Que le bal commence. Je relève les morts. Mes yeux se révulsent avant que je ne ferme les paupières. Je me concentre, à l'affût des réceptacles, pour pouvoir y déchaîner mon pouvoir. D'une impulsion, j'insuffle une parodie de vie dans ces corps qui en sont dépourvues. Je les suis alors qu'ils tremblent et se relèvent. La première était une jeune femme, probablement venue ici avec son petit ami. Le second est un homme qui porte un poids extrêmement élevé. Un membre des troupes de choc de la brigade. Peut être, probablement même, quelqu'un que j'avais connu. Je m'en fiche. Repassant le visage par dessus la bordure de la fontaine, je vois que la première s'en prend à quelqu'un que je connais. Il me faut quelques secondes pour le replacer, alors que j'essaie de le sonder comme si j'aimerais le relever. Il n'est pas mort et les informations sont presque inutiles mais je perçois son aura, et j'ouvre la bouche de surprise, légèrement contrariée et fronçant les sourcils. L'homme de main de la Reine, celui avec qui elle a un canal psychique particulièrement fort et élaboré. Je ne l'ai rencontré que dans la tête de sa compagne vampire... Il ne doit pas mourir. J'esaie de reprendre le contrôle du zombie, mais c'est trop tard ; la créature a soif de sang. La seconde s'en prend directement à Mc Borough qui lui met une balle dans la tête alors qu'il s'est fait blesser en tout premier lieu par ma créature. Au moins sera t'il ralenti. Je pousse un petit cri de frustration et tape du poing contre la pierre de la fontaine quand le servant de la Reine bute mon autre créature. Je me tourne vers Maryana, qui s'active pour tuer de nombreux humains autour d'elle. Une balle siffle et ricoche sur la pierre, tout prêt. La PES en veut après ma peau ? La leur me fera une très belle serviette de bains.


 

Action ;; Relève des zombies à partir des corps que Maryana a tué

Rien ne se passe... Et d'un coup, de nombreux corps s'agitent. Je pars d'un énorme éclat de rire alors que je prends bien mon pied à faire le mal. Je reporte mon regard vers les équipes de la PES. Pour vous, messieurs. Mes zombies n'ont pas besoin d'ordre oral pour avancer, mais je ne peux pas passer à côté.


| Tuez les jusqu'aux derniers! |


La horde s'avance, se sépare en deux. Une partie sur la première équipe, l'autre partie sur la seconde. Que le carnage commence!

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Tout dégénère à une vitesse incroyable : le sang coule puis les victimes se relèvent, formant une armée de morts-vivants de plus en plus inquiétante. Je n'avais jamais assisté à une telle débacle. Je regarde, impuissante, Torben au corps-à-corps avec le zombie qu'est devenu sa fiancée. Je ne peux même plus tirer : la balle pourrait atteindre aussi bien l'un que l'autre et je ne peux me le permettre. Alors j'essaye d'anticiper. Quand Cora sera inerte pour de bon, il ne sera plus question de rester une seconde de plus ici, bien sûr. S'il n'y avait eu que la PES, mais avec les semis-démons qui sont venus en masse, ça devient trop dangeureux. Nous n'avons plus rien à faire ici ; sinon ce serait du suicide et ça ne mènerait à rien de toute manière. Trouver une issue et arriver à s'y trainer dans la panique générale, en évitant les dégats. Un coup d'oeil aux portes de sécurité autour de nous : je doute qu'on puisse facilement en crocheter la serrure... Mais si je ne trouve aucune autre solution, je pourrais toujours essayer de faire quelque chose. Ne m'attardant pas plus là-dessus, je cherche un autre moyen. Les entrées normales sont exclues, sûrement bouclés par la PES au départ, et maintenant tout le monde tente de sortir par là ; ce doit être un vrai charnier. Dans l'état où se trouve Torben -couvert de sang- il ne faut pas espérer se fondre dans la masse pour s'en tirer. Peut être que si nous arrivons à nous frayer un chemin jusqu'au parking souterrain, nous trouverons une issue, mais c'est risqué et autant tenter d'ouvrir les portes de secours, dans ce cas.

