"Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé]
Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Mar 2 Fév - 16:47
Je crois que j’aurais pu difficilement paraitre plus blazée qu’en cet instant. Malcom avait un humour pourri. Ca lui allait bien, finalement, ça collait parfaitement à l’image pitoyable que je pouvais avoir de lui. Ce corps était devenu tellement dégoutant à mes yeux, comment pouvait-il s’amuser de la sorte ? Mon regard était lourd de toutes ces pensées, mes bras se croisent sur ma poitrine en attendant qu’il ait fini de faire l’enfant. Il ne pousse pas la plaisanterie plus loin, ne dit rien de plus sur ce qui venait de se passer. En ça il remontait un petit peu dans mon estime. Mais rien qu’un peu.
-Il n’y a rien dont tu puisses profiter… Soufflais-je doucement.
En attendant qu’il replace ces meubles, je vais m’adosser contre un des murs, non loin de la porte. La pièce était devenue un vrai champ de bataille, à l’image de ce que nous y avions fait. J’ai encore envie de croire que tout ceci n’était pas réel, mais l’étau qui comprime ma poitrine et remonte dans ma gorge m’empêche de remettre des œillères. Au bout d’une éternité, il daigne enfin lâcher quelques informations. La pleine lune… Oui j’aurais pu faire la corrélation avec la récurrence de mes ‘’rêves’’… Mais quelle cruche… Et mes parents qui m’avaient fait voir un psy pour ça… Comment ne s’étaient-ils aperçus de rien eux aussi ? La réponse n’était pas si dur à trouver, le travail, les sorties, jamais là. Je n’avais pas été abandonnée, mais l’un et l’autre avait toujours été très pris. Aujourd’hui n’était que la résultante d’une suite d’évènement improbable qui m’avait évité de faire face à la réalité. J’aurais voulu avoir de la chance jusqu’au bout, ignorer, oublier… C’était beaucoup moins effrayant… écœurant.
-Tu ne m’en voudras pas, mais je n’ai pas spécialement envie de chercher à partir de quel moment tout ceci a commencé…
Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de préciser sa pensée sur sa nature…notre nature. Je serre les mâchoires. S’il est assez stupide pour se croire … humain… quelqu’un de normal ne pouvais pas faire ce genre de choses. J’étais certaine que même mes parents n’accepteraient pas ma nature… Surtout eux en fait. Il ne faisait aucun doute que cette tare me venait de mon père biologique, il n’y avait pas d’autre alternative… Ma mère, cette abrutie inconséquente. Il n’y avait pas intérêt à ce qu’elle vienne me faire la morale après ce qu’elle m’avait infligé. N’aurait-elle pas pu faire plus attention… a quelque mois près j’aurais pu être normal ou ne pas être. Ça aurait certainement mieux valu en fin de compte...
-Je retiendrais ce nom.
Mais je doutais fortement que j’irais m’y frotter. La meute, les loups-garous, des métamorphes. C’était irréaliste. C’était beaucoup trop pour moie t pourtant…et pourtant. Un détail m’empêchait de me jeter hors de cette pièce avant que mon sang-froid ne décide de m’abandonner définitivement. Un souvenir plus qu’un détail. Les paroles d’Oppeinheimer, l’intérêt morbide du cadavre. L’ignorance aurait ma peau maintenant que je savais. Autant essayer d’en savoir un peu plus. Juste à peine pour être fixée et après je sortirai de ce cauchemar.
-Une dernière chose. Il y a quelque chose en particulier avec les vampires ?
La formulation n’était peut-être pas des plus pertinentes, mais je ne savais même pas ce que je demandais ou l’information que je cherchais. J’avais passé tellement de temps à m’éloigner de ce monde que je pensais ne pas être le mien que j’étais aussi perdue qu’un nouveau née. Dans le fond ce n’était pas comme si je m’attendais à avoir une réponse…
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Sam 6 Fév - 10:59
Toujours cet air hautain et suffisant qui ne me donne que l'envie de la contrarier... Mais il est altéré par une nouvelle prise de conscience. Je ne peux pas m'empêcher de sourire avec satisfaction, à la regarder se chercher vainement une nouvelle contenance. La mettre à mal m'a fait le plus grand plaisir, même si c'était aussi lui rendre service. Elle va sans doute en garder rancune un moment avant de songer à me remercier.
