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I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]
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MessageSujet: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 29 Avr - 23:51

Les ténèbres s’allongeaient sur ses flancs, de vieilles alliées qui le préservait de tout regard. Son plumage ébène se fondait dans le décor, seul ses yeux, luisant sous les constellations, attestaient de sa présence. La brise l’effleurait à peine ce soir-là, douce amie qui l’assistait presque dans son vol et de cela, il en avait bien besoin. Son bec tenait serré la lanière d’une sacoche un peu élimée, aussi noire que sa carcasse. Dissimulées dans ses entrailles, deux coupes en or massif se disputaient l’espace. Si on tendait l’oreille, on pouvait presque percevoir le tintement que cette lutte interne provoquait. Son cou ployait sous l’effort fourni, afin de soutenir contenant et contenu. La fatigue grignotait ses sens à mesure qu’il évoluait dans le ciel d’Edimbourg. Il ne percevait plus grand-chose de son environnement si ce n’est la direction à emprunter. Il allait devoir trouver une alternative à ses déplacements nocturnes s’il voulait continuer à aller chercher ses butins de plus en plus loin. Il avait bien envisagé de faire une partie du chemin en voiture mais le risque qu’on parvienne à faire coïncider les cambriolages et les déplacements de son véhicule lui semblait bien trop grand pour être considérer avec sérieux. Les transports en commun ? Et il allait se changer où ? Et que ferait-il du sac qu’il transportait ? Trop de failles possibles. Voler rester le moyen le plus sûr et le plus direct pour mener à bien ses projets. Néanmoins, il enchaînait trop de nuits blanches pour être opérationnel. Plus que jamais, il aurait dû avoir une hygiène de vie exemplaire. Arrêter de fumer faisait partie du lot comme d’avoir un nombre d’heure de sommeil suffisant. Seulement, il avait toujours eu l’habitude de procéder et de mener son existence de la sorte, il lui serait difficile de changer chacune de ses habitudes. Et de toute façon, il ne pouvait pas passer son temps à éluder sur ses questions maintenant alors qu’il parvenait à peine à garder ses prunelles ouvertes. D’ailleurs, sa tension musculaire se relâchait lentement et il se força à reprendre le dessus. Il serait dangereux de perdre le contrôle en plein vol. Il pourrait se heurter à un arbre, à un bâtiment sans compter qu’il transportait des trésors. Puis, il était presque sûr qu’inconscient, son apparence humaine effacerait son double animal. Se rendait-il seulement compte de ces conséquences ? Un peu mais le sommeil agissait à la manière d’une drogue, elle annihilait trop de raisonnements. Ses membres s’engourdissaient et battre des ailes devint presque une épreuve taille. Le corbeau secoua lourdement sa tête emportant dans son mouvement son précieux paquet. Le métal se manifesta un peu plus dans un bruit de ferraille dérangeant. A éviter, même s’il gagnait déjà les jardins – à cette heure-ci il n’y aurait que des personnes assez défoncées pour ne pas l’entendre ou le voir. Camille ne se rendit pas compte qu’en effectuant son geste, il avait permis à l’une de ses trouvailles d’émerger à la surface. Les reflets ambre renvoyaient délicatement les lueurs de la lune, attractif jeu de lumière qui s’empressa d’attirer des visiteurs indésirables.

Le voleur s’apprêtait à contourner une branche quand il perçut vaguement un piaillement distinctif. Il savait reconnaître le cri de chaque être appartenant à son espèce fétiche – il s’y était entraîné. Aussi, il ne fût pas plus inquiet que ça à l’idée que cette pie l’approche. Il la sèmerait bien dans les feuillages suivant, il avait l’habitude d’observer des ballets aériens n’ayant le seul but que de chasser l’un ou l’autre volatile. Seulement, il négligeait son état général. Il était complètement éreinté. L’oiseau de malheur lui fit face et il ne daigna même pas lui accorder un regard, préférant virer sec vers le petit bosquet. Le parcours serait plus tumultueux dans les environs, il finirait par le perdre. Comme de fait, son opposant fut ralenti par les obstacles mais le métamorphe dû également redoubler de prudence et donc de concentration. S’il n’y prenait pas garde, il pourrait très vite se briser une aile. Il perdait un peu plus en force à chaque minute passé dans cette partie du parc, ce détour lui en coûtait. Une fois sorti de ce labyrinthe de ramure, il se crut hors de danger. C’était sans compter la présence de trois autres oiseaux semblables. Ils fondirent sur lui sans crier gare et pourtant, la surprise ne désarçonna même pas le corbeau. Ça n’était que de bêtes pies, il pourrait bien s’en débarrasser. Aussi, il tenta une plongée histoire de passer au-dessous de celle qui lui barrait le chemin. Celle-ci vira alors de cap et planta ses serres sur sa sacoche. Une seconde s’y agrippa également, se disputant alors avec sa condisciple les gains de la soirée. Le poids des deux volatiles obligea le corbeau à partir vers l’avant. Il réajusta l’angle de ses ailes à temps, déterminé à ne pas lâcher son butin. Mais il en oublia la troisième bestiole qui se mit à lui picorer le crâne. Le changelin bascula soudainement sur la droite et vola le plus près possible d’un tronc. Une des pies se vit forcée d’abandonner le navire mais celle qui s’amusait à lui taper sur la tête devint plus agressive. Elle planta son bec entre sa nuque et son aile. En voulant l’écarter, le métamorphe fit pire que mieux. Afin de restée accrocher à son hôte, la pie enfonça plus profondément encore son museau acéré dans la chair de son opposant. Quand il chercha à l’envoyer sur une branche épaisse, elle lui ouvra alors la plaie sur plusieurs centimètres, déchirant sa peau et une partie peut être de son muscle. Sous la douleur, Camille laissa son magot tombé lourdement et croassa rageusement. Un liquide tiède coulait le long de ses plumes tandis qu’à chaque battement d’aile, il récoltait un peu plus de souffrance. Mais il n’était pas question de s’arrêter. S’il se posait, il ne pourrait pas reprendre la route, il aurait bien trop mal pour ça. Il évaluerait les dégâts plus tard. L’adrénaline le mit dans une sorte de transe qui lui fit oublier partiellement sa plaie. Dans son accès de folie, il voulut récupérer ses récoltes mais ses assaillants ne le laissèrent même pas l’approcher. Un second assaut se préparait et le corbeau ne réalisait même pas qu’il ne pourrait l’encaisser. Son vol se faisait plus hasardeux pourtant, il perdait trop de sang pour maintenir un cap cohérent. Mais il devait récupérer ce sac, à n’importe quel prix.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 30 Avr - 11:42

Mes récentes « retrouvailles » avec Torben Badenov n’avaient pas été de tout repos, c’était le moins qu’on pouvait dire : en une seule soirée, j’avais flirté avec cet homme aussi mystérieux que dangereux, et m’étais retrouvée avec une bosse de la taille d’un œuf suite à une attaque terroriste. Cet homme m’avait fait une forte impression, c’était peu dire ! Cependant, depuis cette soirée plus de trois jours étaient passés, et je n’avais toujours aucune nouvelle de sa part. Mon patron m’avait accordé quelques jours de repos, et je passais ces derniers à tourner et retourner les évènements dans ma tête, cherchant à interpréter toutes les paroles, les faits et gestes qui avaient été échangés. Plus le temps passé, et plus il devenait clair dans mon esprit jusqu’alors grisé par le désir que je portais à cet homme que nous n’étions visiblement pas sur la même longueur d’onde, qu’une fois de plus j’avais « flashé » sur la mauvaise personne.

Me faisant à cette idée, j’avais repris mes longues virées solitaires, parcourant des dizaines de kilomètres par jour, histoire d’oublier le temps de quelques heures toutes ces réflexions qui me déprimaient, et finissaient par me donner la migraine. Ce soir là, j’avais garé mon véhicule dans un coin plutôt désert comme à mon habitude, avais procédé à ma transformation et étais partie une fois de plus à la conquête des cieux. Plus que jamais, ma partie animale m’étais indispensable, représentant une échappatoire, une évasion vitale, un temps de relâchement total dans cette vie compliquée. En faucon je me sentais libre, comme si tous mes problèmes, tous mes soucis glissaient alors sur mon plumage et s’envolaient au loin. Plus rien n’avait d’importance, plus rien n’existait en dehors de ces moments où j’avais l’impression que le monde m’appartenait. Le faucon que j’étais alors ne pensait pas, ne se prenait pas la tête avec des questions existentielles ne pouvant trouver de réponse, ne pensait pas à l’avenir, à son image ou encore au sens de sa vie. Quand j’étais faucon, j’étais libérée de toutes mes chaînes, je n’avais pus aucune obligation ; je vivais l’instant présent, je me laissais guider par les vents, et je savais que je ne connaîtrais jamais meilleure sensation.

Après avoir survolé la ville et ses environs, je revenais finalement vers le parc. Je virevoltais, poussant tantôt sur mes ailes pour accélérer, me laissant ensuite porter par le vent, planant dans les airs. J’étais tellement bien ainsi qu’il m’arrivait souvent de me demander, une fois rentrée à la maison et ayant retrouvé forme humaine, s’il ne vaudrait pas mieux que je reste faucon pour le reste de mon existence. J’ignorais en fait si c’était possible, car jusqu’à présent j’avais toujours fini par retrouver ma forme humaine, comme s’il existait un équilibre entre ces deux formes, et qu’elles devaient chacune s’exprimer à un moment donné. Alors que je me laissais dériver, j’entendis plusieurs cris animaux. Descendant de quelques mètres pour voir de quels animaux il s’agissait, j’eus alors une sensation des plus troublantes à la vue d’un corbeau qui cherchait visiblement à échapper à un groupe de pies. Mon instinct me poussa alors à m’approcher davantage, constatant de la mauvaise posture du corbeau ; j’atterrissais finalement devant les pies qui gardaient un sac d’où émergeait un objet brillant, et ouvris mes ailes tout en poussant un cri menaçant. Je me rapprochais de plus en plus de ces mégères, donnant à celle qui m’approchait d’un peu trop près un méchant coup de bec. Les autres durent prendre peur, et le petit groupe s’envola finalement sans demander son reste.

Je me plaçais à côté du sac, alors que le corbeau, blessé, se posait en face de moi. Nous nous toisâmes pendant quelques secondes ; étrangement, je n’éprouvais aucune crainte ni aucune animalité envers cet oiseau. Au contraire, je ressentais une certaine familiarité, comme si nous nous connaissions déjà. Je m’approchais de lui lentement, poussant de la tête le sac vers lui. Puis, je détachais finalement mon regard pour le diriger vers le ciel, puis de nouveau vers lui, essayant de lui faire comprendre qu’il serait plus raisonnable pour lui de me suivre, que je l’escorterais en lieu sûr.
J’ignorais ce qui me poussait à agir de la sorte avec cet animal, mais je sentais que lui et moi avions beaucoup en commun. Je devais en apprendre plus à son sujet… Je m’envolais de nouveau, attendant que mon « nouvel ami » me rejoigne dans les cieux.

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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 30 Avr - 12:41

Tout ce qu’il vit, dans un premier temps, fut ces longues ailes se déployant sous son bec. Un autre prédateur et il serait plus féroce que ces pies. Un cri parvint à les éloigner, la prestance de l’oiseau suffisait à faire fuir ses saletés de volatile. Camille crut qu’il allait se faire achever par le nouvel arrivant mais à la place, ce dernier se posta près de son sac et l’observa d’un œil particulier. Il y avait trop d’intelligence dans ce regard. Et si… ? Doucement, le corbeau atterrit près de son sauveur, attendant la suite avant d’agir. Quelque chose de différent émanait de ce faucon, une sorte de familiarité. Il se rappelait avoir déjà ressenti ça mais dans ce cas-ci se fût avec moins d’intensité. Ses sens le trompaient-ils sous cette forme ? Peu probable, c’était même certainement l’inverse. Ou était-ce la douleur qui déroutait ses instincts ? Cela tenait déjà plus la route. Il verrait plus tard si son hypothèse se révélait être la bonne, pour l'instant il se fiait à cette sensation. Son partenaire lui indiqua la sacoche avant de porter sa tête vers le ciel. Le métamorphe comprit le message. Alors que son mystérieux bienfaiteur s’empressait de reprendre de la hauteur, l’oiseau se pencha sur son magot. Il pinça la lanière de son bec mais il fût incapable de le soulever à nouveau de la sorte. Les deux coupes l'obligeait à arquer son cou forçant ses parcelles de peau déchirées à s’étendre un peu plus. Il s’ébroua avant de planter ses serres dans le tissu, l’effort lui en coûtait mais ce fut plus acceptable comme position. Il se remit à battre des ailes à son tour mais manqua de s’écraser en cherchant à prendre son envol. Sa blessure devait être plutôt profonde. Il arriva enfin à la hauteur de son coéquipier après de multiples essais. Il aurait été plus sage d’aller déposer ces larcins dans une de ses planques mais il se voyait mal abandonner là son nouvel ami. De plus, il devait avouer que sa présence le rassurait étrangement. Il réalisait à quel point son corps pourrait le trahir dans l’heure à venir, il ne donnait pas cher de sa peau. Son hémoglobine rayait l’ébène de son plumage et il savait pertinemment qu’il ne pourrait même pas rejoindre son appart’ dans cet état. Il fallait espérer que son comparse ne soit alimenté que de bonnes intentions et qu’il savait ce qu’il faisait.

Le changelin se laissa guider par son allié tout en cherchant à se ménager. Chaque mètre devenait un peu plus pénible et pour sa fatigue, et pour sa plaie. Il espérait que cette dernière ne soit pas trop profonde ou trop impressionnante. Il ne voulait pas vraiment devoir se recoudre lui-même. La seule fois où il s’était pris au jeu, il avait manqué de peu une sérieuse infection. Se planter une aiguille dans la peau avait nécessité trop de courage alors il avait fini par se saouler pour arriver à ses fins. Plutôt stupide comme idée mais sobre, il n’avait pas été capable de faire preuve d’assez de bravoure. Heureusement, ça avait fini par cicatriser plus ou moins correctement, il en portait une légère marque mais seulement discernable pour un œil averti. Retenter l’expérience le dégouttait. En France, au moins, il avait son médecin. Ici, il ne pouvait faire confiance à personne. Son vieux docteur posait très peu de question et s’évertuait toujours à répondre aux caprices du métamorphe. Le toubib avait déjà analysé le sang du français mais avait cru l’analyse sujette à une erreur de procédure. Avant ce triste incident, le jeune homme n’avait songé que son anormalité puisse se détecter dans son hémoglobine. Quand le médecin avait voulu retenter une nouvelle fois l’expérience, Camille s’était assuré que la fiole disparaisse et laisse place à une autre – ses talents de chapardeur lui furent plus qu’utile. Depuis, il évitait les hôpitaux et tout ce qui se rapprochait de la médecine. Surtout dans cette partie du Monde. Ses connaissances se limitaient au premier secours cependant et encore, il n’était pas vraiment au point.