Mes réflexions sont interrompues alors que je le vois se relever, dégoulinant d'hémoglobine, le cadavre de Cora gisant sur le sol. Il m'indique par gestes de rester cachée, et que nous n'avons plus rien à faire là, ce à quoi je hoche rapidement la tête pour marquer mon accord. Mais il ajoute également autre chose. Krystel, à Glasgow, en danger. Je me pince les lèvres. Même si par miracle nous arrivons à sortir d'ici dans les cinq minutes, il nous faudrait du temps pour faire le chemin jusqu'à Glasgow et venir en aide à la Reine. Et je suppose que si les deux sont en mauvaise passe, ça doit tirer sur leur lien. Je lui réponds moi aussi par gestes, lui demandant s'il a une idée de par où nous pourrions sortir et que je peux toujours essayer d'ouvrir une des portes du personnel mais c'est incertain.

La fête allait enfin pouvoir commencer. Depuis le temps que j'attendais un moment comme celui ci... Tout cela promettait d'être formidable, il n'y avait pas à dire. Je ne m'étais même pas droguée aujourd'hui, rien. Mon pouvoir à l'état pur, qui allait à coup sûr encore augmenter ce soir. J'avais du mal à cacher l'euphorie qui m'agitait, et quand je repérais enfin Pandore, un rictus des plus malsains tordit mes traits. Et bientôt, une sensation plus jouisive encore. Le Chaos me fit frisonner de plaisir tandis que deux cadavres se relevaient et que d'autres semis-démons encore se mettaient en action. Quand à moi, on n'eut pas à attendre très longtemps. Mais par où attaquer ? Oh oui, je pourrais me planter au milieu et laisser mon pouvoir tout dévaster, mais je comptais faire les choses une par une, afin que le plaisir dure plus longtemps.

Je jetais un regard à mon amie à mes côtés. Comment comptait elle agir ? Son don n'était utile qu'à elle même, mais je ne doutais pas un seul instant qu'elle trouverait un moyen de participer aux réjouissances. Quant à moi, il fallait que je tue. Que je laisse enfin s'exprimer ce Chaos qui me démangeait depuis tant de jours. Et j'allais tuer.

Il est temps que des cadavres humains fleurissent sur cette terre, et qu'ils tremblent de terreur devant les demis-dieux que nous sommes jusqu'au dernier souffle de leur insignifiante vie.

Je focalisais mon attention sur tous les néons au plafond. Faire tomber une forêt électrique ferait toujours des dégats. Pour les balles, nous verrons plus tard. Pour le moment, il me fallait du grandiose.

Action ;; Je concentre mon pouvoir sur les éclairages du plafond pour les faire tomber tous en même temps.

L'éclairage se met à grésiller, je laisse mes yeux fixés au plafond et vois une partie se désintégrer et tomber au sol... Le seul soucis, c'est que la partie en question n'est autre que celle qui se trouve juste au dessus de ma tête. Je n'ai même pas le temps de courir que je me prends en pleine gueule tous les éclats. Un cri m'échappe, mon sang commence à couler. Je pousse les gens autour de moi et me réfugie à l'écart. Ce sera mon seul échec. Je n'ai pas dit mon dernier mot

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Je n’avais plus vraiment le temps de me poser de questions. Me trahir ou non n’était plus à l’ordre du jour. Je savais qu’en venant, qu’en rejoignant Maryana et Pandore, ma vie risquait de changer de direction à jamais. J’avais pris des décisions, il fallait les assumer.

La réponse à ma question silencieuse arriva vite, Pandore releva des morts, je n’eus pas le temps de m’intéresser à l’un de mes clients les plus réguliers. La partie avait commencé. Leur pouvoir était à tous offensif. Pas le mien. La seule solution qu’il me restait était de protéger Esther. Je n’en étais pas très loin, c’était facile...
Je ne m’occupais pas de savoir ce qu’elle ferait de son côté, mon but étant de faire rempart. Ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’elle nous fasse péter les lampes au dessus de sa tête. Ma grande, là, j’pouvais pas y faire grand chose. « Si tu pouvais éviter de nous faire péter la lumière à la tronche, ça serait sympa. » Je n’étais pas blessée, elle si.

