loin au dessus de moi. Pourvue d'un fusil de précision, elle constituait la réserve, l'appui feu, et pourrait shooter de haut et de loin tout vampire qui s'en prendrait à moi sans que je le voie arriver. Ma confiance en la jeune femme était totale ; elle était assez précise pour éviter de me mettre une balle et elle était au moins aussi compétente que je ne l'étais. Si j'avais une plus longue expérience ; les talents de tueur étaient chez elle innés. Je continuais de suivre la trace laissée par ce vampire et sa victime, pas plus d'une poignée de secondes plus tôt. Nous étions sur ses talents depuis le début de la soirée, et c'était déjà le cinquième humain qu'il enlevait. On avait retrouvé les quatre premiers corps, trop tard ; ils étaient tout juste en train de refroidir. J'avais décidé de ne pas perdre de temps à maquiller les meurtres. Il valait mieux que les autorités pensent qu'elles avaient affaire à un tueur en série isolé qu'à un maniaque qui essayait de couvrir ses traces, ce qui soulevait toujours beaucoup plus de questions. En plus, ça nous aurait fait perdre du temps et le peu de chances que nous avions eu de le rattraper.


    Mais là, on était de plus en plus proches. Je savais ce qu'il était, mais Erin l'ignorait encore. Je ne lui en avais pas parlé tant que je n'en étais pas sûr et certain. Un sanguiniste. Un de ces vampires de la nouvelle secte des nocturnes rouges. Un adepte du meurtre au nom de leur ancêtre mythique incarné par une main sanglante. Ce type avait décidé de reprendre de force la place qu'il jugeait avoir perdu depuis la grande révélation. Celle de chasseur, de tueur sans pitié. Je ne connaissais pas encore la position de Krystel vis à vis de la secte ; j'avais retransmis mes informations depuis ma première rencontre avec eux, mais nous n'avions pas eu le temps d'en discuter. Toujours absente, j'en avais profité pour avancer de mon côté sur cet objet préoccupant. Je savais, car je sentais, que ma moitié au sens littéral était relativement d'accord avec les principes des sectateurs, mais sa vision plus large l'empêchait d'y adhérer totalement. Krystel voyait plus haut et plus loin. Alors, ceux qui prenaient leur nouvelle foi trop à cœur devaient mourir pour éviter que l'espèce toute entière ne disparaisse avec l'éveil à la vengeance des humains. Je pistais ceux que je trouvais, je tuais les dangereux. Ceux qui transgressaient toutes les limites. Comme ce soir. Erin pensait qu'on s'attaquait à de simples déviants. Je voulais vérifier de mon côté à quel point le mouvement était unifié. Là. Contre le mur. En peu plus de sang. Une main sanglante, précisément. Il avait dû saigner à mort l'humain et laissait celui ci vagabonder sous le coup de l'agonie. Un dilemme se posait à moi. Suivre les traces, ou mon instinct ? Si j'avais vu juste, le vampire était probablement parti dans la direction opposée de l'humain mourant. J'y allais donc.


    M'engouffrant dans une allée sombre, je sentais que je me rapprochais de mon but. Il était là, quelque part. Mon instinct me hurla qu'il m'avait pris en chasse, désormais, qu'il avait conscience d'être suivi. C'est alors que je la sentis, elle, juste avant qu'elle ne me parle. Je me retournais vers elle. Je lui offris un sourire fugace malgré la pluie battante, et me rapprochais d'elle. Nos corps se frôlaient, et cela eut pour effet de nous réchauffer. La proximité nous renforçait toujours. Je n'étais pas chagriné de sa présence, bien qu'il y ai du danger. D'ailleurs, je l'oubliais presque complètement tant être avec elle me faisait du bien. Mais j'étais assez étonné. Lui manquais je pour qu'elle me trouve ainsi au beau milieu de la nuit? Je voyais tout de suite à quoi elle faisait référence, et mon sourire s'accentua.



    | D'autres vampires... Me voir me rapprocher d'autres femmes n'était il pas ton souhait? |


    Je la taquine, bien sûr. Elle sent l'ironie de mes propos.


    | As tu aimé ce que tu as ressenti ce soir là ? Quelle fureur, quelle passion... Elle m'a presque tué. C'était bon, n'est ce pas ? Parfait, presque. A tous points de vue. |


    Je vins passer la tête à côté de la sienne, susurrant à son oreille.


    | Je la possède, désormais. Je l'ai fait crier, je l'ai confrontée à ses sentiments. Elle m'aime toujours. Peu importe ce qu'il arrive désormais. Si elle baise avec Guillemaud, elle pensera à moi. Si elle complote contre toi, elle pensera à moi. Si elle fait une action inconsidérée... Elle pensera à moi. Aucune protection n'est meilleure que les sentiments... Et elle m'a dans la peau, c'est certain. Satisfaite? |
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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Déc - 14:46




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Torben était sur les pistes de quelque chose. Cela se voyait à sa démarche, à sa manière de chercher des pistes, de longer les murs, de s’arrêter, de repartir. Mais… Je m’en fichais complètement. Ou du moins pour l’instant. Peut-être chasserais-je avec lui après ? Pour l’heure, je voulais un peu qu’il me rende des comptes. Il n’avait que trop longtemps déserté mon manoir et ce n’était pas pour me plaire. Surtout qu’il avait préféré un soir rentre visite à Jana plutôt que d’être en ma compagnie. Avait-il oublié qu’il était à moi, qu’il était mon servant humain ? Pour sur non, puisqu’il avait servi mes intérêts. Pour autant, il ne devait pas oublier qu’il se devait d’être à mes côtés plus régulièrement.

Lorsque j’atterrissais sans un bruit dans la ruelle, malgré la hauteur du toit duquel j’avais sauté, il se retourna et, je pus voir un sourire passer rapidement sur son visage. Il arrêta sa traque pour s’avancer jusqu’à moi, mouillé jusqu’aux os. Heureusement qu’il était lié à moi, sinon il aurait attrapé une pneumonie. Il frôla mon corps avec le sien, qui dégageait plus de chaleur que le mien, toujours glacial. Mes mots le firent un peu plus sourire, et cela me fit arquer un sourcil. Qui avait-il de drôle ? Ses paroles sont ironiques, mais ne parvienne pas pour autant à l’excuser. Il savait très bien il en retournait et que, même si je le poussais vers d’autres femmes, il ne devait pour autant en oublier l’essentielle et la plus importante : moi. Je passais avant tout autre chose et encore plus, avant tout autre personne. Je ne l’interrompais pas dans ses réponses, même si, à l’évocation des tourments qu’il avait causés à Jana N’oublie pas qu’elle reste ma fille, et que je lui donne le bénéfice du doute… Ce qui ne m’empêchait pas d’être prudente pour autant. Il avait fait un bon travail oui, je devais bien l’avouer et il pouvait sentir ma fierté et ma satisfaction face à cela. Pour autant, il n’était pas totalement pardonné Cependant… Qu’en est-il de toi Torben et de tes sentiments envers elle ? Elle ne te rendra jamais indifférent, nous le savons tous deux… Au point que tu préfères passer une nuit en sa compagnie plutôt que la mienne. Aurais-tu préféré que ce soit elle ta maitresse plutôt que moi ? Ou es-tu juste ingrat face à ce que j’ai donné ?

Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Déc - 15:07

    Mes paroles ne semblent pas plaire à la divinité que j'ai sous les yeux. Elle me regarde d'un air supérieur et distant ; on ne saurait dire que désormais nous partageons la même existence. Cette distance qu'elle laisse entre nous au niveau de ses paroles et de sa façon de se tenir frappe d'autant plus fort que depuis que nous sommes liés nous avons tendance à avoir le besoin de l'autre, parfois cruellement ressenti. Il fallait dire que rien n'était évident entre nous ; nous étions toujours très accaparés par nos plans, par nos actions, qui avaient toujours tendance à nous éloigner. Contrairement à ce qu'elle dit, je sentais une certaine jalousie latente. Krystel considérait que je ne m'étais qu'éloigné d'elle ces derniers temps. Elle n'avait pas totalement tort sur le fond, mais je me devais de la rassurer pour éviter d'endurer sa colère, et que nous continuons à nous éloigner un peu plus. Très vite, elle met les choses au clair pour sa fille. Je comprenais tout à fait ce qu'elle était en train de me dire : Jana n'avait jamais apporté la plus petite preuve de traîtrise. Nous la suspections car Krystel comme moi même avions une conscience aigue des ravages que pouvait provoquer l'ambition. Impossible de passer outre, dans ce genre de situation, le risque d'un retournement de veste. En sus, nous nous méfions bien plus de Julien, et de Jana par extension, comme si l'opprobe passée de ce si grand général pouvait éclabousser la princesse. Et je ne pouvais le nier, je n'aimais pas l'idée qu'elle puisse m'échapper, et c'était assez récent. A chaque fois que notre lien avec ma Reine se faisait plus fort j'étais plus emprunt de son caractère, notamment au niveau de sa possessivité.


    | Tu sais très bien que s'il y avait eu le moindre doute de sa culpabilité, je nous aurais déjà débarrassé du problème... |


    Je montrais à ma compagne qu'elle devait comprendre ma position. Je testais et anticipais les futures réactions de la princesse pour éviter de mauvaises surprises à l'avenir. Pour autant, on ne pouvait pas dire que j'avais été si loin que ça... Et je sentais chez Krystel une certaine satisfaction aux résultats produits par ma visite chez sa pupille. La crise de jalousie de la Reine était en train de bouillir petit à petit alors qu'elle remettait en question mon attachement à sa personne, et qu'elle me demandait de réaffirmer une fois de plus ma fidélité.


