Le parc était assez calme, pour un après-midi. Surtout quand on le comparait à la dernière fois que Roxane s’y était rendue. La fois où elle avait justement rencontré pour la première fois Gabriel, qu’elle allait retrouver aujourd’hui. Cette fois-là le parc était boueux et noir de monde. Alexis et Roxane y avaient rencontré par accident Gabriel, et elles avaient finalement sympathisé. Ca semblait si lointain. Pourtant c’était il n’y a pas si longtemps, mais le temps semblait à la fois ralentir et s’écouler bien trop vite. Roxane avait l’impression qu’il n’avait plus d’emprise, qu’il ne faisait que glisser, inexorablement. Et que rien de ce qu’elle pouvait faire ne changerait quoi que ce soit. Elle courait partout, elle faisait tout ce qu’elle pouvait. Pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Mais aussi pour réparer les morceaux d’une Meute qui ressemblait plus à une bande d’orphelins à la rue qu’à une Meute. Et elle avait l’impression de courir pour rien. On fait un rien de tout et de tout quelque chose d’inutile. Et à force on s’épuisait sans même s’en rendre compte. La veille elle avait d’ailleurs fait un malaise. Rien de grave au final. Mais c’était la preuve qu’il fallait qu’elle se calme. Qu’elle essaie de se reposer, et de faire une pause dans le tourbillon qu’était devenu sa vie. C’est moins difficile d’être triste à plein. Mais ça n’aidait pas à se relever rapidement. Roxane avait vu Alexis. Elle était allée la voir chez Sasha. La petite s’était mise à pleurer des rivières. On trouve rarement le mot qu’il faut. Et Roxane n’en avait trouvé aucun. Elle avait pleuré elle aussi. Ca lui avait fait du bien. Mais ça l’avait aussi Et le texto de Gabriel avait suffi à décider Roxane. Elle passerait un peu de temps avec elle aujourd’hui. Elle prendrait ces quelques minutes pour souffler, avec quelqu’un qui ne cherchait pas à préparer une vengeance vers un ennemi dont on ne savait rien.

La rouquine laisse ses pas la mener à travers le parc. Elle apprécie ce moment de calme. Cette tranquillité. Ca lui manque. Pourtant la belle est en retard. Elle devrait déjà y être depuis cinq bonnes minutes. Mais elle traîne encore un peu, sur le chemin qui sillonne entre les arbres. C’est le genre d’endroits qui semblent éternels. Intouché par les horreurs que la vie apporte. Le temps se dessine ici. Le même fil s’étire depuis des décennies. Et puis finalement elle arrive au bout de Kelvingrove Park. Elle traverse la route qui la sépare du petit salon de thé où elle a rendez-vous. Arrivée devant la porte, l’imprudente hésita, puis s’y engouffra. Elle repéra rapidement Gabriel et la rejoint.

« Bonjour Gabriel. Désolée je crois que je suis un peu en retard. Tu as déjà commandé quelque chose ? »

Roxanne. J’étais encore embrouillée quand à mon jugement sur la jeune femme. Je n’arrivais simplement pas à imprimer que cette demoiselle si agréable puisse être aussi …. Anormale. Comment faisait-elle pour vivre avec ça ? Je n’avais pas réussis à me résoudre à rester silencieuse suite aux événements de la Lune bleue. Je savais qu’elle appartenait à la meute, qu’elle était donc potentiellement dangereuse. Mais je n’y pouvais rien, je n’avais pas réussis à me résoudre à ne pas prendre des nouvelles. Je n’étais bien dans ma peau que quand chaque chose était à sa place, que lorsqu’elles étaient bien faites. Alors, puisque tellement de détails n’allaient pas, puisque j’étais incapable de remettre une semblant d’ordre dans tout ce foutoirs, il avait au moins fallu que je l’encourage elle. Roxanne, une métamorphe, à l’opposé de tous ces espèces de cinglés qui avaient fait irruptions dans ma vie. S’installant dans mon crâne comme des parasites infectes.

Elle était aussi un monstre, mais elle était un peu différente, des autres. De moi.

Le salon a une ambiance feutré particulièrement agréable quand on a l’impression d’étouffer en permanence. Les gens discutent avec discrétion laissant planer un brouhaha réconfortant. Je n’aimais pas être seule ces derniers temps. Seule hors de chez moi, je me mettais rapidement à paniquer et chez moi c’était rapidement la déchéance. Cependant, côtoyer d’autres personnes ne m’était pas non plus facile. J’avais l’impression de dégouliner d’une substance noir et collante, d’être repoussante… C’était insupportable. Je ne savais plus où était ma place. Quoi que je fasse, j’étais une intruse.