- T'es en pleine crise existentielle, ma pauvre. Je peux t'aider à retrouver goût à ton propre corps, si tu veux.
Je me fends d'un sourire torve. Elle va certainement me servir une nouvelle soufflante, mais c'était plus fort que moi. Inutile de s'appesantir sur le dégoût qu'elle éprouvait subitement pour son propre corps... Je ne suis pas psychologue pour petite fille parfaite, par contre ça ne m'aurait pas dérangé de lui prouver qu'elle avait tort. On pouvait largement trouver de quoi profiter.
J'hausse les épaules, quand elle préfère continuer de tout rejeter en bloc. Elle écoute, ne pète pas un plomb, n'explose pas en larmes... C'est déjà un bon point. Les filles qui pleurent devant moi, ça me donne envie de les consoler à ma façon ou de les mettre à la porte.
- Ca n'a pas fondamentalement une importance, sauf pour savoir quel animal est venu le premier. Je suppose que, dans ton cas, il s'est toujours agi de l'oiseau.
Elle aurait dû avoir un métamorphe pour la guider un minimum... Un parent, par exemple. La plupart se fiait à leur famille pour surmonter pareille épreuve, mais si elle s'était arrachée assez tôt à eux comme j'avais pu le faire, ce n'était plus qu'une question de chance avant de croiser un autre de ses semblables. Nolan m'avait trouvé à mes douze ans, mais elle... J'étais le premier. Et elle n'avait même pas eu encore de prise de conscience. Un beau calvaire. Qu'on ne compte pas sur moi pour jouer les tuteurs, je préfère confier cette tâche à Roxane. Elle est plus douce, plus raisonnable, plus... Entre femmes, le courant passera bien je suppose.
- Fais-en ce que tu veux, mais qu'on ne m'accuse pas de t'avoir laissé en plan.
Je marque un temps d'arrêt quand elle mentionne les vampires. Une grimace mauvaise déforme mes traits. Ah oui, bien sûr... J'avais oublié ce léger détail. Pour qu'elle pose la question d'elle-même, c'est qu'elle a dû être confronté à leur engeance à un moment donné, sans savoir que sa véritable nature pouvait signer son arrêt de mort.
- Les sangsues... Evite-les si tu tiens à rester en vie. Notre sang est irrésistible pour eux, et les plus jeunes ne résisteront pas à son appel. Ils se jetteront sur toi pour te vider jusqu'à la dernière goutte de ce délicieux nectar. Pigé ?
Je marque un temps d'arrêt. Je me rapproche d'elle, sans la toucher. J'ai comme la certitude que si je me risquais à le faire, une bombe allait subitement se déclencher. Et j'aurais du mal à dire ce qui est le plus dangereux entre une arme braquée sur soi ou une femme en pleine crise de panique.
- Tu n'as vraiment aucune autre question, Gabriel ? Tu n'es pas curieuse d'en apprendre plus ? Tout ce que tu te refuseras de me demander, tu devras l'apprendre à tes dépends lors de la prochaine lune tu sais. Alors, dernière chance...
Elle peut choisir de partir ou de rester, d'affronter ou de fuir. Ce choix, nous l'avons tous eu un jour. Je ne cherche plus à jouer les chats devant une souris, même si j'aurais tôt fait de la retrouver si l'ennui m'incite à venir la tourmenter.
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Malcom Hastings
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Sam 6 Fév - 16:36
Je laisse Malcom à ces divagations morbides. Je me retiens de justesse de lui envoyer mon poing dans la figure. La simple pensée d’avoir des mains pouvant parcourir ce corps me donnait des nausées, alors si en plus ce devait être les siennes. Il y perdrait sa virilité si je pouvais le faire. L’homme était attirant, il le savait. Mais ce n’était clairement pas suffisant. Pas avec ce caractère, cette suffisance… pas après ce qui venait de se passer. Et je n’étais pas en état pour écouter la raison qui me soufflait qu’il s’agissait d’un mal pour un bien. Non, il était trop content de son coup pour qu’il ait été guidé par un quelconque sentiment de bienveillance. Il avait voulu me faire du mal et il avait parfaitement réussi. Comme ce vampire… sans même avoir eu à me toucher.
