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Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyVen 19 Sep - 17:54

J'avais promis à Thomas de passer tous les samedis pour lui filer un coup de main avec les chevaux. Hors on était Samedi. D'habitude j'étais plutôt content de passer la journée avec Thomas. J'adorais apprendre toutes ces choses. Et puis le caractère du vieil homme me plaisait bien. Il était un peu bourru, mais il m'appréciait. Bref, d'habitude je me réveillais naturellement vers 8h, et je sautillais sur place jusqu'à ce que ma mère m'autorise à partir de la maison. Là il était déjà 9h et j'étais encore en train de ressasser dans mon lit. Je faisais quelques cauchemars depuis ma mésaventure dans le quartier craignos. Ca me tracassait. Parler à Phil m'avait aidé un peu, mais ça n'empêche que ça m'avait un peu traumatisé, même si je le dirai sans doute jamais à personne, surtout pas à Sav ou Alexis. Je voulais pas qu'elles me prennent pour un trouillard.

Je poussai un soupir avant de m'extirper de mon lit pour me préparer. J'enfilai un vieux jean rendu souple par une utilisation forcée, ainsi qu'un vieux T-shirt noir que je recouvrai d'un petit blouson. Je l'enlèverai sans doute rapidement. A récurer les boxs on a souvent chaud. Mais le temps d'arriver là-bas, j'avais le temps de chopper la crève, donc autant me couvrir.

Il était presque 11h lorsque j'arrivais chez Thomas. J'avais une heure de retard par rapport à d'habitude. Il ne manquerait pas de le remarquer c'était sûr. On avait pas convenu d'heure vraiment, mais je sais pas, c'était un peu comme un accord tacite. J'arrivais toujours vers 10h d'habitude, alors il devait s'attendre à ce que ce soit toujours comme ça. Je me demandais si il allait m'engueuler. Je savais même pas si j'aurai envie de rétorquer. J'étais d'une humeur bizare. D'un côté je voulais faire comme si rien ne s'était passé. Oublier ces histoires et reprendre ma vie d'avant. Mais en même temps je voulais me sortir de cette peur. L'affronter et réagir. Mais réagir comment ? Je ne pouvais en parler à personne. Déjà j'en avais parlé à Phil, et je commençais à me demander si je n'aurai pas dû me taire. Ca pouvait m'aider comme ça pouvait énerver l'autre tarée et me retomber dessus.

Bon de toute façon là je pouvais rien faire, j'étais coincée chez Thomas pour la journée. « Quand on s'engage on tient ses engagements » avait dit ma mère quand elle avait compris mon manque d'envie de venir bosser aujourd'hui. J'avais grogné un « ouais ouais c'est ça. C'est bon j'vais y aller. » Du coup je décidais d'essayer de profiter au maximum de cette journée. Défi du jour : Ne pas penser à l'autre folle et à mon frère peut-être encore en vie.

J'apperçois Thomas de loin, et presse un peu le pas. Le moral revient un peu en approchant de son atelier de maréchal et des odeurs de chevaux et de fer chauffé. C'est un peu un havre de paix ce lieu. Mine de rien, c'est loin de tout, et c'est difficile d'imaginer que quelqu'un puisse me suivre ici pour une mauvaise raison. Ma mère nous avait confié à Thomas peu après les années sanglantes, la preuve que c'était un lieu sûr. Je laissais aller mes angoisses pour les recroqueviller dans un coin de mon cerveau, tandis que je commençais à m'approcher, essayant de deviner si Thomas m'en voulait de mon retard ou non.


Dernière édition par Darren Stirling le Sam 20 Sep - 15:41, édité 1 fois
Darren Stirling

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyVen 19 Sep - 19:12

J'avais été sur la côte ce matin, pour regarder la glace se former en une croute fine le long de la plage. Il faisait froid, mais le vent était tombé, et la mer calme givrait lentement. Mon coeur se serra... Maintenant, grâce à Maka, je savais que c'était de la faute des semi-démons. Rien que leur nom me faisait peur, m'affolait, même. Seul sur la grève, dans ce silence inquiétant d'une eau immobile, j'écoutais, l'oreille aux aguets, humant l'air à la recherche de dieu sait quoi, sans rien trouver d'autre que l'odeur marine qui me rassurait. Du pied, je testais la croute de glace qui se formait à l'endroit où le sable et l'eau se rencontraient, elle se brisa avec une petite pression. Je songeais qu'elle s'épaississait de plus en plus. La semaine dernière, elle avait cédé tout de suite. Pas cette fois. Entre temps, il y avait eu une tempête qui avait fait disparaître l'auréole givrée, avant qu'elle ne se reforme cette nuit. La lumière pâle rappelait que le soleil d'hiver était au plus bas, Noël approchait, dans quatre jours...

Ma montre indiquait dix heure. Dix heures... Darren devait attaquer la stabulation libre des deux chevaux que j'avais en pension, un blanc et un noir. Des gens du village me les avaient confié, peu de temps après mon arrivée. Je les aimais bien... Black and White, je les nommais ainsi, leurs noms, j'avais oublié, peu importait. Je souris... voir le gamin me changerais un peu, bien qu'il était sensé venir toutes les semaines pour nettoyer à fond l'abri des chevaux. Il était temps que je retourne chez moi. J'avais à faire, trier et charger mes fers neuf, vérifier la bouteille de gaz de ma forge, et d'autres petites choses du même genre. Aujourd'hui, je ne ferrais pas, donc je pensais emmener le gosse manger au pub à midi.

* Seulement s'il bosse bien, sinon, il se contentera de pommes de terres bouilli et de boeuf en boîte ! * me promis-je.

En arrivant, je sus tout de suite que Darren n'était pas arrivé. Cà commençait mal... Ahhh ! les gosses d'aujourd'hui ! Une fois ma caisse de fers posée sur le muret, ma mémoire s'égara dans le passé... Murron... un amour de jeunesse... Mes yeux filèrent dans le vague, je ne voyais plus que cette jeune femme devant moi, avec sa robe légère, ses cheveux volant dans le vent, sa main dans la mienne, nos lèvres... Mes yeux se fermèrent... nos rendez-vous, secrets, d'abord, ensuite, pendant les jeux d'Ecosse... Elle ne m'en voulait pas d'être un enfant de l'assistance, et ne me regardait pas de travers, contrairement à certains autres. Murron ne m'en voulait pas non plus de ne pas avoir été que peu de temps à l'école. J'avais été très tôt dirigé vers un métier manuel. Je murmurais :

- Et c'était moi que Murron avait choisi...

J'entendis le bus de 11 h passer, s'arrêter, puis repartir. Sans doute Darren venait-il d'arriver. Je ne tardais pas à sentir sa présence. Failth se précipita à sa rencontre en jappant joyeusement. Le gamin ne refuserait pas de jouer avec lui ! Je souris. Mon chien avait près d'un an maintenant. Je retirais deux fers de la forge, rouges, beaux et menaçants, avant de les plonger dans un premier, puis un second seau d'eau. Darren approchait. Je grognais pour lui signifier mon mécontentement. Il ne prenait même pas la peine de paraître pressé ou embarrassé de son retard ! Peut-être parce que je l'avais gardé quelques temps, lui, son frère et sa soeur, peu après les Années Sanglantes, lors de mon retour en Ecosse. Murron n'était pas tranquille avec ses gosses à Glasgow, je le comprenais... Ici, les gamins avaient été à l'école d'Aberlady, puis, les années passant, étaient retournés en ville. Le temps passait, c'était comme çà.

Je dis, ronchon :

- Sors les chevaux, attache-les là-bas (je désignais les anneaux scellés dans le mur nord de la maison) et mets-toi au travail : j'te paie pas à rien faire.

C'était pour cacher le plaisir de le revoir. Il le savait, moi aussi. Pas question de lui dire : ah ! bonjour ! tu vas bien ?

* ah çà, non ! *

Je sortis à la main un premier fer, l'observais longuement, puis le pris dans une pince et le remis au feu, laissant la forge ouverte, le temps que je fasse de même avec l'autre. Darren ne manquerait pas de me demander s'il pouvait tenir les pieds ou même tailler la corne. A moins qu'il ne file dans l'écurie pour fuir mes piques.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyMer 24 Sep - 16:18

J’étais encore sur le chemin lorsque le chien de Thomas m’accueillit bruyamment. Lui au moins était toujours content de me voir. A moins qu’il soit juste toujours content de voir du monde. J’en savais rien après tout. Mais j’aimais bien me dire qu’il m’aimait bien, et pour l’instant je n’avais jamais eu une preuve du contraire. Le voir débarquer à toute vitesse me fit rire, et je me baissais pour l’accueillir entre mes bras. Il me lécha le visage en jappant, commençant à me tirer par la manche pour jouer.

« J’aimerai bien, Failth, mais j’suis pas là pour ça. J’vais finir par me faire vraiment engueuler. »


Il me regarda avec des yeux un peu déçus, comme si il avait compris.

« Je jouerai quand j’aurai fini tout ce qu’il y a à faire. Promis. »


Sa queue se remit à s’agiter au son de ma voix, et il repartit vers son maître, se retournant de temps en temps comme pour me dire que je traînais.

La voix un peu ronchon de Thomas accompagna mon arrivée. Quelqu’un qui ne le connaissait pas aurait sans doute pensé qu’il était de mauvaise humeur. Mais je savais que c’était sa façon à lui de dire bonjour. Finalement j’avais bien fait de venir, même si je pensais le contraire en me préparant une heure avant. Je me sentais déjà moins stressé. Mes ennuis attendraient que je sois reparti de chez Thomas.

« Ok j’y vais. »

Je ne m’excusais pas pour le retard. Pas besoin. Connaissant Thomas, il préférerait que je me mette à bosser rapidement plutôt que je perde encore du temps à m’excuser d’en avoir perdu un peu.

J’attrapais les licols posés dans un seau à l’entrée, et m’approchais de celui qui se trouvait le plus au fond. Le blanc. Il avait déjà sorti la tête en m’entendant entrer, et attendait que je vienne le voir.

« Salut beauté ! Ca va comment aujourd’hui ? Je t’ai manqué ? »


J’ouvrais la porte du box tout en parlant, et appuyais ma tête quelques secondes contre la sienne. Notre façon de nous dire bonjour. Je lui enfilais le licol en flattant son encolure, avant de le sortir du box et de l’attacher à l’extérieur.

« Je sors ton copain et j’arrive. »

Le cheval me répondit en évacuant l’air de ses naseaux.

« Allez soit pas jaloux, tu sais bien que c’est toi mon chouchou »
lui répondis-je en riant avant de lui déposer un baiser sur le côté du museau, là ou la peau est douce et fine.

J’allais chercher le second, le noir, puis attrapais les deux longes, une dans chaque main, pour amener les chevaux à l’extérieur et les attacher au mur. Je flattais une nouvelle fois l’encolure de Charming (C’était le nom que je lui avais donné, je trouvais que ça lui allait bien. Avec sa robe presque parfaitement blanche, il avait tout du cheval de prince charmant. ), et me tournais vers la forge où se trouvait Thomas. Je le rejoignis et me posai à l’entrée, pour le regarder travailler. J’aimais beaucoup le regarder travailler le métal. Il avait une façon de faire, une douceur et une force mêlée que je trouvais rassurante et belle.