Être seule sans vraiment l’être, oui c’était bien aussi. Assise confortablement, regardant les minutes défilaient sans vraiment les voir. Hypnotisée par la danse des aiguilles, je mettais mon cerveau en stan-by. J’étais un peu en avance. Une serveuse m’approche avec un sourire factice. Les cernes coloraient sa peau d’une teinte bleutée. Je la renvois gentiment. Je préférais attendre la rouquine, ça n’aurait pas été poli de commander sans elle.
Je lui avais proposé de se voir un peu sur un coup de tête. Maintenant, je me sentais un peu stupide. Je n’avais pas la moindre idée de quoi parler avec elle, ni même si je saurais aligner trois mots.

« Bonjour Gabriel. Désolée je crois que je suis un peu en retard. Tu as déjà commandé quelque chose ? »

Je lève le nez, distraite, je ne l’avais même pas vu arriver. Je regarde ma montre à gousset, que Sorcha avait réparé, effectivement, elle était en retard.

-Ne t’en fait pas, je n’avais même pas remarqué. Je t’attendais pour ça, tu sais déjà ce que tu veux ?

Il m’était donc capable d’aligner trois mots, c’était une bonne nouvelle. Elle s’installe et je lui souris faiblement. Elle avait l’air fatiguée, elle aussi. En même temps, comment ne pas l’être après ce qui lui était arrivée. C’était un miracle qu’elle n’ait pas fait partis des victimes. Enfin, miracle… je ne savais même pas où elle habitait en réalité…
Voilà ce qu’il en coutait de se révéler…. D’avoir voulu fusionner le mythe et la réalité. Ca ne pouvait pas bien se finir, pour eux et pour nous. Notre mort était certainement en sursis.

-Est-ce stupide de te demander si ça va ?

Son cou portait encore les marques de l’attaque du vampire. On avait peut-être eu de la chance dans toute cette histoire. Une chance malsaine, mais sur laquelle il ne fallait pas cracher. Malgré tout, la fin de cette histoire macabre avait été beaucoup plus lugubre que ce que nous aurions pu penser…

La jeune femme lève les yeux vers Roxane et regarde sa montre avant de la rassurer en lui disant qu’elle n’avait pas remarqué son retard. La rouquine s’installa et lui répondit en prenant l’une des deux cartes posées au centre de la petite table.

« Eh bien à dire vrai non. Je sais ce que je ne veux pas, mais je ne sais pas ce que je veux. »

Elle allait pour une fois varier de son éternel café, et prendre autre chose. Il fallait qu’elle freine sur la caféine apparemment. Pas facile, surtout lorsqu’on était crevée et sur les nerfs. Elle jeta donc un œil rapide à la carte et s’arrêté sur un nom qui l’amusé. Infusion des Lucioles. Elle sourit en lisant les mots sur la carte et referma la carte.

« Ce fut rapide. Je vais prendre une Infusion des Lucioles. Aucune idée de ce qu’il y a dedans, mais le nom m’amuse. »

Gabriel la regarda, visiblement un peu gênée, et lui demanda comment elle allait.

« Ben écoutes ça peut aller. Je suis juste extrêmement fatiguée. Il y a tant de choses à faire. Et la moitié de ce que je fais ne mènera à rien. J’essaie de limiter les dégâts, de sauver ce qui peut l’être… »

La rouquine hésita un peu, les yeux dans le vague. Elle ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’elle racontait. Elle se sentait en confiance avec Gabriel. Le fait qu’elle n’ait rien à voir avec la Meute aidait sans doute. C’était juste un visage connu, une épaule amicale qui ne comptait pas sur elle. Devant qui elle n’avait pas à être forte. Ca faisait du bien d’être sincère, et de dire ce qu’on avait sur le cœur sans craindre d’attiser des douleurs ou des colères.

« J’ai cru mourir, tu vois… Lorsque la Lune Bleue a explosé, je venais de la quitter. Ca aurait pu être moi. Et puis Wolfheaven, détruit lui aussi, ça a été un choc… Mais ça va, je crois. Il le faut bien. »

La serveuse s’approcha de leur table et Roxane se tut, un peu déroutée, pour passer sa commande.

« Une Infusion des Lucioles s’il vous plaît. »

Elle adressa un sourire pas vraiment convaincant à la serveuse et commença à jouer avec ses cheveux, formant des boucles et les laissant retomber. Un vieux réflexe dont elle ne se défaisait pas facilement. Déjà qu’elle essayait d’arrêter un peu le café, il ne fallait pas espérer qu’elle cesse toutes ses manies. Perdre sa maison, certains de ses amis, ses repères, était suffisamment difficile.

« Et toi, est-ce que ça va ? Tu t’es remise de tes émotions ? Je suis vraiment désolée que ça ait dégénéré pendant la soirée, et que tu te sois retrouvée au milieu de tout ça. »

Elle hésitait à lui reparler de ce qu’il s’était passé. De l’insistance de Freyja à ce qu’elle s’éloigne. Mais le moment était probablement mal choisi, et Roxane ne savait pas vraiment comment tourner la chose pour ne pas se trahir, si elle se trompait, ou si quelqu’un les écoutait. La serveuse revint avec un petit panier contenant des petites bouchées de chocolat. Roxane poussa le panier vers Gabriel.