Quelle merde….
Les vampires. Je crois que j’avais touché un point sensible. Son visage est déformé par la haine ou la colère. Peut-être aurais-je eu ce même visage à son égard si je m’étais laissé allée. Les mots coulent dégoulinant d’amertume, l’avertissement est suffisamment clair. Au moins avais-je ma réponse, j’avais menti, sans même le savoir, à la directrice de la PES. En fait, oui, j’étais de ces monstres que je honnissais et c’était surement la raison du petit jeu malsain qui s’était mis en place avec cette sangsue. Je me voyais tellement revenir au bureau de la PES pour lui fournir cette information. Plutôt crever.
-Merveilleux…
Malcom se rapproche et mon corps se tend. Je ne sais qui de l’humain ou du volatile provoque cette réaction. Sans doute les deux. L’image de ces crocs sur ma gorge, enserrant mon corps, souillant mes plumes sont encore vivaces. Je me refuse cependant à fuir son regard. Qu’il était sûr de lui, c’en était vraiment énervant. La colère était un merveilleux moteur, je me l’étais déjà dit. Je m’y raccroche comme à une bouée, elle m’empêche de sombrer. Etrangement, les prunelles de cet enfoiré aussi. Peut-être parce qu’il attisait cette colère. Je n’avais pas la réponse à cela, je ne voulais même pas l’avoir en fin de compte.
Ces mots sonnent juste. Mais sa proximité m’étouffe. Je ne savais même pas quoi demander, mais il semblait enclin à me répondre. Je ne voulais pas savoir, je ne voulais vraiment pas plus m’impliquer….Mais… Avais-je le choix ? J’aurais voulu l’être, vraiment…Assez stupide pour sortir de cette pièce, pour me dire que je me débrouillerais bien seule. Mais ce n’étais pas le cas…
-Très bien… Laisse-moi juste un moment seul s’il te plait. Va te chercher ton café ou t’occuper de ta secrétaire dont les envies de meurtres se sentent jusqu’ici... Il faut que je réfléchisse.
Il fallait surtout que je prenne le temps de relâcher la pression. Sinon j’allais simplement hurler, pleurer et je ne savais encore trop quoi devant cet homme. Et ça je ne le voulais pas. Je n’étais pas si forte que ça, je finirais bien par craquer, je les sentais, derrière la colère, la fierté, le bon sens. L’angoisse, la panique, le dégout… tout ces sentiments qui n’attendaient que la moindre petite faille pour m’engloutir.
A mon grand étonnement, il accède à ma demande et se retire. J’attends que la porte se ferme derrière moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j’actionne le loquet. La pièce me semble terriblement vide tout d’un coup. Mon dos heurte la porte et glisse jusqu'à ce que je touche le sol. Ce n’est qu’a ce moment que les larmes se mettent à couler. Mes genoux se recroquevillent contre ma poitrine, mes bras les enserrent. J’ai l’impression d’être de nouveau une enfant, prostrée de la sorte. Pleurant à chaude larmes, des hoquets silencieux agitant ma gorge.
Je l’avais bien dit, il n’aurait pas suffit de grand-chose. J’aurais préféré pourvoir résister jusqu’au bout, ne pas pleurer. Mais c’était au-dessus de mes forces. Comme l’immonde sentiment d’être sale et repoussante. La pensée que finalement, ma mère aurait mieux fait d’avorter. Si c’était pour enfanter un monstre, elle aurait mieux fait. Peut-être qu’elle aurait eu l’enfant parfait qu’elle n’avait pas eu avec moi.
Je me sentais tellement minable…
Ce sociopathe était disposé à me donner des réponses à des questions que je n’avais même pas. La seule chose qui me venait à l’esprit était combien cette histoire était risible, à quel point j’étais passée du statut d’humaine sans histoire à celui de créature qu’il aurait mieux fallut éradiquer. Et malgré ça, je restais dans cet enfer, auprès du bourreau qui avait provoqué ma chute. Pour en savoir plus, par instinct... Pour tenter de survivre là ou où la raison aurais simplement voulu que je disparaisse.