Pour en revenir à son sauveur, ils continuaient d’évoluer dans le ciel silencieusement. Le voleur commençait cependant à se faire distancer par le majestueux oiseau. Conséquence fâcheuse de ses défaillances physiques. Il chercha à pallier à ce manquement et se mit à forcer sur la cadence avec laquelle il battait l’air. En voulant, rattraper son ami, il présuma de ses forces, franchit ses dernières limites et finit par devoir lâcher à nouveau ses trésors avant d’atterrir de manière hasardeuse au sol. Il avait évité le pire cependant. La douleur s’élançait presque dans son aile désormais. Là ça pouvait vite devenir sévère et handicapant. Il appela son allié en croassant et lui désigna son butin du bec. Il aurait aimé avoir une autre alternative. Mais il n’en avait pas. Si son comparse ne voulait pas l’aider à transporter la marchandise… Il la cacherait quelque part et prierait pour parvenir à la récupérer plus tard. Plus question de l’emporter à n’importe quel prix, il sentait qu’il ne pourrait pas supporter le voyage et ça n’était pas une solution.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 1 Mai - 11:00

Quand j’étais faucon, c’était comme si le reste de l’univers disparaissait. Seul comptaient ces instants aussi magiques que libérateurs de vol. Je ne me préoccupais plus de rien ni personne, me méfiant simplement de ne pas voler trop bas pour ne pas attirer trop l’attention des humains, et veillant à ce qu’aucun animal volatile ne me colle d’un peu trop près. Par chance, l’animal que j’avais « choisi » pour la métamorphose était relativement imposant, et jusqu’à présent je n’avais eu à me défendre qu’à de rares occasions. A l’inverse, il ne m’était encore arrivé de venir au secours d’un autre animal. Mais là, j’avais ressenti quelque chose de si particulier que mon instinct m’avait poussé à agir. Quand j’étais animal, il n’y avait plus de réflexions ni de pensées profondes sur le qui, le quoi, le pourquoi ou le comment. La plus grande majorité de mes actes étaient dictés par l’instinct, tout simplement.

Volant dans les cieux, j’essayais d’amener mon « ami » vers un endroit plus sûr, à savoir jusqu’à mon véhicule garé quelques centaines de mètres plus loin. Mais lorsqu’il m’arrivait de tourner la tête vers ce dernier, je ne pouvais que constater que ce dernier peinait quelque peu ; entre sa blessure et le port de ce sac visiblement trop lourd, je réalisais qu’il était fort possible que mon ami le corbeau n’arriverait pas seul jusqu’à l’endroit espéré. Et je ne m’étais apparemment pas trompée, quand j’entendis son cri ; faisant alors demi-tour, je le retrouvais posé au sol, me faisant comprendre qu’il ne pouvait plus avancer avec ce sac. Venant le rejoindre, après m’être assurée qu’aucun prédateur ne rôdait dans le coin, je regardais quelques instants son butin. Il paraissait évident que s’il était bien celui que je soupçonnais, il, ou elle d’ailleurs, ne sortait pas d’une simple séance de shopping. Cependant, une fois encore mon instinct me dictait de lui venir en aide. Ainsi, je décidais finalement de saisir l’une des lanières du sac pour la caler dans mon bec ; alors que je détaillais mon comparse, je voyais bien que ce dernier n’était pas en très bon état. Je me demandais alors si je pouvais être capable de le transporter lui aussi… A vol d’oiseau, nous devions en avoir pour environ 10minutes de vol…. Serais-je capable de le transporter entre mes serres ?.

Je n’avais jamais porté de trop lourdes charges, mais à cet instant j’étais pratiquement certaine que seul il ne pourrait y arriver. Aussi, après quelques instants passés à se regarder en silence, je pris juste suffisamment d’altitude pour l’attraper. Je savais qu’en tant que faucon je bénéficiais d’une force supérieure à celle de beaucoup de volatiles. Je priais cependant pour ne pas nous perdre tous les deux, alors que je reprenais de l’altitude, volant cependant bien moins haut que si j’avais été seule. J’ignorais dans quoi je m’embarquais avec ce corbeau, mais l’animal que j’étais alors ne s’en souciait guère, se contentant d’essayer de nous ramener tous les deux en bon état à la voiture. Ce fut alors que je sentais mes forces me quitter que j’aperçus enfin le véhicule. Je nous posais le plus délicatement possible ; j’aurais aimé avoir le temps de m’éloigner quelque peu afin de me cacher un peu, mais la balade m’avait littéralement vidé de mes forces, et ma « condition humaine » reprit sa place, et je me retrouvais désormais nue comme un vers devant ce corbeau inconnu….

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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 1 Mai - 14:05

Par chance, son allié revint à ses côtés pour s’emparer du magot. Camille se demandait comment il parviendrait à reprendre son envol, son aile venait de s’engourdir le temps qu’il se pose. Alors qu’il allait tenter une nouvelle percée dans le ciel, le faucon le prit de vitesse et le fixa entre ses serres. Quelque part, cette situation fut un peu humiliante pour le corbeau et pourtant, il ignorait encore à qui il avait à faire. Il se devait d’être reconnaissant envers son bienfaiteur, il venait de le sauver pour la seconde fois ce soir. Sans lui, il aurait fini par s’évanouir quelque part entre les jardins et son appartement. Dans le pire des cas, il aurait même pu se vider de son sang. Le voleur était trop épuisé pour mesurer la générosité de son nouvel ami mais il saurait le remercier par la suite, de ça il pouvait en être certain. Pour le reste du trajet, plus grand-chose ne vint perturber ses pensées. Il était à mi-chemin entre un coma prometteur et une conscience vacillante. Il dû se ressaisir cependant quand il finit par être déposé près d’un véhicule. Il cligna plusieurs dois ses paupières bien lourdes avant de réaliser que le majestueux volatile venait de se transformer sous ses yeux. Une femme, une jolie jeune femme. La surprise le désarçonna et il resta figer durant quelques instants. Ensuite, il lui tourna le dos, histoire qu’elle conserve un semblant de pudeur. Il aurait aimé ne pas devoir se changer sous ses prunelles également. Il ne voulait pas la mettre dans l’embarras et puis, toute cette histoire le mettait dans une position fâcheuse. Son état général ne lui permettait pas pourtant de conserver son aspect animal plus longtemps. Aussi, il se traina lourdement vers le côté opposé de l’engin. Histoire que la voiture le camoufle en partie. Là, il cessa de lutter contre la volonté de ce corps abîmé et redevint humain. Il s’appuya directement contre la portière de l’auto, happé par la douleur à son épaule. S’il n’avait pas eu cet engin à portée de main, il aurait dû s’asseoir. Ses jambes avaient du mal de supporter son poids, le décor tanguait quelque peu autour de lui. Mais cela ne semblait pas réellement important comparé à la blessure que cette fichue pie lui avait infligé. Il coula son regard immédiatement vers sa plaie et ne vit qu’une partie des dégâts. Une ligne ensanglantée de plus ou moins 2 centimètres lui barrait l’épiderme de sa nuque jusqu’au début de son omoplate droite. Sa chair était entaillée plutôt profondément et l’hémorragie n’était franchement pas belle à voir. Par réflexe, il posa sa paume sur sa lésion afin de limiter sa perte d’hémoglobine. Il poussa un juron dans sa langue maternelle. Il se trouvait dans une sale posture. Nu, dans un endroit inconnu avec une femme aussi déshabillée que lui, blessé et en possession de biens volés. Il avait cumulé ce soir. Que dirait-il à la métamorphe ? Qu’il avait récupéré ses deux coupes dans l’héritage d’une arrière grande tante ? Complétement loufoque cette histoire. Ses idées étaient brouillées en plus, bravo. Bien fait pour lui tiens. Il avait voulu faire son malin, parcourir des kilomètres sans se soucier de sa santé et bien voilà. Quel crétin. S’insulter mentalement ne l’aiderait pas à dépasser les problèmes pour autant. Que devait-il faire, dire ? Il ne pourrait pas rentrer chez lui comme ça et il ne parviendrait pas à se retransformer. Et ce qu’en pensait sa compagne ? Il n’osait même pas tourner le regard dans sa direction. Non seulement, il avait fait preuve d’idiotie aigue ce soir mais en plus il aurait pu mettre en péril sa comparse.

Il ne s’était très certainement pas attendu à trouver une fille derrière l’oiseau. Encore son histoire de machisme ? Peut-être. Il devrait vraiment aller se faire soigner. De toute façon, ça importait peu qu’elle soit du sexe opposé. Enfin… Ca l’obligeait à ne pas la fixer mais mis à part ça, il aurait été dans le même genre de merdier. Il avait franchement honte de son comportement et de sa faiblesse apparente. Les ennuis n’étaient même pas finis en plus… Arriverait-il seulement à articuler correctement ? Il ne tenta même pas l’aventure. Il avait déjà du mal de tenir debout alors autant conservé un peu de son énergie pour réfléchir à ce qu’il allait pouvoir lui dire. Allait-elle le chasser ? Il redevenait parano ? Franchement, tout devenait bien confus dans son esprit. Il resta dos calé contre la voiture, la main toujours appuyée sur son sang frais. Il chercha à bouger les doigts de sa main droite mais ses articulations lui faisaient un mal de chien. Il fallait espérer que la bestiole n’avait pas été jusqu’à atteindre un nerf… Non, ça aurait été pire si ça avait été le cas. Il n’aurait même pas su remuer son bras. Le riche héritier aurait aimé remercier sa sauveuse mais il n’osait même pas froisser leur silence mutuel. Intimidé ? Et alors ? Elle était la deuxième de son espèce qu’il rencontrait, ça lui laissait un drôle de sentiment dans la poitrine. Tanwen lui avait apporté la vérité mais cette inconnue… Elle confirmait bien ses craintes. Ils étaient nombreux et plusieurs d’entre eux peuplaient cette partie du Monde. Pourquoi parler de craintes ? Chaque changelin qu’il croisait se mettait dans une sale position par sa faute… Voilà, pourquoi il n’avait pas cherché à en côtoyer d’autres… Mais dans ce cas-ci avait-il seulement le choix ? Sa plaie le faisait bien trop souffrir pour qu’il puisse l’ignorer. Il avait encore besoin d’aide mais il ne parvenait pas à la réclamer. Oui, Camille Fontayn était un être plutôt pathétique.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 2 Mai - 14:09

Mon protégé me fixa pendant quelques instants, à peine quelques secondes probablement, alors que je me retrouvais nue à plat ventre sur le sol. Il finit par détourner le regard et par s’éloigner quelque peu, me laissant ainsi un peu d’intimité. J’attrapais les clés que j’avais caché comme à mon habitude dans l’habitacle du véhicule, non loin de la roue avant située de mon côté. Le mauvais côté de la métamorphose, c’était qu’on se retrouvait complètement nu, donc impossible de se transformer n’importe où, et donc il n’est guère possible de conserver ses clés sur soi, à moins que le méta en question soit un kangourou !

Je déverrouillais le véhicule, ouvrant la porte arrière où se trouvaient mes affaires, pliées soigneusement. J’avais toujours détesté le désordre ; Franck d’ailleurs s’en amusait, me traitant de grande malade, bonne à enfermée. Tout devait toujours être à sa place, plié, rangé correctement. C’était comme ça et puis c’était tout, et même lorsque je n’étais pas chez moi je finissais par éprouver l’envie de mettre mon grain de sel. Après tout j’étais une architecte, métier où tout doit être bien fait et mis à la bonne place, dans les bonnes proportions. Maniaque, je l’étais assurément, mais pour moi ce trait de caractère représentait plus un signe de bonne hygiène de vie, de bonne santé mentale, que l’inverse.

J’enfilais rapidement mes sous-vêtements, laissant le silence s’installer entre mon nouvel ami et moi. Ce dernier avait lui aussi repris forme humaine, et j’avais pu découvrir que derrière le corbeau se trouvait un homme. Je ne voyais cependant pas grand-chose de ce dernier pour le moment, trop occupée à cacher ma nudité.

