Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Tout s'était bien déroulé. Sous identité finlandaise, j'étais entré en Russie trois jours plus tôt pour l'accomplissement de ma mission. Rien de bien compliqué ; je devais juste rencontrer un cadre du FSB à Moscou pour pouvoir mettre au clair quelques arrangements que nous avions passé avec son gouvernement pendant les Années Sanglantes. En somme, les russes faisaient bon accueil aux vampires et allaient bientôt leur accorder des droits. Et contre l'aide de la Reine Rouge sur certains dossiers brûlants, ils nous fourniraient toujours leur matériel via des intermédiaires choisis en commun. Autant dire que les choses s'étaient plutôt bien déroulées, même si j'avais dû répondre à quelques questions gênantes sur des activités relevées par le pouvoir humain avant et pendant les Années Sanglantes ; on m'avait clairement fait comprendre qu'on savait que c'était un agent de la Reine qui avait tué un baron de la mafia russe sept ans et demis plus tôt, et que ce genre de choses ne devait pas se reproduire. Je savais que c'était la vérité puisque j'avais moi même accompli cette mission à l'époque où Krystel se renseignait sur les démons, suspectant l'existence de cette race quelques semaines avant qu'elle ne se révèle pour de bon. Le type s'était montré déloyal et vénal, ce qui avait provoqué sa fin violente. La Reine avait dit pas de témoins... Et il n'y en avait pas eu. Mais il semblerait que le mafieux avait transmis à l'un de ses contacts de l'es-KGB des informations sur une entrevue avec un envoyé d'une cliente très fortunée... Et le service de renseignement de la Fédération avait vite fait le lien, même si cela leur avait pris quelques années avant de comprendre que le type descendu était un vampire, et que cela n'avait rien à voir avec un crime crapuleux. Bref. Tout ce qui comptait, c'était que nous avions l'appui de ce gouvernement, ce qui constituait une garantie supplémentaire en cas de reprise des hostilités en Europe comme en Asie Centrale.

Cela faisait trois jours que j'étais ici, et via une ligne sécurisée, je m'enquis de la situation de Krystel. Elle même était également présente à Moscou, ce qui constituait une pure coïncidence de nos agendas respectifs. La vampire serait heureuse que je vienne la retrouver pour le voyage du retour, et l'un de ses suivants m'indiqua l'heure à laquelle décollait son avion. 23H30 à l'aérrodrome militaire de la ville. J'y serais. Pour ce faire, je devais faire jouer mes relations. Un simple coup de fil avec mon rendez vous de la journée me fit ouvrir les portes de cet endroit ultra sécurisé, mais encore sous une autre identité. Les russes sont surveillés par les britanniques, les français et d'autres services de renseignement, et la peur des américains était toujours présente. On ne voulait pas que ma présence ici se sache. Muni d'un badge et d'un uniforme d'officier de l'armée russe, j'entrais dans les lieux peu avant l'heure convenue, et j'appris que la Reine des vampires avait fini son intervention à la clôture de la conférence sur les droits des vampires de Moscou hier, et qu'elle n'avait fait qu'une brève apparition au gala de ce soir. Elle était déjà dans l'avion. Je n'eus pas à courir, cependant, mais un capitaine lié au FSB m'emmena en jeep sur le tarmac où l'on me fit monter dans l'avion à l'heure pile où il était sensé démarrer ses moteurs. Je m'engouffrais par la porte alors que le chambellan de Krystel me saluait et prenait ma veste camouflée. J'étais désormais en képi et uniforme brun, comme ma tenue de parade de jadis, vingt ans en arrière, lorsque je n'étais qu'un gosse de Kharkov venu accomplir son devoir pour la Mère Patrie. Je laissais mon képi au serviteur avant de pénétrer dans l'habitacle.

La voir me réchauffa instantanément l'âme, et me fit le plus grand bien. Je lui offrais un large sourire avant de m'avancer vers elle, de m'asseoir près d'elle pour l'embrasser et l'attirer doucement, délicatement contre moi. Le rideau était tiré ; le chambellan savait que la Reine et son servant avaient des choses à se dire. Je l'embrassais un moment relativement long, lui montrant à quel point elle m'avait manqué, avant de me reculer légèrement pour venir m'asseoir sur le fauteuil en face d'elle. Dehors, le jet prenait de l'allure et n'allait pas tarder à s'élever dans la nuit. Je montrais ma tenue à Sa Majesté.

| J'ai l'impression d'être redevenu ce gosse insouciant que j'étais il y a vingt ans, où je me suis retrouvé dans ce même aéroport une fois revenu de Tchétchénie... Mais je n'ai plus rien à voir avec celui que j'étais autrefois. L'uniforme me va moins bien. Et toi, comment vas tu ? Comment était la conférence? |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Je n’aimais pas vraiment quitter l’Ecosse plus de quelques heures. Avouons-le, avec le comportement de Morgane depuis la mort de son époux, j’avais du mal à lui laisser les rennes. J’avais toujours l’appréhension de retrouver le pays dans un état pitoyable ou pire : m’apercevoir qu’on avait renversé mon royaume. J’avais longtemps hésité à accepter de participer à cette conférence. On m’avait invité à passer deux jours en Russie et plus précisément à Moscou pour y représenter les vampires. Qui mieux que moi le pouvait après tout ? Mais cela voulait dire quitter mon trône temporairement. J’avais mis plusieurs jours à me décider et prendre une décision : que devais-je déléguer ? Ma place, ou ma présence à des conférences qui pouvaient faire changer les choses positivement pour mon espèce ? Le poids de chaque poste n’était clairement pas le même, ainsi m’étais-je envolé dans un avion en direction de ce grand pays froid. Si mon servant humain s’y trouvait depuis quelques heures, il n’était pour autant pas question de s’y croiser, ni même de s’y retrouver. Il avait des affaires à régler, de la même manière que je devais m’acquitter de certaines tâches.

J’étais arrivée en plein milieu de la journée, mais n’étais sorti de mon avion qu’à la tombée de la nuit. Mes hôtes m’avaient proposé de transporter un cercueil dans lequel je me trouverais, jusqu’à mon hôtel, mais j’avais refusé. Question de sécurité après tout, réponse qui les avait légèrement offusquée, mais qu’ils avaient compris. On m’avait conduit dans un luxueux palace digne de ce nom. Dans la chambre allouée pour ma personne se trouvaient déjà mes bagages et une multitude de présent. Ils m’avaient fait parvenir une vielle tenue, jadis porté par les princesses de leur tsar, à teintes grises, écrues et rouges. C’était de très bon goût, tout comme le diadème, qu’ils me prêtaient pour l’occasion. Je me doutais bien que ma styliste personnelle avait dû mettre son grain de sel, vu la qualité de cette toilette. Si je ne comptais pas porter tout de suite cette tenue, je demandais à ce qu’on me la fasse porter au moment de la réception. Je devais m’adresser devant une foule d’humains mais aussi d’être appartenant à mon peuple. Ainsi m’étais-je décidée pour des vêtements plus simples, et mettant moins de distance entre eux et moi –même si par contre, je porterais le diadème sur la tête. Il était décidément trop beau et précieux pour rester sans son écrin -. J’avais pris un bon bain avant de me faire préparer – ou faire, je suis la reine, après tout – puis de commencer ma première nuit de conférence…

J’étais rentrée de la soirée à mon honneur assez tard, une dizaine de minutes avant que le soleil ne se couche. Tout s’était très bien passé dans l’ensemble, et je m’étais plutôt bien sortie avec les questions pièges. J’étais satisfaite de m’être bien préparée, alors que je me couchais dans des draps qui sentaient le propre. Je fis le tour du cadran, et on dût me réveiller pour que je me remette en selle pour une nouvelle nuit. On m’offrit une bouteille de tru blood, que je vidais dans l’évier. Hors de question de boire ce sang synthétique sans savoir. Je préférais encore mourir de faim… Mais pas ce soir. Organisée, j’avais amené avec moi deux suivants humains pour étancher mes faims. Je goutais au corps du premier dans mes draps, puis à son sang dans ma baignoire. Il n’était pas question que l’on puisse deviner que je m’étanchais de liquide vitale frais et non synthétique. Je le chassais de mon bain assez rapidement, ne buvant que juste le nécessaire pour qu’il reste un forme, pas plus d’un litre. Il devait rester en pleine possession de ses moyens, encore une fois pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Je fis de même avec le second homme, me nourrissant de sa chair et de son sang. Ce n’était pas vraiment mon genre de congédier aussi rapidement mes pommes de sang, mais cela suffirait jusqu’à ce que je reparte le soir même, tard. Je me rattraperais plus tard. Déjà il était l’heure que je me prépare, et que je recommence le même schéma que la veille…

J’arrivais non loin de quatre heures du matin à l’aéroport. Après de derniers saluts avec les autorités russes, je leur remettais le beau diadème – non sans leur avoir demandé de me le vendre, chose qu’ils refusèrent – ainsi que la toilette, qui elle, ils m’offrirent puis regagna mon moyen de transport. Je détachais mes cheveux, et ôta mes chaussures. J’ordonnais qu’on me laisse seule quelques minutes, avant de m’apporter mes pommes de sang, et finir mon repas à peine entamée en début de nuit. Je me remémorais quelques instants ce qui s’était déroulée, me faisant promettre de leur substituer le magnifique bijou, et le faire remplacer par une copie. Il était vraiment trop beau pour les laisser entre les mains d’être ne pouvant l’apprécier à sa juste valeur. Et puis Torben entra. Je relevais les yeux vers lui, surprise par sa présence, non sans être satisfaite de constater qu’il m’avait rejoint. Il me rendit mon sourire, et me rejoint rapidement. Je posais mes lèvres sur les siennes, non sans passion. Oui vraiment, je ne pouvais pas être mécontente de l’avoir prêt de moi. Il se détacha de moi, à mon grand regret, s’éloignant plus loin que je ne le voulais. Je lâchais un léger rire à ses paroles, tout en me levant et glissant sur ses jambes. Mais il y avait vingt ans, tu n’étais pas en aussi bonne compagnie très cher. Je posais mes mains sur son torse, remontant jusqu’à sa jugulaire . Tu es mon servant, tout ne peut que t’aller… Même si, je l’avoue, cette tenue te va parfaitement, même si elle ne me donne guère envie que tu la garde sur toi. Il comprendrait très bien ou je voulais en venir et ce que plus tard, je comptais bien faire avec ses vêtements. Plus tard, pas maintenant. Cela s’est bien passé, et toi ? Racontes moi donc tes trépidantes aventures, pendant que je m’abreuve de toi. Je l’avais avec moi, je ne comptais pas m’en priver. Mon jet avait déjà décollé alors que nous parlions. J’écartais légèrement les pans de son col, et vint mettre au grand jour ses marques pour y enfoncer mes crocs et me nourrir de lui.