Quand tout le monde tentait de se planquer, moi pas. Non pas que je cherchais à me prendre une balle mais avec le chaos alentour, je n’en ressentais pas le besoin. Mais si j’avais une question, c’était de savoir où aller. Notre plus grosse puissance, c’était Pandore et Maryana, j’allais devoir jouer les boucliers humains... ou plutôt semi-démons. « Essaie de rester en vie, j’vais jouer les pare-balles ou les boucliers, tout dépend. » J’étais pas particulièrement emballée par l’idée mais je me faufilais jusqu’à Pandore, je guérirai toujours plus vite qu’elle et ça n’avait rien à voir avec le profil du héros. J’avais pas la carrure.
« Si t’as besoin d’un pare-balles, profites-en. » Ok, j’étais pas fan de l’idée de jouer les remparts, sauf que voilà, c’était mon utilité, du moins le temps de voir d’où ça canardait. Dès que je le saurai, j’pourrais toujours tenter d’aller ouvrir un membre de la brigade en deux... Le tout, c’était de trouver une arme adéquate. J’avais oublié de penser à me balader avec un couteau. En même temps, c’était pas discret.
Et si dans le pire des cas je n’arrivais pas à bouger de là... et bien je continuerais ce que j’étais en train de faire.

Juste une balade, rien qu’une sortie entre copines... La bonne blague. Je vivais un cauchemar éveillé, plus terrifiant que celui où il y avait Torben, plus flippant que celui où je perdais Hayden, ma mère, mon frère et ma sœur... Je n’aurai jamais pu imaginer que je vivrais une chose pareille. Ils m’avaient protégée, donné des règles à suivre pendant les années sanglantes mais là, il n’y avait plus de règles et je n’avais aucun conseil à suivre sinon ceux que j’inventais. « Sav’, en cas de danger, cours. », « Préviens-nous, appelle-nous. » Oui, j’imaginais que c’est le genre de trucs qu’aurait pu me dire ma mère, ou Hayden. Sauf que dans un cas comme dans l’autre... y avait un problème : courir pour aller où ? et même prévenu, comment feraient-ils pour faire quoi que ce soit ? »

Je pensais m’être cachée en sûreté ou du moins dans un endroit où il ne m’arriverait rien, je m’étais plantée. Tout ce que j’avais voulu, c’était me changer les idées et tout ce que j’avais en retour, c’était ça... Des tirs, des morts et des morts-vivants.
Sauf que rien de tout ça ne me blessa, non. Ce furent les éclairages au dessus de ma tête. Je ne savais pas pourquoi ils avaient explosés mais c’était bien le cas. Je n’étais pas la seule blessée mais je compris que c’était... à moitié involontaire. J’avais des coupures sur les bras et au visage mais je pris mes jambes à mon cou, encore... pour m’éloigner des gens, de tous les gens. Je bousculais au passage un homme plutôt bien habillé, le genre qu’on croisait devant chez les notaires ou qui démarchait les médecins. Je ne m’excusais pas. Si j’avais su qu’il faisait partie de ces semi-démons que tout le monde voulait absolument enfermer, je ne sais pas ce que j’aurais fait.

Paniquée, cachée derrière un de ces kiosques qui vendent des savons soit disant fait maisons et loin de mon cauchemar personnel numéro un, je pris mon téléphone et composais le numéro de ma mère. Je ne devais pas l’appeler mais là, je n’avais pas trop le choix. Elle ne m’en voudrait pas, j’étais même sûre et certaine que c’était la chose à faire. J’avais trop peur pour réussir à aller très loin en courant comme ça. Mes jambes tremblaient trop.
Après être tombée sur le répondeur, je raccrochais avec l’envie stupide de jeter mon téléphone. Qu’est-ce que j’étais censée faire ? Je n’étais qu’une gamine de quinze ans. Je gardais mon téléphone entre les mains, le serrant plus que nécessaire. Au fond, c’était une arme comme une autre non ?

