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Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptySam 7 Mar - 14:21

    J'étais quelqu'un de patient. Quand l'éternité vous ouvrait les bras, mieux valait l'être d'ailleurs. C'était l'avantage que nous avions sur les éphémères mortels qui couraient toujours après le temps et le craignaient. Une sensation que je ne connaissais plus vraiment depuis longtemps. Depuis plusieurs siècles. Même si je ressentais encore des sentiments d'urgences quand les événements s'emballaient. Comme lors de cette Saint-Sylvestre qui resterait sans doute à jamais gravée dans ma mémoire. Pitoyable coup d'état avorté... Qui pourtant aurait pu réussir et soulevait plusieurs problèmes que nous devions absolument résoudre. Nous avions été proches de voir la balance pencher en notre défaveur et jamais cela ne devait se reproduire. Scylla avait raison : si Julien avait été plus patient et mieux préparé, il aurait pu réussir à gagner une couronne. Il n'avait pas encore apprit la patience de ses aînés, mais tant qu'il était libre, la menace ne disparaîtrait jamais vraiment. Il y avait sans doute quantité de vampires qui pensaient comme lui. Notamment les plus jeunes, encore fougueux et guidés par la soif et la violence. Ces jeunes vampires qui se pensaient exclus de l'élite, comme il l'avait souligné. Un point auquel il faudrait remédier.

    Si Julien demeurait encore introuvable, ce n'était pas le cas de certains de ses collaborateurs. Constance avait été emprisonnée. Ce que les reines allaient faire d'elle, je l'ignorais encore. Elle n'éprouvait aucun remord et demeurait un danger si elle était relâchée. Malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle avait quantité de points communs avec Scylla. Elles étaient aussi dangereuses et incontrôlables l'une que l'autre. La seule différence étant que Constance avait choisi Julien et Scylla... moi. Pas Morgane et Jana. Elle s'en moquait. Elle ne suivait que moi. Ce qui m'assurait de sa loyauté. Mais ce n'était que par cet attachement à ma personne qu'elle était fidèle. Et c'était là un problème qu'il allait bien falloir régler.

    Mais outre Constance, il y avait ce jeune vampire, présent lors du bal... Discret, mais pourtant remarqué par Scylla, qui avait eu un comportement assez ambivalent pour attiser ma curiosité. Il était du côté de Julien, du moins le pensais-je, mais il semblait nourrir quelques sentiments bienveillants envers Morgane. Julien avait eu un comportement trouble avec lui, l'écartant de ce coup d'état avorté, mais cela ne suffisait pas à le disculper à mes yeux. Alors, patiemment, nous avions enquêté sur lui, remontant la piste, trouvant son lieu de travail où il ne s'était pas rendu... jusqu'à ce soir. On aurait pu penser inutile de maintenir une surveillance sur son lieu de travail. Allons, il n'y retournerait pas s'il avait un sou de jugeote. Pourtant... Stupidité ? Ou bien était-il en paix avec sa conscience ? A moins qu'il ne pense être trop insignifiant pour qu'on s'occupe de son cas...

    Je n'allais pas tarder à le savoir.

    J'entrais dans l'établissement, accompagné. Deux gardes se dispersèrent dans la salle, deux autres surveillaient la rue et ses sorties. J'étais prudent, même si je pensais venir à bout de ce vampire seul. Néanmoins, il m'avait montré que la jeunesse n'était pas synonyme d'inexpérience et avait su me blesser. Je ne commettrais pas deux fois ce genre de négligence. Il ne tarda pas à sortir d'un bureau et ma voix résonna, calmement :

    « Et bien Monsieur Anderson, vous me facilitez la tâche. »

    J'étais adossé contre le mur, les bras négligemment croisés sur ma poitrine alors que je lui lançais un petit sourire amusé. Attitude faussement nonchalante d'ailleurs. Un geste et je serais sur lui. Mais j'étais civilisé.

    « Je ne pensais pas que vous pointeriez le bout de votre nez aussi rapidement. »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyDim 8 Mar - 17:15

Depuis le coup d'état avorté, j'avais disparu, ne retournant pas à l'hôtel où je logeais. Un moment, je songeais retourner voir la louve, Charlie, pour lui louer sa cave parfaitement aménagée, mais refusais, finalement, de lui vendre mon sang pour cet abri. Trop de danger : qui me disait qu'elle ne viendrait pas, de jour, trouvant le moyen de surmonter une sécurité que j'aurai ajouté sans rien lui en dire. Alors, piteusement, je m'étais réfugié au cimetière. Pas le plus grand, celui d'Edimbourg, non, un petit, en banlieue, dans un ancien tombeau où personne ne semblait plus se rendre depuis longtemps. Là, j'avais pensé contacter Torben, pour lui demander son avis sur la conduite à suivre concernant la proposition de Charlie : si çà pouvait servir la reine... çà me remettrait sur les rails, et surtout, du "bon côté" du manche. Mais Krystel était morte. Restaient ses filles... J'aimais Morgane. Plus je la rencontrais, plus son détachement, son maintien, sa personne me fascinait. Je ne la voyais pas dans mon lit ! non !!! ce n'était pas cet amour-là. Un autre, plus profond, plus admiratif, plus exclusif, qui n'interférait en rien avec le physique. L'idée même de la voir s'offrir me révulsait : je la voyais au-dessus de cela.

Julien me manquait. Ses conseils, son contact... il était le seul à s'occuper de moi. Les autres m'ignoraient, me méprisaient, j'en étais certain. Héro des Années Sanglantes, pendant laquelle les vampires, quel que soit leur âge me regardaient (et m'admiraient ?), reconnaissant ma valeur, surtout parce que je sauvais leurs nuits, ancien combattant aujourd'hui, en prise avec mes doutes, mes défaites successives à m'intégrer dans ce monde nocturne dont je ne saisissais rien. Paralysé par les convenances à suivre face à des aînés, à des vampires de sang royal, exclu de fait, moi, le plus jeune commissaire d'Ecosse, le plus doué à mon époque. Je ne servais plus à rien, au point que j'en étais réduit, pour me payer un logement décent, de travailler comme agent de sécurité pour une paie de misère et des horaires dont toutes les heures n'étaient pas rémunérées. Sans compter les transports à ma charge, dont le temps ne comptait pas non plus.

Une seule chance, pourtant, mon patron humain, bien qu'il me craigne, je le sentais bien, voulait obtenir de moi l'immortalité, et je le menais ainsi, tant bien que mal, de reports en ajournements. Deux mois avaient passés, pendant lesquels je m'étais terré comme un cloporte, jusqu'à m'en dégoûter de moi-même, ressassant tous les instants passés avec Julien. Sa maison de Glasgow où il avait été réduit à l'exil, perdant tous ses biens à Edimbourg, ses paroles, encore, qui me résonnaient aux oreilles. Il avait raison : un point, c'est tout. Qui avait condamné la vampire qui m'avait créé ? personne. Où était la justice royale ? non seulement on m'avait jeté dans ce monde, sans mon accord -surtout que je combattais les vampires de mon époque humaine !!!-, mais en plus, on m'en rejetait.

* De quel droit ?!!! *

Longtemps, j'avais tourné et retourné ces idées, ces souvenirs, là-bas, au fond de mon caveau oublié. J'avais planté un agresseur d'une princesse avec un pied de micro... cela pouvait jouer en ma faveur. Personne ne savait que je la visais, elle. Cette garce que tout le monde vénérait et qui se jouait si facilement de moi. Pas comme Morgane, qui me saluait, me faisait la conversation, sans condescendance, et avec cette aisance naturelle... Altière, sublime, telle était ma vision de la princesse.