La Reine Rouge répondit à mon baiser avec la même fougue que j'avais mis dans cette manifestation de notre proximité. Comment aurais je pu agir autrement ? Elle était si puissante, si belle, si désirable... Elle était même au délà du désir, puisqu'elle transgressait la simple beauté au sens humain du terme par le poids des ans qui l'avait entraînée à se donner toujours sous son meilleur profil, son meilleur jour. Quoiqu'il arrive, même sale, même déguenillée, Krystel serait l'être le plus désirable en ce monde. Parce qu'elle avait ça dans le sang, parce qu'elle était née pour cela. Parce que la Reine avait ce pouvoir si particulier, cette aisance naturelle, de plaire, de séduire. Peu importaient les circonstances, elle bousculerait toujours quiconque de sa prestance. Je me sentais plein de fierté à sa proximité, fier d'être le compagnon d'une femme aussi intelligente et aussi puissante. Fier qu'elle m'ai choisi. Moi plutôt qu'un autre. Etre unique aux yeux d'un véritable dieu vivant était une sensation intense et ineffable. Je ne troquerais jamais ce que je vivais contre autre chose. Jamais. Je me laisse attirer contre elle, son corps froid et si chaud à la fois. Son seul contact suffit à m'électriser tout le corps et je profite de ce rapprochement comme si c'était le dernier. J'en avais conscience. Il suffisait d'une seconde d'inattention. D'un individu déterminé. Et s'en serait fini de moi. Pas que cela soit une grosse perte pour l'humanité, mais je redoutais les épaules qui devraient alors supporter le pouvoir royal, celles qui devraient aider Sa Majesté à asseoir sa domination sur le monde. Honnêtement, je ne voyais quiconque y parvenir en dehors de moi même. Ce n'était pas de l'arrogance, mais j'avais un avantage sur tous les autres ; j'avais été construit, fabriqué, façonné pour ce genre de choses. Moi plutôt que quiconque. Je défendrais ma position bec et ongles. Je sentais son besoin de moi lorsque je m'éloignais, et savourais son plaisir de me retrouver. Je lui rendis son sourire, alors qu'il y a vingt ans, je ne rêvais que de Jana.

| Non, il y a vingt ans, je n'avais que mes primes militaires sur un compte et l'espoir de retrouver une future épouse à l'arrivée. Espoirs cruellement déçus. Aujourd'hui, je rejoins une Reine. Et plus encore. Je suis vraiment content de te voir, j'ai l'impression que mes épaules se sont vues soulagées d'un de ces poids... Quant au reste... Mon regard se promène ostensiblement sur sa personne. Et bien, je dois dire que tu es pas mal non plus... Moi aussi, j'aimerais te voir en costume « d'époque »... |

Ce lien que nous partagions était incroyable, mais nous rendait terriblement accro à notre présence mutuelle. Ses mains froides et graciles remontent sur mon torse, chacun de nos contacts m'électrisant au plus haut point. Jusqu'à ce qu'elle ne frôle mon artère principale contre mon cou. Elle me complimente et je lui souris à pleines dents. Ce genre de promesses a le don de m'électriser, de m'exciter au plus haut point. J'ai hâte de passer à la suite, de profiter de sa présence. Je ne peux pour autant m'empêcher de la taquiner.

| Si cet uniforme de parade te conviens, je peux toujours le garder... J'y ai droit depuis quinze ans. Et j'en ai eu d'autres, depuis. |

Moins décoratifs étaient les uniformes de la milice pro-vampire que j'avais dirigée pendant toutes les Années Sanglantes. Mais si Krystel aimait à me voir à mon avantage, cela pouvait se trouver. Je n'aimais pas me mettre en avant. Pire, me rendre visible aux yeux de tous m'insupportait et allait à l'encontre de tous mes instincts. Mais pour lui faire plaisir, j'étais prêt à bien plus encore. Krystel me demande de lui raconter mes « aventures » alors que je sentais l'élèvement de l'appareil qui prenait les airs. Déboutonnant mon col, elle libère mon cou de ses entraves voilées d'or qui garnissait mes boutons d'uniforme. Ses crocs me frôlent, avant de se planter dans mon cou. Je me crispe, ma main forte, la droite, allant se positionner sur sa nuque puis remontant pour caresser son cuir chevelu, alors que la droite passait sous sa jupe de tailleur, flattant ses cuisses. Mes yeux se révulsèrent et je soupirais de contentement. J'étais à ma place, sentant ma vie s'écouler hors de moi.

| Je dois t'avouer... Que je t'ai caché pendant quelques jours... Ma plus belle réussite. Je me reconcentrais malgré le plaisir qu'elle me procurait et le désir qu'elle m'instillait. Tu seras ravie d'apprendre que les russes continueront de nous appuyer. Ton travail auprès d'eux est remarquable. Pour le reste... J'ai une surprise pour toi. |

Délicatement, je pose mes mains de part et d'autres de son visage, la forçant doucement à se décoller de la plaie de mon cou. Je l'amène nez contre nez, la dévorant du regard.

| Les sanguinistes seront bientôt de l'histoire ancienne. Voilà mon offrande pour toi. J'ai corrompu leur dirigeante, qui ne demande plus qu'à te jurer allégeance. Elle n'est pas encore digne de confiance mais... Ton Royaume est immensément plus sûr et plus uni qu'il y a un mois. Je la force à se débarasser de ce qu'elle peut, tandis que mes propres forces s'échinent à faire disparaître le reste de leurs traces. Ton Royaume... Devrais je dire ton Empire... Sera à nouveau uni. Derrière toi. Je t'avais promis la Lune. Voici un avant goût de ce que je peux t'apporter. Un avant goût de ton futur... |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Torben avait beaucoup changé depuis la première fois où il avait mis les pieds en Ecosse. C’était indéniable, et j’en étais la principale cause. Sa rencontre avec ma personne avait totalement changé sa vie. Il y a vingt ans de cela, il ne s’était sans aucun doute pas imaginé qu’il finirait par me service. Cela n’avait pas non plus été d’une grande évidence, pas même pour moi, je dois l’avouer. Les évènements avaient pourtant conduit à cette finalité, qui ne déplaisait ni à l’homme, ni à l’être que j’étais. J’étais satisfaite qu’il ne soit plus le même, ni attaché à la sotte d’humaine que pouvait-être Jana. Il était mien à présent et cela pour l’éternité. Et je comptais toujours continuer à le surprendre et de ne pas le laisser se lasser de ma personne. De toute façon, cela n’était pas possible. Nous parlons de moi après tout. Le destin nous surprendra toujours. Comme quoi, rien n’est écrit ni fait à l’avance. Ne l’oublie d’ailleurs jamais. Je souriais à ses paroles suivantes concernant ma tenue. Bien entendu que j’étais « pas mal non plus ». J’étais même plus que ça d’ailleurs, pensée que je lui fis partager Si tu es sage, je la porterais de nouveau, rien que pour toi . Disons-le, je n’étais pas du genre à porter deux fois la même toilette. Cela expliquait la taille de mes dressings. Oui mes dressings, car j’en possédais une multitude, si bien que je ne les comptais plus, même si j’avais perdu de précieuses tenues pendant les années sanglantes. Un des plus grand dam de ma vie, tout comme la perte d’une partie de ma collection de bijoux en tout genre. Superficielle sur ce point là ? Non je dirais plutôt que je suis réaliste quant à la qualité des objets et que j’en suis une collectionneuse très assidue.

Et Torben, d’une certaine manière était aussi une de mes plus précieuses possessions. J’avais glissé sur ses jambes, non satisfaite qu’il ne tienne si loin de moi. Je n’avais pas eu le loisir d’être en sa présence pendant trois jours. Bien entendu que je redemandais de sa personne. Il était mon servant humain, l’être le plus proche de moi, celui qui avait le plus d’importance même. Je lâche un rire quand à sa proposition et lui fais savoir que je compte bien l’obliger à l’honorer. J’attends cela avec impatience J’aimais les hommes paraient de belles toilettes, je l’avoue sans conteste. Qu’il puisse ne plus se confondre dans la masse comme à son habitude, ne pouvait que me plaire. Si pour l’heure, je lui otais légèrement, ce n’était qu’au niveau de son cou, pour venir me nourrir de lui. J’appréciais qu’il vienne poser ses mains sur moi, et qu’il soit participatif alors que je me m’abreuver de son sang. Je sentais d’ailleurs combien cela lui faisait plaisir également, de quoi me pousser à continuer. Je prenais cependant garde à l’écouter, le buvant doucement, sans me presser. Nous avions de toute façon plusieurs heures de vols pour cela. J’étais assez satisfaite des propos qu’il me rapportait, même si j’aimais nettement moins que sa surprise m’oblige à ne plus le boire. Je poussais un grognement un peu sauvage quand il m’écarta de sa gorge alors que j’avais encore faim, extrêmement faim même. Je le regardais à la fois impatiente, insatisfaite et curieuse. Je me léchais les lèvres, pour récupérer le sang qui ornait mes lèvres, tout en l’écoutant. Ses paroles… Elles ne purent que me satisfaire, bien entendu. Je souriais à pleine dent à présent. Rien n’aurait pu me faire plus grand plaisir Torben. Voilà une belle épine enlevée de mon pied. Qui était donc à la tête de ce mouvement ? Quel est donc ce vampire que je me dois de tuer moi-même ? J’étais on ne peut plus sérieuse quant au fait d’arracher la vie au traitre de mes propres mains, pour servir d’exemple. Il n’y avait personne qui soit en mesure de se lever contre moi, sans en subir les lourdes conséquences. Ici, il s’agissait de la peine capitale : la mort ultime. Tout à coup, je ne pensais plus du tout à me nourrir de l’humain, complètement captiver par ses révélations.

Un avant goût de son futur certes, mais surtout un avant goût du futur que nous partagerions ensemble. Je savais bien que j'avais plus particulière ; je ne serais jamais lié à elle comme j'aurais pu l'être d'une humaine, mais finalement cela importait bien peu. J'avais cette place inédite qui me ravirait au delà de tout ce que j'avais pu connaître auparavant et c'était tout ce que je voulais. Je sentais que Krystel était satisfaite d'être entrée dans mon existence comme elle l'avait fait, qu'elle était ravie de m'avoir. Je ne savais pas si j'étais irremplaçable ou si je n'étais qu'une parenthèse dans son existence, mais au moins était elle utile, cette nouvelle vie. Je sens aussi sa confiance en moi, sa confiance en elle même. Jamais elle ne pouvait être parfaitement sereine, car cela signifierait que son trop plein de confiance pouvait la faire tuer. Toujours être sur nos gardes, toujours avoir une longueur d'avance sur tous les autres. Les surprendre pour mieux les dominer, pour mieux les tenir à distance ou les détruire. On ne bâtissait pas un empire sur l'amour et sur la naîveté, on le construisait sur le pouvoir et sur la légitimité. Cela comptait plus que tout le reste. Je souris à ses paroles. Je me rappelais quel être j'avais été dans le passé, celui qui ivre et revanchard était venu à la Pomme du Diable pour défier en personne Sa Majesté. Risible. L'idée n'étais pas mauvaise, mais ce qui comptait réellement ce n'était pas tant la forme du message que je souhaitais faire passer que son fond. J'aurais dû bien plus faire attention à tout ce que je faisais à ce moment là. J'aurais dû... En faire la liste, de tout ce que j'aurais dû être et de ce que j'aurais dû faire était bien trop long. Seul comptait le fait qu'aujourd'hui, je savais comment aborder les choses.

| C'est vrai, crois moi quand je te dis que mon champ des possibles ne se limite plus qu'à mon imagination. S'affranchir des probabilités, du social, de la morale... Cela ouvre des horizons. |

Je souris alors qu'elle me fait passer la confiance qu'elle nourrit envers sa propre beauté. Je l'embrasse doucement, suavement, dans le creux de son cou, lui soufflant à l'oreille.

| Tu sais bien que je t'aime dans toutes tes tenues... Tu as toujours su y faire. |

Séduire était naturel, chez elle. C'était une arme comme une autre, un pouvoir que je ne saurais jamais lui dénier sur le reste de l'espèce humaine. Il était rare qu'elle devait se servir de son don d'hypnose pour envoûter qui que ce soit. Moi même, je lui communiquais le fait que je ne me sentais plus turbulent que sage et doux, et je lui fis aussi sentir à quel point elle aimait cela, cette imprévisibilité et cette transgression de toutes les normes, ce dont j'étais totalement capable. Et je lui fis aussi passer le désir d'être tout sauf sage, de profiter de ce moment ensemble, qu'elle m'étonne avec ses tenues toutes plus affriolantes les unes que les autres. Ce tailleur la rendait magnifique. Moi, je la préférais terrible. Dans tous les cas elle était à se damner. Je souris alors qu'elle était sur mes genoux, très proche de moi, et qu'elle me fit comprendre qu'elle aimerait me voir dans d'autres tenues. Elle ne serait pas déçue, même si je ne disposais que de vêtements somme toute assez militaires. Quoiqu'il en soit, la belle vint me boire et je la sentais me déguster doucement, sans précipitation, sans m'affaiblir. Visiblement elle n'avait pas de grande fringale à satisfaire et ma conversation l'intéressait au moins autant que me force et ma vitalité qu'elle semblait si ardemment désirer. La Reine fut surprise et frustrée que je la repousse comme je le faisais, mais cela ne l'empêcha pas de savourer sensuellement le sang qui maculait ses lèvres délicates. Je sens son plaisir et son soulagement à l'annonce de la bonne nouvelle. Je lui souris, confiant, rassurant. Rien n'est plus fort que nous

| Un vampire du nom de Charles Lachlan et sa progéniture. Ce vieux vampire a imposé à l'une de ses descendantes, Freyja Swayne, de comploter contre toi. Je n'ai pas encore pu le jauger mais je pense qu'à terme il visait une place importante dans une nouvelle hiérarchie vampirique. Swane a vendu son créateur et ses collatéraux contre sa sécurité. Elle veut te servir... Et pour la tester, je lui ai demandé de contribuer à la destruction de la secte. Je pense qu'il faut la récompenser d'un poste intermédiaire, lui faire gravir quelques échelons. Cela passerait un message fort à tout dissident contre toi. Tu es plus magnanime que belliqueuse, tu souhaites l'unité de ta race et tu la contrôles d'une main de fer. On gagne plus à oeuvrer pour toi que contre toi, et les traîtres qui poursuivent sur la voie de leur corruption sont éradiqués. J'ai formé mes sections pour annihiler ces ramifications, mais je vais chercher du côté de Jana et de Julien pour plus de moyens en personnels ; il faut trancher la tête en même temps que détruire le corps et mes hommes ne sont pas assez nombreux. Si tout se passe correctement, tu auras bientôt l'ensemble des vampires derrière toi, plus encore qu'Augustus ne les avait jamais réunis. |

Un stewart vint m'amener un verre de whisky hors d'age, selon ma préférence. Je me saisissais du verre d'une main alors que ma main gauche venait se poser sur la taille de la beauté sise contre moi.

| Au début de ta nouvelle gloire, et au règne de la Reine Rouge. |

Je bois à sa santé, pas peu fier de mes manœuvres. Pour la première fois depuis des années, le gouvernement vampire marquait ici une réussite décisive pour sa propre survie. Maintenant, il était temps de s'orienter vers l'avenir, et comme je le fis comprendre à Krystel, le Monde nous tendait les bras.