« Qu’est-ce qu’il y a au programme aujourd’hui ? Tu refais les fers du noir, non ? J’ai cru entendre un son un peu creux sous son postérieur droit. Je pourrai t’aider ? Je ferai les boxes quand même, t’inquiètes. »
Darren Stirling

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyDim 28 Sep - 20:19

Le gamin ne discuta pas et fila doux. Autant dire qu'une fois qu'il eut le dos tourné, je me permis un sourire : un bon p'tit gars, pensais-je... Et moi ? personne après moi pour reprendre la forge. Le temps avait passé... je l'avais pas vu ! Toujours à travailler et à fuir. Y compris cette anomalie génétique qui me faisait craindre une descendance... Une femme n'y survivrait sans doute pas... cela refroidit mes ardeurs d'avoir "descendance", comme on dit. Mon regard revint aux fers, au fond du seau d'eau. Je fermais la porte de la forge qui ronflait encore et le froid me saisit de nouveau. Toute la cour était gelée, le toit portait une croute blanche de givre qui refusait de se faire la malle, même en plein coeur de la journée. Le tas de bois de construction que j'avais apporté deux jours avant avait la même teinte désespérément blanche. Seul le pare-brise échappait à cette folle vague de froid, protégé par un carton, histoire de ne pas avoir à gratter avant de partir.

Ma main plongea dans l'eau tiédit par les fers et les en sortit, trempés... Je les jetais dans un tas de neige tout proche. J'entendais Darren taper la causette avec les chevaux et souris à nouveau. Murron avait de la chance... Bien sûr, élever des gosses n'était pas de tout repos, mais... c'était une continuité, un dû, en quelque sorte, à nos ancêtres. Poursuivre ce qu'ils avaient entrepris : la sauvegarde de la race humaine. Mais étais-je humain ? Nouveau froid sur mes pensées... décidément... Le visage de Maka réussit le tour de force d'apparaître un instant, mais le gamin revint pour savoir si j'allais bien ferrer le noir. Et la fille s'envola !

- Oui, répondis-je, abrupte.

Déjà, je me tournais pour attraper mon truc à roulettes dans lequel se trouvait mes instruments : brochoir, clous, tricoises, rappe, rogne-pied... après quelques cahots sur la glace, me voilà parvenu à bon port. Dans l'autre main, le trépied que je posais près du mur. Le cheval tourna la tête vers moi et leva l'antérieur gauche :

- OK ! on y va pour celui-là, alors.

Si les canassons de mes clients étaient aussi bien élevés... mais il ne fallait pas rêver. J'apportais aussi l

- Sûr ! attrape-lui le pied.

Dès que ce fut fait, je lui tendis le nécessaire pour dériver les clous et ôter l'ancienne ferrure. Autant qu'il se casse le dos : il était jeune. Et moi, je faisais çà trop souvent, tous les jours. Un peu de repos ne se snobait pas. Je ne quittais pas mon "apprenti" des yeux... apprenti... pourquoi pas... c'était un peu comme mettre au monde un nouveau maréchal, non ? mais Darren ne voudrait peut-être pas se lancer dans un métier aussi dur. Désormais, les gosses voulaient être chefs, ingénieurs, astronautes, soldats, pompiers,... que sais-je encore... du prestige. Moi, j'étais même pas un grand cavalier... seulement au service du cheval. Mais on avait besoin de moi : sans moi, pas de cheval, pas d'obstacle, pas de balade, rien ! L'indispensable tout à fait invisible, c'était moi... Je pris le fer quand le fils de Murron me le tendit et le lançais dans le seau éclapé près du trépied.

- Allez hop ! les trois autres maintenant.

Je suivais la progression de Darren, sans un mot, grognant s'il oubliait une manoeuvre, comme bien dériver un clou avant d'arracher le fer. Une fois le noir déferré, je me mis à l'ouvrage et taillais ses pieds, redessinant la sole, les lacunes latérales et la médiane, aussi, vérifiant l'absence de maladies type fourmilière ou pourriture de la fourchette. Tout était bon. Les quatre pieds faits, je tendis un fer à Darren :

- Allez... pose. Fais attention au sens des clous : suis le pied, il te dira où aller.

C'était une ferrure à l'anglaise, à froid. Les fers, je les avais revus avant de les poser, connaissant à fond les petons de mon gaillard. Le noir regarda Darren se mettre à l'ouvrage, me regarda puis donna un premier pied, l'antérieur gauche. Les clous étaient sur l'aimant, faciles à attraper, et la mailloche en main... Darren n'avait pas intérêt de se planter... sans jeu de mots. Je veillais au grain. On avait les mains rouges, et les abriter dans les poches n'empêchait pas qu'elles gèlent dès qu'on les sortait. Pourtant, pas moyen de bosser ganter... pas pour ferrer.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 29 Sep - 14:23

Je ne pouvais pas retenir un sourire en voyant le noir lever docilement le pied rien qu’en entendant le bruit du matériel que Thomas était en train de préparer. La manière qu’avait Thomas d’obtenir tout ce qu’il voulait de ses chevaux m’épatait toujours. Il était impressionnant. C’est comme si ils faisaient de la télépathie. J’étais heureux que Thomas me laisse l’aider. C’était vraiment ce dont j’avais besoin aujourd’hui. Etre ici, et me sentir utile. Faire quelque chose de mes mains, au lieu de me morfondre sur ce que je devais faire pour régler le problème avec cette fille.

Je m’installais de manière à pouvoir maintenir le pied correctement, non sans avoir menacé au préalable le propriétaire du pied de ce qui l’attendait si il me mordait les fesses. Je retirais le fer, et jetais des petits coups d’oeil à Thomas pour vérifier que je ne faisais pas de bêtise, mais il avait l’air de penser à autre chose. Quelque part ça me flattait. Si il ne surveillait pas mes moindre gestes, c’était qu’il me faisait un peu confiance. J’avais déjà retiré des fers, c’est vrai, mais j’étais quand même encore un peu débutant en la matière. Et sa confiance me faisait chaud au coeur. C’est donc le sourire aux lèvres que je continuais mon travail, retirant les fers du noir un à un. Je commençais à prendre de l’assurance, et je travaillais de plus en plus vite.

Et c’est en voulant aller trop vite qu’on fait des erreurs. En retirant le troisième fer, je vais un peu vite, et je commence à retirer le fer avant d’avoir vérifié que tous les clous étaient correctement dérivés. Grognement de la part de Thomas derrière moi, qui finalement vérifie quand même ce que je fais. Je marmonne un «désolé», et je continue plus lentement, en faisant bien attention. Je laisse la place une fois les quatre fers retirés à Thomas, qui commence à nettoyer les pieds et à les préparer pour leurs nouveaux souliers. Pendant ce temps je me place contre Charming, qui tourne la tête pour réclamer des caresses.

Je m’apprêtais à partir faire les box, quand Thomas me tend un fer. Je mets quelques secondes à le lui prendre, ne comprenant pas. D’habitude, il me laisse les retirer, mais pas les poser. Il a trop peur que je fasse une connerie.

«V... Vrai ? Je peux les poser ? Je ferai super gaffe, promis.»

J’attrape le fer tout neuf, et le place sur le pied que le noir m’a donné docilement. J’ai un peu de mal à y croire. Je vais poser un fer. C’est vraiment chouette. J’essaie de faire au mieux, et de ne pas faire de gaffe. Je ne voudrai pas que ce fer soit le dernier que je pose. Je prends un premier clou, que je pose avant de taper un coup de mailloche. J’enchaîne sur d’autres coups, puisque le premier avait l’air bien orienté. Puis je jette un oeil à Thomas avant de prendre le deuxième clou. Je termine mon premier fer, pas peu fier.

«Tu veux jeter un oeil pour vérifier avant que je fasse les autres ?»

Je laissais le noir reposer son pied pendant que je me relevais pour lui laisser la place. Je flattais un peu son encolure, et lui demandait son avis.

«Alors ton nouveau fer, t’en penses quoi ? Cendrillon est bien chaussée ?»


Tiens, Cendrillon. Ca irait bien avec mon Charming. Et puis avec sa couleur charbon, ça se tient en plus. C’est décidé. Le noir vient d’être baptisé par moi.
Darren Stirling

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 29 Sep - 20:28

Darren avait accepté, sans un mot, en se positionnant, tout simplement. Pour observer, d'abord, pour agir, ensuite : j'aimais son côté relativement silencieux et efficace pour un gosse de son âge. J'imaginais toujours les ados perdus dans leurs jeux vidéos et s'agitant dans leurs changements physiques, découvertes de la vie, dans l'écrin, encore, de l'enfance.

- T'as intérêt, p'tit con. Sinon, j'te botte le cul, répondis-je sérieusement, avec le regard le plus dur que je pus trouver au fond de mes prunelles.

Le fait que je raccourcisse les mots ne pouvaient que l'interloquer : je ne le faisais jamais, prenant toujours garde d'avoir une très bonne diction, sachant combien il était facile de tomber dans la facilité, le relâchement, et finalement l'avalement de la plupart des syllabes, jusqu'à n'être plus compréhensible par personne. Et puis, j'avais ma fierté, et je tenais à ce que ma clientèle voit en moi un homme bien élevé et capable de parler correctement. On peut être manuel et parfaitement s'exprimer : aucune incompatibilité entre les deux.

Je ne lui avais pas posé de problème insoluble, lui donnant le fer correspondant à l'antérieur gauche. Darren plaça correctement le pinçon, regarda l'alignement du fer, sa position sur les glomes, sans toucher la fourchette : sans doute m'avait-il longuement observer jusqu'à présent... Je souris, de manière fugace, refusant que le gosse voit comme j'étais content. Il regarda les contre-perçures, prit quelques clous. Je pouvais deviner l'emballement de son coeur... le noir aussi, qui bougea et bouscula du bout du nez les fesses de son apprenti maréchal. L'encouragea-t-il ou lui demandait-il de faire gaffe ?... nos regards se sont croisés, histoires de chevaux, entre nous, complicité inégalée et inégalable...

- Avant de mettre le premier clou, tape à la mailloche sur l'avant du fer, histoire qu'il s'adapte parfaitement au pied, rappelais-je simplement, sans ton particulier.

Le premier clou tournait entre ses doigts, je sentais la tension, l'hésitation :

- Ton client sait absolument tout ce que tu penses, ce que tu ressens.

Aucun reproche, là non plus, simple rappel d'une vérité éternelle : la communion des chevaux avec les hommes étaient tellement incroyables que peu la reconnaissait, y compris chez les "hommes de cheval", qui prétendaient souvent qu'un bon cheval était un cheval "bête"... S'ils savaient... rappel encore :

- Gare à l'affilure.

C'était elle qui dirigerait la pointe vers l'extérieur et éviterait piqûre, enclouage et autres accidents si vite arrivés. Elle devait donc se trouver vers l'intérieur du pied... normal. Logique. Le noir ne bronchait pas, conscient d'être le premier, sans doute, et soucieux que tout se passe bien. La première ferrure n'était pas la plus inquiétante, parce que le jeune qui s'y collait faisait hyper attention.

Bang, bang, bang !

Les coups sonnaient dans le froid, clairs, puissants : Darren y mettait du sien. Bien... songeais-je... Le pied du noir rejoint le sol et le gamin se tourna vers moi, fier comme Artaban. Je regardais, jugeais, puis lâchais :

- Pas mal... rabat les lames et rive les clous.