« Tiens sers toi. C’est pas trop mon truc. Je te les donne ils sont pour toi. »

La rouquine s’installe, les traits tirés… Peut-être faisions-nous simplement trop d'efforts la vie était en train de nous bouffer, tous sans exceptions. Pourquoi avoir de telles particularités si c’était pour vivre dans une tragédie constante. Je ne sais pas trop comment me comporter, J’avais déjà perdu des proches, mais là c’était différent.
Tout était différent.
Désormais, j’étais un monstre côtoyant ces pairs, je n’avais rien perdu pourtant, j’avais l’impression d’être aussi mal que la jeune femme. Je ne m’en sentais que plus pitoyable. Je ne pourrai jamais être plus que ça, un être repoussant, errant entre deux monde...

J’entame la conversation. Je ne sais pas trop quel sujet nous allions aborder. Certain semblait inévitable. Mais tout plutôt que le silence. Elle ne fait que me confirmer ce dont je me doutais, sa situation se lisait littéralement sur son visage. Enfermée dans un rôle qui semblait trop lourd pour elle. La situation était dans une impasse dramatique. La meute devait avoir des réponses, c’était une évidence. J’étais loin d’être une pro dans ce genre de domaine. Mais, laisser des êtres aussi violents sans garde-fou et sans bouc émissaire, allait forcément faire dégénérer les choses. Elle devait le savoir mieux que quiconque, voir son groupe se déchirer, s’éteindre et être les déclencheurs d’une nouvelle guerre ouverte devait être étouffant.

Le souci, c’est que ce n’était bon pour personne. Moi y compris. Il n'y a aucune chance que je puisse gagner, survivre, si une nouvelle guerre venait à éclater. J'étais devenue trop vulnérable.

-Je ne sais pas trop comment vous marchez. Mais, la question, c'est seulement de savoir comment tu les résous , tes problèmes. Ce n’est pas évident, je sais et si tu as besoin…je peux toujours te donner un coup de main. Enfin, de loin, je préférerais. Mais, vous fonctionnez tous de la même façon, avec des chefs. Ils sont connus, tout le monde sait ou frapper. C'est tellement facile après tout, crois moi, tu as dû l’entendre une dizaine de fois, c’est sûrement stupide de dire tout ça… Mais le tout, maintenant, c’est de trouver un moyen pour que vous ne soyez pas aussi vulnérable à chaque perte. Il faut dissuader quiconque de tenter l’affaire en vous organisant, de sorte à ce que chaque vie perdue vous rende plus fort et fasse plus perdre à ceux qui vous veulent du mal. Enfin… c’est facile de parler, je m’en rends bien compte. En plus tu ne dois pas avoir envie d’en parler... C’est juste que… si tu as besoin, je suis là.

J’étais folle de lui proposer mon aide. Mais à moitié seulement. Je ne voulais toujours pas avoir quelque chose affaire avec ces fou furieux dangereux. Je les considérais toujours comme des monstres sanguinaires, mais si un des camps était instable, c’était tout les autres qui seront entrainés par leur déchéance. D’une manière ou d’une autre. Et ça, il fallait l’éviter à tout prix. Eux, la meute, il était aveuglé par la douleur et il ne devait même pas s’en rendre compte. Pendant, que je suis dans cet enfer parfait. Malsain...Moi, qui n’appartenais finalement à rien, je le voyais de ma misérable existence, . Si je pouvais survivre ainsi, alors tant pis, il fallait pactiser avec le diable. Ou la lune. Je ne savais pas trop, encore, qui était l’investigateur de ce cauchemar.
Je ne peux pas me battre et je n'ai pas envie d'essayer, d'être entrainer dans ce tourbillon de violence. Mais... je peut peut-être aider, de loin.

-Tu sais, c’est normal de pleurer ces morts et de ne pas aller bien dans ce genre de cas. Le contraire serait… effrayant… C’est une maigre consolation, mais je suis heureuse que tu ne sois pas morte.

La serveuse arrive, coupant court à notre conversation. Ce n’était peut-être pas très prudent de parler de tout ça ici. Mes repères étaient complètement biaisés, c’était tellement désagréable, comme si j’étais devenue incapable de réorganiser ma vie, car il n’y avait plus de place pour rien, plus aucun moyen de ranger. Je lâche mes pensées sombres et prends le temps de commander un thé des amants ainsi qu’une part de gâteau.

-Je me demande pourquoi ça a si mal tourné… Des fois ça ne tient vraiment pas à grand-chose. Mais bon, ne t’excuse pas ce n’est vraiment pas de ta faute. En plus s’il n’y avait eu que ça, ça aurait été bien…Tu vois, c’est typiquement le genre de cas ou il y a un évènement qui en entraine d’autre. Tu ne sais pas trop comment, mais tout converge vers un seul et même problème. Ce qui finit par provoquer une avalanche. Mais peut-être que c'est seulement ma peur qui me fait tout voir en noir…

La serveuse revient pour nous offrir de quoi patienter. Je passe mes mains dans mes cheveux. Cherchant des nœuds inexistants à démêler. Je fais la moue devant l’attitude de la rousse, plissant un peu le regard.