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

La vie de l’humain avait beaucoup changé depuis notre première rencontre. Je l’avais libéré de ses chaines, et à présent, il pouvait voler. Comme il venait de me le dire ses seules limites étaient celles qui se fixeraient lui-même. A mon service, profitant de mes pouvoirs, il pouvait faire tout ce qu’il désirait et voulait. Il n’avait qu’une seule condition, condition que je lui avais moi-même fixée : rester sain et sauf. Pour le reste, il avait carte blanche et cela lui faisait extrêmement plaisir. Aussi libre que la mort lui dis-je non sans un sourire aux lèvres, faisant référence à ce surnom qu’on lui avait donné depuis plusieurs années déjà, et qui lui allait si bien. Oui vraiment, nous faisions la paire l’un avec l’autre.

Si l’homme était mien et complètement acquis j’aimais toujours nos jeux de séduction et les promesses qui en découlaient. J’avais toujours été une femme luxurieuse, et cela bien avant que mon créateur ne face de moi une vampire. Le sexe, c’était quelque chose qui guidait les hommes depuis la nuit des temps. Humaine, après que l’on m’ait uni à un homme beaucoup plus âgé que moi, j’avais fait ce qu’il fallait pour obtenir une place et un rang confortable. N’avais-je pas séduit mon propre cousin, héritier du trône, m’arrangeant pour qu’il me fasse un enfant. Même s’il ne pouvait la reconnaitre comme telle, j’avais là un secret de polichinelle qui m’avait permis de très bien vivre après la mort de mon époux. Et étant restée sa préférée, j’avais pu me payer le luxe de n’être jamais remarié à un autre homme. A cette époque pourtant, je n’avais pas tout le savoir que je possédais actuellement. Malgré tout, cela m’était apparu comme une évidence, évidence qui était toujours d’actualité d’ailleurs. Jouer de ses atouts physiques et de son expérience était devenu monnaie courante, une de mes habitudes ancrées dans mon quotidien. Mais il te faudrait le mériter mon cher enfant . Oui il le méritait déjà, mais il était important de garder le côté défi. C’était ce qui rendait le tout si intéressant.

Si je restais sur ses genoux, je l’écoutais me faire cependant le bilan de ses derniers jours. J’étais ravie de ses buts, satisfaite, mais surtout soulagée que mon peuple soit plus unifié. Le fait que le petit noyau de résistance ait été démantelé me permettait de souffler et de me concentrer sur autre chose. Pour autant, je demandais un peu plus d’informations à Torben. A sa réponse je fronçais des sourcils. Je n’étais point d’accord avec lui, c’était indéniable. Freyja ? C’est donc elle qui était à la tête de tout cela, et tu me demandes pour autant de l’épargner ? Ce serait un signe de faiblesse et non de force. Elle fait partie de mes officiers, ceux chargés d’assurer la sécurité et l’ordre. Et je devrais la remercier et la récompenser pour sa trahison, passant au-dessus de toutes ses victimes ? Je m’étais levée et éloignée de lui, non sans être en colère. Je vidais son verre que j’envoyais valser contre une des parois de l’appareil. J’étais énervée au possible Je ne pardonnerais pas. Je veux leur tête à tous, et me chargerais moi-même de Freyja moi-même. Justement pour passer un message fort comme tu l’as dit. Qui va contre moi connaitra la mort ultime, non sans avant la faire souffrir pendant des jours et des jours.

Je trinquais avec Krystel, convaincu que les choses iraient mieux par la suite. En travaillant avec Erin et la Reine elle même, j'avais réussi à apprendre de mes erreurs passées, d'isoler la menace pour mieux la retourner contre ses instigateurs. Rien n'était gagné pour autant, mais le travail effectué était valorisant. Et surtout, il nous achetait du temps et du sang. C'était une victoire très précieuse. La dissidence et la désunion avaient toujours été latentes sous le règne du Roi Augustus. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que ma Reine ne se retrouve pas avec le même Empire de la Nuit aussi sclérosé de l'intérieur. Je souris de manière complice à la plus vieille créature de ce monde, alors qu'elle plaisante doucement à propos du surnom dont on m'a affublé. Je suis d'autant plus ravi qu'elle semble le croire mérité. J'embrasse doucement son cou délicat, avant de me reconcentrer sur son regard pénétrant, qui me sonde l'âme. Ce n'est qu'une impression, puisque nous partageons la même depuis quelques temps maintenant.

| Qui frappe la nuit comme le jour, sans épargner quiconque. Mais cette Mort ci est.. Apprivoisée. Elle est tienne depuis des années. |

Nous jouons, comme à notre habitude depuis notre rapprochement quelques semaines plus tôt. Nous savons tous les deux que nous nous appartenons mutuellement, et nous avons bien conscience que le sexe est un besoin ; c'est le moment où nous sommes le plus proche possible l'un de l'autre, où nous sommes le plus en phase. Un peu comme la vision romantique et idyllique des humains, sauf que cette connexion était à nulle autre pareille. Il me faudrait le mériter ? Elle savait que j'aimais les défis. J'aimais aussi la laisser penser que j'avais moi même besoin qu'elle mérite mes efforts, ce que je lui fis passer.

| Ce que je t'apporte comme nouvelle devrait suffire à me donner droit à choisir ce que tu dois porter pour moi, non? |

Oui, j'avais le front de le lui demander. Parce que je venais d'accomplir quelque chose d'important, et d'extrêmement positif pour son règne. C'était quelque chose que je ne pouvais pas mettre plus en avant sans paraître arrogant, mais dans le cas précis cela servait plutôt notre petit jeu. Me faire avancer d'une case, la rendre elle même dépositaire de mon désir. Et je laissais filtrer mes pensées d'elle même s'habillant pour moi. Spécifiquement pour moi, j'entends, ce qui n'était jamais arrivé. Nos moments en tête à tête n'étaient jamais jusqu'à maintenant des moments purement privés, mais toujours la suite de longues journées. Cela ne gachait en rien notre bonheur de nous retrouver, mais cela n'était pas aussi plaisant et délassant que cela pouvait l'être. Lorsque je la vois froncer les sourcils, je sens ce qui va suivre et ses paroles ne me détrompent guère. Je ne montrais aucun signe de peur ou de nervosité ; je savais ce que j'avais à dire et je lui fis comprendre que je n'avais pas joué avec son règne et sa sécurité, et qu'elle devait me croire quand je lui apportais ce que je considérais comme la meilleure solution à toute cette situation...

| Elle a reçu un ordre direct de son créateur pour monter cette secte et la développer. Comme tu le sais toi même... On ne peut y désobéir. Je n'imagine même pas ce qu'est ce lien alors que nous sommes déjà si proches, toi et moi. Freyja est venue me voir d'elle même, est venue se rendre mais voulait juste la garantie qu'elle ne serait pas emportée par la trahison de son créateur. Elle m'offre l'intégralité de sa lignée. Je ne suis pas stupide. Je sais qu'en droit vampirique cela fera d'elle l'unique héritière des siens. Elle a donc un intérêt à ce que je fasse le ménage derrière elle. Mais elle avait aussi beaucoup à gagner à développer l'idée de son créateur. Une place à ses côtés. Ta place, et lui celle du Roi. Elle ne l'a pas fait. |

Je me lève et la rejoint, posant mes mains de part d'autres de son bassin, remontant le bas de son dos pour venir se poser sur ses clavicules, les massant doucement. Elle était tendue. Et je savais pourquoi. Augustus, Belle, ce passé et ces difficultés... Mais je l'apaisais en lui faisant comprendre que cette passe difficile était révolue. Et que l'actuelle était en passe d'être rayée de l'histoire.

| Je ne dis pas que tu dois lui faire confiance. Méfies toi d'elle. Mais elle a prouvé sa loyauté dans le sang, et je pense que son ambition est contrôlable. Elle a besoin de sang et de responsabilités, et ton royaume en regorge. Nous trouverons de quoi la contenter. Et un esprit retors comme le sien peut nous aider pour d'autres problèmes. De plus, le fait qu'elle ai fait partie d'un complot contre toi nous la donne corps et âme. Si elle faute, elle sait qu'elle n'aura pas droit à de seconde chance. Penses au message que tu peux envoyer à ta nation. Aucun lien n'est plus fort que celui qui relie tout vampire à sa Reine, pas même le lien avec son propre créateur. Montres qu'il y a plus à gagner en te servant, en dénonçant les complots, qu'à en faire partie. Mais tu as raison pour le reste. Les autres doivent être un exemple cruel. Je me propose de te les apporter sur un plateau avec Erin. Tous les responsables. Et les images de leur tourment seront diffusés dans tout ton Empire. Plus personne ne doutera de ton pouvoir, et tu auras franchi la première étape d'une conquête plus sûre. |

Mes mains passent doucement sous son haut, se faisant sensuelles mais surtout réconfortantes, apaisantes. Krystel subissait d'incroyables pressions, perdant parfois le contrôle d'elle même. Mes mains caressèrent son ventre, son bassin, le bas de son dos, tandis que je humais ses cheveux et embrassais son cou.

| Tu as l'air épuisée. Laisses toi faire, laisses toi aller. Nous n'avons que peu de moments de calmes comme celui là. |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

J’étais contente de voir Torben, vraiment. Mais pas ce qu’il me suggérait de faire. Je n’étais pas du tout d’accord avec lui sur le laxisme qu’il me demandait d’avoir à l’égard de la traitresse. La récompense et non la punir. Je ne pouvais pas lui accorder cela, même s’il était de bon conseil en temps normal. Il était persuadé de ses dires et de leur bien fondé. Ce n’était pas mon cas, et c’était la moindre des choses à dire. Comment autorisait à quelqu’un qui avait agi dans mon dos, confortant mes ordres de continuer à fouler cette terre ? Je ne serais pas vu comme une Reine forte, mais une Reine faible, prête à faire des exceptions à certains de ses sujets. Ce serait une injustice, une injustice qui pouvait me couter mon pouvoir, ma légitimité, ma tête, mon royaume. Je ne le permettrais jamais et il devait bien le savoir. Si j’écoutais ses paroles, je ne les approuvais pas. Il y avait une faille dans ses schèmes de penser. Il essaya d’ailleurs de changer de sujet et de me détendre mais cela ne fonctionnait pas. Je m’écartais de nouveau de lui. Son contact m’empêcherait de réfléchir correctement. Il était une distraction, et il en avait parfaitement conscience. Je ne le rejetais pas, je voulais juste avoir toute ma tête pour réfléchir à la question, chose que je lui fis sentir.