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Je restais là, derrière ce poteau alors qu’un carnage sans nom continuait au milieu de l’allée, à quelques mètres à peine d’où je m’étais réfugiée. Si on peut appeler une colonne un refuge… je ne pouvais pas bouger, sentant des balles s’impacter par moment sur la colonne, je ne savais pas si on me visait alors à choisir je préférais rester à couvert le temps qu’il faudra. Ne pas aller dans la précipitation, même si je pouvais user de mon pouvoir pour tout incendier et que tout s’arrête rapidement. Finalement, je me décide au bout de quelques minutes et jette un coup d’œil rapide. Le temps d’apercevoir une femme… la femme tué précédemment se relever. Et là, tout devint clair dans ma tête. Alors en plus d’avoir la PES qui mitraillait tout le monde, Pandore devait être dans les parages, à n’en pas douter. Maryana également même si je ne voyais pas les causes de son pouvoir déferler sur les gens. Pas encore tout du moins. Je ressentais également le chaos autour de moi, un sentiment bien étrange, déjà ressentie mais pas aussi intense. Nous devions être nombreux, plusieurs à être réuni ici et à utiliser leur pouvoir. Pour le moment, je n’étais pas prête ni apte à m’engager dans cette guerre. Je ressentais ce fluide en moi mais je n’avais rien d’un soldat, si c’était pour aller droit au suicide à quoi servirais-je ? A rien. D’autant plus que je pensais aussi à mon frère, que j’avais à peine retrouvé. Si je mourrais maintenant, tout ce qu’on avait fait n’aurait servi à rien.

Je me repli de nouveau derrière la colonne, tourne la tête pour apercevoir une jeune fille se cacher elle aussi derrière une colonne à quelques mètres de là. Même les plus jeunes étaient touchés, des innocents en somme. Du moins elle n’avait pas l’air de caché son jeu, elle avait plutôt l’air terrifié. Je voulu la rejoindre mais de nouveau des balles heurtèrent ma colonne et je me remis aussitôt à couvert. Bordel, j’allais rester là jusqu’à la fin ? J’étais presque isolé en plus, à l’opposé de la grande entrée où il devait y avoir la PES et peut-être même Pandore et Maryana. Je ne connaissais personne finalement et j’étais bien emmerder. Puis soudainement, un éclair me fit sursauter et des débris tombèrent, mais pas sur moi, sur la jeune fille à côté qui la fit prendre la fuite, me retrouvant de nouveau seule. Le chaos règne et au moment où je prends mon courage à deux mains pour sortir et m’avancer pour avoir une meilleure vision des choses, je tombe dans ma course sur quelqu’un et l’entraine avec moi dans ma chute. Je suis au-dessus de lui et je n’ai pas le temps d’observer qui ça peut bien être que des balles sifflent tout proche et je reprends ma course folle jusqu’à arriver derrière une énorme jardinière en pierre. L’avantage désormais, c’était que j’étais au cœur de l’action, je voyais tout. J’apercevais à ma gauche les groupes de la PES se diviser – Philipp que je reconnu sans nul doute et me souvenais de ses dernières paroles – Pandore et Maryana en face à côté de la Fontaine et d’autres se faisant massacré par des zombies. Je cherchais des yeux une sortie mais je me terrais de nouveau derrière la jardinière, entendant bien trop perceptiblement les balles fuser à mon oreille.