Je n’avais vraiment rien à faire ici.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là à chouiner, mais il fallait que je me ressaisisse, il n’allait pas me laisser tranquille indéfiniment. J’essuie les larmes, je dois avoir une mine affreuse désormais… j’avais presque envie de m’enfuir discrètement juste pour éviter qu’il ne voit ça et me fasse une remarque… J’étais tombée bien bas. Je débloque doucement le verrou pour qu’il ne claque pas dans le silence qui s’était installé et je commence à ramasser le plus gros des papiers. C’était stupide, je l’aidais certainement ainsi, mais cela m’aidait à réfléchir. J’installe une pile sur son bureau, il restait encore beaucoup à faire, mais je n’étais pas femme de ménage et le singe était déjà de retour. Je n’avais toujours pas la moindre idée de ce que je voulais savoir. J’espérais que les questions viendraient d’elle-même.
Je vais m’adosser contre un mur. Je n’avais aucun envie de m’assoir et j’étais d’un coup très lasse de tout ça. Le fait d’avoir pleuré sans doute.
-Peut-on éviter les transformations ? Même pendant la pleine lune ?
Finalement, ce n’était pas si compliqué. Il fallait juste faire les choses dans l’ordre. Du plus simple au compliqué. Celle-ci ne devait pas être trop technique.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Dim 14 Fév - 20:22
J'ai ce sourire qui ne me quitte pas, comme à chaque fois que je parviens à faire naître une étincelle de colère en elle. Gabriel se retient clairement de me frapper, alors que tout dans mon comportement l'inciterait à le faire. Je ne bouge pas. J'attends... Et une légère déception m'étreint en la voyant se ressaisir. Je me souviens de plus d'une Louve avec qui je me suis bien fritté avant que notre corps à corps ne se finisse d'une toute autre manière... Une autre fois. Difficile d'être ouverte à cette éventualité après une telle révélation, surtout quand il s'agit d'elle. J'ai plutôt été conciliant jusqu'à maintenant, mais uniquement car j'ai déjà eu la satisfaction d'avoir réussi mon coup. A quoi bon pousser le jeu plus loin quand elle a déjà rendu les armes ? J'aurais pu simplement me casser, mais elle était dans mon bureau et ce n'était pas à moi de partir le premier, d'où mon invitation... Ou elle pouvait rester, mais l'issue ne serait pas à son goût.
Quand les vampires sont mis sur le tapis, je n'ai aucun mal à deviner que Gabriel a déjà eu des démêlées avec eux... Mais pas suffisantes pour en avoir fait l'expérience elle-même. Grand bien lui en fasse. Je n'avais aucune bienveillance envers elle, mais je ne souhaitais à aucun métamorphe de se retrouver aux prises avec ces morts assoiffés. Elle le prend avec son calme habituel, et je croirais presque qu'elle a réussi à se bricoler à nouveau ce masque de propreté et de contrôle... Avant qu'elle ne me demande poliment de la laisser un moment.
J'ai un sourire carnassier quand elle se tend à ma seule approche, se raccroche étrangement à cette colère qu'elle éprouve envers moi pour ne pas se laisser succomber. Elle a plongé dans mon regard et l'envie me prend de mordre plutôt que d'accéder à sa requête... J'aurais envie de la voir s'effriter sous mes yeux, péter un plomb pour de bon et hurler de terreur. S'abandonner, tout simplement.
Le choix qu'elle fait m'étonne. Abandon ? Fuite ? Attaque ? Rien de tout cela. Elle temporise, pour reformer sa carapace peut-être... Mais elle ne cherche pas à se soustraire de mes attentions. Etonnant. J'hausse un sourcil, curieux, et me décide à jouer le jeu parce qu'elle a réussi à me prendre à contrepied. Sans un mot ni plus un regard, je sors de mon bureau en refermant la porte derrière moi. Un sourire en coin étire mes lèvres en entendant le loquet s'enclencher peu de temps ensuite. Ce n'est pas ce qui pourrait m'arrêter si je me décide à rentrer, mais pour le moment, j'ai le cas Brigit à régler... Et vu comment elle est plantée à l'autre bout de couloir avec ce regard assassin braqué sur moi, ça risque de me prendre un peu de temps pour lui expliquer la situation. Fort heureusement, elle n'est pas assistante uniquement pour ses qualités d'organisation et de gestion d'entreprise, même si elle excelle dans ce domaine. Mon assistante fait surtout partie des associés de mon père, et même si l'envie de me sauter à la gorge est forte... Elle se contente de renfoncer cette lunette et de prendre note avant de se détourner. Oui, Brigit est aussi présente pour me couvrir en cas de besoin, voir de gérer les bavures, même si elle préfère qu'aucune ne se révèle, et que la moindre est automatiquement rapportée à mon père. Enfin, les problèmes de Gabriel... Je crois qu'il s'en moque complètement.