Je me mis à faire les cents pas dans l’avion qui était à présent en plein vol. La phase de décollage était fini et si nous prenions toujours de l’altitude, cela ne pouvait pas me nuire d’être debout et d’arpenter la carlingue. Si mon servant humain m’avait apporté une bonne nouvelle, il m’avait troublé par le jugement qu’il avait émis. Cela aurait dû être célébré. Mais non, cela me tourmentait légèrement. Je laissais planer un léger silence avant de reprendre la parole Ordre direct ou non de son créateur, elle aurait pu ne pas s’y adonner et me prévenir. Les ordres entre créateur et créature ne sont pas infaillibles Torben. Tu peux interpréter « reste là », de différente façon. Par exemple, de ne pas bouger, ou de rester derrière un fourré, ou caché aux yeux des autres. Son créateur lui a dit de créer la secte et de la développer, en effet. Mais il ne lui a pas dit explicitement de n’en parler, ni à Reine, ni à des vampires, ni même à la mort elle-même. De plus, si je me souviens bien, elle n’avait pas l’air très contraindre la première fois que tu la vus. Se faire passer pour le bouc émissaire dans toute cette histoire, cela est trop simple Je poussais un soupi de lassitude. Je ne fais confiance à personne hormis et ma personne. Tu as tord, elle n’a pas prouvé sa loyauté, elle veut sauver sa peau. Intelligente petite vipère qui a compris qu’elle n’échappera pas infiniment à toi et que tu étais à deux doigts de la démasquer. C’est uniquement pour ça qu’elle a tout livré, et non pas par loyauté ou fidélité envers sa souveraine. Je ne puis être clémente, tu le sais tout aussi bien que moi. Pour autant, tu as raison, les vampires doivent être plus attachés à leur reine qu’à leur créateur. Je prendrais des mesures en ce sens, soit en certain. Ce n’était pas ce qu’il voulait entendre, je le savais très bien. Mais c’était la seule chose que je pouvais lui concéder ou lui dire. Je me glissais dans son dos, serrant son corps contre le mien. J’humais son odeur retrouvant en faisant cela un peu plus de calme. Je passais mes mains autour de sa taille, et déposa un baiser dans son cou Ne m’en veut pas pour cela Torben Je ne pouvais pas aller dans son sens, mais je ne voulais pas qu’il se mettre en froid avec moi à cause de cela. Il avait trop d’importance à mes yeux et je ne voulais pas le froisser. Mais pour l’heure, je ne voyais vraiment que des inconvénients à suivre son plan et non pas la violence que l’on m’a toujours enseigné.

Je savais que Krystel n'était pas femme à être convaincue aussi facilement. Elle avait ses habitudes, sa manière de faire. J'avais les miennes. Mais je comptais bien lui faire valoir mon point de vue autant que possible, et qu'elle comprenne bien que revenir sur sa décision ne ferait pas d'elle une personne faible contrairement à ce qu'elle pouvait bien évidemment penser. En fait, faire preuve d'une mansuétude feinte était pour moi le pendant de la menace sous de bien plus beaux atours. En prenant Swayne sous son aile, elle pourrait bien plus la surveiller, et bien plus la tenir sous son emprise. Au moindre faux pas, la vampire rejoindrait son créateur. Bien sûr, j'avais bien conscience que l'image que certains auraient de Krystel serait affectée par cette décision, mais il fallait voir bien plus loin que cela à mon sens. Il y avait forcément une raison, dictée par l'expérience, qui motivait sa décision aussi catégorique soit elle. Je souris quand elle me dit qu'elle ne voulait pas que je lui tienne rigueur de son refus. Mais qui avait dit que j'avais lâché mon dernier mot et que je déposais les armes ? N'étais je pas là justement pour ancrer la Reine dans la réalité de notre époque, et pour lui offrir de nouvelles perspectives aussi bien dans sa vie personnelle que « professionnelle » ? Elle ne m'avait choisi que pour être sa pomme de sang, pas plus qu'elle n'avait voulu d'un simple tueur. J'étais son conseiller ; je ne m'en sentais ni la carrure ni les capacités, mais je comptais bien honorer ma nouvelle nature et ma nouvelle existence comme il se devait. Je me retournais vers elle, après qu'elle m'eut enlacé et m'eut embrassé, pour lui offrir un sourire en coin. Un sourire confiant, plein de défi.

| Tu as tes habitudes de règne, je le conçois. Mais rejoins l'avis d'un chasseur et d'un tueur sur ce point ; avoir des habitudes est une faiblesse. |

Je lui tournais le dos pour m'éloigner de quelques pas, passant la tête par le voile qui nous séparait du steward, qui vint à ma rencontre. Il me rendit ma casquette, que je coiffais légèrement de biais, légèrement plus basculé sur une tempe que sur l'autre, à la mode ancienne des russes. Je me retournais vers Krystel dans mon uniforme ocre d'officier de l'armée fédérale russe. 'avais demandé au serviteur humain de nous mettre un peu de musique qui collait à l'ambiance de la visite officielle.

Je souris en entendant les premiers accords et le choeur s'élever pour la musique du film « A la poursuite d'Octobre Rouge », reprenant d'anciens chants aux origines tsaristes de mon pays, repris ensuite sous l'Armée Rouge. Aujourd'hui encore, on pouvait l'entendre dans certaines casernes russes. Douce et d'un volume relativement faible, je m'approchais de Krystel pour la coiffer de ma casquette, légèrement en biais comme pour moi même. Cela lui donnait l'allure d'une magnifique mais terrible commissaire aux armées. L'image me fit sourire.

| Ais je jamais dit que Swayne ne méritait pas la Mort ? Mais je pense à long terme. Qu'aurais tu à gagner à la voir exécutée ? Les futurs traîtres et comploteurs seraient moins tentés de se rendre quand les choses deviendraient dangereuses et cela mettra les cellules dormantes de sa secte sur leurs gardes. Laisses moi l'utiliser pour traquer et détruire tout ce qu'elle a construit. Et utilises la toi même. Elle a beaucoup à prouver. Lui faire confiance ? Jamais. Restes proche de tes amis. Mais de te ennemis bien plus encore. Tu as tout à gagner à la prendre à un service, même subalterne, mais tout à perdre en l'exécutant avec les autres. Tu serais perçue comme un dirigeant cruel, peu avisé. Là, tu châties les traîtres et récompenses les repentants. Tu es une figure divine, Krystel, ne l'oublie pas. |

Je n'avais jamais été aussi sincère qu'à cet instant.

| Tu es une divinité moderne, qui elle la seule à pouvoir jamais prétendre à diriger ce monde pour le bien de tous. Et tu es capable de punir avec la plus grande extrêmité, comme de « pardonner ». Offres lui un poste, laisses la traquer tes véritables ennemis et acceptes cette victoire comme un gain véritable. Ton espèce toute entière sera bientôt derrière toi, ce qui n'est jamais arrivé auparavant, pas même sous Augustus. Il n'y a plus de dissensions organisées. Tu es victorieuse, tu es grande. Sois le en conquérant le cœur de certains sujets plus indécis. Pas pour Swayne ; mais pour toi. |

La musique et le choeur s'élève, puis ralentissent. Le rythme reprend, plus lent, plus glorieux. Je tends le bras et me courbe légèrement.

| M'accorderais tu cette danse, ô ma Reine, où nous priveras tu de la plus petite célébration de cette grande victoire? |

Sourire large, séducteur. Je me sens jeune. L'uniforme bien sûr, la victoire aussi, la proximité d'une femme magnifique. J'ai de nouveau vingt ans.

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

JJe n’aimais pas me disputer avec Torben. Encore moins alors qu’il n’avait pas été à mes côtés pendant plusieurs jours. C’était comme gâcher nos retrouvailles dans un certain sens. Pour autant, nous avions des sujets à traiter. Ou du moins en avais-je finis avec eux pour ce soir. J’étais catégorique concernant Freyja et mon servant humain ne pouvait qu’accepter ma décision. C’était tout de moins ce qu’aurait fait le premier que j’avais pris il y a de cela plusieurs décennies déjà. Si je savais le moldave différent, j’avais toujours encore un peu de mal à ne pas suivre mes habitudes, qui, comme il me le faisait remarquer, pouvaient être des faiblesses. Je ne vivais que depuis trop longtemps maintenant, et des schémas se répétaient bien souvent dans mon existence sans que j’en aie réellement consciente. Je le laissais s’éloigner, sans rien lui répondre de plus. Je me réinstallais dans mon fauteuil, observant par le hublot les paysages qui défilaient sous mes yeux. Torben vaquait à des occupations non loin de là, dont je ne faisais pas attention. Je réfléchissais à ses paroles pour tout vous dire. Je tournais de nouveau la tête vers l’humain quand j’entendis les accords d’une musique. Il venait de se coiffer de sa casquette, complétant à merveille son uniforme. Je lui décrochais un large sourire montrant à la fois mon amusement et mon intérêt. Il s’approcha de moi, pour venir me mettre sa coiffe puis me sourire à l’image que je semblais lui renvoyer. Il savait vraiment comment me surprendre, tant avec son attitude désinvolte que son entêtement. Le voilà de nouveau repartie sur le sujet Freyja la traitre, que j’estimais clos. Je fronçais légèrement les sourcils, de par le fait qu’il remettre cela sur le tapis, même si je ne l’interrompais pas. Il me brossait à la fois dans le sens du poil, et à rebrousse-poil, comme lui seul le pouvait. Je lâchais un soupir de lassitude lorsqu’il eut finit et fit un vague mouvement de la main alors que je lui dis Si tu es sur de toi, fait donc comme bon te semble. Cependant, tu en seras tenu pour responsable. Au moindre problème, ce sera ta vie que tu sacrifieras à cause d’elle. Soit en conscient Il l’avait débusqué et démantelé l’organisation, je pouvais lui accorder la décision finale concernant ce sujet. Si j’étais prête à lui concéder cela, il devait avoir conscience que toutes les responsabilités qu’impliquaient ce choix lui reviendraient. Si quelque chose dérapait, je considèrerais cela comme étant son problème et les répercutions tomberont sur ses épaules. Qu’il soit ou non mon servant, je ne rigolais pas avec les affaires. Il connaissait mon avis sur la question : c’était une mauvaise idée que de se montrer aussi laxiste. Je me détournais de lui, pour regarder de nouveau le ciel nocturne, quelques secondes à peine avant qu’il ne me demande de danser avec lui. Je le regardais surprise, mais posa quand même ma main dans la sienne alors que je me relevais. Tu m’en verrais flatté ô serviteur dévouée bien qu’entêté et contradicteur… Je ne te connaissais point comme danseur Torben. Mènes-tu ou doive-je le faire ? J’avais grandi et évolué pendant des siècles dans une société où les bals étaient monnaie courante. C’était une pratique que j’avais toujours apprécié, même si je n’avais guère plus l’occasion de l’exercer. N’était-ce pas grâce à elle que mon chemin avait croisé celui de mon créateur, et que son intérêt s’était porté sur moi ? Je ne pus m’empêcher de sourire tristement à ce souvenir si doux à mes yeux. Il avait transformé ma vie comme je ne l’aurais jamais imaginé. Il me manquait, c’était indéniable. Il avait laissé un fossé dans mon âme et dans mon cœur à sa disparition et le voir dans un état aussi fragile me faisait toujours du mal. Il était mon guide et sans lui, je me rendais compte que bien souvent, j’étais complètement perdue et seule…

A vingt ans, jamais je n'aurais espéré vivre aussi près des cercles de pouvoir de ce monde. Je n'ai jamais connu tout ce faste dans ma vie d'alors, et le jeune homme que j'étais autrefois aurait sauté sur l'occasion. Un mini bar correctement fourni, une femme belle à se damner et un vol dans un jet privé. Pourtant, la situation ne prêtait pas forcément à la détente, quand bien même je ne comptais pas laisser passer cette occasion pour nous de nous poser et de profiter de la présence l'un de l'autre. La Reine se replace dans son fauteuil particulièrement confortable, et qui devait coûter affreusement cher. Quand on dirige un empire depuis tout ce temps, aucun luxe n'est superflu, et aucun plaisir n'est inaccessible. Il faut juste savoir à qui s'adresser, et savoir en profiter. La belle me sourit en me voyant revenir vers elle, et ce sourire franc et synonyme d'une certaine jouissance de l'instant présent gonfle mon cœur de fierté et de désir. Ce genre de moment pourrait durer une éternité complète que je ne m'en lasserais toujours pas. Pourtant, ce plaisir qu'elle a de me voir ainsi accoutré et dans cette situation se tarit bien vite une fois que je reparle à nouveau de celle qui a osé la défier. Krystel soupira et me signifia d'un geste qu'elle était las de ce sujet de discussion, et je ne me départis pas de mon sourire lorsqu'elle me menace et me rappelle mes responsabilités. Passant une main dans mon dos, je lui fais la révérence.