Pendant l'inspection, il tapait la discute avec son client... j'appréciais les mots, les caresses, l'attention porté au cheval. La pose était presque régulière, les clous sortant quasiment à la même hauteur, ce qui était plutôt rare chez les apprentis. Il se remit au boulot, coupant les lames avec la tricoise, rivant la ferrure grâce à la pince crocodile en posant le pied sur le trépied, donnant un dernier coup de rappe, histoire que le tout soit le plus lisse possible :

- Pas trop... précisais-je. Pas trop...

Le noir s'ébroua, secouant sa crinière épaisse et longue. Je tendis l'autre fer :

- Mets-le. Du temps, je vais tourner les fers postérieurs.

Et sans plus attendre, je filais vers ma forge, y jetant deux fers pré-travaillés industriellement. Le froid se faisait mordant avec la levée du vent de terre. Je plaignais sincèrement les bateaux obligés de naviguer par un temps pareil, rabattus vers le large... il y aurait sans doute des accidents, surtout qu'on avait aperçu des icebergs plus au nord...

* Incroyable... *

Je me demandais si c'était un jeune semi démon incapable de maîtriser son don ou un vieux qui voulait faire ch*er son monde... Je sortis un fer de la forge, le plaçais sur l'enclume et commençais la forme, débarrassant le fer de sa crasse sur le billot, avant de travailler sur la bigorne. Le feretier me servait à tourner le fer selon les besoins, pendant que je frappais en cadence, étamper, contre-percer et finalement dresser le fer. Tout était facilité par les tournures industrielles qu'on me livrait, bien sûr, ce qui me permettait de n'avoir que le fignolage à ma charge. Retour au chaud, sortie de l'autre fer, même travail, retour au chaud, finition du premier, au seau, du second, au seau... L'eau fumait ses nuages de vapeur presque cristalisés à cause du froid intense qui régnait désormais. Mise au deuxième seau, puis je jetais le tout dans le tas de neige.

Je retournais voir mon apprenti :

- Alors ? t'en es où ?

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyVen 3 Oct - 22:34

Si Thomas avait l’air par moment un peu pensif, il avait aussi l’air heureux. Ce n’était pas vraiment flagrant. Certaines personnes étaient plus expressives que d’autres, et Thomas faisait partie des gens les moins expressifs que je connaisse. Le vieil homme (oui, quand on est ado, toute personne ayant plus de 25 ans est vieille) se cachait souvent derrière un visage un peu fermé. Ses sourires étaient plutôt rares, et il ne s’attardait généralement pas à des discussions sans intérêt. Pas qu’il soit désagréable, ou méchant. Il ne perdait juste pas son énergie à ce genre de choses. Je l’avais compris assez rapidement à force de vivre avec lui, et je m’y étais vite habitué. Quelque part ça me changeait des ados superficielles et bruyantes qui caquetaient comme des poules dans les couloirs, et des mecs qui ne perdaient pas une occasion de faire le coq pour les impressionner. C'était reposant.

Même avec mon cerveau occupé entre mon application à bien faire mon travail et mon problème que je n’arrivais pas à sortir entièrement de ma tête, j’avais remarqué les quelques indices qui montraient l’humeur joyeuse de mon employeur. Malgré son regard dur, il ne me trompe pas une seule seconde. Sa façon de parler est celle des bons jours. Il se lâche un peu. Je me permets de répondre de manière un peu insolente du coup. Je sais qu’il joue, et que son air sérieux n’est qu’une façade.

«J’aimerai bien voir ça tiens, faudrait déjà que t’arrives à lever la jambe jusque là»

Je le regarde avec un petit air espiègle et me mets au travail, essayant de reproduire au mieux les gestes tant de fois observés, et suivant les conseils de Thomas pour ne pas faire de faux-pas.

«Je ne sais pas si il sait tout ce que je pense, mais en tous cas c’est clair qu’il sait tout ce que tu penses. Tu as vraiment un feeling avec les chevaux. Je rêverai d’avoir le même talent.»

Je termine mon premier fer sans erreur irréparable. J’étais déjà fier d’avoir réussi, mais ma fierté est vraiment à son comble lorsqu’il me tend le second en m’expliquant qu’il va s’occuper des deux derniers pendant que je le poserai. Il me laisse poser le fer tout seul. Sans me surveiller. D’une part ça me stresse énormément (après tout il a quand même dû me corriger et me conseiller à plusieurs reprises lors de la première pose), mais de l’autre ça me flatte. Il m’accorde sa confiance. Je suis digne de poser un fer seul. Ce n’est pas rien. C’est le cheval qui en pâtira si je fais une erreur. Et Thomas prend la santé et le bien-être de ses bêtes bien plus à coeur que sa propre santé.

Je reste à le regarder sans rien dire, abasourdi par tant de confiance accordée, et je le regarde s’éloigner, me laissant seul en compagnie de Charming et Cendrillon, qui me regarde, l’air de dire «bon tu t’y mets où tu attends qu’il neige». Je regarde le fer dans ma main, puis Cendrillon. Enfin je me secoue intérieurement et me place de l’autre côté pour me mettre au travail, faisant plus attention que jamais à mes gestes. Pas question de faire la moindre erreur. Je veux que ce soit parfait quand il reviendra. Il ne regrettera pas de m’avoir fait confiance. Je me mets donc au travail, concentré à 100% sur le sabot entre mes mains.

Je ne remarque pas Failth, qui s’était éloigné pour aller jouer un peu plus loin, et revenait à la charge pour me montrer sa prise : un oiseau qu’il avait visiblement réussi à attraper au vol. Cendrillon, lui, a bien remarqué le chien courir vers nous. Et le calme qu’il avait gardé jusqu’à présent laisse place à un énervement. Pas vraiment une inquiétude, il connaît bien Failth et sait qu’il ne lui veut pas de mal. Mais un agacement de le voir venir courir entre ses jambes alors qu’il ne peut pas bouger. Le cheval reprend son pied, alors que je venais de placer un clou pour fixer le fer. Je n’ai pas le temps de réagir qu’il l’a reposé, tordant l’extrémité du clou, pas encore complètement enfoncé.

Evidemment c’est à ce moment précis que Thomas sort de la forge pour me demander où j’en suis. Mon regard fait quelques allers-retours entre le cheval qui s’agite et Thomas.

«Je... Euh... C’est Failth. Il est arrivé, j’ai pas fait gaffe. Et Cendrillon a reposé son pied avant que j’ai eu le temps d’enfoncer complètement le clou. Je... J’espère que... Enfin, que c’est pas trop grave. Je suis désolé...»

Désolé et dépité. Prêt à subir le courroux de Thomas. Si le pied s’infecte à cause de moi, je vais m’en vouloir pendant très longtemps. Et puis il me fera plus jamais confiance, si je suis même pas fichu de mettre un fer correctement au cheval le plus docile du monde. J’ai presque les larmes aux yeux alors que tous les scénarios passent dans ma tête. Thomas qui me vire et qui ne veut plus me revoir. Le pied de Cendrillon qui s’infecte et le cheval incapable de galoper librement dans les champs. C’est ridicule, c’est sans doute presque rien. Mais avec les soucis que j’ai ces derniers-temps, et la pression que je me suis mise pour que mon travail soit parfait, la déception est accentuée. Pour le dire plus simplement, j’ai les boules.

Le museau du chiot vient se poser dans ma main que j’ai laissé pendre le long de mon corps. Sa langue vient me lécher la main. Il a les oreilles baissé sur le côté, et la queue entre les jambes. Comme si il comprenait que c’est parce qu’il est arrivé que je suis si triste, même si il ne comprends pas exactement pourquoi.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyDim 5 Oct - 21:03

J'avais laissé le jeune homme tout seul, pour qu'il ne sente pas mon regard sur lui, ce qui l'aurait poussé à l'erreur. Et là, il ne s'agissait pas d'une faute de frappe sur un texte : c'était beaucoup plus grave. L'espace pour clouer était fort étroit, et on atteignait vite les chairs. Donc, seul face à l'ouvrage, l'ado devrait se débrouiller. De retour vers les chevaux, les fers dans la main gauche, j'observais le travail de Darren et me retins de tout commentaire : je voulais qu'il fasse son autocritique. C'est comme çà qu'on apprenait le mieux. Une bourrasque fit le tour de la maison, comme mut par la ferme intention de la soulever et de l'emporter, puis s'évapora aussi vite qu'elle était venue, laissant retomber les crinières des chevaux. Le temps n'avait rien d'amical et dès que nous aurions fini l'ouvrage, il faudrait rentrer se mettre au chaud. En attendant... il y avait ce que je voyais...

Immédiatement, j'avais vu le pied à terre et le clou qui sortait de mauvaise manière : cheval encloué. Le noir s'ébroua et regarda Darren sans animosité, juste l'air de dire :" bon, tu te bouges ?". Le chien, aussi, qui jappait, et l'agacement du noir qui me regardait arriver. Je devinais ce qui venait de se passer mais laissais Darren assumer, expliquer. Il le fit... me parla.

- Ce n'est pas la faute du chien, répliquais-je fermement.

Le ton était sans appel. Je sifflais et Failth vint au pied immédiatement, frétillant de plaisir d'obéir à un ordre. Je caressais sa tête de l'éponge des fers dans un mouvement de gratte-gratte d'avant en arrière sur le sommet du crâne, et ses yeux brillaient d'amour tandis que sa queue ne cessait de s'agiter, faisant bouger son popotin. Ce berger était une boule de nerfs, d'amour et des conneries. Il les enfilait les unes aux autres comme un collier de perles, mais était adorable. Il faudrait encore une bonne année pour qu'il se calme et se comporte comme on est en droit de l'attendre d'un chien. Pour le moment, Darren s'embrouillait :

- Désolé ? insistais-je.

Ma voix se fit plus forte et :

- Tu comptes resté planté là ou faire quelque chose ? Assume !

Je n'étais pas à proprement parlé furieux contre le fils de Murron, mais le voir là à ne rien faire qu'à s'excuser m'horripila. C'était çà, les gamins des villes, avec l'habitude que les adultes récupèrent toutes leurs conneries. D'ailleurs, les parents avaient des assurances pour tout, et le disaient aux gosses, qui se sentaient déchargés de toute responsabilité. Un cercle vicieux qu'il fallait briser. Darren devait devenir un homme, accepter que tout ne se passe pas comme il l'aurait voulu et faire avec. Mon amie, sa mère, le dorlotait trop à mon goût. J'attendais en croisant les bras sur ma poitrine. Les embruns de la mer nous parvenaient par dessus les dunes et on entendait la furie de la mer à présent.