* De la reine ! *

Sauf que l'autre reine était sa soeur, celle qui se jouait de moi et que je haïssais au possible désormais, d'autant que j'avais raté mon coup. Dans la cohue, personne n'aurait vu que je l'avais tué, et si on l'avait fait, j'aurai juré avoir voulu tuer son agresseur. Ce qui en fin de compte était arrivé. Cela suffirait-il à me sauver du soleil ? ou de tout autre châtiment ? impossible à dire. Isolé, je n'avais plus aucune nouvelle du monde des vampires. Désormais, après ma retraite, j'estimais ne plus en faire partie. Oui... j'allais reprendre mon travail, dans cette minable boîte de sécurité, je paierai un loyer dans un immeuble minable, et je mènerai une vie paisible, loin des intrigues de cour, et des "à qui gouvernera". Si l'on m'abordait ? je dirai cela : laissez-moi tranquille. Je ne veux pas vivre avec vous. Je ne vous gêne pas, ne me gênez pas. J'étais encore capable de tuer, même si mes jours se passaient en cauchemars post traumatiques de plus en plus récurant, me réduisant à tenter de me droguer en m'en prenant aux camés du cimetière. A travers leur sang -je ne les tuais pas, jamais ! enfin, si, les deux ou trois premiers, parce que je n'arrivais pas à m'arrêter...-, je parvenais à prendre assez pour m'endormir de jour. Et les jours où je n'en trouvaient pas étaient un enfer. Mon teint cireux disait assez la vie d'ascète ou de malade que je menais.

J'osais pourtant un coup de fil à mon patron... trop heureux de me récupérer, trop d'espoir renaissant pour sa "conversion". Dans son bureau, il en avait été question, d'ailleurs. J'éludais de mon mieux... il me redonnait un uniforme, un blouson avec le logo de la société, un planning "à la con" qui me boufferait toutes mes nuits, me limitant dramatiquement pour la recherche de nourriture, mais j'avais obtenu qu'il me paie les deux mois où je n'avais pas travaillé. Assez d'argent en poche pour aller chercher un logement, même miteux, pourvu qu'il soit discret et n'ait pas de fenêtres.

Au moment, donc, où je sortais, je vis le vampire, nonchalament appuyé au mur et m'arrêtais net d'effroi. Valombre. J'aurai dû le tuer, je le savais. Mon regard était un curieux mélange d'étonnement, de peur et d'envie de tuer, mais je supportais le sien, et attendis qu'il ait fini de parler pour lui répondre, du tac au tac, le regard tout à fait tranquille, désormais, masquant tous mes sentiments. Fuir ? attaquer ? que devais-je faire ? Avec son rang probable, et son âge avancé, il avait des hommes de main, quelque part, pas loin. A moins qu'il ne se croit au-dessus de tous et ne soit venu seul ?

* Non.... ces vampires-là ne prennent aucun risque. C'est pour çà qu'ils sont si vieux. Parce qu'ils se jouent de la vie des plus jeunes, éliminant au passage ceux qui deviendraient dangereux avec l'âge... *

- Pas du tout. J'ai repris mon travail, c'est tout. Un mois de congé, et un autre pour me reposer.

Julien avait raison. Il avait toujours raison. Je n'avais pas bougé de devant la porte fermée de mon boss humain, la main encore sur la poignée, j'attendais la suite.
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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyMar 17 Mar - 15:52

    Ce vampire avait du cran, c'était une évidence et cela me plaisait. Je m'étais renseigné davantage sur lui après cette fameuse soirée. Un vampire créé il y a 10 ans, très jeune donc, mais qui s'était montré un excellent combattant durant les Années Sanglantes et qui était devenu le second de Julien. Pas étonnant donc, qu'il l'ai suivi dans sa rébellion, quand bien même Guillemaud s'était montré ambigu dans ses dernières paroles à son endroit alors que la situation leur échappait totalement et qu'ils allaient perdre. Il avait probablement cherché à sauver Leslie, ne souhaitant pas l'entraîner dans sa chute... Pourtant, le comportement du vampire avait été assez détonnant pour susciter quelque curiosité. Il avait d'excellents états de service et il était vraiment dommage de le ranger dans la catégorie des traîtres... Etait-il trop tard pour s'assurer de sa fidélité ? Mais comment avoir confiance en lui ? Il subsisterait sans doute toujours la question de savoir s'il n'était pas un agent double et ne continuait pas à servir Julien, terré quelque part, en train de chercher des alliés et monter un plan pour arriver à ses fins. Ce genre d'hommes ne se rendait pas, ne changeait pas d'avis. Il aurait fallu l'abattre pour avoir la paix. Mais un autre aurait sans doute prit sa place, il y avait toujours eu et aurait toujours des contestataires.

    Leslie avait disparu de la circulation pendant plusieurs semaines pour finalement réapparaître, comme si de rien n'était. Avait-il encore des contacts avec Julien ? S'était-il affranchi de lui et tentait-il se reprendre une vie à peu près normale ? Ou bien était-ce là un piège, certes dangereux, mais une manigance pour essayer de rentrer de nouveau dans les bonnes grâces des reines en jouant l'innocent ? C'était certes peu probable et tortueux, mais je n'excluais pas cette possibilité. En tous les, cas, il fut surpris de me voir, c'était une évidence, mais au lieu de chercher à fuir, il m'affronta, tête bien haute et regard de braise. Une envie d'en découdre de nouveau qui me fit sourire. La dernière fois avait un goût d'inachevé, mais les circonstances étaient bien différentes cette fois et je ne parierais pas sur ses chances de survivre à un affrontement direct contre moi... Mais après, pourquoi pas ? J'étais un homme aussi bien versé dans la diplomatie que dans la guerre... Et finalement, les deux se rejoignaient pour obtenir ce qu'on désirait, non ?

    « Ah je suppose que deux mois ne sont pas de trop pour se remettre d'une tentative de coup d'état... qui peut s'apparenter à de la haute trahison à l'heure qu'il est, c'est malheureusement le risque quand on parie sur le mauvais parti, n'est-ce pas ? »

    Je demeurais affable, mais la menace n'était pas voilée. Il était encore coupable de trahison, mais je réservais néanmoins mon jugement.

    « Vous avez servi sous les ordres de Guillemaud, vous avez été son second et vous sembliez plutôt de son côté cette fameuse nuit. Ce qui vous sauve d'une arrestation immédiate ? Il semblerait que vous ayez quelque sympathie pour la reine Morgane et d'autres menus détails... Julien a disparu, sans doute terré quelque part, à recruter dans l'ombre des alliés pour enfin obtenir ce qu'il désire. Et vous, vous réapparaissez et reprenez vos... activités. »

    Agent de sécurité pour un humain... C'était tellement... normal. Sans être hautain ou arrogant, sans mépriser les humains, je ne m'imaginais pas pouvoir assurer ce genre de boulot. Sans doute parce que j'étais trop vieux et que j'étais resté trop à l'écart de la vie mortelle pour pouvoir m'y fondre de nouveau aussi facilement. Leslie n'était pas vampire depuis très longtemps à l'échelle de l'immortalité.