| Ainsi soit il, Grande Reine, mon destin ne sera pas différent du sien. |

Je savais que j'avais remporté cette victoire, mais qu'il s'agissait d'une victoire à la Pyrrhus. Coûteux, car je navais pas ménagé mon crédit auprès de ma maîtresse vampire, et que je l'avais mise dans de mauvaises dispositions. Cela importait peu, au final. Je ne comptais pas en rester là. Ce genre de moment à deux était bien trop rare pour que je puisse tolérer de le laisser passer. Maintenant que je l'avais près de moi, je ne désirais que la toucher, la caresser, lui parler et me perdre contre elle, pour les heures qu'il restait à notre trajet. La Reine se tourne vers le hublot et scrute la nuit qui étreint l'Europe que nous survolons. Elle prend ma main, visiblement surprise, lorsque je lui demande de danser. Je l'attire doucement contre moi avec un fin sourire alors qu'elle semble tout à coup plutôt mélancolique.

| Je mène, bien sûr. |

Le chœur de la musique s'élève, et je pose l'une de mes mains derrière sa taille, presque de l'autre côté de son corps. Je lui amène le bassin contre le mien, et je commence doucement à la faire tourner, très très doucement. Le russe qui s'élève me fait fermer les yeux, alors que lentement le rythme prend un peu de vitesse. Je m'éloigne d'elle pour revenir contre elle alors que la musique se calme, et nous tournons au rythme des voix presque martiales qui s'élèvent dans le fuselage. Je sens que la Reine reste mélancolique. Je me cale plus encore contre elle, avant de baisser la tête contre son oreille

| Je suis là, Krystel. Je suis là, près de toi, et je te fais une promesse. Avec moi à tes côtés, je ferais en sorte que tu ne t'ennuies jamais, ni de te languir d'un passé révolu. Il y aura du sang, de la fureur et des larmes. Mais je ne partirais ni ne te laisserais. Jamais. |

Je l'embrasse, en continuant mes pas de danse à un rythme relativement modéré alors que le chœur se fait plus puissant. Je pose mes lèvres contre les siennes, et caresse doucement, langoureusement ses lèvres puis sa langue de la mienne. Je l'attire tout contre moi, avant que la musique ne se termine. Je me décolle d'elle et sa main toujours dans la mienne, je l'amène contre ma bouche et y dépose un tendre baiser.

| Veux tu que l'on continue de parler « boutique » ou que veux tu que nous fassions ? |

J'attrape mon verre de whisky et l'engloutit

| Vo veki vekov, dlya nas , moya koroleva |

Pour toujours et à jamais, à nous, Ma Reine

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Torben avait gagné une victoire ce soir, mais elle était à double tranchant. Je cédais face à sa demande, même si je n’étais absolument pas d’accord avec lui. Je ne lui faisais pas une faveur, mais au moins, en avait-il conscient lui-même. Je voyais plus cela comme une épée de damoclès, comme… Oui, c’était ça, la victoire de Pyrrhus. J’étais tout à fait d’accord avec lui sur ce point-là. Il avait ce soir usé de beaucoup de mes faveurs et cela risquait de lui couter cher plus tard.

Alors que je regardais par le hublot, il revint vers moi pour me proposer une danse. Il me surprit, c’était indéniable, d’autant plus qu’il décidait de mener. Je ne l’avais pas imaginé danseur, et je devais bien le reconnaitre qu’il se débrouillait plutôt bien. Je le laissais guider nos pas, suivant le rythme qu’il nous donnait. Je me laissais aller à cette activité, ne pouvant m’empêcher de repenser à mon Roi, mon créateur, celui qui était finalement tout dans mon existence. Si je ne l’avais pas voulu, l’humain avait entendu mes pensées mélancoliques à travers notre lien. Se rapprochant de moi, il vient me dire quelques mots à l’oreille, réconfortants, mais ne suffisant pas à calmer la tristesse que je ressentais à chaque fois que je pensais à Augustus et à sa perte. Me distrayant avec son baiser dont je vins tout de suite me délecter, il finit par s’éloigner dès que la musique fut terminée. Il reprit un verre, alors que je glissais de nouveau dans mon fauteuil. Je redressais la coiffe qu’il m’avait mise plus tôt de telle manière à ce qu’elle ne finisse pas au sol, ne pouvant me sortir mon Roi de la tête. Si l’humain m’avait demandé ce que je voulais faire, je ne voyais rien à lui répondre. En cet instant, je n’avais finalement envie de rien en particulier.

Je lui redonnais mon attention quand il parla en Russe. Cela eut au moins le mérite de me faire reconnaitre, que je n’étais pas aussi seule que je pouvais le penser quelques minutes avant. Il était là, pour toujours et à jamais comme il venait de le déclarer. Notre relation n’était pas la même que celle que j’avais avec mon Créateur. Elle était différente, et enrichissante à sa manière. Je l’avais lié à moi pour l’éternité, faisant de lui un compagnon en quelque sorte. Non, vraiment, il était égoïste de ma part de me considérer comme étant seule. Ne me prouvait-il pas sans cesse qu’il était là ? Bien sur que si. J’inclinais la tête respectueusement devant lui, puis me leva. Symboliquement, je lui versais un verre de cet alcool qu’il aimait tant, mais qui, malheureusement altéré le goût de son sang pendant quelques heures, lui accordant ce petit plaisir simple. Peu m’importe Torben. finis-je quand même par lui répondre. Ce n’était pas de l’indifférence. C’était juste que cela n’avait pas d’importance. Il était à moi, avec moi, et c’était là le plus important non ? Il ne manquait à ce tableau que celui que mon cœur chérissait pour qu’il soit complètement parfait. Mais on ne pouvait pas tout avoir dans la vie non ? Me décidant à arrêter de broyer du noir, je rajoutais Racontes moi ce que tu as fait ces derniers jours. . Je repris place, et lui fit signe de venir s’installer avec moi.

Krystel a vraiment l'air ailleurs. Si je n'avais pas cette connexion avec elle, peut être aurais je pu penser qu'elle en avait après moi mais je savais que ce n'était pas le cas. Forcément dans ces conditions, la discussion était relativement limitée. L'embrasser même, l'avait laissée relativement de marbre. Certes, elle avait répondu à mon attention mais sans pour autant donner suite, ni me donner l'impression qu'elle aimait vraiment ça. Je ne m'attendais pas bien sûr à ce qu'elle me saute dessus pour me déshabiller mais quand même... Ses préoccupations semblaient capables de gâter son humeur en même temps que nos retrouvailles. Je la sentais quoiqu'il en soit terriblement las, ce qui sans doucher mon enthousiasme me fit un peu relativiser : jamais nous ne pourrons jamais nous retrouver tous deux, parfaitement sereins et détendus, à ne profiter de rien d'autre que de l'autre. D'ailleurs, ce qui montrait bien à quel point elle pouvait être fatiguée était qu'immédiatement après avoir échappé à mon emprise, la belle retournait s'asseoir sur le canapé. Krystel était reconnaissante, je le sentais. Mais cela ne lui suffisait pas pour illuminer sa soirée, et cela avait du même coup un goût bien fade dans ma bouche. La Reine se relève pour moi, pour me servir un verre en personne. Je caresse sa main et son avant bras au passage pour la remercier de sa délicate attention ; au moins a t'elle noté mes efforts. Je la laissais me dire que le reste de la conversation lui importe peu avant qu'elle ne me demande finalement comment s'était passée ma semaine. Je m'assis en face d'elle, déboutonnant le haut de ma chemise et la faisant ressortir de mon pantalon, pour me donner un peu plus d'air. Finie la rigolade, a priori.

| Je me suis occupé du problème dont je t'ai parlé, pour Cora. Son imprudence des plus stupides peut nous coûter très cher. Je vois bientôt Erin pour la mettre en garde. Pour le reste, je ne sais pas. J'ai du mal à me projeter dans cette idée de mariage. Je sens que ce serait positif, je sens qu'il faut que je le fasse. Mais je me sens tellement loin de ce genre de considération... |

J'engloutissais une gorgée du liquide ambré avant de reprendre.

| J'ai aussi rencontré quelques personnes intéressantes chez nos nouveaux partenaires logistiques. Une jeune athlète russe aux talents de négociatrices des plus intéressants, et un général qui pourrait nous avoir des brouilleurs de radars et des leurres anti missiles. Du positif, donc. Et je t'ai aussi peut être trouvé un cadeau. Une danseuse de charme au caractère et aux talents intéressants, mais je préfère continuer de la sonder avant de te l'offrir. Et toi, racontes moi tout. Et aussi ce qui gâte ton humeur. Tu sais que d'une manière ou d'une autre, je saurais le fin mot de l'histoire... |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

J’avais bien ressenti que mon humeur pesait un peu sur l’enthousiasme de Torben. Ce n’était pas ce que j’avais souhaité. J’étais une femme mélancolique à ses heures, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Pour qu’il ne s’en formalise pas, je l’avais servie, geste hautement symbolique, avant de lui faire signe de s’asseoir en face de moi. Je l’interrogeais sur la mission qui l’avait conduit en Russie, intéressée réellement par ce qu’il avait fait. Ce n’était pas juste pour passer le temps, ou être distraite non. J’aimais avoir ses comptes rendus. Se mettant un peu plus à l’aise, il déboutonna sa chemise, et la fit ressortir de son pantalon. Dommage pour sa tenue, mais tant mieux pour le plaisir de mes yeux. Je l’écoutais évoquer Cora, et ses nouveaux doutes. Il but une gorgée, avant de reprendre. Je ne l’interrompais pas, attentive à ses paroles. Je souriais lorsqu’il évoqua le cadeau qu’il m’avait peut-être trouvé. Une danseuse. Il venait de viser juste, très juste même. J’aimais les faire danser, les regarder effectuer des mouvements gracieux et sublimes, me joindre à elles quelques instants, avant de les déguster et de me délecter d’elles. Il en valait de même pour les danseurs. Rien n’est plus beau qu’un corps en mouvement et dansant. Il finit par m’interroger sur ce qui pouvait me rendre mélancolique. Je me levais et vint m’asseoir sur ses membres inférieurs, les jambes posée sur la banquette autour de son bassin. Je jouais avec le haut de sa chemise et tout en le regardant je lui demandais Une danseuse ? Dis en moi plus sur elle. . Si je ne lui répondais pas tout de suite, c’était parce que j’avais encore des choses sur lesquelles le questionner avant de lui dire ce que j’avais sur le cœur Pour ce qui est de Cora, je me rangerais à ta décision. Fait ce qu’il te semble le mieux. Je la punirais de mon côté pour son attitude soit en certain. Elle sait très bien ce qui peut arriver lorsque l’on enfreint mes règles. Je récompense la fidélité, je punis ceux qui vont contre…. Quant au mariage, et bien, c’est comme tu le sens. Cela ne dépend encore une fois que de toi. Me penchant à son oreille, j’ajoutais. Nous pouvons éventuellement te trouver une femme beaucoup bien… « classique » dans sa manière de penser une telle union, qui te permettra de faire tout ce que tu désires, avec qui tu l’entends. Il n’était pas restreint à Cora et uniquement Cora. Par exemple, Erin pourrait très bien faire l’affaire. Ou tout autre pomme de sang à mon service d’ailleurs. S’il n’arrivait pas à se projeter avec l’humaine, rien ne l’empêcher de chercher ailleurs. Lui refaisant face, je finis par lui répondre, recommençant à jouer avec le haut de sa chemise Je suis mélancolique Torben. Rien de bien grave, ne t’inquiète pas. Cela va de pair avec les êtres de mon âge. Mon Roi me manque voilà tout. Nous ne pouvons rien y faire, ni toi, ni moi. Ne te fais pas de mourrons pour moi va.