Je fais un détour au distributeur pour me prendre un café blindé de sucre et des cochonneries à grignoter. Quand on se transforme trop souvent, on a constamment la dalle, et que ce soit dû ou non à ma forme favorite, c'est toujours du sucre que je recherche. Je reviens dans mon bureau peu après, toujours aussi détendu. La porte est entrouverte, comme si elle me laisse rentrer presque à regret. Je la pousse et la referme derrière moi pour la voir s'activer avec mes papiers. J'hausse un sourcil avec un sourire amusé.
- J'aurais peut-être dû t'embaucher finalement. T'es plutôt efficace dans ton genre.
Je lui balance une barre chocolatée sur le bureau, qui atterrit en haut d'une pile de papiers nouvellement constituée.
- Tiens. Ca creuse, de se transformer.
Je la détaille un temps, tandis qu'elle s'adosse au mur pour se donner une certaine contenance... Alors que ses yeux sont rouges d'avoir pleuré. Elle ne trompe personne dans cette pièce, mais je n'ai vraiment pas envie de m'attarder là-dessus, et la remercierait presque de m'avoir épargné ça.
- Si tu apprends à te transformer à l'envie, tu sauras comment éviter de le faire dans les pires moments. Tu auras toujours envie de te transformer si tu es en danger, pour fuir ou attaquer... Mais tu peux te contrôler. La pleine lune, par contre, c'est différent. Elle exerce son pouvoir sur nous de la même manière que sur les Loups. On ne peut pas résister à son appel, et durant cette nuit-là, on s'abandonne à sa forme favorite. C'est une habitude à prendre.
Je marque un silence. Elle pose les bonnes questions finalement, donc je poursuis :
- Si tu n'as pas envie d'apprendre d'autres formes, tu n'en connaîtras qu'une : Celle que tu emploies depuis le premier jour, sous le coup d'une vive émotion. Ce n'est pas toujours celle qui te correspond le mieux, mais surtout celle dont tu avais besoin à ce moment-là. C'est en essayant d'autres formes que tu peux trouver celle qui sera vraiment la tienne, ta favorite. Tu auras moins de mal à la contrôler. Tu te sentiras mieux sous cette forme que sous les autres, et plus proche de ce que tu es vraiment.
Même si, dans son cas, je crains qu'elle ne sache plus vraiment qui elle est. Crise d'identité, quand tu nous tiens... Bon, j'ai fini mon exposé. Je savoure mon café et me rapproche de la fenêtre. J'attends de voir ce qu'elle me réserve ensuite, pour mon plus grand plaisir.
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Malcom Hastings
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Lun 15 Fév - 11:30
-Je ne travaillerais pas pour un patron incompétent. Dis-je alors que je lui tourne le dos et que je m’éloigne.
Peut importe comment il était arrivé à cette position. Ce n’était clairement pas par ses diplômes ou encore son travail acharné. Je ne sais pas, je le voyais très mal assis derrière ce bureau en train de remplir avec sérieux sa paperasse ou tenter de négocier je ne savais quel contrat. Quelque chose me disait que sa secrétaire avait un rôle bien plus important que de la simple organisation. Vu la dégaine du patron, c’était même une évidence.
Il lui manquait une case, ça aussi c’était une évidence, mais sa folie était bien plus insidieuse que je ne l’avais cru de primes abords. Il était capable d’avoir des propos cohérents en fin de compte et c’était bien plus effrayant. Il n’était pas normal. Sa … condition mise à part. Était-ce simplement parce que je l’avais en horreur, ou y avait-il effectivement autre chose ? Je n’avais pas vraiment envie de creuser pour le savoir. Je m’y brulerais les ailes. J’étais déjà bien pathétique, si je pouvais éviter d’en rajouter. Au moins ces pensées superficielles me raccrochaient à une réalité que je connaissais. Un point d’encrage bienvenu dans ce cauchemar grotesque.
