Ma traque des semi démons se devait d’avancer prochainement. J’avais mis les choses au point avec Paul, lui stipulant que je ne tolèrerai pas de n’avoir que des informations inutiles ou superflues, mais je devais tout de même ne pas rester les bras ballants, à attendre que cela me tombe tout cuit dans le bec. Badenov me l’avait bien fait comprendre – et m’avais, plus ou moins, réorientée vers les enregistrements de sécurité du centre commercial. Plusieurs avaient été diffusées, d’ailleurs. Mais l’on n’y voyait que peu de choses. Le fait que le centre ait brulé n’arrangeait rien… Je ne comptais pas en rester là, cependant. Cela devait avoir duré plus longtemps. Plus de gens devaient être visibles. Je ne pouvais croire que les enregistrements diffusés soient complets. Comme si la compagnie de sécurité avait volontairement omis de diffuser une partie des vidéos qu’ils avaient.

Je devais creuser le fond de l’affaire. C’est pourquoi j’étais partie vers Edimbourg, ce soir-là, pour aller en interroger les employés. Nul doute qu’il devait y en avoir au rythme nocturne : humains ou vampires, peu importait. Quoi que, je pourrai charmer et manipuler les premiers, pas les seconds. Ou plus difficilement selon le vampire en face de moi, et sans aide surnaturelle. Mais je n’étais pas une bleue, et Manipulation était mon deuxième prénom.

Je m’étais vêtue entièrement de noir, portant une combinaison moulante. Cela n’impressionnerait pas nécessairement mes interlocuteurs, féminins ou masculins, mais ça les distrairait à coup sûr. Ou les ferait baver sur ce qu’ils ne pouvaient avoir. D’une manière ou d’une autre, ça m’apporterait la distraction dont j’avais besoin, pour obtenir les informations que je voulais. Je n’avais pas tardé à partir, parfumée très discrètement pour parfaire ma tenue. Le trajet ne m’avait guère pris de temps – mon immortalité me prémunissait de trop graves dommages si je bafouais les limites élémentaires de vitesse au volant, à moins qu’un long objet pointu ne transperce mon cœur -, et je m’avançais d’un pas décidé vers l’entreprise. Les locaux, imposants, semblaient crier à qui le voulait qu’ils étaient ultra compétents, et que leur sécurité ne serait en aucun cas violée. Comme un gros doigt d’honneur à quiconque tenterait de leur prouver le contraire. Comme des puceaux impuissants qui racontaient leurs ébats, probablement inventés de toute pièce, à la face du monde.

Allais-je relever le défi ? Très certainement. Pas que je n’ai que ça à faire, mais au delà de l’amusement que cela susciterait, je pourrai de cette manière pénétrer les locaux en toute discrétion, et fouiller à ma guise. Peut-être même parviendrais-je à neutraliser un des employés, et à lui piquer sa tenue réglementaire, s’ils étaient dotés d’un uniforme. Déambuler à ma guise dans les locaux à la recherche de mon gain serait un jeu d’enfants, si j’agissais ainsi.

26 Décembre 2017

La nuit est déjà noire depuis longtemps, sur l'écosse. Hier, la masse des humains lambda fêtaient noël. Tout était illuminé, festif. Du monde dans les rues et du bruit dans la ville. Loin de toute cette agitation, je n'avais rien fait d'autre que d'habitude, ces futilités ne sont pas pour moi. Ce n'est même pas envisageable. Les jours passent les uns après les autres, tous aussi semblables les uns aux autres pourtant chacun peut apporter son lot d'imprévu et de mort. L'ennemi n'a pas frappé, pour le moment. Il ne s'est pas manifesté. Le plan qui a été décidé est à éxécution, et rien de plus ne se passe. Le calme avant la tempête... Il est évident qu'elle éclatera sous peu. Je suis prête. Prête à tout endurer, à me plonger en plein coeur de l'obscurité pour que tout se passe au mieux. J'attends. Je ne peux faire autrement. Je m'entraine, je me maintiens. Je n'ai plus à porter cette tension constante qui me pesait il y a quelques jours encore, elle ne s'accumule plus. Et je le ressens chaque jour. Torben aussi, il ne va pas forcément bien, mais c'est déjà un peu mieux. Nous continuons à travailler comme nous l'avons fait jusque là, bien que j'essaye d'être toujours plus présente. Quitte à m'éloigner de lui pour ne pas qu'il ne sente ma présence, quitte à avoir peut être un peu moins d'efficacité par la distance qui me sépare de lui, mais je dois le surveiller, tout le temps. Un point c'est tout. Alors oui, mes journées se ressemblent. Je m'exerce, je surveille, et je cogite. Moins, mais tout de même.

Je sais que je dois prendre mes précautions, dix fois plus qu'avant. Tout ça... Tout ça à cause du hasard. Comme si j'y croyais, mais il n'y a pas d'autre possibilité. Tomber sur McBorough, un soir près d'Edimbourg... Franchement, il ne pouvait pas m'arriver mieux. J'avais creusé et il m'était apparu que ce n'était bien qu'une simple coïncidence. Ce qui ne veut pas dire que ça en sera une la prochaine fois, il va commencer à s'intéresser à moi de plus près, je le sens. Mettre des agents sur ma trace s'il le peut, ou chercher de lui même. Et là, j'en reviens à ce qui me travaillait déjà après la fusillade au centre commercial. La vidéo. Les vidéos. Toutes celles existantes que seuls quelques privilégiés pourraient voir, mais dont l'homme pourrait faire partie. Il ne doit pas me voir. Je ne peux rester ainsi négligente. Agir. Prendre les choses en main. J'ai dû attendre, attendre une nuit où je n'aurai pas besoin de veiller sur la Mort. Je sais tout de même où se trouvent mes priorités. J'ai fait mes petites recherches, pendant ce temps. Je sais où je peux trouver ce qui m'intéresse.

Vêtue d'une tenue noire et moulante, comme d'habitude, mes cheveux tous tirés sans exception, attachés en un chignon serré à l'arrière de ma tête, armé d'un poignard fin et de d'un 9mm avec son silencieux, je me glisse hors de chez moi dans la pénombre. L'heure est tardive, certaines rues sont encore animées mais je les évite avec soin, préférant les ruelles plongés dans le noir. Fut une époque où j'aurai préféré me fondre dans la foule plutôt que dans l'obscurité, mais je m'adapte. Je deviens totalement le fantôme, l'Ombre. Je ne délaisse pas entièrement l'espionne mais disons qu'elle n'est plus ma facette principale. Je développe d'autres côtés de mes capacités, tout aussi précieux que ce pourquoi les services secrets m'avaient embauché de prime abord. Je me fonds dans la nuit noire et parcoure rapidement mon chemin, de la démarche silencieuse aux oreilles de tout humain que j'ai acquise au fil des ans. Une fois l'immeuble en vue, je m'arrête, histoire d'observer une dernière fois avant de me lancer. Les locaux ont l'air à la pointe, mais leur sécurité est plus faite pour dissuader plutôt que pour véritablement empêcher quelqu'un d'expérimenté comme moi. De toute façon je n'ai pas le choix et si je m'arrête à la moindre difficulté, je n'arriverai jamais à rien. J'ai déjà fait pire. Je m'apprête à m'introduire quand un mouvement attire mon attention. Discret, très discret mais perceptible. Je scrute. Une femme, vêtue d'une combinaison noire comme j'en porte souvent. Elle me rappelle étrangement quelqu'un, ainsi je m'attarde à la détailler quelques instants. C'est Swayne. Freyja Swayne. Pas de doute. Que vient elle faire ici ? Je m'avance jusqu'à elle, discrètement mais assez pour qu'elle me repère. Me reconnaisse. Elle a déjà vu mon visage et ma physionomie, je le sais. Je lance à voix basse.

“Je ne m'attendais pas à vous trouver ici... Qu'est-ce qui vous amène ?”