La vampire semble combattre ces démons du passé qui la hantent. Comme nous tous... J'avais réglé la question depuis longtemps à mon propre sujet. J'avais choisi la folie plutôt que la raison, la destruction des sentiments plutôt que leur protection, leur sauvegarde dans le temps. Je m'étais retrouvé moi même dans une cage de verre, sous la lumière d'un énorme projecteur d'une lumière blanche, au milieu d'une vaste pièce sombre. J'avais vu la divinité se promener, nue ou habillée, m'aguicher et me narguer, avant de venir me donner de son sang et prendre du mien. Je me souvenais de tout ce qui m'était passé par la tête à ce moment là. Le suicide, bien sûr, avait été l'option la plus logique. Elle me tendait les bras. Mais comment faire ? Je n'avais aucun objet dans ma prison de verre, sinon un toilette, une douche et un lit. Pas d'autre mobilier, le peu qui m'était donné étant fixé au sol. Rien dans la nourriture d'un peu solide. J'avais pensé, peut être, me casser les dents contre les parois, et les utiliser pour m'ouvrir ensuite les veines. Mais entretemps, quelque chose d'autre de monstrueux avait germé en moi. J'avais repassé toute ma vie en revue et un par un, j'avais détruit et muselé ces souvenirs, je les avais fait miens. Plus de souffrance, seulement la fatalité. Seule la mort. Je m'étais récemment ouvert à nouveau au monde, mais sans pour autant perdre de vue cette ligne de vie ; le devoir est ma vie et Krystel est mon devoir. Et seule la mort met fin au devoir.

Pour toujours, et à jamais.

La belle veut que je lui parle de la danseuse. Je secoue la tête doucement, un fin sourire sur les lèvres.

| Et t'ôter toute surprise ? Je t'en ai déjà trop dit |

La Reine me parle de Cora, qu'elle me suivra et qu'elle la punira elle même. Je comprenais la logique et j'y adhérais, cela me semblait aussi normal que le reste. La belle vint me murmurer, collée qu'elle était contre moi ce qui me faisait autant de bien que cela n'excitait mes sens, que l'on pouvait me trouver une autre épouse. Je lui fis part de mes doutes.

| Je ne sais pas. Cora est la personne dont je suis le plus proche en dehors de toi. Elle a mérité cent fois que je lui rende la pareille de ses sentiments. Je doute simplement du mariage, vois tu. Je sais, j'ai conscience de ce qu'il peut m'apporter. Mais je ne m'en sens pas capable. Je ne me sens pas capable d'aimer. |

Je lui caresse ce visage si délicat, si parfait, et me plonge dans son regard noisette irisé de rouge.

| Tu m'as pris ma capacité à aimer en même temps que tu t'es rendue maîtresse de mon âme, ma Reine. |

De cela, j'étais certain. Krystel triture le haut de ma chemise, comme si ce vêtement la dérangeait.

| Tu sais très bien que je m'en ferais aussi longtemps que mon existence se prolongera... Tu ne m'a pas raconté ta convention? |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Torben avait éveillé ma curiosité et je l’avoue, j’étais frustrée qu’il ne m’en dise pas plus. Je sifflais mon mécontentement alors qu’il m’annonçait en avoir déjà trop dit. Ce n’était pas du tout le cas. Au contraire, il n’en avait pas du tout dit assez. Il le faisait exprès, je le voyais bien à son sourire. Il était arrivé à piquer ma curiosité à vif et il la laisser tout simplement sur sa faim. Je suis certains qu’il y a moyen de s’arranger… Je connaissais les hommes, et je savais comment arriver à mes fins. Je voulais vraiment en savoir plus, et je n’étais pas prête de lâcher aussi rapidement. Je ne le lâcherais pas tant qu’il ne m’en aurait pas plus dit. J’étais assez têtue dans mon genre, pour ne pas dire obstinée, chose qu’il savait parfaitement. Je soupçonnais mon servant humain de l’avoir fait exprès. D’ailleurs, cela ne faisait aucun doute. Il ne faisait pas les choses à moitié et il savait très bien comme je fonctionnais.

Nous finîmes par dériver sur le sujet de Cora. Cela tracassait l’homme. Je pouvais le ressentir dans le ton de sa voix, mais aussi à travers les émotions que je lisais en lui. Cela ne me plaisait pas. Ce n’était pas comme ça que j’avais vu les choses la et les concernant. Cette relation et ces plans d’avenirs devaient le rendre plus forts et l’ancrer dans ses certitudes. Là, il était en proie à des doutes et il s’inquiétait. Je n’aimais pas ça. Je rajoutais cela sur les choses à reprocher à ma pomme de sang favorite au moment où je viendrais à la punir. Je ne permettrais à personne de troubler mon servant humain, pas même elle Cora n’est pas irremplaçable et elle a fauté. Si elle n’était pas ma favorite, je l’aurais exécuté sur le champ. Elle a éprouvé ma clémence en agissant comme une imbécile. On ne livre rien aux ennemis, encore moins des alliés. Elle savait très bien qu’Erin était sous mon commandement et donc sous ma protection. Elle n’a aucune excuse Torben. Je n’étais pas sans pitié avec l’humaine, mais faisait preuve de générosité au contraire. Elle avait beaucoup de chances, vraiment beaucoup. Je n’avais pas réclamé sa tête sur un plateau d’argent. Je comptais juste la sanctionner pour sa très grosse erreur. Je fronçais des sourcils à la suite de ses propos. Je n’étais pas du tout d’accord avec lui, c’était certain. Tu as tort. Je t’ai permis de renaitre Torben et non de te condamner à une vie sans émotion, sans passion et sans amour. Ne sont-ils pas mes moteurs après tout ? Tu n’es seulement pas tombé sur la bonne personne voilà tout. Avant de rencontrer Augustus, je pensais que l’amour n’était qu’une faiblesse. Il en a fait ma plus grande force, et c’est ce que je veux t’offrir à mon tour. Il était important qu’il comprenne cela. Je ne faisais pas les choses sans buts. Mes motivations à le lier à Cora n’étaient pas dénuées de sens. Je restais persuadée qu’il avait besoin de ça pour être encore plus fort qu’il ne l’était. Disons que tout s’est déroulé comme je l’avais prévu. A une exception près… Vois-tu, ils ont eu l’erreur de mettre à ma disposition un magnifique bijou, avant de me le refuser. Ces humains sont vraiment sots. J’ai prévu, naturellement de le subtiliser, et de leur laisser une copie. Qui mieux que moi pourrait apprécier sa véritable beauté et valeur après tout ? Ce serait un gâchis de leur laisser.

Parler de choses futiles semble peu à peu ramener ma Reine a des sentiments plus positifs, en tous cas plus réjouissants que précédemment. Je ne dis pas que je l'amène à danser la gigue, mais quand même... Il y avait du progrès. Je sens presque immédiatement sa frustration, et elle siffle, m'évoquant un félin en colère, alors que je lui refuse toute la vérité. Je lui souris et elle sait que je lui cache le plus intéressant, ce qui va retenir pour de bon son intention. Lascive, elle me souffle qu'elle est certaine qu'il y a moyen de s'arranger. Je pars d'un petit rire en posant mes mains de part et d'autres de son bassin, remontant sa robe non sans force, ne lâchant pas son regard du mien. J'hausse un sourcil et je lui rends la pareille.

| Tiens donc ? Mais je suis incorruptible ; la Mort est impartiale, ma belle. |

Je la chambre à dessein, aussi bien pour nous détendre que pour la mettre au défi, mais j'ai bien conscience que là n'est pas le cœur de notre discussion, ni même de nos retrouvailles. Il y avait quelque chose de bien plus important entre nous. Quelque chose qui se jouait à un tout autre niveau. Je savais que ma Reine allait s'impatienter ; Krystel était ainsi faite. Mais je n'étais pas contre l'entraîner à faire preuve de patience ; j'étais aussi là pour ça non ? Pour pallier à ce qu'elle maîtrisait le moins. Et attendre bien sagement n'était certainement pas l'une de ses principales qualités. Je sentais aussi la réprobation de la vampire alors que je réfléchissais à propos de Cora, et que j'essayais de lister les avantages et les inconvénients d'une telle relation. Elle n'aimait pas que je me laisse atteindre par quoi que ce soit, tout en voulant justement que je me préoccupe de choses plus terre à terre que d'ordinaire. Il y avait de quoi se demander ce qu'elle voulait au final, mais la compréhension quasi-instinctive que j'avais de la vampire me faisait saisir ce qui la chagrinait. Je devais devenir plus fort, pas m'affaiblir. Krystel me confirma ce que j'avais déjà compris, et ce que je pensais moi même.

| Je sais. Je suis bien conscient de tout ça. Je... Honnêtement, j'apprécie Cora, et je suis plus proche d'elle que de quiconque en dehors de toi. Mais je ne peux pas cautionner ça. Elle doit être punie. Je ferais d'elle un agent digne de ce nom. Ou bien, elle ne méritera plus la moindre miséricorde de ta part. |

Je n'avais pas envie de plus m'étendre sur le sujet sachant que Cora me renvoyait à mes propres insuffisances. Si j'avais su l'éduquer, la dresser, pour devenir le parfait engin des guerres futures, rien de tout ceci ne serait jamais arrivé. En plus, ce n'était jamais qu'un échec de plus dans un semblant de vie sentimentale aussi tarie que le désert le plus sec. J'avais échoué avec Jana de la plus pityable des manières, avant de mourir et de renaître, et rien depuis. La Reine, visiblement un peu énervée de ma réaction ou en tous cas dépitée, me fit part de son désaccord quant à ma nature. Je lui souris doucement, plus par affection que par réel plaisir ou satisfaction ressentis.

| Je ne pense pas avec le recul que l'amour puisse être la force de tout le monde. Je trouve bien plus de puissance et de satisfaction dans la mort, Krystel. Je n'ai pas ça en moi, ma douce. Mais ce n'est pas grave. Je n'ai pas de regrets. |

Je suis ce que je suis, et je fais ce pourquoi je suis fait. Inutile de se poser plus de questions. Je souris aux paroles de ma suzeraine. C'était imprudent, son petit plan ;

| As tu une photo que je puisse juger de son utilité pour une beauté de ton acabit ? Si tu le veux vraiment, je peux m'en charger moi même. Ou alors, peut être peut on le faire à deux. |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Je ne comptais vraiment pas laisser Torben s’en tirer à si bon compte, et je lui fis savoir. Je voulais en savoir plus et il allait bien devoir se plier à mon envie. Je ne le laisserais pas gagner sur ce terrain là, pas alors qu’il avait fortement éveillé ma curiosité. Surtout lorsqu’il était question d’une danseuse. Il le savait très bien d’ailleurs, me connaissant assez pour l’avoir fait exprès. Mais il n’avait sans doute pas prévu ma détermination et ma persévérance. Non, je ne laisserais pas tomber et il finira par me dire ce que je désirais, même si je devais lui arracher ses informations. Si je laissais pour l’instant tomber, ce n’était que pour revenir à l’assaut plus tard. Pour l’heure, il voulait parler de Cora, ainsi me tournais-je vers ce sujet, même si je n’oubliais pas le premier sujet. Mais elle n’est pas irremplaçable Torben. Si tu ne te sens pas capable de l’aimer, cela ne veut pas dire que tu es incapable d’aimer. Ne m’aimes-tu pas ? Voyons Torben, te fermer toutes les possibilités à cause d’elle. Je ne puis l’accepter. Et… tu as tort. Ta force tu la puise dans la dévotion que tu ressens envers moi. Aimer la mort et la souffrance n’est pas un moteur suffisant. C’est quelque chose dont on finit par se lasser. . Et je parlais par expérience en lui disant cela. Oui, vraiment, l’humain se trompait et il était important que je lui fasse ouvrir les yeux sur la réalité du monde qui est le nôtre. Se voiler la face n’était pas une bonne solution et cela pouvait lui nuire à long terme. Il avait besoin de stimulus, et c’était une des raisons pour lesquelles je voulais qu’il se forge une famille. . Erin dans ce cas là. Elle ne ressemble pas le moins du monde à Cora, et c’est ce qui la rend si particulière. Vous avez beaucoup de points en commun d’ailleurs. Ce serait la compagne parfaite pour toi. Non, ne dit-rien, penses-y c’est tout. Je ne le forcerais jamais, il le savait très bien. Pour autant, il devait tenir en compte de mon expérience et de la manière dont je voyais les choses. Si je ne pouvais pas me vanter de ne m’être jamais trompée, je faisais rarement des erreurs. Et surtout… J’avais analysé cette situation de nombreuses fois et y avais fortement réfléchie. Je savais très bien que je ne me trompais pas et j’espérais que mes certitudes suffiraient à prendre conscience de ce dont il avait vraiment besoin.