-Je vais sûrement être une peu trop maternelle, mais…. Tu prends le temps de manger au moins ? Tu aurais peut-être dû prendre un truc à grignoter. Je sais ce que c’est que de se perdre dans son boulot et avoir tendance à oublier le reste pour tenter de gérer la pression constante qui ne veut pas partir…. Tu devrais profiter de cette après-midi pour reprendre des forces. Dans tous les sens du terme.

Gabriel se lance dans une tirade pas très claire, qui arrache un léger sourire à Roxane. La jeune femme semble vraiment vouloir aider, mais tout en dégageant l’impression qu’elle craint les membres de la Meute. Roxane se demande si il n’est pas temps d’essayer de savoir pour de bon si Gabriel est bien une métamorphe. Elle semblait vraiment vouloir l’aider. Elle donnait des conseils, son avis. Si Roxane parvenait à la rassurer sur les loups, elle serait peut-être prête à sauter le pas, et à les rejoindre.

« Oui, c’est sûr, c’est facile à dire. Pour le moment on essaie de rester debout, c’est déjà pas facile. On se réorganise, petit à petit, du moins ceux qui ne se terrent pas. Pour le moment le mot d’ordre est discrétion. On ne prend pas de risque, on reste discrets. On a vu ce que ça a donné, de médiatiser ainsi la Meute et de s’ouvrir sur le monde extérieur. Comme tu l’as dit, quand il y a des chefs assumés, les ennemis savent où frapper… »

La rouquine réfléchissait encore à comment poser la question qui lui trottait dans la tête à Gabriel. La fatigue ne l’aidait pas vraiment à réfléchir correctement. Elle avait besoin de repos. La brune la rassure un peu, tente de la réconforter, alors que la serveuse s’approche pour prendre leur commande. Elles discutent un peu, de ce qu’il s’est passé pendant la soirée. Gabriel semble se poser beaucoup de questions. Sa remarque fait de nouveau sourire Roxane. Si la vision des choses de Gabriel était noire, que pouvait-on dire de celle de Roxane. Même si elle remuait ciel et terre pour comprendre et pour protéger ce qu’il lui restait de famille, elle n’y croyait plus vraiment. Elle avait l’impression de ne pas servir à grand-chose. Son activité incessante avait au moins l’avantage de la tenir occupée, l’empêchant de sombrer dans la dépression. C’était peut-être ça que cherchait Gabriel en proposant son aide. S’occuper, pour ne plus se poser toutes ces questions, se demandait si elle pouvait être la prochaine cible de cet ennemi dont on ne savait rien.

Roxane soupira un peu, pas par exaspération, mais plutôt parce qu’elle savait que Gabriel avait raison. Il fallait qu’elle mange. Mais elle n’avait pas vraiment faim. Les sucreries ne lui disaient rien. Elle regarda néanmoins une nouvelle fois la carte, et se décidé pour un cheesecake aux fruits rouges.

« Je sais. Tu as raison. Je vais me prendre un cheesecake. »

Elle attendit que la serveuse repasse pour le commander et se tourna de nouveau vers Gabriel. Elle baissa la voix, afin d’éviter que quiconque ne les entende.

« Je sens bien que tu veux être utile. Tu l’es déjà en passant un peu de temps avec moi. Merci pour ça. Pour ce qui est de la Meute, ou plutôt de ce qu’il en reste, est-ce que je peux te demander pourquoi tu te sens si concernée ? Tu as le droit de ne pas me répondre, bien sûr. »

C’était bien si elle prenait le temps d’ingurgiter quelque chose. Si elle était comme moi, il y avait fort à parier que le sommeil n’était qu’un des nombreux fondamentaux nécessaire à la survie qu’elle n’avait pas pris la peine de prendre. Quand on y réfléchissait, sa situation était tellement chaotique, comment diable réussir à réorganiser sa vie quand une catastrophe de cette ampleur venait tout souffler.
J’avais déjà du mal à reprendre en main la mienne, nos vies n’étaient pas comparables, mais la voir tenter de s’en sortir et aller de l’avant avait un petit quelque chose d’impressionnant à sa façon. Je me rencogne dans ma chaise, satisfaite qu’elle commande de quoi se remplumer. Je m’autorise un petit sourire.

-Je crois que je t’aurais forcé à avaler un truc si tu n’avais rien pris. Tu as vraiment une mine affreuse.