Je me savais discrète, presque imperceptible, invisible même. Pour un œil non aguerri, je ne serai pas là. Ca pouvait contribuer à une légende, sur la femme invisible… Mais ce n’était guère le moment de penser à une stupidité pareille. Je me devais de pénétrer dans ce bâtiment et de trouver ce dont j’avais besoin, pour continuer mon enquête. Bénéficier des informations de Paul, mais aller au delà de ces dernières. C’était la seule et unique raison qui m’amenait à me trouver ici, alors que j’étais en permanence concentrée sur la tâche qui m’était imputée. Être en ces lieux pourrait passer comme un manquement, ou une faille dans ma progression. Comme lorsque j’avais croisé Badenov, dans les ruelles sordides du port. Il n’avait pas tort, quant à la distraction inopportune dont je faisais preuve en cherchant des traces des semi-démons et des métamorphes simultanément, mais il fallait parfois savoir laisser aux choses du temps, même minime, pour les voir sous un nouvel angle, et avoir de nouvelles réponses – ou trouver la façon de les aborder.

Peu importait. Je n’étais pas ici en train de remettre à plus tard une tâche importante, mais bien à la recherche de preuve tangible et concrète de ce que l’on m’a demandé de rapporter. Le silence règne, imperturbable, aux alentours du bâtiment. A l’intérieur, et autour de son enceinte, des employés, effectuant des tours de garde probablement. Rien de surprenant, pour une société de sécurité. Mais je serai trop rapide pour leurs yeux. A supposer qu’il n’y ait là que des humains… Chaque chose en son temps, je ne pouvais guère deviner cela avant de mettre les pieds à l’intérieur du bâtiment. Fondue dans l’obscurité, je me rapproche légèrement, attendant la fin du tour du garde que je peux observer à l’extérieur, par le portail. Je vais devoir faire preuve de prudence, et surtout de discrétion. Avancer légèrement, sans me faire repérer, après que le garde ait disparu.

Je me retourne légèrement, percevant un mouvement, un bruit. Je distingue une silhouette familière, que j’ai vu bien des fois. Me suivant, ou dans les pas de la Mort, quand moi-même j’ai cherché à en savoir plus sur lui. Avoir une altercation avec Cora, avant qu’elle ne meurt de manière a priori tragique. Erin Danvers. Que faisait-elle donc ici ? Je ne m’étais clairement pas attendue à la trouver ici. Pas alors que j’avais choisi moi-même d’y venir. Etait-ce une coïncidence, ou étais-je de nouveau suivie ? Je n’aurai su le dire. Je savais, en revanche, n’avoir rien à me reprocher. Devais-je pour autant lui confier ce que je faisais ? Très certainement. Ne travaillait-elle pas étroitement avec la Reine et Badenov, comme Cora me l’avait appris, après tout ? Je pouvais lui confier la teneur de ma tâche, sans nécessairement dévoiler qu’elle venait d’un ordre de ses supérieurs. Elle le saurait, si elle devait en être avertie.

« Je suis à la recherche des vidéos d’enregistrement du St James Center. Pour observer tout ce que je peux trouver au sujet des semi-démons. Il est indispensable que j’y ai accès, et que j’obtienne toutes les informations que cela peut m’apporter. Puis-je vous retourner la question ? »

J’avais été parfaitement franche. Le croirait-elle ? Je n’en avais aucune idée. Le serait-elle, à son tour ? Pas la moindre opinion à ce sujet non plus. Mais quoi qu’elle cherche, ce ne pouvait qu’être en rapport avec ma propre recherche. A moins d’erreur de ma part. Sans confiance, peut-être pourrions-nous au moins nous entraider, si tel était le cas.

Moi qui pensais être seule, comme d'habitude... Je vais devoir revoir mes plans. Ce que Swayne fait ici je n'en sais rien, mais je compte vite l'apprendre. Convoite elle également les vidéos ? C'est la seule solution que je voie. Le plus logique. Mais avec les vampires, on ne sait jamais... Et que compte elle y découvrir, si c'est le cas ? En tout cas, je vais certainement devoir oeuvrer de concert avec elle, que ça ma plaise ou non. Je ne peux me permettre de repousser encore cette action et je ne vais pas plus le lui demander. Je n'ai aucune confiance en elle, mais nous allons faire avec. De toute manière, j'imagine que c'est réciproque. Un être, surnaturel qui plus est, accordant sa confiance à toutes ses connaissances n'est pas plus que ce que l'on appelle communément un sot. Et un sot a une espérance de vie très limitée. N'a t'elle pas réussi à apprendre mon nom et ma fonction, de la bouche même de l'une de mes théoriques alliées. Que Cora l'ait fait par haine ou parce qu'elle était assez faible pour se faire manipuler, cela m'est égal. Seul le geste et ses conséquences comptent. je peux déjà m'estimer heureuse que la vampire en question ait été Swayne, les choses auraient pu être bien pire. La nocturne s'était rangée, et nous devions maintenant travailler avec elle. Que ça me fasse plaisir ou pas, que je puisse lui accorder un centième de ma confiance ou non. Je garde tout de même à l'esprit à quel point elle est dangereuse. Belle, mais c'est une beauté empoisonnée. Je l'imagine sans mal manipulatrice à souhait, comme tous ses congénères... A prendre avec des pincettes.

Elle est certainement surprise, même si je peux déceler manifestation de ses émotions. Même si elle avait su déceler ma filature il y a quelques mois, je ne pense pas qu'elle m'ait repérée avant que je ne me dévoile. Un fin sourire, elle répond à mes interrogations. Aucune surprise ; il n'y a que les enregistrements vidéos qui puissent l'attirer devant cette entreprise. Pour les semis démons donc, logique aussi. Je note qu'elle m'a l'air sincère, mais encore une fois rien n'est joué d'avance. Je ne vois pas cependant pourquoi elle me mentirait, ainsi lorsqu'elle me retourne la question je décide d'être à mon tour honnête. Dans les grandes lignes.

"Je suis également ici pour les vidéos du St James Center. Pas pour les semis-démons, pour mon propre intérêt. Disons qu'elles peuvent me porter préjudice si elles tombent entre les mauvaises mains. j'ai besoin de les détruire.."

Je jette un coup d'oeil à l'immeuble nous dominant de toute sa hauteur et de sa technologie devant nous.

"Ensemble ?"

J’aurai pu plus mal tomber, que sur l’espionne. S’il aurait été préférable que je sois seule, au moins étais-je à peu près certaine qu’elle ne me mettrait pas des bâtons dans les roues. Après tout, je servais Sa Reine, Nôtre Reine, et je n’étais ici présente que pour agir dans son intérêt. Pour trouver, traquer et lui amener les semi-démons. Danvers devait être intelligente, elle ne travaillerait pas avec Badenov, ou La Reine si tel n’était pas le cas. Pourrions-nous pour autant conjuguer nos intérêts ? C’était en tout cas quelque chose que nous devrions essayer. Je ne pouvais retarder davantage ma mission, Badenov me l’avait bien fait comprendre. Alors ce serait avec elle ou contre elle, mais si nous pouvions nous entraider, nous ferions de toute évidence mieux. Et puis, elle était de toute évidence plus entraînée que moi, pour cela. C’était son métier, et non le mien. Même si la confiance n’allait pas être de rigueur, l’entraide le serait. Si elle le voulait.

J’acquiesce, en l’entendant. Cela peut poser problème. J’ai besoin d’elles intactes, mais elle veut les détruire. Nous allons devoir conclure un marché. Me permettre de les visionner en lieu sûr, jusqu’à ce que j’ai pu en tirer le maximum ? Je ne voyais pas d’autres solutions. Serait-elle prête à m’accorder cela pour autant ? Nous devions en discuter, avant de nous lancer tête baissée dans le bâtiment. Définir notre champ d’action. Si elle les détruisait sitôt en leur possession, cela serait problématique.

« Ensemble. Mais nous ne pouvons pas les détruire dès que nous les aurons. Vous voudrez certainement les garder en lieu sûr, à défaut de les faire disparaître définitivement, mais il me faudra les regarder et analyser. Que dites vous de les conserver, à un endroit de votre choix, protégé, et de me permettre d’y accéder quand le besoin s’en fait sentir ? Jusqu’à ce que j’ai tiré tout ce qu’il y a à en tirer. Vous devez savoir que la mission qui m’a été confiée ne souffrira d’aucun délai. Et assurément, supprimer ces enregistrements poserait un grand problème. Puis-je compter sur vous ? »

Je jette un coup d’œil au bâtiment. Imposant, massif. Pas imprenable pour autant, loin de là. A supposer que l’on puisse manipuler les humains et qu’aucun vampire ne s’y trouve.