Nous changeâmes de sujet, et je lui parlais du magnifique bijou que l’on avait mis en ma possession. Je souriais à pleines dents face à sa proposition, même je ne pouvais y répondre que par la négation. J’allais chercher une des tablettes tactiles sur laquelle il m’arrivait de travailler et que j’avais laissé un peu plus loin en un battement de cils et vins m’asseoir juste à côté de lui. Je fis une rapide recherche sur internet et lui montrais le magnifique diadème. Ce serait vraiment une erreur de ma part de leur laisser un tel trésor. J’aurais aimé le récupérer moi-même, mais nous ne pouvons-nous le permettre. Il faut que je sois dans un endroit médiatique le soir où il sera volé, pour que les soupçons ne se portent jamais sur moi. J’ai réfléchie à comment m’y prendre. Je vais engager un américain, qui engagera un homme, qui lui-même engagera un autre homme etc., jusqu’à créer une longue chaine. Celui en bas de l’échelle le volera, puis le donnera à celui qu’il pensera être son commanditaire. Ce dernier le tuera, puis remettra le bijou à son chef, qui le tuera également etc., jusqu’à ce qu’il arrive en Amérique du nord. De là-bas, un de chevalier le récupèrera, effacera toute trace derrière lui, avant de me le ramener. Ce stratagème, je l’avais mis en place de nombreuses fois, et il fonctionnait toujours aussi bien. Je comptais donc continuer à l’utiliser tant qu’il faisait encore ses preuves. Par contre, il y a quelque chose que tu peux faire pour moi… Me parler de la danseuse par exemple. Je revenais à la charge bien entendu. La mort est peut-être impartiale, mais elle possède tout de même un point faible en ma présence… Je me penchais vers lui et lui mordilla le cou juste en dessous de l’oreille. Elle ne peut que succomber à mon contact… N’est-elle pas ma servante, que je sais récompenser lorsqu’elle me donne satisfaction ?

Proposition anodine en apparence, mais qui ne l'est pas autrement. Avec Krystel, nous passons du temps ensemble. A discuter, principalement. Plus rarement, nous partageons un repas, bien que nos appétits ne s'attardent pas aux mêmes mets, ou alors nous nous adonnons à quelques menus plaisirs. Seul compte notre lien, qui nous nourrit et qui nous rapproche, qui nous abreuve de notre énergie et qui décuple notre force. Je propose à Krystel de l'aider à voler ce qu'elle désire. Je n'ai rien contre le vol, et encore moins quand c'est ma Reine, celle qui possède tout et gouverne au destin du monde, qui a envie de quelque chose. D'une menue distraction. Mis nous abordons aussi d'autres sujets, d'autres sujets qui sont bien plus préoccupants que la simple perspective d'un vol de bijoux. Je restais sceptique par rapport à ce que la vampire me disait, sur la mort et sur la souffrance. Je pensais bien que nous étions différents, complémentaires. C'est pour cette raison que notre association fonctionnait vraiment. Je touche son visage, caresse ses joues, l'arête de sa mâchoire. Je l'embrasse doucement.

| Mais c'est parce que tu es pleine de vie, quoi que tu en dises, quoi que tu en penses. En fait, je n'ai jamais rencontré quiconque dans mon existence qui l'aime autant que toi. Tu es unique pour cela, et c'est aussi pour ça que je te suis. Les gens pensent de mois que je suis un sadique sans cœur. Ils ont tord. Je ne suis pas un sadique, bien que je sois effectivement sans cœur. Je fais ce pourquoi je suis fait. C'est tout. Cela ne veut pas dire que je dois être comme toi ; connaître la joie au travers toi, au travers de notre lien, me suffit amplement. |

Avoir plus me rendrait peut être efficace, mais cela m'éloignerait sans doute de Krystel et cela apportait son lot de dangers. Je serais joueur, sans doute aurais je fait en sorte de pouvoir lancer ce genre de partie et d'en vivre directement les conséquences, avantages comme inconvénients. Mais ma nature hautement pragmatique et calculatrice m'en empêche, bien sûr. Je suis un être particulièrement rationnel. Je ne me lancerai pas dans l'inconnu sans voir d'intérêt particulier. Je savais que Krytel ne voulait que mon bien, et me parlait d'Erin bizarrement me fit tomber d'accord avec elle. Malgré le fait qu'elle voulait qu'on en reparle plus tard, je reprenais la parole.

| Je suis d'accord avec toi. Erin est comme moi, nous serions bien assortis. Mais notre nature même nous empêche de nous lier. Et puis, nous avons clairement précisé que notre relation restait professionnelle. Je la pense dans la même situation que moi. Elle non plus, ne veut se lier à quiconque. |

Le choses avaient toujours été claires avec Erin. Alors que nous jouions un rôle de jeunes mariés, nous avions dû discuter de nos propres vies, d'apprendre à nous connaître. La jeune femme s'était montrée catégorique, sans même que je ne lui eu fait la moindre proposition. Elle ne voulait pas que notre relation ne sorte du cadre professionnel. J'avais de nombreux travers, mais je n'allais pas la forcer. Jamais de la vie... Parce que je ne fonctionnais pas comme ça ; ce n'était pas un principe mais une question d'intérêt. Je n'avais aucun bénéfice à retirer d'une telle action. Comme je l'avais dit, je n'étais pas du genre à agir n'importe comment... La Reine s'éloigne en se relevant de sa position sur moi, et se saisit d'une tablette tactile sur laquelle je la vois parfois travailler. Ainsi vêtue et ainsi équipée, on ne dirait pas que l'on a en face de soi une vampire aussi ancienne. Elle me montre le fameux diadème, et je siffle. Joli. Et coûteux... J'acquiesce à son plan, avant qu'elle ne revienne à la charge concernant la danseuse. Je me contracte sous son assaut sensuel, mais je ne bouge guère plus une fois que j'ai accroché son regard ; je ne serais pas celui qui reculerait le premier. Un sourire en coin, et je lui lance:

| Mais le jeu en vaut il la chandelle ? La récompense serait elle seulement assez conséquente ? Je crois, ma petite Reine, que je préfère vous faire languir... Pour le moment... |

Je me saisis de sa main et embrasse l'intérieur de son poignet, son avant bras, son épaule, son cou, et le coin de ses lèvres. Mes mains prennent position dans le creux de son dos, la caressent et l'attirent contre moi comme je sais qu'elle l'apprécie. Je vins lui murmurer à l'oreille.

| Tout ce que je peux dire, c'est que ses talents se traduisent aussi bien à la verticale qu'à l'horizontale, et même en de drôles de positions incongrues... |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

On m’avait dit beaucoup de choses dans mon existence, c’était certain. Mais jamais encore on ne m’avait dit que j’étais pleine de vie. Pas depuis que j’étais vampires en tout cas. Au contraire, on m’associait à la mort plutôt. J’étais étonnée, cela était sans dire. Je n’étais pas certaine d’être d’accord avec cette analyse, même s’il y avait une grande part de vrai. Je m’étais toujours battue pour continuer d’avancer, sans jamais laisser tomber. Je n’étais pas facilement abattable. Mais était-ce vraiment parce que j’avais un goût pour la vie ? De mon côté, j’aurais plutôt dis que je ne voulais pas partie tant que je n’avais pas finis. Finis quoi ? Allez savoir. Moi-même, je ne saurais pas l’expliquer. Pour autant, j’avais toujours un goût d’inachevé dans la bouche, et tant que ce serait le cas, je continuerais encore et encore à arpenter cette terre. Je ne pouvais pas partir alors que je n’avais pas clôt tout ce je devais faire. J’ai encore des choses à accomplir dans cette vie. Et il en va de même pour toi Torben. Ne te limite pas à un seul champ alors que tant de possibilités s’ouvrent devant toi. Personne n’est éternelle, pas même moi. Il serait bête de s’en aller avec des regrets. Ne l’oublie jamais. . Avoir des joies par procuration n’était pas quelque chose que je lui souhaitais. Il était à la fois si jeune et si aigri. C’était étrange, vraiment étrange. A présent qu’il avait la vie devant lui, que tant qu’il ne m’arriverait rien, il continuerait d’arpenter ce monde, il n’en profitait pas. Si avant les années sanglantes, il aurait été dangereux de faire des plans dans le futur, là il en avait tout le loisir. Mais il s’évertuait à ne pas le faire, ne pas m’écouter finalement lorsque je lui assurais que c’était le mieux pour lui. Sans doute lui fallait-il encore un peu de temps avant de s’en rendre compte ? Je vous l’ai dit, il était jeune après tout et moi-même, à bien y réfléchir, il m’avait fallu du temps pour m’en rendre compte. Il y avait tant à gagner à prendre soin de notre famille et de ceux qui comptaient de près ou de loin dans notre existence. N’assurais-je pas un soutien financier aux descendants humains de ma lignée ? Jamais ils n’avaient manqué de rien, et je m’étais toujours arrangée, dans l’ombre, pour qu’ils bénéficient d’une belle vie. S’ils ne restaient plus beaucoup de Raybrandt – portant ou non mon nom de famille – ils étaient tout de même à l’abri de tout besoin. Je ne permettrais plus le contraire. Si j’avais laissé mes héritiers se débrouiller seuls pendant plusieurs décennies, j’avais finis par les reprendre en main face à leur déchéance. Au début il était question qu’ils ne salissent pas ma maison et mon honneur. A présent, je le faisais de manière bienveillante. Si Morgane avait beaucoup appris de moi, j’avais également beaucoup appris d’elle. Je ne doutais pas que Torben finirait pas le comprendre lui aussi, tôt ou tard. Voyons, pas à moi Torben. Professionnelle ne veut pas dire coupé de tout. J’ai une relation professionnelle avec Erin, et pourtant, elle est tout de même ma pomme de sang. L’un n’empêche pas l’autre. j’avais froncé les sourcils quand il m’avait répondu au sujet d’Erin. Il mélangeait les choses, et se trouvait des excuses où il n’y en avait pas. Tant pis, si ce n’était pas elle, cela serait une autre. Peu importe qui il choisissait au final. Du moment que le résultat était là, je me fichais bien des voix qu’il voulait emprunter. Il avait le choix, et je ne lui imposerais rien. Il en avait parfaitement conscience. La décision finale lui revenait. Il était mon servant humain, l’être dont le cœur battait encore le plus proche de moi. Je ne comptais nullement le contraindre.

Pour l’heure, ce sujet était clos. Je revenais sur celui de la petite danseuse dont il m’avait parlé plus tôt. Je n’avais pas du tout oublié et curieuse, je voulais en savoir plus. Jouant avec lui et son attraction pour moi, j’essayais de lui soutirer des informations. Je l’avoue, cela m’amusait grandement comme petit jeu. Et n’étant absolument pas déplaisant du tout, autant pour lui que pour moi, je prenais un malin plaisir à venir s’assaillir et lui soutirer des informations de la sorte. Je sens son corps réagir tout de suite, me tirant un grand sourire, augmenté avec ses paroles Pour le moment en effet… S’il pouvait résister un peu, il ne pourrait pas tenir sur la distance. Je le connaissais trop pour ça. N’étais-je pas passé Reine dans cet art après tout ? Il me pris la main, et vint embrasser mon poignet, jusqu’à remonter au coin de ma bouche. Il m’attira un peu plus vers lui, me faisait sourire de plus belle. Je le laissais faire, attendant qu’il me donne l’information que je désirais. Il vint me la murmurer au creux de l’oreille. Hmm. Cela me parrait très… Intéressant… Quoi d’autre ? On ne peut plus intéressant même. J’avais drôlement hâte de la voir en action. Pour appuyer ma demande, j’avais posé mes mains sur ses cuisses, et les caressais, en prenant soin de bien appuyer pour qu’il sente bien ses caresses. Je vins poser ma bouche sur son cou, pour le mordre d’abord doucement, puis de plus en plus férocement jusqu’à percer sa peau. Je laissais son sang couler, pour venir ensuite le lécher sensuellement, laissant trainer mes lèvres sur ses épaules, son cou, et le haut de son torse. Je défaisais les boutons de sa chemise et la repoussais pour dévoiler un peu plus sa chair. Je descendais un peu plus, et vins le mordiller de nouveau, tout en reculant sur ses genoux. Je m’arrêtais à la lisière de son pantalon et relevais le regard alors que je le saignais de nouveau pour venir laisser ma langue le boire. Tu ne m’as pas encore répondu Torben… Quoi d’autre ? Oui quoi d’autre Torben ? Dis-moi en plus, et tu ne le regretteras absolument pas…