Me concernant, ca devait aller un peu mieux. Je gérais mieux la colère que l’abattement et il se trouvait qu’on m’avait donné de quoi ronger mon frein à loisirs. J’en avais profité pour me donner un coup de pied au cul. Même si j’avais toujours du mal me regarder dans le miroir. Sans parler de la pleine lune qui allait arriver d’ici peu. Je ne savais toujours pas quoi faire concernant cet inconvénient. Je n’avais aucune idée de comment ça allait se passer. Jusqu'à présent, je n’y avais jamais fait attention, ne prenant les images et les sensations qui engourdissaient mes membres le matin que comme une mauvaise nuit de passé. Je me dépêchais vite d’oublier ce qui défilait dans ma tête.

Maintenant que je ne pouvais revenir en arrière et que j’avais pleinement conscience de mon état, il ne me restait que ce gout amer dans la bouche.

Roxanne baisse la voix et mon attention revient sur elle, toute entière. Sa mine se fait plus grave. Cette question lui tient à cœur. Oui, il était normal qu’elle la pose, même si je m’étais attendue à ce qu’elle me demande autre chose avant. Je me rappel encore de l’insistance de son regard lorsqu’on s’était séparée. Quelque chose la démangeait, tout comme ma cousine, elles étaient l’une et l’autre facile à lire quand la curiosité débordait de leurs esprits.

Je croise les bras sur ma poitrine, prenant le temps de réfléchir à ses paroles, de savoir quoi lui dire et comment. J’ai toujours été franche du collier, mais je ne voulais pas la heurter non plus. Je ne m’y intéressais pas par charité. Il s’agissait juste d’une notion obscure pour moi, pourtant elle semblait graviter autour de ma vie et s’y rapprocher de plus en plus. Ce n’était pas une coïncidence si j’avais rencontré trois métamorphes appartenant à la meute, sans compter la lettre de mon père. Si elle coulait, il y avait fort à parier qu’elle m’entrainerait avec elle, d’une façon ou d’une autre. Sans même que je ne sache, ni ne comprenne comment. Comme tout le reste, ça me tomberait dessus, tout simplement, et il sera trop tard pour y faire quelque chose. Alors autant prendre les devants.

-Je t’en prie, ça me fait plaisir de te voir. Et pour te répondre… c’est parce c’est une question d’équilibre. Si l’une des grandes factions commencent à décliner, cela aura des répercutions, personnes ne sera à l’abri. Certains d’entre vous voudront se venger, d’autre seront à cran. Ça va créer des incidents et peu importe qui ou pourquoi tout ça a été provoqué, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle guerre qui entrainera tout le monde. Et puis… Je t’apprécie, ça aussi ça compte.

C’était encore ce que j’avais de plus vrai à lui dire, sans pour autant tout déballer. Je pense que je pouvais lui faire confiance, cela ne me dérangerai pas de lui parler de ce qui était arrivé avec Malcom ou encore de ma condition un peu particulière. En évitant forcément le sujet de mon point de vue sur les êtres surnaturels. Pourtant, je n’avais pas envie d’aller sur ce terrain là de mon propre chef.

J’allais reprendre la parole, mais la serveuse revient pour nous servir. Je préfère me taire et lui laisser le temps de déposer plat et boisson. Je prends mon thé et savoure la chaleur qui diffuse de la tasse à mes mains avant de prendre une gorgée.

-D’une certaine manière, c’est agaçant de subir et de ne récolter que les problèmes que les autres sèment. Donc…. Autant tenter d’y faire quelque chose avant que ça n’arrive.

« Merci c’est gentil. »

Roxane répond en grimaçant un peu à la remarque de Gabriel. Elle sait bien que ce n’est pas méchant. Et que c’est vrai. Elle ne s’est pas vraiment regardée dans une glace récemment, mais elle doit probablement paraître facilement cinq ans de plus. Les restes de sa blessure au cou se voyaient encore. Cernes sous les yeux et teint blanchâtre en prime. On remarque peut-être même plus ça que ses cheveux, qui pourtant attirent d’habitude l’attention. La serveuse repart, ayant pris la commande supplémentaire de Roxane. Malgré sa fatigue Roxane remarque que Gabriel a l’air un peu perturbée. Elle met bien sûr ça sur le compte des derniers évènements. Elle lui pose quand même la question de son intérêt pour la Meute. Elle espère que la jeune femme lui donnera de quoi confirmer son intuition, mais finalement pas vraiment.

« Moi aussi je t’apprécie. Je trouve juste ça un peu étonnant que tu veuilles aider la Meute comme ça… Tu connais d’autres personnes à part moi dans la Meute ? J’espère que tu ne m’en veux pas de te poser toutes ces questions. Ce n’est pas méchant du tout, ni que je ne te fais pas confiance. »

La serveuse revient avec les commandes, et Roxane prend une bonne inspiration au dessus de la tasse. L’odeur a l’air plutôt sympathique, pour un truc qu’elle a choisi au hasard. A base de pomme et de cannelle il semblerait. Elle prend une petite gorgée et repose la tasse.