    « Vous m'intriguez et j'ai quelques questions à vous poser... On peut régler cela de façon civilisée... Ou par la manière forte su vous préférez, je devine aisément votre envie d'en découdre avec moi. »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyMar 17 Mar - 21:31

Oh ! je n'allais pas retourner dans le bureau du patron ! non... pauvre homme... Pendant que mon visiteur parlait, je lâchais le bouton de porte pour mieux faire face à celui qui me faisait un semblant de conversation. Il n'était pas là pour parler de la pluie et du beau temps. Dès ma réapparition dans les rues d'Edimbourg, toutes les alarmes avaient dû sonner en même temps pour qu'on me rende visite si vite.

* Les nouvelles vont bon train... *

La sécurité du tout jeune royaume semblait parfaitement efficace. En tout cas, l'envoyé des reines n'y allait pas par quatre chemins -pourquoi le ferait-il d'ailleurs ? il avait la puissance et le droit de son côté, et moi ? rien-. Pour lui, je ne devais ressembler à un cafard sortant de son trou pour ramper dans un endroit louche comme celui-ci. Valombre avait consenti a quitté le palais pour les bureaux miteux d'une entreprise humaine de sécurité. Etonnant qu'il se soit déplacé lui-même. Quelque chose d'important...

* Moi ? *

Nooooonnn... je n'y croyais pas un instant. Mais quoi alors ? Si c'était pour m'arrêter pour haute trahison et m'interroger dans un cul de basse-fosse, nul besoin d'envoyer un général. Des larbins suffisaient. D'autant que j'étais jeune et peu puissant. Alors, qu'est-ce-qui amenait un vampire aussi vieux et puissant dans ce couloir ?

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, répondis-je simplement, le plus naturellement possible. J'étais là-bas. Vous aussi. J'ai été gravement blessé, et oui, il m'a fallu du temps pour m'en remettre.

L'air détaché que j'affichais avait de quoi désarçonner. Après tout, pourquoi un "traitre" reviendrait paisiblement bosser en ville, au vu et su de tous, et en plus comme agent de sécurité, le niveau 0 de l'emploi enviable et bien payé. Rester debout pendant des heures, rester poli quand on se faisait insulter, intervenir en cas de vol, vérifier un ticket de caisse et le contenu d'un cadi....

* Ouais ! le pied ! *

Ou rester des heures derrières des écrans de contrôle... faire des tournées dans des locaux vides, des usines, ou de grands magasins regorgeant de belles choses, surveiller les employés qui mettaient en rayon, les ouvriers effectuant des réparations... Je me demandais quand Valombre me parlerait de William. Mon prince, celui que je n'avais toujours pas résolu d'oublier malgré qu'il eut été noyé dans la fosse des Mariannes, enfermé dans un cercueil doublé d'argent. Cette maudite reine avait enfin crevé, elle qui avait infligé cela à son propre fils ! Restaient ses filles. Autant j'aimais Morgane, autant de fuyais sa soeur. Des relations difficiles à venir avec cette nouvelle royauté à deux têtes. Je me tenais prêt. Prêt à résister. J'avais beau être jeune, mon expérience du combat pouvait m'assurer un petit avantage, assez pour m'échapper ?

* Surtout, ne rien tenter : ce serait mon arrêt de mort. *

Mon visage demeurait lisse, le regard soutenant celui de mon interlocuteur.

* Il n'a rien contre moi. *

Mais fallait-il des preuves, ou même seulement une, pour qu'il ait une raison de m'arrêter ? de m'enfermer ? de me tuer ?

* Bien sûr que non... *

Pourquoi était-il ici ? pourquoi avait-on dépêché un vampire de son envergure pour un petit vampireau comme moi ? Mes liens avec Julien, évidemment. Mon retour l'intriguait, visiblement. Et pourquoi posait-il des questions ici, si près d'êtres humains ? Tout cela m'intriguait.

- Oui. J'ai signé un contrat en venant travaillé ici. Et çà fait bientôt un an, depuis que Guillemaud m'a jeté à la rue. Vous êtes au courant, bien entendu...

La dernière phrase sonnait ironiquement. "Monsieur je sais tout" devait aussi être au courant que Julien m'avait passé par la fenêtre de son appartement du dernier étage de la tour de la Red's, et qu'il m'avait viré de mon emploi de bras droit par la même occasion. Personne ne voulait m'employer. Pas de nouvelles de nos dirigeants pour m'aider, me loger, me proposer quoi que ce soit, le plus petit boulot, même enterrer leurs victimes ! rien. J'aurai pu crever, çà les aurait débarrassé. A l'époque, Guillemaud se sentait déjà dans le colimateur et m'avait mis à l'abri. Nous nous étions vu en secret, par la suite, jusqu'à monter ce coup d'état... dont il restait le cerveau, bien entendu.

* Merci Julien ! *

Ce type était un génie, ce qu'il fallait à la tête de ce royaume à la dérive, afin d'évité la dégénérescence de ses vieux vampires. Les jeunes étaient l'avenir. Nous avions droit à une place, nous aussi. Pas seulement comme chair à canon.

- A l'époque, Guillemaud était général. Il commandait les troupes au nom de la reine Krystel, et nul ne contestait ni son pouvoir, ni son poste, ni ses compétences, et moins encore sa loyauté, répondis-je fermement. Servir sous ses ordres fut un honneur dont je ne cache pas. Et vous ? où étiez-vous pendant ce temps ? à vous terrer avec les autres civils, sans doute, attendant nos troupes pour vous délivrer d'une attaque de loups garous...

Il me menaçait, voilant à peine ses soupçons, et il était temps que je lui mette son nez dans la merde. J'étais toujours un héro des Années Sanglantes, même si le temps avait passé, et que les souvenirs s'estompaient. Vétéran, j'en conservais des traumatismes qui me hantaient et pourrissaient mes journées. Choses que ne risquaient pas de toucher ces messieurs de la "haute". Dans mon regard, il y avait une pointe d'honneur, tout comme dans mon discours. Valombre m'avoua ensuite que je l'intriguais, qu'il avait des questions à me poser... et je tournais légèrement la tête vers la droite, dubitatif :

- Vraiment ? Comment un petit vampire comme moi pourrait-il vous intéresser ?...

Le ton était léger, à la limite de la provocation... J'avais servi le Prince William, et ensuite, le général Guillemaud... pas si insignifiant que çà, mon parcours. Je repris un air sérieux pour ajouter :

- Que voulez-vous régler au juste ?

Puis, m'appuyant le haut du dos au mur après avoir haussé les épaules :

- Pourquoi voudrais-je en découdre avec vous ? vous avez une armée derrière vous. Si vous avez un ordre à me produire, me prouvant que les souveraines vous ont demandé d'agir à mon encontre, produisez-le, et je vous suivrai.

Un regard de défi, un pied contre le mur, une attitude décontractée... il était en territoire humain, et faire des vagues n'était pas dans son intérêt, ni dans celui des vampires en général...

- En attendant, je dois prendre mon tour à H et M, alors...

d'un air de dire : tu vois, moi, je suis occupé, je gagne ma croûte, je suis pas un branleur comme toi. Bref, j'avais retourné la situation à mon avantage, en quelque sorte... non que mon boulot fut intéressant, loin de là, mais j'en occupais un et savais le conserver. Ce qui n'était pas le cas de beaucoup de vampires. En cela, ma conduite était exemplaire depuis une année, et on ne pouvait m'attaquer sur ce point-là. Je payais mon loyer, aussi, et je n'avais pas de crédit. Bref, je vivais comme un humain parmi les humains, exactement ce que voulait le nouveau gouvernement, non ? Et çà, même les reines devraient le reconnaître.