« Prête ? Après vous. »

Coopérer ne signifie pas faire confiance. J'étais quelqu'un de trop expérimenté et professionnel pour commettre cette erreur, pour ne pas me méfier d'elle. Parce que je me méfiais naturellement de tout un chacun, du monde qui m'entourait. Je le connaissais, ce monde. Je sais à quel point le danger nous entoure, et à quel point les imprévus sont fréquents. La trahison, aussi. Swayne est douée dans ce qu'elle fait, douée et intelligente. Méfiance double, donc. Je ne pouvais faire autrement. J'allais coopérer et agir avec elle cette nuit, s'il devait en être ainsi. Je suis certaine qu'elle pourra m'être utile et ne m' handicapera en rien, bien que j'ai souvent eu l'habitude de travailler seule. Une époque révolue depuis que j'oeuvrais avec Torben, mais quoi qu'il en soit j'étais une solitaire dans l'âme. Je m'attendais à être seule. Je ne l'étais pas. Pas de soucis, j'allais m'adapter. Elle n'irait pas me planter un couteau dans le dos, ni me faire faux bond, je n'avais rien à craindre de ce côté là. Nous étions censées être alliées, tout de même. Avoir à se méfier de son propre coéquipier rend la tâche deux fois plus dure, et bien que j'ai connu plus dur que cette bâtisse, ce ne sera tout de même pas aussi simple que de franchir une porte. Je réfléchissais en silence, observais, l'écoutais. Si elle les voulait pour les visionner et repérer des détails, nous allions devoir trouver un accord. Pas question que ces vidéos restent en libre accès, pas question qu'elles restent en service tout court. McBorough saurait les retrouver, et ce serait déjà un grand pas en avant pour lui. Une preuve concrète de ce qu'il avançait que je comptais pas lui servir sur un plateau d'argent. J'avais peu de temps devant moi et je me devais de l'utiliser à bon escient. Bref.

"D'accord. Je les mettrais en sécurité et vous donnerai l'accès pour venir les consulter. Prévenez moi lorsque vous penserez avoir tout tiré d'elles."

Oui, je comptais bien les détruire quand elle en aurait fini, pas question que de telles choses trainent. On ne sait pas ce qui peut arriver, la prudence est d'or. Swayne ferait ce qu'elle avait à faire, je ne désirais en aucun cas entraver sa mission, mais une fois celle-ci terminée je me chargerai de ma sécurité. J'avais déjà quelques idées d'où les cacher, ce n'était pas cela le plus difficile.

Je m'approche en silence de l'immeuble, m'arrêtant quelques instants pour observer de plus près le décor. Nous sommes dans un quartier où les immeubles sont récents. Haut et nu, celui-ci ressemble à tous ceux qui l'entourent. Ne surtout pas déclencher de fusillade ni rien. Je me tourne vers la nocturne.

"Venez. On ne devrait pas faire trop de vagues en passant par là."

Je rase les murs, et atteins l'entrée du parking souterrain protégée uniquement par une barrière. Je tourne quelques instants autour, repérant le système de sécurité, avant de me faufiler dans le maigre espace entre elle et le mur. Ca passe. Je continue à raser les murs et m'enfonce dans l'obscurité du parking. Un tel lieu nous permettra également de voir combien de personnes sont encore là à cette heure.

Un compromis. Parfait. C’était le mieux que l’on puisse faire. Jamais elle ne les aurait laissées en ma possession, de toute évidence. Après tout, elle avait aidé à exterminer les sanguinistes, tâche imputée à Badenov, elle, et moi. Et leur équipe. De toute évidence, elle devait se méfier de moi. A raison. Tout autant que je me méfiais d’elle. Je n’avais pourtant pas la moindre appréhension quant au fait qu’elle efface les vidéos. Après tout, nombreux étaient les secrets de ses vidéos, visiblement mauvais pour Erin, mais utiles pour moi. Peu m’importait qu’elle soit dessus ou non. Je ne comptais pas la faire chanter – pas ainsi. Elle aurait tôt fait de me liquider. Je connaissais de toute façon son existence, la voir sur ces enregistrements ne m’apporterait rien. Avait-elle conscience de la menace que je pouvais être pour son anonymat, au delà d’ailleurs de ces films ? Probablement. Très certainement même.

J’acquiesçais à ses propos. Parfait. Je ne demandais ni plus, ni moins. « Très bien. Je ne ferai pas trainer les choses plus longtemps que nécessaire, ce que peuvent m’apporter ces vidéos doit être trouvé vite, et elles ne doivent pas rester plus que de raison en circulation. Tant pour vous que pour moi, je suppose. Il va cependant falloir vous assurer que l’endroit est imprenable, et que seules des personnes de confiance – dans toute la relativité de la chose – sont autorisées à y accéder, si toutefois vous y donnez l’accès à qui que ce soit. Je ne vais pas vous insulter en stipulant que si seules vous et moi pouvions savoir la présence de ces enregistrements à l’endroit où vous les stockerez serait le mieux. En revanche, j’ose espérer que vous avez un lien où il est possible d’entrer en toute discrétion. Je n’aime pas que l’on puisse prédire mes allées et venues. » Peut-être me jugerait-elle paranoïaque. Sans doute l’étais-je un peu. Son opinion sur le sujet, en revanche, m’indifférait.

Je suivais la jeune femme, observant minutieusement le bâtiment que nous allions prendre d’assaut au passage. Nous dégager une entrée ne serait pas difficile – pas outre mesure, du moins. On ne s’attendait pas à trouver qui que ce soit là, malgré la sécurité mise en place. Une sortie, en revanche… Si nous nous faisions repérer, ce qui ne serait pas l’idéal, nous aurions plus de difficultés à évacuer les lieux. D’où l’utilité de repérer les embûches potentielles qui pouvaient se présenter à nous. L’imprévu serait toujours présent, évidemment, mais les limiter au maximum était indispensable. J’acquiesçais, sans bruit aucun, marchant dans son ombre. Je me fondais presque dans les murs, m’arrêtais et la laissait inspecter l’environnement, avant de me faufiler à sa suite dans le maigre interstice nous protégeant des dispositifs de sécurité.

L’ombre du parking nous est favorable. Nos tenues sombres nous dissimulent parfaitement. Ma peau diaphane et ma chevelure claire pourraient en revanche nous trahir, même si elles se fondaient malgré tout dans la pénombre. Mais ce n’est pas un détail changeable, inutile de s’y attarder. Nous parvenons rapidement à une porte de toute évidence verrouillée, et non accessible à tout un chacun. Peut-être pourrons-nous y trouver une voie vers notre cible. Peut-être est-ce aussi un piège. J’observe un moment assez long la serrure. Inoffensive, surement. Je sors de quoi la crocheter, et m’y attèle le plus vite possible. Une fois fait, je recule, pour laisser la place à Erin.

« Après vous. »

J'avais appris à faire des concessions, et ce n'était ni plus ni moins que ce que je faisais en ce moment. Je me mettais moi même dans une position dangereuse, j'en avais conscience. Déjà que je n'estimais pas la vampire comme quelqu'un de sûr... D'habitude, j'élimine proprement et rapidement les personnes telles qu'elle, qui en savent plus que ce qu'ils ne devraient savoir. Je ne pouvais pas, cette fois. Soit. Mais je la gardais à l'oeil autant que possible. De toute manière, il n'était strictement pas dans son intérêt de divulguer quoi que ce soit ; cela finirait par se savoir et retomberait sur elle. On saurait forcément d'où viendrait la fuite... Bref. Méfiance et prudence, mais nous coopérons. Garder les vidéos pour elle pouvait également me placer en situation délicate, car si les autorités le découvrait, la faute m'en incomberait. A moi et non à elle. Alors que mon objectif était d'anéantir toute trace de leur existence. La vampire acquiesce, satisfaite. J'osais espérer qu'elle ne me cachait pas son jeu, bien que depuis le départ elle m'ait l'air sincère. Elle me demande un lieu discret, connu du moins de monde possible. Tout cela va également dans mon intérêt bien sûr, je choisis toujours mes planques méthodiquement, en général de petits appartements, certains dans des coins animés, d'autres non, selon ce que je voulais en faire.

"Cela va de soi. Mes planques sont sécurisés, et mon... entourage ne comporte que quelques personnes, de toute confiance. Je suis quelqu'un de prudent."