Par réflexe j’attrape ce qu’il me lance et hausse un sourcil. De la nourriture ? Il s’explique. Ce gars est étrange. Il se sent le besoin d’humilier ces congénères et leur témoigne une certaine attention par la suite. Savait-il au moins ce qu’il voulait ? J’ai du mal à croire que cela ne cache pas quelque chose. Mais que pouvais-je y faire ? Rien du tout, alors j’attends et j’écoute.
-C’est impossible hein…dommage… Je parlais plus pour moi que pour lui. A part le danger, y-a t-il d’autre facteurs qui pourrait favoriser … ces changements intempestifs ? … Si je te comprends bien, une fois cette forme particulière trouvée, la maitrise est meilleure. Que peut-on faire pour travailler cela ? Les autres formes ect… Enfin pour peu que ça ne soit pas propre à chacun.
Penser en termes d’animal plus que d’humains m’aidait. Oublier pendant un temps que je faisais partie des dits animaux. Le sucre adoucit la bile qui se déverse sur ma langue. Ce taré congénital pouvait être utile de temps en temps. Comme quoi, j’allais de surprise en surprise. Le stresse continue de contracter mes muscles, mais je savais la crise de larmes passé. C’était déjà ça de pris. Réfléchir lorsque qu’une boule écrasait votre gorge en vous empêchant de respirer était tout bonnement impossible. Le mal être était toujours présent, battant cotre mon crane, oppressant ma poitrine, mais au moins pouvais-je le gérer. Un minimum.
-Des faiblesses dont je devrais être au courant ?
On passait du documentaire animalier à celui de solutions pour jeux vidéo. C’était merveilleux comme cette conversation me paraissait stupidement illogique. Je voulais aller vite, éviter de m’étendre plus amplement sur le sujet. Le sourire de Malcom me tapait sur les nerfs, ces insinuations graveleuses encore plus. Il se moquait de moi ouvertement, je n’aimais pas cela, surtout quand je me sentais si mal dans ma peau, étrangère à moi-même… vraiment il me donnait une furieuse envie de lui envoyer un coup dans les bijoux de familles. Personne ne m’en voudrait, je veux dire, il fallait éviter que ce genre d’individu ne puisse se reproduire, non ?
Je me masse les tempes, le sang battait, me donnait mal à la tête tandis que j’organisais les informations qu’il me donnait. Je devais procéder avec précaution, évacuer les pensées superflues. Celles qui briseraient le semblant de stabilité que j’avais réussi à récupérer. La fatigue n’aidait pas, j’avais envie de me rouler en boule quelque part pour ne plus en bouger. Il fallait que j’assimile ces nouvelles connaissances, que je les digère… Mais cela ne se passerait pas sans heurts, pour le moment, je me contentais de les retenir. C’était déjà suffisamment pénible d’avoir cette discussion avec un mec aussi antipathique que lui. Friandise offerte ou non.
-Comment as-tu su que j’étais comme toi ?
J’étais assez contente de moi. Les mots ne butent pas, même si mon égo s’offusque de la phrase. Je n’étais pas comme lui…enfin si peut-être un peu. Mais je valais mieux que lui…
Enfin certainement…
Hé merde….
Je détestais ce sentiment, cette nouvelle conscience qui me chuchotait méchamment que je ne valais pas grand-chose. Que le petit jeu avait assez duré, que j’étais…un monstre. Je faisais ce que je pouvais pour l’ignorer, pour ne pas la laisser m’envahir et parasiter la logique dont j’avais besoin pour poser les bonnes questions. Mais elle restait là quand même, comme un bruit de fond désagréable et malsain. Mes bras se croisent sur ma poitrine comme pour me protéger de moi-même. Je me sentais si stupide… tellement vulnérable. Quel enfer.
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Lun 7 Mar - 18:45
Je lâche un bref rire, à sa répartie. Sérieusement, pourquoi je m’attarde avec une fille pareille ? Peut-être parce qu’elle arrive à m’amuser, ou parce que comme tout grand félin qui se respecte, j’aime bien jouer avec mes proies avant de les tuer. Elle ne se rend pas compte que chaque pique risque de lui être rapidement très dommageable…
- Evite de me provoquer, gamine. Je pourrais te le faire amèrement regretter plutôt que de te donner un coup de patte. On dirait que tu ne saisis pas la chance que tu as d’avoir quelqu’un pour t’expliquer suite à ta première transformation… On n’a pas tous été dans ce cas-là.
