Il commence déjà à faire sombre lorsque je sors de l'immeuble. Rendez vous important pour le boulot... Sans importance réelle pour moi et ma véritable mission. Quoi que, vous me direz, tout peut en avoir. Chaque rencontre, chaque propos, chaque regard. J'évolue en terrain miné, dans ces sphères silencieuses et feutrées des bureaucrates, où tout se fait lors d'entrevues aux allures informelles loin des regards et des oreilles indiscrètes. Décrocher des articles, des interviews, rassurer, convaincre... Etre le porte parole d'une couronne vampirique bancale dans le monde de la presse et des médias n'est pas tâche aisée. Mais j'aime les défis, et je compte bien être à la hauteur de celui ci. Je n'ai de toute façon pas vraiment le choix... Il me faut réussir pour satisfaire l'Ordre, ou il me prendra ceux que j'aime. Il me faut réussir, plus fondamentalement, pour l'Equilibre. Ou le Chaos submergera définitivement cette terre. Il me faut réussir dans mon travail officiel d'attachée de presse comme dans ma mission, le premier étant une aide pour la seconde. Tout est un outil. C'est ce qu'on nous apprend, quand on est petits. Etre des caméléons, se servir de tout, mettre tout à profit, selons nos buts, nos objectifs. Enfin, pas vraiment les nôtres... Ceux que l'Ordre nous donne, disons. Ils sont censés contribuer au bien commun et à la sécurité ; c'est là que ça bloque parfois. Espérons que face à la menace qui vienne, les Archontes qui nous dirigent arriveront à mettre de côté leur intérêt personnel et leur petit pouvoir pour nous donner les bonnes directives. IL n'y a que ça pour nous sauver. Pour sauver l'humanité. Je doute encore qu'ils en soient capables ; le pouvoir, l'argent, l'influence, surtout lorsque l'on fait partie d'une organisation aussi mythique et intrigante que celle des Illumianti, ont tendance à aveugler définitivement tout notre bon sens. Mais mieux faut éviter de dire les vérités qui fâchent.

Et surtout, ne pas penser trop fort.

Nous sommes surveillés, contrôlés, en permanence. Se cacher, se dissimuler, jouer avec ses pensées, avec ce lien qui nous unit tous, est la seule chance de survie. On a beau dire ; on a tous des écarts de conduite. Et chacun peut nous être fatal. Une pensée de travers, même si elle est isolée au milieu d'un fanatisme sans faille, peut vous coûter. Alors quand on a déjà des doutes sur vous comme c'est le cas... Je ne les laisserai pas m'avoir. Pas comme ça. Je ne suis pas leur ennemie... Tout du moins s'ils sont bien ceux qu'il prétendent être : les gardiens de l'Equilibre. Moi je le suis, et je le serais jusqu'au bout. Ordre ou pas. Ils m'ont reformaté l'esprit alors que j'étais toute petite, m'ont appris des valeurs, avant de me montrer qu'eux même ne les respectaient pas. Il n'y a rien d'Equilibré dans la conduite de certains Archontes. Et ils veulent me tester, tester ma loyauté. Je ne leur donnerai aucune raison de faire du mal à James et à Cassy... Même si j'ai déjà bien failli leur en donner une. J'ai tellement eu peur, lorsque James n'a pas répondu au téléphone pendant quelques jours, une fois la faille refermée... Nous avons échoué, oui, Noah, Astrid, et moi. Douglas s'en est occupé ; mauvais point pour nous. Ils nous surveillent encore plus. Toujours plus. Ils attendent, ils guettent.

Au moindre faux pas, ils nous tomberont dessus.

Je roule rapidement dans les rues d'Edimbourg. Mon regard se fixe devant moi, de glace, concentré sur la route, tentant de fixer également mon esprit sur celle ci. Mais rien à faire. Je pense à Douglas. A ma fille, à mon mari. Je pense à ma haine, à ma colère, à l'envie que j'ai d'aller tous les secouer. Leur montrer la vérité en face, leur vérité. L'enfant qu'ils m'ont arraché, leur élite corrompue, tout. Mes mains se crispent sur le volant. Et les visions... Ne pas les laisser ressurgir. Je les connais trop bien. Elles s'enchainent, toutes similaires, toutes plus apocalyptiques les unes que les autres. Noir, rouge, jaune, orange. Mort, sang, feu, cris... L'enfer nous submergera. Je sais qu'ils ont ces visions aussi ; que font ils ? Attendent ils sagement que le Chaos vienne à nous ? Je ne sais. Je crois que je ne préfère pas savoir. Ai-je vraiment besoin d'eux ?