Qu'elle soit assurée que j'étais assez expérimentée pour être sûre de moi et des lieux où je pouvais cacher diverses choses. Sujet donc clos, nous avançons. J'avance, je ne suis qu'un avec la nuit. J'observe, j'analyse, telle l'ombre calculatrice que je suis. La précipitation ne mène jamais à rien de bon. Swayne reste derrière moi, dans la même attitude.

Tout en silence, nous nous faufilons dans le parking. Mes pas ne produisent aucun bruit sur le sol de béton tandis que j'avance encore, sur le qui-vive. Une porte. Je m'arrête à ses côtés, observe la serrure. Rien de très compliqué à crocheter. Swayne me devance et s'attèle à l'ouverture. Ne reste debout et observe sa technique. Elle se débrouille bien, comme quelqu'un d'expérimenté. Pas comme ayant reçun un enseignement spécial et renforcé mais je vois que cela ne fait que peu de différence. Mais nous sommes au calme, peut être que le stress de l'action influerait sur son efficacité, bien que pour une nocturne, j'en doutais.

Elle m'ouvre, je passe, me saisissant de mon pistolet prolongé du silencieux. Je rase les murs ; devant moi s'étire un long couloir nu et froid, caractéristique des constructions modernes. Façade vitrée, plusieurs mètres en face, au bout. J'avance, encore, arrive à une intersection. Toujours la vitre en face, mais sur ma droite, une porte battante s'ouvre sur un autre couloir. Je m'avance, me colle contre la porte que j'ouvre doucement d'une main. Rien. Signe de tête à la vampire. Je passe, pointant mon arme devant moi. Encore rien. Mais quelques mètres plus loin, je finis par trouver ce que je cherche. Un plan par étage, sur le mur. Je m'en approche. Il est vague et global, mais nous donnera certainement une indication d'où chercher.

J’acquiesce, à ses propos concernant ses choix de planques, et ses fréquentations. Proche de la Reine comme elle semblait l’être, il était évident que Prudence devait être son deuxième prénom. Pourtant, on ne contrôlait jamais tout. La preuve en la connaissance de son nom que j’avais : n’était-elle pas censée conserver son anonymat, et n’avais-je pas réussi à manipuler Cora pour le briser ? J’espérais que ça n’était du qu’à l’inconscience de la jeune humaine, maintenant décédée, et qu’un désagrément de ce genre n’arriverait pas à nouveau. Pas que je craigne réellement que l’on sache où je me rendais, peu de gens pourraient en savoir la raison, et quand bien même ce serait le cas, qui me blâmerait de m’intéresser de près aux semi démons pour les traquer ? Bien sûr, on pourrait m’imputer toutes sortes de motivations autres, mais le nombre de gens au courant de ma trahison se comptait sur les doigts d’une main, nul n’avait à douter de moi. Et personne n’envisagerait d’une personne qu’elle soit suffisamment inconsciente pour frayer avec les semi-démons. Non, j’étais sauve de ce côté là.

Bref. Je la suis, alors qu’elle se faufile à l’insu de tous, s’approche de notre graal. Si je n’étais pas suffisamment proche d’elle, je l’aurai perdue de vue depuis longtemps. Elle est douée, et sait de toute évidence ce qu’elle fait. Et d’autant plus dangereuse. Mais c’est mon alliée pour le moment, alors je calque mes pas, mes gestes sur les siens. S’il s’avère qu’elle me tend au final un piège… Elle n’en sortira pas indemne. Et je m’assurerai que les vidéos soient diffusées. Mais je dois mettre ma méfiance de côté. C’est d’ailleurs ce que je fais, alors que je la devance et crochète la serrure qui nous fait obstacle. Elle pourrait saisir l’occasion pour me planter un pieu dans le cœur, rapidement et efficacement.

Mais ça n’est pas le cas. Je m’efface, la laisse passer, armée. Je sors moi aussi le mien. J’ai une certaine maîtrise des armes blanches, mais ça n’est rien comparé aux armes à feu. Et nul ne sait ce qui peut me tomber dessus. Peu importe. Tant que nous ne croisons personne, tout ira bien. Mais dans le couloir vide et éclairé dans lequel nous nous trouvons, nous sommes vulnérables. Si nous pouvions couper le courant… Mais ce serait alerter de notre présence, ou provoquer des va-et-vient indésirables dans le bâtiment.

« Avez-vous de quoi le prendre en photo ? »

Je m’avance, pour vérifier que personne ne vient de l’autre bout du couloir, afin que l’on ne se fasse pas surprendre. Je reste assez proche pour entre la jeune femme, si elle me répond.

Swayne et moi étions passées à l'action, il n'y avait plus de quoi s'attarder sur le reste. Ni elle ni moi n'avions de temps à perdre ; il me fallait agir ce soir, de même pour elle. Le plus tôt est toujours le mieux... Je ne peux me permettre de laisser trainer cette affaire ou encore de la remettre à demain. Pas en les circonstances présentes, où les jours à venir sont plus incertains que jamais. Lorsque je serai morte, que les autorités me découvrent ou non dans ces vidéos n'aura plus aucune importance, c'est maintenant qu'elles en ont. La vampire est dans le même cas que moi, je le sais, sa traque des semis démons ne peut être retardée. Elle reste méfiante à mon égard. Elle reste sur ses gardes... Bien que pour une fois ce ne sera pas de moi que viendra le danger, à moi qu'elle même me fasse un coup fourré. Pourtant elle en savait bien trop sur moi ; en temps normal je ne l'aurai pas laissée vivre dans sa non-vie mais nous n'avions pas le choix. Ce soir non plus, alors que nous entrons enfin dans le bâtiment.

Et rien, un silence parfait, un calme plat. Seule une ouïe sur-développée pourrait entendre ma démarche, travaillée pendant des années et désormais naturelle. Je ne m'attarde pas sur la vampire mais je sais qu'elle me suit et fait de même. Il faut faire vite... Je n'aime pas vraiment ça. Tout mon corps tendu, ma concentration est totale. Il ne faut absolument pas que cette petite intrusion nocturne ne dérape. Swayne sur mes pas, je continue ma progression. Elle pourrait facilement m'attaquer, mais il n'est pas dans son intérêt de le faire, comme du mien. Je ne sens aucun danger venir d'elle et espère ne pas me tromper. Franchement, ce serait idiot.

Je m'arrête devant le plan du bâtiment. Chaque étage est construit sur le même plan, et nous sommes au rez de chaussée. Il y a le détail de l'étage ; on dirait surtout des bureaux administratifs de base, ainsi que la cafétéria. En somme, rien qui ne nous concerne vraiment. Je suppose que l'ordinateur central doit être au sous-sol... La vampire me demande si j'ai de quoi prendre en photo. J'acquiesce.

"Oui. Personne ?"

Non, personne. Je sors rapidement mon téléphone et photographie rapidement le plan, de manière à ce que le résultat soit net. Le but est que nous puissions nous y référer et également revenir à ce point de départ lorsque nous aurons fini le travail. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Je range et rejoins Swayne à l'angle, d'où elle surveille le reste du couloir. Tout est allumé, pourtant l'étage semble entièrement désert. Je chuchote, juste assez fort pour qu'elle m'entende.

"Je pense que nous aurons plus de chances de trouver à l'étage inférieur."

Le manque de gardes est surprenant, pour une société de sécurité, qui stocke grand nombre d’enregistrements. Sont-ils si certains de leur caractère imprenable ? Ou bien n’imaginent-ils à aucun moment qu’ils peuvent abriter des vidéos sensibles, qui seraient mieux enterrées pour bon nom de gens ? Je n’en ai aucune idée, mais cela nous rend service pour le moment. Malgré notre concentration, un trop grand nombre d’opposants pourrait nous être fatal, s’ils venaient à nous attaquer tous à la fois. Quoi que, l’espace restant réduit, ils ne pourraient s’en prendre à nous simultanément. Mais trêve de divagations, je suis celle qui fut mon adversaire, et est une alliée de circonstances pour la deuxième fois. Rien de plus.