Je jouais avec la Reine tout autant que je mettais certaines choses au clair avec elle. Pour le coup, j'en avais assez de cette sensation tenace d'échec et d'indécision lié aux femmes. Ce qui était paradoxal, c'était que mon ancienne position me convenait parfaitement et que je ne l'aurais échangée pour rien au monde. Etre aussi proche que cela de la Reine tout en ayant la loyauté et la fidélité inaliénables de Cora, je n'aurais pu qu'être comblé... Une partie de moi aurait certes voulu continuer de profiter de Jana, mais à bien des égards cela n'était plus ni possible ni pertinent, dans le sens où je pensais qu'il était bien plus positif et bien plus efficient de conserver notre relation au point où nous l'avons laissée la dernière fois ; au point mort. Jana se concentrerait sur ses tâches et j'avais acquis la certitude qu'elle ne deviendrait pas de sitôt l'objet des manipulations de Guillemaud, ce qui me rassurait à ce niveau là. Car un couple aussi proche du pouvoir absolu et jouissant d'un but commun et surtout d'efforts de concert, aurait été bien trop dangereux pour Krystel. Mais j'avais fait voler beaucoup de choses entre Julien et Jana, tout comme j'avais dû sacrifier ma relation avec elle pour arriver à ce résultat. Au fond, je me fichais bien de tout ceci. Il y avait des objectifs autrement plus vitaux à atteindre... Et je n'allais pas me laisser gâcher mes retrouvailles avec Krystel par tous ces sujets. Il fallait avancer. Encore et toujours avancer. J'écoutais ce qu'avait à me dire ma Reine, et je lui promettais entre nous d'y réfléchir, mais je restais sceptique. Je sentais qu'elle ne me comprenait pas. Quelque part, ce n'était pas plus mal pour certaines choses ; cela participait de notre complicité. Un minimum de différences est toujours bon à prendre... Je haussais les épaules par rapport à Erin.

| Elle s'est montrée très claire à ce sujet, tu sais. |

Je n'avais jamais envisagé de partager une relation avec Erin, même si mon moi pragmatique notait que cela ne pouvait qu'être un avantage d'entretenir une relation avec quelqu'un qui saurait maintenir la distance et qui ne se laisserait pas déconcentrer. Mais au fond, partager ce genre de lien avec Erin aurait quelque chose d'éminemment malsain ou pervers, tant elle me ressemblait. J'osais imaginer que je n'étais pas assez égocentrique pour accepter de partager la couche de quelqu'un qui me ressemble à ce point. Je sentais pourtant ma compagne aussi résolue qu'inflexible. Elle voulait que je me trouve une compagne, et ne renoncerait à l'idée qu'une fois que ce serait chose faite. Nous en reparlerons sans aucun doute. Quoiqu'il en soit, la belle monarque joue de ses atouts pour essayer de me délier la langue, et cela n'a rien de désagréable, bien au contraire. La belle joue avec moi, me susurre à l'oreille avant de me mordre. Je me crispe et pousse un soupir de plaisir au moment où ses crocs me transperce la peau, et le désir enfle en moi alors que je sens sa langue recueillir le précieux liquide carmin. Le bout de sa langue contre ma chair à vif... j'en frémis. Et elle me presse en se reculant sur moi, me pousse par ses questions à toujours lui en dévoiler davantage. Je tiens mes positions, même si je dois tenir dans mes derniers retranchements... Mais c'est dur. Atrocement difficile.

| Eh bien... |

Je déglutis.

| Elle utilise quantité de sang pour illustrer ses talents. Et elle est adepte de reptiles, également... |

Ma main remonte le long de sa cuisse, tandis que l'autre passe sous sa robe et caresse l'intérieur de celles ci, sans pour autant se rendre sur son entrejambe. Mais elle ne sera pas la seule à jouer. Pas alors qu'elle a mon sang en moi. Moi aussi, je peux lui faire perdre le contrôle...

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Je laissais de côté le sujet « Torben&famille ». Il était tétu comme une mule et je n’avais pas envie d’entrer en conflit avec lui. Surtout sur ce terrain là. Nous en reparlerions plus tard, lorsqu’il sera prêt à accepter ce que je lui proposais. Ce n’était qu’une question de temps et je savais me montrer patiente. Il finirait par se rendre compte des évidences que je lui avais données, j’en étais certaine. Mais en attendant que cela arrive, je le laisserais en paix. Je n’oublierais pas mon « objectif », je le remettais juste à plus tard. C’était reculer pour mieux avancer. Je lui fis un vague signe de la tête quand il me dit qu’elle avait été très claire sur le sujet, ne réembrayant pas. Elle avait aussi été très claire avec moi. Et pourtant, j’étais arrivée à la pousser au-delà de ses limites. Ce n’était qu’une question de volonté. Erin n’était pas non plus sotte. Elle aussi y trouverait son compte. Je me notais de lui en parler, ou du moins de l’amener à me parler de Torben, afin de tâter le terrain de ce côté-là.

En attendant, je lui reparlais de la danseuse, lui soutirant les informations que je voulais obtenir. S’il savait garder un secret quand il le fallait, il semblait avoir fait un calcul cout/avantage qui le poussait à me donner ce que je voulais. Tant mieux. J’étais une femme curieuse, surtout quand cela concernait un nouvel objet à acquérir. Oui objet. Si je prenais soin d’eux, ce n’était pas pour autant que je les estimais. Ils étaient que des proies, justes bons pour me divertir et m’apporter ce dont j’avais besoin. Les humains restaient des êtres faibles à dominer. Ce n’était pas parce que je prônais la paix et l’équité entre nos espèces que je le pensais. Tout cela faisait partie d’un plan beaucoup plus large et vaste. Et non je ne mettais pas dans cette case là mon servant humain. Par définition, il était au-dessus de tout cela. Je ne le considérais pas comme un outil, mais comme un être complexe qui, certes, m’appartenait, mais qui était mu par ses propres volontés, et pensées. Il n’était pas une marionnette entre mes mains. Sinon, il n’y aurait eu aucun intérêt à le lier à moi. Des plantes vertes, j’en avais bien assez à mon service. Enfin, assez n’était pas le terme approprié. Plein est mieux. J’adorais avoir de nouvelles trouvailles, et que l’homme m’en apporte beaucoup une nouvelle avec ses particularités, cela ne pouvait que m’emplir d’une joie immense. Et à mesure que je lui soutirais des informations, j’avais d’autant plus l’eau à la bouche. Grand dieu, qu’il me tardait de rencontrer cette petite et d’en faire mon plat principal pendant plusieurs jours. D’ailleurs je n’étais pas la seule à avoir l’eau à la bouche, même si pour l’homme c’était dût à tout autre chose. Il frémissait à mesure que je le « torturais » pour obtenir des informations, se languissant d’en avoir plus. Je le sentais, il avait de plus en plus de mal à tenir. Il finit d’ailleurs par me donner quelques nouveaux détails qui m’arrachèrent un grand sourire. Oui vraiment, j’avais hâte de la rencontrer. Ne pouvant se retenir, il vint essayer de jouer avec moi, mais c’était sans compter ce que j’avais en tête. J’emprisonnais ses mains, et les maintiens au-dessus de sa tête. Tututu, c’est moi qui interroge et toi qui répond… lui susurrais-je à l’oreille. Je nous fis basculer, de telle manière à ce qu’il soit dos contre les sièges, allongé, et moi juste au-dessus de lui. Je passais une main sur son torse, m’attardant sur les petites plaies que je lui avais fait, non sans sourire. Vois ce que tu m’oblige à te faire… Abrège donc ton supplice et décrit la moi physiquement lui dis-je d’un voix très sensuelle, alors que je callais mon bassin juste au-dessus du sien. Oui Torben, dis-moi en plus que nous passions aux choses sérieuses et que je puisse me nourrir totalement de toi.

Krystel a ce don de rendre fou les hommes. C'est ainsi, on ne peut rien faire contre ça. Ce serait même dommage de manoeuvrer contre. Les atouts sont faits pour être utilisés, pas pour être négligés et reniés. On doit tous se servir des armes qui sont les nôtres. C'est l'intérêt de nos natures complémentaires... La Reine sourit alors que je continue de lui donner de menus détails de la fameuse danseuse. On ne peut pas dire que je sois véritablement entré dans le vif du sujet, la belle ne pouvait jamais qu'avoir quelques éléments sans pour autant disposer du tableau général. Je ne comptais pas tout lui dire et ainsi lui gâter sa surprise. Quoiqu'il en soit, j'aime ce sourire. Je mourrais pour qu'il illustre encore et encore le visage de celle pour qui je donnerais tout sans hésiter ni sourciller. Ses mains retiennent les miennes au dessus de ma tête d'une poigne d'acier, alors que d'humeur joueuse elle me réprimande doucement. Elle qui interroge et moi qui répond ? Je ne peux résister à un petit peu d'ironie...

| C'est vrai que c'est tout à fait le genre de ton meilleur agent de ne pas résister à un interrogatoire en règle... |

Quand je voulais dire « en règle » je voulais surtout dire qu'elle mettait les moyens pour me faire parler. Qu'il s'agisse de sexe ou de violence, seul importait le résultat. Je me souvenais d'un interrogatoire mené par mon lieutenant en tchétchénie, vingt ans plus tôt -une éternité-. Deux camarades avaient violé la femme d'un rebelle intégriste sous les yeux de celui ci. Ca lui avait bien plus délié la langue que tous les coups et blessures que j'avais moi même contribué à lui infliger. Je me rappelais aussi de mon propre interrogatoire, la première fois que j'avais été capturé par les partisans de la Reine Rouge, aujourd'hui sur moi, contre moi... Le passé est un très bon révélateur de notre avenir. D'un bond, Krystel nous fait basculer sur le côté. Je suis allongé sur la banquette du siège en cuir. Spacieux et confortable. Le luxe sans extravagance. Je la sens contre moi et je me crispe. Elle m'a manqué, plus que je ne l'aurais cru avant de la rejoindre. Je frémis alors que je sens ses doigts passer sur mes blessures, ce qui me pique mais est largement supportable. C'est la proximité entre douleur et plaisir qui me fait véritablement frémir. La belle m'intime à aller plus loin dans ma description, sa voix autant que son corps et que son regard me mettant véritablement au supplice. Je me redresse, passe ma main contre son bassin et nous fait basculer sur le côté, échangeant nos positions. Sauf que je ne le chevauche pas, je suis plaqué contre elle même si je me tiens sur mes coudes pour ne pas lui rendre la position inconfortable. Je l'embrasse plein de passion et de vigueur avant de lui susurrer à l'oreille.

| Jolie, mais pas à se damner comme certaines femmes de ma connaissance peuvent l'être |

Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.

Torben était un être unique. Mais il restait un homme. Et je connaissais très bien les hommes. Je dis cela sans aucune prétention aucune. C’est tout simplement un fait, une réalité. Vivant depuis plusieurs siècles, j’ai eu tôt fait d’étoffer ma connaissance de cette gente. Comme pour celle féminine d’ailleurs. Si je devais me remettre aux gouts du jour selon les différentes générations, les grandes lignes restaient les mêmes. Je savais très bien comment leur faire plaisir et obtenir par ce biais les informations que je désirais. Mon servant humain ne faisait pas exception à la règle. S’il était plus résistant que la plupart des hommes, il n’en restait pas moins un homme. Et puis, avouons le, il se laissait plus facilement charmer ce soir, et parce que c’était moi. Une autre vampire aurait eu beaucoup plus de fils à retordre et il n’y aurait aucun doute qu’elle aurait été manipulée par Torben, et non l’inverse. Après tout, j’avais été un très bon professeur avec lui sur bien des aspects. Il avait très bien compris que l’on pouvait obtenir beaucoup par la voie du plaisir et que la violence n’était pas toujours la plus adéquate dans certains cas bien entendu. Je ferais confiance en son jugement pour savoir quand user de l’un et de l’autre. Et comment s’en prémunir, même s’il ne le faisait pas vraiment maintenant. D’un autre côté, qu’avait-il à perdre à me dire ce que je voulais savoir ? Rien bien entendu.

Je l’interrogeais sur cette nouvelle danseuse dont il m’avait parlé un peu plus tôt. Si je devais bien avoir un grand défaut, c’était bien celui de la curiosité. Ainsi avais-je décidé de jouer un peu avec Torben pour en savoir plus sur elle. Et cela l’amusait autant que moi.

Sujet: Re: Moscou-Edimbourg, embarquement immédiat.