    | J'ai envie de la posséder, mais je pense que cela ne ferait que nous détruire. Je suis attiré aussi, bien sûr. Qui ne le serait pas devant si belle femme ? Mais tu sais parfaitement ce que je vais te répondre pour la suite. Je ne sers que toi, et te rétribues aussi bien que je le peux pour ta confiance. Je t'ai mise sur la piste des sanguinistes, piste que je suis encore ce soir. J'ai fait en sorte d'annuler un maximum les risques du mariage de ta fille et du général, je paie sans cesse de ma personne. C'est vrai que cela m'a tenu éloigné de toi. Mais ta base de pouvoir se consolide. Aurais tu préféré un servant libidineux, qui ne pense qu'à te baiser ? Pour autant j'en conviens. Les évènements récents nous ont tenu trop éloignés l'un de l'autre, il faut y remédier. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Déc - 15:59




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Je faisais comprendre à Torben qu’il pouvait s’amuser avec Jana, mais pas trop non plus. Je ne voulais pas, justement, qu’elle se retourne contre moi, parce que je m’étais montrée trop méfiance à son égard. Je comprenais à présent la « paranoïa » que pouvait montrer Augustus. Cette position de chef suprême n’avait pas que des avantages, et nous forçait à voir le mal partout, et à se méfier de tout le monde. J’étais plus extrême dans mes réactions, et dans ma vision des choses. J’étais devenue, indéniablement, plus possessive, voyant le « mal » partout. J’étouffais de plus en plus sous le poids des responsabilités qui m’incombaient, même si je n’en avais jamais rien montré, pas même à mon servant humain. Je gardais ça pour moi, pour ne pas laisser voir la moindre faiblesse. Je ne pouvais plus me permettre tout ce que je faisais lorsque mon créateur était encore là. Et… Ca me manquait, indéniablement. Je ne pouvais plus arpenter les rues pour lui, et partir en mission pour lui. Non, c’était Torben qui le faisait à présent pour moi, et j’enviais souvent sa liberté, même si, par extension, je pouvais en profiter un peu. Mais ce n’était pas suffisant, et j’avais toujours l’impression d’être enfermée dans une position que je n’avais même pas demandé.

Oui, c’était un grand honneur d’être Reine, et personne d’autre ne pouvait l’être à ma place. J’étais la seule assez compétente pour cela. Malgré tout, les aspects négatifs étaient plus importants que ceux que je « gagnais ». Je suis femme de terrain et non pas femme à rester confiner chez elle… Parallèlement à cela, à mesure que je devais rester cloitrer chez moi, à régler de la paperasse, je voyais l’humain m’échapper peu à peu. Il ne semblait pas avoir besoin de ma présence. Certes, il œuvrait dans mon intérêt, j’en avais conscience. Seulement, je ne supportais pas l’idée qu’il n’ait pas besoin de ma compagnie, et qu’il préfère passer du temps avec Jana. Jalouse ? Peut-être. Il était mon servant humain, et je l’avais lié à mon existence. Pour être forte, j’avais besoin de lui à mes côtés. Oui besoin était le terme adéquat. Hors, il n’était jamais là, et cela me rappelait un peu plus la prison dans laquelle j’étais. Il m’avoua sans détour d’ailleurs qu’il voulait posséder ma pupille, et qu’il serait toujours attirer par elle. Ce que cela provoquer en moi ? Une envie de meurtre sur la personne de Jana. Parce qu’il avait beau être à moi, il voulait qu’elle soit à lui. Et le reste de ses paroles m’importèrent peu. Je savais très bien qu’il œuvrait pour moi, et mon pouvoir. Je lui faisais sentir. Mais ce n’était pas pour autant suffisant. Il n’était pas simplement un homme de main. Il était MON servant humain. Mais c’est Elle que tu veux quand même. Soit. Et si je n’avais voulu qu’un servant libidineux, je ne t’aurais pas choisi. Il n’y avait pas de colère dans mon ton. Et ce n’était pas une question, mais un constat, une réalité qui n’était pas la plus plaisante pour moi, mais que je devais accepter. Il était libre après tout, et je n’avais rien à y redire tant que cela ne me nuira pas.

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptySam 21 Déc - 16:30

    La pluie me battait le visage avec moins de force que quelques instants auparavant. Il semblait que le temps se calmait. Loin derrière nous, j'entendis un petit bruit ; je sus alors que j'avais raison. L'autre vampire me traquait, et devait être en train de nous observer. Je ne craignais pas trop pour Krystel ni pour moi. Elle même était sans doute l'une des meilleures combattantes au monde si elle n'était pas à la première place, et je n'étais pas en reste. En sus, s'il s'agissait d'un sanguiniste comme je le pensais, il semblait qu'il n'use pas d'arme à feu et donc que j'avais une longueur d'avance sur lui. Je tenais à la garder. Bientôt, la pluie cessa. Je ressentais alors une vague d'émotions et de frustration chez ma compagne, vague qui balaya toutes les autres pensées qui se pressaient dans ma tête pour me focaliser sur ce que j'avais de plus important dans mon existence, c'est à dire elle même. Je sentais sa frustration vis à vis de sa position, son côté contraint et forcé, la place qu'avait pris la rigueur politique et administrative de la gestion de ce qui fut un véritable empire de la nuit, et qu'elle avait la volonté d'étendre encore plus. De plus, je sentais la jalousie, née d'un sentiment d'abandon, se renforcer dans le cœur de ma Reine. Cela me blessa, quelque part, et cette blessure me surprit profondément. Etais je de nouveau capable de ressentir la violence de sentiments humains, qui m'avaient déserté depuis bien longtemps ? Je me surpris encore un peu plus en souhaitant que ce fut le cas, car comme la nocturne rouge me l'avait déjà dit c'était en maîtrisant des sentiments très forts que l'on avançait et qu'on l'on était au meilleur de nos capacités. Il me manquait depuis longtemps cette force, cette impulsion, et j'espérais que la retrouver n'allait pas trop me foutre en l'air. Je soutenais le regard de celle que je vénérais comme la dépositaire de ce monde et de notre futur à tous lorsqu'elle constata que je voulais Jana, sous entendant très clairement que je la préférais à elle même. Mon regard s'assombrit.


    | Non, c'est toi. Et tu le sais. Je t'ai déjà dit que je ferais tout pour toi, que je ferais tout pour t'avoir. Mais nous savons tous les deux que notre lien ne sera jamais complet ; existe Augustus, le seul à qui tu veux appartenir. |


    C'était un reproche clairement énoncé ; comment pouvait elle me reprocher m'intéresser à d'autres femmes quand elle même ne me reléguait qu'à une place tout à fait secondaire ? Bon, j'exagérais. Cela n'avait rien de secondaire, et je savais mon importance aux yeux de la Reine. Mais je savais aussi que je ne pourrais jamais avoir ce que je voulais vraiment avec elle ; elle me l'avait fait clairement comprendre lors d'une de nos précédentes conversations. Je me penchais vers la vampire, humant son odeur, fouissant sa chevelure, m'emplissant les poumons d'elle toute entière.


    | Je te veux, Krystel. Tu le sais très bien. Cela va bien au delà de ce que notre lien crée entre nous. Je me rends compte les dommages que peuvent nous causer de l'éloignement, je ferais tout pour les réparer. |


    Introspection quand tu nous tiens, voilà que je lui rebalançais les sentiments qu'elle provoquait chez moi depuis bien longtemps. J'embrassais son cou ; et ce contact m'électrisa.


    | Je suis tien. Sois mienne. |


    Je lui faisais comprendre par notre lien, par nos contacts alors que mes mains prenaient les siennes, à quel point j'étais sincère. Pour elle, je décrocherais la lune. Pour elle et pour elle seule. Personne d'autre ne pouvait se targuer d'éveiller chez moi ce qui ressemblait à un amour et une loyauté indéfectible. Je l'aimais vraiment, et comparé à quiconque d'autre dans son existence, je ne l'aimais ni pour sa position, ni pour son pouvoir, ni pour sa beauté ou ses bonnes grâces. Je l'aimais pour ce qu'elle était vraiment. Une beauté conquérante et redoutable. Une personne uncroyablement complexe...
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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 23 Déc - 15:39




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

J’avais beaucoup de mal à comprendre les humains. Ils étaient trop compliqués, trop instables, trop changeants. Ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient, ni vers où ils allaient. Ils faisaient au jour le jour, sans se poser plus de questions que cela, sans aucune certitude. Oui, vraiment, je ne pouvais pas les comprendre. J’avais beau être imprévisible, je nourrissais quand même des objectifs, des envies et des convictions. Ils guidaient mes pas à chaque heure, chaque minute de mon existence. Je n’errais jamais sans but et je ne faisais jamais rien sans raison. Je ne contrôlais pas tout, et cela ne m’empêchais pas de m’adapter aux situations qui se présentaient à moi. Pour autant, dans ma tête c’était clair, ou du moins, je faisais tout pour que ce soit le cas. Et c’était dans cette logique que j’étais venue jusqu’à Torben. Je ne le comprennait pas et cela me posait un véritable problème. Il est mon servant humain, et je ne pouvais pas me permettre de laisser cette situation continuer ainsi.

Il voulait Jana, et il serait toujours attiré par elle. C’était clair comme de l’eau de roche. Déçue ? Oui, comment ne pouvais-je pas l’être ? J’avais fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Je l’avais rendu fort, et j’avais fait de lui un prédateur, un conquérant. Pour autant, il restait toujours tourné vers une femme qui n’en avait cure de lui, qui ne le désirait pas spécialement et qui ne le voulait pas dans sa vie. Ne l’avait-elle pas rejeté lors de notre dernière rencontre ? Les humains n’étaient pas logiques c’était indéniable. Peu importe de toute façon. Tant qu’il continuait de servir mes intérêts, je n’avais rien à attendre de plus que lui, même si cela me rappeler la grande solitude qui m’habitait depuis que je n’avais plus mon Roi à mes côtés. Si je pouvais survivre sans lui, et continuer à fouler cette tête, j’avais plus de mal à vivre sans lui. Il était si important dans ma vie, à mes yeux, dans mon cœur. Son absence était de plus en plus pesante, et je m’en voulais quelque part de ne pas pouvoir remédier à cela. Je ne pouvais pas tout de suite le ramener, ce qui était terrible. Être impuissante… J’avais du mal à le digérer.

