The Black Dawn [Livre II - Terminé]

Je laissais Torben couvrir avec douceur et sensualité mon corps de savon. Je fermais les yeux, profitant de ce soin dont je bénéficiais, et qui était une chose suffisamment rare pour que je l’apprécie pleinement. J’aimais le contact de ses mains sur ma peau, surtout lorsque ces dernières se faisaient douces, tendres, aimantes. Je l’écoutais, les yeux toujours clos, me dire qu’il n’était pas sûr de mériter pareil amour, pareille dévotion. Méritait-il tout cela ? Si on prenait en compte la manière dont lui avait pu se conduire avec moi, avec ses non dits, ses cachotteries, ses tromperies, on pourrait dire objectivement qu’il ne méritait probablement pas tout l’amour que je pouvais lui vouer, ma loyauté, mon désir de le protéger envers et contre tout, quitte à y laisser ma vie. Objectivement, il était clair que je pouvais prétendre à mieux, à plus, à un homme qui m’aimerait pleinement, entièrement, qui serait prêt à soulever des montagnes pour moi, à se marier en grandes pompes, à me faire des tas d’enfants, et à m’acheter la maison de mes rêves. Mais malheureusement, l’amour dépassait la raison, et tout le monde savait qu’on ne choisissait pas de qui on tombait amoureux. C’était comme ça, et il fallait faire avec. La Cora que j’étais en train de devenir s’interroger sur son avenir avec cet homme qui ne m’aimait pas comme il le devrait…. Mais pour le moment, je n’avais pas envie de pousser plus loin mes réflexions. Je me contentais alors de lui lancer un : « Je crains que non… Tu ne me mérites sans doute pas Torben Badenov! »

Je le laissais poursuivre ses soins, frissonnant lorsqu’il me passa du savon sur les cuisses, lorsque je sentis ses lèvres chaudes et humides se poser sur mon bas ventre. Je souris lorsqu’il me dit qu’il n’y aurait jamais personne d’autre que lui et moi. Krytel serait toujours là ça allait de soi, mais elle occuperait une place à part, particulière. Je ne pus m’empêcher de ressentir une certaine excitation lorsqu’il lança que nous pourrons tous deux partager sa couche de temps en temps. Cette perspective était pour moi des plus plaisante, car ils étaient les deux personnes que j’aimais, que je désirais le plus, et l’idée de les avoir tous deux contre moi, de s’unir tous les trois, ne pouvait que m’enchanter et m’exciter au plus haut point. Je lui murmurais un : « Je crois que j’adorerais ça » suite à cette idée qu’il émit, penchant légèrement la tête en arrière, sentant un désir sourd mais puissant envahir de nouveau tout mon être. Le moins qu’on pouvait dire, c’était qu’il savait exactement où appuyer pour allumer la mèche !

Je soupirais, alors que ses lèvres, tout comme l’eau, parcourait mon corps qui se chauffait à blanc. Je savais qu’il tenait à moi, et je répondis à ses baisers enflammés avec la même fougue. Il devenait certain dans mon esprit qu’aucun de nous n’aurait jamais vraiment ce qu’il espérait, ce qu’il attendait, et qu’il allait nous falloir nous satisfaire d’un compromis, si nous souhaitions trouver tous deux une certaine forme de paix et d’équilibre. On se perdit ainsi pendant plusieurs minutes, s’embrassant à en crever, collant nos corps l’un à l’autre, faisant monter de plusieurs crans ce désir qui nous avait toujours animé.

« Toi et moi…. Je crois que je pourrais me faire à l’idée de passer quelques nuits à trois….Je plaquais son corps contre le mien de plus belle, caressant le haut de ses épaules, son dos, m’attardant sur ses fesses. Promets-le-moi… Lui lançais-je entre deux baisers fougueux. Promets moi qu’à part Krystel ce sera toujours toi et moi, même si ce ne sera jamais le « toi et moi » que j’aurais souhaité.. Promets-moi que tu ne m’abandonneras plus jamais, que tu sauras être plus présent pour moi, même si ce ne sera pas du 24h/24…Je l’embrassais encore et encore, me laissant emporter par cette passion qu’il y avait toujours eu entre nous. Fais moi encore l’amour Torben, j’ai tellement envie de toi… » lui lançais-je finalement, ne cherchant qu’à attiser davantage encore mon désir, mon envie de le sentir contre moi, en moi, à moi pour une fois….