Je savais que le petit trouverait le ressort nécessaire à se sortir d'affaire, et à vrai dire, l'enclouage n'était pas très grave. On parlait même, en vérité, de piquage, si le maréchal reprenait tout de suite le clou, et en plaçait un autre correctement. Pas de quoi paniquer, donc, mais je ne voulais pas le dire tout de suite à Darren. Je le lui avouerai plus tard. D'ailleurs, s'il avait une quelconque mémoire, cet ado, il se souviendrait de tout ce que je lui avais enseigné. Et piquer un cheval qui bouge, çà pouvait arriver à tout le monde. Ce que je voulais, c'était voir comment il réagirait. D'abord, face au cheval, puis face à ses responsabilités, enfin, envers moi.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 6 Oct - 0:26

Je sentis la déception de Thomas avant même qu’il ne prononce le moindre mot. J’espérais qu’il me rassure, qu’il me dise que ce n’était pas grave, que le cheval n’aurait plus rien dans quelques jours, et que ça pouvait arriver à tout le monde. Au lieu de ça, Thomas est fidèle à lui même. Franc, et sincère. Ce qui s’est passé est entièrement ma faute. Mes yeux se remplissent de larmes. Je suis déçu de l’avoir déçu. Je suis déçu de moi-même. J’aurai dû prévoir ce qui se passerait, m’assurer avant de poser chaque clou que le cheval était calme. J’aurai dû écouter Cendrillon. Il m’a lancé des signes avant de reprendre son pied. Je n’ai pas écouté. Je n’ai pas été assez attentif. Et maintenant c’est lui qui souffre, par ma faute.

« Je... Oui. C’est ma faute... Je... Je suis désolé.»

Mon regard se baisse vers le sol pour dissimuler les premières larmes qui apparaissent dans le coin de mes yeux. Ma gorge se noue en une boule et ma bouche s’assèche. Je suis bon à rien. Même pas fichu de faire ce qu’on attend de moi sans provoquer une catastrophe. Failth rejoint son maître à son appel. La voix de Thomas retentit encore une fois, et je m’enfonce encore plus profond dans le sol. Faire quelque chose ? Mais quoi ? Si je retouche au pied de Cendrillon je vais empirer les choses. Je suis nul. J’ai envie de partir en courant, et d’aller mettre des coups de pied dans des galets sur la plage. Mais si je fais ça, Thomas me pardonnera jamais.

Je ravale la boule formée dans ma gorge. Boule qui se reforme quelques secondes à peine plus tard. Je passe ma main sur ma joue, pour essuyer la larme qui vient d’y couler, et je me retourne vers le Noir, sans dire un mot. J’attrape une pince dans le seau, et laisse glisser ma main le long de sa jambe. Il ne me donne pas son pied. J’ai perdu sa confiance, comme j’ai perdu celle de Thomas. D’autres larmes se mettent à couler, que j’essuie avec la manche de mon pull. Je pousse Cendrillon légèrement, pour qu’il prenne appui sur ses autres jambes, et je lui murmure des excuses.

Le pied se soulève du sol, et je sens la peau frémir sous mes doigts. Je n’arrête pas de murmurer des propos incohérents, pour le rassurer, ou pour me rassurer je ne sais pas trop. Je respire un bon coup et attrape le clou avec la pince pour le retirer d’un coup. Je sais que si je le fais doucement, il va souffrir, s’agacer, et il risquerait de se blesser encore plus. Mon autre main maintient son pied, qu’il essaie de récupérer.

«Là mon grand. J’ai presque terminé.»


J’essuyais mes larmes avant de relever la tête vers Thomas, essayant de ne pas faire trembler ma voix.

« Il vaut mieux que j’enlève complètement le fer avant de désinfecter, non ?»

Ses bras croisés avaient l’air de me dire «t’es tout seul là-dessus. C’est tes conneries, c’est toi qui répare» , mais j’avais vraiment besoin qu’il m’aide. Après tout c’était la première fois que je posais des fers. Toutes les fois où je l’avais regardé, ce genre d’incidents ne s’était évidemment pas produit. Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire.

HRP:
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 6 Oct - 13:03

* Et le voilà qui se met à chialer maintenant !!!! *

J'avais beau faire, ses larmes m'émouvaient, me disaient que j'y avais été trop fort, trop à l'ancienne, quoi... de nos jours, les gosses sont tellement différents de ceux de mon époque... C'est pas que je sois si vieux que çà, mais des coups de trique, j'en ai pris plus souvent qu'à mon tour... et des réflexions... bien pires que celle que je venais de dire... des "t'es bon à rien, mauvais en tout ! mais qu'est-ce-que c'est que ce torchon ???" ces airs indignés de professeurs remplis de savoir et qui affirmaient mon infirmité à apprendre... mon exclusion du système scolaire... moi aussi, j'en avais versé, des larmes... personne ne voulait de moi, à l'époque... et ce fut mon maître d'apprentissage qui me sauva. Pourtant, je ne tentais rien pour tarir ces larmes... Le temps de l'enfance se terminait pour Darren... il devait s'endurcir... et moi seul pouvait être ce passeur... Mais j'avais du mal à assumer ce rôle de "père" que personne n'avait tenu pour moi... jusqu'à mon maître d'apprentissage.... ce maréchal taiseux, bosseur, dur et tendre à la fois, qui m'emmenait partout avec lui, dans les pubs, les jeux écossais... il m'avait donné mon premier kilt, aux couleurs de sa famille -parce que moi, j'en avais pas, de famille, pas de clan, non plus...- j'étais rentré dans sa famille, dans son clan. J'avais ce que les autres, qui étaient restés à l'école, pour faire des études, n'avaient pas : des racines, profondes, fortes, puissantes, qui me disaient d'où je venais et où je devais aller. Prêt à courir au secours du gamin, je dois me retenir et cela me coûte. Darren finit par prendre le pied, enlever le clou, avant de me demander s'il doit tout enlever, désinfecter et tout... Je m'approche, bourru, le pousse de là, vérifie le pied, l'applomb, d'un oeil auquel rien n'échappe, puis lui demande de reprendre sa place :

- Non. Continue.

Le noir me regarde et ne bouge pas, patient, il attend que son chausseur veuille bien se remettre à l'ouvrage, clou après clou. Je sens la tension du jeune, mais mon regard pèse sur son dos comme si je voulais le river au sol. Quand il a terminé, le cheval repose son pied au sol et j'ajoute :

- T'as pas fini... toujours bourru, à moitié avalé par ma barbe naissante.

J'allais pas le lâcher comme çà. Certes, il avait pleuré, mais n'avait pas fuit ses responsabilités, ni son travail. C'était bien, mais je ne le dirai pas, bien sûr... Cela, Murron s'en chargeait bien assez tous les jours... Darren devait encore couper les pointes, les brocher, passer un nouveau coup de rappe sur le pied pour en assurer l'arrondi, tout cela sur le trépied, avant de vérifier la régularité des aplombs du noir. Quand ce fut fait, je lui tendis les deux autres fers :

- Allez !

Pas question de le laisser comme çà... Je fis demi tour et lançais :

- Je fais les autres fers. Du temps, termine le noir, et déferre le blanc. Je viendrai faire le parage quand tu m'appelleras.

Déjà, j'avais tourné le coin de la maison, direction ma camionnette et la forge, choisissant les fers pour l'autre cheval. La solitude est parfois nécessaire à l'éducation d'un jeune homme. Se trouver face à de grandes responsabilités était le seul moyen d'apprendre la vie. Dommage que de nos jours, le coton étouffe si bien les jeunes pousses...

Peut-être que tous ces maux qui nous assaillaient, les lupins, les vampires et maintenant les semi-démons, étaient la résultante de notre laisser-aller... Une punition des anciens dieux que le nouveau ne pouvait endiguer ?... puisqu'il les avait créé lui-même. Je me grattais la barbe hirsute qui perçait ma peau, regardais les piquets obliques qui soutenaient les fers dans ma camionnettes, formant un mur de ferraille grise un peu inquiétante, éponges vers le bas, en choisis deux et retournais au cul du camion pour les poser un moment sur l'enclume. Dans quelques jours, je rejoindrais Maka au bal du Nouvel An... cette perspective me fit sourire, enfin... et j'entendais les coups de marteau de Darren... tout allait bien... je ne devais pas rêvasser mais me mettre au boulot, moi aussi, sinon, on allait geler dehors au lieu d'aller se régaler au pub du coin ! D'une main, je pris un fer, le jetais au feu, refermais la forge, et jouais du marteau sur l'enclume, en rythme, comme pour guider celui du petit.

* Et s'il me succédait ?... *

Non... de nos jours, les jeunes veulent un boulot propre, bien au chaud, dans un bureau, et bien gagner leur vie. Moi, je gagnais bien la mienne... Mais il fallait de la force et de l'endurance, c'était physique. Pas question d'être malade non plus. Les arrêts maladies, c'était seulement pour les employés, pas pour les patrons... J'avais jamais abordé le futur avec Darren, et ignorais totalement ce qu'il voudrait faire plus tard... je me promis d'aborder le sujet, au repas de midi.

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyMer 8 Oct - 23:43

Ma question reste sans réponse. En lieu de réponse, Thomas s’approche pour prendre ma place et inspecter le fer et le pied. Dans un silence de mort. Je glisse machinalement ma main entre les crins de Cendrillon mais le coeur n’y est pas vraiment. C’est plus un réflexe qu’autre chose. J’observe le dos de Thomas, penché sur le pied du cheval. Je stresse. Je profite qu’il ne regarde pas pour essuyer les dernières larmes qui ont coulé pendant que je retirais le clou mal posé. Finalement il se relève et me dit de continuer.

Je me remets en place et recommence à poser les clous manquants. Mon coeur a arrêté de battre pendant que je tapais sur le premier clou, à l’endroit de celui qui est parti de travers la première fois. Il repart à fond une fois le clou posé correctement, et je prends quelques secondes avant de prendre le suivant. Une fois tous les clous posés, je laisse le cheval reprendre son pied.

Pas de félicitations, pas d’encouragement. Ce n’est pas le genre de Thomas. Il m’incite à continuer, à ne pas prendre de repos tant que le boulot n’est pas fini. Je m’empare donc du matériel adéquat, et termine le travail. Soulagement. Ma respiration et mon coeur reprennent un rythme normal tandis que je vérifie que le cheval est bien équilibré dans ses appuis. Je me tourne vers Thomas, m’apprêtant à lui dire que je lui laisse les autres, vu qu’il reste encore les box à nettoyer. Mais je n’en ai pas le temps. Dépité, je vois les deux fers qu’il me tend avant de se retourner pour me lancer les instructions suivantes.

Je reste planté avec mes deux fers à la main. Finir de ferrer Cendrillon ? Alors que j’ai failli lui clouer le pied et l’obliger à boiter pendant des semaines ? Il est fou ? Je le regarde s’éloigner sans se retourner, suivi de Failth. Je secoue la tête, et me retourne pour regarder Cendrillon, qui me regarde, l’air de me demander ce que j’attends. Je me mets au travail, et entends bientôt les chocs du marteau de Thomas à l’unisson des miens. Cette fois pas de problème, mon troisième fer est aussi réussi que le premier. Espérons que ce n’est pas un sur deux de réussi, un sur deux de raté. J’enchaîne sur le dernier fer, de nouveau sans soucis. Je fais toutes les vérifications, repassant un coup de râpe sur le troisième après réflexion.

J’entends toujours les coups de marteau, et me lance donc dans ma seconde mission. Je déplace le matériel pour le placer autour de Charming, dont j’entoure l’encolure de mes bras pour le laisser poser sa tête sur mon dos. Sentir sa chaleur contre moi me fait du bien, physiquement mais aussi psychologiquement. Je me sépare de lui assez rapidement cependant, ne voulant pas que Thomas me trouve en train de câliner le cheval au lieu de faire mon boulot. Je retire un premier fer, puis un deuxième lorsque j’entends Thomas arriver derrière moi.

«J’ai presque fini. Tu peux vérifier les sabots du Noir pendant que je termine si tu veux.»