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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyMar 31 Mar - 14:46

    Un sourire presque carnassier se peignit sur mon visage alors que le jeune vampire répondait avec aplomb qu'il ne voyait pas de quoi je voulais parler alors que j'abordais son coup d'état avorté et ses blessures. Il était alors nécessaire de disparaître pour guérir en paix et lécher ses plaies, pas seulement physiques. Qu'il réapparaisse maintenant avait de quoi surprendre. Et c'était bien cela qui m'intriguait. Soit il était convaincu de son innocence, soit c'était un excellent comédien. Je me demandais brièvement si ce jeune vampire avait autant de valeur que je le devinais. Il avait réussi à me blesser, il semblait dévoué, courageux et très bon combattant. Il avait fait ses preuves pendant les Années Sanglantes après tout. Et dans ce cas, était-il possible de le détourner de Julien ? Ou de se servir de lui comme agent double ? Question délicate... Il me semblait qu'il était un homme d'honneur et trahir celui qu'il avait servi fidèlement devait paraître inconcevable. Tant d'inconnues, tant de possibilités. Il me manquait des éléments le concernant. Des pièces du puzzle qui pouvaient m'aider à le comprendre. J'avais fait des recherches bien sûr, en attendant de lui mettre la main dessus. Mais j'aurais aimé entendre sa version des faits, de sa vie, de ses choix.

    Il me confirma qu'il avait signé un contrat et reprenait donc son travail, tout simplement, surtout maintenant que Julien l'avait abandonné. Ah cette assurance, ce petit ton ironique... Si Jana était à ma place, elle en aurait sans doute prit ombrage, adorable et impulsive qu'elle était. Ils étaient sensiblement du même âge vampirique d'ailleurs. Et encore une fois, chaque individu était bien différent. Si on ne connaissait pas son âge, il était aisé de le prendre pour un vampire bien plus âgé de par son arrogance et son flegme. Et pourtant, tout doué qu'il puisse être au combat, face à un vampire de mon âge et de mon expérience, il ne ferait pas le poids, il devait bien en avoir conscience. C'était peut-être cela qui le retenait de me sauter à la gorge, comme j'en devinais l'envie. De la jugeote, c'était bien aussi.

    Mais effectivement, les rapports entre Leslie et Julien s'était détériorés. Et le jeune héros de guerre s'était retrouvé à la rue, comme tous ces vétérans qui se retrouvaient démunis une fois revenus à la vie civile. Démunis, rejetés, oubliés. Je pouvais vivre en marge de la société humaine depuis 400 ans, cela ne m'empêchait pas de m'intéresser à son évolution, à sa mentalité, à ses travers. Et à ses forces. Il ne fallait pas les sous estimer. Et mieux valait connaître les humains, pour mieux les amadouer et nous faire passer pour... inoffensifs. Qu'ils soient fascinés par nous, bercés par des films et romans gentillets, accrocs à notre sang, qu'importe, ils étaient facilement manipulables. Sauf que cette façon de se débarrasser de Leslie de la part de Julien ne prouvait rien. Cela pouvait être de la poudre jetée aux yeux de tous. Je n'étais pas naïf et j'étais du genre méfiant et prudent. J'envisageais toutes les hypothèses, même les plus farfelues ou les plus complexes.

    « Bien entendu. Difficile de ne pas l'être, c'était très spectaculaire. »

    Et j'appuyais bien sur le spectaculaire. Du spectacle. Pas forcément le reflet de la réalité.

    « En revanche, j'ignore quelle a été la cause de ce désaccord entre vous. Auriez-vous défendu le pouvoir royal quand il commençait déjà à montrer des signes de dissidence ? »

    Ma voix était doucereuse. Et je lui indiquais clairement que je n'étais pas totalement dupe de tout cela. Mais j'étais curieux de savoir ce qu'il allait me répondre pour expliquer cela. Je n'arrivais pas à le croire totalement innocent, à croire qu'il n'ai pas trempé dans ce complot. Quand bien même son attitude n'avait pas été franche, il avait quand même montré des signes de soutien à Guillemaud. Un jeune vampire révolté donc...

    Leslie se fendit alors d'un petit discours à la gloire de Julien, de ses actions, de ses compétences. Une façon de me provoquer ? Probablement, mais il en fallait davantage pour toucher mon orgueil. Je penchais légèrement la tête quand il me demanda où j'étais pendant ce temps là, me rangeant dans la catégorie des civils attendant la venue des héros qu'ils étaient. Je lui jetais un regard perçant, pénétrant, avant de rétorquer d'une voix calme :

    « Vous êtes nostalgique de ces années de guerre et de chaos où vous aviez de l'importance, où vous pouviez montrer de quoi vous êtes capable, n'est-ce pas ? »

    Je n'attendais pas de réponse, j'étais certain de ce que j'avançais. J'avais toujours été doué pour cerner les gens. Une qualité déjà présente quand j'étais humain, exacerbée quand je devins vampire. Et j'avais des siècles de pratique désormais.

    « Honneur, gloire... Des mots désormais désuets. Rendu à la vie civile, il ne vous reste que les souvenirs de ces années. Et l'amertume. »

    Une amertume qui le poussait à la révolte. Qui le poussait à défier un vampire bien plus puissant que lui. Je ne lui répondis même pas concernant mon rôle durant les Années Sanglantes. J'étais soldat, garde rapproché de Krystel. J'avais eu mon lot de batailles et de morts. J'avais moi aussi aimé cette époque, écho de celle qui m'avait vu naître, y trouvant là de quoi alimenter mon immortalité. Mais j'avais su trouver une place en temps de paix. Pas lui. Je lui avouais alors qu'il m'intriguais et sa réponse m'arracha un rire.

    « Ne me faites pas l'affront de me prendre pour un imbécile. »

    Je cessais de rire, conservant pourtant une lueur amusée dans le regard.

    « Et pourquoi ne m'intéresseriez-vous pas ? Parce que vous êtes jeune ? Discret ? Noyé dans la masse des nouveaux nés ? Sont-ils pour le moins insignifiants ? Nous avons tous été jeunes Monsieur Anderson. La valeur n'atteint pas le nombre des années. J'ai tendance à penser qu'il y a une sélection naturelle et que l'on n'atteint pas plusieurs siècles par hasard. Et je pense que vous êtes du bois pour faire un vampire âgé. Enfin, si ce n'était cette fâcheuse manie à provoquer plus puissant que vous bien entendu. Mais vous avez servi le Prince William, puis Guillemaud. Je ne pense pas que vous soyez de ceux qui peuvent se contenter de mener une vie à l'écart. Il vous faut un but, une cause à défendre... Et manifestement ce n'est pas la notre. »

    Dommage. Il n'y avait pas de jugement dans ma voix, juste une analyse calme.

    « Parce que je représente quelque chose que vous détestez. Mais vous êtes assez intelligent pour ne pas écouter simplement vos pulsions. »

    Cependant, Leslie ne semblait pas décidé à saisir l'opportunité que je lui laissais. Je souris quand il me signifia que l'entretien était terminé. Qu'il avait un travail, lui. Ah oui, vigile pour des humains... Glorieux. Tellement humain justement... Il ne s'était pas encore détaché de son ancienne vie. Cela finirait par venir, avec le temps. S'il ne mourait pas avant. Il était sans doute vrai de nous taxer d'arrogance, de dire que nous nous pensions supérieurs aux humains. Vivre des siècles n'aidait pas à l'égalité, pas davantage que de détenir une force, une endurance supérieure... Se sentait-il encore l'égal des humains ?