Je pars voir la faille et prends Noah avec moi comme nous l'avons convenu hier. C'est important. C'est un point de départ, bien qu'elle soit refermée. L'endroit où elle était est toujours là... J'aurai aimé pouvoir me pencher plus sur la créature si abjecte que nous avions tué pour y accéder. Son essence démoniaque, ses pouvoirs, tout. Je sais que j'en ai les capacités... Et l'Ordre ne se rend pas compte à quel point je peux leur servir. Mon père était un adepte des forces obscures ; je les ai cotôyé des années. Et si leur embrigadement par la suite a changé mon point de vue, les souvenirs, eux, sont toujours là. IL faut que j'en sache plus. IL faut que je cherche, que je fouille, que je renoue avec ces forces qui nous donneront la clé pour les empêcher de submerger notre monde. C'est la seule possibilité. Ca, ou attendre. Attendre que ces Archantes se décident à nous donner des ordres ou prendre des initiatives. C'est risqué, oui, mais je n'en suis plus à attendre l'avis d'un quelconque Ordre qui prétend servir un Equilibre qu'il n'atteindra jamais. Moi, je sers l'Equilibre. Moi.

Je me stoppe devant l'immeuble de Noah, qui arrive bien vite en bas, m'ayant senti arriver. Je souffle un bon coup avant qu'il n'ouvre la portière et ne s'assoit à côté de moi. Je redémarre, tourne mon regard vers lui alors que je prends la route du centre ville de Glasgow.

« Alors, comment vas-tu ? Du nouveau ? »

Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Toujours est-il que c'est la seule que j'ai eue et, surtout, vu qu'Astrid n'a pas eu l'air de trouver que c'était un mauvais plan, je me surprends à imaginer qu'au final, nous allons peut-être trouver quelque chose. Si l'on omet le fait que la jolie brune était bourrée d'antidouleurs et qu'Eva et moi sommes un peu, mais juste un peu, guidés par bien des sentiments qui nous guident, je l'espère, dans la bonne direction. Même si j'ai comme un doute sur le fait que je ne sois qu'animé par la volonté de servir l'Equilibre. Enfin si, je le suis, et plus que jamais. Mais c'est plutôt certains leaders dont l'attitude me hérisse qui ne me donnent pas envie de suivre la direction qu'ils prennent. Ou plutôt la façon dont ils prennent ces directions. Je me sens vaguement embrouillé, parfois nauséeux même, et je me rends compte que je ne dors pas bien depuis plusieurs jours.

J'espère que le retour d'Astrid à la maison changera la donne, que notre petite virée avec Eva nous apaisera quelque peu mais, à dire vrai, je ne suis guère convaincu. Il s'est passé bien trop de choses ces derniers temps, le chaos cherche à s'insinuer par la moindre interstice, la moindre brèche et, si j'ai une foi aveugle en cet Equilibre pour lequel nous nous battons depuis toujours, je me demande si nous sommes totalement prêts à affronter ce qui va nous tomber dessus. Nous ne l'étions clairement pas ce soir-là en tout cas et le pire dans tout cette histoire, c'est cette pensée qui me taraude encore et toujours, que je n'ai évoquée qu'une seule fois auprès d'Astrid, me gardant bien de le penser trop souvent, de savoir à quel point ils savaient que nous n'y arriverions pas.

Et cette pensée parasite le reste. C'est pour ça que j'ai voulu mener un peu l'enquête, en compagnie d'Eva. J'avais déjà confiance en elle avant cette soirée mais, maintenant, je lui confierais ma vie et celle d'Astrid sans hésiter. Nous l'avons fait cette nuit de toute façon.
Je sens la présence de la jeune femme avant même qu'elle n'arrive et j'attrape ma veste, descendant les marches d'un bon pas avant de monter dans la voiture. Je laisse filer un instant de silence alors que nous roulons, remarquant sans vraiment y faire attention que la route est plutôt vide. On arrivera rapidement. Et c'est tant mieux. Non pas que je me sente mal à l'aise en compagnie d'Eva, on connait suffisamment nos pensées réciproques pour que ce genre de choses arrive. Mais, maintenant que nous avons décidé de bouger, j'ai envie d'entrer dans le vif du sujet rapidement, qu'il se passe quelque chose de concret qui me donnerait l'impression d'avancer.