Mes larmes sont sèches, et ma voix est neutre. J’ai repris une contenance, même si je me sens encore un peu honteux.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyJeu 9 Oct - 20:45

Une fois tournés les deux antérieurs destinés au blanc, jetés dans un premier, puis un second seau d'eau avant de terminer leur course dans le tas de neige, je me redresse et tends l'oreille. Darren travaille et je souris. Après tout, c'est pas parce qu'on manque un truc que tout le reste est fichu, heureusement ! Mon chien s'était couché dans la camionnette, histoire de ne pas se geler dehors. Je levais le nez. Les nuages viraient au jaune, annonçant une prochaine chute de neige... encore une autre... Au loin, les flots mugissaient avec le vent : une chance que les dunes s'interposent entre eux et la maison. L'odeur du sel prenait presque à la gorge. Je me penchais, attrapais les fers refroidis, noirs, et me dirigeais vers les chevaux. Le fils de Murron déferrais le blanc, qui parfois s'appuyait trop contre lui, en pesant de tout son poids. Je me raclais la gorge et le cheval me regarda en soulageant un peu le gamin. Ce blanc était un plaisantin auquel il était parfois nécessaire de rappeler qu'on n'était pas là pour le porter. Le gosse avait séché ses larmes et le boulot avait fait le reste : effacer la probable mauvaise opinion qu'il avait de lui. L'expérience lui servait à savoir qu'il pouvait commettre des erreurs, et que, pour autant, ce n'était pas la fin de tout. Qu'il fallait recommencer en s'appliquant, aller de l'avant quoi...

* Comme moi avec Maka... *

Le souvenir de la jeune femme fit basculer mon regard dans la tendresse, mais je me repris dès que Darren se redressa pour me parler. Un peu surpris, je lui tendis avec une certaine rudesse, les deux fers, et demandais :

- Prends-le et fais-le marcher, que je vois çà.

Et une fois fait :

- La même chose au trot.

Le ton était celui d'un professionnel parlant à un autre professionnel, relation de travail, sérieuse, dépourvue de sentiment, sans être froid pour autant. Ici, il s'agissait de parcourir une quinzaine de mètres dans la cour et de revenir, pour me permettre de juger des aplombs dans la démarche du cheval. Le noir était bien content, visiblement, de ses nouvelles chaussures, surtout que les clous neufs l'aidaient à ne pas glisser sur le verglas.

- Mouais. Tu peux le rentrer.

Je pouvais deviner une certaine inquiétude, pourtant, chez Darren, et jugeais inutile de le torturer plus :

- Tu l'as "piqué". Cà arrive. Le principal est de s'en rendre compte et de se reprendre.

Voilà, c'était dit. Pas d'excuses, juste une explication. Darren devrait grandir. Je n'étais pas vache. Les autres adultes qu'il croiserait ne seraient pas tous comme moi, communiquant et prêts à partager leur savoir. Non... certains même lui feraient payer sa jeunesse, par jalousie, aigreur, fatalisme. Je savais aussi que le gamin aimait les animaux, qu'il faisait son possible pour bien faire, et surtout pour leur confort.

- Laisse-le là. Inutile de le rentrer dans la merde.

Petit rappel, sans doute, sur la suite du boulot de ce jeune homme. Non, il n'y couperait pas, mais se voyait simplement gratifié d'une charge supplémentaire de responsabilités. Même les longes se raidissaient sous l'emprise du froid : çà devenait malsain de rester dehors par ces températures.

- On les enfermera dans la stabulation, ajoutais-je.

Inutile d'exposer les chevaux à un froid si violent.

- Je pense qu'il faudra la fermer avec des planches. J'irais en chercher chez Mc Cormick, cet après-midi. Ca te dit de venir ?

Mc Cormick avait une scirie à un peu plus d'un kilomètre d'ici. C'était un bosseur acharné, qui faisait tourner son affaire d'une main de maître et se plaignait du froid, comme nous tous qui travaillions dehors. Grand costaud, pourvus de favoris roux et d'abdo "Kro", c'était un bon vivant, bien que proche de ses sous, qui ne faisait de cadeaux à personne, mais n'avait rien de méchant pour autant.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptySam 11 Oct - 13:12

Une fois les fers de Charming retirés, Thomas me demande de faire marcher Cendrillon, histoire de vérifier si tout va bien, si il ne boite pas ou ne montre pas de gêne. Je le fais marcher, puis trotter. Mes jambes sont un peu engourdies par le froid, et c’est un peu douloureux au début. Mais je sens vite le sang affluer et réchauffer mes membres. J’apprécie de pouvoir me réchauffer un peu, pourtant je stresse un peu, m’attendant à voir le cheval se mettre à boiter à cause du clou que j’ai mal enfoncé.

En revenant vers Thomas, j’observe son visage concentré sur le cheval que j’ai en main. Il finit par me dire que je peux le rentrer. Je suis soulagé, mais je lance quand même un regard vers la tête de Cendrillon, essayant de lire dans ses yeux si il m’en veut. Thomas a dû comprendre, car il m’adresse quelques mots que je pourrai presque qualifier de gentil et rassurant. Venant de lui, c’est beaucoup. L’incident est clos. J’ai merdé, mais j’ai fait ce qu’il fallait pour réparer mon erreur.

Je jette un oeil vers la stabulation, qui n’a pas encore été nettoyée. Thomas me le rappelle d’ailleurs, me disant de laisser Cendrillon pendant que je nettoie le box. Ca veut aussi dire qu’il ne faut pas que je traîne. Les chevaux vont rapidement en avoir marre de supporter le froid dehors.

«Je te laisse poser les fers du blanc ? Comme ça je peux nettoyer les box en même temps, et les chevaux resteront moins longtemps dans le froid.»

Je me dirige déjà vers l’intérieur lorsque Thomas m’explique ses plans pour l’après-midi. Je lui réponds sans me retourner, pendant que je prend la fourche et la brouette, rangées à l’entrée du bâtiment.

«Oui carrément. Mais faut pas que je rentre trop tard aujourd’hui, j’ai promis à ma mère de l’aider à préparer le repas ce soir.»


Je me mets au travail, retirant la paille souillée pour nettoyer le sol et la remplacer par de la paille et du foin propres. Je remplis également les abreuvoirs, puis je me recule pour vérifier que je n’ai rien oublié. Lorsque je ressors, Thomas est en train de terminer. Je m’approche de Cendrillon pour le ramener le temps qu’il ait complètement fini, et j’en profite pour regarder l’heure sur ma montre. Déjà une heure.

«J’ai fini. Je rentre le noir pendant que tu termines. Par contre j’ai rien amené pour manger... Si on va chez Mc Cormick, je sais pas si je vais tenir jusqu’à ce que je sois rentré à la maison...»

Le froid, ça creuse, et le travail aussi. Les deux combinés, ça donne qu’à 13h, on a la dalle.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyJeu 16 Oct - 16:56

Il avait l'art de s'esquiver... voilà ce que je ressentis. Ou plutôt, de fuir les responsabilités. Peur des remontrances ? des remarques ? de se sentir dévaloriser ? N'ayant aucune réponse pour le moment, je laissais tomber. Sans doute étais je trop dur. Mon enfance, probablement, que je devais éviter de reproduire chez un autre jeune, par trop d'inflexibilité. Le gamin s'activait déjà dans la stabulation... Nous devions aller chercher les planches, après avoir manger un morceau, bien au chaud au pub. J'avais promis à Darren de le ramener moi même chez sa mère. En attendant, on gelait sur pieds... Un moment, je songeais à faire ferrer le deuxième par mon aide, mais non, trop de pression n'était pas bon pour lui. Ma main gauche passa dans le poil épais du cheval, puis la descendis pour demander le pied. J'avais l'habitude et sept clous plus tard, la ferrure était posée. Un coup d'oeil à l'aplomb, et je finis le travail en coupant les pointes, les retournais, fichait un coup de râpe... et cela quatre fois... La forge éteinte était déjà froide : incroyable, je fermais la porte coulissante de la camionnette, et mis le moteur à tourner avant de retourner voir Darren. Il mettait la paille et je lui dis d'en rajouter encore. Le froid mordant semblait vouloir nous déchiqueter maintenant. Pendant que le gosse revenait avec les deux chevaux, je jetais un dernier coup d'oeil aux montants auxquels je comptais ajouter les planches pour couper le vent. Maintenant, l'endroit sentait bon la paille et le foin. Ces deux éléments réchauffaient déjà l'écurie, et les chevaux s'y étaient engouffrés pour se jeter sur le foin, ajoutant leur chaleur douce. Failth vint mettre son nez, histoire de vérifier que tout était prêt.

Allez hop, on y va

J'invitais ainsi le gamin à sauter dans la voiture, sans lui dire où nous allions, avant de m'installer au volant, après que le chien, et oui, se soit faufilé entre nous deux, le regard fixé sur le capot. Le moteur tournait mieux maintenant, et à en juger à la jauge, était suffisamment chaud. Les pneus ont un peu patinés et on est parti. Conduite souple, cap à gauche, direction le village, on dépassa la scierie pour finalement nous arrêter devant le pub. Y avait déjà du monde, normal, avec ce temps de chien. Rien que de sortir nous gela, mais l'ambiance du pub nous réchauffa bien vite.

Deux plats du jour, une bière et .... qu'est ce tu veux boire ?

demandais je en me tournant à demi vers Darren. Je visais déjà une table en me dirigeant vers elle, sans vraiment attendre la réponse : il la donnerait directement au patron. Je m'assis, table de deux, contre le mur, sous une pub de whisky. Les teintes chaudes du lieu, rouge, en réalité, et quelques voix déjà hautes à cause de l'alcool, mettait dans l'ambiance. On était bien ici, et je devinais que le gamin se sentait presque un homme à être ici. je savais ce qu'il ressentait, l'ayant vécu avant lui... j'avais du mal à l'imaginer épluchant les carottes ce soir, pour sa maman... Cet âge charnière, tellement déchirant et emplit de contradictions... plus tard, devenu adulte, il ferait le repas avec sa mère, mais avec cette pointe de nostalgie pour une époque qu'il détestait peut être en ce moment. En parlerait il ou se contenterait il d'aborder des sujets bateaux ?...
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyDim 19 Oct - 17:02

Thomas fait une petite apparition pendant que je termine la stabulation. Il me conseille de mettre plus de paille. Il n’a pas tort, j’aurai dû prendre cette initiative moi-même. Avec le froid qu’il fait, même les chevaux doivent se les cailler. J’en remets donc une bonne couche supplémentaire, avant de ramener les chevaux dans leur petit nid douillet. Après une dernière caresse à Charming, et une petite gratouille au creux de sa joue, je laisse les deux nouvellement chaussés au chaud.

Je rejoins Thomas dans la camionnette, mon ventre commençant à gronder de moins en moins discrètement. Failth nous rejoint avant que la porte ne se soit refermée et je l’accueille avec une petite caresse sur la tête. Il a l’air ravi de partir se promener, ce qui est plutôt communicatif je dois l’avouer. Et ce sentiment s’accentue lorsque je comprends notre destination: Le pub! Quoi de mieux par un temps pareil! Mes occasions d’aller au pub sont assez rare, ma mère ne m’y emmène jamais, elle trouve que je suis trop jeune pour ce genre d’endroits.