Après avoir enfilé un jean et un débardeur blanc, j’attrapais la couverture couvrant la banquette arrière de ma voiture, ainsi qu’une trousse de secours cachée sous le siège conducteur, et me diriger, pieds nus, vers mon camarade métamorphe. Depuis un incident survenu quelques années auparavant, je m’étais munie d’une mallette de premiers secours, convaincue désormais que cette dernière me serait un jour ou l’autre d’une grande utilité, et il fallait croire que j’avais vu juste. Ne m’attardant que très brièvement devant le corps de cet homme, j’allais rapidement le couvrir, examinant sa blessure, pensant que je ne pourrais y faire grand-chose. Après avoir sortie une compresse de la mallette pour la maintenir sur la blessure, je décidais de rompre enfin le silence :


« C’est pas très joli à voir, elles ne vous ont pas loupé on dirait…. Mon regard passa de la blessure à ses yeux. Je m’appelle Victoria et vous ? Vous savez, je connais un très bon médecin ; c’est un ami de longue date de mon père, et il est…comme nous. Je pense qu’il accepterait de vous soigner, il a déjà beaucoup fait pour moi. Je lui montrais l’hématome qui colorait mon crâne, avant de changer la compresse, déjà imbibée par son sang. Je ne pensais pas rencontrer d’autres personnes comme moi. Je me demande combien nous sommes ici, et dans le monde… Enfin, peut-être vaut-il mieux ne pas le savoir ; c’est sûrement plus prudent de garder notre existence secrète…. »

Je repliais la couverture sur lui, m’assurant qu’il n’avait ainsi pas trop froid. Je savais que le situation ne devait pas être pour lui des plus confortable, aussi j’espérais que la conversation que j’avais impulsé le détendrait un peu…

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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 2 Mai - 22:29

Trop occupé à ruminer ses actes, le jeune homme n’avait pas suivi même de façon distraite ce qui se passait derrière lui. Une erreur qu’il n’aurait pas commise en temps normal. Était-ce lié à la douleur, à la fatigue ou à cette drôle d’impression ? Car oui, le riche héritier avait cette impression d’être en sûreté en compagnie de cette étrangère. Il lui faisait déjà confiance ou presque alors qu’il n’avait même pas encore échangé un seul mot avec elle. Ses sens étaient moins alertes car il savait qu’elle assurait ses arrières ? Ça n’était pas vraiment de cela qu’il s’agissait mais vous avez compris l’essentiel. Son instinct lui disait de taire toutes ses angoisses antérieures ainsi que ses appréhensions quotidiennes, habituelles. Son manque de sommeil s’occupait de la suite, il était trop las pour rester sur le qui-vive. Il ne perçut ni le bruit de la portière et encore moins, le son de ses pas. Partageant les mêmes facultés, elle pouvait se faire aussi discrète que lui, cela avait peut être joué dans cette absence de perception. Enfin peu importait. Quand elle vint à sa rencontre, il fût à la fois embarrassé et étonné. Elle venait de se rhabiller – tant mieux, cela ôtait au moins une bonne dose de trouble à leurs échanges suivants. Il pouvait la détailler sans craindre d’attenter à sa pudeur. Lui, en revanche, n’avait plus grand-chose à cacher et il ne chercha même pas à se dissimuler de son regard. Le Mal – si question de Mal, il était – semblait déjà fait et il s’en remettrait facilement. Ses longs cheveux blonds et sa peau pâle contrastaient avec la noirceur environnante, c’est ce premier détail qui frappa le corbeau. Ensuite, vint la couverture posée sur son bras et la trousse qu’elle serrait dans sa paume. Sa surprise se mua rapidement en reconnaissance. Après tout, elle n’était pas obligée d’agir aussi gentiment et avec autant d’attention. Ils avaient beau être tous deux métamorphe, cela ne les forçait pas à sympathiser, pas plus qu’à s’entre-aider. Elle ignorait tout de lui de son identité à ses intentions et pourtant, elle se tenait devant lui prête à le sauver pour la seconde fois cette nuit. Le français la remercia d’abord silencieusement d’un sourire à peine esquissé tout en la laissant passer autour de lui le plaid. Avant d’entrer en contact avec le tissu, il ne s’était pas aperçu de la fraîcheur de l’air. Trop occupé à se soucier de sa plaie, il en avait oublié le reste. A la suite de ce mouvement, la jeune femme appliqua sur son épaule une compresse sur son entaille, le forçant à écarter ses doigts de cette parcelle de peau. Alors qu’elle épongeait l’hémoglobine, il se mit à grimacer tout en serrant rageusement sa mâchoire. Il s’appuya davantage à la voiture, ses jambes demeuraient instables et sous l’effet de la souffrance, son équilibre n’en devenait que plus douteux. Cette saleté de blessure lui brûlait l’épaule à tel point, qu’il dû faire preuve d’une grande concentration lorsque sa mystérieuse compagne engagea la discussion.

Sa douceur et sa bienveillance rendirent le jeune homme un peu plus coupable et honteux. Il arrivait rarement que le volatile se remette en question et il était encore plus exceptionnel qu’il en éprouve une certaine culpabilité. Alors autant dire que tout ceci relevait de l’inédit. Et dans son intégralité, la situation comme la conversation. Une fois qu’elle termina sa phrase, elle replia un peu plus le textile autour de lui. Camille ne savait quoi dire pour exprimer sa gratitude. Il ne méritait pas cette attention pas plus que tous ces gestes presque maternelles…

« Moi, c’est Camille. »

Il avait déclaré ça d’un seul et unique souffle, d’une voix rauque. La respiration toujours un peu hachée par la suite d’événements et de circonstances. S’il avait fui son regard jusqu’ici pour des raisons évidentes, il se devait d’au moins fixer ses yeux pour la suite. Il voulait qu’elle sache à quel point, il appréciait sa sollicitude et sa générosité.

« Merci pour votre aide. J’ai une sacrée dette envers vous. »

Cela semblait peu résumer toute sa reconnaissance mais ses pensées filaient dans tous les sens et il avait du mal de s’en emparer avant de s’exprimer. Il aurait mieux à lui offrir une fois rétabli, elle pouvait compter là-dessus. Il déglutit douloureusement ensuite, conscient que chaque mot lui écorchait sa gorge sèche.

« Vous croyez que c’est nécessaire? Que je vois un médecin ? Je ne voudrais pas que vous vous sentiez obligée de… Je veux dire… Je ne veux pas vous embarrasser outre mesure… Je sais qu’il est un peu tard pour s’inquiéter de ça… »

Tout se confondait dans son crâne et plus il cherchait à réfléchir, plus sa tête lui semblait lourde. Au milieu des ténèbres, il ne distinguait pas avec exactitude l’ampleur des dégâts. De plus, une partie de la marque ensanglantée se trouvait hors de son champ de vision. Il ne voulait pas incommodée à nouveau la jeune femme, la dérangeait à cause de ses stupidités. Et puis, même si elle attestait que son toubib était de leur espèce, cette vieille menace planait toujours comme une ombre dans son esprit. D’ailleurs, elle avait mis le doigt dessus dans son discours. Il plongea à nouveau ses prunelles dans les siennes.

« Vous n’êtes que la deuxième personne que je rencontre… »

Habituellement, il n’aurait pas dévoilé cela de but en blanc avec une franchise frôlant l’absurdité mais sonné comme il était, abruti par l’épuisement et la douleur, il ne savait plus ce qui finissait par sortir de sa bouche. Ce qui suivrait ? A elle de voir, il ne pouvait pas décemment prendre les décisions alors qu’elles ne lui appartenaient pas. A la place, il s’enfonça un peu plus dans la couverture. Beaucoup de choses ne percutaient pas ses cheminements. De toute manière, ses raisonnements se faisaient incohérents.

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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 3 Mai - 20:33

Mon protégé prit enfin la parole ; malgré la gêne qu’il pouvait ressentir, de par l’intimité qu’on partageait déjà, alors que nous ne nous connaissions même pas, il se décida finalement à parler. Il semblait plutôt reconnaissant. Il fallait dire que je n’avais encore jamais secouru, ou même eu d’échanges, avec aucun métamorphe, en dehors de mes parents et de mon médecin. C’était, quelque part, tout nouveau pour moi. J’avais agi sans réfléchir, par pur instinct ; j’avais beau ne pas savoir qui se cachait derrière ce corbeau, le fait était qu’au fond de moi je savais qu’il fallait que j’agisse, que je lui vienne en aide. J’ignorais à qui j’avais affaire ; derrière ce corbeau pouvait se cacher un psychopathe, qui pouvait bien savoir après tout ! D’ailleurs je n’avais toujours aucune idée de qui se cachait réellement derrière l’homme qui me faisait désormais face.

Là, nu et vulnérable, il ne semblait en rien menaçant, et je n’avais pas peur. Au contraire, étrangement je me sentais bien, à l’aise, comme si je m’étais trouvée en présence de quelqu’un que je connaissais déjà. Se pouvait-il que le simple fait que nous appartenions à la même « espèce » faisait de nous des êtres d’ores et déjà liés ? Ou bien avais-je simplement envie qu’il en soit ainsi, et mon partenaire ne ressentait de son côté en rien ce qui pouvait moi m’animer ?

Mon ami corbeau se présenta donc, me remerciant de vive voix pour mon geste secourable. Je me contentais dans un premier temps de lui sourire, appuyant le pus doucement que je pouvais sur sa blessure. J’avais presque mal pour lui, me souvenant d’une virée au cours de laquelle je m’étais écorchée après un grillage. J’avais eu droit à 6 points de suture, alors je ne pouvais que compatir, d’autant que le sienne n’était vraiment pas belle à regarder.


« Ecoutez Camille, j’avoue avoir de petits dons par ci par là, mais j’ai le regret de vous apprendre que la couture n’en fait pas partie hélas. Et puis votre blessure est assez importante ; je crois que ne pas vous venir en aide relèverait de la non assistance à personne en danger ! »

Je lui souriais de nouveau ; le fait était que j’étais plutôt contente de cette rencontre. Avec mes parents, le sujet avait toujours été plus ou moins tabou. Si mon père m’enseigna les bases du métamorphisme, nous n’avions jamais vraiment parlé de nos sentiments vis-à-vis de cette « capacité ». Les échanges n’avaient été que théoriques et formels, et il en était de même avec mon médecin. Camille confia que j’étais la deuxième méta qu’il rencontrait. Des tonnes de questions fusaient dans mon esprit, mais je me retenais. Il était suffisamment mal en point sans que j’en rajoute avec du harcèlement.

« De mon côté, j’avoue n’avoir jamais secouru un être comme moi… C’était très étrange ce que j’ai ressenti en vous voyant, ou plutôt en vous sentant… Il fallait que je vous aide, c’était comme une pulsion… En tant qu’humaine, je ressens les personnes qui sont elles aussi différentes. Mais je n’avais encore jamais senti un méta dans sa forme animale. Je retirais la compresse, constatant que si l’hémorragie avait certes diminué, le sang continuait cependant à couler. Je pense vraiment que vous devriez montrer ça à un professionnel. Je changeais sa compresse, avant de reprendre : « On en fait pas tous les jours des rencontres comme ça n’est-ce pas ? »
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 4 Mai - 0:02

En plus d’être bienveillante, sa sauveuse savait détendre l’atmosphère. A tel point que Camille en oublia presque sa nudité – il fallait avouer qu’avec la présence de la couverture désormais, il fût un peu plus confortable de conserver sans trop d’embarras. Il considéra son point de vue avec attention, concernant sa visite chez un docteur. Comme mentionné plus haut, le corbeau n’était pas vraiment emballé à l’idée de devoir réutiliser une aiguille hors du cadre raccord de textile. Bien sûr, il n’avait pas envisagé, même un instant, que sa nouvelle amie se charge de cette corvée - il ne pourrait pas exiger cela de quiconque. Devenir ivre pour se raccommoder, non, ça n’était pas non plus une option. En plus, vu la position de cette blessure, il n’arriverait jamais même en se tordant le cou et le dos à atteindre le bout de l’entaille. Tout le menait à la même conclusion, à celle de son interlocutrice. Perspective qu’il l’effrayait bien plus qu’il ne se l’avouait. Le jeune homme avait beau parfois agir avec crétinerie – en s’introduisant chez la Reine des vampires par exemple. En règle générale, il tentait d’adopter des attitudes qui l’aiderait à conserver son secret, enfin ses secrets. Il venait de brûler pas mal de ses codes ce soir et pourtant, il n’eut pas la sensation particulière de se mettre en danger. En tout cas, pas avec la jeune femme du moins. Et si on omettait le coup des volatiles fous et la meurtrissure évidemment. En ce qui concernait le toubib par contre… Mais il n’avait pas vraiment le choix n’est-ce pas ? Le riche héritier observa silencieusement la seconde compresse ingérée son hémoglobine, tâche vermeille venant souillée la blancheur du pansement. A moins de vouloir se vider de tout son sang ou de finir par choper une infection assez costaud pour le clouer au lit jusqu’à ce que mort s’ensuive… Bien, la décision fût prise. A quelques détails près cependant…

« Vous avez raison. Si vous croyiez que cela est envisageable alors… Mais vu l’heure, votre médecin doit dormir. »

Oui, certaines parties de ses réflexions demeuraient inaccessibles pour sa compréhension mais en ce qui concernait cette histoire de docteur, tout devenait un peu trop clair dans son esprit – le retour de sa parano. Il ne fallait pas fêter ses retrouvailles avec cette traîtresse. Elle lui avait lâché la grappe jusqu’alors, il fallait bien qu’elle se rattrape à un moment. Par chance, son besoin de sommeil pourrait vite la chasser. Plus les secondes défilaient, plus son sang s’éparpillait – bien que désormais, grâce aux soins de Victoria, le flux se faisait moins important. Le français reporta son attention sur elle d’ailleurs et lui rendit son sourire, en un peu plus tordu.

« Assistance à personne en danger ou non, je vous en suis reconnaissant. »

Il risquait de se répéter cette nuit. Un vrai radoteur et il espérait qu’elle ne lui en tienne pas rigueur. Les mots ne parvenaient plus à percer sa torpeur et il réalisait à quel point cette main secourable se révélait précieuse ainsi que coûteuse pour son instigatrice. Coûteuse en énergie, en temps et en d’autres concepts tout aussi importants. Le changelin était excessivement sensible à toute forme d’humanité, de générosité et d’apathie, même si il vous prétendra le contraire. Vraiment, il devrait à la suite de cette entrevue, trouver un moyen plus ou moins potable de lui redevoir cette assistance. Il doutait parvenir à l’égaler. Cependant, ne rien tenter en ce sens le rendrait malade. Il verrait ça plus tard. Quand il serait habillé, soigné et aurait dormi au moins 24 heures sans interruptions – ambitieux comme projet. Le volatile resserra le plaid autour de lui quand une légère brise vint perturber leur conversation. Il frissonna sous le murmure d’une seconde vague et s’estima heureux d’avoir au moins cette parcelle de tissu pour rempart. Sérieusement, si la métamorphe n’avait pas été là, ni été si prévoyante et prévenante, il aurait pu être bien plus mal en point que cela. Alors qu’elle continuait leur discussion aussi paisiblement, il ne put réprimer un autre rictus qui ne passa néanmoins que furtivement sur ses lèvres. Et oui, encore cette histoire de plaie.

« Non, ça c’est certain… Pour moi aussi, c’est une première, d’être secouru par quelqu’un comme moi et sous cette forme qui plus est.»

Dire qu’il y avait encore quelques mois d’ici, il se pensait seul et puis il y eut donc ces deux métamorphes, en peu de temps finalement. Tout portait à croire que les siens rôdaient dans le coin. En France, il n’avait jamais croisé personne alors qu’il avait vécu là toute son existence. Peut-être qu’ils avaient été attirés comme lui par les événements récents ? Quitte à faire partie des « anomalies de la nature » autant chercher à se rapprocher de ceux qui sont différents. Peut-être qu’ils étaient tous en quête de compréhension et de rédemption finalement.

« J’aurais préféré être habillé cependant. Et moins amoché aussi. Pour une première impression, on peut dire que j’ai frappé fort...»