J’acquiesce en entendant l’espionne, et progresse rapidement, dans ce couloir bien trop éclairé. Si cela nous permettrait de repérer instantanément l’ennemi qui se présenterait à nous, la réciproque était vraie. Et il était hors de question de laisser qui que ce soit passer l’alerte parce que nous serions restées bien trop de temps à découverte. Je longe malgré tout le mur, dans un réflexe. Comme si cela pouvait m’aider. Je m’arrête, finalement parvenue au bout du couloir. Plusieurs solutions s’offrent à nous : une porte qui s’ouvre sur une cage d’escalier si j’en crois le symbole qui y figure, l’ascenseur – en plein milieu d’un couloir perpendiculaire et bien trop bruyant, et les deux branches de ces deux couloirs, plongées dans la pénombre.

Je me fige, en entendant un bruit venant clairement de l’une des extrémités, la gauche. Nous devons agir, et vite. Car davantage que le son, je ressens aussi le pouvoir qui s’en dégage. Un pouvoir puissant. Nous ne pouvons rester. Je vais rapidement, à vitesse non décelable à l’œil nu, auprès de l’ascenseur pour le déclencher. La diversion nous sera peut-être salutaire. Et dans un autre geste, sans toutefois parler, je fais signe à l’espionne de passer par la cage d’escalier que j’ai ouverte. Devons-nous monter ou descendre ? Il me semble que la salle était accessible à l’étage au-dessus, et je suis certaine que ma mémoire ne me joue pas défaut.

Je suis donc l’espionne, alors qu’elle emprunte l’escalier, chuchotant brièvement que celui qui s’approchait n’était pas humain – et pouvait donc s’avérer dangereux. Sans pour autant que je sache sa nature – la manifestation de son pouvoir était ténue, même si elle me donnait une sensation de puissance et de danger. Ca n’était pas une utilisation en l’instant, mais une légère manifestation. Nous ne devions que davantage nous en méfier.

Ce silence de plomb ne me plait pas du tout. Pas plus que la lumière, qui éclaire chaque recoin des couloirs nus de l'étage. Nous n'avons pas un endroit où nous cacher, si quelqu'un vient. Rien, aucun échappatoire, sauf la sortie ou les escaliers. Les autres étages sont ils aussi éclairés ? C'est certainement le cas, même si j'ose espérer que non. Il est tout de même le milieu de la nuit, et la plupart des employés se trouvent chez eux, en train de dormir... Il ne doit pas rester grand monde, à une telle heure. Pourtant tout reste allumé. Et extrêmement silencieux, bien trop à mon gout. Le moindre bruit, le moindre mouvement, se remarque immédiatement, ce calme en devient pesant. Inquiétant, car anormal. La balance n'est clairement pas en notre faveur, alors que je pensais justement le contraire. Pour autant il n'est pas question de rebrousser chemin, je m'adapte aux difficultés que je rencontre. Sinon, mieux vaut rester cloitrée chez moi jusqu'à la fin de mes jours, je ne servirai plus à rien. Avec un peu de chance, nous seront assez discrètes pour atteindre notre but sans que personne ne passe la tête dans un couloirs. Nous devons bouger, et vite, nous attarder ne ferait qu'augmenter les risques de nous faire repérer. Swayne s'en doute, nous n'avons pas de temps à perdre. Plus vite nous aurons ce que nous cherchons, mieux ce sera. J'espérais également que l'ouïe fine de la vampire pourrait nous être utile, encore que j'avais appris à compter plus sur moi que sur les autres. Je ne me repose pas sur elle, mais autant utiliser un atout lorsqu'on l'a, non ?

Elle acquiesce à mes paroles et se remet en action, rapide et silencieuse. Efficace, en somme. Je la suis, de même, prenant soin de ma démarche et de mon environnement, longeant également le couloir. L'avantage est moindre, avec toute cette lumière, mais c'est toujours mieux que d'évoluer en plein milieu. Une cage d'escalier, sur notre gauche, ainsi qu'un ascenseur. Le deuxième est trop bruyant; le premier ne l'est pas, sauf si la porte grince, ce que l'on ne peut pas prévoir. Les deux autres branches du couloir, bien que plongées dans l'obscurité, ne nous mèneront pas à notre objectif. L'escalier, donc. Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit, un bruit vient briser le silence qui noyait tout l'étage de l'immeuble. Je me stoppe net, alors que mon corps se tend. Ma coéquipière agit rapidement, sans même la voir se déplacer, l'ébranlement de la cage d'ascenseur m'indique qu'elle nous crée une diversion. Nos regards, se croisent, je me jette dans la cage d'escalier, profitant du bruit provoqué par l'autre. Je referme la porte, alors que la nocturne est sur mes pas. Un rapide coup d'oeil au plan que j'ai photographié, je choisis de monter. Swayne me précise dans un murmure que notre nouveau poursuivant n'est pas humain. Mais elle ne me révèle pas pour autant sa nature exacte. Lycan ou vampire ? Ou est elle capable de sentir d'autres pouvoirs ? Je n'en sais rien, et je ne cherche pas à savoir. Je note l'information précieusement et me hâte.

Alors que j'arrive à l'étage supérieur, un nouveau bruit résonne à travers les escaliers obscurs. Cette personne -cette créature- est belle et bien à nos trousses. Rien, pendant quelques secondes : il hésite, et c'est notre chance. Je m'engage dans le couloir. J'entends désormais le son de ses pas qui montent les marches, rapidement. Il sera bien vite ici. Je referme la porte séparant le nouveau couloir des escaliers, et m'engage dans une branche perpendiculaire au couloir actuel, du même côté que la porte de l'escalier. En espérant que cela nous donne un temps d'avance, soit pour l'éliminer, soit pour l'identifier et déguerpir. Je me tourne vers la vampire, et chuchote, alors que les pas se rapprochent encore :

"Et lui, il peut vous sentir ?"

Je m’arrête alors que l’espionne consulte le plan. Bien. Je me concentre, essayant d’en apprendre plus sur notre potentiel assaillant. Rien. S’il a utilisé son pouvoir, ce n’est plus le cas, j’en suis presque persuadée. Mais je n’ai jamais réellement établi un schéma concret de la façon dont fonctionnaient mes « intuitions ». Elles existent, elles m’ont plusieurs fois révélé que j’étais entourée de semblables, mais rien en ce moment. Etait-ce une illusion ? Peu importe, le bruit est bien réel, lui. Même si la manifestation de pouvoir que j’ai senti n’était que fugace. J’avance machinalement, comptant sur la jeune femme me précédant pour s’assurer que je ne fais pas erreur. Ca ne devrait pas être le cas, mais sait-on jamais.

Danvers est rapide, et athlétique. Peu de gens auraient monté un escalier aussi rapidement. Encore moins aussi silencieusement. Ce qui s’avère un atout actuellement pourra devenir une grande force en sa possession, si nous sommes un jour ennemies. Je n’avais nullement eu l’intention de jauger sa personne en venant ici, pas plus que je ne m’attendais à l’y croiser, mais il ne fait aucun doute sur le fait que je vais en apprendre beaucoup. Pas autant que je ne le souhaiterai, certainement. Elle est intelligente, elle doit bien savoir ce que je peux observer ou non. Et je n’avais malgré tout aucun doute sur son professionnalisme, bien que je n’ai pas été au courant de l’étendue de sa maîtrise d’elle-même, avant maintenant.

Je m’arrête tout comme elle, attendant qu’elle agisse, ressorte le plan peut-être, mais elle n’en fait rien. Qu’attend elle ? Un geste, un signe, de la créature qui nous poursuit ? Quelque chose qui le trahisse ? Je doute qu’il ait fait du bruit de manière involontaire. Tout cela me semble bien intentionnel. Peut-être n’est-il pas à notre recherche, et nous prend il pour ce que nous ne sommes pas. Je n’en sais rien, mais il me semble plus prudent de ne pas nous confronter à lui, quels que soient ses buts en venant ici. Peut-être a-t-il tout simplement quelque chose à cacher ou à découvrir, comme Erin et moi, et peut-être veut-il simplement mettre la main sur une vidéo. S’il cherche la même que nous…

« Pas que je sache, mais je ne peux vous l’affirmer. Tout dépend de ce qu’il est. Je doute qu’un lycan ou un métamorphe puisse déceler ma présence. Mais peut-être cachent-ils soigneusement cet état de fait. Il est puissant, dans tous les cas. Nous devons aller vite, et repartir. Ou combattre. Mais nous devons le prendre par surprise, si tel est le cas, et agir maintenant. Il sera sur nous sous peu, vous devez l’entendre aussi bien que moi. »