« Merci! C’est super gentil de m’amener ici. »


Je sais qu’il attend pas spécialement un merci pour ça. Si il m’amène, c’est que ça lui fait plaisir. Et il va sans doute trouver que ça fait gamin, de se réjouir pour un truc si banal comme aller au pub. Mais ça me fait vraiment plaisir. Surtout avec un temps pareil, se réfugier dans un pub, c’est juste parfait. La chaleur humaine, et les bons plats chauds ... Mon ventre se régale d’avance.

On entre dans le pub, et Thomas commence deux plats du jour et une bière pour lui, avant de me demander ce que je veux boire et de me laisser me débrouiller avec le barman. Je jette un oeil derrière le bar, et opte pour un Irn Bru. Je jette un oeil à la tuile avec le plat du jour pour voir ce que c’est. Saucisses, purée et sauce aux oignons. Rien que je n’aime pas. Tant mieux, je me serai senti mal de ne pas apprécier le repas que Thomas m’offre. Je récupère l’Ale locale commandée par Thomas et prend mon Irn Bru dans l’autre main, pour aller m’asseoir à la table qu’il a choisie.

« C’est tellement mieux les journées avec toi. Dire que j’avais pas envie de venir ce matin en me levant. Je suis encore désolé pour l’incident avec Cendrillon. Je ferai super gaffe la prochaine fois. »
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyMar 21 Oct - 20:59

Une grosse brute me tapa dans le dos alors que je venais juste de m'asseoir, et je faillis manger le bois de la table. Avec un juron, je me redressais et fis face à mon agresseur, prêt à lui démonter la gueule, mais c'était Wallace, l'autre maréchal ferrant, mon meilleur pote. On a éclaté de rire, et il m'a désigné une jolie rousse, dans la petite quarantaine, assise non loin de là, avant de me regarder de nouveau et d'un clin d'oeil me dire que son affaire était en poche. Je lui tapais si fort sur l'épaule qu'il en tituba, et les rires, alentours, fusèrent. Ici, on aimait les "hommes", les "vrais". On pouvait porter le kilt sans qu'aucun n'ose faire de blague salace sur un possible efféminement. Wall' retourna à sa conquête... et moi, à ma table. Darren avait commandé du Irn Bru, comme quoi, j'avais eu raison de lui faire confiance. Il n'en avait pas profité pour se faire une Ale en douce, de toute façon, Tim lui aurait pas servi. L'air était lourd des relents de cuisine et d'alcool, de chaleur humaine après tout ce froid, presque étouffant, et pourtant si accueillant ! Je me sentais bien ici, parce que, célibataire, j'y trouvais toujours de la compagnie, sans doute... et ici, on m'aimait bien. C'était important pour moi, qui n'avait aucune attache familiale...

- Pas envie de venir, hein ?!!!

Je soupirais. De nos jours, les gosses, c'était çà qui les perdait. Le manque d'envie. De mon temps, on faisait tout notre possible pour sortir du quotidien, n'importe quoi. Moi, pour sortir de l'orphelinat, par exemple, j'hésitais pas à rendre service à une veuve en lui portant ses commissions. Comme çà, des fois, elle téléphonait pour m'avoir, et on me laissait passer l'après midi chez elle. La pauvre était pas riche, mais ces jours là étaient fête pour nous deux. Une évasion pour moi, même si je portais lourd, un vrai repas avec des frites et du poisson tout frais, des fois, même, un haggis au pub du coin. Ca devait être cher pour elle, je m'en rends compte maintenant, mais à l'époque, c'était juste que du bonheur. La vieille dame est morte trop tôt... deux ans après que je l'ai connu. Un soir, avant de me laisser retourner à l'orphelinat, elle m'avait dit à l'oreille : "si j'avais pu te sortir de là...." en me tapotant sur l'avant bras. Quand on s'est redressé, j'ai vu des larmes dans ses yeux, et, gêné, j'avais détourné le regard. Parce que moi aussi, j'avais chialé. Mais un homme ne pleurait pas. Mais Murron était une bonne mère, et c'était normal que son fils veuille pas se geler chez moi, à faire les écuries. Je comprenais, quelque part. Bien sûr. Je sursautais :

- Hein ? c'est qui, Cendrillon ? complètement interloqué. Qu'avais-je raté de la conversation en pensant au passé ?... maudit passé...

La serveuse nous apporta nos plats fumants. Je me frottais les mains en écoutant les explications de Darren. J'avalais une grande rasade de bière tout en zyeutant le truc étrangement orange vif du gamin... Irn Bru, hein... gamin, j'en avais bu des litres, moi aussi, comme si cela pouvait me faire plus Ecossais que n'importe lequel des loupiots de par là, enfin, quand l'orphelinat en fournissait, pour les fêtes, par exemple...

L'héritage de la veuve... avait été versé à mon maître d'apprentissage. Je ne l'avais su que plus tard. Pas grand chose, mais assez pour mon entretien tout ce temps. Et tout l'amour parternel reçu de cet homme rustre qui, sans enfant, m'avait donné les couleurs de son clan. Il ne faut pas renoncer à une sortie parce qu'on a la flemme... comment pouvais-je expliquer cela à Darren ? surtout qu'il était venu. Je devais me taire.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyVen 24 Oct - 0:18

Alors que je reviens vers Thomas, je vois Wallace s’éloigner en riant pour rejoindre une rousse plutôt jolie. Je souris. Ce lieu est tellement plein de vie, de chaleur humaine.

« Sacré Wallace, hein ? Ca t’intéresse pas toi, de draguer les filles dans les pubs ? Je t’ai jamais avec une fille je crois. »

Moi et ma franchise et spontanéité maladives. Dès que je me sentais un peu en sécurité, et que j’étais de bonne humeur, il fallait que je parle, pour ne rien dire. C’est en finissant ma phrase que je me rends compte qu’il n’a sans doute pas envie de parler de ça, surtout avec moi qui ne suis qu’un ado. Je baisse la tête et prends une gorgée de soda, en espérant qu’il ne prendra pas mal ma question, ou mieux, qu’il ne l’ait pas entendue.

Ma remarque sur le fait que je n’avais pas envie de venir ne lui a pas échappé en tous cas. Ce n’est pas ce que je voulais dire. J’ai toujours envie de venir, c’est bien mieux que d’aller au lycée, de bosser chez lui. Mais avec l’histoire avec cette nana, j’ose plus trop sortir. J’ai peur qu’elle me tombe dessus à l’improviste. Là ça va, parce que je suis avec lui, et en plus loin du lieu de ma rencontre malencontreuse avec l’autre folle. Mais sortir de la maison, ça reste stressant. Evidemment je peux pas vraiment lui dire ça.

« Non mais c’est pas ce que tu crois. J’aime bien venir ici, vraiment. Enfin, pas ici au pub. Ici, chez toi, avec toi, et avec les chevaux.»

Je m’embrouille comme d’habitude. J’enchaîne les mots et j’arrive pas à dire ce que je veux dire. Il doit rien comprendre à ce que je raconte le pauvre.

« C’est juste que j’ai des soucis en ce moment, et j’ose pas trop sortir. »

C’est déjà beaucoup trop par rapport à ce que j’avais prévu de lui dire. Je coupe donc mon flot de paroles, pour reprendre une gorgée tandis que le serveur s’approche avec nos plats. Je change de sujet, et m’excuse une dernière fois pour le clou mal enfoncé de ce matin. Et me mets à rougir. Cendrillon. Ce nom est ridicule, je m’en rends bien compte. C’est juste que ça m’est venu sans que j’y réfléchisse.

« C’est le cheval noir, Cendrillon. C’est comme ça que je l’appelle quand je lui parle. J’ai appelé l’autre Charming. Je sais c’est ridicule comme noms, mais j’ai pris l’habitude de les appeler comme ça. »

Je commence mon repas, soufflant un peu pour pas me brûler, mais pas trop, pour garder un maximum de chaleur. C’est tellement agréable un bon repas bien chaud par ce temps de chien.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptySam 25 Oct - 17:05

Je souris au gamin et répondis :

- Bah... maintenant, je peux te le dire. J'ai un rencart pour le Nouvel An !

Cà, c'était une nouvelle ! et le fait que je l'annonce, surtout, disait que c'était du lourd. Je baissais un peu la voix, une fois qu'il fut assis, et poursuivis, alors qu'il avait encore le nez dans son soda :

- Elle s'appelle Makayla. Mes yeux se perdirent dans son image, là, devant moi : elle est belle, charmante, vive, elle a de l'esprit, genre aventurière. Elle travaille pour la PES. Tu te rends compte ! c'est dangereux, mais, étrangement, je sais que Maka est faite pour çà.

Pourquoi je lui disais des trucs comme çà ? sans doute parce que ses explications bafouillées m'avaient touchées, et que... sa peur de sortir, je la comprenais. Sa mère devait lui fiche la trouille aussi, à force d'avertissement. Mais il se passait tant de chose. Et ce froid pouvait tout aussi bien tuer n'importe qui. Je n'avais pas relevé tout de suite ses inquiétudes, juste répondu à la pique sur les filles dans les pubs. Inutile qu'il sache que je m'en sortais très bien de ce côté là, mais rien de sérieux. Les chevaux... ils avaient des noms, bien sûr, mais je ne m'en souvenais plus. C'était des noms humains. Nous, on se parlait tout autrement, pas besoin de çà. Cendrillon... c'était un hongre, pourtant, rien avoir avec la petite souillon du conte... pas le même poids non plus. Je sentais le gosse troublé, alors, en mangeant, je le questionnais :

- De quoi as-tu peur ?

Parfois, en en parlant, çà allait mieux, mais là... simple humain lâché entre vampires et loups garous, sans compter les semi-dé... j'ignorais encore comment je pourrais le rassurer, et si seulement je le pouvais. L'ambiance ici le pouvais, les rapports normaux entre les gens ici le pouvaient. Mais quels mots, quelles idées pourraient aider le fils de Murron ?

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyDim 26 Oct - 12:59

A ma grande surprise, Thomas me répond, me parlant d’un rencart pour le nouvel an. Ca c’est une nouvelle. Je ne savais pas qu’il voyait quelqu’un. Bon en même temps c’est un peu normal. Pourquoi je le saurai ? Je suis que le fils de son amie. On se voit souvent, certes, mais c’est juste parce que je viens bosser chez lui pour lui filer un coup de main. Je pense pas qu’on soit aussi proche pour se raconter ce genre de choses. Enfin je pensais pas. Est-ce que finalement il m’apprécierait assez pour me raconter sa vie privée ? Je suis un peu flatté d’avoir gagné ainsi sa confiance, même si ça me met un peu mal à l’aise de discuter de ça avec quelqu’un de son âge.

Heureusement il ne rentre pas dans des détails qui m’auraient fait à coup sûr rougir comme une tomate. Il me parle un peu d’elle, et de son travail. La PES. J’y suis justement allé il y a 3 jours, pour établir le portrait-robot de l’autre tarée, qui est peut-être une semi-démon. Si ça se trouve je l’ai vue là-bas. J’avoue qu’à part le mec que m’a présenté Phil, j’ai pas trop fait gaffe aux autres. Mais je me souviens avoir croisé une fille dans les couloirs. Du genre un peu pressée, et pas hyper aimable. J’ai pas vraiment fait gaffe à elle.