Torben ne savait pas ce qu’il voulait, c’était indéniable. L’instant d’avant, il me déclarait vouloir Jana, et maintenant que c’était moi. J’arquais un sourcil, lui faisant comprendre mon incompréhension. Le reste, ses sentiments, ses mots… Tout ça était erroné, et sans doute était-ce parce que je n’avais pas été assez claire avec lui, même si j’avais estimé que si. Je ne doutais pas du désir qu’il nourrissait à mon encontre. Mais aussi important soit-il, il n’était pas suffisant. Il servait mes intérêts, il m’était fidèle et assurait ma sécurité. Mais ce n’était pas suffisant non plus. N’importe qui d’autres pouvait le faire. Erin par exemple qui avait ses quelques fonctions. Tu as tort. Un lien entre un créateur et son infant ne s’immisce pas dans la relation entre un vampire et son servant humain. Tu mélanges tout. De la même manière que l’exclusivité ne signifie pas une proximité plus grande. Ton cœur peut nourrir les sentiments qu’il veut, pour qui tu le désires. De la même manière, qu’en effet, j’appartiens à Augustus, et qu’il m’appartient. Et en parallèle de cela, je nous ai lié tous deux. Mais est-ce vraiment ce que tu aurais voulu ? Je n’en suis plus certaine. Tu recherches la compagnie de Jana, et sans cesse, tu te raccroches à elle, au détriment de notre lien. Sept nuits Torben, et une huitième si je n’étais pas venue cette nuit. Ce n’est pas moi qui me ferme à toi, c’est toi qui te ferme à moi. La passion et ne désir ne font pas tout, ni même la fidélité. Nous sommes censés de faire qu’un, peu importe nos activités et nos attachements individuels. Nous sommes censés nous rechercher sans cesse. Ce besoin, tu le nourris envers Jana, alors que de mon côté, je le nourris envers toi. Tu n’es pas mien Torben. Tu te trompes

Je m’écartais de lui et tournais la tête vers un coin sombre de la rue. Je n’aimais pas que l’on m’observe, et que l’on essaye de m’espionner. Je sentais de l’excitation, de la peur aussi, et de la frustration. Si ce jeune vampire ne savait pas à qui il avait vraiment à faire, il avait compris que je pouvais être dangereuse. Sans doute se pensait-il que je lui avais pris sa proie, jetant mon dévolu sur l’humain qu’il ne voulait pas lâcher. Pauvre fou. Menacer ce qui était mien, et vouloir en nuir. Il puait le sang de deuxième ordre, second signe de traitrise que j’identifiais. . Restes là. En quelques secondes, j’étais sur le vampire, qui, bien sur surpris, essaya quand même de se défendre. Mais c’était peine perdue. Quand un rayon de lune éclaira son visage, il blêmit, comprenant à qui il avait affaire, mais trop tard. Il supplia, implora mon pardon, comme si cela pouvait suffire. Pathétique. Je le trainais jusqu’à l’humain, le lançant aux pieds de ce dernier. C’est à toi il me semble. .

Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 23 Déc - 17:44

    Il semblait évident que l'on ne se comprenait pas, une fois encore. Cela commençait à m'agacer pour sa récurrence. Je ne voulais pas perdre un seul instant avec Krystel, parce que j'avais terriblement conscience du fait que nos ennemis eux ne perdaient pas de temps, ils se rassemblaient déjà. De fait, il devenait alors impossible de se montrer aussi peu liés alors que cette relation était sensée nous apporter de la force, du pouvoir. En somme, il fallait vite faire des efforts, vite combler ce manque. J'ouvrais donc mes sens à Krystel. Je ne voulais pas qu'il reste le moindre non dit entre nous, qu'il reste la moindre ambiguité. Je saisissais l'opportunité au vol de pouvoir mettre les choses à plat une bonne fois pour toutes. Cela permettrait après tout de pouvoir aplanir notre relation, de partir sur de meilleures bases. Quoiqu'il en soit, je faisais ressentir un maximum cette volonté à ma Reine pour qu'elle ne se leurre pas sur mes intentions. Je l'écoutais ensuite, me dire que je mélangeais tout. Je ne me vexais nullement ; même après autant de temps la perception du monde dont disposaient les vampires était suffisamment complexe pour que je continue d'éprouver des difficultés à l'appréhender. Inutile de préciser que cela suffisait à brouiller les cartes entre la brunette et moi même. Par contre, je me montrais tout de suite beaucoup plus insistant quand la belle me dit qu'elle n'était pas sûre que je voulais toujours de ce lien, je sentais ses doutes, comme si mon intérêt pour Jana nuisait à notre relation. C'était quand même frustrant ; j'avais démoli mon ancienne relation avec la princesse pour en construire une nouvelle nettement plus asymétrique et avantageuse mais cela semblait pour l'instant avoir l'effet inverse, de bousculer mon « couple » avec la Reine que celui qu'elle formerait avec le général Guillemaud. Avais je agis de manière inconsidérée ? En proie au doute, je me forçais à trancher. Non. J'avais fait ce qu'il fallait. Krystel et moi avions juste besoin de plus de communication. La Reine rouge se trompait néanmoins lourdement sur ce que je recherchais, et je lui fis passer mon honnêteté en même temps que je lui répondais.


    | Je vois ce que tu veux dire. Sincérement navré de voir qu'il peut y avoir ambiguité dans mon action. Pour moi, les choses sont très claires et tu te trompes. Je ne recherche pas l'attention de Jana. J'ai fait mon deuil de ma relation avec elle depuis des années de cela, tu ne peux pas le nier. Jana n'est pour moi qu'un objet de désir, l'image brisée et fascinante de la femme que j'ai jadis aimée. Mais elle n'est rien de plus. Quand je parle de la posséder, c'est au même titre que tu possèdes les amants que tu te choisis. Ils sont tiens, liés à toi par un serment de fidélité et des sentiments pour la plupart. J'use de Jana, comme tu uses d'eux. N'y vois pas de sentiments. Les seuls sentiments que mon âme froide ressent, c'est envers toi. Et tu le sais. Alors pourquoi imaginer que je désire appartenir à une autre? |


    Un bruissement. Je vois Krystel regarder vers un coin de la rue. Ma main se porte immédiatement sur mon arme alors qu'elle se jette sur la proie qui s'est trop approchée du prédateur. Il convient bien sûr de noter qu'elle semble totalement dépassée par le fait que je suis là pour m'occuper de ce genre de choses. Peu importait, je savais très bien que le vampire était une proie facile pour quelqu'un d'aussi ancien que la Reine des vampires. Je l'admirais donc à l'oeuvre. Presque trop rapidement pour que je puisse la suivre du regard, la belle s'empara du malandrin et me le servit sur un plateau en l'expédiant à mes pieds directement. Je lui dévoilais un sourire sauvage.


    | merci. |


    Je l'attrape par le col et le frappe à trois reprises très violemment en plein visage, son sang coulant sur mon poing depuis les ruines de ce qui fut son nez. Il lâche un grognement de douleur. Je n'ai pas les moyens de l'interroger comme il faut ; s'il crie, s'en est fini, ça ameuterait trop de monde. Je lui demande rapidement s'il est un sanguiniste. Il part d'un petit rire cruel et se jette sur moi. Par réflexe défensif, je presse la détente. Il explose à mi chemin. Ses viscères retombent avec grand fracas alors que les détonations sont assourdies par la tempête. Très vite, ses restes sont évacués par l'eau qui coule sur le trottoir. Je redresse le regard vers Krystel. Je m'avance vers elle et la prend par le bras. Ce contact me fait frémir de satisfaction et de désir, mais je presse le pas.


    | Des fanatiques. Il va falloir qu'on en discute, une fois qu'on se sera éloignés. On rentre ensemble, ou tu préfères que l'on continue de prendre l'air, ou plutôt l'eau? On a encore beaucoup de choses à se dire... |
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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyMer 25 Déc - 22:50




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Torben était vraiment un être particulièrement difficile à suivre et nous n’arrivions pas à nous accorder. C’était un problème, clairement. Il n’était pas une simple pomme de sang, il était mon servant humain. Et en tant que tel, j’en attendais plus de lui, beaucoup plus que lui, peut-être trop d’ailleurs. Il ne saisissait pas réellement ce que son rôle, ce que notre lien impliquait. Il ne faisait, finalement, qu’en profiter, lui et lui seul, sans se préoccuper d’autres choses. Sans se préoccuper de moi. Il le savait pourtant, il le sentait pourtant. Je n’étais pas une vampire sans défaut, et sans faiblesse. J’étais de très nombreuses fois préoccupée, et je n’étais pas réellement heureuse, loin de là. Il me manquait tellement de choses dans ma vie, des choses qui m’étaient désormais interdites et qui me rongeaient peu à peu. Et plutôt que d’être à mes côtés, à essayer de combler le vide, le néant même qui m’entourait de plus en plus, il préférait se tourner vers autres choses ou vers d’autres personnes. C’était insupportable comme situation. Ou du moins de mon côté. Il me rejetait d’une certaine façon, moi qui lui avait tout apporté, qui avait fait de lui quelqu’un de fort, de redouté, et que l’on n’oubliera pas. Je lui avais tant offert et lui en retour ne faisait que de me renvoyer ma solitude au visage. Une part de moi le détestait, tout comme le jalousait. Pourquoi lui, un vulgaire humain que j’avais remodelé avait le droit à tout et moi à rien ?