"Fatigué, comme tu peux l'imaginer. Mais Astrid va bien, je me sens un peu plus serein. Et prêt à affronter ce qui nous attend. Et toi ?"

Je laisse filer un silence, regardant la route distraitement, avant d'ajouter, sans la regarder.

"Tu as eu des nouvelles des autres ? Et… des visions ces derniers jours ?"

Je sais qu'elle n'aime pas trop en parler, enfin c'est le sentiment que j'en ai. Et, surtout, pour avoir assisté à l'une d'elle, elles peuvent se montrer particulièrement violentes. A sa place, je ne sais pas si j'arriverais à le supporter vraiment. Et pourtant… je laisse filer un rire et j'ajoute, d'un ton plus léger.

"C'est moi ou toutes nos conversations commencent comme ça ? Tu dois en avoir marre qu'on te demande ça tout le temps hein…"

Je ne sais pas où nous allions ce soir. Ou plutôt, vers où nous allions. Retourner là bas était il vraiment une bonne idée ? Je doutais. Tout au fond de moi, je me disais que oui. Je ne savais pas quoi chercher, je ne savais pas par où commencer, alors... Pourquoi pas là bas ? Peut être des réponses nous y attendaient elles. Des réponses que nous n'avions pas eu le temps d'avoir la dernière fois. La créature immonde que nous avions tué en faisait peut être partie elle aussi, d'ailleurs... Mais comment pourrions nous le savoir, maintenant ? Une part de moi aimerait avoir plus de temps. Pour étudier, pour analyser, pour fouiller. Pour faire ce que l'Ordre n'aimerait pas que je fasse : mettre mon nez plus profondément dans le Chaos, n'était-ce pas me détacher de leur influence ? Ils avaient peur que je bascule encore, oui. Mais comment combattre son ennemi, comment le terrasser sans le connaître ? Nous ne pouvions pas combattre une armée de créatures des enfers à nous seuls. Nous n'y arriverons pas. Nous avions déjà beaucoup peiné devant la faille, je pense que c'est là un parfait exemple. Nous ne pourrons pas combattre de front. Il fallait apprendre à connaître notre ennemi, le comprendre comme nous tentions de nous infiltrer dans la société humaine pour mieux la manipuler. Oui, c'était dangereux, mais avions nous le choix ? A mes yeux, la réponse était plus qu'évidente. Le monde se trouvait à son point de non retour. L'impasse. Si nous ne sacrifions pas tout aujourd'hui, il n'y aurait plus de lendemain pour l'humanité. C'était maintenant. En ce moment, que tout se jouait. D'ici quelques mois, peut être même quelques semaines... Le monde ne serait plus qu'un vaste océan rouge et or. Je frissonnais, à cette pensée. Je n'osais pas y croire, pourtant... pourtant, c'était une certitude. Tout au fond de moi. Il ne m'était plus possible d'en douter, tellement je sentais si souvent ce monde se déchaîner à l'intérieure de ma poitrine, dans mon crâne, m'envahissant, me bouleversant, obscurcissant toujours plus la maigre lueur d'espoir au fond du tunnel. Je m'y accrochais, mais le chaos imminent n'était désormais plus négligeable. J'étais au moins arrivée à cette conclusion : la lueur existait bien, elle subsistait encore, mais il fallait pour l'atteindre utiliser tous les moyens à notre disposition. L'Ordre était trop corrompu, trop engoncé dans ses pratiques millénaires, son assurance, son orgeuil, tout ce qui faisait de lui ce mystère inspirant à l'humanité tant de légendes, de romans et de films d'aventure. Il fallait nous en sortir. Ils ne voudraient pas m'écouter... Ils n'avaient pas confiance en moi. Et ils feraient du mal à ma famille à la moindre occasion ; je ne pouvais le permettre. Pourtant, j'avais à cœur cet Equilibre dont on m'avait tant bourré le crâne. Je le voulais, vraiment. J'étais prête à tout sacrifier pour lui. Pour l'Equilibre. Pas pour l'Ordre.