Nous avions été repérés, purement et simplement. Pourtant, nous n'avions pas fait de bruit, pas plus que de raison. Ma démarche, bien que moins silencieuse que celle de Swayne de part notre différence de nature, était assez discrète pour ne pas alerter quelqu'un de ma présence à l'autre bout du couloir. Mon téléphone n'avait fait strictement aucun bruit en prenant la photo et nous n'avions parlé que de sorte à ce que personne ne nous entende. Pourtant, cela n'avait pas été suffisant. Je réfléchissais, rapidement, essayant de déduire le plus de choses possibles de ce constat et de notre situation. Swayne l'avait senti : une créature surnaturelle, premier danger. Elle aussi nous savait que nous étions là, du moins elle l'avait remarqué en arrivant dans le couloir. Doué. Ne pas savoir à qui, ou à quoi, nous avons affaire ne doit pas nous déstabiliser, bien que cela puisse nous porter préjudice si l'on ne semait pas vite notre poursuivant. Et surtout, si lui arrivait à nous identifier. Notre nombre, notre nature. J'espérais qu'être deux nous donne un certain avantage, mais il était maigre si lui pouvait sentir la vampire et moi. En tout cas, il était rapide. Employé ? Possible. Il pourrait alerter ses supérieurs et nous coller au cul tous ceux encore présents dans les locaux. Il pouvait tout autant être venu comme nous dans le but de dérober une vidéo, des papiers, ou quoi que ce soit qui puisse avoir son importance. Semi-démon voulant voler les enregistrements du St James ? Vraiment, ce serait le comble. Quoi qu'il en soit, il est dix fois moins discret que nous et risque de se faire vite remarquer si quelqu'un traine encore dans cet étage et ces bureaux. Une bonne diversion, sauf s'il recherchait la même chose que nous. Bref.

De toute façon, nous devons agir en vitesse mais tout en prudence. L'attendre n'est peut être pas une bonne idée, bien que j'aime savoir qui court après moi, et même si mon instinct m'ordonne de l'attendre planquée ici pour le neutraliser, ce n'est pas la solution la plus prudente. Si nous redoublons de discrétion et de rapidité, et si la chance est avec nous, peut être pourrons nous nous en tirer sans avoir à nous retrouver face à lui. La chance est une manière de parler, car le hasard n'existe pas. Tout n'est qu'un enchainement sans fin de causes et de conséquences, et quand on ne les connait pas toutes on a l'habitude de nommer cela la chance. C'est le cas. Je ne connais ni la nature de mon ennemi, ni son but. Tout ce que je sais c'est que je suis en terrain relativement sensible où ne faire aucune vague est préférable. Les pas montent les dernières marches. Nous ne pouvons pas nous permettre de l'attendre pour voir sa figure, sa race ne sera pas marquée en plein milieu de toute manière. Et tout ce qui bouge dans cet immeuble est un danger. A fuir en priorité, bien que cela me déplaise. Je hoche la tête.

« Il faut mieux éviter une confrontation directe, tant que l'on peut. »

Je me retourne et m'enfonce dans le couloir plongé dans l'obscurité, alors que je crois entendre la porte de la cage d'escalier s'ouvrir. Il me semble que l'ordinateur de stockage se trouvait de l'autre côté, en face de la porte et non derrière mais nous ne pouvons nous permettre de passer devant. Nous contournerons, et peut être aurons nous semé notre adversaire ou du moins ne tomberons nous pas face à face avec lui. J'accélère l'allure.

Sauf que derrière moi, les pas s'intensifient.

Nous jouions de malchance. Qu’un employé nous repère n’aurait pas eu grande importance – il serait mort en moins de temps qu’il n’en aurait fallu pour le dire. Mais un surnaturel, avec quantité de pouvoirs insoupçonnables tant que sa nature ne m’était pas exposée ? C’était un risque conséquent, quand bien même l’humaine et moi étions rompues à l’art du combat, et douées à ce niveau là. Quoi que, je n’en savais pas grand chose en ce qui concernait ma partenaire d’un soir. Peut-être était-elle un manche. Mais j’en doutais fortement – si tel était le cas, jamais n’aurait-elle occupé la position qu’elle avait, jamais non plus n’aurait-elle pris le risque de me pister quelques temps alors que j’aurai pu lui briser la nuque d’un coup rapide, sinon indolore. J’accélère le pas ; nous devons parvenir avant lui à la salle. Si tel est bien son but. Si ça n’est pas le cas… Un affrontement dans la salle en question détruirait probablement ce que je recherchais, et ça n’était clairement pas bon pour moi. J’aurai pu aller incroyablement plus vite ; et prendre Erin avec moi, mais l’on pouvait se faire repérer s’il pouvait sentir mes pouvoirs – or, ne sachant pas sa nature, je ne pouvais nullement le deviner. Et je ne voulais, pas plus que je ne le pouvais, prendre ce risque.

Je progressais donc au côté de la jeune femme, après qu’elle m’ait indiqué ne pas souhaiter de confrontation directe. Elle avait bien évidemment raison. Le bruit que nous ferions ameuterait bien trop de monde, compromettant par la même notre mission. Le bruit de notre opposant ne m’échappe pas – il n’est nullement discret, et s’il l’était, il en irait de même. Je suis une vampire, après tout. J’évolue à mon aise dans l’obscurité du couloir qui nous accueille, dans laquelle nous devons évoluer et avancer. Je m’arrête un instant, pour regarder le téléphone d’Erin, et surtout le plan dessus. Nous allons à l’opposé, et nous allons devoir faire un grand tour. Je soupire, et enjoins l’humaine à avancer, alors que je m’arrête en entendant la porte de la cage d’escalier grincer. Parfait. Je vais devoir le distraire, qu’il vienne après nous, et non après la salle. Je laissais Danvers avancer, alors même que je restais sur place. Voyant qu’elle avait pris un peu d’avance, je faisais du bruit volontairement afin d’attirer la bête sur nous. Puis je signalais à Erin de courir, auquel cas nous étions en sérieux danger.

Moi-même courrais, essayant de rattraper l’agile espionne, pour nous mener plus vite à notre but. C’était sans compter la créature, qui se transforma. Je ressentais tout : ses ondes de pouvoir, son odeur lupine fortement écœurante, les changements que son cors subissait. La douleur qu’il devait ressentir et mériter. Sans perdre un instant, je continuais à nous presse ; mais transformée, la créature nous rejoint rapidement, alors que nous entrions dans la salle. Nous n’avions plus le choix : c’était elle ou non. Je me plaçais en position défensive, prête à enrayer sa première offensive, puis à l’attaquer ensuite.

Ma démarche était discrète, et celle de la vampire tout autant, voire même plus du fait de sa nature. Le bruit de nos pas était quasiment indécelable à l'oreille humaine. Mais là résidait le coeur du problème : notre poursuivant n'était pas humain, mais c'était bel et bien un être surnaturel qui nous avait repérées. De toute manière, mon alliée d'un soir me l'avait confirmé il y a quelques instants et je ne remettais nullement en doute son affirmation. Bien que je ne sache pas comment elle pouvait déceler ainsi l'inhumanité d'une personne. Elle n'avait en l'instant strictement aucun intérêt à me mentir, sa vie se trouvant tout autant en péril que la mienne. C'était tout. Je n'avais pas confiance en elle, et pour rien au monde je ne lui confierais ma vie. Il en va de même de son côté, bien sûr. Un de nos rares points communs. Swayne savoir se battre aussi, sans aucun doute, bien que je n'ai jamais pu estimer de mes yeux ses capacités à ce niveau. Je l'avais longtemps espionné, oui, épié chacun de ses faits et gestes, j'avais pu remarquer que je n'avais pas n'importe qui en face de moi, mais bien une vampire des plus intelligentes et agiles. Maligne et discrète. Mais en combat, non, je ne l'avais jamais vue. C'est réciproque, du moins je l'espère car sinon j'ai de gros soucis à me faire pour ma sécurité. Et surtout sur mes propres compétences. Néanmoins j'en doutais, je n'étais pas une capable, j'avais conscience de mes capacités et de mes limites, alors si ma propre cible m'avait observé un temps je l'aurai remarqué. Aujourd'hui elle était mon alliée, mais demain peut être redeviendrait elle cette même cible. Je devais prendre cela en compte également, dans chacun de mes actes. J'y prenais garde. Tout ce que je lui donnais à voir pouvait l'aider, pouvait se retourner contre moi un jour. Mais je ne pouvais pas non plus faire exprès d'être bruyante ou d'être une incapable. Pas alors que je jouais ma vie et ma sécurité, pas en terrain dangereux et hostile, pas poursuivie par une mystérieuse créature surnaturelle. Je devais doser chaque chose.