« Je pense que la seule chose que tu puisses faire pour nous, c’est tout simplement continuer de croire que la paix est toujours possible. Nous faire confiance là-dessus. On a besoin de temps, je crois. De réponses, bien sûr, mais surtout de temps. »

La rouquine prend une cuiller de cheese cake. Son estomac se réveille alors que les premières bouchées descendent dans son estomac, et elle se prend à apprécier cette douceur dont elle ne pensait pourtant pas avoir envie à la base.

Je pose mon menton dans la paume de ma main en soupirant. Si j’en connaissais ? Le sourire narquois de Malcom et ces babines baveuses me saute aux visages, l’arrogance de John aussi. Ouais, j’en connaissais, trop à mon goût. On allait y arriver finalement, les métamorphes et la meute. Ce qui m’engluait à elle sans que je ne puisse rien y faire. Ce qu’il y avait d’étonnant n’était que de s’y intéressait. Il y avait tant de raisons à se mêler de leur affaire tant leur instabilités rendait la paix caduque. Eux et les vampires, mais passons .Ce qui était étonnant c’était que MOI, je m’y intéresse. Moi qui avais toujours fuis comme la peste ce genre d’individu, préférant l’ignorance et les œillères. Je pense que j’avais était particulièrement douée en la matière.

-Tu n’as pas à l’être, ta curiosité est légitime et oui j’en connais d’autre…malheureusement… Malcom et John. Et mon père biologique apparemment.

Ca ne c’était pas bien passé pour ceux étant vivants. Mais bon, j’avais déjà décidé de lui dire ce qui pouvait l’être lorsque je lui avais proposé de se retrouver ici. Je n’étais pas stupide, je savais que ce genre de sujet arriverait sur la table. Éluder aurait été stupide et peut-être me donnerait-elle quelque chose pour que je puisse avancer de mon coté Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi John était venu me voir et avait perdu autant d’énergie alors qu’il aurait dû aider Roxanne... Elle, il devait la connaitre, ça aurait été tellement plus intelligent.
Les plats arrivent et je vois la rouquine fondre littéralement après avoir ingurgité une cuillère ce qui me fait sourire. Ces propos par contre sont beaucoup moins joyeux. Bande d’entêtée. Bien sur que vous aviez besoin d’aide. Plus de leader, en recherche de vengeance, comment croyait-il pouvoir gérer cette situation seule. Enfin, peut-être ne l’était-elle pas, si tout ce merdier n’était pas arrivé je n’y aurais jamais mis le nez. C’était frustrant que d’être dans cette situation. Au bord du gouffre, attiré par le vide, mais terrifié à l’idée d’y sauter. Puis, il fallait s rendre à l’évidence, qu’est ce que je pourrais bien y faire…
J’en profite pour manger un bout aussi. Le sucre me fait du bien et calme un peu mes nerfs. Je n’aimais pas vraiment parler d’eux, mais il fallait bien passer par là. La prochaine question serait sans doute de savoir le pourquoi du comment et je me voyais mal lui refuser cette réponse. Ils la lui donneront de toute façon. Autant qu’elle ait aussi ma version.

-J’ai rencontré Malcom deux fois, un peu par hasard. La première il m’a alpagué dans un parc, la seconde pour un entretient d’embauche. Ca ne s’est pas bien passé dans les deux cas, il a tenté de me bouffer dans son bureau simplement pour se moquer de moi et me forcer à… enfin voilà. Le second a joué au facteur, il voulait me donner une lettre de mon père. Ils étaient amis apparemment. Je ne sais pas trop à quoi il s’attendait. Tu sais, pour moi, mes parents sont ceux qui m’ont élevé. Ca ne lui a pas plus que je n’éclate pas en sanglot ou que sais-je encore. Et comme j’apprécie moyennement qu’un inconnu vienne sur le pas de ma porte pour me faire la morale sur ce que je devrais faire ou non. Pour faire court disons que je ne l’apprécie pas plus que ça. Et voilà comment on en vient à raconter sa vie…

Mais bon, au moins maintenant elle savait.

Gabriel ne prend pas mal les questions de Roxane. Elle consent même à y répondre. Roxane en vient à penser qu’elle a finalement peut-être autant besoin de discuter avec la rouquine qu’elle-même n’avait besoin de parler à une amie extérieure à tout ça. Ainsi elle connaît d’autres membres de la Meute. Et apparemment des métamorphes. Malcom, et John. Bien sûr Roxane les connaît. N’ayant pas le nom de ce fameux père biologique elle ne sait pas si il s’agit également d’un métamorphe ou si c’est un loup. Probablement plutôt un loup. Les métamorphes n’ont pas cette habitude de laisser leur progéniture femelle sans nouvelle. Bien sûr il y a des exceptions, chez les loups comme chez les métamorphes, mais le plus logique était qu’il s’agissait d’un loup. Quelques instants elle se demanda si le fait que Gabriel connaisse tant de métamorphes n’était vraiment qu’une coïncidence, ou si la jeune femme pouvait être dans le même état d’esprit que Roxane quelques années seulement auparavant. Cherchant des réponses à ses questions, cherchant des gens qui lui ressemblent, pour mieux se comprendre et s’accepter.