Noah, lui, pouvait comprendre. Je le savais, désormais, j'en étais plus ou moins convaincue. Nous étions tous contraints de cloisonner nos pensées, de les contenir au maximum, mais j'avais compris depuis quelques années désormais que je n'étais pas la seule à penser comme je le faisais. A me poser des questions. A servir l'Equilibre plutôt que l'Ordre, remettant ainsi en question sa légitimité. James en faisait partie. Noah aussi, peut être... Sûrement, même. A force de se côtoyer de manière si proche, on avait forcément quelques fuites, sans compter nos péripéties près de la faille. Nous avions tous subi le même échec, nous étions désormais tous les trois sur la sellette. Ca aidait. Nous étions tous deux d'accord à l'idée de retourner à la faille – Astrid aussi l'avait été. Cela voulait donc dire que, comme moi, ils étaient prêts à prendre les devants, accomplir notre mission millénaire la plus profonde, bien au delà des directives de l'ordre. C'était ce qu'il fallait. C'était la seule chance qu'il nous restait. Peut être échouerons nous, sûrement l'Ordre tentera t-il de se mettre au travers de notre route. Mais j'ose eséprer qu'à un moment, les Archontes voudront bien ouvrir les yeux – eux qui se prétendent nos grands sages. N'ont ils pas les mêmes visions que moi ? J'en viens à en douter, parfois.

Nous gardons le silence pendant une bonne partie du trajet, ce qui me permet de me concentrer sur la route. Je sens sa présence à côté de moi, même sans paroles, même sans regard. Nous brisons cependant le silence pour des politesses d'usages qui dérivent bien vite sur le sujet fondamental qui nous occupe.

« Fatiguée aussi... Mais je suis contente, pour Astrid. Je sais qu'elle ne m'apprécie peut être pas vraiment personnellement, mais n ous avons besoin d'être tous en bon état et soudés. Et j'ai confiance en vous deux. »

Oui. Comment pourrait il en être autrement ? Nous avions à peu près tous sauvé la vie l'un de l'autre à un moment donné l'autre nuit. Et nos relations n'avaient aucune importance dans la lutte pour l'Equilibre. Nous étions chargés d'une mission bien supérieure à nos propres êtres. Je pousse un soupir alors qu'il me demande pour mes visions, ajoutant à la suite qu'en effet, c'était le genre de question qu'on devait me poser souvent.

« C'est en effet l'une des premières questions qu'on me pose lorsqu'on me rencontre... Mais bon, ça emplit tellement ma tête que je crains de ne pouvoir parler d'autre chose bien longtemps. C'est... C'est toujours la même chose. Du rouge. Du sang. Des cris. Le Chaos. Je n'ai pas assez de clefs pour vraiment les déchiffrer... Ca ne va pas plaire à l'Ordre, mais il faut que je fasse des recherches sur le mal et le chaos en eux même. »

Nous arrivons rapidement à destination. Je gare la voiture à l'entrée du dédale du ruelle et sors avant de continuer.

« Des autres, je n'ai pas eu trop de nouvelles, non. Mais je suis déjà sûre que Ted et Douglas guettent nos mouvements. »

Ajoutais-je à voix basse en m'enfonçant dans l'obscurité des petites rues sinueuses. Je tente de me souvenir du chemin, scrutant les alentours pour me trouver des points de repère.

« Tu es armé ? J'espère que nous n'aurons rien à combattre, surtout rien de l'ordre de la créature de la dernière fois mais... Mieux vaut être prudent. »

Plus nous avançons, plus l'obscurité tombe et plus je me demande si c'est vraiment une bonne idée. Elle me paraissait pertinente quand j'en ai parlé avec Astrid et j'étais plutôt sûr de mon coup. Je me disais qu'on trouverait forcément un truc qui nous expliquerait… quoi au juste ? Et bien, c'est là que le bât blesse. Mais les deux personnes qui étaient sur place avec moi étaient de mon coté, approuvaient l'idée, c'était qu'elle n'était pas mauvaise. Enfin en toute logique.