[list][justify]Ma compagne semble apprécier les petites attentions que j'ai pour elle lorsque je la couve du regard, lorsque je couvre son corps de savon en massant délicatement sa peau. C'était chose assez rare que nous soyons ainsi l'un envers l'autre ; la belle l'avait déjà reconnu plusieurs fois au cours de la soirée et elle était d'ailleurs très en demande de ce genre de sensibilité, de partage. On ne pouvait pas toujours vivre à cent à l'heure, parfois il valait mieux attendre et voir, souffler et se poser. Parfois, on n'avait tout simplement plus le choix. Nos vies étaient bousculées, totalement, irrémédiablement même, mais nous ne pouvions pas toujours prendre ce temps... Et parfois il nous était imposé. Là avec Cora, c'était d'une espèce d'accord tacite que nous en étions là. Elle avait assez de choses à l'esprit pour que je ne lui impose sans cesse de colles plus compliquées encore. Cora avait bien entendu conscience qu'elle méritait dix, vingt, cent fois mieux que je ne le serais jamais. Je ne lui en voudrais pas. En parangon du pragmatisme érigé en épistémologie, je reconnaissais plutôt deux fois qu'une qu'en persistant à me vouloir dans sa vie la jeune écossaise ne faisait qu'une erreur qui continuerait de la faire souffrir, encore et encore. Je ne disais mot. Je n'avais pas envie de pourrir cette soirée et d'empoisonner la soirée avec la suite de mes calculs, de mes anticipations. Cora fera ce qu'elle voudra, quand elle le voudra, et avec qui elle le voudra. Quoiqu'il se passe, j'accepterais de me plier à sa volonté. Pour toutes ces années d'appui et de soutien fidèle, ma maîtresse méritait bien cette considération. Le mérite. Chose du social qui échappe à tout calcul rationnel dès qu'il échappe aux enjeux de pouvoir. La belle me tance, taquine, rassénérée par mes attentions physiques qui lui font penser à autre chose.

| C'est même certain, jeune McLensfield. Mais tu sais que si tu le demandais, Krystel pourrait te trouver un bel homme riche et puissant qui saurait bien mieux te contenter... |

Je ne plaisantais qu'à moitié. Connaissant la Reine comme je la connaissais, elle avait sans doute plusieurs milliers d'hommes qui correspondraient à ce profil et qui pourraient l'aimer comme elle le mérite. Cora pouvait en faire la demande, et sa fidélité serait probablement récompensée. Je serais déçu, plus seul encore qu'aujourd'hui. Mais Cora serait heureuse. Alors je serais prêt à signer, parce que tout le bonheur que je n'étais pas capable de lui apporter comptait pour moi. Mes sens aiguisés de servant humain (et de tueur chevronné) me prévinrent que le rythme cardiaque de Cora s'accélérait. Un léger sourire orna mes lèvres. Mes gestes à son endroit ne la laissaient pas indifférente mais je savais que l'idée de plus de proximité avec Krystel lui plaisait au moins autant. La fille s'excitait de plus en plus, me confirmant être plus que réceptive à cette idée.

| Si tu veux, quand cette... douche... sera terminée, je lui laisserais un message, et nous pourrions aller la voir rapidement. Elle tient énormément à toi, et elle saurait te conseiller... Entre autres choses. |