    « Leurs Majestés m'ont chargé de traquer tous les traîtres. Et vous êtes soupçonné d'en être un Monsieur Anderson. Mais à votre guise, nous pouvons donc rendre cet interrogatoire bien plus formel. »

    Sous entendu, que je pouvais l'embarquer pour une petite garde à vue. Pas toujours agréable. Mais c'était à lui de voir.
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyVen 3 Avr - 0:18

Cette manière de faire, de vivre, comme si je m'accrochais aux branches d'une humanité pourtant perdue, était le fait de pas mal de néo-nat'... Bien entendu, il y avait ceux que la nature de vampire rendait fou : ils ne faisaient pas long feu ; d'autres se croyaient tout à fait supérieurs aux humains et voulaient prouver à tout prix n'avoir plus rien à faire avec eux... et puis les comme moi, qui s'acharnaient à continuer de vivre alors qu'ils étaient morts. Certains, bien sûr, occupaient immédiatement un poste parmi les vampires : chauffeur, garde, n'importe quoi... Je fermais les yeux, brièvement, comme pour chercher d'autres exemples.


J'ignorais si Valombre gobait ma mise à la porte ou en doutait, surtout qu'il avait employé un mot, "spectaculaire", avec un drôle d'accent. Une expression jaillit dans ma tête, comme de nulle part, écrasante :

* On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace ! *

Ouais... et Nicolas était plus vieux que Julien, ce qui n'arrangeait pas mes affaires, aussi, je ne relevais pas. Quoi que je puisse dire, de toute manière, çà me retomberait dessus. Ce type était venu me chercher des crosses et n'avait aucun mal à en trouver. Là, il jouait avec moi comme un chat avec une souris. Sauf que pour le moment, je ne couinais pas. Mon assurance demeurait intacte. La conviction de mon innocence pouvait seule m'innocenter, je le savais. Après tout, croire à quelque chose pouvait le faire naître, non ? oui... Je souris, carnassier, avant de répondre :

- La raison de "notre" désaccord ? J'ai appris que Julien n'était pas étranger à l'arrestation du Prince William.

La rage montait, palpable, dangereuse. Comme une bête sauvage, elle avait pris possession de moi, une fois encore, et se tenait désormais entre Valombre et moi. La sentait-il ? certainement, et il ne tarderait pas à se raidir.

- Guillemaud a tout prévu. Il s'est servi de moi, m'a promis de retrouver le prince, que c'était son ami, bla bla bla... Cette ordure de Julien m'a bien eu ! mais quelqu'un m'a tout révélé.

Silence, froid, dense, inquiétant, qui me donnait une toute autre stature, celle d'un être assoiffé de vengeance et rongé de doutes et de remords, d'échecs, aussi, surtout concernant la destinée tragique du Prince William... on sentait les eaux froides de la Fosse des Mariannes autour de nous, leur silence, leur pression insupportable. Savait-il aussi, Valombre, pour le terrible exil du Prince ? Je lui jetais un regard sombre et suspicieux : bien sûr que oui, il savait ! je le haïssais pour çà.

- Il a pris sa place, son poste, allait même épouser sa femme ! Je venais de hurler, rageur.

Puis, comme surpris par l'éclat, je me tus, écoutant les bruits de mon boss, dans son bureau... Pourvu qu'il ne débarque pas au milieu de notre conversation...

- Je suis monté à son appartement, et là, j'ai voulu le tuer.

Une moue au coin de la bouche pour signifier que l'échec était assuré :

- ... mauvaise idée. Il m'a fichu une dérouillée, et foutu à la porte. Enfin... jeté par la fenêtre serait plus exact.

Moqueur :

- C'est ce que vous vouliez savoir ? eh bien maintenant, vous savez.

Je n'avais pas bougé de place, mon visage redevint un masque froid et impénétrable, comme celui que j'arborais dans les rayons des magasins où je travaillais. Je savais que cette attitude ne m'attirerait pas son amitié... mais je m'en fichais : ce vieux n'était pas mon pote et au contraire, il ferait tout pour me coincer. Je le savais. Lui aussi. Pour le moment, nous en étions à la passe d'arme, à fleuret moucheté, mais bientôt, tout cela cesserait et la vérité éclaterait sur la raison véritable de la présence d'un vampire de l'envergure de Valombre dans le couloir miteux d'une agence de sécurité humaine, à la chasse pitoyable d'un vampireau d'à peine plus de dix ans.

- Rien à voir avec vos insinuations sur la dissidence. Guillemaud est un arriviste manipulateur qui veut le pouvoir, rien de plus. Il se sert des gens, les écrase, les dorlote ou les fait disparaître selon ses besoin.

Quant aux Années Sanglantes, ironique, je répondis :

- Qui pourrait être nostalgique de telles horreurs ? vous ?

C'était quasiment une accusation. J'en n'avais plus rien à faire de ce qui se passerait. Valombre était venu m'arrêter. Mais alors, pourquoi passait-il autant de temps à me faire la conversation ? que cachait-il en fait ?... mes yeux s'étrécirent, comme pour percer à jour ses véritables intentions.

- Je n'étais que de la chair à canon. Croyez-vous que je ne m'en sois pas aperçu ? seulement voilà, j'ai survécu, j'ai sauvé des non-vies, et suis devenu un héro pour certains.

* Visiblement pas pour toi, mon salaud ! *

Le vieux allait me faire la peau, même s'il prétendait que j'étais du bois qui faisait les vieux vampires. Je souris pourtant, sarcastique :

- J'ai toujours du mal à dormir le jour et oui, j'ai des cauchemars. Sans doute un reste d'humanité...

Ce couloir me semblait rétrécir d'instant en instant... je menaçais d'étouffer. J'entendis les pas de mon patron dans son bureau, il venait vers la porte et je suppliais en silence qu'il reste à l'abri ! il s'arrêta, pris un truc dans un placard et repartis de l'autre côté. Je me détendis. Nicolas avait dû remarquer mes interrogations, alors j'expliquais :

- Ce serait sympa de ne pas buter celui qui me paie...

C'était un petit entracte dans notre conversation, que je repris sur un ton sérieux :

- Oui, vous avez raison. Vous représentez ce que je déteste : un vieux vampire de l'establishment qui se sert des jeunes pour mieux s'en débarrasser. C'est pour çà que vous êtes là. Et moi, depuis tout à l'heure, je me demande pourquoi vous prenez autant de gants avec moi, pourquoi vous ne m'avez pas fait embarqué par vos larbins, ceux qui n'attendent qu'un ordre de votre part, histoire que vous ne vous salissiez pas les mains et le costard ?

Je haussais les épaules :

- Vous voyez, vous parlez de traitres et d'interrogatoires.... tout est dit.

Je fis demi-tour, entrais dans le bureau de mon patron après avoir frappé deux coups brefs, et refermais la porte :

- Euh... j'ai un problème pour ce soir...

Assis derrière son bureau en fer, il me regarda, surpris.

- Je ne peux pas travailler ce soir... je... enfin... un général est venu me chercher. Il est là, dans le couloir...

L'homme bondit sur ses pieds, fit le tour du bureau si vite qu'il s'accrocha au coin et manqua tomber, passa devant moi en trombe, ouvrit la porte à la volée, et demeura pétrifié à la vue de Valombre... Son regard admiratif le détaillait de la tête aux pieds, je le devinais, parce que je le connaissais par coeur....

- Vous... vous êtes le bienvenu ici... comment.... avez-vous pu entrer sans invitation de ma part ?