« Makayla... C’est plutôt joli comme prénom. »

Oui je sais, c’est pas très original comme commentaire.

« Ca te fait pas trop peur qu’elle bosse là-bas ? Je veux dire, c’est dangereux comme tu dis. Tu n’as pas peur qu’il lui arrive quelque chose un jour ? »

J’étais un peu négatif, dans ma façon de penser, et je le savais. Mais avec la menace qui me planait dessus ces jours-ci, j’avais du mal à ne pas m’imaginer le pire. Il ne fait aucun commentaire sur les surnoms que j’ai donné aux chevaux, mais je n’ai pas besoin qu’il en fasse pour savoir qu’il les trouve inappropriés et ridicules. Mais j’ai besoin de leur donner un nom, j’y peux rien. C’est humain je crois, de donner un nom aux gens et aux choses. Tout le monde le fait. Je trouve ça bizarre d’ailleurs que Thomas le fasse pas. Il les appelle juste le Noir et le Blanc, comme si il s’en fichait d’eux. Alors que tout le reste de son comportement laisse penser que c’est justement le contraire. Il les aime vraiment ses chevaux. Et pourtant il ne les nomme pas. Même son chien a un nom.

Je sors de mes pensées et manque de m’étouffer avec la bouchée que je viens de prendre lorsqu’il me pose une question. De quoi j’ai peur ? Alors il a vu que j’étais mort de trouille ? Je lui ai rien dit pourtant. Il doit vraiment bien m’apprécier pour avoir deviné ça. J’hésite à lui dire la vérité, mais j’ai pas envie que trop de gens soient au courant. Il y a déjà Phil dans la confidence, et ses conseils m’ont quand même été bien utile. Si jamais la folle s’en prend à moi, et qu’elle me torture pour savoir à qui j’en ai parlé ? Je peux pas prendre le risque de le mettre en danger. Pas lui.

« Je... Je peux pas vraiment te dire. Mais ça va s’arranger je pense. J’espère. »

J’ai vraiment pas envie de m’attarder sur le sujet, et j’espère qu’il va comprendre ça aussi. Que je veuille pas en parler. Et qu’il insistera pas. C’est pas que je lui fasse pas confiance, j’veux juste pas qu’il s’inquiète pour moi, ni qu’il soit en danger si elle me retombe dessus. Je termine mon assiette en cherchant désespérément un autre sujet de conversation. Tout sauf la semi-démone qui me menace. Mais plus on cherche à ne pas penser à un truc, plus c'est difficile de penser à autre chose...
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyDim 26 Oct - 19:08

Je souris à l'appréciation du prénom de ma Dulcinée... Dit par un tout jeune homme, cela le rendait encore plus beau, et mon coeur se mit à battre plus fort. Toute tentative pour le remettre au pas était vouée à l'échec.

- Oui... je trouve aussi... dis-je doucement, d'un ton rêveur.

De toute manière, tout ce qui parlait d'elle, avait trait à elle, me laissait pantois et admiratif, alors... je me repris :

- Euh ?.... non ! pourquoi ?!!!dis-je un peu choqué.

Makayla ? me faire peur ? à moi ? Je m'étais transformé pour la défendre ! et elle avait été assez forte pour s'en sortir seule, sans moi. Vexé, j'étais parti et ne pensais jamais la revoir, jusqu'à ce qu'elle réapparaisse dans ma vie, visiblement bien accrochée, même en connaissant mon secret. J'imaginais... si je devais sortir avec une fille qui se transforme en jument alors que j'étais qu'humain... D'un ton plus assuré, je poursuivis :

- Elle est très forte. (sourire rêveur et moqueur à la fois) Il n'est pas né, celui qui lui fera du mal ! et puis, maintenant, il y a moi !

Là, je m'imposais, moi-même un peu surpris d'une telle implication de ma part. Pourtant, je n'oubliais pas de torcher mon assiette avec une voracité remarquable. La cuisine ici était celle de la "maison", comme on dit, mais qu'est-ce-que c'était bon ! en fait, c'était bon à cause de çà, d'ailleurs. Parce que c'était la cuisine de la maîtresse de maison. J'avais de l'appétit et elle nous traitait comme ses enfants. Je venais souvent ici, et elle m'avait à la bonne, alors, j'avais toujours un peu plus que les autres.. On était deux ou trois dans ce cas.

Je savais reconnaître la peur... j'étais pas un cheval pour rien. Mais je ne m'aperçus qu'à sa réponse que c'était cela qui le retenait de sortir de chez lui, et pas l'envie de rester seul avec sa console de jeu ou des soucis d'ado lambda. Je percevais beaucoup dans sa voix, ses attitudes quand il répondit, et m'arrêtais de manger pour ne rien en manquer. Lentement, sans le brusquer, je demandais :

- Tu en as parlé à quelqu'un ? c'est quoi ? du racket ? autre chose ? tu peux me le dire et compter sur moi. Je ne dirai rien à Murron. Je peux m'en charger, si tu veux...

Je me faisais confident, protecteur. Un maréchal qui a pignon sur rue, çà peut avoir du poids face à un emm*rdeur... Et j'avais une sacrée paire de poings, qui n'avaient rien à envier à ceux d'un Irlandais, c'est dire...

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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 27 Oct - 18:56

Thomas a l’air surpris de ma remarque sur le danger que peut représenter le boulot de sa Makayla pour elle.

« Ben je sais pas, ils traquent les semi-démons, ça doit pas être évident tous les jours, et il doit y avoir des accidents.»

Je pense notamment à l’incident du centre commercial, qui avait fait quelques morts. Trop de morts. On ne devrait pas risquer de se retrouver dans ce genre de situations en allant faire du shopping. Je n’avais jamais vraiment réalisé le danger que représentaient ces créatures avant d’être personnellement menacé par l’une d’entre elles. Avant ça, c’était un peu comme ces avertissements qu’on écoute, mais qu’on ne prend pas réellement au sérieux. « Regarde bien à chaque fois que tu traverses la route.» « Ne sort pas seul quand il fait nuit.» On fait gaffe, un peu. Mais on pense tous que ça n’arrive qu’aux autres. Jusqu’à ce que ça nous arrive à nous, justement. Peut-être que Thomas n’avait jamais eu à faire aux semi-démons. Peut-être qu’il ne comprenait pas le danger.

Il a l’air de vraiment la porter dans son estime en tous cas. Il la dit forte. Je n’imaginais pas une prétendante de Thomas autrement. Je ne le vois tellement pas avec une midinette superficielle qui a tout le temps besoin qu’on la rassure. Il lui faut quelqu’un capable de se débrouiller seule. Enfin c’est ce que je pense, d’après ce que je connais de lui. Après je ne connais clairement pas toutes les facettes de sa personnalité, loin de là.

Sa question tombe de nulle part, et me déstabilise. Je réponds tant bien que mal, essayant de lui en dire le moins possible, et de montrer que je ne veux pas, ou plutôt que je ne peux pas lui en parler. Mais ça ne marche pas. Alors que je termine mon assiette, il renchérit, avec une voix rassurante, me demandant ce qui ne va pas exactement, et me proposant son aide. Il essaie de deviner. Du racket... Si seulement ça pouvait n’être que ça. Si seulement cette nana voulait juste que je lui rembourse le fric que mon frère lui doit. Si c’était juste une fille, et pas une créature maléfique, comme le pense Phil. Tout serait tellement plus simple.

« Je... Non, c’est pas du racket... Mais je peux pas t’en parler. Je veux pas que tu aies d’ennuis. J’en ai parlé à quelqu’un, un ami de la famille qui est à la PES. Il m’a donné des conseils, et il va m’aider à régler tout ça. Mais je peux rien te dire. Il vaut mieux pas que tu t’en mêles.»

Je m’arrête quelques secondes avant d’ajouter.

« Ni que tu en parles à ma mère. S’il te plait.»

Je le regarde avec des yeux presque suppliants. C’est un adulte, ami de ma mère. Il voudra sans doute la prévenir que son fils a des ennuis. Mais je veux rien lui dire. Si elle apprend qu’une semi-démone tourne autour de son dernier fils pour essayer de retrouver celui qu’on pense mort, elle va devenir folle. Ca a déjà été tellement dur pour elle d’accepter que Ewan soit mort. Je veux pas lui redonner de faux espoirs. Il faut pas qu’elle sache.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyMar 28 Oct - 7:23

Je fus surpris de sa réponse et m'arrêtais net de manger, fourchette toujours en main et poignet posé sur l'arrête de la table, levant un sourcil interrogateur :

- Semi-démon ? pourquoi semi-dé ? j'aurai plutôt parlé de vampires ou de lupins... c'est bien plus communs. Bref, on a plus de chance d'avoir affaire à eux qu'aux autres.

Le ton était affirmatif, j'y croyais vraiment, d'autant que je n'avais jamais croisé de SD -et ne le souhaitais pas-. Cette sortie de Darren me mit la puce à l'oreille et petit à petit se déroulait un scénario apte à expliquer les craintes du gamin à sortir de chez lui. En ville, il devait y avoir de ces sales bêtes plus qu'à la campagne... mais comment on pouvait les reconnaître, sauf à ce qu'ils utilisent leurs dons maudits devant vous ? Darren avait été témoin ou victime de çà ? Murron me l'aurait dit. Sauf si elle n'était pas au courant. Mon regard suspicieux dévisageais désormais Darren. Mais pour le moment, je préfère m'asseoir sur mes questions, pose ma fourchette, lâche le gosse du regard et me concentre sur ma bière. Naturellement, notre conversation changea de sujet, en fait, j'abordais les réticences de l'ado par le bout le plus logique chez des gens normaux. Evidemment, il dit que non, il n'était pas victime de racket, je m'en doutais bien... Songeur, mes yeux se levèrent de nouveau vers Darren, et le verre à quelques centimètres des lèvres, je demandais :

- Un ami ? dans la PES ?

avant de boire deux autres gorgées et d'ajouter :

- ... et moi ? je suis quoi ? Allez, dis-moi... Plus j'en saurai, moins je m'inquiéterai pour toi. On craint toujours plus ce qu'on ignore, tu sais.

Nous pouvions parler tranquillement de n'importe quoi ici. Le pub était bruyant et chaud, chacun menait sa propre conversation sans pouvoir discerner celle du voisin. Il aurait fallu que tout le monde se taise brutalement pour nous entendre, et vu l'ambiance, c'était fort peu probable.

- Ce que tu sais pourrais m'aider à échapper à un danger...

C'était vrai, terriblement vrai, je le savais, et mes mots sonnaient justes. Mais pas seulement. Secrètement, j'espérais bien apprendre le nom du fameux ami, sinon, je demanderai à Murron, et aussi, ce qui avait provoqué cet état chez son fils. Je savais que les ados avaient une forte propension au secret et se sentaient souvent fort face à un problème. Ils se trouvaient "grands" désormais, suffisamment pour faire face aux premiers soucis de la vie, peu d'envie aussi d'y mêler les adultes, besoin de se prouver qu'ils pouvaient gérer seuls. Je me doutais d'une chose, au final : le petit avait eu affaire à un semidé.
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyJeu 30 Oct - 0:33

« Oui c’est un ami de mon père. Il l’a aidé quand il était au chômage, il a pas mal de relations un peu partout je crois.»