Il se disait navré, mais le mal était quand même fait. Je ne juge les Êtres que sur leurs actes et non pas sur leurs paroles, aussi sincères soient-elles. Car les premiers sont éternels et les dernières sont éphémères. Mon expérience m’avait plusieurs fois conforté dans ces idées et je savais très bien que je ne me trompais pas en affirmant cela. Torben n’avait plus autant ma confiance qu’avant et je me montrerais plus distante envers lui. Comment m’ouvrir totalement à lui, qui ne faisait, finalement, que me causer du tord, même indirectement ? S’il n’avait pas été aussi distrait, il aurait senti ce qui se passait. Mais il l’avait ignoré alors que j’étais toujours restée attentive à lui. Je l’avais soigné plus d’une fois, lui procurant ma force, et l’aidant à s’en sortir. S’il se battait pour moi, il en avait pourtant oublié l’essentiel.

Je ne lui répondais pas. Je n’avais rien à dire de plus que précédemment. Et mes sentiments à son égard parlaient d’eux même. Je débusquais d’ailleurs le prédateur pour le livrer à l’humain qui avait mis tant de temps que cela pour l’avoir. S’il me l’avait demandé, cela n’aurait pas pris autant de temps. Mais il ne l’avait pas fait. Encore une fois, il avait joué en solo et non pas en équipe, alors que nous en formions une. Tu n’aurais qu’à me faire un rapport et le déposer chez moi. Je pense au contraire que pour l’heure, nous n’avions plus rien à nous dire. Tes actes parlent d’eux même, et tes paroles n’ont plus réellement de valeur. Si tu veux agir seul je n’irais pas contre ta volonté, et je te laisserais faire comme bon te semble. Je vais demander à Erin de te rejoindre et de ne plus jamais te laisser. Ma vie dépend de la tienne, et je ne te permettrais pas de mettre aussi ça en danger. . J’étais en colère contre lui, et déçu. J’avais été très proche de mon premier servant humain, et il avait vraiment été l’extension de moi-même. Même si nous n’étions pas ensembles, nous agissions toujours ensembles. Et il n’avait jamais hésité à faire appel à moi, à m’avouer ses faiblesses. Il n’y avait jamais eu de fausse pudeur entre nous. Et c’était ce qui nous rendait fort, et lié. Sa perte avait vraiment été un fléau. Je pensais retrouver cela en Torben, et qu’il en éprouve aussi l’envie. Mais ce n’était pas le cas. Soit, je l’accepterais et ferais avec. Avais-je d’autres options de toute manière ?

Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyJeu 26 Déc - 13:53

    On y était. Encore une fois. Je commençais à comprendre petit à petit que Krystel regrettait. Oui, c'était le mot. C'était que je ressentais quand je m'ouvrais à elle. De la déception. Je ne savais pas analyser finement cette émotion mais tant pis, le fait était qu'elle était bel et bien là. Je ne voulais en aucun cas que les choses ne se passent ainsi. Pourtant, la Reine était déçue. Et moi, j'étais blessé. Aurait elle préféré que je meure, du coup ? Cela pouvait sans doute s'arranger. Je notais mentalement que j'étais prêt à me sacrifier si cela lui permettait de quitter cet état d'esprit de faiblesse nauséabonde. Elle m'avait fait un cadeau que je n'avais pas compris, que je ne savais pas utiliser. Visiblement, son investissement dépassait le mien, et je ne comprenais toujours pas. A chaque fois qu'il me semblait saisir où nous en étions, je me trompais en me fourrant le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, à chaque fois un peu plus profondément que la fois précédente. En gros, plus j'essaais d'être proche d'elle et plus je la décevais. Je ne voyais à terme plus du tout ce qu'elle voulait pour elle, pour moi, pour nous. Quand j'étais plus attentionné, plus présent, elle me jugeait trop proche, trop peu ouvert sur l'extérieur. Quand je reprenais mes distances pour la laisser respirer, cela n'allait plus non plus parce que je portais de l'intérêt à des choses différentes. Le juste milieu n'existait pas. Je soupirais, las. Pourquoi m'avait elle sauvé cette nuit là sur la lande ? Le mystère s'épaississait. Parfois, je croyais comprendre que c'était par gratitude pour les services que je lui avais rendu. A d'autres moments, que j'étais un moyen de combler sa solitude. Et finalement, parce que je représentais peut être quelque chose pour elle. J'avais espéré beaucoup mais je me rendais compte avoir tapé à côté de ma cible. J'étais bien quelque chose pour elle. Un poids mort, une déception. Le Torben que j'avais été aurait sans doute tout pris sur lui et se serait laissé abattre, convaincu une fois de plus de sa médiocrité.


    Je levais sur ma propre personne un regard autrement plus pragmatique.


    Je ne pouvais que décevoir Krystel puisqu'elle aimait les hommes de pouvoir. J'essayais d'en être un ; je jouais sur des terrains compliqués, oeuvrant dans des dimensions politiques qui m'auraient autrefois échappées. Je n'étais jamais qu'un tueur, dans le fond, et tout ceci dépassait bien trop mes compétences. Je me plaçais en outil pour la Reine, en ressort possible de son action. Cela ne convenait pas. Je ne pouvais pas non plus être son égal, ni même son véritable compagnon elle avait été très claire là dessus. Je devais dès lors me contenter du rôle qui fut autrefois le mien. Son protecteur. C'était cela que je devais être. Pour ne pas désappointer celle qui m'avait offert une nouvelle existence. Pourquoi ressentais je toujours chez les femmes de ma vie le cruel désappointement que je provoquais chez elles ? De manière quasi systématique, je faisais tout de travers dès qu'on en appelait à un peu d'humanité de ma part. J'écoutais à peine Krystel, comprenant simplement que j'avais une fois encore échoué. Quelle fatalité ! Un rapport ? Je n'en faisais pas. Les rapports sont lus et interceptés. Il est dangereux d'y avoir recours. Et je la mettais en danger. Je méditais un court instant sur ses paroles et sur les implications de tout ceci. Je devais devenir celui que je devais être, sous peine de n'être limité qu'à ce que j'incarnais déjà. Un fantôme. Je devais choisir entre la vie et la mort. Je faisais le choix que j'aurais toujours dû faire. Je choisissais la troisième option.


    D'un pas vif, je rattrapais Krystel, la prit par la main et la tirais vers moi d'un coup brusque, sans pour autant la mettre en position de souffrance. Passant mes bras autour d'elle, m'abandonnant à ce qu'elle éveillait chez moi. Je l'embrassais. Un bras passé autour de sa taille, mon autre main placée entre ses délicates omoplates pour la maintenir contre moi dans une proximité inédite entre nous, savourant ce contact et cette proximité. Je l'embrassais passionnément, mêlant nos lèvres et nos langues d'un baiser profond qui me fit fermer les yeux. Ce contact m'enivra, et me retourna l'esprit. Je me sentais plus fort. Fort et conquérant. Elle pouvait être mienne, et j'étais déjà sien. Je lui fis comprendre que je n'aspirais à rien d'autre qu'à plus de proximité avec elle. Et pour accentuer le fait que ce ne soit guère une tentative de la faire taire mais une tentative sincère, je prolongeais l'instant, encore et encore, mes mains frottant son dos et son bassin par dessus sa veste de cuir, alors que je prenais grand plaisir à sentir son goût sur ma langue. Après un très long moment, des minutes et des minutes, je séparais mes lèvres de les siennes tout en la maintenant contre moi.



    | Avançons. Jamais je ne pourrais abandonner ce qui compte le plus pour moi. Montres moi. |


    Montres moi ton pouvoir. Montres moi nos possibilités. Montres moi ton univers, et je te décrocherais la lune.
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyDim 29 Déc - 17:38




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Si j’étais la reine des vampires, je n’étais pas une femme épanouie et heureuse. Il fallait voir les choses comme elles l’étaient. Je n’aimais pas la vie que je menais. Trop de choses me manquaient. Le pire était que je ne pouvais rien faire pour remédier à cela. Je devais diriger mon peuple. Je devais être une vampire forte, régnant sans partager avec une main de fer. Je devais penser à ma sécurité plutôt que mon amusement. Je devais me méfier de tout le monde et de ne faire confiance qu’à moi-même et uniquement à moi-même. Je ne pouvais plus m’amuser avec n’importe qui, ni même avoir de nouveaux des pommes de sang privilégiés. Je devais être constamment sur mes gardes, et penser au pire. Je ne pouvais plus parcourir les rues, à chasser et à trouver un nouveau jouet. Si j’avais fait ce soir une entorse, c’était la première et la dernière. Je ne pouvais pas me permettre ce genre de choses, je n’en avais plus le droit, plus le privilège. Ma vie était devenue une cage et je devais faire avec tant qu’Augustus était absent. Je prenais sa place et j’avais donné la mienne à Torben, qui était devenue mes yeux et qui agissait sur le terrain. Je jalousais cela, je devais bien le reconnaitre. Et que, quelque part, le fait qu’il puisse me repousser m’était insupportable. J’étais déçue et en colère, autant contre lui que contre moi-même. Je l’avais choisi lui, pour ne faire plus qu’un avec moi, pour que nous soyons l’extension l’un de l’autre, mais ce n’était pas vraiment ce qu’il voulait. Je m’étais fait des illusions et cela n’aurait jamais dû arriver. Je m’en rendais compte en me prenant une belle claque dans le visage. C’était un mal pour un bien. Au moins, je savais à quoi m’en tenir à présent.