Il transpirait quand même à grosses gouttes... Se tournant à demi vers moi et me désignant :

- Vous avez un sacré garde, là ! une chance qu'il bosse pour moi ! Dites... vous n'allez pas me le reprendre ? c'est un excellent élément !

Pendant qu'il poursuivait ses pitreries (il voulait que je le recrute...) je me dis qu'une augmentation de salaire.... que le pingre ne m'accorderait pas. J'avais perdu le fil de la conversation, et quand mon boss me posa une question, je mis un petit temps à réagir, pas certain de ce que je devais dire :

- Oui... je suis désolé....

- Ce n'est rien, Anderson ! allez-y ! je vais vous remplacer par... O'Brian ! ce fainéant sera là d'une minute à l'autre tellement je lui aurai botté le cul au téléphone. Allez-y mon gars... allez-y ! par contre, soyez là demain. Sans faute.

Là... si Valombre devait me garder plus longtemps, je préférai qu'il lui dise pour combien de nuits il en avait avec moi...
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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyMar 28 Avr - 11:59

    Bien sûr que je doutais des paroles de Leslie. Mais je n'avais pas envie de l'arrêter ainsi. Avant, je voulais le cerner, le comprendre. Comprendre un vampire qui n'avait pas 10 ans d'existence en tant que tel. Julien avait soulevé des points importants et je n'étais pas hermétique à la discussion. Ni sourd et aveugle aux mouvements de révolte. J'avais vécu trop longtemps, côtoyé trop d'humains désespérés, poussés à la révolte, sanglante, pour ignorer les mêmes signes chez les miens. Les mécontents se réunissaient et c'était ainsi qu'on renversait un régime. J'étais français. Je savais exactement comment les « petits » pouvaient faire trembler les grands. Et planter leurs têtes sur des piques. Même vampire, je n'avais jamais totalement vécu en marge de la société humaine. Je m'étais intéressé à ce que l'humanité devenait, à sa façon d'évoluer, de s'adapter. De m'étonner. Ne jamais totalement oublier d'où je venais. Même si les années m'en éloignaient irrémédiablement... Sans doute un sentiment qu'un jeune vampire comme Leslie ne pouvait comprendre. Comme je ne me rappelais plus ce que c'était qu'être un tout jeune vampire.

    Je devais lui reconnaître pourtant une bonne maîtrise de lui et un aplomb que des vampires plus âgés auraient pu lui envier. Il était acculé, je n'avais qu'à prononcer un mot pour qu'il se retrouve dans les geôles, mais non, il me... bravait malgré tout et se défendait. Par des arguments recevables. La colère montait en lui. J'ignorais si c'était dirigé contre moi, ou due aux souvenirs. Peut-être un mélange des deux alors qu'il me répondait qu'il avait apprit que Julien avait trempé dans l'affaire du prince. Je demeurais muet et il ajouta que Julien s'était servi de lui pour arriver à ses fins. Ah ça, c'était du Guillemaud tout craché. Mais était-ce la vérité ? La colère de Leslie, en tous les cas, était bien réelle. Je l'observais, m'abstenant de tout commentaire à ce sujet, je sentais qu'il n'avait pas encore tout dit et il explosa effectivement.

    Et quoi conclure de cela ? Qu'il s'était effectivement brouillé avec Julien qui avait abusé de sa confiance ? Que leur dispute était réelle et que Leslie n'avait pas cherché à rejoindre son coup d'état avorté ? J'en doutais. Il y avait quelque chose qui m'échappait... Peut-être détestait-il l'ancien général, mais en tous les cas, il s'était rallié à lui. Sans doute épousait-il quelques unes de ses idées, malgré tout. Julien était un malin. Il reprit alors, un ton plus bas, qu'il avait cherché à le tuer... téméraire. Une jeune vampire contre un vieux, c'était suicidaire. L'effet de surprise pouvait toujours jouer en sa faveur, mais tout de même.

    « Vous vous êtes montré bien hardi pour aller jusque chez lui dans le but de le tuer. Hardi, ou inconscient... Vous avez de la chance de n'avoir que traversé la fenêtre. »

    Julien aurait pu le tuer. Il ne l'avait pas fait... Je demeurais circonspect. Je n'allais sûrement pas prendre tout ce qu'il me disait comme la vérité totale et absolue. Même si je gravais cela dans mon esprit. J'y repenserais plus tard, au calme et après avoir vérifié certaines petites choses.

    « Mais on dirait que l'attitude de défier plus âgé et puissant que vous ne vous soit pas passé. »

    J'avais dit cela de façon aimable. Mais c'était aussi une sorte d'avertissement. Il n'était pas intouchable, loin de là, et je lui conseillais de ne pas trop tirer sur la corde. Ici, il n'y avait pas de fenêtres. Ce serait contre le mur qu'il s'écraserait. Et je pouvais me montrer moins magnanime que Julien. Qu'il meurt et qui le regretterait ? Qui le vengerait ? Question intéressante tiens. Pouvais-je me servir de lui afin de vérifier s'il était encore en relation avec Julien ?

    « Apprenez-vous de vos erreurs de et vos déconvenues, Monsieur Anderson ? »

    Il ajouta alors tout le bien qu'il pensait de Guillemaud et je souris, glissant sournoisement :

    « Hum, n'est-ce pas ce que font tous les grands de ce monde ? »

    C'était un peu simpliste et généralisé, mais pas un mensonge pour autant. Quand on se hissait au pouvoir, il fallait oublier ses principes, parfois faire des choses révoltantes. Et il en était de même pour le conserver. Régner était un fardeau dont je n'aurais pas voulu. Trop de contraintes. Leslie me cherchait alors qu'il insinuait que je pouvais être nostalgique de la guerre. Ah, pensait-il que ses petites attaques pouvaient m'atteindre et me faire perdre mon sang froid ? Je n'étais pas un gamin colérique.

    « Certains hommes n'ont de valeur qu'en temps de guerre. Non, je ne suis pas nostalgique des Années Sanglantes. Pourquoi le serais-je alors que, selon vous, j'ai passé ces années, bien planqué, attendant que des gens comme vous fasse tout le sale boulot ? »

    Il avoua être bien conscient qu'il n'était que de la chair à canon, mais avoir survécu, contre toute probabilité, devenant même un héros pour certains.

    « Une gloire aujourd'hui obsolète. »

    Il me confia avoir encore des difficultés à se faire à sa nature vampirique. Je le quittais des yeux quelques instants, commentant d'une voix absente :

    « Certains s'y accrochent pour ne pas se perdre. »

    Mais des bruits de pas se firent entendre et mon regard se braqua vers l'endroit d'où ils provenaient. J'avais presque oublié que nous n'étions pas seuls. Il y avait des humains ici, que nos affaires ne concernaient pas. Leslie fit alors un commentaire, me suppliant même de ne pas tuer son patron. Je haussais un sourcil, légèrement méprisant.

    « Une remarque inutile, je ne m'amuse pas à tuer à tout va. Quelle piètre et erronée opinion vous avez de moi... »

    La discrétion était le maître mot. Tuer un humain juste parce qu'il arrivait au mauvais moment dénotait d'un singulier manque de contrôle et de considération de la race humaine. Ce n'était pas mon cas. Et cela attirerait des ennuis en plus. Il reprit notre conversation, me confirmant qu'effectivement, il détestait ce que je représentais. Bien. J'avais au moins une idée de ses opinions. Je ne me défendis pas de l'opinion qu'il avait de moi, me contentant juste de le regarder et de lâcher d'une voix calme :

    « Oui, décidément, vous êtes pétri de préjugés et d'idées reçues. »

    Ah mon jeune ami, si tu savais... Si tu savais combien de batailles j'ai pu mener. Les litres de sang qui ont pu souiller mes mains. Mais non, tu n'en as aucune idée, aveuglé par tes préjugés, par les apparences, trompeuses. Il y avait ceux qui n'existaient que par la guerre. J'en avais connu. Qui ne vivaient que dans l'attente de la prochaine bataille. Il y avait ceux qui subissaient et essayaient juste de rester en vie. Et il y avait ceux qui réussissaient à être de bons guerriers en temps de guerre et des bons administrateurs en temps de paix.