Je craignais également que la créature, quelle qu'elle soit, n'ameute derrière nous le personnel restant encore à cette heure-ci dans l'entreprise, ou du moins à cet étage. La discrétion n'avait pas l'air de faire partie de ses priorités... Etrange tout de même, s'il se trouvait ici tout aussi clandestinement que nous. L'entreprise employait peut être des créatures surnaturelles. Je n'avais, de toute manière, pas le temps pour obtenir de réponse à ces questions : ma sécurité, ma vie et la réussite de ma mission étaient en jeu. Bien que le dernier point soit plus important à mes yeux que tout le reste, si ce vol de vidéo ne permettait pas d'effacer des bases de données toutes images de moi, cela n'aurait servi à rien. Aucune envie non plus de me laisser tuer alors que j'avais déjà fait bien plus dangereux. Je me savais capable de m'en tirer à peu près indemne et je comptais bien le faire, en accomplissant mon but de surcroît. Mais notre ennemi nous poursuivait... Entendait il notre pas ou sentait il l'odeur de la vampire ? Ou les deux ? Tout cela était possible. Je devais me dépêcher.

Je continue à travers le couloir, mais je vois Swayne s'arrêter. Je me retourne vers elle quelques secondes, mon regard croise le sien. Mes pas prennent un peu d'avance alors que j'entends tout le tapage qu'elle fait pour une nouvelle diversion. Rapide, elle se trouve bien vite à mes côtés. Nous y sommes presque... Mais un nouveau bruit, beaucoup moins sympathique, me signale que nous n'en n'avions pas fini avec cette créature. Et sa démarche est de plus en plus rapide, surtout, elle n'est plus humaine. Un lycan ? Sûrement. Un vampire nous aurait déjà rejoint au vu de la rapidité de leurs déplacements. J'entre dans la salle, mais notre assaillant est déjà derrière nous. Je me précipite sur l'ordinateur central, laissant Swayne défendre l'entrée. Je pianote sur le clavier, fébrile. Notre temps est compté désormais... Je sors une clé USB que je branche en vitesse, avant de me mettre à la recherche des enregistrements. Pendant que l'ordinateur charge, je me tourne à demi vers l'entrée de la pièce, empoignant mon arme. Au cas où elle ait besoin d'aide.

J’entendais l’espionne s’agiter, alors que j’attendais l’assaut de la créature. Je n’avais que peu de marge de manœuvre, contrairement à elle. Nous n’étions plus sous couvert du silence, alors que j’allais devoir combattre, clairement. Je ferme la porte, pour m’y appuyer, et peut-être ralentir la créature. Je sens déjà la soif de combat qui me prend, l’envie de le décimer, de lui ôter la vie, mais non sans le faire souffrir auparavant. Vais-je être confronté à l’un de ceux que j’ai déjà traqué ? A Anderson, peut-être ? Oh, il serait plaisant de l’achever, alors qu’il compromet notre sécurité, à mon alliée providentielle et à moi. Est-ce lui ? Est-ce possible, seulement, de mettre fin à ses jours ? Je n’en sais rien, je n’en sais strictement rien, mais je compte bien m’y atteler. Adossée à la porte, j’attendais la créature, prête. Prête à frapper, prête à détruire, prête à apporter la mort. Arme en main. J’aurai pu prendre une arme blanche, privilégier le silence à la rapidité, mais il n’était plus de silence, aucun. Le loup l’avait brisé. Et je le briserai en retour. Et j’étais nettement plus efficace à l’arme à feu, qu’à l’arme blanche. Diablement efficace. Qu’importait, que l’on soit remarqués ? Nous saurions nous en tirer aisément, et je comptais sur mon acolyte forcée pour détruire toute preuve de notre présence en ces locaux en cette nuit. J’étais restée à ses côtés tout le temps de la traversée de ces derniers, me laisser être compromise signifiait qu’elle le serait tout autant.

Alors je prenais mon arme. Féminine, légère à manier, bien que je n’aurai eu aucun problème à porter une arme plus masculine, mais puissante. Je la prenais, et j’attendais de pieds fermes l’ennemi. L’espionne avait tout intérêt à agir correctement, et vite. J’étais rodée, je savais me battre contre des loups. Mais je savais aussi que nous pourrions nous retrouver compromis rapidement, si de trop nombreux témoins arrivaient. Je voulais l’achever, de toute évidence, mais ma sécurité primait. Il ne lui fallut guère plus de quelques secondes, pour se présenter face à moi. J’étais déterminée, et je tirais sur la silhouette. Fine, et élancée. Ca n’était pas un mâle. Peu importait. Les balles en argent qui se trouvaient dans mon arme finiraient par lui être fatales. Ou m’être fatales, si elle les retournait contre moi.

Action ;; Attaquer PNJ louve

Je visais, mais elle vint me heurter et m’envoyer contre la porte, avant même que je ne puisse l’atteindre, me meurtrissant l’épaule. Rien de grave, mais suffisamment pour m’empêcher de loger une balle en argent dans son corps. Les choses s’annonçaient mal. Mais je ne la laisserai pas me battre, pas interrompre Erin.

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Points de vie du PNJ :

Ma respiration est rapide mais régulière, maîtrisée. Garder le contrôle de soi est devenu facile avec le temps, inconscient même. Bien que je ne sois pas infaillible, bien que l'adrénaline puisse toujours me faire perdre mes moyens, les possibilités que cela arrive sont tout de même moindres que des individus non entrainés. Disons que seules des conditions véritablement extrêmes peuvent me déconcentrer. Ma vie, j'ai l'habitude de la jouer en permanence. Je sais que je ne vis que sur un fil, et que celui -ci est fin, aussi tranchant que ma lame. On m'a simplement appris à tenir l'équilibre dessus, et depuis je n'ai jamais cessé. C'est essentiel. Pas mal de gens sur cette planète doivent vouloir ma mort, même s'ils n'ont peut être aucune idée de mon identité. Et pour la donner, je sais à quel point la mort peut être rapide et imprévisible lorsqu'elle décide de frapper. Je n'ai donc aucune seconde à perdre dans cette pièce. Les employés risquent d'arriver à n'importe quel moment... Pourquoi ce loup ? Pourquoi est-il si inconscient au point de briser le silence, le calme qui assurait un minimum de sécurité, autant pour lui que pour nous ? Je ne vais pas aller lui demander. J'ai entièrement confiance envers les capacités de Swayne pour éliminer cet adversaire. Je suppose qu'elle a dû déjà le faire, et en masse, durant les années sanglantes. Peut être même avant. En tout les cas, elle est de taille. Moi, je le suis à récupérer ce que nous sommes venus chercher. J'ai prévu mon matériel, la clef USB, et je sais trouver ce genre d'info sur un ordinateur de stockage. C'était à ce genre de récoltes de données que l'on m'a premièrement formé. Mais dans le domaine de l'ombre, il n'y a aucune barrière entre les compétences. A moins que vous comptiez vous faire attraper ou tuer rapidement. Très rapidement.

J'enclenche donc la clef dans le petit emplacement rectangulaire prévu à cet effet, alors que le système charge. J'entends vite les premiers bruits ; ces créatures sont extrêmement bruyantes et celle ci ne fait rien pour diminuer -ne serait-ce que sensiblement- le volume. Je me retourne finalement vers l'écran, posant l'automatique à côté. Quelques clics, je cherche, je fouille, je finis par trouver. Je transfère sur la clef. Je continue à chercher, encore ; il ne faudrait pas oublier une séquence par précipitation... J'espère juste que la vampire tiendra notre adversaire en respect le temps nécessaire. Les premiers bruits de lutte me parviennent, un coup de feu. Au point où nous en sommes, un peu plus de bruit ne changera plus grand chose. Mes doigts s'activent, fébriles. Je transfère une dernière fois. Je retire la clef, fait un dernier nettoyage sur le système. Plus aucune trace des vidéos ni de l'existence de ma clef ne doivent être visibles. Tandis qu'il s'éteint, je passe un coup sur le clavier, la souris, et tout ce que j'ai pu toucher pour m'assurer qu'aucune empreinte ne pourra être retrouvée malgré les gants. On ne sait jamais, un deuxième passage de vérification n'a jamais tué personne. Sauf notre loup, je l'espère... Non, il faut toujours du bruit. Je reprends mon arme en main. Je range la précieuse clef dans une poche intérieure et jette un coup d'oeil autour de moi. Une porte menant à la salle adjacente. Fermée. Je force la serrure d'un tour de main avec ce que j'ai et pénètre dans le nouveau bureau. Plongé dans l'obscurité. Je repère tout de même facilement la porte menant sur le couloir alors que je lève le flingue à hauteur de mon visage. Je me colle contre le battant de la porte. Je vais devoir agir vite.