A mon grand dam, Thomas ne renonce pas. Jouant sur le fait que lui aussi est un ami de la famille, essayant de me culpabiliser. Je lui en veux un peu de jouer sur cette corde. Je l’aime vraiment bien, Thomas, et c’est justement pour ça que je ne veux pas lui en parler. En parler à Philippe était une bonne idée, parce que c’est son boulot, de chasser les semi-démons. Il sait comment réagir, et il m’a donné de bon conseils. Je crois en lui, je suis sûr qu’il va réussir à la retrouver, et à la mettre hors d’état de nuire. Lui ou quelqu’un de la PES. Makayla ? Et si Philippe mettait la petite amie de Thomas sur l’affaire, et qu’il lui arrivait quelque chose. Je m’en voudrais tellement.

Je regarde Thomas, les lèvres closes. Je ne veux pas lui révéler mon secret. Si je lui dis quoi que ce soit, il va vouloir s’en mêler, et il n’est pas préparé à faire face à ce genre de créature. En même temps si je ne lui dis rien, il risque d’essayer d’en savoir plus. Peut-être va-t-il se mettre encore plus en danger que si je lui expliquais. Il comprendra peut-être si je lui explique que c’est un Semi-démon le problème, et que c’est pour ça qu’il ne faut pas qu’il s’en mêle.

« Je... Il faut pas que tu t’en mêles. Ce serait dangereux. Pour toi... C’est une Semi-démone qui m’est tombé dessus. Mais Philippe est au courant. La PES va régler le problème rapidement, j’en suis sûr. Oublie ça, s’il te plaît. Tu ne peux rien faire de toute façon.»

Je lève la tête vers l’horloge dans le coin du pub. Je n’ai qu’une seule envie, que cette conversation se termine, et qu’il me ramène chez moi. Et surtout qu’il ne dise rien à ma mère.

« On devrait y aller, il commence déjà à se faire tard, et il faut encore passer acheter les planches...»

J’hésite avant d’ajouter une dernière fois qu’il ne faut pas qu’il en parle. Je sais qu’il ne tiendra probablement pas compte de ma demande, mais c’est important pour moi. Je ne veux pas que ma mère souffre de la perte de son fils encore une fois. Qu’elle s’inquiète de me voir préoccupé est un moindre mal. Il ne faut pas qu’elle en apprenne trop sur ce qu’il s’est passé dans cette ruelle, et sur cette créature qui m’a confondu avec mon frère.

« Ne dit rien à Murron, s’il te plait. Je lui dirai tout quand ce sera réglé. Je promets. Mais je ne veux pas l’inquiéter pour le moment. Elle n’a pas besoin de ça. »
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 10 Nov - 15:07

Je sus qu'il garderait le secret... alors, je jetais l'éponge en me reculant sur ma chaise :

OK, OK... je comprends... si, si... vraiment.

On a tous nos petits secrets. Même les petits enfants à l'école ne racontent pas tout. Enfin, pas longtemps. Après, ils s'aperçoivent que ce qu'ils disent à des incidences, sur papa, maman, le copain, la copine... que les comportements changent. Se montrer trop intrusif ne me ressemblait pas, et ne porterait, de toute manière, rien de bon. Sauf que, sauf que... le gamin avait lâché un prénom, malgré lui, certainement : Philipp.... Au moins, je saurai çà sur l'inconnu, surtout que des potes au mari de Murron, qui s'appelaient Phil.... y'en avait pas beaucoup. Enfin, je pensais çà. Il mit fin à la conversation, et je regardais aussi la pendule :

Ouais, t'as raison. On y va.

En passant, je payais nos repas et nous sommes sortis dans le froid glacial. Il y avait déjà une pellicule de givre sur ma bagnole, même sur le capot. Je secouais la tête et ouvris vite fait la camionnette. On s'est engouffré dedans et j'ai mis le moteur en route. Il a répondu au quart de tour. La nuit menaçait de tomber alors qu'il n'était pas deux heure et demi de l'après midi. Les pneus ont eu un peu de mal à accrocher, au démarrage, pourtant, j'y avais été doucement. Au bout de deux kilomètres, on avait le chauffage. Failth nous avait fait la fête, le pauvre, sortant de ses couvertures roulées au pied du passager. Il goutait lui aussi au chauffage désormais. Un peu plus loin, j'ai coupé la route pour entrer dans la scierie. La voiture a glissé un peu sur la glace avant de s'arrêter. Mc Cormick est sorti pour plaisanter en me demandant si je me croyais à Hawai pour surfer comme çà. Je ris de bon coeur en descendant de ma brouette et répondis en lui désignant ma veste fourrée :

Ouais... t'as vu la chemise à fleurs ?

On s'est tapé dans le dos. Lui, sa spécialité dans les jeux écossais, c'était le porté de tronc. Autant dire qu'il avait de la poigne... Il m'a emmené voir ce qu'il avait préparé pour moi. Des planches bien solides, en pin. Ca irait. On est allé dans son boui boui, qui portait pompeusement le nom de "bureau" sur la porte. L'endroit était étouffant de chaleur. Le poel ne manquait pas de bois...

T'as de la sciure aussi que je pourrais ajouter sous la litière des chevaux ?

Ouais, bien sûr. J t'en livre ?

Ouais.

J'ai payé, lui et un de ses gars nous ont aidé, Darren et moi à charger. Il était déjà trois heures. On devait pas s'arrêter, clouer ces planches au plus vite. Ensuite... direction la ville... Je voulais encore l'avoir sous la main, et surtout, qu'il ne décide pas de l'heure pour rentrer. La conscience du travail bien fait devait primer. On n'était pas assez ferme avec les jeunes sur ce point là. Parfois, je jetais un oeil en douce pour observer ses réactions, assis à la place du mort. J'ai quitté la route, la maison était pas loin. Les chevaux ont hennis en nous voyant et j'ai commenté :

T'as vu çà ??? ils savent, pour les planches. Allez, aide moi à décharger et va chercher l'escabeau, le marteau et les clous.

Pendant ce temps, je posais une planche en travers, pour voir : c'était parfait. Vraiment, Mc Cormick était un bon et sur ce coup là, il avait été sympa pour mes bêtes. J'oublierai pas. On a commencé par les planches du bas, pour les faire se chevaucher d'un centimètre, et éviter toute chance d'intrusion du froid. Il restait une issue de deux mètres de large qui ne serait pas fermée.

J'y mettrais bien ces trucs en plastique, tu sais, qu'on voit pendre dans les magasins pour éviter que le froid n'entre ou ne sorte... dis je à Darren. On a mis moins de deux heures pour tout finir. Il faisait nuit. Darren est allé ranger le matos et à son retour, je lui dis :

Merci beaucoup pour aujourd'hui. Et aussi d'être resté pour fermer la stabul'.

Je lui glissais un biffeton de 20 livres dans la main, en la lui serrant bien fort. Je savais qu'il était pressé de rentrer. Et puis, peut§être que sur le chemin du retour, il serait plus causant ?...
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MessageSujet: Re: Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]   Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé] EmptyLun 17 Nov - 20:00

Il n’avait pas répondu à ma demande, concernant le fait qu’il ne dise rien à Murron. Je savais pas si c’était juste parce qu’il avait pas fait gaffe, qu’il s’était perdu dans ses pensées, où si il avait délibérément pas répondu parce qu’il comptait raconter ce qu’il avait pu me faire dire à ma mère. Enfin bon, tant pis. Je voulais pas être trop insistant, ni ramener le sujet sur le tapis. Je prenais mon manteau pendant que Thomas allait payer au comptoir.

« Merci»

Pour le repas surtout, mais aussi pour pas avoir continué à essayer de me faire raconter. Je voulais pas tout lui raconter. Plus tard peut-être, quand tout ça serait derrière moi, et que la tarée avec des super-pouvoirs ne serait plus une menace pour personne. Pour l’instant fallait pas que j’en parle trop.

Il faisait vraiment froid par rapport à la chaleur étouffante du pub. J’enfonçais mes mains dans mes poches après avoir soufflé dedans, histoire de les garder au chaud. Il y avait de la fumée devant mes yeux. Rencontre de ma respiration et du froid ambiant. Je pris Failth sur mes genoux, pour qu’on profite tous les deux de nos chaleurs corporelles respectives. Il grelottait le pauvre. Dommage qu’on n’ait pas le droit aux chiens dans ce pub. On avait dû drôlement lui manquer.

Je n’ouvris pas la bouche de tout le trajet, qui n’était ceci dit pas hyper long. Je savais pas trop quoi dire. Mes problèmes m’étaient revenus en tête, et j’arrivais pas à penser à autre chose. Je me contentais de gratouiller le chiot sur mes genoux en regardant la route. Au bout d’un moment on a eu du chauffage. Alors que McCormick nous accueille en blaguant, je reste timidement à côté de Thomas. Il m’intimide un peu, et je sais jamais quand il blague ou pas. Je mets toujours 3 plombes à comprendre et du coup je me sens ridicule. Je marmonne juste un bonjour, et suit les deux hommes dans la boutique. Je flâne un peu en attendant qu’ils décident de ce qu’on ramène. J’aime bien l’odeur de cet endroit.

On est retourné ensuite chez Thomas. Les planches étaient niquel, comme toujours. On a jamais de soucis quand on va chez McCormick. Il a toujours pile ce qu’il faut. A la demande de Thomas, je vais chercher le matériel. Je revenais avec tout dans les bras, manquant plusieurs fois de m’emmêler les pieds avec l’escabeau. Je fis tomber le marteau, mais heureusement il atterrit dans la neige plutôt que sur mon pied. J’ai fait un espèce de numéro d’équilibriste pour le récupérer sans faire tomber le reste. Heureusement que personne me voit.

On s’est mis à bosser en silence, efficacement. Plus besoin de parler pour briser les silences gênants. On bossait. Je lui passais les clous de la main droite tout en appuyant avec ma main gauche sur la planche pour qu’elle tienne en place pendant qu’il clouait les côtés. Des gestes routiniers, mais qui réchauffent un peu. En deux heures même pas on a terminé.

« Ouais pourquoi pas. Mais je sais pas du tout ou on peut acheter ça...»

Il faisait déjà nuit, et je regardais l’heure sur mon portable. Il commençait à être temps que je rentre. J’avais dit à ma mère que je rentrerai pas tard. Et d’habitude à cette heure-là j’étais déjà rentré depuis une petite demie-heure. J’allais demander à Thomas quand il vient à ma rencontre, la main tendue. Je la lui sers pendant qu’il me remercie pour la journée de boulot, sentant le billet dans le creux de sa main. Un peu d’argent de poche en plus. Super. Je pourrai payer un chocolat chaud à Lexie avec.

On remonte une dernière fois dans le véhicule de Thomas, après que j’aie vérifié que je n’avais rien oublié et dit au revoir aux chevaux, maintenant bien au chaud. Malgré toutes les planches pour isoler, on voit encore de la buée s’échapper de leurs naseaux. J’espère que ça va se réchauffer rapidement. Même si ils ont le poil épais, ils doivent sentir le froid.

« Du coup on se revoit Samedi prochain ? J’essaierai d’être à l’heure cette fois... J’espère que ça va tenir, les planches. Si jamais ça suffit pas et que t’as besoin d’un coup de main, je peux revenir dans la semaine je pense. Enfin si maman est d’accord.»
Darren Stirling

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Les chevaux adoucissent les moeurs [Livre II - Terminé]
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