    Leslie me tourna alors le dos pour entrer dans le bureau de son patron, présent dans la pièce, lui annonçant qu'il avait un problème pour ce soir. Il était bien sûr de lui pour me tourner ainsi le dos. Mais qu'importe. Leur échange ne m'échappait naturellement pas, qu'importe que la porte soit close. Je souris à son explication. Et j'entendis des bruits de pas précipités, alors que la porte s'ouvrait sur le patron qui me regarda d'un air que je connaissais bien. Tiens, en voilà un qui aurait adoré devenir un vampire. Et qui parlait trop.

    « Cela ne fait aucun doute. »

    Qu'il était un bon élément. En revanche quand il ordonna à Leslie d'être là le lendemain sans faute, j'intervins poliment :

    « Je crains que cela ne soit pas de son ressort. Mais vous serez prévenu si monsieur Anderson ne peut assurer son service demain. Sans faute. »

    Je me fendis d'un léger sourire. Mais mon ton était ferme et définitif.

    « Nous y allons Monsieur Anderson ? »
Nicolas de Valombre

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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyDim 3 Mai - 7:23

« Vous vous êtes montré bien hardi pour aller jusque chez lui dans le but de le tuer. Hardi, ou inconscient... Vous avez de la chance de n'avoir que traversé la fenêtre. »

Je me demandais si le général se moquait de moi en disant cela, mais je le pris mal :

- J'étais fou de rage. Je détaillais Valombre de la tête aux pieds, comme pour soupeser mes chances de lui échapper. Un truc que vous ignorez, visiblement. Vous êtes froid, vous n'avez aucune attache. "On" a tué mon prince. Celui qui m'a aidé, le seul à l'avoir fait, après qu'une des vôtres, une cinglée, ait fait de moi ce que je suis.

Le ton avait monté. J'étais sur la défensive désormais. Non, je n'étais pas une victime, et je voulus renverser le message :

- Alors oui, je l'ai attaqué, follement. Il n'y avait plus d'entente possible entre nous deux. Guillemaud avait tué mon protecteur, pire, m'avait soutenu être son meilleur ami et vouloir le venger !

J'enrageais et en oubliais toute peur, m'approchant du général, comme pour le défier, ne laissant plus de place au jeu, mais seulement à la douleur d'avoir perdu William :

- Et alors ? çà vous amuse ? de me voir me débattre avec votre foutu société ?!!!

Je criais, mais pas assez fort pour qu'un humain ne m'entende à dix mètres de là, la porte fermée. L'autre s'amusait de ma rébellion :

- Non. Je n'ai pas peur de vous, ni des autres. Je vous ai tous banni de mes relations.

J'attendais, pour voir la réaction du "vieux" à cette affirmation stupéfiante : un vampire voulant vivre seul parmi les humains... A la question suivante, je répondis tout de go :

- Non. Visiblement non. D'où cet exil volontaire loin de vous.

"Vous" pour "les vampires"... Je n'étais plus rien pour eux, et Valombre ne se priva pas pour enfoncer le clou "de valeur qu'en temps de guerre", "gloire obsolète"... Mon sang s'écoulait par les plaies en jet continu et tout tourna autour de moi... Mon inutilité me frappa, comme si je n'en avais pas eu conscience auparavant. Non seulement çà, mais j'avais choisi le mauvais vampire à suivre. Julien... Il m'avait déçu, trahi, et pourtant... tout tournait autour de lui, car lui seul avait fait attention à moi. Pas un autre, non... Guillemaud m'avait tracté derrière lui lors de sa montée en puissance, me donnant toujours plus d'importance... un place parmi les vampires. Au fond, c'était peut-être ce que je cherchais, après tout, une place. Comme tout le monde... L'autre, là, en face de moi, se jouait visiblement de moi, s'amusait à me rabaisser et j'avalais couleuvre sur couleuvre. Je ne le battrais pas, non, trop vieux, trop fort, et j'étais fait comme un rat : aucune sortie possible.

« Une remarque inutile, je ne m'amuse pas à tuer à tout va. Quelle piètre et erronée opinion vous avez de moi... »

Envie de lui répondre :

- Oui, sale con !

Mais obligé de me taire... et il enfonçait le clou avec des préjugés et des idées reçues. Que ferais-je face à un jeune vampire ? je lui ficherai une paire de baffes, peut-être même que je le tuerai pour lui éviter une non-vie de souffrances inutiles. Qu'est-ce-qui me tenait en vie pour Valombre ? que représentais-je qui vaille la peine qu'il "perde" son temps avec moi ? la recherche de preuves supplémentaires pour accabler Guillemaud. C'était si clair. Ma vie ne tenait qu'à un fil, celui de l'ancien général... Etrange sentiment... ma vie, à ce rythme là n'en avait plus pour très longtemps... Je devais gagner du temps, me sortir de là, et me barrer définitivement d'Ecosse ! En attendant, j'avais repris mes distances, sous les sacarsmes de Valombre.

Rebelle, je l'étais depuis cette fameuse nuit où, par vengeance, une vampire, rendue veuve par mon action policière s'en était prise à moi. Je me demandais encore pourquoi elle m'avait transformé et pas seulement tué. Humain, j'avais respecté toutes les lois, tous les codes, à la lettre. Parfaitement intégré, la réussite me souriait au quotidien. L'éternité, par contre, me condamnait à la mise au ban de la nouvelle société dans laquelle j'évoluais. J'étais devenu ce que jamais je n'aurai pensé devenir : un marginal, inadapté à son environnement, contestataire car ne trouvant nul part sa place, toujours rejeté, ou réduit aux basses besognes, sans aucune possibilité d'évoluer. J'avais provoqué le "vieux", et après tout, qu'il en finisse, mais non ! je ne me laisserai pas faire. J'étais un vampire, moi aussi. Et sans aucune envie de mourir. Etrange comme on peut s'accrocher à la vie, même quand on se persuade qu'elle n'est rien. Je voulais juste vivre, tranquillement, dans mon coin, d'où ce choix d'une boîte humaine, avec un patron et des collègues humains. Mais la vie nocturne qui était désormais la mienne, ne semblait pas permettre ce choix.

Mon boss, pendant ce temps n'en revenait pas qu'un si grand vampire vienne chez lui ! c'était une sorte d'honneur qu'on lui faisait, et il oscillait entre le cirage de bottes et une forme de peur insidieuse et destructrice.

- Oui... bien sûr... bien entendu.... euh....

Il se frottait les mains, patron d'un vampire... ce n'était pas rien...

- C'est un bon employé... commença-t-il... j'aimerai bien qu'il me revienne... vous savez... les plannings, tout çà... c'est délicat avec un agent de moins...

Bientôt, il nous parlerait de la crise, et tout çà... et allait se faire tuer par Valombre !

- Bien entendu... concéda-t-il à l'idée de ne pas me revoir de sitôt. Que pouvait-il faire d'autre ? Monsieur Anderson a d'autres obligations, prioritaires sur les miennes....