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Des soldes, non loin de Lothian Publishing. Une excellente affaire, pour racheter du matériel pour la maison, et peut-être même un cadeau pour Jana. Elle m’avait offert il y a peu, et pour récompenser ma diligence et mes progrès, une lame ancienne, une dague pratique et aisée d’utilisation, tout en étant une œuvre magnifique. Je la portais, d’ailleurs, aujourd’hui, de même que le pistolet qu’elle exigeait que j’ai en permanence sur moi. Je me débrouillais tant bien que mal avec, m’améliorant un peu plus à chaque entrainement, mais je n’avais pas atteint l’adresse que j’avais en maniant les armes blanches. Et l’une comme l’autre, je n’étais pas assuré de l’intérêt de les garder en permanence. Mais elle l’exigeait, et j’avais cédé à ce sujet. Je n’avais pas prévu de rester dans le centre commercial, espérant trouver rapidement ce qui m’y amenait et me le faire livrer plus tard, comptant bien profiter des soldes qui n’avaient pas si souvent lieu. Je venais tout juste de trouver un collier pour Jana, elle avait déjà bien trop d’habits que je ne saurai pas choisi un qui lui convienne, pas à la hauteur de tout ce qu’elle pouvait s’offrir mais seulement dans la mesure de mes maigres moyens, quand le bruit caractéristique de coups de feu se mit à résonner. Et qu’un homme s’effondra non loin de moi.

Je n’eus pas réellement le temps de me demander ce qu’il se passait, qu’il se releva. J’avais vu les flashs d’information diffusés par la PES sur les personnes recherchées, et pourtant je ne faisais pas l’association dans l’immédiat. L’urgence consistait à sortir mon flingue, et à essayer d’atteindre cette chose. Mais rapidement, de nombreux se relevèrent, devenant nombreux. Sans réellement choisir, je visais le premier qui se greffa à mon champ de vision, espérant l’achever au plus vite.

Action ;; Attaquer avec Arme à feu (PNJ - Zombie de la PES)

Je le touchais en plein dans la tête, mais concentré sur mon geste, je ne remarquais pas un autre zombie qui se dirigeait droit vers moi et me chopais violemment le bras.

Haletant, mes poumons me brûlent. Ma blessure au bras est profonde et mes chairs déchiquetées laissent le sang couler de partout, tachant bien vite ce qu'il reste de ma manche de veste et de ma chemise au dessous. J'ai du mal à entendre, à percevoir les sons. Mon cœur bat à tout rompre et je n'entends que ces battements dans mes tempes. J'entends aussi, en toile de fond, un bruit que je n'ai plus entendu depuis des années. Un horrible sifflement, un sifflement en continu, qui augmente en intensité seconde après seconde jusqu'à le rendre insupportable, jusqu'à me meurtrir l'esprit et massacrer mes pensées. Je raffermis ma prise sur mon pistolet. Erin est là, à quelques mètres à couvert. Il faut que nous sortions. Je me retiens de hurler, ne laissant échapper qu'un gémissement tout droit issu d'un esprit malade alors que je me retrouve soudain presque privé de mes sens. Je me calme. J'essaie de raisonner. Non, impossible. L'obscurité m'habite, ses vagues ne m'ont plus bouleversé depuis longtemps mais la voilà qui revient en lames de fond dévastatrices. Je résiste, je fléchis, je résiste encore. Et d'un coup, le néant. Je comprends la nature de la menace qui pèse sur Krystel, et sur ma propre santé psychique. Le Roi est de retour. Le Roi est de retour. Et il a soif de mort et de sang, il vient pour le carnage, noyer ce monde dans le sang. Je m'étouffe, la cage thoracique comprimée par le retour psychique une fois les défenses de Krystel abolies. J'entends Son rire dans ma tête, qui couvre le sifflement sans toutefois le masquer. Je me sens fièvreux, je suis couvert de suant en plus du sang qui déjà coagule sur mon visage et le haut de mon cœur. A cet instant précis, je ne sais plus qui je suis, ni rien de ma situation présente. Tout ce que je sais au delà de la douleur, c'est que ma Reine, ma moitié, va mourir si je ne fais rien. Je me redresse à nouveau, péniblement, goutant sang, larmes amères et sueurs. J'ai un goût amer dans la bouche. Le goût ferreux du sang de Cora, qui devait devenir ma femme. Le goût plus fort et plus métallique encore de mon propre sang. L'acidité de ma sueur et l'aigreur de mes larmes. Je jette un coup d'oeil à Erin dans ce triste état ; je lui fais signe de me couvrir. Avant cela j'ouvre en grand nos canaux avec Krystel, profitant de sa faiblesse et de la mienne.