J’avais tourné les talons, ne voyant pas de raison de rester. Si je n’avais pas obtenu ce que j’avais voulu, j’étais fixée et c’était le plus important. Je récupérais dans ma poche et composa le numéro d’Erin. Il n’était pas question de laisser Torben seul sans protection. De sa vie dépendait la mienne, même si ce n’était que physiquement et pas psychiquement comme je l’avais voulu et penser. Il resterait « La Morte », et je n’en attendais pas plus de lui. C’était ce que je venais de lui dire d’ailleurs. J’allais appuyer sur le bouton « appeler » quand je l’entendis bouger derrière moi. Ah non, hors de question qu’il aille quelque part sans Erin. Je me retournais et le vis venir jusqu’à moi. Je fronçais les sourcils et l’interrogeais du regard. Il me prit ma main et me tira d’un coup vif vers lui. Je le regardais les yeux ronds, ne comprenant vraiment pas ce qu’il était en train de faire. Il passa ses bras autour de moi, puis m’embrassa. A quoi jouait-il ? Ce n’était pas désagréable loin de là. Son contact avait toujours quelque chose d’électrisant. Il était mon servant humain après tout. Je finis par me prêter « au jeu ». C’était difficile de ne pas le faire, de ne pas savourer moi-même cette étreinte dont il était l’initiateur. Je sentais tout le poids que j’avais à porter sur les épaules s’alléger, parce que je n’étais pas toute seule. Mais au fond de moi, je savais que cela n’était que temporaire et tout finirait par disparaitre. Et je lui en voulais pour cela. Parce qu’il allait encore s’éloigner comme il l’avait déjà fait, sans penser aux conséquences que cela aura pour moi. Arrête s’il te plait. Arrête de faire ça. Je n’aimais pas qu’il joue d’une telle manière avec moi. Je ne voulais pas qu’il se force juste pour mon bon vouloir car ce n’était pas ce que je voulais. Je lui fis sentir que je n’avais pas envie qu’il agisse ainsi, et que je désapprouvais sa manière de se jouer de moi. J’étais sévère et je finis par le repousser brutalement de ma tête et de mon corps, même si cela faisait « mal ». Il me mettait hors de moi, comme seul mon servant humain pouvait le faire. Après tout, il était le seul à pouvoir m’atteindre réellement. Tu n’en fais toujours qu’à ta tête. Je ne suis pas n’importe qui Torben. Je suis ta Reine, et tu es mon servant. Arrêtes de ne prendre que ce qui t’arrange et de ne pas penser aux conséquences. Je suis lasse, tellement lasse de ce jeu là. Je détestais qu’il puisse me mettre dans un tel état de vulnérabilité, dans un état d’impuissance. Il jouait avec moi, comme si j’étais un vulgaire jouet et je ne lui permettrais jamais. Je ne lui permettrais plus plutôt. Une fois, pas deux. Je n’étais pas bête à ce point-là. Il avait déjà rejeté tout ce que j’avais à lui offrir par ses actes, et je ne voulais pas renouveler cette expérience, même si cela signifiait moins de puissance et ne pas exploiter tout ce que notre lien pouvait apporter.

Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyDim 29 Déc - 18:23

    Cette étreinte me fit le plus grand bien ; mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, s'agitant de manière déraisonnée alors que d'ordinaire son battement était régulier, fort, indifférent. Là, le rythme était effréné, et je le sentais se gonfler sous le plaisir et la force que je ressentais de tant de proximité avec la Reine. Nos lèvres se mêlèrent, et la proximité de nos deux corps me mettait au bord de l'apoplexie alros que je sentais mes organes se comprimer, se crisper, sous l'effet libérateur d'une telle étreinte. Je sentais toutes les pensées empoisonnées et nauséabondes qui faisaient mal à Krystel et qui l'empêchaient de détecter mon honnêteté et la force de la conviction et des sentiments que je lui portais. Cette simple constatation me fit redoubler d'efforts, et très vite mes mains passèrent par dessus ses vêtements, la frottant doucement, sensuellement, la maintenant contre moi alors que nous échangions un baiser passionné, long et non sans tendresse telle que j'essayais de la lui communiquer. Nos lèvres se cherchaient, se pressaient l'une contre l'autre alors que nos langues, hésitantes, se touchaient comme à tâtons, comme sans oser vraiment savourer cet échange terriblement bon que nous avions. C'était incroyable. Notre lien décuplait la moindre petite sensation et je comprenais mieux que jamais pourquoi certains vampires mêlaient nourriture et sexe, et pourquoi d'autres restaient profondément accro à la seconde de ces choses. Comment ne pas vouloir perpétuellement ressentir ce raz de marée d'ondes positives, ces vagues de plaisir ? J'étais déjà ivre de Krystel, et mon cœur se gonfla un peu plus à son endroit. Pour rien au monde je ne l'aurais lâchée. Je sentais ma partenaire, bien plus que ça, ma compagne, se détendre sous l'effet de notre étreinte et je sentais le désir poindre loin au plus profond de sa conscience. Nous n'eûmes pas le temps de nous enflammer pour de bon de ce rapprochement, que déjà la beauté me repoussait brutalement, ce qui me fit suffoquer de surprise.


    Je me retrouvais haletant, la respiration désordonnée sous le plaisir que je ressentais à me perdre contre elle, et sous le désir incroyable et irrépressible que je nourrissais à son endroit. Je la sentais brutalement couper la communication entre son esprit et le mien, ce qui faillit m'arracher un hoquet de douleur que je ne parvins à contenir à grand peine. Pourquoi m'avait elle laissé goûter pareil plaisir et pareille proximité auprès d'elle pour m'infliger ensuite ce cruel revers et cette indicible douleur ? Je me sentais comme un adolescent fou amoureux de la plus belle fille de son lycée, brutalement repoussé par celle ci devant tout le monde. C'était incroyable ; je ressentais ces violentes émotions avec tant de force ! Je n'avais plus l'habitude, ça me retournait la tête. Je me sentais fou, complétement fou, bouleversé par une immense vague d'émotions et de sensations emmêlées qui n'avaient plus faussées mon jugement depuis bien des années. La Reine me repoussait brutalement une fois de plus par ses paroles, et je restais ébahi et soudainement en colère par ses propos. Pourquoi en venait elle à penser ça ? J'ouvrais la bouche pour répliquer vertement qu'elle s'ouvre un peu plus à moi et qu'elle sonde mon âme en quête de ma vérité, mais je sentais immédiatement qu'elle refuserait de le faire. Les affres de sa déprime vampirique faussaient son propre discernement et elle me voyait comme un poids sinon un ennemi. Cela me blessait, mais je la savais pas tout à fait elle même. J'ouvrais la bouche, et la refermais. Que pouvais je dire qui la convainc pour de bon ?


    Les actes le feraient mieux que n'importe quel mot. Je laissais mon esprit grand ouvert, réceptif à elle. Qu'elle le veuille ou non, elle ressentirait forcément la pureté incroyable de mes pensées et de la clarté nouvelle de ce que je pouvais ressentir. Ce lien était tout bonnement sidérant, et je me rendais compte à quel point j'avais pu être inerte, mort au sens quasi-littéral, quand je me tenais loin d'elle. Je me jetais de nouveau contre elle. Sans force, sans m'imposer. Chose éminemment fragile entre ses mains millénaires. Je ne me défendais pas. Je ne m'élevais pas contre un nouveau refus. Parce que tout ce que je ressentais et que je muselais en temps normal pour être efficace, je le découvrais et l'acceptais pleinement. La pluie recommençait à tomber, mouillant son visage aux traits si délicats.



    | Pour moi, ce n'est pas un jeu. C'est ma vie, Krystel. Laisses nous la vivre. Je le ressens maintenant, continues de me montrer. Comment ais je pu me fermer à toi tout ce temps ? |


    J'ai mal aux tripes, parce que notre lien et sa première ouverture totale, inédite et absolue, me retourne la tête et me bouleverse profondément. Pourtant, je n'hésite pas. Je me penche vers elle, et me stoppe à quelques centimètres de son visage, mes yeux dans les siens.


    | Laisses moi te décrocher la lune, ma Reine, comme je te l'ai jadis promis. Laisses moi être prêt de toi... Et laisses moi t'aimer comme je t'aime. |


    Je l'embrasse à nouveau, et me perds pour de bon. Amour et dévotion. C'est elle, celle qui a la force de diriger ce monde, celle en qui je place ma vie insignifiante et mon bras vengeur.
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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 15:19




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

L’attitude de l’humain m’énervait au plus haut point. Il ne m’écoutait pas. Pire, il ne m’obéissait pas et ce n’était pas quelque chose dont j’étais habituée. Oui, il n’avait pas à le faire en tant que servant humain. Seulement, il ne s’était jamais vraiment comporté comme étant pleinement un servant humain. Et je n’avais plus envie qu’il le fasse d’ailleurs. C’était trop tard et je ne donnais pas de seconde chance pas même à lui. Je me fichais de ses mots, ils ne comptaient pas. Seuls les actes m’importaient et je me basais sur eux. Torben disait des choses qu’il ne montrait pas. Hors les actions sont le reflet de ce qu’il veut réellement. Les mots sont des choses éphémères, qui s’envolent au moindre coup de vent. J’étais assez vieille pour le savoir. Je repoussais l’homme lui faisait comprendre que cela suffisait. Mais il n’en faisait qu’à sa tête. Comme d’habitude, il ne pensait qu’à ce que lui voulait. La pluie se remit à tomber mais je ne le remarquais pas vraiment. Je dévisageais l’humain en face de moi. Je ne le laissais pas m’atteindre à travers notre lien. Je n’en avais aucune envie, aucune envie de lui céder la moindre chose. J’étais trop en colère contre lui et cette colère me préservait. C’était surtout mon lien avec Augustus qui était présent en cet instant. Je sentais sa souffrance, sa colère se mêlait à la mienne. Il puisa en moi, et je le laissais faire. Il avait toujours plus d’emprise sur moi lorsque je n’étais pas « distraite » par l’homme et mon lien avec ce dernier. Je déglutis alors qu’il me redonnait faim à prendre dans mon énergie. Stop C’était autant à mon créature qu’à l’humain que je m’adressais. Torben me faisait sentir sa souffrance et j’étais aussi accablée par celle de mon Roi. C’était… Insupportable.