Sans même mentionner la sacoche posée quelque part par-delà la carrosserie… En y repensant, il n’était pas non plus très habillé quand il avait ouvert sa porte pour la première fois à Tanwen. Une malédiction ? Il verrait ça plus tard, la prochaine fois qu’il rencontrerait un de son espèce. Même si il avait fini par regretter beaucoup de ses actions aujourd’hui, cette rencontre ne faisait en rien parti de ses remords. Se sentir accepter et ne pas avoir à se cacher – dans ce cas précis, le terme revêtait plus de sens que voulu, de sa vraie nature restaient aussi grisant que déroutant. Cette expérience demeurait bénéfique. Il était moins avide de réponses que sa camarade pour le moment mais cela ne voulait pas dire qu’il ne se posait pas certaines questions sur les siens. Interrogations qu’il n’avait jamais soumises à l’inspectrice – tout simplement parce que les situations ne s’y étaient pas prêtées ou parce qu’elles avaient été balayées par d’autres choses du moins. Il aurait aimé enchaîné, discuter et débattre avec elle ce qui lui fit déplorer un peu plus la situation actuelle. Avec toute cette perte d’hémoglobine, l’état de l’oiseau s’était encore bien dégradé depuis le moment où il avait combattu les pies tueuses. A présent, il se sentait nauséeux et prit de quelques vertiges, pour l’instant, négociables. La soif le tiraillait également et il devait sûrement ne pas avoir une mine éblouissante. Au moins, les ténèbres couvraient en partie cet horrible visage décomposé. Vraiment pour une première impression, il s’était vautré en toute splendeur.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptySam 5 Mai - 13:53

J’offris un léger sourire à Camille suite à sa dernière réflexion. Quand on était métamorphe, il fallait accepter le fait qu’on se retrouvait nu ; après tout, un animal ne se trimballe pas en jeans/baskets ! Se retrouver ainsi « à nu », dans tous les sens du terme, tout en ignorant face à qui on pourrait éventuellement se retrouver, car nul ne pouvait savoir comment les choses pouvaient se passer, faisait parti du « jeu ». La première étape consistait ainsi à être suffisamment à l’aise avec l’idée de la nudité, ce qui pour moi n’avait pas toujours été évident. Aujourd’hui cependant, lorsque je m’étais retrouvée face à ce corbeau jusqu’alors inconnu, je n’avais ressenti aucune gêne particulière, probablement parce que je sentais qu’il était comme moi. Pour une femme ayant du mal à se dévoiler à un homme, au sens propre comme au sens figuré, c’était plutôt étonnant !

Laissant quelques instants mon ami, je saisis mon portable, pour composer le numéro du Dr Barnett. Je savais que ce dernier répondrait à mon appel, et ce quelque soit l’heure. Pour la petite histoire, le Dr Barnett, qui se métamorphosait en souris, avait jadis échappé à un sort funeste grâce à mon père, qui était l’un de ses plus fidèles amis. .Depuis, il se sentait redevable envers ce dernier, et lorsqu’il avait su que je venais m’installer sur Edimbourg, il m’avait proposé tout naturellement de devenir mon médecin traitant, et de m’aider lorsque j’en aurais besoin. Après à peine deux sonneries, j’entendis sa voix à l’autre bout de fil. Je lui expliquais rapidement la situation, et il me donna rendez-vous d’ici une quinzaine de minutes devant son cabinet, qui se situé à quelques rues d’ici à peine. Après avoir raccroché, je revins vers Camille, et repris :


« Tout est arrangé, le Dr Barnett nous a donné rendez-vous devant son cabinet d’ici une quinzaine de minutes. C’est tout près d’ici. Ne vous en faites pas, c’est quelqu’un de confiance, il va vous réparer ça en moins de deux. Je pris une bouteille d’eau posée sur le siège passager, et la lui tendis : Je suis désolée de vous le dire, mais vous avez vraiment une mine atroce. Il commence à faire froid ; venez vous installer sur le siège passager ; je vais vous emmener jusqu’au cabinet du Docteur, et on sera bien mieux à l’intérieur pour attendre.
J’aidais Camille à rejoindre son siège, et m’installais ensuite derrière le volant. Je regardais la couverture faisant office à Camille d’unique vêtement, et repris, après avoir démarré le véhicule et pris la route : Ma collègue me taquinait toujours avec cette couverture… Je crois qu’au final j’ai bien fait de la laisser là ! Ne vous en faites pas ; vous me faites bonne impression, malgré la « légèreté » de votre tenue ! J’espère que vous n’avez pas trop froid » finis-je, avant de mettre un peu de chauffage.

Je passais les quelques minutes qui suivirent en silence, me concentrant sur la route. Nous arrivâmes finalement devant le cabinet du médecin. Il ne nous restait maintenant plus qu’à attendre.

« Voilà, nous y sommes. Ca va aller ne vous en faites pas » tentais-je de le rassurer, consciente qu’il pouvait se poser tout un tas de questions quant à mes intentions, étant donné le peu qu’il savait à mon sujet…
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 7 Mai - 12:38

Une fois qu’il eut confirmé l’idée, elle se détourna en composant un numéro. Camille en profita pour jeter un coup d’œil succinct sous la compresse, maintenant qu’une partie du sang avait déserté sa parcelle de peau. Il jaugea avec calme l’entaille. Si ce médecin était bon – ce qu’il fallait espérer – peut-être qu’il s’en sortirait sans cicatrice… Il était un peu tard pour s’inquiéter des conséquences corporelles n’est-ce pas ? Tant pis, il vivrait avec dans le pire des cas. Il trouverait bien une histoire croustillante à propos de ça – quelque chose qui n’implique pas transformation et attaque d’oiseaux. De toute façon, il portait bien une balafre sur sa joue depuis son enfance. D’accord, on la confondait avec une fossette mais ça avait au moins eu le mérite de ne pas le traumatiser à chaque marque reçue trahissant une ancienne blessure. Le voleur reposa le pansement et le maintint sur sa plaie tout en observant sa sauveuse revenir à lui. Il n’avait porté qu’une oreille distraite à la conversation téléphonique mais il savait déjà que son toubib avait accepté l’intervention. Plutôt sympa de sa part. Le jeune homme songea un instant à un détail. Il ne pourrait même pas lui payer cette « consultation ». Il ne portait rien sur lui, si ce n’est les deux coupes en or... Il repoussa cette conclusion, se la réservant pour plus tard. Car de toute façon, dans l’immédiat, il ne savait rien y faire. Après lui avoir confirmé le rendez-vous, la jeune femme lui tendit une bouteille d’eau qu’il s’empressa de prendre de sa main valide. Son bras intact trembla un instant dans le vide ce qui lui rappela une autre entrevue durant laquelle il avait fini par s’évanouir après avoir été prélevé de trop de sang. Que dirait sa maîtresse si elle le savait entrain de gâcher son hémoglobine de la sorte ? Mais à quoi était-il seulement entrain de penser ? Il surveilla sa respiration qui se faisait de plus en plus hasardeuse et se força à inspirer profondément. A force de fréquenter un vampire, il allait peut-être finir par savoir gérer les problèmes d’anémie qui sait ? D’ailleurs en parlant de ça, il espérait que la dernière morsure infligée par la Reine se soit effacée. Il ne prêtait même plus attention à ça, l’habitude l’avait fait se désintéresser des éventuelles empreintes laissées. Tant qu’il savait tout camoufler sous le col d’une chemise… Le corbeau acquiesça aux réflexions de son interlocutrice et la laissa l’aider à rejoindre l’habitacle. Il dû s’accrocher à la carrosserie et à Victoria pour y parvenir. Il se sentait si faible que ce cours voyage, lui laissa le souffle un peu plus court. Sa gorge sèche semblait écorchée et sa bouche, pâteuse. Il ouvrit donc son breuvage prudemment et manqua de renverser le contenu du récipient sur le tableau de bord. Par chance, il réussit à ne pas causer de dégâts. La première gorgée coula le long de son œsophage tel un nectar divin, il crevait de soif. Il avait laissé la compresse tenir seule sur son épaule durant les opérations mais il la replaça à la suite, histoire qu’elle ne finisse pas par tomber et salir le siège. Peu recommandable comme souillure dans l’intérieur d’une voiture… Il fût plutôt content que la conductrice engage la discussion. Il savait que s’il ne se forçait pas à parler, il finirait dans les limbes. A éviter tout de même…

« On vous a taquiné au sujet de la couverture? J’avoue que personnellement, ce n’est pas le genre de chose qui traîne dans ma voiture. Mais je vais peut-être reconsidérer la chose. »

Le voleur cala sa nuque sur le repose-tête tout en frictionnant de sa main potable son bras blessé. Il faisait moins froid dans le véhicule, évidemment et même sans la présence de chauffage, l’intérieur de l’engin les préservait de tout vent. Ses doigts étaient gelés mais sa tête semblait irradiée. Il passa le dos de sa main sur ses joues et constata à quel point, elles bouillonnaient. Génial. Il n’en fit pas mention à son amie, histoire de préserver un peu de dignité – si cela était encore envisageable ce qu’il en doutait. Elle se gara dans une rue qu’il ne reconnut pas, il ne cherchait pas vraiment à fixer son attention sur les façades cependant.

« Sincèrement, je vous remercie. Peu de gens aurait été aussi avenant. »

Le métamorphe la regarda dans les yeux en lui adressant ses mots avant de les replacer sur le pare-brise. Il lutta à la suite contre le coma en se focalisant sur sa douleur et cela marchait plutôt bien. La souffrance pourrait le tenir éveillé. Il devait se forcer à continuer cette conversation pour plus de résultats.

« Ça fait longtemps que vous le connaissez alors, ce médecin ? »

L’oiseau ne savait pas si c’était le bon moment pour démarrer une telle discussion mais ça le démangeait et si il y avait bien un sujet qui l’empêcherait de sombrer, c’était bien celui-là. Il aurait dû émettre des réserves. Dans sa confusion, il en oubliait les ordres et sa résignation. Il devrait gérer les complications occasionnées après être rétabli. Au lieu de protéger une personne, il allait devoir en protéger trois. A ce stade, de toute manière, il était quand même fichu. Finalement, ça ne changerait peut être pas grand-chose. Étrangement, il continuait de faire confiance à sa partenaire d’infortune. Son instinct le guidait pleinement. Et puis quand bien même, que pouvait-il faire d’autre ? Ramper jusque chez lui ?
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 8 Mai - 15:08

Maintenant il nous fallait attendre. Je ne ressentais aucun malaise, comme si je connaissais Camille depuis de nombreuses années. La situation était pour moi totalement inédite, car il ne s’agissait ni de mes parents, ni de ce bon vieux Docteur. Dans mon esprit, c’était comme si l’existence d’un « peuple méta » devenait vraiment réelle. Jusqu’à présent, je n’avais fait que penser qu’il y en avait d’autres. Mon père m’avait dit que tel était le cas, alors j’imaginais tous ces gens, comme nous, foulant la ville où nous étions, le pays, le monde. C’était de l’ordre des « pensées », donc fatalement abstrait. Aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, je passais de l’abstrait au concret. Je me demandais si un jour, comme les vampires, nous formerions un véritable « clan », avec ses règles, ses lois, ou si nous passerions le reste de notre vie dans la clandestinité.

Je me contentais de sourire lorsque mon comparse me remercia une nouvelle fois. Je réalisais que pour le coup j’avais fait preuve d’un altruisme sans faille, ce qui aurait pu s’avérer on ne peut plus dangereux pour ma propre sécurité, si Camille n’avait pas été quelqu’un d’aussi sympathique. Malgré mon premier abord méfiant, je devais bien me rendre à l’évidence : j’avais le « don » d’accorder un peu trop facilement ma confiance. Quand j’aimais, ou appréciais quelqu’un, je me montrais présente, loyale, et j’étais prête à m’exposer à divers dangers. J’étais comme ça, fidèle et entière, ce qui représentait des qualités comme des défauts, dans le monde impitoyable dans lequel nous vivions depuis plusieurs années. En effet, dans un monde individualiste et opportuniste, les valeurs humaines avaient tendance à se perdre, et il pouvait même s’avérer dangereux de faire preuve d’un peu trop d’humaniste. Cependant, je savais qu’avec Camille j’avais fait le bon choix, et ne regrettais en rien ma « mission de sauvetage ».

Ce dernier m’interrogea sur mon médecin ; après avoir mis un peu de musique en fond sonore, je lui répondis, toujours aussi décontractée :


« C’est un très bon ami de mon père ; je le connais depuis de nombreuses années, et c’est devenu mon médecin traitant lorsque je me suis installée à Edimbourg. Il m’est arrivée de me blesser lors de différentes virées nocturnes, et le Dr Barnett a toujours répondu présent. Ca m’a permis d’éviter de passer par la case « hôpital », ce qui aurait pu m’attirer quelques ennuis, avec le sang qui est le mien. Mon père lui a sauvé la vie lorsqu’ils étaient plus jeunes, et à ce titre il se sent éternellement redevable. Je sais qu’on ne se connaît pratiquement pas, et qu’il est donc difficile d’accorder à l’autre sa confiance, mais je voulais que vous sachiez qu’avec moi vous ne risquez rien. Comme les seules personnes qui sont comme moi que je connais sont mes parents, ou le Dr Barnett, je n’avais encore jamais rien ressenti de pareil. Je n’éprouve aucune méfiance à votre égard, mais au contraire un sentiment de familiarité. C’est très étrange, et plutôt difficile à expliquer…. Vous m’avez dit que vous connaissiez une autre personne comme nous. Est-ce que vous avez ressenti quelque chose de semblable à ses côtés ? »

Je devais bien admettre que j’avais du mal à refréner ma curiosité. J’ignorais si je rencontrerais ou non d’autres méta prochainement ; aussi j’avais envie d’en apprendre un maximum sur Camille, et sur la personne qu’il connaissait.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 8 Mai - 21:38

Chaque mot qui s’extirpait de sa bouche était collecté par le voleur avec le plus grand soin. Il cherchait des réponses à ses milliers de questionnement qui s’enchevêtraient de manière incohérente dans son esprit. Il s’intéressa à quelques éléments en particulier de son récit mais c’est surtout quand elle énonça la nature de ses parents que l’attention du jeune homme redoubla d’intensité. Il dû mettre sa question de côté cependant car elle conclut son discours par une interrogation qui lui arracha, d’ailleurs, un sourire malgré lui. Son avidité devait être aussi féroce que la sienne de toute évidence. Puis il fallait avouer que se rappeler de sa première entrevue avec Tanwen restait… particulier. Surtout quand on savait comment tout ça avait fini la dernière fois. Mais il ne fallait pas s’égarer sur ce terrain, cela pouvait rapidement devenir dangereux. Il ne savait pas vraiment s’il pouvait appeler ça de la familiarité ? Car en fait, jusque-là il s’était cru seul. La celte avait débarqué avec cette révélation avant de lui montrer sa plaque attestant de son appartenance aux forces de l’ordre. Aussi les premiers sentiments à l’avoir heurté s’étaient plus rapprochés de la surprise et puis de la panique. Il fallait avouer qu’à la suite, ils avaient très vite lié, trop vite peut-être même. Mais ce qui s’était ficelé entre la jeune femme et lui restait unique, singulier. Il ne pouvait pas comparer les deux rencontres car toutes deux avaient différés sur les circonstances tout en restant surprenante. Ce qu’il pouvait en déduire c’était qu’en présence des deux métamorphes, il se sentait étrangement libre. Libéré du poids de ce secret, il se sentait entier, accepté pour ce qu’il était. D’une certaine façon, ils devaient tous se comprendre. Se cacher du Monde entier pour les mêmes raisons les rapprochait indéniablement. Heureusement d’ailleurs, qu’ils ne cherchaient à se tirer dans les pattes. Peut-être était-il un peu tôt pour déjà émettre ses conclusions mais soyons optimiste pour changer. Cet Univers ressemblait déjà à un grand chaos, si en plus, entre membres de la même espèce, ils se mettaient des bâtons dans les roues… Ce sujet de polémique restait nouveau pour le corbeau. Trop récent pour qu’il y pense à l’instant même. Il n’avait pas assez de force pour exploiter le potentiel de ses facultés cognitives. A la place, il élabora une réponse pour la conductrice.

« Je ne peux pas vraiment juger. Avant de la rencontrer, je croyais… être seul. »

Il se tourna vers la jeune femme avec un rictus se rapprochant plus de la grimace qu’autre chose. Il avait honte de l’avouer, cela faisait tellement prétentieux de se croire seul au monde. Il ne s’était pas pris pour un élu quand même mais il avait toujours pensé jusque-là avoir été victime d’une malformation génétique ou de quelque chose dans ce goût-là. Il n’avait pas vraiment cherché plus loin que ça. Se transformer s’était révéler si naturel et si facile au final qu’il lui sembla alors être normal de posséder de telles aptitudes. Néanmoins, avec l’arrivée de l’agent, il avait dû remettre en question son raisonnement. Il ne s’était pas encore vraiment penché là-dessus non plus. D’où provenait cette différence ? Et quelle en était la source ? Il craignait que ses questions restent sans réponses. Mais revenons-en à sa première rencontre avec l’inspectrice.

« Je ne sais pas vraiment évaluer ce que j’ai ressenti la première fois que je l’ai vu. De la surprise, ça c’est certain. Mais on a vite lié, c’est vrai. Le fait de ne pas être obligé de jouer un rôle ou de feindre la normalité rapproche, je suppose… Enfin je ne sais pas ce que vous en pensez ?»

Il devait s’arrêter là. Il en disait déjà de trop et il ne voulait pas laisser trop d’informations filtrer. Avec ses songes qui partaient dans tous les sens sous l’effet de l’anémie et de la fatigue, il finirait par dépasser sa pensée. En parlant de cette dernière, elle en était revenue à cette histoire d’origine et à ce que Victoria avait mentionné plus tôt. Un pont s’entendit entre les deux cheminements par miracle ou par accident. Peu importait. Il fût déjà étonnant qu’il parvienne encore à réfléchir un minimum.

«Vos parents possèdent également ces dons ? J’ignorais que cela pouvait être héréditaire…»

Camille se sentait si ignorant alors que ce sujet le concernait directement. Il aurait été réconfortant d’avoir dans son entourage quelqu’un possédant les mêmes habilités, des explications à fournir sur le comment et le pourquoi. Son apprentissage s’était effectué en silence, dans le secret le plus absolu et de manière hasardeuse. Il s’en était tiré à bon compte finalement. Ses parents ne savaient pas qui il était et il leur avait menti un nombre de fois conséquent. S’exiler en Ecosse était peut-être bien une autre façon de gérer les choses ou plutôt de les fuir. Le français cessa tout ce charabia interne car sa plaie se mit à lancer avec un peu plus de voracité. Il se mordit la langue pour s’empêcher de trahir le malaise. Son sang avait percé la compresse, il le sentait encore tiède contre ses doigts. Enfin, de toute façon, ce médecin devrait bien finir par arriver.

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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 10 Mai - 10:39

Je regardais distraitement mon téléphone ; il ne restait que quelques minutes avant l’arrivée du Dr Barnett. J’espérais vraiment que ce dernier arriverait à l’heure, car Camille avait l’air de plus en plus mal en point. Relancer la conversation avec ce dernier permettait, du moins je l’espérais, de le maintenir éveillé. En effet, je savais que la quantité de sang qu’il avait perdu était assez importante, et il pouvait à tout instant perdre conscience.

Je l’écoutais me parler de l’autre métamorphe qu’il avait rencontré ; apparemment, il s’agissait d’une femme. Etait-ce sa petite amie ? Etrangement, ce fut la première question qui me vint à l’esprit. Je restais une curieuse jusqu’au bout que voulez-vous ! Il croyait être seul… Même si de mon côté j’avais eu des parents possédant les mêmes « caractéristiques génétiques » que moi, bizarrement je m’étais toujours sentie assez seule finalement. Peut-être ce sentiment de solitude était-il dû au fait que ma mère passait son temps à m’ignorer, alors que mon père jouait au grand absent…. Je m’étais toujours sentie à part, et cette sensation avait finalement fait de moi quelqu’un d’assez solitaire. Camille évoqua son lien avec cette personne, le sentiment d’étrangeté qu’il avait pu ressentir à son contact, mais aussi et surtout le fait qu’avec cette personne il n’avait finalement pas à jouer un rôle.

Contrairement aux vampires, nous, nous cachions toujours notre nature aux autres, probablement dans un souci de protection face à cette race qui restait menaçante, mais peut-être aussi par peur du rejet. Je ne doutais pas que chacun à notre façon, nous avions dû subir à un moment ou un autre de notre existence une certaine forme de rejet. Je ne savais pas d’où cela pouvait venir, mais je restais persuadée que, contrairement aux suceurs de sang, nous vivions ce que nous étions avec un certain degré de honte, de culpabilité. Comme nous nous restions humains avant tout, peut-être que nous pouvions avoir une légère tendance à nous voir parfois comme des monstres ? Du moins, en ce qui me concernait je devais avouer que ce sentiment m’envahissait parfois, et dans ces instants je ne pouvais m’empêcher de me demander si ma fille avait hérité de ces caractéristiques, et si oui, je me demandais comment ses parents adoptifs y réagiraient ?


« Je pense que le fait de savoir que d’autres partagent le même secret que soi reste quelque chose de réconfortant. Se dire qu’on a pu ressentir les mêmes choses, qu’on est pas seul, ça crée des liens c’est sûr, même si fatalement on ne connaît pas tous ses semblables, répondis-je à Camille, laissant mon regard se perdre sur le pare-brise. Mon comparse me demanda ensuite si mes parents possédaient eux aussi ce « don ». Je tournais alors la tête vers lui, pour constater qu’hélas il n’était vraiment pas en très bonne forme. Oui, mes parents sont des méta eux aussi ; j’ai grandi en sachant que je n’étais pas unique en mon genre c’est vrai, mais mes parents n’ont jamais été très présents pour moi, alors disons que je connais la solitude. »

Alors que je souris à Camille, un homme s’approcha de la voiture et ouvrit ma portière. C’était, enfin, le Dr Benett. Agé de 45ans, plutôt bel homme, il m’offrit un large sourire, avant de nous saluer.
« Bonjour Dr. Je vous présente Camille, il a été blessé lors d’une petite confrontation avec d’autres volatiles. »

« Je vois.. Très bien, on va aller s’installer tranquillement dans mon cabinet d’accord ? lança-t-il avec une voix douce et posée. Je sortis du véhicule, et ouvris la porte côté passager. Monsieur, si vous permettez, reprit le Docteur, avant d’examiner la plaie. La blessure a l’air suffisamment profonde pour nécessiter quelques points de suture j’en ai bien peur. Allez venez, nous serons mieux là haut, termina-t-il avant d’aider Camille à sortir du véhicule.

Après avoir traversé un grand haut d’immeuble désert, nous arrivâmes dans le cabinet spacieux du médecin. J’aidais Camille à s’installer sur la table d’auscultation :
« Ca va Camille ? » lui lançais-je simplement, le laissant reprendre ses forces.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 10 Mai - 22:35

Une pointe de tristesse se décelait aisément derrière les intonations voisines. Ainsi, sa comparse avait pu partager son secret avec ses parents, mieux, elle avait sûrement dû être initiée. Camille la détailla, quelque peu envieux même si apparemment, il y avait d’autres histoires sous-jacentes. Quelle famille fonctionnait sans accrocs ? Aucune à sa connaissance. Il éprouva un peu de compassion pour la conductrice. Il n’existait pas qu’une seule forme de solitude et cela, le riche héritier le comprenait bien. A la suite, il lui offrit un léger rictus en guise de réponse. Evoluer à travers les âges en se sentant isolé du Monde, ils en partageaient donc le goût amer. Cette étrange familiarité y trouvait peut-être ses racines ? Le voleur n’aurait su le dire. Il analyserait sûrement ce qu’il vivait à un autre moment, plus propice. Alors qu’il s’apprêtait à répondre, la tête d’un homme apparut derrière la vitre. Instinctivement, le corbeau se mit à détailler le visage de l’inconnu. S’il n’avait pas été en aussi mauvaise posture, il aurait sûrement été très impressionné à l’idée de rencontrer autant de métamorphes en aussi peu de temps. Là, il ne se sentait que mal, terriblement mal. Rien que l’idée de sortir du véhicule lui semblait inconcevable. Pourtant, il le faudrait. Victoria se chargea des explications et le volatile lui en fût plus que reconnaissant. Le médecin voulut poser son regard sur sa plaie avant de prendre le chemin de son cabinet. Le jeune homme ôta le pansement de la blessure, laissant son sang non-imprégné, couler le long de sa main jusqu’à son poignet. Pour les points de suture, pas de grandes surprises. Les aiguilles ne le répugnaient pas au point qu’il soit en état de panique à cette idée. De toute façon, il était trop vanné pour y porter plus d’un seul songe.

Le toubib amorça la marche non sans aider le français. Ce dernier ne savait comment se comporter tant il était embarrassé d’avoir réveillé ce pauvre docteur au milieu de la nuit à cause de son insouciance. Une part de sa culpabilité venait d’un autre de ses soucis, il essayait de ne pas trop se focaliser là-dessus. Cela lui était trop douloureux à envisager. Parcourir le bâtiment vida l’énergie restante du changelin, il dû être extrêmement vigilant sur les derniers mètres. Il manqua de trébucher avant d’atteindre la table. Sa nouvelle amie se chargea de lui quand elle le vit en difficultés. Il offrait un spectacle pitoyable aux seuls êtres de sa race qu’il rencontrait. Sa fierté en prenait un sale coup. Mais il n’avait pas le temps de se préoccuper de ça. Les vertiges l’avaient forcés à fermer les paupières un instant. Plus jamais, il ne négligerait ses heures de sommeil. S’il avait été suffisamment reposé avant de mener cette escapade, même blessé, il n’aurait pas été dans un état pareil. Bien fait, ça lui apprendrait la leçon. Un goût âpre roulait contre son œsophage, la nausée l’obligeait à mesurer chaque prise d’air. Il serra les dents en déglutissant douloureusement. Au moins, il était assis. Le plus dur était passé. Mais il ne devait vraiment pas être beau à voir. Livide, tremblant et couvert de sueurs ainsi que de sang. D’ailleurs, sa sauveuse s’en inquiéta. Il hocha affirmativement de la tête pour lui répondre, incapable de délier sa langue pour l’instant.

Désormais la lumière les inondait et il pouvait clairement discerner les traits de sa bienfaiteuse. Analyser le visage de la jeune femme lui permit de focaliser son attention sur autre chose que son corps éprouvé. Il la détailla silencieusement et prudemment. Inconsciemment, il cherchait à graver cette image dans sa mémoire, sa cascade de cheveux blonds et ses yeux chocolat. Il ne comptait pas la perdre de vue après cette nuit chaotique, il devrait la remercier de toute façon. C’était stupide et sûrement dangereux en fait. Il démêlerait ça une autre fois. Il se voyait mal garder plus longtemps le silence après l’avoir autant fixé sans prononcer un seul mot.

« On peut dire que c’était une sacrée nuit. »


Il n’avait rien trouvé de mieux. Le docteur approcha alors avec le nécessaire. Camille avait enroulé le tissu autour de sa taille, histoire que le textile ne dérange en rien les opérations et l’auscultation. Sa tension était plus basse que jamais à cause de la quantité d’hémoglobine qui lui avait échappé. Son pouls restait incohérent et son souffle toujours aussi heurté. Mais il devrait vite s’en remettre après une nuit de repos… Enfin peut-être quelques-unes. Le toubib prépara le désinfectant tandis que l’oiseau se crispait, se préparant déjà à ce qu’il allait suivre. Le liquide pénétra sa chair tel un poignard et il réprima un gémissement tout en serrant ses doigts sur le rebord de la table. Plus vite, il serait recousu, mieux ça vaudrait. Avant la suite des hostilités, il puisa un peu de force dans le regard voisin. Victoria avait le don de l'apaiser étrangement, il ignorait d'où lui provenait cette sensation mais il fallait avouer que ce soir, ça tombait plutôt bien.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 17 Mai - 10:14

Je voyais bien que mon compagnon volatile souffrait. Il fallait dire qu’il avait perdu beaucoup de sang, et c’était sûrement ça qui me préoccupait le plus. Pour une fois que j’étais tombée sur quelqu’un comme moi, quelqu’un n’appartenant pas à ma famille, enfin ce que le monde appelle « famille », mais qui n’en avait jamais vraiment été une au final, je ne souhaitais pour rien au monde perdre cette « trouvaille. »

Je restais à ses côtés, l’observant, lui offrant toute la bienveillance que je pouvais lui offrir ; la vue du sang ne m’avait jamais rendu malade, c’était ici plutôt la vision de cet homme en souffrance qui me donnait presque envie de défaillir. Mais je me devais d’être forte pour lui, pour l’encourager à faire de même. Je me demandais si une transfusion serait nécessaire pour palier à tout ce qu’il avait perdu. Je m’apprêtais à lui poser la question, lorsque Camille prit la parole, parlant de notre rencontre comme d’une « sacrée nuit ».

J’approuvais d’un signe de tête ; on pouvait dire qu’entre nous cela avait commencé sur les chapeaux de roue. Avant même d’avoir pris le temps de se présenter, nous connaissions déjà chacun le secret le plus intime de l’autre. On était directement rentré dans le vif du sujet, si je pouvais dire ; c’était comme si d’entrée de jeu certaines barrières avaient sauté, comme si déjà nous étions proches.

Alors que le Dr désinfectait la plaie de Camille, je me rapprochais de ce dernier, plaçant l’une de ses mains dans la mienne ; il avait l’air de sacrément morflé, et le voir ainsi plié par la douleur me faisait mal au cœur. Je repensais à la fois où j’avais moi-même été blessée. La plaie avait été bien moins profonde, cependant j’avais souffert le martyr, me mordant la lèvre si fort que je me l’étais ouverte. On ne pouvait pas dire qu’être métamorphe était sans danger ; à l’état animal, on se retrouvait confronté à d’éventuels prédateurs, et mon père m’avait raconté que certains avaient déjà péri sous leur forme animale. Le fait était que rien dans la vie n’était sans danger, fait des plus pessimistes mais vrai malheureusement.
Je m’asseyais auprès de Camille, lui offrant mon plus beau sourire, avant de demander au médecin :


« Vous pensez que ça va aller, je veux dire… Avec tout le sang qu’il a perdu, ne serait-il pas préférable de lui faire une transfusion ? »

Le médecin posa sur sa table la compresse servant à désinfecter la plaie avant de me répondre :

« Je pense que ça devrait aller, à condition que vous restiez tranquille quelques jours » dit-il à l’encontre de Camille.

Je me tournais vers ce dernier, posant désormais mes deux mains sur la sienne :

«Vous avez entendu le DR ; plus de course-poursuite avec les pies pendant quelques jours ! Il ne faudrait pas que vous sauver la vie devienne une habitude ! »

Je lui souris, alors que le Dr préparait de quoi recoudre la plaie. Voir le matériel suffisait à me soulever le cœur ; j’espérais que Camille serait sur ce coup là plus fort que moi..

Spoiler:
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptySam 19 Mai - 12:50

Avant de s’avancer plus loin dans les hostilités, le médecin rassembla la panoplie de matériel requis. Ce laps de temps permit à Camille de souffler un peu. Il se força à inspirer profondément et à se détendre un minimum. Il avait l’impression que sa chair crépitait encore sous l’effet du désinfectant. Quand la paume de sa sauveuse glissa sur la sienne, il manqua de sursauter. Surpris, il releva ses yeux jusqu’à percuter les siens. Il la remercia ainsi silencieusement de ce geste. Décidemment, sa reconnaissance prenait des proportions démentes mais il fallait avouer que la métamorphe se montrait plus que généreuse et avenante, elle se montrait effroyablement humaine. Ils ne se connaissaient pas encore et cependant, le voleur restait convaincu qu’il pourrait lier facilement avec elle. Il restait à espérer qu’ils en aient l’occasion après cet épisode tordu. La chaleur dégagée par les doigts de sa nouvelle amie irradiait sur sa propre main toujours aussi glacée. Un peu de réconfort au milieu des interventions, le riche héritier n’en attendait pas autant de la jeune femme, surtout après toute l’aide qu’elle eût apporté. Elle n’avait pas réalisé qu’elle enlaçait également le sang séché toujours agglutiné sur les doigts du métamorphe. Il écouta d’une oreille un peu distraite l’échange entre la jolie blonde et le toubib. Transfusion. Rien que l’idée le fit frissonner. Les aiguilles, ça passait mais de là à se faire injecter le sang de quelqu’un d’autre… Un étrange sentiment le froissait à cette seule idée. Enfin, si il fallait en passer par là, il le subirait mais à contre cœur. Était-ce vis-à-vis de sa maîtresse qu’il se sentait mal à ce songe ? Il n’en savait rien et plus il réfléchissait dans son état, plus la migraine martelait ses tempes. Il ne creusa pas le sujet plus longuement, de toute manière, le docteur balaya ses craintes. Se reposer ? Ca restait envisageable sauf si Krystel venait lui rendre visite. Il compilerait avec en temps voulu. De toute façon, dans l’un ou l’autre cas, il n’avait pas vraiment d’alternative. Il hocha de la tête positivement en réponse à la joute du médecin. Puis il observa ce dernier s’emparer des armes et déglutit douloureusement en anticipant la suite. Il se raccrocha à sa compagne et à ses deux paumes désormais posées sur la sienne. Elle se donnait du mal pour le décrisper, c’était attentionné de sa part. Le changelin lui offrit un début de rictus qui releva à peine la commissure de ses lèvres. Il ne parvint pas à éluder une réponse, le généraliste approchait déjà avec ses outils. Le français se mordit l’intérieur de la joue quand l’aiguille s’enfonça dans son épaule. Un goût d’hémoglobine ne tarda pas à envahir sa cavité buccale. Il ferma les yeux le temps que dura l’intrusion de cet objet métallique dans sa peau. Sa plaie lançait par vagues des ondes destructrices qui lui firent mal jusque dans son dos et dans ses doigts. Il cherchait à oublier l’instant présent mais ne parvint qu’à remuer ses autres soucis ce qui ne l’aidait évidemment pas. Pour finir, il se concentra uniquement sur la présence de sa bienfaiteuse et sa respiration. Comparé à la sienne, celle de sa voisine restait mesurée, lente, rassurante. Une fois, qu’il fût recousu et que l’aiguille fût ôter, fil coupé, il s’autorisa un regard en biais. Le toubib savait y faire d’après ce qu’il pouvait constater. Un soulagement sans nom se logea dans la poitrine du volatile.

« Merci. Je ne sais comment me racheter auprès de vous deux. »

Il balbutia ses paroles d’une voix qui raisonna lointaine et enraillée. La douleur dans son épaule demeurait et il avait toujours l’impression que quelqu’un s’amusait à tambouriner contre sa parcelle d’épiderme endommagée. Néanmoins, la brûlure fut plus aisée à supporter maintenant que l’entaille ne s’extasiait plus à l’air libre. Le corbeau mordit ses lèvres sèches afin de stopper sa somnolence. Maintenant, que fallait-il faire ? Il ne pouvait pas payer le médecin, il n’avait rien sur lui. Ni son portefeuille, ni ses… clés. L’oiseau réalisa alors qu’il ne saurait pas rentrer chez lui aisément. Il pourrait toujours crocheter sa serrure mais en serait-il capable alors que son état général restait précaire ? Bon sang. Serait-il se transformer afin de repasser par l’ouverture laissée à cet effet dans son salon ? La fenêtre restait sa seule façon de rejoindre son appartement… Il n’avait jamais envisagé un tel cas de figure. Voyez-vous comment il était arrogant ? Il n’avait jamais songé se retrouver dans une position aussi fâcheuse. Il devrait réellement revoir son code de conduite tiens… Il allongea son regard vers le docteur.

« Je suppose que toute transformation est interdite ? »

La question ne lui coûtait rien, juste un peu d’air, un peu de son restant d’énergie. Sait-on jamais ? Il se trouvait hautement stupide ce soir. Enroulé dans un plaid, l’épaule écorchée, les doigts d’une inconnue sur les siens et un médecin réveillé en pleine nuit pour ses soins. Il venait d’interférer dans la vie de deux êtres à cause de sa désinvolture et de sa crétinerie. Rien que par sa présence, il faisait planer un certain danger sur eux. Jusqu’ici, il avait évité trop s’attarder sur ce constat mais cette pensée ne le désertait pas totalement. Il allait devoir agir rapidement, s’il comptait protéger tout le monde. Il ne pourrait pas fuir les conséquences plus longtemps. La saveur rouille roulait toujours contre son palais, la nausée continuait de déranger son estomac tandis que l’épuisement prolongeait les vertiges, était-ce vraiment le moment pour penser à tout ça ?
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 22 Mai - 11:46

Je laissais mon regard sur Camille le alors que le médecin s’affairait à le recoudre. J’avais déjà la nausée quand on je regardais des épisodes d’ »Urgences », alors en vrai, je n’osais même pas imaginer ce que ça pourrait donner. Je préférais par conséquent ne pas regarder l’atelier couture, et me focaliser sur le visage de mon compagnon d’infortune.

Ce dernier était on ne peut plus crispé, ce qui somme toute était normal étant donné les circonstances. Je pensais à la suite des évènements ; Camille avait dû laisser ses affaires quelque part avant de se transformer. Où étaient ses vêtements, les clés de son appartement, ses papiers ? Comment allait-il faire pour rentrer chez lui ? Je ne pouvais assurément pas le laisser ainsi ; il faudrait alors que je l’aide encore. Pour moi, venir en aide à l’un de mes « semblables » était quelque chose de tout à fait naturel. Je ne me sentais pas obligée de l’aider ; au contraire, c’était un plaisir, j’étais plutôt contente de le faire. Jamais de ma vie je n’avais jusqu’alors ressenti une telle empathie pour qui que ce soit, et l’altruisme dont je faisais ce soir preuve m’étonnait moi-même. J’agissais par instinct, le plus naturellement du monde, sans forcer quoi que ce soit. Même mes mains posées sur les siennes s’y étaient mises le plus naturellement du monde. Je ne savais pas si de son côté il ressentait la même chose. C’était à la fois étonnant, rafraîchissant, plaisant. J’appréciais cet homme sans même le connaître. Etais-je en train de perdre définitivement la boule ?


« Evitez à l’avenir de vous mettre dans de sales draps, je crois que ça nous suffira » lui répondis-je lorsqu’il affirma ne pas savoir comment nous remercier. Le Dr Bennet approuvé d’un sourire et d’un hochement de tête. Aujourd’hui je comprenais mieux ce qui amenait ce dernier à agie avec autant de générosité à mon égard. Outre le fait que mon père lui avait un jour sauvé la mise, je me disais désormais qu’il devait peut-être éprouver ce que je moi je pouvais ressentir, ce besoin d ‘aider ses semblables, d’être secourable.

« Je ne pense pas que vous serez en mesure de vous transformer pendant quelques jours, une semaine peut-être » lança le médecin, pour répondre à la question posée par le corbeau. Avec tout le sang qu’il avait perdu, il semblait évident qu’il allait être à côté de ses pompes pendant quelques jours. Je me demandai alors ce qu’il pouvait bien faire comme métier….. Vivait-il des larcins qu’il semblait commettre sans sa forme animale, ou faisait-il autre chose pour vivre ?

Me rendant soudainement compte que mes mains étaient maintenant recouvertes de son sang, je me détachais de Camille, allant nettoyer mes mains souillées. Revenant ensuite vers les deux hommes, je remerciais d’une poignée de mains chaleureuse le médecin ; qu’allais-je faire maintenant ? Il serait sûrement plus prudent que je ramène Camille chez lui en voiture, voir à l’endroit où il avait laissé ses affaires…Le Dr Bennet disparut quelques instants et revint avec une pile de vêtements, ainsi que le double des clés de son cabinet, qu’il me tendit.


« Il faut que je vous laisse, ma femme doit commencer à s’inquiéter. Victoria, je te laisserai fermer le cabinet, et tu n’auras qu’à mettre le double des clés dans la boîte aux lettres d’accord ? J’approuvais d’un signe de tête. Très bien. Monsieur, prenez soin de vous. Aucune folie au cours des sept prochains jours, je compte sur vous. Victoria, au plaisir. » Après m’avoir fait la bise, et serrer la main de Camille, il quitta finalement le cabinet, nous laissant de nouveau seuls.

J’allais chercher une bassine d’eau et quelques compresses, et revenais finalement vers mon nouvel ami. J’humidifiais l’une d’elles, et commençais doucement à nettoyer tout ce sang qu’il avait sur sa peau nue, agglutiné autour de sa plaie.


« Je pense qu’on devrait vous nettoyer un peu avant de vous habiller, qu’en pensez-vous ? Lui lançais-je doucement, avant de m’affairer à la tâche. Alors Camille, que faites-vous dans la vie ? Il m’a semblé percevoir un léger accent, vous n’êtes pas d’Angleterre ? »
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 22 Mai - 22:21

Une semaine. Nom d’un chien, une semaine. Une éternité en soi. L’idée de ne plus pouvoir voler durant ce laps de temps l’accabla. Privé de sa forme animale, il ne se sentait qu’à moitié vivant. Sans compter qu’il ne pourrait plus approvisionner les personnes dans le besoin. Ses pensées convergèrent directement vers Cora, il avait décidé de lui glisser une somme plus conséquente à l’avenir mais avec ces deux coupes, il devait uniquement reverser le solde à un refuge pour sans-abris. Il piocherait dans sa réserve personnelle – l’argent de ses parents s’il le fallait. Il penserait aux détails plus tard, son crâne menaçait d’exploser. La migraine restait un des maux les plus courants qui le harcelaient régulièrement. Il mettait ça sur le compte du sommeil la plupart du temps et aujourd’hui, il ne pouvait pas douter de la cause. Durant sa déconnexion avec la réalité, plongé dans ses pensées, il n’avait pas remarqué la désertion de sa compagne. Mais le temps de s’apercevoir qu’elle avait délaissé sa main, elle était déjà revenue. Le médecin avait déjà pris soin de ranger les outils et prenait alors congés. Le métamorphe aurait voulu lui adresser d’autres paroles, lui exprimer un peu plus de gratitude, il se sentait terriblement redevable – ce qui pouvait s’avérer fâcheux d’ailleurs. Il ne parvint qu’à bredouiller un autre merci à peine audible alors que le toubib lui serrait la main. Le docteur ne s’attarda pas davantage et quitta le cabinet laissant les deux changelins seul, imbibés d'un silence religieux. Silence qui fût néanmoins vite comblé par un bruit étrange. La blonde s’était encore échappée pour mieux réapparaître avec des ustensiles. Sa bonté avait-elle seulement une limite ? Voilà, qu’elle allait même nettoyer l’hémoglobine. S’il ne s’était pas senti si faible, il aurait tenu à réaliser cette tâche lui-même. Seulement, même remuer le bras lui en coûtait alors il semblait inutile de jouer le héros arrogant. Il n’en serait que plus ridicule. Il acquiesça à la question quasi rhétorique de sa comparse, même s’il se demandait de quels habits elle parlait ? Peut-être disait-elle juste cela de manière spontanée, ça n’était pas forcément pour l’immédiat après tout. Depuis que le généraliste avait recousu sa plaie, le corbeau n’avait pas bougé d’un pouce, il pouvait déjà sentir ses muscles s’engourdir. A nouveau, il apprécia l’atmosphère sereine que la jeune femme imposait sur le lieu par son unique voix. Au moins, elle lui permettait de ne pas définitivement tomber dans un coma sans noms.

« Je suis étudiant. »

En quelque sorte. Enfin, officiellement, il était inscrit à l’université du coin. Officieusement, il n’y avait jamais mis le bout de son orteil. Mais il n’allait pas révéler de but en blanc ses activités illégales, pas vrai ? Il gardait l’espoir qu’elle n’ait pas saisi la teneur de ses affaires ou du moins, qu’elle parvienne à oublier son larcin. Moins elle en savait de toute façon, mieux c’était pour elle et pour lui. Il n’aimait pas l’idée de lui mentir, surtout pas après ses bons soins. Cependant, avait-il seulement le choix ? Il aurait vraiment voulu ne rien lui cacher, être honnête. Elle ne méritait pas ses mensonges, néanmoins, la vérité restait dangereuse. Pour qui exactement ? Allez savoir. Il ne démêlerait pas ses songes pour l’instant, tout ceci restait hors d’atteinte. Il finirait bien par affronter tout ça, une fois qu’il aurait récupérer. Pour l’instant et ce malgré cette confiance sourde qui s’était installé, il ne divulguerait rien de trop importun. La trahissait-il d’une certaine façon ? Peut-être. Décidemment, la culpabilité ne lui réussissait pas.

« Et vous ? A part aider des inconnus, à quoi occupez-vous vos journées ? »

Il lui glissa un léger rictus à la suite de ces paroles tout en lui portant un regard bienveillant. Il soulignait sa générosité à sa manière et avec les seules moyens dont il disposait actuellement. Il voulait s'hasarder sur quelques hypothèses concernant son éventuel métier mais rien ne parvint à son esprit. Heureusement, elle atterrit sur un sujet plus amusant – enfin dans la limite de l’envisageable vu les circonstances, ou du moins embarrassant pour le volatile.

« Léger, vous êtes gentille. En effet, je suis français.»

Il aurait aimé plaisanter mais il n’arrivait pas à trouver quelque chose de réellement savoureux au milieu de ses incohérences. De plus, elle se mettait à tamponner le sang autour de sa blessure, le coupant de toute distraction mentale – vaporeuse mais existante. Aussi douce fut-elle, chaque contact calcinait un peu plus sa chair. Il n’en pouvait plus d’endurer la douleur pour ce soir. Le voleur aurait juste voulu s’allonger quelque part et sombrer dans les limbes une bonne fois pour toute. Il s’enivrerait d’anti douleurs chez lui et irait se nicher dans les bras de Morphée aussi sec. Enfin à présumer qu’il parvienne à regagner son appart… Il n’avait toujours pas trouvé de plan B.

« Et vous, vous êtes du coin alors ? »

Il détournait volontairement ses propres cheminements. Chaque réflexion et anticipation lui lacérait les tempes, il en avait déjà assez avec l’épaule. Ne fallait-il pas tout simplement mentionner les faits ? Il ne savait pas trop. S’il se mettait à exposer ses inquiétudes, il réclamerait par là même encore plus d’aide de sa sauveuse. N’était-ce pas trop demandé à ce qui restait techniquement une parfaite inconnue ? En même temps que pouvait-il faire d’autre ? Grelotter dehors en espérant intercepter un de ses voisins, histoire de téléphoner au serrurier ? Il ne pourrait jamais crocheter cette serrure, c’était un fait. Il arrivait à peine à aligner des mots alors joué habilement avec le verrou… S’il parvenait à placer cette histoire dans la discussion, il le ferait. Pour l’heure, il se contenta de ses découvertes mutuelles qu’il trouvait enrichissantes. Le riche héritier aurait aimé pouvoir les apprécier à leur juste valeur, il craignait que ses capacités de mémorisation ne lui fassent défaut. Quel bien piètre interlocuteur faisait-il. Dommage que cette première rencontre soit aussi désastreuse que spectaculaire.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 24 Mai - 10:54

J’essayais d’être la plus douce possible avec mon ami, mais je sentais bien que son corps se crispait à chaque contact. Le pauvre devait souffrir, mais il n’en disait rien. Au contraire, il essayait de se montrer le plus présent, poli, et amical possible, mais je voyais bien qu’il avait du mal à rester avec moi. Il avait perdu beaucoup de sang, aussi était-il sûrement préférable que je ne perdre pas trop de temps à essayer de faire la conversation, et que je le raccompagne au plus vite chez lui. Aussi, je tentais d’accélérer la manœuvre, sans pour autant être brutale. Camille me confia être étudiant. Je faillis lui lancer que ce ne devait pas être facile de vivre lorsqu’on étudiait, faisant ainsi référence à ce qu’il portait entre son bec précédemment, mais je n’en fis rien. Après tout, avec tout ce qu’il venait de traverser, en rajouter une couche ne me semblait pas chose nécessaire. Aussi décidais-je de tenir ma langue, me contentant d’acquiescer.

Sa peau était brûlante, réchauffant mes mains qui elles étaient assez froides. A peine rencontrés et déjà nous partagions quelque chose d’assez intime, et j’espérais ne pas le mettre trop mal à l’aise de par mes contacts. Il me demanda ensuite ce que je faisais de mon côté, Arrêtant quelques secondes sa torture, je lui répondis :


« Et bien, quand je ne suis pas occupée à jouer les « Wonderbird », je travaille comme architecte. Mes parents le sont également, disons que c’est une sorte de tradition, et qui plus est j’ai eu la chance que ça devienne pour moi une vraie passion. J’aime imaginer ce que je peux faire d’un lieu, faire plusieurs croquis, discuter avec les clients de ce qu’ils souhaiteraient obtenir comme résultat. C’est très prenant, mais j’ai la chance d’aimer ce que je fais, alors j’évite de trop me plaindre ! »

Je repris mon « travail », terminant d’enlever le plus de sang possible de sa peau. Je balançais ensuite les compresses souillées, vidais l’eau, et me nettoyais les mains, alors que mon camarade me confiait être français, et me retournais la question. Je revins vers ce dernier en souriant ; aller en France avait toujours fait partie de mes rêves, mais jusqu’à présent l’opportunité ne s’était jamais présentée.


« Je suis une anglaise pure souche. J’ai passé des années à Londres, avant de venir m’installer en Ecosse, en partie pour fuir ma famille je l’avoue. Mais je dois bien avouer que je suis tombée amoureuse d’Edimbourg, même si ce n’est pas toujours très bien fréquenté… Je saisissais la chemise prêtée par le Dr Benett, et la passait autour des épaules de Camille, l’aidant à l’enfiler. Je vais vous aider, et après je vous raccompagnerai chez vous si vous le souhaitez. Peut-être devrions-nous aller récupérer le reste de vos affaires ? Vous vous souvenez où vous les aviez posé ? Je l’aidais à boutonner la chemise bleu nuit, un peu trop large pour lui, mais qui lui permettrait ainsi de ne pas sortir nu. Il avait plutôt un corps agréable à regarder, il fallait bien le reconnaître, même si le temps n’était pas vraiment propice à s’attarder sur ce genre de chose…Tenez, il m’a aussi confié un pantalon pour vous ; je vais me retourner, comme ça vous pourrez vous… »

Je ne finissais pas ma phrase, m’éloignant quelque peu et me mettant dos à lui, de manière à lui laisser un peu d’intimité, même si notre rencontre dans les jardins avait fait que son anatomie n’avait plus vraiment de secret pour moi…
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptySam 26 Mai - 10:52

« Wonderbird » hein ? Un sourire froissa les traits contractés du volatile, creusant un peu sa fossette. Le fait qu’elle veuille reprendre le flambeau familial était tout à fait honorable. Camille n’avait jamais été assez altruiste pour envisager de reprendre la société de son père. Par esprit de contradiction, de toute façon, il n’aurait jamais accepté. Se cantonner au rôle qu’on lui a distribué sans le consulter lui était trop pénible à envisager, une atteinte à sa liberté. Enfin dans le cas de Victoria, elle aimait au moins ce qu’elle faisait. Elle semblait être du genre à vouloir satisfaire tout le monde, sûrement à faire passer les besoins des autres avant le sien. Était-il en train d’idéaliser sa sauveuse ? Peut-être. Même si il ne cherchait à la base qu’à la cerner et à la comprendre. Son jugement, altéré par sa fatigue, devrait sûrement être revu une prochaine fois. La métamorphe mit fin à sa séance de torture en lui avouant avoir fui ses parents. Il ne pouvait que la comprendre sur ce point, lui aussi avait cherché en partie à déguerpir de chez lui avant qu’on lui noue d’autres entraves autour des chevilles. Il fût étrange néanmoins d’envisager qu’elle soit contrainte de quitter sa famille alors qu’ils partageaient son secret. Le changelin avait toujours cru que cacher sa nature l’avait davantage éloigné de ses géniteurs. A contrario, le partager aurait dû la rapprocher. Enfin, tout ne devait pas être aussi simple et il n’oserait pas s’aventurer sur ce sujet de conversation pour l’instant – ils ne se connaissaient pas encore assez pour ça. Un tissu caressa son épiderme et avant qu’il ne comprenne sa provenance, elle l’aidait déjà à l’enfiler. Le textile effleura les parties endommagées de sa peau et le contact fût quelque peu désagréable. Les vêtements étaient un peu trop justes mais ça passerait. Les manches lui arrivaient plus haut que les poignets mais bon, il n’allait pas chipoter alors qu’on les lui prêtait. C’était mieux que rien du tout. Il réceptionna le pantalon en méditant sur la destination à indiquer. Il ne laissait jamais ses affaires traînées en fait, il ne prenait pas ce risque. Le riche héritier la regarda tourner les talons afin de lui laisser un peu d’intimité – même s’il n’avait plus rien à lui cacher. Il s’arma de courage, respira un grand coup avant d’enfiler le vêtement. Il fût forcé de se relever durant la manœuvre et s’appuya délibérément sur la table d’auscultation pour ne pas céder aux vertiges. Il resta debout, conscient qu’il faudrait bien quitter cet endroit. Il chercha à compiler avec son état tandis que son cœur battait dans ses tempes amplifiant sa nausée permanente et sa migraine. Il appuya ses paumes sur l’objet derrière lui et inspira de grandes bouffées.

« Je n’emporte jamais rien hors de mon appartement. Je laisse juste la fenêtre entrouverte et je me transforme avant de le quitter. »

Surestimer ses forces, voilà ce qu’il avait toujours fait. Jusqu’ici pourtant, il n’en avait nullement payé le tribut. Révéler ses habitudes, c’était bien une première. Il ne l’avait jamais énoncé, pas même devant Tanwen. Son regard balaya la salle à la suite et s’accrocha au bureau du docteur. En fait, il ne pourrait pas sortir d’ici sans chercher au moins à s’acquitter de sa dette. C’était idiot, de laisser des preuves de son passage et si ça aidait sa maîtresse à les identifier ? Techniquement, elle ne pourrait pas savoir qui était ou n’était pas métamorphes mais… Tant pis, sa détermination semblait bien trop farouche pour reculer. Lentement mais sûrement, il s’avança jusqu’au pupitre de son pas un peu vacillant et incertain. Heureusement, une chaise fût prête à l’accueillir quand il parvint à l’atteindre. Hors d’haleine, il s’empara d’un papier traînant, vérifia que rien d’important n’y était dissimulé puis il saisit un stylo bille et se mit à écrire maladroitement son numéro dessus. A la suite, il lui indiqua qu’il aimerait le remercier dignement d’une façon ou d’une autre, qu’il se tenait à sa disposition. Son écriture semblait horrible alors que d’habitude elle restait soignée et appliquée. Boh, c’était un médecin et donc un champion par extension de la calligraphie indéchiffrable. Il le mit bien en évidence au milieu de la paperasse puis se tourna vers Victoria.

«Concernant mon appartement… Il y a un souci. Je n’ai pas caché de double des clés… »

Avouer ses torts et sa bêtise lui en coûtaient et curieusement, il n’appréciait pas l’idée qu’elle finisse par le détester. Peut être parce qu'il aurait aimé s'en faire une amie, une alliée?

« C’est la première fois que je suis incapable de le regagner, blessé ou non…»

Cherchait-il à se justifier de sa désinvolture ? Oui et pourtant comme excuse, ça restait bien bancale. La dernière fois qu’il avait été estropié, sa blessure était moins profonde et surtout, il s’était déjà délesté de son magot. Il avait réussi à regagner son appart et à utiliser sa trousse de secours. De par ses expériences, il avait endormi toute vigilance et prudence. Il s’était peut-être cru invincible, quelle arrogance. Ses prunelles croisèrent celles de la jolie blonde tandis qu’il réfléchissait tant bien que mal à une solution.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 30 Mai - 10:15

Je me tournais de nouveau vers Camille lorsque ce dernier prit la parole. Visiblement, il avait des habitudes, qui aujourd’hui le mettaient dans de beaux draps… Je réfléchissais à ce que nous pourrions faire pour qu’il puisse regagner son appartement. Soit il allait falloir que je me transforme, pour gagner son appartement par la voie des airs, soit, ne pouvant décemment pas le laisser dehors seul dans cet état, il faudrait que je l’héberge pour ma nuit.

Alors que je pensais la question, Camille avança en direction du bureau du Dr Benett ; ne le quittant pas du regard, prête à intervenir au cas où ses forces le quitteraient, je le vis s’asseoir finalement sur une chaise posée à proximité. Il resta quelques instants silencieux. Je laissais ce silence envahir la pièce. Je me doutais qu’il devait ne pas être très à l’aise ; se retrouver ainsi, vulnérable face à une inconnue, il y avait de quoi ébranler son égo. Je tâchais de ne pas lui mettre sa dépendance envers moi sous le nez, le laissant faire ce qu’il souhaitait. Je le vis rédiger une note, probablement un remerciement pour ce bon vieux docteur. Il était vrai que, dans la société où nous vivions aujourd’hui, l’altruisme ne faisait pas vraiment partie des valeurs véhiculées. Le monde était dur, cruel ; c’était du chacun pour soi et Dieu pour tous.
Bon j’exagère peut-être un peu, mais juste un peu alors… Avec la révélation de l’existence des vampires, j’avais toujours eu l’impression que le monde s’était comme embrasé, que même chez les humains le côté animal s’était révélé. Peut-être avais-je simplement fini par ouvrir les yeux sur la véritable nature humaine, je ne savais pas, mais toujours était-il que le monde qui était aujourd’hui le nôtre était bien loin de celui édulcoré des bisounours !

J’allais finalement m’asseoir sur la table d’auscultation, précisément là où Camille se trouvait précédemment ; ce dernier se tourna vers moi, me faisant désormais face.


«Ah…. Et bien il va nous falloir trouver un autre plan alors ! lançais-je lorsqu’il confia ne pas avoir caché de double des clés. J’ai jamais pensé en planquer un jusqu’à présent.. je vais peut-être repenser la question ! »

Je me levais de la table lorsqu’il me laissa entrevoir un certain désarroi face à cette situation nouvelle. Je vins prendre place sur la chaise situé à côté de la sienne, et posa ma main sur la sienne.


« Quand on sort, que ce soit sous une forme animale ou non, on n’est jamais à l’abri de faire des mauvaises rencontres. Ca va aller t’inquiète pas, on va bien trouver une solution. J’étais passée du vouvoiement au tutoiement sans y faire attention, naturellement. Peut-être que je pourrais me transformer pour gagner ton appartement. Comme ça je t’ouvrirais, et tu pourras enfin être chez toi. Je me doute que toute cette folle aventure a dû t’épuiser » terminai-je avec un léger sourire, bien consciente que mon « nouvel ami » devait être exténué.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 30 Mai - 21:37

Un bref soulagement flotta dans sa poitrine. Au moins, il n’était pas le seul à négliger ce type de détails - bien qu’elle restait plus prudente que lui en utilisant sa voiture comme point d’ancrage. Il devrait trouver un système, réfléchir à une option qui lui permettrait de retrouver son domicile autrement que par la voie aérienne. Mais ne voyons pas trop grand pour l’instant, sa léthargie ne supportait pas trop le poids de ces cheminements. Sa sauveuse se releva alors pour venir se placer près de lui. Pour la seconde fois de la soirée, elle posa ses doigts sur les siens, un geste naturel, simple, dénudé d’embarras ou d’autres sentiments étranges. Rien d’autre qu’une main secourable. Sa sollicitude dépassait tout entendement, Camille n’était pas du tout habitué à ça. De l’attention, de la gentillesse, du réconfort. Il n’avait jamais connu quelqu’un capable de tant de bonté et qui en retour, n’attendait rien. Était-ce parce qu’ils partageaient ce lourd secret ? Ou que cette façon d’agir avec autrui était inhérente à sa personnalité ? Il lui faudrait la côtoyer plus longuement avant d’obtenir cette réponse. Que ça soit l’une ou l’autre solution, il se sentait pour la première fois épaulé. Il avait toujours cru que vivre avec cette nature dans la plus grande confidentialité ne l’avait en rien affecté. La solitude, il l’appréciait à sa juste valeur, c’était pour lui une part de liberté non-négligeable. Mais être compris et accepté semblait tout à coup devenir aussi primordial que grisant. Peut-être que les autres métamorphes n’étaient pas aussi conciliant et sympathique, sûrement d’ailleurs. Cependant, il était tombé sur deux représentantes de son espèce qui avaient toutes deux présentés des qualités qu’il ne parvenait pas à retrouver chez d’autres personnes. A moins que son jugement ne soit faussé par le lien indéchiffrable qui semblait tous les unir ? Tout ceci restait encore trop frais pour se laisser aller à des analyses quelconques. Le riche héritier détailla les traits de son interlocutrice silencieusement avant de lui sourire faiblement, creusant de la sorte son unique fossette sur la joue gauche.

« Si je te remerciais à nouveau… Tu crois que j’exagérerais ? »

Il n’avait fait que projeter des mercis dans toutes les directions et à toutes les sauces, il radotait. Les mots ne suffisaient plus vraiment, il devrait poser des actes par la suite pour se montrer digne de leur amitié et de leur aide. Ils pouvaient compter là-dessus. Le tutoiement s’était inséré le plus ordinairement du monde dans leur conversation. Le corbeau ne s’en était même pas aperçu, du revirement, il l’avait juste enregistré. Tout ce qui se déroulait semblait suivre un cours pour le moins spontané et bizarrement si familier. Il avait l’impression de retrouver un membre de sa famille ce qui était ridicule en soi. Pourtant, quand il mit sa main sur la sienne à son tour, c’est exactement à ça qu’il pensait.

« Je suis vraiment ennuyé que tu aies dû sacrifier ta nuit à cause de moi. Jusqu’au bout, je suis une vraie calamité. »

Après tout, elle allait devoir se déshabiller, se retransformer et se réhabiller. Tout ça pourquoi ? Pour que l’idiot qu’il est, puisse dormir sur son matelas ce soir. Décidemment, elle cumulait les sauvetages. Le jeune homme balaya un peu la salle du regard avant de revenir sur les prunelles voisines.

« J’ai du mal à réaliser, que nous sommes nombreux. Je pense que je ne parviens pas encore à m’y faire. »

Dire qu’à la base il avait cru que la présence d’autres changelins en Ecosse perturberait négativement ses plans, qu’il n’y aurait que des répercussions néfastes… Et bien. Jusqu’ici, il ne pouvait pas se plaindre. Même si… Non, nous avions déjà parlé de ça plus haut, il ne devait pas se perdre dans ses raisonnements. Focalisation exclusive sur le présent, point.

« Tu vas trouver ça un peu idiot mais je ne pensais pas que ça me ferait cet effet-là, que je parviendrais à en retirer un certain réconfort. »

Avec son épuisement et tous ses doutes dernièrement, les paroles s’étaient extirpées de sa bouche sans qu’il n’y porte un seul songe. En temps normal, il ne se serait pas exprimé aussi directement et aussi facilement. Victoria ne le voyait pas forcément sous son meilleur jour mais ça n’était pas le plus faux des masques non plus, au contraire. Il ne devait pas se livrer aussi aisément, il le regretterait une fois qu’il aurait repris pieds. Tant qu’ils en étaient dans les confessions, il aurait aimé qu’elle aussi parle un peu.

« Tu dois voir les choses différemment, je suppose. Vu que tes parents possèdent les mêmes facultés. Non ? »

S’avançait-il sur un terrain miné ? Il aurait dû anticiper ça, habituellement, il l’aurait fait. Mais là, à moitié dans les vapes et torturé par une brûlure constante à l’épaule, la seule chose qui parvenait à percer la brume était cette voracité à savoir, à apprendre et surtout à comprendre. Celle qui se tenait devant lui possédait d’innombrables anecdotes et une histoire qui lui était propre – il voulait tout entendre.
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 1 Juin - 11:54

J’appréciais la compagnie de Camille, même si notre rencontre avait été aussi « brutale » que surprenante. En sortant ce soir-là, histoire de me changer les idées, jamais je n’aurais pu penser que je ferais la rencontre d’un être aussi unique que moi, quelqu’un possédant les mêmes caractéristiques « extraordinaires ». Les conditions n’étaient pas on ne peut plus optimales pour nouer des liens, mais le fait était là : on s’entendait bien, ce qui se passait entre nous se faisait le plus naturellement du monde, comme si finalement nous nous connaissions depuis des mois, voire des années. Il était certain que le fait de partager le même secret nous rapprochait, mais je sais pas, il y avait autre chose, que je ne pouvais pour le moment pas définir, que se passait, et qui faisait que je me sentais bien, à l’aise, rassurée, sécurisée. Moi qui d’ordinaire avait plutôt tendance à me méfier des autres, j’accordais ici toute ma confiance et ma bienveillance à cet homme que je ne connaissais que depuis deux heures tout au plus. C’était étrange, mais agréable comme sensation, il fallait bien le reconnaître.

« Je crois que j’ai eu ma dose de remerciements au moins pour les deux prochaines décennies !" lui lançais-je simplement, lui souriant, alors que ma main était toujours restée posée sur la sienne. J’ignorais comment il prenait cette proximité qui s’était naturellement instaurée entre nous. C’est vrai que cela pouvait porter à confusion, et je devais bien avouer que moi-même cela me laissait quelque peu perplexe. Que se passait-il exactement entre nous ? Je n’avais jamais ressenti pareille chose, et je devais réussir à mettre tout cela au clair. Je lui offris un sourire chaleureux lorsque Camille se dit ennuyé de m’avoir plongé dans tout ça. Même s’il était vrai que cela avait été quelque peu mouvementé, au final cette rencontre me faisait le plus grand bien, cela apportait sans nul doute quelque chose de nouveau et de bien dans ma vie.

« Oui, comment savoir combien nous sommes exactement ? On vit dans un tel anonymat, protégeant au mieux notre secret, qu’on en ignore l’existence de nos semblables. Mais savoir qu’on n’est pas seul, même si on ne connaît pas les autres, je trouve que ça a quelque chose de réconfortant, comme si on savait être une communauté, même si, contrairement aux vampires, on se s’est pas révélé au grand jour. C’est vrai qu’en ce qui me concerne, j’ai grandi en sachant ne pas être seule, comme mes parents possèdent ces mêmes caractéristiques. Mais je n’ai jamais été proche de ma mère ; sa grossesse a été difficile, il y a eu de nombreuses complications, et je crois qu’inconsciemment elle m’en a toujours voulu. Quant à mon père… Il était très peu là, alors…. Je dirai que j’ai aussi connu la solitude, d’une certaine manière. »

Parler de ma famille me remua plus que je ne le pensais. Je réalisais que la solitude que je connaissais aujourd’hui, les difficultés que j’avais à me lier aux autres, ou à avoir des relations amoureuses épanouies, venaient principalement de ce manque affectif que j’avais connu. Même si je ne l’avais jamais vraiment été, à l’intérieur je me sentais seule, tellement seule que j’avais souvent l’impression d’avoir un trou béant à l’intérieur. Si à l’heure d’aujourd’hui j’en venais à disparaître, je me demandais à qui je pourrais bien manquer. Je n’avais pratiquement plus aucun contact avec mes parents, j’ignorais tout de ma fille que j’avais mise à l’adoption, Franck m’avait abandonné, et j’avais une tendance plus que malsaine à m’attacher à des hommes qui fatalement me rendraient tôt ou tard malheureuse. J’ignorais si, et comment, j’allais pouvoir me sortir de ce mode de fonctionnement dans lequel je m’étais réfugiée, et je devais bien avouer que, lors de mes nombreuses prises de conscience, cela m’effrayait…
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] EmptySam 2 Juin - 11:22

Elle amorça sans le savoir le débat interne qu’il s’était empressé d’étouffer un peu plus tôt dans la soirée. Ses fautes l’étranglaient à nouveau et il dévia du regard voisin instinctivement. La métamorphe ne savait pas à quel point il avait été stupide. Il les avait tous mis en danger en divulguant sa nature à la Reine des Vampires. A l’époque, il se croyait seul. S’il avait su qu’une horde de ses semblables foulés les rues d’Ecosse, aurait-il reconsidérer son petit voyage jusqu’au manoir Royal ? Il n’en savait rien pour être honnête. Néanmoins, il aurait pu chercher à lui mentir lors de sa dernière entrevue, protéger l’existence des autres. Il en avait été bien incapable, complètement intoxiqué par la seule présence de sa maîtresse. Incapable d’omettre les faits et incapable de livrer qui que ce soit. Une impasse. Il dû s’évertuer au calme alors que son cœur déjà épuisé faisait d’autres embardées. Il avait fixé son attention sur le bureau de ce cher docteur le temps de ses égarements mentaux et s’autorisa alors à nouveau le contact avec les yeux de son amie. Il devait refouler tout ça, il en digérerait les conséquences une autre fois de toute manière. Communauté, un mot intéressant. Mais n’avait-il pas déjà piétiné sur tous les concepts qui en découlaient ? Non, il devait arrêter de se torturer l’esprit. Ca n’aiderait personne et ça ne lui ressemblait pas le moins du monde. Quand elle se mit à décrire son climat familial, le corbeau réussit enfin à se détendre. Sujet clos. Il lui offrit un léger sourire tordu en guise de compassion. Rien d’idyllique dans aucun schéma familial de toute façon. Même les familles ordinaires arbitraient des tensions, des histoires. Parce que l’Homme était l’incarnation même de l’imperfection à l’instar de la société. « L’anormalité » ne calfeutrait pas ce fait, pourquoi l’aurait-il fait de toute façon ? Camille resserra un peu sa prise sur les doigts de la jeune femme quand il comprit que parler de ça l’avait un peu remuée. Il lui était reconnaissant, d’avoir été aussi franche et de se prêter à ce genre de confidences. Il voulut lui renvoyer la pareille. Du moins, si elle avait pris le temps de se dévoiler, pourquoi ne le ferait-il pas ? Il n’allait pas être honnête sur les choses que nous avons mentionnées au début de ce paragraphe, pour l’instant, il ignorait encore sa tactique et la préserver de ce chaos semblait être le plus indiqué. A la place, il se livra de la même manière qu’elle venait de le faire. Il n’en avait jamais parlé, à qui que ce soit. Pas même à Tanwen, surtout pas à elle en fait.


« Ça n’a pas dû être évident pour toi… Je suis désolé, ma question était peut-être trop indiscrète. »

Il marqua un temps d’arrêt et jaugea son expression avant de redémarrer la conversation.

« Mes parents ignorent ce que je suis, j’ai réussi à garder le secret. Je sais qu’ils n’auraient pas su encaisser la vérité. Mais je n’ai pas à me plaindre, ils ont toujours été présent pour moi. »

Ne fallait-il pas développer ? Il ne savait pas vraiment quoi rajouter, de plus. Il n’aimait pas spécialement divulguer des informations sur sa vie privée et parler ainsi de ses géniteurs était une grande première pour lui. Mettre des mots sur des situations n’avait rien d’évident, surtout si on cherchait à en fuir les retombées. Victoria le savait, elle venait de l’expérimenter. Se dévoiler n’avait rien de particulièrement agréable pour le voleur. Il lâcha la main de sa comparse alors que ses prunelles se cognèrent contre l’horloge fixée au mur. La nuit était déjà bien entamée et elle bossait sûrement demain, non ?

« Je réalise que je t’ai volé énormément de temps cette nuit. Dès que tu veux y aller… Dis-le moi.»

Il ne ressentait pas vraiment l’envie de partir d’ici, cet endroit avait quelque chose de rassurant et cette discussion aussi finalement. Malgré son état, il aurait aimé continué à lui parler et à en savoir plus. Mais était-ce vraiment raisonnable ? Le riche héritier offrit un autre sourire à son interlocutrice. Peut-être qu’elle resterait un peu chez lui, le temps de boire un café. A moins qu’elle ne travaille vraiment demain, dans ce cas… Il lui passerait son numéro de téléphone également. De toute façon avec ou sans ça, il les avait déjà mis dans une position fâcheuse. Il verrait ce qui découlerait de sa prochaine entrevue avec Krystel. Et en fonction, il aviserait. A quoi il s’attendait ? A un massacre pour tout dire. Mais il était de nature optimiste alors sait-on jamais…
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MessageSujet: Re: I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé]   I'm like a bird, I'll only fly away [Livre 1 - Terminé] Empty

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