Roxane profite que leurs commandes soient arrivées pour prendre une bouchée de gâteau tout en demandant à Gabriel.

« Pourquoi ce « malheureusement » ? Ils t’ont importunée ? »

Les deux hommes n’étaient pas méchants, mais ils pouvaient parfois se montrer un peu agressifs ou intimidants. Si ils avaient dépassé les limites avec Gabriel Roxane le leur dirait. Pas forcément méchamment. Ce n’était pas vraiment le moment de se disputer ou de réveiller des querelles entre eux. Mais elle leur rappellerait d’être plus prudents avec les gens qui ne font pas partie de la Meute. On ne peut pas défouler ses nerfs sur le premier venu. Mais la réponse de Gabriel n’est pas vraiment celle à laquelle elle s’attendait. Même si Gabriel ne le dit pas clairement, le sous-entendu est très clair pour quelqu’un qui connaît l’existence des métamorphes. Gabriel est l’une des leurs. Et Malcom le sait. L’information tourne dans la tête de Roxane et elle se convint rapidement que tout coïncide. Ses doutes sont justifiés.

« Je suis désolée pour le comportement de Malcom. Il peut être parfois un peu… brutal dirons nous. Mais il ne te voulait pas de mal j’en suis sure. Je… Je sais que tu es venue pour être là pour moi, et non l’inverse. Mais si tu veux parler de tout ça je suis là. Si tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit n’hésite pas. Je comprends mieux ton intérêt et ton inquiétude envers le Meute. Si tu es vraiment prête à t’impliquer, si tu n’as pas peur de le faire, de nous rejoindre maintenant, avec ce qu’il s’est passé, je pense que ce serait possible. En tous cas en ce qui me concerne tu serais la bienvenue. »

Je lui souris, évitant de faire ressortir mon côté cynique. Malcom, ne pas me vouloir du mal…. Sincèrement, si la rouquine n’était pas si mal au point, je lui aurais simplement ris au nez. Ce gars était la mesquinerie incarné. Peut-être n’était-il pas méchant avec ces compagnons, des monstres comme lui. Roxanne n’avait pourtant pas l’air d’être comme lui… Je ne voulais pas insulter la demoiselle, même de façon indirecte…
Même humains, cela n’aurait rien changé à la laideur de cet homme de toutes les façons. Son attitude avec moi n’avais été que pur sadisme. Le plaisir qui avait allumé son visage devant mon mal être avait été suffisamment évident pour que je ne le prenne pas pour un fou dangereux.
Il avait aimé me faire souffrir.

Roxanne dévie le sujet. Si je suis maternaliste avec les gens que j’apprécie, elle l’est tout autant, peut-être même plus. C’est elle qui a tout un groupe de sociopathe sanguinaire à gérer, qui a perdu des proches et là voilà qui veut s’occuper de moi. M’écouter et me soulager. Non, ce n’était pas le moment, peut-être plus tard. Mes problèmes et mon ressentis ne feront que l’accabler un peu plus. Il était trop tôt pour ça, pour moi et pour elle. Je pourrais la briser malgré moi. Elle allait trop prendre sur elle, Je ne doutais pas de sa force, mais nous avions tous des imites et je ne voulais pas les lui faire dépasser. Ce n’était pas sain. Surtout, si certain s’amusait à courir après des fantômes au lieu de l’aider.

-Ne t’en fais pas pour moi. Étrangement et malgré le fait qu’on ne soit pas plus intime que ça, je sais que je peux te parler. Concernant Malcom, c’est mon problème, je ne pense pas changer d’avis le concernant. Mais on ne peut pas aimer tout le monde. Et tu n’as pas à t’excuser pour lui. Il n’est certainement pas désolé de ce qu’il a fait et si tu commence comme ça, tu n’en finiras jamais, je crois.

Encore moins avec un décérébré sociopathe comme lui.

-Concernant la meute… Pour le moment, disons qu’il y a trop de gens que préfèrerais éviter pour songer à y entrer. Ce n’est pas pour moi.

Je n’avais aucune envie de côtoyer des êtres à la réputation taché de sang, sans aucune tenue et passant leur nerf ou leur esprit sadique sur les premiers venus. J’avais été relativement correcte avec ces deux emmerdeurs, je ne pense pas que cela pourra durer très longtemps si je dois les revoir. Leur brutalité allait finir par me contaminer, car il n’y avait que ça qui semblait avoir un réel impacte sur eux.
Surtout, que je ne voyais actuellement aucune différence entre la secte qui avait abrutie mes parents et cette meute. A part son passif particulièrement macabre peut-être. Ce qui la rendait encore moins attrayante à mes yeux.