Tiens bon. J'arrive. Je fais aussi vite que je peux. Prends toute ma force s'il le faut, ils me captureront et tu viendras plus tard pour moi. Fais ce qu'il faut, mais survis. Survis. Si j'arrive en entier, je jure que je noierais tes ennemis dans leur propre sang et te ferais de trophées de leurs crânes. Tiens bon.


Je referme, me contentant de la laisser prendre de ma force vitale. Je regarde derrière moi, vers l'entrée principale. Le sifflement brouille mes sens et me perturbe. Je dois cligner des yeux plusieurs fois, comme après certains traumas crâniens où on ne contrôle plus certains réflexes physiques. Je vois des semis démons en pleine action. Une tueuse que je connais, Maryana, et une autre dont la Reine m'a parlé. Etrangement, elles ne sont pas mes ennemies pour ce soir ; l'offre de Lasalle tiens toujours et la réponse lui sera donnée. Je dois fuir au plus vite. En risquant un coup d'oeil de l'autre côté, je note que la PES est occupée à tenir en respect d'autres morts vivants. Bien. Le sifflement s'atténue alors que je me demande qui m'a trahi. Swayne ? Aucun intérêt, à moins que j'ai mésestimé ses projets. Qui ? Guillemaud ? Jana ? Ils seraient promptement exécutés. Qui ?


Et c'est alors que je m'apprétais à m'élancer vers mon Ombre que j'aperçois une silhouette, cachée non loin de moi. Une crinière brune. Le sifflement revient en force, insoutenable, terrible, bouleversant. Je saigne du nez et je la regarde, choqué, la bouche entrouverte, le regard perdu dans le vague. Elle. C'est elle. Je lance un regard à Erin, un regard dépourvu d'âme. Le sifflement est suraiguë. Je contourne le kiosque du côté opposé à la PES et je fonce dans l'allée, me laissant déraper sur le sol pour arriver à côté de la jeune fille. Je l'attrape par le col.


| Miss Savannah Livingston... Tiens donc. La seule personne qui connaisse mon identité et qui aurait pu s'en plaindre à la pitoyable police humaine, au même endroit qu'une embuscade préparée par les dits agents. Quelle coïncidence ! | rugissais je d'un coup, le regard fou, en lui claquant l'arrière de la tête contre la paroi du kiosque.


Je reprends, fébrile, détachant des mots que j'ai du mal à prononcer tant la douleur est grande. Je lâche un gémissement de douleur à demi étouffé


| Tu me dois … une vie... jeune fille. Tu me dois une vie. Et tu paieras le prix... Du sang... Pour la vie que tu m'as pris aujourd'hui. |


Je te le jure, Cora, mon plus bel ouvrage de Mort sera pour toi. En paiement de ma dette. Je lâche la gamine et coure vers Erin en espérant que son tir de couverture me fera gagner le temps nécessaire pour la rejoindre.

Je me répétais encore et encore que je devais partir. Maman le voudrait, Hayden aussi. J’avais pensé que j’étais loin de Torben, que j’étais presque en sécurité. Sauf qu’en courant, j’avais vraiment pas fait gaffe où j’allais et au lieu de m’éloigner, je m’étais rapprochée. Maman ne décrochait pas... elle ne rappelait pas non plus.
J’avais peur, plus que tout à l’heure. Il y avait plus de morts, plus de tirs, plus de tout. J’osais plus courir, me relever, j’y arrivais pas. Rappeler... je devais rappeler. Agrippée au téléphone, je le vis trop tard, bien trop tard. Il glissait, littéralement, vers moi. J’aurais voulu partir, courir, ne jamais l’avoir en face de moi à nouveau. Il était déjà effrayant sans ce regard et le sang mais là. Je me figeais carrément. Impossible de faire la fière cette fois, je n’arrivais simplement pas à parler. Je reste agrippée à mon téléphone, appuyant juste sur le raccourci de l’appel. Maman... décroche...