D'un seul coup, j'ouvre la porte, allonge le bras, mon pistolet surmonté du silencieux pointé devant moi. Je prends à peine mon temps pour viser. En même temps, cibler une telle masse....

Action ;; Attaquer loup avec arme à feu

La bête change brutalement de direction en me voyant, m'entendant, ou simplement en sentant mon odeur. Ma balle la frôle mais ne commet aucun dégât, et je n'arrive qu'à moitié à éviter son assaut. Ses crocs se referment sur mon épaule gauche, amochant mon vêtement, mais surtout ma peau. Si elle veut du corps à corps...

Points de vie total ;; 20
Points de vie perdus dans ce post ;; 2
Points de vie sauvés dans ce post ;; 0
Points de vie restants ;; 18/20

PdV PNJ:

Je n’appréciais guère de louper la bête, quand j’aurai pu l’achever bien plus rapidement. Mais l’espace restreint n’aidait absolument pas à faire des tirs précis, pas plus que la rapidité de la bête, qui était svelte, agile et contrôlait bien ses mouvements. Et j’entendais du bruit, parvenir de derrière. Nous ne pourrions, et devrions, plus rester bien longtemps. Je campais de nouveau sur mes jambes, bien déterminée à l’achever. Je haïssais les loups, et je comptais bien le lui faire comprendre. Je ne comprenais pas ce qu’une louve venait faire ici, seule, d’ailleurs. Mais peu m’importait. Seul mon désir de l’achever, de la mener au terme de sa vie, comptait. Oh, elle n’allait certainement pas survivre. Nous ne pouvions pas prendre le risque qu’il en soit autrement, de toute façon. J’espère qu’Erin, dans cette salle, prenait soin de désactiver les caméras. Car inévitablement, quelqu’un viendrait. J’entendais déjà la cage d’ascenseur s’activer, des pas dans les escaliers, précipités. Ouais, nous étions en sacrément mauvaise posture. Et démasquées. Je doutais que qui que ce soit nous aient observées, pour le moment, donc notre couverture était sauve. Mais pas si les caméras ci-dessus conservaient une trace de nous. Je sentais la porte bouger derrière moi, et m’éloigner pour laisser l’espace nécessaire à l’humaine de venir dans le couloir, sans lâcher ma cible des yeux.

Action ;; Attaquer PNJ louve

Je mettais en plein dans le mille, et la balle en argent ne semblait pas lui faire du bien, pas du tout. Je jubilais à la vision de la plaie ensanglantée qui s’écoulait rapidement, et ne cicatriserai pas. J’avais longtemps traqué les loups, et observé ce qui leur était fatal. Bien que je ne m’étais pas préparée à croiser un loup ce soir-là, je savais malgré tout qu’elle serait une proie facile, maintenant. Blessée par une balle en argent, qui avait atteint un point sensible visiblement, car elle montrait déjà des signes de faiblesse intense. Je m’apprêtais à m’effacer, voyant Erin sortir son arme, mais elle s’approcha, et me mordit. Une action à risque pour elle comme pour moi. Elle allait forcément ingérer un peu de mon sang. Et moi, être touchée par sa salive. Je jurais, chose qui ne m’arrivait que très rarement, et m’éloignais, pour panser la plaie comme je pouvais. Déchirant une manche du t-shirt que je portais, qui me protégeait de la chaleur mais dont je pouvais me passer, je m’acharnais à bien nettoyer la plaie, même si j’étais certaine que j’allais douiller. Mais elle aussi. Je m’en assurerai. Et avec un peu de chance, Erin l’achèverait. Et nous pourrions partir. Nous allions devoir briser les fenêtres, et sauter par là.

« Je suppose que vous avez supprimé les enregistrements déjà effectués ce soir, et les avez neutralisés ? Elle ne tiendra plus longtemps, mais nous allons devoir partir pas, et pas par la porte d’entrée. La fenêtre derrière nous en fera office. »

Points de vie total ;; 19
Points de vie perdus dans ce post ;; 2 + 1 (salive de louve)
Points de vie sauvés dans ce post ;; 0
Points de vie restants ;; 17

Points de vie du PNJ :

Faire vite. Très vite. Le temps était compté, comme toujours, mais à l'instant encore plus. Avec tout ce boucan, les quelques employés restants n'allaient pas tarder à venir sur les lieux... J'espérais simplement qu'ils ne se situent pas à cet étage même, sinon ils ne prendraient que quelques instants à nous trouver, et nous, nous serions cernées. Tous autant que nous étions ; une vampire et une humaine, se battant contre une louve. Beau bouquet, non ? Je me devais d'éviter de faire la une des journaux. J'avais toujours réussi à me tirer de situations critiques comme celles-ci, et je ne vois pas en quoi les choses devraient changer maintenant. Nous étions tout aussi aptes à nous défendre l'une que l'autre et à neutraliser l'adversaire. Ensuite, sortir ne représentait qu'une difficulté mineure. J'avais réussi à désactiver quelques caméras de surveillance mais j'avais fait vite ; j'espérais que ce soient les bonnes. Peu de chance que je me trompe mais l'erreur est une humaine et la précipitation augmente les risques. Tout n'est que le résultat de causes et de conséquences, de facteurs divers et variés. Et je ne maitrisais pas toujours chacun d'entre eux, j'en avais conscience. C'était impossible. Faire avec, c'était ce que l'on m'avait appris à faire, c'est comme ça que j'avais appris à vivre. Je suis dans mon élément, à l'aise, mais pas sur-confiante non plus. Jamais. Même les plus doués peuvent faire un faux pas un jour, je sais comment frappe la mort. Le silence, la rapidité et l'efficacité sont mes alliées. Swayne l'est, aussi. Bien que je ne la connaisse pas vraiment, ni elle ni ses manières de procéder dans telle situation. Cela peut être un désavantage, mais je me pensais assez professionnelle pour passer au delà. Et elle, trop attachée à sa survie dans sa non-vie. Je sais qu'elle ne me fera pas faux bond, ce serait une erreur de toute manière et elle est assez futée pour ne pas la commettre. Moi non plus. Elle amoche la louve, et je la rate. J'acquiesce rapidement à ses paroles

« Oui, tout est bon. Allons-y avant qu'il ne soit trop tard. »

J'ouvre d'un pied la porte contre laquelle je me tiens toujours, par laquelle je suis arrivée là. Nous ne sommes pas très haut, aucun soucis de chute. Je tire une dernière fois dans la louve, profitant de sa blessure et créant ainsi un rapide échappatoire pour que la vampire et moi nous engouffrions dans la pièce.

Action ;; Attaquer PNJ louve avec arme à feu

TIrer en mouvement ne me réussit pas. Ce n'est pas grave. j'ai le temps de mettre un pied dans la salle alors que je sens une douleur déchirante dans mon mollet : les crocs de la louve sont plantés dedans. Je ne me retourne pas, je ne lui fais pas le plaisir de lui montrer ma souffrance. J'use quelques forces pour refermer la porte violemment, la claquant sur sa tête et l'obligeant à me lâcher. La douleur, je m'en fiche. Non, je sais que la blessure va impacter mon efficacité, mais j'en fais abstraction au niveau mental, le plus possible. On m'a formé à ça, aussi. Je m'avance vers la fenêtre, alors que j'entends les bruits de pas se rapprocher. PLus le temps de tergiverser.

Swayne et moi passons la fenêtre, et disparaissons dans la nuit comme deux ombres.

Points de vie total ;; 20
Points de vie perdus dans ce post ;; 4
Points de vie sauvés dans ce post ;; X
Points de vie restants ;; 14

Spoiler: