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Either way, options change [Livre I - Terminé]
MessageSujet: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyJeu 8 Mar - 20:59

    Quelques chahuts provenant de l'étage supérieur froissèrent le silence. Rien de bien méchant. Des enfants couraient dans la cage d'escaliers rythmant de leur pas précipités les autres bruits un peu plus feutrés et un peu plus lointain. Leurs éclats de rire se heurtaient à l'opacité des ténèbres. C'était comme si ils cherchaient à faire coïncidait deux Univers qui ne pouvaient cohabiter. Ils riaient avec insouciance au nez de la nuit noire. Drôle de sentiment ? Sûrement. Du bout des doigts, le jeune homme faisait tournoyer les objets fleurissant au fond de sa poche. Son regard ne se portait que sur la surface lisse de la porte. Définitivement close, cette planche de bois lui interdisait l'accès à son contenu, pour l'instant. Elle lui indiquait également que la personne y résidant n'y séjournait pas à l'heure actuelle. Ce qu'il fichait là debout, seul dans la pénombre ? Il attendait. Comme la propriétaire de cet appartement ne revenait pas, il n'avait pas vraiment d'autres alternatives. Partir ? Oui, c'était ce à quoi il aspirait. Et pourtant, il restait là planté devant ce numéro à fixer les nervures du bois. Ses yeux s'accrochaient alternativement sur la sonnette qu'il avait pressé à maintes reprises et la serrure qui semblait le narguer. Bien des choses animaient son esprit et pourtant, Camille se sentait plutôt serein. En fait, il était même trop serein compte tenu de la situation. Il le savait très bien au fond de lui qu'il n'était pas venu là pour constater l'absence évidente de Maryana. Si il comptait sortir et reprendre la route ? Non, bien sûr que non. Il était là pour obtenir des réponses, pour fournir à sa maîtresse les informations réclamées. Sa mission avait occupé ses songes jusqu'à ce qu'elle devienne une obsession et une priorité. Cette précipitation avait été alimentée par sa dernière entrevue avec la vampire. Si il n'avait pas été en quête de rédemption, il aurait sans doutes réfléchi plus loin avant de se trouver ici, à cette heure. A vrai dire, en agissant de la sorte, il espérait secrètement se racheter auprès de Krystel. Il voulait la détourner de son dessein, la détourner des métamorphes et surtout la détourner de Tanwen. Il se berçait d'illusions mais il n'y gobait pas vraiment. Si elle le pardonnerait ? Hé bien, peut être pas. Imaginons que dans ce studio, il n'y ait rien qui ait une quelconque signification, une quelconque importance ? Il risquait sérieusement de se heurter à du vide. Et même dans le cas où il mettrait la main sur quelque chose de juteux, est-ce que la buveuse de sang serait encline au pardon ? Rien n'était moins sûre. Mais ce qui était encore moins fiable c'était qu'elle oublie pour quelques temps ses projets concernant ceux de son espèce. Il était fichu mais il refusait son sort. Plutôt pathétique. Au lieu d'observer les jours défiler passivement, en sachant que la Reine finirait par revenir pour le punir de façon définitive, il voulait tenter une dernière chose, jouer sa dernière carte.

    Il hésitait, c'était vrai. Les risques ne valaient pas vraiment ce gain incertain. Il avait interrogé les voisins au cours de la semaine, à plusieurs reprises et tous affirmaient ne pas l'avoir vu depuis plusieurs semaines. Sous la forme du corbeau, il avait gagné sa fenêtre un jour plus tôt et scruté entre les interstices procurait par les mouvements des rideaux, la pièce principale restée déserte. Son intuition se contredisait chaque instant durant et il n'aimait pas ça. Il valait mieux délaisser cet endroit et se faire une raison. Pourquoi alors, ses mains commençaient à s'agiter ? Accroupi, devant la serrure, il joua de ses crochets. Ses sens en alerte captaient chaque son émanant de l'immeuble tandis que ses rétines déjà habituées à l'obscurité fixaient ses paumes et chaque mouvement effectué. L'entrée fut délivrée au bout de quelques minutes. La nervosité aurait dû nouer ses muscles non ? Il allait mettre les pieds chez une nana jugée dangereuse par la plus redoutable prédatrice qu'il connaisse. Mais c'est pourtant son calme qui continuait d'agir en maître sur ses émotions. L'habitude peut être ? Entrer par effraction, c'était son job. Là pourtant, il passait de voleur à voyeur. Du moins, c'est la sensation que ça lui faisait. Il allait devoir fouiller ce qui ne lui arrivait quasiment jamais car d'ordinaire il sait quoi chercher. Là il devait comprendre, analyser et trouver ce qui se cachait derrière un simple prénom. Violer en profondeur l'intimité d'un individu aurait dû le déstabiliser.

    Le riche héritier posa un pied à l'intérieur du lieu prudemment et referma derrière lui. Les différentes fragrances enchevêtrées gagnèrent ses narines et il en récolta le plus possible afin de saisir le parfum de l'inconnue. Chaque indice qu'il soit ou non olfactif, détenait une part du mystère, il ne voulait rien négliger. Méthodiquement, il parcouru le lieu du regard, s'arrêtant sur les zones jugées intéressantes avant de démarrer ses recherches. Il finit par approcher des meubles tout en enfilant ses gants de cuir noir assortis à son blouson. Son esprit semblait déconnecté de son corps et il effectua les fouilles à la manière d'un robot programmé à détecter les failles. Il ne réfléchissait plus, il agissait. Quand il prenait un objet, il veillait à le remettre aussi sec à son endroit au millimètre près. Son expérience en tant que cambrioleur s'avérait très profitable. Il pouvait retourner toute la pièce sans que la plus maniaque des propriétaires ne le remarque. Ses facultés lui sauveraient peut être la vie ce soir. Après de longues minutes, il tomba sur une feuille étrange où plusieurs noms semblaient inscrit. Camille crut en reconnaître un mais rien n'était moins sûr. Il focalisa son attention sur la calligraphie durant une bonne dizaine minutes afin de les mémoriser puis il replaça le bout de papier là où il l'avait trouvé. Le reste ne fut guère plus concluant, des babioles, des fringues, de la vaisselle. Il en fit vite le tour. Une déception sourde se logea entre ses poumons, les comprimant douloureusement. Franchement, qu'est ce qu'il avait espéré ? Même la liste semblait bien futile, il en ferait part à sa maîtresse mais il doutait sévèrement de son utilité.

    Il n'avait plus rien à faire ici, aussi, il fit quelques pas vers la porte quand celle-ci s'ouvrit. Dans un sursaut, le jeune homme se cacha derrière un des meubles et fut voilé par les ombres. Il coupa instinctivement sa respiration et pria intérieurement pour passer inaperçu. Il pouvait se transformer oui. Mais ses vêtements devraient rester là, une preuve trop évidente de son passage. Il ne devait pas prendre ce risque, se métamorphoser peut être sous les yeux de sa victime. Son cerveau échafaudait déjà toutes sortes de plans. Mais aucun d'entre eux ne l'avait sûrement préparé à la suite des événements. Avec un peu de chance, elle ne le verrait pas et il aurait le temps de filer. Mais savait-il seulement dans quelle demeure il venait de pénétrer ?


Dernière édition par Camille Fontayn le Jeu 15 Mar - 19:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyMer 14 Mar - 14:26

Était ce réellement nécessaire ? Voilà la question qui tourmentait Maryana alors qu’elle observait l’immeuble dans lequel elle avait habité quelques temps. Depuis l’habitacle de la voiture de location, réglée en espèces, la semi démone se demandait en vain si ce n’était pas une immense bêtise que de revenir à sa dernière adresse connue. Il s’agissait probablement de l’endroit le plus risqué auquel se rendre. Celui où on l’attendrait. Elle avait eu conscience des risques dés que sa décision avait été prise. Pourtant, tout lui intimait de retourner dans ce studio impersonnel, de régler les derniers détails qui l’entravaient. Elle devait se débarrasser de sa vie humaine pour de bon et pour cela, elle devait faire disparaître le souvenir de sa fille. De sa chair et de son sang. Il y a quelques jours de cela, elle aurait été effondrée de devoir faire une telle chose. Là, en cet instant précis, elle aurait été en train de vider les larmes de son corps. Ses mains auraient été crispées sur le volant, refusant de le quitter pour accomplir ce pour quoi elle était venue. Mais c’était le passé. C’était révolu. Ou presque. Elle avait enfin goûté au pouvoir, à la puissance, et ce qu’elle avait ressenti était indescriptible. Elle était comme entrée en symbiose avec sa victime. S’était gavée de son sang, de ses cris. Elle avait détruit chacune des étincelles de vie avec sadisme. Et ce meurtre ci l’avait comblée. Plus que tous ceux qu’elle avait pu vivre jusqu’à présent. De nombreux instants comme celui-ci l’attendraient dés qu’elle aurait embrassé sa véritable nature. Dés qu’elle aurait effacé les moindres parcelles humaines qui la ralliait encore à ce monde factice, trompeur, obsolète. Mais pour cela, elle se devait de quitter l’intérieur confiné et protecteur de la voiture. Traverser la rue. Monter les marches. Rentrer dans cette pièce de vie et risquer d’avoir de mauvaises surprises. Elle ne se faisait désormais aucuns soucis, elle pourrait stopper et détruire les entraves de loin. Sans même risquer d’être blessée. Si et seulement si elle arrivait à canaliser assez de pouvoir rapidement. Mais elle devait en être capable. Elle avait déjà vécu cette maîtrise d’elle-même. Nul doute qu’elle pourrait recommencer.

Maryana jeta un regard sur le siège vide à coté d’elle. Sur le téléphone portable prépayé qu’elle s’était procurée. Désormais seul Nathanaël possédait son numéro. Un bref instant, elle se demanda si elle devait le tenir au courant de ses intentions ou non. Après tout ils allaient devoir travailler main dans la main et la confiance était de rigueur. Enfin… ce n’était pas comme si elle allait retrouver d’autres démons pour se rallier à eux. Non, il s’agissait là d’une affaire privée. Quelque chose qu’elle devait de régler seule. Et si tout se passait bien, en l’espace de quelques minutes ce serait réglé. Elle expira un bon coup et quitta l’habitacle. Ferma la voiture. Plus par réflexe que par nécessité, elle vérifia que son arme se trouvait bien dans la poche droite de son jean. Son rythme cardiaque se calma instantanément, lui faisant prendre conscience qu’elle avait jusque là été stressée à l’idée de se jeter dans la gueule du loup. Ses yeux se levèrent et observèrent la fenêtre de son studio. Dans le noir complet. Plus sombre encore que la rue, éclairée par quelques lampadaires. Elle ne fit cependant pas de conclusions hâtives. Même si tout semblait calme à l’intérieur rien n’assurait que ce fût réellement le cas. A l’aide d’un élastique, elle releva ses cheveux et les attacha en un chignon serré, leva la capuche de son pull informe afin de cacher le plus possible son visage. Elle préférait autant passer inaperçue et qu’aucun de ses voisins ne remarquent son passage. Sac à dos sur l’épaule, elle traversa la rue inanimée à cette heure avancée de la soirée.

Devant la porte principale, un doute la parcourut. Et si l’on avait changé les serrures depuis son départ ? Respirant calmement, Maryana introduisit la clef et la tourna ; entendit le déclic familier du verrou qui tournait. La poussant, elle continua sa route. Ne s’arrêtant pas même devant son courrier. A quoi bon. Elle n’avait plus de liens avec qui que ce soit depuis des mois. La seule hypothétique amie qu’elle s’était faite était désormais à ses trousses. Avant d’entamer son ascension, la semi démone ferma les yeux. Elle mit ses capacités en action, sur ses gardes. Est-ce que cela en valait vraiment la peine, se demanda-t-elle une énième fois. Maintenant qu’elle était sur place, elle prenait davantage conscience du danger potentiel qui rodait. Oui. Car avant de découvrir les us et coutumes du monde réel, elle devait impérativement détruire les seules attaches qui la reliaient à cet univers ci. Grimpant l’escalier, elle fit quelques tentatives pour s’assurer que son don avait bien été éveillé. Ainsi, au premier étage elle sentit qu’une soupe ou une sauce était en train de chauffer, qu’au second étage, plusieurs douches étaient activées. Une fois sur le palier du quatrième, elle s’arrêta, tentant de se focaliser sur son propre studio. Lentement, elle se rapprocha, occultant au fur et à mesure les autres évènements qui titillaient son don. Elle devait chercher quelque chose de particulier. Quelque chose qu’elle connaissait parfaitement. La chaleur et l’épaisseur du sang qui coule dans des veines. Ce serait la seule chose qui lui permettrait de s’assurer qu’elle était bel et bien en toute tranquillité une fois la porte franchie. Qu’elle pourrait détruire ses souvenirs sans dérangement.
Au premier abord, tout lui sembla calme, mais lorsque sa main se posa sur la poignée de la porte, elle remarqua immédiatement que cette dernière n’était pas fermée à clef. Ce qui était impossible. A moins que quelqu’un n’eût pénétré chez elle. Ou qu’il y soit en cet instant précis. Pourtant, son don n’avait pas détecté de quoi s’affoler. Peut-être n’était elle pas assez préparée. Peut-être avait elle surestimé ses capacités. Lentement elle pénétra à l’intérieur, ne pouvant réellement se faire discrète à cause du couinement de la porte d’entrée. Dans l’obscurité, elle fit à nouveau appel à ses capacités, sonda les moindres recoins de la pièce. Puis elle ressentit un petit fourmillement. Là, non loin d’elle. Quelqu’un. Ce qui était certain, c’est qu’il était seul. Et qu’il ne voulait pas être découvert. Son sang battait si faiblement… se faisant aussi discret que la personne en laquelle il circulait. Un squatteur ? Qu’importe, il avait pénétré dans le mauvais endroit. Au mauvais moment. Elle ne pouvait courir le risque de se faire découvrir ici. Agissant comme si elle ignorait sa présence, elle alluma la lumière, ferma la porte à clef et mit le trousseau dans sa poche gauche. Elle posa son sac sur la table et se dirigea vers la commode. Regarda la photo de sa fille avec attention. Sa voix s’éleva.

- N’espères pas pouvoir t’échapper. Je n’aime pas que l’on pénètre chez moi et tu vas découvrir ce que je réserve aux profiteurs de ton espèce.

Se faisant elle se retourna et plongea la main dans sa poche droite afin d’en sortir son arme. Mais lorsqu’elle aperçut son visage, elle se stoppa. Il lui semblait connu. Du déjà vu. Et cela n’indiquait rien de bon. Non. Parce qu’ils s’étaient d’ores et déjà rencontrés, sa présence ici n’était pas une coïncidence. Les veines en feu, le corps tremblant de rage, elle se mit sans le vouloir à faire exploser la tuyauterie de son évier. L’eau s’échappa en un jet puissant avant de flétrir dans les quelques secondes suivantes. Son regard lui n’avait pas quitté le jeune homme. Simple reflet de la violence qui souhaitait s’exprimer mais qu’elle retenait encore.

- Tu ferais mieux de m’expliquer ce que tu fais chez moi et de me rappeler pourquoi ton visage me semble familier. Rapidement.

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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyJeu 15 Mar - 19:48

    Franchement avait-il réellement cru pouvoir lui échapper ? Oui, bon, peut-être un peu. Son arrogance était une piètre alliée et il aurait dû le savoir mieux que quiconque. Après tout, Krystel n’avait pas mentionné les risques que comporter une future rencontre? Dangereuse et pas totalement humaine. Oublier ces détails relevait de l’idiotie, se retrouver coincé entre un mur et un meuble alors qu’elle le dévisageait étaient bien plus stupide. Il aurait dû rester au centre de la pièce pour mieux faire passer l’alibi qu’il échafauda mentalement entre quelques battements de cils. Si elle semblait sur le point de le tuer ? Nul ne pouvait le dire et encore moins Camille. Il ne la connaissait absolument pas, anticiper ses actes ne faisait pas partie de sa stratégie. De toute façon, il n’avait plus rien à perdre. Mis à part sa vie mais ça, hé, il était un peu trop tard pour y penser. Elle lui prouva d’ailleurs qu’il était déjà pris dans sa toile, englué dans le fil de l’araignée. La tuyauterie céda sous une force qu’il ne put discerner. L’eau siffla à la suite avant de fendre l’air. Ca ne semblait pas être un fait naturel, ça n’en était pas un du tout. Si elle voulait jouer sur l’effet, ça marchait plutôt bien. Bien qu’il restait imperturbable face à son interlocutrice, le regard droit, la trouille roulait déjà sur son épiderme tel une onde qui activait ses fonctions cognitives sous le coup de cette impulsion. L’adrénaline lui permettait d’exploiter au maximum leur potentiel. Le jeune homme analysa sommairement du coin de l’œil les objets l’entourant – au cas où. Il doutait pouvoir se défendre dignement surtout si elle possédait des pouvoirs qui dépassaient son imagination et son entendement. Son esprit esquissait un milliard de schémas mais aucun ne lui semblait envisageable pour l’instant. L’issue trop éloignée et l’assaillante trop imprévisible. Le voleur leva les mains en signe de paix et montra de la sorte qu’il n’avait rien au creux des paumes – ça pouvait peut être l’apaiser de savoir qu’il était aussi inoffensif que ça. Enfin, il en doutait. Elle ne devait pas craindre grand-chose alors… Sa main dans sa poche indiqua au corbeau qu’elle était peut être en possession d’un moyen de défense. Pas sûr mais avec ce qu’elle avait dit et fait un peu plus tôt, ça ne serait pas surprenant. Ce qui la retint dans son geste ? Elle l’avait reconnu, enfin presque. Si elle avait mis autant de temps à replacer son visage, il ne s’était pas trompé. Elle avait été loin d’être intéressée… Peu importait ? Pas vraiment, si il avait réussi à la séduire peut être que la suite aurait été plus aisée. Quoique…

    « Camille Fontayn. On s’est déjà rencontré, j’ai tenté de vous soutirer un rendez-vous, il y a quelques temps. Vous m’avez donné un numéro qui s’est avéré être faux. »

    La vérité en premier, ça ne servait à rien de lui servir des salades si il pouvait l’éviter. Le mensonge est traître quand il est mal manié. Aussi, s’il pouvait s’en passer, il ne s’en privait pas. Pourquoi avoir expliqué autant de choses inutiles comme le numéro de téléphone ? Pour qu’elle comprenne ses motivations. Son obsession à la retrouver. Rien de plus de tentant que quelque chose qui vous échappe non ? Devait-il esquissé un rictus ? Non, trop tôt. Il ne voulait pas avoir l’air ironique ou moqueur dans une situation pareille. Surtout que ça n’était pas le cas. Ses intonations inflexibles attestaient de sa conviction.

    « Je ne cherchais qu’à vous revoir, rien de plus. »

    Il commençait à mentir ? Non, car il était sincère. Sauf que les raisons n’étaient pas celles qu’elle devait envisager. S’il avait voulu la voir ça n’était pas sous l’influence d’un coup de foudre. Mais elle l’ignorait. Jouer sur les mots, manipuler les arguments, c’était ça sa seule issue pour l’instant. Au moins, il avait pu tricher un peu sans abuser.

    « Excusez-moi, je n’aurai pas dû me permettre de rentrer. La porte était déjà ouverte, j'ai cru que vous étiez à l’intérieur. »

    Il lui offrit un regard franc, prouvant qu’il pensait ce qu’il disait. Oui, il n’aurait pas dû se trouver là. Néanmoins, elle ne pouvait pas remarquer son passage dans le studio, un point pour lui. Il n’avait rien dérobé et tout se trouvait à son endroit au millimètre près. Rien ne pouvait attester de ses réelles intentions. Il avait même une excuse pour s’être glissé derrière son mobilier. Maintenant, restait à savoir s’il saurait être convaincant. Le riche héritier avait appris à mentir avec brio depuis sa tendre enfance. Quand il s’était découvert métamorphe, il avait dû affûter cet art pour conserver son secret. Jusqu’ici il avait réussi à faire tenir les éléments en place. Jusqu’ici… Le français détaillait le visage fermé de son opposant. Ce qu’elle projetait ? Hé bien, il finirait bien par le savoir… La peur lui noua l’estomac désagréablement mais il ne laissa rien paraître. Il resta collé contre le mur par mesure de précautions. Inutile de faire un pas, cela la provoquerait pour sûr.
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyDim 18 Mar - 22:19

Phénomène de surprise. Oui, elle pouvait tenter de se justifier de la sorte. Une fois de plus elle avait manqué de discrétion. Une fois de plus elle avait dévoilé ce de quoi elle était capable. Comme si certains évènements passés ne lui avaient pas suffisamment causé de torts. Elle n’avait que trop pris le devant de la scène et les retombées n’avaient jamais été des plus positives. Il s’agissait là d’un bel euphémisme. Elle aurait du en tirer des leçons. Mais le fait était là. Elle avait augmenté la pression de l’eau des canalisations. Avait étreint chacune des molécules comme s’il s’agissait du coup de son invité surprise. Elle avait fait exploser sa tuyauterie de façon peu naturelle. Et ce, devant un pur inconnu.
Pas si inconnu. Les yeux rivés sur lui, elle attendait l’explication de celui ci. Sa main s’était retirée de sa poche et tapotait nerveusement sur sa cuisse afin d’oublier les vagues que son don manifestait en elle pour s’exprimer. Elle n’était donc pas totalement fautive du petit débordement qui avait eu lieu. Il était clair que ses émotions jouaient énormément. N’étant pas réellement habituée à les ressentir, lorsqu’elles se pointaient aussi fortes, il était inévitable qu’elle ne puisse pas les contrôler. Elle trouverait un mensonge par la suite pour justifier cet évènement.

Quelques instants, elle fut surprise par sa propre réflexion. Pourquoi chercherait-elle à s’expliquer. Cela n’avait aucun sens. Il était de toute manière hors de question qu’il quitte l’appartement vivant. Rapidement, elle se demanda si laisser un cadavre dans son appartement aurait une quelconque conséquence. Certes, elle était à priori recherchée. Mais pour l’instant elle avait réussi à se fondre dans la masse. Elle avait fait croire à un départ. Mais qu’un mort soit là, chez elle, laisserait sous-entendre qu’elle était toujours sur la terre écossaise. Et là elle n’aurait probablement plus autant de chance pour échapper aux autorités. Ce n’était pas une excellente idée. La voiture, non plus. Et elle ne pourrait le transporter mort. Malgré tout elle restait une femme d’un léger gabarit et elle n’aurait pas la capacité de le descendre à la force de ses bras. L’emmener vivant et conscient avec elle ? Et décider de son sort avec Nathanaël ? Il s’agissait peut être là de la solution la plus judicieuse. Mais pour cela elle devait agir d’une façon nouvelle. Elle essaya de faire taire sa colère et d’adoucir son regard. Sans aucune certitude que cela fonctionnait réellement. Elle resta tout de même attentive à ce que son interlocuteur faisait. Et allait dire… Ses muscles étaient cependant plus relâchés et son pouvoir avait cessé d’essayer de la submerger. Il sommeillait juste en elle. Comme une force tranquille. Prêt à se déchaîner à son commandement. Rien qu’à l’idée elle se sentit émoustillée. Briser l’homme qui se trouvait devant elle. Un fantasme sadique qui prenait peu à peu place dans son esprit. Un sourire arriva discrètement sur ses lèvres. Sourire qui devint une exclamation comique peu de temps après les explications de… Camille puisqu’il se nommait ainsi.

Pouvant désormais détailler ses traits elle revit en coup de vent la soirée. La prenait il réellement pour une imbécile ? Jamais homme n’avait voulu la revoir. Pas depuis sa relation avec Logan. Et là, il aurait recherché son adresse, serait venu lui rendre visite alors qu’elle avait été d’une froideur incontestable ? Soit il était réellement stupide et n’avait pas lu dans son attitude le rejet pur et simple, soit il était quelque part un peu masochiste. A moins qu’il possédât cette persévérance et cette fougue que les jeunes gens possédaient lorsqu’il s’agissait de sentiments. Elle-même avait totalement oublié de quoi il s’agissait. Peut-être en aurait elle fait de même à l’époque. Si elle avait conservé cette belle innocence. Plus elle l’observait, plus elle remarqua qu’il ne devait pas être bien âgé. Voyant qu’il ne s’approchait, ce fut elle qui fit le premier pas. Le rire s’étouffant petit à petit. Au mois, elle avait désormais la balle dans son camp. Ce ne serait pas facile, elle en avait pleinement conscience. Etre agréable avec les autres êtres vivants qui peuplaient cette Terre n’avait plus fait partie de ses prérogatives depuis longtemps. Alors le charme… Il s’agissait presque d’un concept inédit pour elle. Pourtant elle allait devoir s’y exercer et réussir avec une dextérité qu’elle n’était pas certaine de posséder. Piètre oratrice, elle n’avait aucunement brillé jusqu’à présent et n’avait convaincu personne grâce à son jeu de comédienne. Pourtant, cela devait fonctionner cette fois ci. Elle s’arrêta à deux bons mètres de lui afin de ne pas l’effrayer. Sa main gauche se posa sur la table, dans sa droite, elle avait toujours le cadre qui contenait la photo de sa fille. Elle baissa légèrement la tête. D’une afin de pouvoir se concentrer sur ce qu’elle allait bien pouvoir dire, de deux pour ne pas que ses pensées meurtrières ne se lisent sur son visage.

- Je suis navrée de t’avoir effrayé. J’avoue que je ne m’attendais pas à avoir de la visite. Surtout à une heure aussi avancée. Mais je me sens flattée. Vraiment. Souhaites-tu boire quelque chose. Enfin de l’eau. Parce que je n’ai plus grand-chose dans mon frigidaire. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour racheter ma mauvaise conduite ce soir là.

De sa main, elle lui indiqua le divan afin qu’ils s’y assoient tous deux. Mais lorsque son regard erra prêt de l’évier elle soupira. Elle devrait s’absenter dans sa pièce d’eau pour lui servir à boire. Ne restait plus qu’à espérer qu’il ne dise non. Par réflexe, elle vérifia que les clés étaient toujours dans sa poche gauche.


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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyLun 19 Mar - 22:47

La canalisation qui lâche, il avait décidé de l’ignorer pour son bien. D’ailleurs, elle avait enchaîné sans même le mentionner. Croyait-elle qu’il n’avait rien remarqué ? Peu importait. Quelque chose dû froisser ses pensées car son expression entière se transforma d’un seul trait. La question restait «  quoi ? ». Qu’est ce qui avait provoqué ce revirement si soudain, trop soudain. Est-ce que comme l’araignée perchée depuis son fil, elle contemplait sa proie, avide de la dévorer, pressée de n’en faire qu’une bouchée. Pressée ? Non, de toute évidence, elle voulait prolonger le jeu. Comment ne pas se méfier ? Cette attitude n’était pas normale, on avait beau y regarder sous tous les angles, défaire chaque couture de la situation. La jeune femme venait juste de choisir sa méthode. Sûrement. Comment pouvait-elle accueillir un étranger qui avait pénétrer dans son appartement sans son consentement ? Comment pouvait-elle s’adresser à lui avec autant d’hospitalité ? Elle ne l’aimait pas, elle n’était même pas un semblant attirée par lui. Ce point avait toujours été clair et ce dès les premiers instants où il avait cherché à la séduire. Le faux numéro, l’oubli de son identité et puis sa façon de l’observer. Vraiment, elle n’avait cherché qu’à l’éjecter de son horizon durant leur première rencontre, pourquoi en saurait-il autrement alors qu’il venait de passer pour une sorte de pervers collant ? Tout ce scénario clochait, il semblait encore plus sournois et vicieux que ce qu’il avait anticipé en premier lieu. A quelle sauce allait-elle le croquer ? Telle était la question. Et le corbeau n’avait pas vraiment hâte de découvrir la réponse s’y rattachant. S’il avait envie de fuir ? Evidemment. Décliner son offre parut salvateur mais il n’en était rien. D’une part, il se voyait mal refuser un verre après l’alibi qu’il lui avait présenté. S’il était complétement sous son charme, il devait être plus qu’heureux d’accepter son invitation. D’autre part, c’était l’occasion. L’occasion d’en apprendre davantage, n’était-il pas venu dans ce but ? Et pour conclure, il doutait qu’elle le laisse filer aussi aisément, surtout si son raisonnement antérieur tenait la route – et il le tenait certainement. Il lui suffit de repenser à ses motivations pour récupérer la force nécessaire. Se jeter dans la gueule du loup nécessitait une certaine énergie, l’action demandait également une certaine dose de démence. Il savait où piocher la folie, tant mieux pour lui. Ca n’était pas comme si il lui était resté un semblant de choix de toute façon.

Il se permit de sourire cette fois-ci, creusant par ce geste la fossette au creux de sa joue gauche. La partie ne faisait que commencer. Avec un peu de chance il s’en sortirait en un seul morceau, il fallait l’espérer au moins.  Le voleur suivit le mouvement observer par sa main menant son regard jusqu’au divan. Il revint ensuite se poser sur le cadre qu’elle tenait dans sa paume, il n’y avait pas fait attention jusque-là. Il ne jeta qu’un œil furtif sur la photographie. Mieux valait se montrer discret. La frimousse qu’il entrevu appartenait à une enfant. Comme il n’avait pas pris le temps d’analyser le portrait, il lui était impossible de déterminer l’âge de la gamine, pas plus qu’établir un lien de parenté ou non avec la propriétaire du studio. Du détail vous dites ? S’il avait bien appris quelque chose au cours de sa vie, c’était que chaque minuscule élément peut se révéler d’une importance capitale. Surtout si ceux-ci se perdent entre les doigts d’une inconnue au comportement déplacé. Le riche héritier se décolla progressivement de son pan de la pièce tout en gardant son rictus.

« Ce n’est rien, c’est ma faute. Je n’aurai pas dû chercher à vous voir à une heure pareille. Je ne voudrais pas vous importuner. C’est moi qui me suis mal comporté en franchissant votre seuil. »

Était-il entrain de revenir sur sa décision ? Pas vraiment, il aimait jouer de politesse quand il se trouvait dans une situation délicate. Sa couverture – ce qu’il était censé être, devenait une sorte de refuge, son seul rempart, il se repliait derrière elle quand il en avait besoin. Cette personnalité-là avait une existence saine – enfin à peu de choses près. Elle avait au moins le mérite d’avoir des directions tracées à défaut d’avoir un sens. Incohérent ? Vous ne diriez pas ça si vous aviez été élevé chez les Fontayn. Mais ceci était une autre histoire. Toujours était-il qu’il s’était présenté à elle comme le fils prodige d’une famille fortunée. Pas comme le cambrioleur changelin. Dédoublement de la personnalité inquiétant ? Non, il ne faisait qu’endosser un rôle qu’il avait toujours refusé rien de plus. Arrêtons là l’égarement. Le jeune homme fixait son interlocutrice avec parcimonie, jaugeant uniquement ses yeux durant des laps de temps étudiés. Pas trop long pour ne pas qu’elle croit qu’il se languissait d’elle d’une façon indécente. Et pas trop peu afin qu’elle ne pense pas qu’il cherche à éviter son regard, attestant de son mensonge.

« De l’eau sera parfait, merci.  »

Il enjamba les quelques mètres le séparant du divan, il frôla au passage du coud le bras de la brunette. Il s’assit alors lentement, son cerveau cherchait encore à anticiper la suite mais il savait intérieurement qu’il ne pourrait jamais être préparé à ce qu’il allait suivre. Il méconnaissait le lieu, la femme, son potentiel mais surtout ses intentions. Il attendit sagement qu’elle apporte les rafraîchissements tandis que ses sens traquaient la pièce, les froissements qu’elle effectuait en se mouvant. Chaque indice auditif était bon à prendre. Ce qu’il avait de son côté ? L’agilité propre à son espèce, l’acquisition de sens plus affûtés que ceux d’être humain basique. Mais cela suffirait-il à sortir de là vivant ? Le français songea à son paquet de cigarettes qui pesait toujours dans la poche de son blouson. Ça n’était pas le moment pour s’encombrer de ça. Il ne voulait rien avoir entre les doigts même si ça l’aiderait à décompresser. Il tourna la nuque vers l'endroit qui abritait la jeune femme au bout de quelques minutes. Il avait la désagréable impression d'être mis trop à nu de là où il se trouvait, de drôles de picotements lui chatouillaient sans répits le cou comme pour lui indiquer son manque d'attention occulaire. Il avait cherché à palier cette cécité partielle par l'ouïe mais dans ce genre de moment, il fallait avouer que la vue revêtait davantage la notion de sécurité que l'audition. Il laissa son regard détailler la pièce. L'obscurité ne lui ôtait pas grand chose – rien du tout pratiquement, de ses capacités oculaires habituelles, son œil était entraîné à cela.

«  Si je peux vous aider, n'hésitez pas à me le signaler.  »

Il parlait des boissons mais aussi du robinet. La plomberie n'était pas son rayon mais il savait tout de même couper une arrivée d'eau – sait-on jamais. Se rendre serviable ne semblait pas être complètement incohérent. Surtout qu'il était celui en tort.
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyJeu 29 Mar - 20:37

Concentrée, Maryana espérait ne rien laisser paraître. Dans sa tête, les pensées se bousculaient par dizaines, échafaudant un plan. Croyait elle réellement ce que son invité surprise lui avait donné pour explications, elle ne saurait le dire. Quoi qu’il en soit, même si elle pouvait lui accorder sa bonne foie, elle ne pouvait courir le risque de le laisser partir. D’une cela paraissait tout de même suspect ; de deux, elle ne s’était que trop dévoilé lorsqu’elle avait découvert sa présence dans son habitat. Elle savait qu’il était impensable qu’il ressorte indemne de l’appartement. Ses doigts tremblaient légèrement, la démangeait. Elle se remémora le meurtre commis quelques nuits plus tôt, dans cette ruelle, avec Nathanaël. Et elle brûlait de recommencer. De lier le nécessaire à l’agréable. Mais elle avait déjà fait le tour de la question, elle ne pouvait pas se le permettre. C’était bien trop risqué au vu de la situation dans laquelle elle se trouvait depuis maintenant des semaines. Elle devait l’amener à sortir avec elle de son plein gré. Si la tâche lui paraissait ardue sur le moment ? Oui. Mais elle n’avait pour ainsi dire pas le choix. Elle savait désormais ce qu’elle devait faire. Comment elle devait procéder également. Mais pour cela elle devait se baser sur le postulat qu’il était bel et bien attiré par elle. Qu’il n’avait pas menti sur ce point ci.
Elle était une belle femme, elle le savait. Se nourrissant que très succinctement, pratiquant une activité physique régulière grâce à ses activités de tueuse, elle avait une ligne svelte. Son teint légèrement basané et ses lèvres pouvant être décrites comme pulpeuses hérités de sa mère jouaient également en sa faveur. Avant que ne commence sa descente aux enfers, elle avait pu observer les regards lubriques des hommes. Des femmes également. Mais depuis qu’une aura froide l’entourait elle repoussait les autres. Ce qui n’était pas pour lui déplaire. Néanmoins, elle allait cette nuit là redevenir la femme sensuelle et charmante qu’elle avait été autrefois. Car quoi de mieux que la séduction pour mettre un homme en confiance ? Au cours de ses expériences, elle avait bien appris une chose, dés lors que leur appétit sexuel était mis en éveil, ils avaient bien du mal à se contrôler. Pour la plupart. Elle espéra que ce serait le cas de ce cher Camille Fontayn. Jusqu’à preuve du contraire, il était un mâle. Jeune certes. Mais mâle.

Lorsqu’il s’excusa et commença enfin à se détendre, elle lui sourit. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, la séduction était une question de rapprochement. Que ce soit physique ou psychique. Il fallait briser les barrières, une par une, afin d’instaurer une sorte de confiance. Une confiance qui se ressentait et qui faisait planer un climat serein, agréable. Ce qui était pour le moment loin d’être le cas. Cependant, son désormais invité se dirigea de bonne grâce vers le divan, comme elle le lui avait suggéré. Et le fait qu’il lui tourne le dos pour s’y rendre était plutôt positif. Il lui faisait donc un minimum confiance et elle avait apparemment réussi à la rassurer. Lorsqu’il passa près d’elle, il commença à abaisser une barrière, effleurant son coude. Volontairement ou non ? Qu’importe. Elle était sur la bonne voie. Elle se mit néanmoins à grincer des dents lorsqu’il accepta le verre d’eau. Maryana se sentait plutôt confiante, mais pas au point de le laisser seul dans la pièce principale le temps de rejoindre la salle de bain. Quoi qu’elle pourrait toujours avoir un œil dessus. Après tout, une simple porte séparait les deux pièces. Elle-même tourna son dos lorsqu’elle farfouilla dans ses placards à la recherche d’un verre. Une fois fait et le placard refermé, elle sécha rapidement son évier trempé à l’aide d’un linge, histoire de rendre l’endroit un peu plus visible. Un silence s’installa durant quelques secondes. Ce qui n’était d’après elle pas bon signe. Fort heureusement elle n’eut pas à s’occuper de briser la glace puisqu’il s’en chargea pour elle. Tout le plus naturellement du monde elle lui répondit tout en ouvrant la porte menant à la salle d’eau.

- Ne te dérange pas. Depuis le temps que je me dis que je dois contacter un plombier. Voilà quelque chose qui me forcera la main.

Une fois le verre plein, la semi démone ôta son pull et détacha ses cheveux, prenant son aise et une apparence plus féminine. Elle tourna lentement sa têt afin de détendre sa nuque et pris deux ou trois inspirations, regard rivé vers le miroir qui était en vis-à-vis avec la porte d’entrée. Elle sortit de la salle de bain, saisissant au passage la télécommande de son poste radio. Elle-même exécrait la musique depuis plusieurs années et avait une prérogative pour le silence. Mais on disait que la musique adoucissait les mœurs. Une fois de plus c’était une chose tout à fait indiquée.
En quelques pas elle rejoignit le divan et posa le verre sur la table basse, tout en posant la main sur l’épaule du jeune homme en un geste qu’elle voulait naturel. Comme s’il l’aidait à tenir en équilibre. Se faisant elle continua sur sa lancée.

- Tu sais Camille, j’ai un principe. Quand on passe chez moi à l’opportuniste, le vouvoiement devient superflu.

Elle lâcha le verre et l’épaule et s’installa en face de lui, une jambe repliée sous elle-même, le dos légèrement cambré afin de gonfler sa poitrine. Elle l’observa quelques secondes avant de lui poser la question qui était selon elle le cœur de la vérité.

- Je peux te poser une question ? Comment as tu trouvé mon adresse ? Je ne me souviens pas te l’avoir donnée.

Sourire sur les lèvres, son regard le scrutait afin de découvrir la moindre émotion qui pourrait le traverser. Non, elle ne laisserait rien passer.

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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyMar 3 Avr - 22:33

Le temps de son absence suffit à le faire douter de sa ligne de conduite. L’issue semblait si proche, il suffisait de mettre un pied devant l’autre pour s’arracher au lieu. Franchement, il serait absurde de ne pas tenter. Il risquait de toute façon sa peau, pire, il lui offrait en restant placidement assis dans les coussins. L’ombre de cette hésitation s’égara un peu plus loin quand elle revint dans la pièce principale. Peu importait, finalement. Il avait déjà choisi les règles à défaut d’avoir voulu le jeu. Si il devait vendre sa carcasse pour sauver la mise et garder les apparences intactes, qu’il en soit ainsi. L’adrénaline captivait ses sens, les forçant toujours à traquer chaque signe invisible. Mais à force de fouiller les ténèbres et son abstrait, il en oublia le concret. La main de son hôte le déstabilisa bien qu’il fût assez maître de lui-même pour ne pas le laisser paraître. Une nouvelle dose de stress qu’il goba d’un sourire étudié. Ceci n’était qu’une mascarade semblait-il alors. Toucher quelqu’un, c’était franchir une certaine barrière. Bien sûr, rien d’osé ou d’aguicheur. Néanmoins, cela ajoutait de l’intimité là où les mots s’échouaient. Un autre pan de cette stratégie. Les dés étaient jetés, elle venait de placer ses pions sur le plateau. A lui de savoir ce qu’il allait faire des siens. Le plus indiqué semblait bien de continuer sur le terrain de la séduction. Même si elle était insensible à ses charmes, il devait prétendre l’innocent coup de foudre, l’idylle abrutissante. La jeune femme avait amené avec elle en plus de ses doigts, un verre & un fond sonore. Bien. Tout allait dans cette direction pour un mieux ou pour un pire. Mais il ne pouvait pas le savoir sans continuer sur ce chemin. Par ailleurs, elle appuya ses actes par la parole. Le tutoiement donc. Il pourrait s’en accommoder. Un moindre mal. Il n’avait pas loupé sa soudaine décontraction, le changement vestimentaire et les cheveux. Faisait-il exprès de la reluquer. Soyons sérieux et raisonnons intelligemment. Il se devait d’analyser et retenir tous les éléments l’entourant. Encore plus vrai quand il s’agissait de l’instigatrice de sa parano soudaine. Ou devrions nous dire prudence ? Bref. Il laissa son regard onduler sur le mouvement qu’elle observa en s’asseyant face à lui. Désarçonner par sa question ? Le rictus du corbeau s’élargit sans faillir un seul instant. C’était bien la première interrogation à laquelle il s’était préparé alors.

Elle avait mis en avant sa poitrine, bien. Lui courba le dos et la nuque dans sa direction pour prendre son verre, annihilant une bonne partie de la distance s’imposant entre leurs deux corps. Il maintint cette position durant quelques secondes avant de s’emparer de son verre, le temps de murmurer sa réponse. Elle n’était pas mijotée ou trop construite, elle se voulait spontanée.

« Seul un nom suffit quand on a quelques relations dans la police. »

Fanfaronner n’avait rien de glorieux mais si vous aviez une meilleure solution… Lui dire la vérité ne le rendrait que plus dégoûtant. Il l’avait suivi - traquée, jusque-là pour obtenir son adresse. Sa seule relation avec la police n’était pas le genre à lui fournir des informations de ce type. Mais au moins, il ne mentait pas sur toute la ligne. Enfin, il s’en était convaincu. Le riche héritier reprit place dans le canapé. Il fixa les yeux de la brunette longuement. Il pensait à ce récipient au creux de sa paume – il n’aimait pas avoir un objet encombrant chacun de ses gestes. Il songeait cependant davantage au liquide qu’il contenait. Si c’était pire qu’un obstacle, un véritable piège. Elle pouvait avoir aisément plongé de la drogue, un somnifère ou Dieu seul savait quoi. L’odeur du poison pouvait peut-être être identifiée s’il se concentrait. Mais il n’en était pas certain. Aussi entraîné fut-il à évoluer dans des lieux confinés et hostiles. Jamais, il ne s’était infiltré et avait cherché à soudoyer un inconnu. Une première. Il devrait remédier à ses lacunes. S’il restait en vie. L’eau effectuait des vagues alors qu’il faisait bouger la soucoupe entre ses mains. Ses prunelles n’avaient pas désertées celle de Maryana, il scrutait chaque teinte s’y fracassant, en quête de renseignements. Mais comment pouvait-il deviner juste avec les lueurs de son regard ce qu’elle était, ce qu’elle voulait et ce qu’elle mijotait.

« A mon tour de te poser une question. »

Sa voix s’était légèrement adoucie invitant à la complicité tandis qu’il gardait son sourire accroché à ses joues. Feindre cette attirance ne fut pas forcément difficile bien qu’il demeurait tendu et aux aguets. L’ambiance s’y prêtait comme elle l’avait voulu. De plus, elle était loin d’être repoussante. Ne vous méprenez pas, il ne comptait pas s’en enticher pour de vrai. Il avait déjà assez de soucis avec la gente féminine et puis… Quelqu’un d’autre s’occupait déjà d’engendrer des troubles aortiques. Mais il fallait se refuser à ses songes pour l’instant. Ils étaient incorrects et indisposaient le volatile. Ca n’était pas l’heure.

« Pourquoi m’accueilles-tu de la sorte ? Ne te mpérends pas, cela me ravit. Mais j’ai du mal de comprendre. Je croyais que tu ne m’appréciais pas. »

Des confidences honteuses, quelle idée ! La franchise et l’honnêteté pouvait payer et il valait mieux avancer sur cette voie que de régresser sur celle du mensonge. La sincérité amenait plus rapidement un semblant de confiance n’est-ce pas ?

« Si j’avais su… Je me serais déjà présenter à ta porte depuis longtemps. »

Il lui coula un regard un peu provocateur avant de porter le breuvage à ses lèvres. Il ne pouvait pas éternellement le tenir sans jamais le goûter. Maintenir cette atmosphère « conviviale » était la première nécessité. S’il finissait par en crever… Hé bien, d’une manière ou d’une autre, elle aurait pu parvenir à ses fins. Le flot traversa son œsophage mais ne brûla rien sur son passage. Il fallait croire que rien d’anormal n’avait été apporté à ce nectar. Parfait. Le voleur reposa son verre sur la table basse tout en continuant de la détailler silencieusement. La balle était dans son camp désormais. Allait-elle lui renvoyer délicatement comme il venait de le faire ou bien lui renverrait elle dans les dents sans ménager sa force ?
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyVen 27 Avr - 23:39

Une fois de plus elle se retrouvait à devoir mêler réflexes humains et raisonnement démoniaque. Si ce n’était qu’avant elle ne pouvait mettre des mots sur ces deux personnalités qui n’avaient de cesse de s’entrechoquer. Autre différence, elle avait une légère tendance à laisser sa part de femme prendre le dessus dans les situations délicates. Elle se revit pleurer dans sa voiture suite au massacre qu’elle avait perpétué à Edimbourg. Rongée par la culpabilité, le remord. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis sa rencontre avec Nathanaël. Depuis qu’elle était en train de fuir toute rencontre avec les forces de l’ordre. Alors que la situation présente lui aurait causé du souci d’un point de vue émotionnel il y a seulement quelques semaines elle se sentait désormais capable de l’assumer. Il suffisait simplement qu’elle trouve le juste milieu entre la manipulation et la spontanéité. Une façon d’aborder ce qui allait suivre avec suffisamment de recul pour être capable d’agir en temps voulu avec méticulosité mais également une façade moins calculatrice pour éveiller le moindre soupçon. Il fallait en quelque sorte qu’elle mette sa part démoniaque en veille. Mais cela s’avéra plus compliqué que ce qu’elle ne l’aurait pensé. D’une parce qu’elle avait eu du mal à ne pas s’écarter de son visiteur opportun lorsqu’il s’était rapproché d’elle afin de saisir son verre. A cet instant précis des envies macabres avaient pris le dessus. Un cou brisé, un hurlement de douleur. L’hémoglobine qui s’échappe de part et d’autres. Ses mains en avaient tremblées. De deux, parce qu’il agitait constamment sa boisson sous son nez. Son don était en alerte. Elle se flagella intérieurement pour ne pas baisser les yeux vers le liquide qui tournoyait, qui semblait l’appeler. Qui réveillait des envies plus qu’aucun être humain ne pourrait le faire. Elle se doutait que son regard devait avoir une lueur de désir. Finalement cela pouvait peut-être jouer en sa faveur.

Heureusement pour Camille, c’était cette même personnalité qui l’avait sauvé lorsqu’il avait évoqué la police. Parce qu’elle s’était rappelé de sa réflexion puis de sa décision. Attendre. Dehors. Si elle avait laissé libre cours à sa crainte, sa peur, ces pauvres sentiments humains elle n’aurait su s’y tenir. Car s’il avait des contacts avec les forces de l’ordre il se pouvait qu’il en fasse lui-même partie. Après tant de semaines à échapper aux mailles du filet s’y retrouver piéger si facilement l’aurait faite paniquée. Mais elle avait la situation bien en main. Se rapprochait donc t’elle de ce qu’elle cherchait. L’équilibre parfait pour maintenir sa couverture ? Elle n’en semblait pas éloignée. Quand bien même il semblait encore lui manquer quelques mécanismes afin d’être aussi sociable qu’un humain devrait l’être. Elle ne le quittait pas du regard, l’observait silencieusement, son don constamment titillé. Etait-ce à elle de parler à nouveau ? Elle n’aurait su le dire. L’interroger d’avantage sur ses relations avec la justice lui paraissait peu approprié. Imprudent même. Y montrer trop d’intérêt risquerait de lui mettre la puce à l’oreille et il s’agissait là de quelque chose à proscrire absolument.
Lui-même la regardait. Ne semblait pas gêner le moins du monde par cette observation muette. Il semblait emprunt d’une confiance en lui. Non pas arrogante mais simplement sereine. Peut-être même un peu provocatrice, mais elle ne pouvait l’affirmer n’ayant cherché à décrypter les attitudes de ses presque semblables depuis déjà des années. A moins que ce ne fût le ton qu’il employa pour s’adresser à elle qui lui donna cette impression. Le tutoiement tel qu’elle le lui avait demandé, la voix calme qui appelait selon elle à la séduction. Elle se contenta de garder son sourire attendant sa demande. Une acceptation tacite donc. En elle cependant tout se mettait en marche, cherchait la cohabitation et le travail en équipe. Son esprit pratique et précautionneux pour trouver une réponse adéquate et ses instincts féminins pour le faire en bon temps et du bon ton.

Son souffle se coupa lorsqu’il formula son interrogation. Brièvement. Juste le temps que tout se mette à bouillonner et travailler d’un commun accord en elle. N’ayant plus l’habitude pour ce genre d’exercice il lui était difficile de prévoir à l’avance leur conversation. Pourtant elle aurait du y songer. Il était évident que les deux habitudes diamétralement opposées dont elle avait fait preuve en sa présence l’amènerait à de l’incompréhension. Malgré toute la suspicion qu’elle éprouvait à son égard, elle ne put que le trouver sincère dans sa démarche. Mais rien n’indiquait qu’elle devrait en faire de même. La vérité ? Elle ne pouvait la dire. Dégoutée du contact avec les autres, elle ne supportait pas qu’on l’approche. La seule fois où elle s’était accordé le luxe d’avoir un amant elle n’éprouvait réellement du plaisir que lorsqu’elle le torturait et le saignait durant leurs ébats. Et même cela avait fini par l’exécrer. Voilà ce qu’elle ne pouvait pas raconter. Alors elle allait mentir. Elle. Et le faire mentir lui. A lui-même. Rien de bien compliquer dans cette démarche. Ne l’avait elle pas réalisé il y a seulement une ou deux nuits de cela ? Mais cette fois ci elle ne viserait pas l’humiliation. Non il fallait qu’elle agisse avec calme et discernement. Elle laissa échapper un petit rire de sa gorge, repoussa ses cheveux derrière ses épaules et s’approcha de Camille. C’est à cet instant précis qu’elle se mit à diriger son don. L’idée était simple, lui faire croire que son corps commençait à la désirer. Et pour donner dans la crédibilité elle se saisit du verre sur la table en frôlant la cuisse de son invité tout en répondant avec un ton qu’elle voulait amusé.


- Ne dit-on pas que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ? Puis se redressant elle se rapprocha encore afin de murmurer à son oreille d'une façon voulue sensuelle. Ou même... mieux vaut tard que jamais ?

Pourquoi elle agissait de la sorte, elle n’en avait aucune idée. Elle ne savait pas même où cela allait la mener et comment elle parviendrait à se sortir du bourbier dans lequel elle s’était enfoncée. Mais il s’agissait de la seule alternative trouvée afin d’éluder la question. De maintenir une sorte de climat de confiance. Quand bien même pas un mot vrai ne quittait sa bouche. Quand bien même elle n’était pas encore persuadée qu’il soit d’une franchise parfaite à son égard. Mais elle avait su improviser et jusqu’ici sans trop de tracas. Autant continuer sur cette voix tant qu’elle avait la situation bien en main.

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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptySam 28 Avr - 15:55

Jusqu’ici, il croyait avoir une maîtrise partielle des choses. Il savait pertinemment que plusieurs facteurs lui faisaient défaut et ne pouvaient être sous son emprise. Comme les réactions de la brunette ainsi que ses projets. Mais il ne s’attendait pas à avoir un raté sur ce plan-là. Sa main ne fit que l’effleurer, ça n’aurait pas dû avoir cette ampleur sur son corps. Des lueurs dévorèrent ses yeux à tous les coups, il les détourna de son interlocutrice. Alors, elle se fit plus présente que jamais, proche, trop proche de son oreille. Ses intonations veloutées arrachèrent quelques frissons insensés au français. Sous l’effet de la surprise, Camille se mit un peu plus en retrait silencieusement. Il n’avait pas envie que ça interfère sur sa concentration, ça ne devait pas interférer sur sa concentration. Le jeune homme respira profondément pour tenter d’atténuer son pouls qui s’était instinctivement accéléré. La désirait-il vraiment ? Il n’aurait su le dire. On pouvait la qualifier de belle femme, sans hésitation, elle était désirable très certainement mais de là à ce qu’elle provoque une envie aussi soudaine en lui… Quelque chose clochait… Ou alors, c’était tout simplement humain ? Les mécanismes corporels parfois n’avaient de sens, cela arrivait, ça n’aurait pas été la première fois. Mais ça le perturbait tout de même. Il ne s’était pas attendu à être aussi affecté. Se faisait-il prendre au piège ? Et si c’était le cas est-ce que cela serait un mal ? Mais à quoi pensait-il seulement ? Il perdait l’esprit. C’était ce qu’elle avait sûrement cherché, à le troubler. A cette pensée, le voleur reprit un peu de contenance et tenta d’ignorer cette répercussion physique. Il ne la désirait pas, elle était dangereuse. Il se répéta cette phrase une centaine de fois jusqu’à en être certain puis il se rapprocha d’elle. Il ne fallait pas laisser une faille se dessiner dans le jeu, la première brèche pouvait faire écrouler les fondations et qui sait ce qui se passerait par la suite ? Le riche héritier ne pouvait se permettre de s’écarter de la voie esquissée. Elle avait déjà dû percevoir son mouvement de recul, il espérait qu’elle interprète ça pour de la retenue – une sorte de politesse. Dans le pire des cas, il pourrait toujours lui avouer qu’il avait peur de se laisser submerger par ses sentiments – enfin en quelque sorte… Il laissa un instant le visage de sa maîtresse danser dans sa tête afin d’y trouver un semblant de sens. Ça ne l’aiderait peut-être pas à se calmer mais au moins, il revoyait la finalité, le but. Il offrit un nouveau sourire à son interlocutrice tout en se penchant vers elle. Sa déroute aura été de courte durée à peine discernable. Lentement, il porta sa main sur la joue de la jeune femme, afin d’écarter une mèche de ses cheveux venue sur perdre sur sa pommette. Il ne fit qu’apposer légèrement le bout de ses doigts sur sa joue. Quitte ou double. Soit elle allait entrer dans une rage sans nom et là les masques tomberaient pour de bon. Soit elle continuait ce petit jeu jusqu’à les entraîner en enfer - d’une certaine manière. Jusqu’où était-il prêt à aller ce soir ? Il fallait craindre qu’il soit de taille à bluffer jusqu’au bout. Il aviserait avec sa conscience le matin, peut-être. Pour la partie « en péril », nous l’avons déjà mentionné, il était bien trop tard pour se soucier des dégâts futurs. Oui, il était sûrement prêt à tout pour obtenir des réponses fussent-elles minimes. Il ne craquerait pas le premier dans cette comédie, il ne le pouvait pas pour plusieurs raisons. Avant de ramener sa paume vers lui, il la laissa descendre lentement le long de sa nuque jusqu’à son épaule. Il s’y arrêta et força son regard à se planter dans le sien. Il chuchota la suite.

« Merci de m’avoir offert cette seconde chance. J'espère que je saurais en être à la hauteur. »

Fallait-il aller plus loin ? Non, ça serait trop rapide. Il fallait doser chaque geste, chaque parole sinon tout finirait par s’effondrer sans cohérence. Alors, il recula doucement en ne déliant pas ses yeux des siens. Puis il porta son breuvage à ses lèvres afin d’en boire une seconde gorgée. Ses yeux scrutèrent la réaction de son hôte tandis que ses membres contractés s’apprêtaient à bondir si la situation l’exigeait. Son instinct animal le dominait largement depuis qu’il se sentait en danger – l’avantage certain d’être métamorphe. Il ne lâchait pas son attention de la carcasse se tenant face à lui. Sa voix se fit plus douce encore alors qu’il articulait à nouveau.

« A ton tour… de poser une question. »

Car cette façon de converser l’arrangeait plutôt dans sa quête. Bien qu’elle ne semblait pas apte à lui fournir quelques indices que ce soit, lui au moins pouvait toujours renforcer l’alibi et pour l’heure, cela comptait beaucoup. Son corps le trahissait toujours mais il parvint à ne pas trop y songer en se focalisant uniquement sur son objectif. Une volonté de fer qu’il avait dû ériger. Si elle cherchait à lui briser le cou, il parviendrait à bondir à temps vers la porte. Se transformerait-il ? S’il le fallait. Mais il préférait s’en abstenir. Ses clés d’auto logeaient dans sa veste. Il aurait été navrant de devoir remplacer les serrures des portes. De plus, elle connaissait son identité. Trop dangereux de laisser un secret entre les mains d’une inconnue potentiellement dangereuse. Si elle tentait une autre approche ? Il irait plus loin, oui. Pas par envie détrompez-vous, par nécessité. Peut-être que cette trahison de la part de son organisme serait utile finalement. Il était horrible d’envisager cela dans ses termes ? Personne n’a jamais dit que le volatile était un être irréprochable. Il était désespéré et il croyait ne plus rien à avoir à perdre. Peut-être son honneur et son estime mais il finirait par le digérer un jour. Qui sait ? Il devait aboutir à quelque chose avec cette entrevue et en sortir vivant. Le prix à payer pouvait bien être exorbitant et les mesures complètement hors de son cadre de tolérance. Il s’était donné à un Démon. Il devrait l’assumer. Il ne pourrait plus se faire face, pas plus qu’il pourrait affronter la celte après cette nuit. Mais c’était pour elle qu’il tentait l’impossible. Pour la sauver. Sans savoir si ça fonctionnerait ? Chut. Il ne fallait même pas le mentionner, sinon il se sentait déjà flancher dans sa résolution. Était-il réellement prêt à déborder de ses limites ? Peut-être pas. Le fumeur se mordit l’intérieur de la joue. Il verrait bien.
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptySam 30 Juin - 17:57

Jamais elle n’avait autant bluffé. Jamais elle n’avait joué la comédie comme ce soir-là. Bien au contraire. Humaine ou démone, Maryana a toujours été transparente. Son visage était comme un livre ouvert. Un livre ouvert muni d’une loupe avec laquelle on pouvait voir les grains d’encre laissés par une imprimante bon marché. Quel que fut son état, quelle que fut l’étape de sa vie.
Avant l’arrivée de sa fille, elle communiquait sa joie de vivre à tous. Elle était la personnification du soleil. Chaleureuse, souriante, vivante. Extrêmement sociable, elle attirait les autres d’un regard. Ventre rond, pupilles pétillantes et cheveux blonds. S’en fut de même après le départ de Logan, tout un chacun était capable de voir à quel point elle était dépressive. Même âgée de quelques quinzaines de mois, sa petite Jessica se serrait contre elle afin de chasser sa tristesse. Cernes, teint éteint, regard mort… Et après cela, après la disparition de son enfant, son masque s’était transformé en carapace. Elle réussissait à rendre ses pupilles marron glaciales, et sa chevelure avait retrouvé sa couleur naturelle, assombrissant son visage. Ce n’était pas pour rien qu’elle était plongée dans la solitude depuis son emménagement à Glasgow. Elle avait même réussi à faire fuir Makayla. Elle avait pourtant essayé. Essayé de se rendre désirable, d’inciter à la confiance. Sans succès. C’était comme si une aura l’entourait constamment. L’obligeant à montrer sa véritable personnalité. Son véritable caractère. Mais en cette nuit, elle combattait vaillamment son naturel. Elle était même dans un moment de victoire total. Quand bien même cette victoire ne tenait qu’à un fil. Elle en avait parfaitement conscience. Pour le moment, elle menait la danse, avait les ficelles entre ses mains. Mais elle devait être prudente afin de ne pas perdre le contrôle. Ne pas commettre le moindre faux pas.

Ses doigts étaient comme parcourus d’un chatouillement agréable. A moins que ce ne fut de la douleur. Elle n’aurait sur le dire. Mais utiliser son don l’émoustillait et elle ressentait une sorte de plaisir se diffuser en elle. Un plaisir malsain qui l’incitait à en faire plus. A rechercher d’avantage. Qu’il était bon de sentir tant de pouvoir en elle, capable de se manifester et de réduire n’importe quel humain en pauvre marionnette. La semi-démone était parcourue d’un désir obsessionnel et se forçait de le maîtriser. De ne le combler que par faibles bribes afin d’en ressentir tous les avantages. Elle avait désormais une connaissance quasi parfaite du fonctionnement du corps humain et savait de quelle façon procéder afin de soumettre son importun visiteur à elle. Le germe pour commencer, puis viendrait l’accélération cardiaque, l’afflux sanguin dans le cortex cérébral. Elle pouvait lire dans le regard du jeune homme qu’elle était sur la bonne voie et cru même percevoir un bref mouvement de recul, lui confirmant qu’elle était bien la dominatrice dans cette affaire. Mais cette sensation de confort resta de courte durée.

Alors qu’elle se dressait de tout son corps afin d’asseoir sa position de leader, elle sentit contre sa joue la main de ce soit disant Camille Fontayn. Des doigts qui furtivement caressaient sa peau. La touchait ! Un contact réel, décidé. Sans son propre accord. Un frisson de dégoût traversa son corps. Une sorte de forte nausée se mit à la prendre aux tripes. D’un seul mouvement, il venait de faire basculer la hiérarchie qu’elle avait tout juste imposé. Etait-ce une réaction normale au vu de ce qu’elle lui avait infligé ou avait-il réellement conscience de ce qu’il se passait. De ce que ses gestes impliquaient. Elle n’aurait su le dire. Mais le résultat était là. Toute sa main était comme prise de démangeaison, de frénésie et seul l’effet de surprise faisait qu’elle n’avait pas encore agi. Si elle s’écoutait, elle se mettrait à hurler, à saisir cette main et à la repousser violemment. Cette main qui osait la souiller, profaner son intimité. D’un regard absent, elle l’observa prendre son verre. Guetter sa réaction. Exactement de la même façon qu’elle était en train de le faire. Elle n’était plus réellement en état de réfléchir. De mener à bien une stratégie. Seuls deux choix s’imposaient désormais. Libérer la rage qui mettait le feu à ses veines. Cette colère, cette haine qu’elle ressentait soudainement pour cet étranger qui avait osé créer un contact entre eux. Ou ne rien faire. Ce qui semblait la chose la plus raisonnable. Ne rien tenter, ne pas dévoiler plus que ce qu’il a déjà. Oui mais qu’a-t-il vu ? Elle n’en a pas la moindre idée. Et de toute façon cela importe peu. A quoi bon ? A quoi bon retenir ce qui est en elle ? Elle trouvera bien un moyen d’assumer les conséquences de ses actes. Elle pourrait tenter de le faire parler. Le torturer. Lui montrer qu’elle ne croit pas à 100% à sa petite histoire. Elle pourrait. Ce serait dans ses cordes. Mais tout ce qu’elle a à l’esprit, l’unique chose à laquelle elle pense, c’est la moiteur des doigts contre sa nuque. La rugosité des phalanges glissant sur son épaule. Cette sensation d’intrusion qu’elle a instantanément ressentie. Elle rendit son regard à son visiteur. Pas l’un de ces regards langoureux qu’elle avait servi quelques instants plus tôt. Son regard à elle. Son véritable masque. Sa carapace qui refaisait surface. Elle secoua légèrement sa main et libéra son don à l’instant même où les mots franchirent ses lèvres.


- A quoi bon…

Un soulagement instantané prit place dans ses veines, dans sa tête. Elle ressentait absolument tout ce qu’il se passait dans le corps du métamorphe. Le cœur qui battait. Ah qu’il serait facile de créer une tamponnade, d’augmenter la pression cardiaque jusqu’à implosion de l’organe. Néanmoins elle continua son chemin. S’infiltrant dans les moindres recoins. Souriant à l’idée de posséder tant de puissances et d’emprises sur son sujet. Regard dans celui du jeune homme, elle refreina son envie de lui faire pleurer des larmes de sang. De faire couler l’hémoglobine par les moindres ouvertures possibles. Oreille, nez, bouche. D’ordinaire c’est de cette façon qu’elle procédait. Avec son arme, afin de laisser croire à une attaque vampirique. Mais ç’aurait été prendre l’agent Oppeinhemer pour une imbécile. Pire, cela l’aurait amené sur la piste du serial-killer qu’elle était. Alors elle s’infiltra plus haut. Dans la tête. Et libéra son don une bonne fois pour toute. Lorsqu’il perdit conscience, un faible ricanement s’échappa de ses lèvres pulpeuses.
Il fallait maintenant qu’elle trouve un moyen de se débarrasser du corps. Euphorique, parcourue de spasmes de plaisirs, elle était encore tremblante. Tremblante de bonheur. Brièvement, Maryana se demanda pourquoi elle avait tant fait tarder les choses. Ça avait été une perte de temps. Elle contempla la dépouille. Plusieurs minutes, jusqu’à que ses émotions se fassent moins présentes et qu’une idée germe dans son esprit. L’eau, le sang, composaient une grande majorité du poids d’un être humain. Une simple vaporisation et elle pouvait être en mesure de déplacer le corps. Tranquillement elle fit craquer sa nuque de droite à gauche et posa ses mains sur le torse du jeune homme, s’infiltrant à nouveau en lui. Sursauta, lorsqu’elle détecta une activité autonome et normale. Presque normale, puisqu’une partie du cortex cérébral semblait être au ralenti. Lorsqu’il ouvrit les yeux elle recula. Légèrement anxieuse et nerveuse.

-- Comment te sens-tu ?

Non pas qu’elle soit intéressée par son état de santé. Mais elle ne comprenait pas ce qu’elle avait effectué. Sa nature démoniaque avait agi pour elle, et apparemment avait décidé de le laisser vivre. Pourquoi…


HJ : Toutes mes excuses pour ce Rp plus que déplorable.
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyMar 3 Juil - 21:10

Sa réaction fut instantanée, brutale et pourtant si lipide qu’il ne fallait plus espérer pouvoir nager dans des eaux encore troubles. La comédie n’avait déjà plus d’acteurs et bientôt, plus de décor. Son interlocutrice semblait farouchement s’opposer à sa présence. Comme effleurée par la plus mauvaise épine d’une rose, elle lui cracha visuellement son venin. L’étendue de cette haine-là consuma un instant le self control du métamorphe qui ne put esquiver le moindre mouvement vers la porte, tout juste parvint-il à laisser l’effroi une seule seconde prendre le pas sur ses traits lisses et apaisés. Des dars s’enfoncèrent dans son crâne et la voix de la démone se dilua dans un mélodrame de couleurs vives avant d’atteindre son apogée, l’ébène sans autres portes de sortie. Un coma sans rêves, sans commencement et sans fin. L’était-ce d’ailleurs la Fin ? Au moins, il ne l’aurait pas vu arriver. La Mort l’aurait réellement pris par surprise. En soi, cela n’avait pas eu le temps d’être si douloureux que ça et ne pas l’avoir réalisé restait une aubaine. S’il venait de passer le pied de l’autre côté de la brume pourquoi ce pouls ne cessait pas de s’agiter dans cette cage thoracique soudainement si usée ? Il pouvait clairement discerner depuis les ténèbres, ce battement imperturbable qui battait la mesure avec frénésie, un organe qui luttait pour sa survie, un cœur qui cherchait à réveiller son propriétaire. Le danger. L’adrénaline continuait de jaser contre ses veines, elle lui hurlait encore de se relever, de bouger.

Combien de temps s’écoulèrent durant ces instants d’absence entre ce besoin indécis de vaporeuse inconscience et ce rappel incessant de retour à la réalité ? Quelques minutes tout au plus et pourtant, quand il ouvrit les paupières, le corbeau eut l’impression qu’une décennie venait de s’écouler. Son corps n’avait pas compris ce qu’il venait d’encaisser car c’était toujours la panique et le chaos qui se grignotaient le terrain au sein de sa carcasse. Il ne discernait pas avec exactitude les contours de la silhouette proche de lui. Sa tête semblait bien lourde mais également calcinée et douloureuse. Il voulut l’atteindre de sa main alors que tous ses autres sens lui ordonnaient la fuite. Mais pourquoi son organisme cherchait autant à le tirer hors de cette pièce ? Là demeurait la question. Il devrait procéder par ordre logique afin de pouvoir démêler le vrai du faux. Pour l’heure, il se contenta de poser ses doigts lentement sur son visage, d’où provenait cette sensation de chaleur ? Il avait l’impression qu’un fer venait de lui brûler l’intérieur des méninges. La nausée vint ensuite et il la géra avec dignité. Au milieu de tout cet amalgame de perceptions, le riche héritier ne chercha même pas à se rasseoir. D’ailleurs, où était-il ? Qui était là penché à s’enquérir de son état? Bon, tant pis pour la migraine et tout le reste de ses symptômes, les questions affluaient d’elles-mêmes. Commencez par le début, essentiel. Il s’appelait Camille, il était né à Cannes en novembre 89, sa mère s’appelait Louise, il pouvait se changer en animal comme bon lui semblait mais lui favorisait surtout le corbeau. Bon, il pouvait raisonner, c’était toujours ça de pris. Maintenant, les interrogations plus difficiles, celles qui nécessitaient autant de mémoire que de concentration. Le passé s’étalait plutôt bien mais il fallait remonter jusqu’à cette époque. Plusieurs fragments indéchiffrables revinrent aux prix d’efforts surnaturels. Au plus il voulait saisir ce qui lui échappait, au plus son estomac se tordait et son crâne semblait prêt à imploser. Sous l’effort déployé, il put sentir tous ses traits se contracter. Par bribes, des émotions lui revinrent, des scènes plus ou moins entre coupées aussi, il fermait et rouvrait les yeux à mesure que les souvenirs revenaient morcelés. Krystel, mission, Maryana. Appartement, liste de noms et puis bruit. Ensuite, le fameux trou noir dans lequel il avait été aspiré. Ses intonations se firent lointaines, presque dissoutes dans l’air.

« Ca va… Je crois… »

Tout cependant, restait incertain, flou, irréel. Il remit donc un prénom sur ce visage mais n’expliquait toujours pas son arrivée sur le canapé ni ce qui avait dû se dérouler entre le moment où il l’avait entendue et le moment où il avait fini dans les vapes sur son divan. Mais alors…

«Que s’est-il passé ? »

Son cerveau devrait se mettre à tournoyer à lui échafauder des théories dans lequel l’inconnue l’aurait agressé avant qu’il ne puisse décliner son identité mais il n’en fit rien, il tourna à vide, à blanc, dans le vague le plus absolu. Lentement mais sûrement, Camille se redressa et fût content de s’apercevoir que toute trace d’affolement pur l’avait déserté. Seule une angoisse de cette amnésie partielle, si amnésie il y avait. Ses hauts le cœur devinrent un peu plus perturbant le temps de la manœuvre. A la suite, ses yeux toujours ahuris balayèrent la pièce posément comme s’il la redécouvrait, son regard s’arrêta au meuble derrière lequel il avait tenté de lui échapper puis il revint fixer son attention sur la brunette. Il montra puérilement du doigt l’emplacement derrière la commode.

« Comment m’avez-vous transporté de là à ici ? »

L’avait-elle traîné ? Ah, sa matière grise revenait doucement à elle. Même si des grésillements venaient toujours filtrer ses tentatives de réflexions. Cette impression de bouillonner de l’intérieur au niveau de la tête entière le déstabilisait autant que ces élancements violents qui martelaient ses tempes. Il avait la désagréable sensation que quelqu’un s’amusait à enflammer sa cervelle et à danser autour – image amusante pour quelqu’un d’abruti par la situation ? L’humour le sauvait généralement de la démence, voyez-vous. Toujours aussi sereinement, il amena son bras frais contre sa joue et en savoura la froideur. Peut-être l’avait-elle assommé ? Explication la plus plausible. Trouver quelqu’un d’étranger dans votre appartement la nuit, chercher à le neutraliser, oui ça aurait du sens surtout avec la névralgie et l’absence des derniers instants mémoriels- surtout si elle l’avait eu par surprise. Il n’osait plus parler alors trop occuper à s’adonner à nouveau au vide interne. Il se sentait si las qu’émettre toute hypothèse lui coupait l’œsophage et lui lacérait les neurones. Qu’allait-elle faire de lui alors maintenant ? Dans un tel état de faiblesse, elle pouvait très bien l’achever. Tant pis, il se savait hors compétition –ne venait-elle pas de démontrer qu’elle pouvait le mettre K.O. aisément ? Elle ne l’avait pas encore tué cependant. Tout se confondait dans son esprit et il ne voulait plus continuer à entretenir cette fatigue crânienne. Il laissa sa nuque percuter le dossier du divan et continua alors à appuyer ses paumes fraiches sur ses pommettes et son front. Fiévreux et malade, en état d’apparente déficience. Bravo pour l’infiltration et pour la mission. Les noms, oui mais ça n’était qu’une liste destinée à un gala quelconque ? Qui sait ?
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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyDim 8 Juil - 1:35

Pourquoi. Comment. Qui. Est-ce que. Que. Les questions se bousculaient par centaines dans la tête de Maryana. Elle cherchait à savoir. A comprendre. Par quel miracle il pouvait encore en vie. Elle avait laissé son don s’exprimer. Avait relâché tout ce qu’elle avait et avait selon elle et ses perceptions crée une véritable apothéose. Il n’aurait dû en réchapper. En ce moment, elle aurait dû être occupée à le transporter discrètement hors de son appartement et rendre sa mort la moins suspecte possible. Mais voilà qu’il avait les yeux ouverts. Non pas ouverts à cause d’un décès trop soudain. Non il était conscient, ses pupilles vibraient. Vivaient. Il était en vie. Et conscient. Désormais, la semi-démone se trouvait confrontée à deux choix. Recommencer. Et s’assurer que cette fois-ci il ne se relèverait pas. Ou bien le laisser s’échapper. Cette seconde alternative lui parut naturellement absurde. Il en savait toujours trop et en avait toujours trop vu. Elle, d’une part. Qui était censée avoir disparue et probablement quitté l’Ecosse. Son don, qu’elle avait encore une fois exposé sous le coup de la colère et de l’envie d’effrayer. Et bien d’autres choses. Le jeu qui s’était installé aurait peut-être pu changer la donne. Le convaincre de ne dire mot. Mais tout s’était déroulé autrement. Elle avait laissé parler sa moitié démoniaque. Avait ressenti avec soulagement le pouvoir se déchainer et s’acharner sur son interlocuteur. Tout aurait dû se terminer ainsi. Alors pourquoi était-il là. Capable de répondre à ses questions ? Ça n’avait aucun sens. Absolument aucun. Elle avait eu une confiance absolue en son don et en sa puissance. Lui avait-il fait faux bond ? Elle n’en avait pas la sensation. Chacune des cellules de son corps avait vibré, elle avait même sourit, sachant qu’elle allait à nouveau commettre un carnage et détruire une âme. Son travail était accompli. Au fond d’elle-même rien ne l’alarmait désormais. Elle sentait sa puissance démoniaque en sommeil, ses mains n’étaient plus parcourues de fourmilles, et elle contrôlait absolument tout.

Bien entendu, en un claquement de doigt elle pourrait à nouveau faire apparaître le tout et pourrait éliminer ce qui représentait pour elle un danger potentiel. Mais elle n’en sentait pas l’imminence. Regard froid, elle l’observa reprendre conscience, agiter à nouveau son corps et remettre ses idées en place. Prête à agir, à le faire taire si nécessaire. Pourquoi attendre ? Comme dit, elle avait la sensation qu’elle pouvait se le permettre. Mais elle était également habitée par une curiosité morbide. Savoir ce qu’il s’était produit, ce qu’elle avait manqué. Comprendre les raisons qui faisaient que Camille Fontayn était encore capable de respirer et de lui adresser la parole.
Elle ne ressentit pas une once de compassion lorsqu’elle remarqua à quel point il semblait perdu. Pauvre petit oisillon qui semblait être tombé du nid. Comme un scientifique observe un cobaye, elle resta des plus silencieuses dans le but de saisir tout ce qu’il pouvait se passer. Maryana tenta de lire les traits du jeune homme, la signification de ses gestes, les émotions qui le traversaient en détaillant ses pupilles. Elle aurait aimé pouvoir le disséquer afin de voir de ses propres yeux ce qu’il s’était passé et pourquoi il semblait aussi dérouté. Rien qu’à l’idée d’ouvrir son crâne et de pouvoir toucher du doigt ce qu’il s’y trouvait, elle ressenti une sorte de bien-être l’envahir. Elle se garda cependant de le montrer ouvertement, gardant sa bouche close et son regard fixé sur les mouvements saccadés et aléatoires de l’ancien décédé.
Une pensée lui traversa l’esprit. Pour quelle stupide raison restait-il allongé face à elle. Quand bien même il n’avait pas vu venir le premier coup il avait probablement lu dans son regard la folie meurtrière qui l’habitait. Son dernier souvenir était probablement le son de son rire alors qu’elle l’achevait. Il aurait dû être effrayé en la voyant. Hurler pour qu’on vienne le sauver. Se traîner sur le sol et vouloir s’enfuir. Lui échapper. Cela était la réaction à laquelle elle aurait dû s’attendre. Mais bien trop préoccupée par les causes et effets qui avaient eu lieu, cela ne l’avait pas heurté une seule seconde. Et apparemment lui non plus. Mais ce mystère-là ne mit pas bien longtemps à s’élucider. Sa mémoire n’était plus. Elle put s’en rendre compte lorsqu’il se remit à la vouvoyer. Puis lorsqu’il évoqua le tout début de cette soirée. Lorsqu’elle l’avait trouvé caché derrière un meuble de l’entrée.

Les pièces du puzzle s’assemblaient doucement et la semi-démone parvint à une conclusion. S’il était ici, vivant et amnésique, c’est parce qu’elle avait fait en sorte qu’il en soit ainsi. Du moins une partie d’elle l’avait fait. Rapidement, elle tenta de se rappeler les moindres évènements qui étaient arrivés depuis qu’elle avait franchi la porte du studio. La tuyauterie qui explose, la pseudo-comédie de charme qu’elle avait joué. Ses doutes sur sa sincérité et sur l’ordre de vérité dans son alibi. Il fallait l’avouer, elle ne croyait pas entièrement les paroles qui lui avait servies. Lorsqu’elle l’avait trouvé, il avait tout l’air d’un coupable et elle ne s’y était pas pris de la bonne manière pour lui tirer les vers du nez. Elle s’offrait là une seconde chance. Une façon de connaître le pourquoi du comment et de répondre à toutes ces interrogations. Elle posa à nouveaux ses yeux sur lui. L’observa passer ses bras sur son visage afin de reprendre contenance. Que pouvait-elle faire ? Le torturer ? Mais cela risquait d’être bien trop bruyant. L’amener dans un quelconque endroit, le saouler et le faire parler ? Elle n’était pas certaines d’obtenir ce qu’elle souhaiterait et n’était pas réellement sevrée. Le laisser partir… Que fait une personne quand elle est complètement désemparée ? Elle recherche son guide, son parent, son employeur. Elle –même rechercherait Nathanaël s’il lui arrivait quoi que ce soit. Et avec un peu de chances c’est ce qu’il ferait. Peut-être pas ce soir. Ni demain. Mais il irait retrouver un repère. Il était évident qu’il n’agissait pas de son propre chef. Pourquoi aurait-il cherché à lui voler quoi que ce soit après l’avoir rencontré. Cela n’avait pas de sens. De plus, quiconque pouvait deviner qu’elle ne roulait pas sur l’or. Non, il devait y avoir une raison plus profonde pour expliquer sa présence ici. Et pour le découvrir, elle devrait laisser l’oisillon apeurer retourner à son nid. Maryana saisit le cadre posé sur la table et l’agita devant le nez de l’homme à moitié conscient.

- Je t’ai assommé alors que tu croyais pouvoir sortir en douce. Tu es tombé sur le divan. Voilà ce qu’il s’est passé. Je t'ai fouillé durant ton moment d'absence et sait que tu n'as rien dérobé. Maintenant tu as deux choix devant toi.

Elle se leva et déverrouilla la porte. Posa la main sur la poignée et le foudroya du regard.

- Tu peux rester ici, attendre avec moi le temps que la police arrive et passer la soirée en prison pour effraction chez autrui. Ou bien tu peux prendre tes jambes à ton cou. Oublier que tu étais ici et que tu m’as vue.

Elle entrouvit la porte et recula d’un pas. Etant toujours sur le chemin qui le mènerait à la sortie. Menace constante qui le rendrait certainement mal à l’aise et désireux de trouver du "réconfort" assez rapidement.


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MessageSujet: Re: Either way, options change [Livre I - Terminé]   Either way, options change [Livre I - Terminé] EmptyVen 13 Juil - 21:33

A moitié abîmé dans sa confusion, il dû faire preuve d’une grande vigilance tandis qu’elle s’exprimait, clarifiant la situation. Quelques détails demeuraient incertains surtout au niveau de la position du canapé, sa distance par rapport à la commode mais tous les éléments se confondaient, s’emmêlaient dans son crâne. Désorienté pourtant, il perçut la menace dans ses intonations, il l’accueillit comme un poignard au creux de sa poitrine. Affolant, ce cœur qui repart sur des embardées incohérentes alors qu’en surface, dû à l’ahurissement, il ne bougeait même pas d’un cil. Il l’observait se mouvoir et rien qu’à la voir se déplacer, son pouls s’accélérait sous le poids d’une peur qui le dépassait toujours. Le riche héritier ne cherchait plus à comprendre quoique ce soit, son instinct de survie prenait le pas sur toute tentative rationnelle. Il capta très nettement la fin de son discours ce qui abolit toute alternative de toute manière. Tant pis pour les preuves, une porte de sortie semblait bien trop importante pour la refuser. L’idée de passer une nuit en taule ne l’enchantait guère, pas plus que celle de passer devant un tribunal. Aussi tranquillement que possible, l’oiseau se redressa avant de se lever. Il jeta un regard vers son hôte et hocha la tête en signe d’adieu. Quel gâchis, cette expédition n’avait rapporté aucun bénéfice, pire elle avait peut-être même engendré des pertes. Moyen de réparer, de se justifier, d’argumenter ? Il aurait presque aimé mais ses jambes l’extirpaient déjà de ce studio et puis, il fallait avouer que le coup pris sur la tête avait gravement alterné ses facultés cognitives. Il se voyait mal discourir sur son innocence avec si peu de moyens, de plus, il savait pertinemment qu’elle ne bluffait pas au sujet de la police. Il n’osa même plus rencontrer ses yeux une seconde fois et dégagea le plancher sans ajouter un seul mot. Il avait l’impression que le premier son émit par ses cordes vocales pourrait lui être fatal. Alors qu’il reprenait un peu plus conscience de ce qui l’entourait, il était déjà entrain de dévaler les escaliers Sa nervosité ne s’était pas pour autant évaporée. Il croisa un couple dans la cage qui le dévisagea sévèrement, il ne devait pas avoir bonne mine. A moins qu’ils ne l’aient vu que comme un étranger de l’immeuble hantant les couloirs à une heure inappropriée ? On s’en fichait. Le principal, c’était de mettre de la distance entre l’étrange inconnue et lui. Tiens, d'ailleurs, elle ne l’avait même pas reconnu. C’en était presque vexant. Son approche n’avait servi à rien, elle n’avait jamais été ne fusse qu’un chouïa intéressée. Extraordinaire, il se relevait être un pathétique espion. Un coup bas pour son ego. En même temps, il avait loué ses services en tant que voleur pas comme agent double. Il s’était plus penché sur l’art de crocheter que sur celui de la comédie mensongère. Oui, bon ce second point, il l’avait un peu travaillé tout de même pour conserver son secret. Maryana n’avait pas été séduite, pas de quoi en faire un fromage. Facile à dire, il venait de régresser en pariant gros.

Une fois dans la rue, il se sentit déjà plus serein mais quelque chose continuait de le chiffonner. D’un pas pressé, il s’enfonça dans le dédale des rues pour retrouver sa voiture. Quand il pénétra dans l’habitacle, une partie de sa tension s’écroula et il s’autorisa un moment de répit. Ses paumes et sa tête atterrirent sur le volant alors qu’il se remettait à vouloir penser. Stupide en soi, il savait que cette nuit n’avait plus de chance d’accueillir un coup de génie. Pourquoi ne pas se souvenir d’au moins l’avoir vu rentrer dans la pièce ? Il aurait dû apercevoir la porte remuer, elle, arriver. Même en étant assommé, il ne pouvait pas zapper plus d’une minute d’existence. D’un mouvement brusque, il releva sa nuque et laissa sa respiration s’accélérer. Était-ce un indice ? Son amnésie ? Non, impossible. Fébrile pourtant à cette idée, il ne put s’empêcher de bondir sur son portable. Résultats ou non, il devait en informer sa maîtresse. Venait-il d’échouer dans sa mission ? Pas le temps de faire le constat, ses doigts pianotaient déjà sur son clavier et il envoya le texto immédiatement. Allait-elle se présenter à lui ? Pas si vite, elle avait des obligations très certainement. En fait, il l’espérait secrètement. Provoquer et craindre toute rencontre avec la Reine, assez paradoxale. Cela résumait bien sa relation avec elle pourtant. Le corbeau la désirait tout en la sachant néfaste. Pris au piège, voilà tout. Allait-il satisfaire ses objectifs ? Il en doutait. Il venait de perdre sur le second plan, le plan de secours, la seule issue. Qu’allait-il faire maintenant nom d’un chien ? Comme d’habitude quand le français rencontrait un souci qu’il ne pouvait partiellement bannir de son esprit, il s’alluma une cigarette. Après avoir consumé toute la nicotine, il parvint à relativiser. Alors, il tenta de se remémorer la liste de noms, une bonne partie lui échappait mais il en saisissait encore quelques-uns. Machinalement, il les inscrivit dans son téléphone avant de les perdre pour de bon, il sauvegarda le brouillon et y plaça même un code d’accès sur l’archive. Il mit son moteur en route une fois qu’il fût un peu plus calme mais au lieu de rentrer directement chez lui, il fit un crochet par un bar sordide. Il avait terriblement besoin d’un remontant. Il fallait croire qu’il n’allait pas mourir aujourd’hui. Peut-être demain ? Ou non. Quand Krystel viendrait récolter les fruits de ses échecs, assurément. La Porsche se jeta sur l’asphalte alors que son propriétaire se demandait toujours ce qu’il venait de lui arriver.
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