Je l’écoute, terrorisée, ma tête frappe contre le kiosque. J’ai mal sur le coup, j’ai mal encore après, mes oreilles sifflent un peu. J’essaie de comprendre, je n’y arrive pas. Trop sonnée, trop terrorisée aussi peut-être que pour réussir à comprendre de quoi il parle. Entre temps, j’ai raccroché sans faire attention. Je ne m’en rends pas compte. Il me lâche et s’en va en courant et moi, je reste là, complètement figée. J’ai peur.
Je mets une bonne minute à regarder autour de moi, à réagir... Il y a des cadavres, moins de morts-vivants. Je devrais courir mais je n’ose plus bouger.

Mon téléphone...

Je le regardais un moment avant de me souvenir du pourquoi je l’avais entre les mains. J’avais dû raccrocher sans faire attention. Je ne savais plus trop. J’essayais toujours de comprendre pourquoi il m’avait dit ça. Est-ce que quelqu’un qu’il connaissait était mort ? Je frissonnais. Je devais rappeler, maintenant. Je rappelais maman qui ne répondait toujours pas. Et j’appelais Hayden, deux fois.

Génial, je tremblais maintenant...

Si je m’en sortais, je ne sortirai plus jamais de la maison, j’accepterai même qu’on m’écarte. Mieux, j’allais le demander. J’étais un danger. S’il croyait que quelqu’un était mort par ma faute, il se vengerait. Cette partie du message était claire...

Avec mon équipe nous étions en train de canarder les zombies qui avançaient vers nous. Seuls les tirs en pleines têtes étaient efficaces, les autres ne les ralentissant même pas. Foutu maccabées, foutu semi-démone. Nous étions censés interpeler Badenov, pas nous faire entuber par ces enfoirés de rejetons de l’enfer. Qu’on me serve encore la connerie de dire qu’il pouvait y avoir des gentils semi-démons. Tous les mêmes en définitive. Si gentils il y avait, qu’ils viennent donc nous aider à arrêter ceux-là. Mais aucun ne viendrait car il n’y avait pas de gentils semi-démons.

Quand bien même nous avions encore des équipes planquées, j’en vins à m’interroger. Avions-nous mobilisé suffisamment d’hommes pour cette opération ? A une autre époque oui peut-être mais Lasalle foutait l’air toute probabilité en réanimant les cadavres. Seuls les morts avec la cervelle cramée ne pouvaient pas être relevés.

Quelles que soient vos cibles, visez la tête ! C’est la seule solution pour qu’ils ne puissent pas être relevés ! indiquai-je à l’ensemble des agents de la PES présents. C’est alors que l’incroyable se produisit. On a beau y être préparé, le savoir, quand ça vous arrive on en reste scié.

Le sol venait de se transformer en sables mouvants quelques minutes, suffisamment pour que mes pieds s’enfoncent dans le sol. Il ne fallait pas paniquer quand bien même toute cette merde pouvait me coûter la vie. Agir avec pragmatisme et sang-froid.

En formation serrée ! Abattez-moi le moindre de ces connards qui s’approchent ! Faites-leur griller la cervelle comme du pop-corn ! gueulai-je à mon unité pour qu’ils forment un cercle autour de moi, me donnant la possibilité de me dégager.

Malgré tous mes efforts je ne parvenais pas à m’extirper du piège démoniaque. Il n’y avait qu’une de ces merdes pour faire ça, et il avait intérêt à ne pas tomber entre mes mains. Je saurais lui montrer que les humains aussi ont une part démoniaque en eux.

A ce que j’avais vu dans un reportage une nuit où pris d’insomnie j’étais incapable de dormir, pour se sortir de sables mouvants il ne faut pas paniquer. Plus l’on bouge et plus on s’enfonce. Aussi je repris ma respiration et débutai une danse ridicule de mouvements amples dans le but de me dégager. Impossible de tirer vue ma situation, il fallait que je me grouille de sortir de cette situation de merde.

Action ;; Se défendre