Je reculais d’un pas, voulant m’éloigner de l’être qui avait encore un cœur battant, mais il se rapprocha de nouveau vers moi. Il me parla de nouveau, ne voulant pas lâcher l’affaire alors que ce n’était plus le moment. Il me dit m’aimer et cela révolta mon créateur. Il m’embrassa mais je le repoussais violemment une nouvelle fois. Arrête . Mes crocs sortirent de ma bouche alors que je sentais combien mon créateur lui voulait du mal. Je fis quelques mouvements d’épaules et de tête pour me calmer et me concentrer. Je bloquais d’abord en partie, puis totalement Augutus de moi. Il était en train de mettre en danger l’humain, et je ne le permettrais pas. J’haletais même si je n’avais pas besoin d’air pour respirer. Plus une réaction de mon corps qu’un réel besoin. Pourquoi es-tu incapable de m’écouter ? J’étais en colère pour Torben. Il m’avait repoussé dans mes retranchements et j’avais failli lui faire du mal en me tournant vers mon lien le plus sur, celui que je partageais avec Augustus. Tu n’es qu’un imbécile foi !. J’avais dû me fermer à mon créateur, totalement à cause de lui, et ça me faisait… Mal. J’étais seule, complètement seule et vidée de mes forces. Que voulais-tu en agissant ainsi ? Penses-tu réellement que de simples mots peuvent suffire ? De même que des sentiments éphémères qui ne provoquaient que par ma présence et la nature de ton serment envers moi ? Arrêtes de me provoquer sans cesse, car cela ne t’apportera jamais rien. Tu crois quoi Torben ? Que tu peux jouir de moi comme tu l’entends ? J’étais en colère, très en colère. Il voulait que je laisse voir ? Et bah il n’allait pas être déçu, et pas sur qu’il apprécie. Cela allait être très douloureux, oui très douloureux. Je me jetais sur lui, le plaquant contre le mur. Je mordais son cou, et bus son sang, sans essayer de ne pas lui faire mal. Je récupérais un peu de force et le laissa tout ressentir. Je laissais toutes mes pensées brutes, négatives et sombres s’assaillirent. Je lui montrais tout le mal qu’il avait pu faire, et combien il était différent de mon premier servant humain qui n’avait jamais fait de tel. Je lui faisais ressentir la souffrance que je prenais à mon créateur, et toutes ses envies de meurtre, et de vengeance. Je lui faisais voir combien je me sentais seule et emprisonnée, toutes les pressions que je subissais, tout ce que je devais gérer sans montrer la moindre faiblesse, ma paranoïa, les inquiétudes qui le concernait et le ressenti que j’avais toujours qu’il ait pu accepter si facilement que Jana se nourrisse de lui, même avec mon accord alors qu’il était à moi. C’était violent, très violent, trop pour que son esprit et son corps ne puissent réellement le supporter longtemps. Il n’avait eu qu’un aperçu d’une trentaine de seconde à tout cassé avant que je ne me coupe à lui. Je mordais mon poignée et soignais la plaie que je lui avais fait au cou Non tu ne le pourras jamais. Personne ne le peut.

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 16:12

    Mes mots la laissent de marbre et elle me repousse brutalement. Mon corps éclate dans ma poitrine. Je n'ai pas pour habitude de subir des coups sans en distribuer en retour, et je dois prendre garde car déjà je sens mon corps tout entier se tendre pour me défendre et d'instinct, j'aurais sans doute pu frapper la Reine. Je me contrôlais tout juste, mais une ombre couvait dans mon regard alors que je me rattrapais sur mes appuis pour ne pas tomber. Fermement campé sur mes pieds, je la dévisageais. Quel plaisir malsain prenait elle donc à me malmener de la sorte ? J'essayais de la comprendre, j'essayais de le faire toujours mieux. Mais elle se fichait de ce que je ressentais, tout comme elle se fichait de mes efforts. La reine avait sorti ses crocs, et elle semblait entamer quelques mouvements pour dénouer ses muscles. De toute évidence, elle était gênée, profondément mal à l'aise. Ce qui n'était forcément pas pour me plaire puisque tout ce que j'avais entrepris pour elle ce soir semblait voué à l'échec. J'avais fait tout ce dont j'étais capable ; j'avais ouvert une âme que j'avais pendant longtemps muselée, et elle n'avait pas apprécié les sentiments que cela provoquait chez moi. J'avais entamé un rapprochement physique intense et inédit entre nous, pour compléter le rapprochement que j'avais tenté. Foiré et foiré, rien n'avait marché. Pire, maintenant que je laissais pour la première fois depuis longtemps des sentiments s'exprimer, je prenais brutalement son geste et ses paroles. Mon regard noir se renforça, et je dominais ma colère qui dévastait mes pensées en restant froid, parfaitement immobile. Je coupais notre lien, puisqu'il ne servait à rien et que quoi que je fasse, j'étais en tort. Si le fait qu'elle éveille des sentiments en moi lui était par trop insupportable ; qu'elle se rassure, plus jamais elle ne les sentirait si telle était sa volonté. Qu'avait elle attendu de moi, au final ? Une ombre ne lui suffisait pas. Un compagnon non plus.


    Un fantôme. Voilà ce qu'elle voulait.


    Un type suffisamment fort et disponible pour protéger son règne et répondre à la moindre des attentes quand elle, elle en formulait le désir ou en tous cas le besoin. Quid de ma propre existence et de mes émotions ? Jamais nous ne serons égaux. Je me fermais à nouveau, emprisonnant cette conscience qui m'enflammait bien trop dangereusement. Je respirais doucement, éteignis la flamme de ma colère d'une extension de ma volonté et laissant mon cœur reprendre un rythme normal. Lent, calme. Chaque geste était précis, chaque parole désirée. Et tous ces sentiments, enfermés dans le fond de mon esprit, repoussés brutalement. C'était un réflexe aussi bien pour me protéger que la protéger elle du retour de force de sentiments aussi violents. Encore une fois, je venais d'être repoussé par une femme que je chérissais plus que toute autre chose. Combien de fois cela m'était il arrivé ? Tant et plus que je ne saurais désormais le dénombrer avec précision. Je respirais calmement, concentré. Krystel semblait en proie à une querelle interne que j'identifiais aussitôt. Augustus bien sûr. Qui d'autre ? La colère revint mais je la muselais. Même « mort », il continuait de foutre la pagaille. Elle m'insulta, et j'essuyais la tempête, stoïque. Elle pensait que je m'amusais d'elle, ne croyais en rien à la certitude qui était la mienne et me prêtait des intentions manipulatrices qui n'étaient pas les miennes. D'un bond, elle se jeta sur moi. Je relevais les mains pour me défendre mais n'en eut pas le temps. Ses crocs déchiquetèrent mon cou et le sang coula à flots. Mes yeux se révulsèrent et j'essayais de la repousser. Une vague, un tsunami de sensations et de sentiments se propulsèrent en moi. Augustus et sa haine brûlante, la déception cruelle de Krystel et le fardeau sur ses épaules. Elle s'arrêta et me soigna, mais j'étais couvert de sang. Elle n'y avait même pas goûté, c'est dire. Je soutiens son regard.



    | Moi je le peux. Mais ce n'est pas chez moi que tu aimerais éveiller pareils sentiments, n'est ce pas? |


    je secouais la tête, dépité.


    | Tu refuses de lire la vérité dans ma tête parce que cette vérité te dérange. Parce que pour la première fois de ta longue existence, je n'attends rien de toi, et te prends pour ce que tu es. Tu préférerais qu'Augustus ressente ces émotions pour toi, plutôt que moi, n'est ce pas ? Je suis désolé. Je ne peux pas passer outre ce que je suis et ce que tu es pour moi. Si c'est trop insupportable, nous connaissons tous les deux la solution ; et je préfère encore rejoindre mes fantômes que t'affaiblir ou te faire souffrir comme c'est le cas. Et soyons honnêtes ; je t'ai tout offert. Ma vie, ce qu'il me reste d'honneur, et même des sentiments. Je ne peux rien t'offrir de plus sinon ma mort. Alors s'il le faut, ainsi soit il. |
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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 17:59




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Il était vexé. Ça se voyait et ça s’entendait. Au moins nous étions deux, même si cela n’avait rien de rassurant. En attendant de lui qu’il m’apporte sérénité, tranquillité et paix j’en oubliais que lui aussi pouvait ressentir des choses. Pour sûr, venant de lui, je n’y étais pas habitué. Il s’était montré si froid et distant que j’avais oublié cet aspect-là de lui. Il ne se montrait affectif qu’avec Jana. Ou du moins c’était ce que j’avais ressenti lorsqu’il était allé la voir. Je l’avais pris mal c’était indéniable. Il n’avait jamais été vraiment comme ça avec moi, et j’avais pris cela pour du rejet. Comme lui prenait mon attitude pour du rejet. Et il n’avait pas tout à fait tort de ce côté-là. J’étais blessée et j’attaquais plutôt que d’agir autrement. Je ne pouvais faire confiance à personne en dehors qu’Augustus. J’avais été élevée et inculquée ainsi. Et lorsque j’étais allé contre avec Torben, j’avais eu un retour de bâton très douloureux. Je n’avais pas envie de renouveler l’expérience, ainsi l’écartais-je de ma vie. C’était douloureux et violent. Autant pour lui que pour moi. Et si je lui montrais un aperçu de tout ce qui m’assaillait c’était juste dans le but de le blesser. Il s’était tendu quand j’avais plongé vers lui et que je l’avais mordu. Son corps avait voulu réagir, se défendre, mais se retrouvant incapable de le faire. Coup pour coup, dent pour dent…