-Au fait, la demoiselle qui était avec toi quand on s’était rencontrée, elle va bien ?

A tous les coups, elle faisait partie du clan des croquemitaines elle aussi. Putain, avais-je rencontré ne serait-ce qu’un humain ces derniers temps ? Alice était-elle devenu un loup, Sorcha devait être un lutin des forets et mon patron un vampire insensible au rayons du soleil. Il faudrait vraiment que je revois ma façon d’aborder les gens, à commencer par me demander s’ils sont humains, plutôt que de les percevoir comme de potentiel danger. Les inconnus étaient dangereux et peut-être, seulement peut-être, possiblement inoffensif après mur réflexion et test ADN.

-Je t’avouerais qu’avec tout ce qui s’enchaine en ce moment, ça commence à faire beaucoup. Il y a trop d’évènement convergeant pour que ça soit anodin. Et le pire c’est que comme d’hab, on ne comprendra les tenants et aboutissant que lorsque ça nous tombera dessus…

Je soupir à m’en fendre l’âme et la panse en finissant le crumble présenté avec soin. Tant de d’application pour une si petite pâtisserie. Tant d’attention que ça en paraissait presque ridicule tellement le monde semblait s’écrouler autour de moi, mais eux, il prenait le soin et le temps de faire des présentations impeccables. Inutile et pourtant réconfortante.
C’était…. Décalée.

-Désolée, je voulais te remonter le moral et j’ai l’impression de faire tout le contraire. C’est un peu ratée…

La conversation se poursuit tandis que les deux femmes profitent des boissons et gâteaux posés sur la table. Elles parlent à voix assez basse mais pas non plus en chuchotant. Elles ne sont pas seules mais leur conversation, si elle est d’ordre privée, n’en est pas pour autant secrète. Elles utilisent les sous-entendus qu’il faut pour se comprendre sans attirer l’attention sur elles. Roxane a maintenant la certitude que ses doutes étaient fondés, et que Gabriel n’est pas une simple humaine mais bien une métamorphe, tout comme elle. Elle n’est visiblement pas ravie de ses précédentes rencontres avec d’autres métamorphes. La rouquine se demande si elle sait que John est aussi un métamorphe, ou si elle le pense loup. Ca n’a pas vraiment d’importance, aussi Roxane garde-t-elle sa question pour elle. Elle lui propose, si elle le souhaite, de se rapprocher de la Meute, ou plutôt de ce qu’il en reste. Ce n’est sans doute pas le moment idéal, mais Roxane ne fermerait pas la porte à quelqu’un qui a besoin de se sentir moins seul. C’est apparemment le cas de Gabriel. Roxane ne connaît pas les détails sur sa vie, mais de ce qu’elle a raconté, elle n’assume pas complètement sa nature. A son âge c’est étonnant, mais si elle a besoin d’aide et de soutien Roxane ne peut s’empêcher de le lui offrir. Gabriel refuse, expliquant qu’elle ne se sent pas vraiment prête à faire ce pas, surtout avec ce qu’il s’est passé avec les deux autres.

Le portable de Roxane vibra et elle le sortit de sa poche, pensant recevoir un SMS de Lexie. Elle sourit en regardant l’écran, avant de lire que le texto venait d’un numéro inconnu. Elle répondit à la question de Gabriel, l’esprit un peu ailleurs, se demandant ce qu’on pouvait bien lui vouloir.

« Alexis va bien, heureusement. Dieu merci. Ce serait vraiment la fin pour moi. »

La rouquine pressa la touche de son téléphone pour afficher le message, et commença à lire, prêtant une oreille distraite à Gabriel. Alors que son amie s’excuse, elle relève la tête, et la regarde d’un air préoccupé.

« Ne t’inquiète pas. Ca m’a fait du bien cette petite pause. »

Roxane soupira en regardant du coin de l’œil son portable, réfléchissant à ce qu’il valait mieux faire de ce texto. L’ignorer ? Aller voir ? Envoyer quelqu’un pour le faire à sa place? Elle se demandait vraiment qui pouvait bien envoyer ce genre de message, avec un numéro masqué. Ca pouvait être un piège, pour affaiblir ce qui restait de la Meute. Elle jeta un œil à Gabriel et reprit.

« D’ailleurs il semblerait que la pause soit terminée. Je viens de recevoir un texto étrange. Je pense qu’il faut que j’aille voir. Si tu veux te rendre utile, je pense qu’on ne sera pas trop de deux. »

Elle montra l’écran à Gabriel, lui laissant le temps de réfléchir.

« Ne te sens pas obligée. De toute façon je vais aussi contacter Malcom. Je sais que tu ne l’aimes pas mais si ça tourne mal il ne sera vraiment pas de trop. J’espère que ce n’est pas un piège. Mais il faut qu’on prenne le risque, si on veut des réponses. »

Roxane récupéra son téléphone et transféra le texto à Malcom, puis termina ce qu’il restait de thé et rangea ses affaires.