Et pourtant, je doute. Peut-être parce que les nôtres nous ont pointé du doigt notre échec, parce qu'une part de moi n'arrête pas de me seriner que nous aurions dû réussir puisqu'ils semblent l'affirmer. Et que je n'ai pas envie de remettre Mc Carthy en question. Ce serait beaucoup et nous sommes déjà sur la sellette. L'espace d'une seconde, je suis tenté de dire à Eva de faire demi-tour, que nous nous accommoderons bien de ce qu'ils ont décidé de raconter. Mais ça ne marche pas comme ça. L'Equilibre dépasse même les envies de tranquillité ou de laisser l'ordre décider pour nous. Combattre le chaos transcende tout ça, même si nous devons en payer le prix fort à terme. J'espère juste qu'Astrid ne paiera pas les pots cassés si notre petite expédition venait à mal tourner.

J'ai un bref soupir, me rendant compte qu'il résonne presque dans le silence qui a envahi l'habitacle. Mais je ne cherche pas à le rompre. Pas tout de suite. Si les choses ont mal tourné, je sais que je peux compter sur Eva maintenant et lui confier ma vie sans hésiter. Je l'ai fait et je ne le regrette pas. Et puis, elle semble avoir capté nos difficultés à Astrid et moi mais n'a pas cherché à nous condamner ou quoi que ce soit du même genre.

Je finis par reprendre la parole et j'ai un sourire à sa réponse.

"Astrid n'est pas du genre à aimer tout le monde qui croise son passage, qu'il soit des nôtres ou non. Elle peut les compter sur les doigts d'une main alors ne te sens pas personnellement visée. Mais ce que tu viens de dire vaut pour nous deux. Je sais qu'on peut te faire confiance sans la moindre hésitation. Tu as été là jusqu'au bout, malgré tout et nous avons réussi à rester soudés, liés et ça, ça ne s'oublie pas."

Ne pas avoir peur de me reposer sur elle et sur Astrid. Je ne dois pas l'oublier. Nous avons été plus forts en groupe, quand bien même ça n'a pas été suffisant. Mais, avec de l'entrainement, nous pourrions faire un trio des plus efficaces et particulièrement complémentaire.

"Ca ne s'arrange pas alors. C'était ce que je redoutais mais ça ne me surprend pas. Même sans faire partie de notre groupe, il est difficile de ne pas sentir ce qui flotte dans les airs. La prochaine explosion risque d'être pire encore, surtout si nous ne trouvons pas la véritable source."

Je laisse filer un silence avant d'ajouter, d'un ton pensif.

"Tu sais par où commencer tes recherches ? Je peux peut-être t'aider, même si je dois pas trop avoir la tête du rat de bibliothèque. Et Astrid est super douée avec cette machine infernale qu'elle aime à appeler un ordinateur. Ca pourrait être utile non ? Que ça leur plaise ou non, on ne peut pas continuer à avancer à l'aveuglette, sinon on va encore se foirer si ça nous retombe dessus."

Une fois garés, je prends une profonde inspiration alors que nous pénétrons dans les ruelles. Les souvenirs m'assaillent mais je me contente de les chasser d'une pichenette mentale alors qu'Eva continue. Et j'ai une grimace peu affable alors que je hausse les épaules.

"Je sais. A nous de faire en sorte qu'ils n'aient rien à nous reprocher. Ou qu'on ait quelque chose à brandir en face. J'ai comme l'impression qu'il va falloir les prendre de vitesse si on ne veut pas que ça nous retombe dessus."

Je n'aime pas parler de nos supérieurs comme ça mais ils restent des hommes. Faillibles, tout comme nous. Et s'ils ne sont plus aptes à nous diriger pour mener à bien la mission qui est la nôtre, hors de question de fermer les yeux. Ils ne le feraient de toute façon pas pour nous.

Je hoche alors doucement la tête à sa question, lui montrant le flingue que j'ai à la taille.

"Je me suis dit qu'Astrid ne m'en voudrait pas de lui avoir piqué pour notre petite virée. J'espère aussi qu'il ne servira à rien mais, dans le doute…"

Je laisse alors filer un temps d'hésitation et je souffle, à mi-voix.

"Tu penses qu'on devrait se connecter ? Histoire de voir si on sent mieux les choses ?"

Ca peut de toute façon pas être pire que la dernière fois hein. Je suppose.