Je m’étais légèrement écartée de lui, après l’avoir soigné, essuyant ma bouche d’un revers de main et laissant la pluie faire le reste. Il soutient mon regard en me disant qu’il avait tord, et que le problème venait du fait que j’aurais voulu que tout ce qu’il avait pu me dire vienne d’Augustus. Je sentis une vague de colère monter en moi quand il évoqua mon créateur. Il ne savait rien, rien du tout. C’était impossible pour lui de comprendre comment ma relation avec le vampire pouvait fonctionner. Je savais très bien de quoi il en retournait et qu’il avait une affection particulière pour moi, qu’il n’avait pour personne d’autres. S’il me partageait c’était uniquement parce qu’il savait qu’il ne pouvait pas m’empêcher de faire des choses que lui faisait. Pour autant, il n’en restait pas moins qu’il était mien et que j’étais sienne, même s’il ne me l’avait jamais vraiment dit. Il tenait à moi, j’en avais eu plusieurs fois la preuve et me perdre lui serait insupportable. Qui était Torben pour juger cela ?

Si ça min dépité pu me calmer un peu, le reste de ses paroles ne firent que jeter un peu plus d’huile sur le feu. Ne parle pas de choses que tu ne connais pas et que tu ne comprends pas. J’aurais pu laisser la colère de mon Roi m’envahir et te briser mais je ne l’ai pas fait. Il n’a pas à interférer dans ce qui se déroule ce soir. Il n’a pas à choisir pour moi. Il n’a rien à voir avec tout cela et je te l’ai déjà dit. Tu es jaloux de quelque chose qui n’a absolument rien à voir. Il est mon Créateur, et mon Roi ? Cela n’a rien à voir avec toi. Tu es mon Servant Humain, cela n’a strictement rien à voir. Ne rejette pas tes erreurs sur une autre personne que toi-même. Tu dis rien n’attendre de moi ? Alors pourquoi essayes-tu de me convaincre dans ses cas là ? Pourquoi essayes-tu que je m’ouvre de nouveau à toi après ton rejet ? . Je lui tournais tout autour, sans lâcher son visage du regard et je m’en rendais même pas compte, alors que je lui parlais. J’avais faim et faire couler son sang ne m’avait pas aidé. J’avais commis une erreur en m’ouvrant à Auguste, mais j’étais incapable de m’en aperçoive vraiment. La pluie ne mit pas beaucoup de temps à nettoyer la rue, rendant ma faim moins important. Je m’arrêtais pour rependre là je me m’étais arrêtée Ta mort ? Penses-tu réellement que c’est ce que je désire ? Je n’ai jamais douté une seule fois de mon choix, ni n’est regretté d’avoir fait de toi mon servant même si cela m’affaiblit. Qu’est-ce que cela fait Torben d’être rejeté ? C’est douloureux, et humiliant. Imagines un peu ce que moi j’ai pu ressentir, moi, la reine des vampires, se laissant affecter par un vulgaire humain ? Que crois-tu ? Que cela soit si simple à oublier ? Si simple à accepter ? Je n’ai pas le luxe de me permettre d’être faible, ni même d’être entourée et libre. Je ne suis pas indifférente à toi, ou à ton comportement loin de là. Mais au lieu de réveiller en moi un peu de paix, de calme, et d’affection, tu provoques ma jalousie, ma colère et ma déception. Tu n’agis pas comme le secours dont j’ai besoin. Tu m’as offert ta vie ? Je t’ai offert aussi la mienne Je m’étais légèrement calmée, même si je m’étais remise à lui tourner tout autour. Crier ne m’apporterait rien, si ce n’est de la frustration. J’étais plus forte que ça, beaucoup plus forte et il était de mon devoir d’afficher un masque plus serein et neutre, même si intérieurement je bouillonnais.

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 18:25

    Je me suis fermé à notre lien, et je me sens de nouveau en paix, ou presque. Oui car il y a un bouillonnement à l'intérieur de moi que je ne saurais expliquer. Quelque chose de nouveau, d'inédit. J'ai ouvert la boîte de Pandore qu'est le cœur usé et empoisonné de ce bon vieux Torben Badenov et plus rien ne peut désormais m'être anodin. Pourtant, je continue à me contrôler. Preuve s'il en est des changements que j'ai apporté à ma propre personnalité en me forçant à évoluer ou à mourir. Devant pareil choix, la psychée humaine n'a pas beaucoup le choix ; elle s'adapte. C'était encore une fois ce que je faisais. Devant pareille souffrance psychologique, je me retrouvais à me protéger et à évoluer une fois de plus. Je n'étais pas un fantôme, j'étais un véritable caméléon. Mon regard soutint celui de Krystel, qui se fit plus sauvage, moins colérique mais je le sentais, beaucoup plus imprévisible. Elle avait faim, et je sentais aussi dans son regard son désir d'évacuer sa frustration par le meurtre, par le sang qui coule sur elle et en elle. Je ne lui en laisserais pas l'occasion ; pas que je tienne particulièrement à mon existence mais la colère qui flamboyait au plus profond de mon âme en lambeaux m'empêchait d'opter pour une solution aussi facile que celle de tendre les bras à la mort. Quand bien même elle était ma cousine... Je ne partirais pas comme ça. Oh non. Comptez sur moi. La reine me rétorque, acerbe, que je ne dois pas parler de choses que je ne connais ou que je comprends. Une lueur sauvage passe dans mon regard, en même temps qu'un sourire de défi. Rien à voir, vraiment?


    | Tu me parles de compréhension alors que tu n'as jamais cherché à me comprendre réellement. Jaloux d'Augustus ? En aucune façon. Je ne veux pas être Roi d'une espèce qui me haît, et je ne veux pas non plus de tous ses plans. Je tiens un minimum à rester près d'un idéal que jai fait mien, et qui n'est en aucun cas le sien. Le jalouser pour sa relation avec toi ? En aucune manière non plus. Il te baise et te délègue des tâches. Quitte à choisir, je préfère encore ne pas être lié à toi que te considérer ainsi. Tu vaux bien plus... T'a t'il jamais considérée comme son égale ? Est ce que c'est vers toi ou vers lui que les vampires se tournent ? J'ai senti votre lien, au travers de toi les rares fois où tu as essayé de ressentir ce qu'il ressentait. Il te considère comme sa plus belle pièce... Mais tu ne restes qu'une pièce sur l'échiquier.... Comme Jana l'est pour moi. Non, je veux autre chose de toi, de nous. |


    Maintenant que je m'étais fermé à elle, elle ne pouvait plus sentir autrement que par la force de l'habitude si j'étais honnête avec elle. Je me fichais bien qu'elle prenne encore mal mes paroles, de toutes façons nous avions franchi le cap de non retour et quoiqu'il se passe désormais jamais plus notre relation ne semblera être la même. Elle me tournait autour. Je la laissais faire. Je restais immobile, le regard rivé devant moi, le rivant au sien lorsqu'elle entrait à nouveau dans mon champ de vision. Je la laissais me décrypter et je lui montrais que je ne nourrissais ni peur ni retenue. Si elle m'attaquait, je mourrais. Mais je ne partirais pas si facilement. La belle arrive de nouveau, et je vois où le bât blesse. Je ne suis toujours qu'un vulgaire humain à ses yeux. Voilà le fond du problème. Elle se comporte avec moi comme Augustus avec elle. Je suis son partenaire, pas son égal. Et ne le serais jamais. Un vulgaire humain. Est ce que le futur de paix et de prospérité que nous envisagions était feint lui aussi ?


    | ... Mais ma vie n'a pas la même valeur que la tienne. Clairement. Je l'accepte depuis toujours, puisque je pense la même chose. Mais est ce que ce n'est pas entre nous source d'incompréhension ? Je t'ai tout ouvert et tout donné. Je veux être proche de toi. Je veux être pleinement à toi et que tu sois entièrement à moi. Tu ne m'en laisses l'opportunité, soit. C'est ton choix. Mais ne me dis plus que moi je te fais souffrir, alors qu'une fois de plus c'est moi et moi seul qui me trouve rejeté. Comme le vulgaire humain que je suis. |
Torben Badenov

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 22:35




L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?

Torben me repoussait totalement dans mes retranchements, et ce n’était pas vraiment plaisant. Je n’aimais pas sa manière de voir les choses et de me les balancer à la figure. Mes poings se serraient alors qu’il parlait de la manière dont Augustus se comportait avec moi. Il avait tort. Mon Roi m’aimait et tenait à moi. Et je l’aimais en retour. Il essayait de me monter contre lui par jalousie. Et pourtant, je sentais qu’il ne mentait pas. Il était persuadé que mon créateur se comportait avec moi comme si j’étais un pion. Mais je savais qu’il y avait plus que ça entre nous. Il ne me l’avait pas montré souvent, mais il n’avait pas besoin pour que je le sache. Encore nous, c’était évident. C’était rare qu’il s’ouvre à moi, oui je pouvais le reconnaitre. Et la dernière fois en date fut le soir ou j’avais combattu Nikos et qu’il m’avait pris en traitre avec la lumière du jour. S’il ne passait pas son temps à essayer de me protéger de tout, et me laissais prendre des risques, c’était parce qu’il avait confiance en moi et qu’il savait très bien qu’en me coupant les ailes, il me rendrait malheureuse. Lorsqu’il m’avait fait Reine, il ne m’avait pas empêché de parcourir le monde, et d’aller sur le terrain. Il était la stabilité et moi l’imprévisibilité. Cela avait toujours fonctionné ainsi entre nous et ça allait à l’un et à l’autre.