L'idée d'une soirée à trois avec la Reine avait de multiples avantages. Déjà, nous avions professionnellement beaucoup de sujets à aborder, de l'arrivée de cette terrible nécromancienne au briefing de Cora sur les sanguinistes et son rôle à la PES. Mais aussi, nous pourrions montrer à la jeune femme qu'une union ne serait mise en péril par la monarque, et mieux, que cela ne ferait que nous rapprocher. Quoiqu'il en soit, je me sentais décider ma vis à vis par mes caresses, par mes baisers, par cette passion que je laissais doucement bouillir entre nous pour atteindre une chaleur suffocante, qui nous donnait envie de plus. Alors qu'elle se décollait pour me parler, j'embrassais son cou, le dévorant de baisers, titillant la chair menue de sa clavicule, de son épaule, alors qu'elle me demandait nombre de promesses. Je lui faisais face, haletant. Il y avait en moi deux individus en lutte depuis que Krystel avait réveillé le premier. Celui ci était vif et emporté, promettait beaucoup et mourrait avec joie pour chacun de ses serments. Le second, froid et rationnel, calculait le ratio coûts/avantages en fonction des gains potentiels. Je ne diras pas lequel des deux l'emportait.

| Je te le promets, ma belle. Je serais plus présent, je ferais des efforts, il n'y aura que toi et moi, Krystel pour nous deux. |

Ce n'était pas le moment de me confronter à Jana en tous cas. Je lâchais un petit rire amusé qui entrecoupa nos baisers lorsque la jeune femme me demandait de lui faire encore l'amour. Deux fois. Alors que cette nuit, j'avais fait des choses avec Krystel à bien des reprises... Son sang divin m'avait boosté, certes, et j'avais correctement mangé mais... Je ne pourrais pas toujours tenir à cette cadence, et le constat que les femmes de ma vie allaient probablement constituer un risque mortel dans notre intimité m'amusait. Passant mes mains sous les cuisses de Cora, je la soulevais contre moi, ses jambes de part et d'autre de mon corps, nos troncs collés, ruisselants de l'eau de la douche.

| Le ciel ait pitié de moi, je suis l'esclave de tes désirs et des Siens. | lui soufflais je avant de l'embrasser à nouveau

La perspective d’un petit rendez-vous à trois avec Torben et la Reine avait fini de réveiller mon désir. Certes, avec moi il n’était jamais bien loin, mais les échanges que nous avions eu peu plus tôt l’avaient quelque peu endormi. J’avais imaginé bien des fois ce moment, où nous pourrions enfin nous unir tous les trois. J’imaginais quelque chose de sensuel, de torride, mais aussi et surtout un plaisir deux fois plus fort que celui que j’avais pu ressentir avec chacun d’entre eux. Une chose était certaine : ça ne pourrait être que merveilleux !Ainsi, à cet instant précis je me sentais plutôt bien, excitée à l’idée d’une petite « partie à trois », mais aussi par cet homme qui s’était révélé sous une autre facette, que je pouvais qu’espérer sincère. En plus de sa proposition, il me promit qu’il tâcherait d’être plus présent, ce qui ne pouvait qu’encourager mon envie de lui. Lui et moi, moi et lui, sans oublier notre Reine bien entendu, celle qui nous protégeait, veillait sur nous, et éventuellement répondait à nos désirs.

Pantelante, je me tournais pour faire face à mon amant, lui offrant un long baiser.
« Comment ça se fait que c’est toujours aussi bon après 7ans ?»

| Parce que je te connais, et tu me connais. Mieux que personne. Et on s'accepte, même si ce n'est pas toujours facile. Tu acceptes que je sois un tueur, que je sois capable de briser des gens, des vies. Et même si je te l'ai appris aussi, tu seras toujours infiniment plus bonne, plus humaine que moi. C'est pour ça que je t'aime. A ma façon, certes, mais c'est pour ça que c'est aussi bon. On s'accepte comme on est, pas comme on devrait être. C'est notre revanche sur ce monde qui a fait de nous des parias. |

J'embrasse à nouveau Cora. La lave à nouveau, sérieusement maintenant. Nous nous reposons ; je suis exténué. Je contacte Krystel dans l'après midi ; nous aurons audience dès le lendemain matin. Il est temps pour Cora Mc Lensfield de laisser ses démons du passé derrière elle, et pour Torben Badenov de faire un tout petit peu autre chose de sa vie que détruire celle des autres.

Sujet: Re: The Black Dawn [Livre II - Terminé]

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