* Oh ! je le boufferai !!!! *

Mon boss était mielleux, comme tous les chefs devant leurs supérieurs. Le général était-il ainsi devant le pouvoir ? Guillemaud, non. Jamais. Il jouait, il se jouait des gens. Jouait leur jeu mais ne s'abaissait pas. C'était bien lui que je suivrais... aucun doute.

- Rendez-le moi au plus vite, c'est un employé de grande valeur...

* Tu parles, je fais toutes les heures sup' pour le même prix que des heures normales, quand tes gars te lâchent parce que tu fais chier ! *

Valombre était très poli avec l'humain... 10/10 en relations diplomatiques, bien qu'à mon avis, ce ne soit que façade... il aurait sans doute bien aimé le vider de son sang, qu'il aurait eu avec l'accord de son proprio, en plus... à son invitation, je répondis :

- Oui, général, je vous suis.

En fait, je dus passer devant... parce que j'étais prisonnier, non ? Pourquoi j'étais revenu de Londres ? merde ! je m'en voulais. Trop tard pour regretter. Aurai-je à porter des menottes en argent ? où allions-nous ? je ne posais aucune question, avançant en silence, ouvrant la porte, humant l'air frais... Il n'y avait plus de verglas dans les rues, les démons avaient arrêté leur cirque...

* Pour combien de temps ?... *

Lorsque nous nous étions dit "bonsoir", avec mon patron... je m'étais demandé si je ne le reverrais jamais.
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MessageSujet: Re: Qui es-tu ? | [Livre II - Terminé]   Qui es-tu ? |  [Livre II - Terminé] EmptyMar 2 Juin - 1:13

    Ce jeune vampire avait tendance à se montrer bien trop prompt à juger et à faire des généralités. Je ne lui concédais qu'un léger sourire en coin alors qu'après m'avoir avoué être fou de rage, il ne pouvait s'empêcher d'encore tenter de me provoquer en affirmant que je ne pouvais comprendre ce sentiment. Ah... S'il savait. S'il savait qu'en tant que jeune homme et jeune vampire, je n'avais été que créature passionnée et guidée par ses émotions et ses instincts... Et qu'encore maintenant, cette froideur n'était qu'un bouclier pour éviter tout dérapage qui aurait été malvenu. Cette... maîtrise m'avait demandé des centaines d'années. Il était difficile de composer avec les émotions décuplées des vampires. Nous n'étions pas des créatures froides. Bien au contraire, tout avait beaucoup plus d'impact pour nous. Tout était intense. Je refusais simplement de laisser ces émotions guider mes actes. Plus jamais.

    Jeune ignorant qui pense détenir la vérité. Tout ceci était grotesque. Aucune attache ? Ridicule... Bien au contraire. Et des attaches de très longue date, bien plus difficiles encore à oublier quand elles disparaissaient. La peine des humains lors d'une perte était immense. Ramenez cela à une échelle bien plus longue, à des amitiés, des loyautés de plusieurs dizaines, voire centaines d'années... Il était des chagrins inconsolables.

    Je ne pris pas la peine de lui dire qu'il pouvait remercier cette froideur qu'il méprisait ainsi et qu'elle lui sauvait la vie. Il s'en servirait encore comme d'une provocation. Et cet entretien commençait à devenir trop long. Je notais tout de même ses paroles concernant le rôle qu'avait joué William dans sa vie de jeune vampire. Et la colère de Leslie envers Guillemaud qui l'avait amadoué pour mieux lui planter un couteau dans le dos, le charmant par de belles paroles, lui assurant son soutien et son innocence tout en assassinant le prince. Il y avait tellement d'enjeux... Tellement de paramètres. Certains sacrifices étaient parfois nécessaires malheureusement. Et c'était bien pour cela que les dirigeants étaient si décriés et incompris, se résolvant à ces sacrifices pour le bien du plus grand nombre. Pour avoir fréquenté la Cour, aussi bien humaine que vampirique, j'avais apprit à laisser mes sentiments de côté pour me résoudre à écouter la raison.

    Quand il me demanda si cela m'amusait de le voir se débattre dans notre société, mon visage se fit bien plus sérieux et je cessais de le provoquer, de l'analyser, réfléchissant réellement à la question, avant de simplement lâcher :

    « Sincèrement ? Non. Parce que vous êtes le reflet de cette époque. Et que cette révolte envers les vôtres est préoccupante. »

    Car si tous pensaient ainsi alors... Alors il ne fallait pas chercher pourquoi Julien avait pu rassembler des partisans. C'était intolérable. Il fallait absolument réveiller une fibre... patriotique, même si le terme n'était pas adéquat. Que vieux comme jeunes vampires se sentent unis par leur race et leurs préoccupations. Il y avait un schisme à ce niveau, auquel il allait falloir remédier. Il enfonça le clou en m'affirmant ne pas avoir peur de moi, des autres, et ne rien vouloir à faire avec les autres vampires. Voilà qui était fâcheux. Je ne répondis rien quand il répondit à ma question. Comment remettre Leslie sur les rails ? Comment renverser la tendance et lui apporter un sentiment de fierté d'être un vampire ? Il était peut-être un élément clé dans la compréhension de ce qui clochait chez nous.

    Mais nous fûmes interrompus par son patron. Qui suintait la complaisance. Je le méprisais presque instantanément, tant ses aspirations étaient visibles. J'assurais à Leslie que je ne ferais aucun mal à son patron, avant de converser avec ce dernier, dont les préoccupations de planning ne me concernaient absolument pas.

    « Je conçois que nous vivons des temps difficiles et qu'il est difficile de recruter de bons employés. Soyez assuré que nous saurons vous dédommager si votre affaire venait à pâtir de l'absence de Monsieur Anderson. »

    L'argent. Un très bon moyen de se débarrasser de certains problèmes et ce n'était pas un problème pour nous. Mais il était insistant le bougre. Je jetais un regard à Leslie. Regard qui signifiait que si je n'avais pas été aussi froid qu'il me l'avait dit plus tôt, son patron serait déjà plaqué contre un mur, terrifié par la colère d'un vampire qui en avait assez de perdre son temps. Alors qu'il concédait que le vampire avait des obligations plus importantes que les siennes, j'acquiesçais et répliquais d'un ton plus sec, comme une mise en garde concernant ma patience :

    « Effectivement. »

    Je retins un soupir d'exaspération à sa dernière supplique. J'optais pour un ton doucereux de mauvais aloi :

    « Serait-ce un ordre ? »

    L'autre s'empressa de secouer la tête en signe de dénégation, frénétiquement, avant de bredouiller des excuses. Bien. Je le trouvais un peu trop hardi avec un vampire. Leslie essayait sans doute de se la jouer inoffensif et intégré dans la situation humaine, si bien que l'autre n'en avait pas peur. Mais je n'étais pas Leslie. Je demandais alors au vampire s'il était prêt à me suivre. Il acquiesça, coopérant et relativement agréable. Parfait. Je hochais la tête, le laissant passer devant, me tenant juste derrière lui. Laissant l'illusion que c'était là une simple convocation. Alors que c'était une arrestation.

    Je le guidais jusqu'à une voiture où nous primes place. Je montais à l'arrière avec lui, tandis que les autres gardes regagnaient soit les véhicules, soit repartaient à pieds. Leslie avait compris qu'il valait mieux être coopératif.

    Il ne reviendrait pas travailler le lendemain. Ni les jours suivants.


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