Ma relation avec Torben était très différente, et je me tuais à lui répéter. Nous étions plus dépendants l’un de l’autre. Nous ne devions faire qu’un seul et même corps, et cela nous faisait souffrir tous deux quand l’autre s’éloignait ou se coupait. Le choix d’un servant humain était très important parce qu’il impliquait force et faiblesse. Si Augustus n’était pas content de mon choix, c’était surtout parce qu’il pensait que l’humain ne pouvait rien m’apporter de bien, mais que souffrance. Je ne partageais pas cet avis, même si je devais bien reconnaitre que ce n’était pas facile de conjuguer ma volonté et celle de La Morte. Il était comme moi, insoumis. C’était ce qui le rendait certes intéressant, mais c’était aussi ce qui posait problème. Nous étions deux caractères fiers et forts. Et lui comme moi ne pouvions pas laisser passer les propos de l’autre. C’est faux. J’ai essaye de te comprendre et j’essaye encore. Je consacre plus de temps à cela que tu ne peux le faire. T’es-tu demandé une seule fois au cours des derniers jours comment je pouvais aller ? Si, au-delà des blessures physiques, je n’étais pas tourmentée ? Moi je l’ai fait. Pour te laisser libre de tes mouvements et ne pas t’enfermer j’ai engagé Erin pour veiller sur toi lorsque je ne le pouvais pas moi-même. Je t’ai laissé choisir ce que tu voulais pour ton avenir et quelle compagne tu désirais. Si tu vois cela comme un signe que tu es un pion entre mes mains, c’est que tu es dans le déni total et que tu n’as pas les yeux assez grands ouverts. Je m’étais rapproché de lui, tout en continuant à tourner autour de sa personne. Comme si je resserrais mon emprise autour de ma proie. Je me plantais une nouvelle fois devant lui, écœurer par ses mots et ce qu’il sous entendait Tu n’es qu’un pauvre fou qui ne voit que son nombril et qui se lamente sur son sort. Ta vie a la même valeur que la mienne. Tu n’es qu’un imbécile de penser le contraire. Elle a de l’importance pour moi, même si tu n’en as cure. Vulgaire humain, tu sais très bien ce que je voulais dire et que je ne te considère pas comme ça. Bon sang Torben, comment peux-tu penser que j’ai une telle opinion de toi ? Comment peux-tu avoir si peu foi en moi et mon positionnement vis à vis de toi ? C’est toi qui n’a pas arrêté de me rejeter pour aller t’amuser autre part ! . Je n’avais pas crié. Je n’avais pas fait de grands gestes et je n’étais pas devenue hystérique. Aui contraire, mon ton s’était fait de plus en plus bas. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas sentie comme ça, aussi mal, au point de ne plus vouloir me battre. Tu as gagné, je baisse les armes. Cela ne mène à rien de toute façon. Je me retourner, le faisant quitter mon champ de vision. Il était trop loin. Il ne m’avait pas seulement blessé, il avait remis notre lien en cause et celui que je partageais avec Augutus. C’était plus que je ne le pouvais le supporter. Je n’étais qu’une pauvre idiote faible, ne désirant plus qu’une chose : pouvoir remonter le temps et prendre la place de mon Roi. Il venait de me piétiner. Mon propre servant humain venait d’arriver à faire quelque chose que personne encore n’avait fait : Me faire couler une larme de sang des yeux, et je ne comptais lui laisser la satisfaction de s’en apercevoir. Je m’éloignais d’un pas rapide, laissant la pluie inonder mon visage et enlever la moindre marque. Je ne faisais plus attention à rien. J’avais juste envie de me terrer et de ne plus sortir jusqu’au retour de mon Roi, même si je savais que c’était impossible.

Cassiopeia Johnson

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MessageSujet: Re: L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé]   L’Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ? [Livre II - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 23:15

    Les choses allaient de mal en pis. Comme d'ordinaire avais je envie de dire. Y avait il eu un seul moment depuis que j'étais parti la fleur au fusil faire la guerre en tchétchénie, un seul moment de paix ? Non. Pas un seul. La guerre, les morts, toutes ces choses que j'avais faites, que j'avais dû encaisser. La disparition de Jana, le bonheur tout juste retrouvé. La folie incroyable qui avait étreint mon âme et empoisonné mon cœur quand on me l'avait retirée. Toutes les souffrances par la suite. Les morts, la solitude, cette solitude si extrême... Je m'étais détruit. Quelques minutes plutôt j'aurais sans doute pu me demander quelle mouche dérisoire avait pu me piquer autrefois pour que je me laisse autant aller. Mais maintenant, c'était quelque chose finalement de compréhensible, de raisonnable. Pourquoi continuer de lutter quand tout allait mal ? Quand tout notre univers s'écroule sans possibilité de retour en arrière ? Je viens de confronter Krystel à quelque chose dont je suis intimement convaincu. Quelque chose de douloureux, pour lui montrer combien moi je tenais à elle, moi plutôt que tous les autres, ces salopards de flagorneurs, ces courtisans, ces ambitieux. Même son Roi... Elle n'était pas d'accord. Que pouvais je faire de plus ? Il s'agissait de ces désaccords insolubles. On ne verrait jamais les choses de la même manière, parce qu'on n'était pas de la même espèce, pas de la même époque, et pas du tout du même tempérament. J'étais absolu dans mes relations. Pas elle. Cela ne lui faisait rien de me voir dans ce genre d'état, alors que le sien me martyrisait. J'étais source de souffrances ; jamais je n'avais apporté quoi que ce soit de positif à quiconque. La mort, encore et toujours la mort. C'était tout ce que je savais faire et tout ce à quoi le destin me cantonnait. Ca et la solitude. Même lié plus étroitement qu'il n'était normalement possible avec la plus belle et la plus forte créature qui soit, je fichais tout par terre. Incroyable. Tout bonnement incroyable.


    Elle essayait de me comprendre. Soit. Elle n'y arrivait pas. Pas plus que tout ce que j'avais entrepris n'avait fonctionné. Je ne voyais plus que défiance et reproches. Tout était ma faute, encore une fois. Je ne réussissais jamais quoi que ce soit de bien que lorsque j'étais seul selon l'évidence. Plus de temps que moi à essayer de comprendre l'autre, je n'essayais pas de la comprendre, laisser le choix de mon avenir, j'étais dans le déni. Ce n'était pas fini. Je ne voyais que mon nombril et je me lamentais sur mon sort. Ces mots résonnaient cruellement à mon esprit. Moi ? Qui faisait passer la vie de Krystel des années lumières avant la mienne ? Celle de Cora ? De Jana ? Même celle d'Augustus et de Julien, honnis soient leurs noms ? Voilà tout ce que je récoltais pour des années de loyaux services. Le dédain. Je réclamais quelque chose. Donc j'étais un connard, un ingrat. Est ce que la Reine s'était posée la question que ce que je voulais vraiment, c'était elle ? Ce que j'avais voulu depuis des années ? Pourquoi me le refusait elle maintenant alors qu'elle me disait que cétait ce qu'elle voulait ! Je n'y comprenais rien. Je perdais le contrôle, une fois encore. Je savais ce qu'elle voulait dire ? Comment devais prendre le fait que j'incarnais quantité négligeable à ses yeux alors qu'elle représentait tout pour moi ? Je restais froid. Debout. Je frissonnais tant je me sentais froid, seul. Mort à l'intérieur. Tous les efforts que j'avais fait depuis des années, tout était balayé. Rien n'avait eu de valeur. J'avais enduré tout cela pour rien. La rejeter et m'amuser ailleurs. C'est ainsi qu'elle considérait mes efforts pour qu'elle conserve son putain de trône ? Les choses étaient allées trop loin. Je ne lui avais pas apporté le soutien escompté. Elle m'avait rejeté, réveillant de profondes blessures que je pensais oubliées.


    Krystel abandonna et parti.


    Et moi, je me retrouvais tout seul. La pluie s'insinuait au travers de mes vêtements, me gelant jusqu'à l'os.


    Le temps passa. Je n'étais pas capable de bouger. Je ne me rendais pas compte de ce que je faisais. Je ne pleurais pas, je ne criais pas. Je n'avais même pas la force de tout cela. Plus la force de rien. La froide résolution qui avait été la mienne, terrible, implacable, tout s'était envolé en même temps que la femme qui comptait tant pour moi. Elle était partie. Je l'avais blessée. Elle m'avait anéanti. Je déglutissais péniblement. Lentement, je portais la main à mon oreillette, et tirais dessus. Je la laissais tomber sur le sol, et la fracassais d'un coup de talon machinal. Je tirais mon téléphone de ma poche, déboitais la batterie, et le jetais dans le caniveau. La pluie me collait les yeux, et me plaquais les cheveux sur le crâne. Je tirais mon flingue, retirais le silencieux. Je frottais la poignée à l'aide d'un chiffon. Lentement, précautionneusement. Puis, je retire le chargeur et d'un mouvement j'éjecte la balle dans la chambre. Je jette l'arme et les munitions dans les égouts. Je garde mon poignard : je n'y pense même plus. Je me détourne, et je pars de la ruelle.


    Il pleut toujours autant, et l'obscurité avale les contours de ma silhouette.


    Un fantôme est en maraude, ce soir. Mais depuis quand les fantômes se laissent ils hanter?


Torben Badenov

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