C’est peut-être bien parce qu’elle avait raison sur le fond que je me sens obligé de la rembarrer. Je ne ramerais pas autant à assurer mes fonctions si j’avais eu l’occasion de faire des études, mais on n’avait pas tous vécu dans le même cocon doré qu’elle. Voilà certainement la raison qui m’avait poussé à mettre le bordel dans son existence si bien ordonnée, d’un simple déclic. Un jour, elle remercierait pour ça… Ou pas. J’aurais la satisfaction de la voir vivre chaque seconde avec elle-même à supporter.
- Ce qu’on peut faire pour le travailler ? Aller au zoo.
Je lance le papier de la barre chocolatée dans la corbeille, lui répondant avec flegme. Je me retiens de rire à nouveau devant ce sérieux qu’elle affiche, comme réalisant progressivement que sa nouvelle condition est bien réelle, et inévitable.
- Ça te dit une petite sortie ?
Un peu plus et on croirait que je lui fixe un rencard. Ouais… Sauf que je la connais bien la finalité. Elle n’a pas envie de coucher, et même si ça me démange de la forcer pour lui faire passer l’envie de se servir de sa langue autrement, je m’en garde pour le moment. Elle rejoindra peut-être la meute d’elle-même, et je n’ai pas envie de me créer des problèmes inutilement… Pas dans l’état actuel des choses en tout cas. Merde, la meute commence à faire de moi un mec bien rangé. La faute aux Valentyne, tout ça.
- L’argent. C’est un véritable poison pour nous. Tu peux le toucher, bien sûr. C’est bien pour ça que tu n’as pas dû t’en rendre compte, mais s’il passe sous ta peau la réaction va être très violente.
Elle en avait subitement pas mal des questions à poser, le temps d’assimiler sa nouvelle nature en un éclair… Gabriel s’adapte bien plus vite que je ne l’ai espéré. Peut-être qu’elle avait pris le temps de péter son câble pendant que je me prenais un café, mais chez elle ça signifiait visiblement ranger mon bureau. On n’était vraiment aux antipodes, tous les deux.
Et pourtant… J’éclate d’un rire violent en me prenant la tête à une main quand elle me demande avec l’innocence incarnée comment j’ai pu savoir que nous étions pareils. Oui, que nous étions pareils. Elle l’avouait d’elle-même. Il me faut un peu de temps pour me calmer, alors que sa gêne apparente ne fait que renforcer mon hilarité. Putain, j’en peux plus… C’est encore plus jouissif de piétiner ses chers principes du pied que de me la faire.
- Ah, c’est trop bon… Je te laisse expérimenter par toi-même, oiselle.
Je m’approche d’elle pour lui tapoter l’épaule, puis sors mon téléphone de ma poche.
- Bon alors, on a fait le tour là ? On se fixe ce rencard au zoo, ou pas ? Je te donne mon numéro, tu feras comme tu veux après. Ce sont tes problèmes maintenant, plus les miens. Je te propose mon aide pour apprendre à te maîtriser, à prendre ou à laisser. Mais ne tardes pas trop sinon je te ferais payer les frais de dépassement.
Je lui décoche un sourire charmeur, de toutes mes dents. Je vais trop rire si elle accepte… Le pire ? C’est qu’elle serait capable de me prendre au pied de la lettre et me demander la facture.
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Malcom Hastings
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Sujet: Re: "Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé] Lun 7 Mar - 21:46
Son rire me hérisse les poils. Les plumes auraient été plus exactes, mais je tue cette pensée sitôt sortit de mon inconscient. Je me haïssais des fois. Aujourd’hui plus que jamais. Je le toise, mon regard est chargé d’un mépris sans nom. Il pensait réellement me faire peur ? Il avait déjà saccagé ma vie, bien plus qu’il ne pouvait se l’imaginer, alors je n’allais pas me mettre à le remercier des larmes de reconnaissance des les yeux. Et puis quoi encore. La seule chose que j’avais, présentement, envie de lui démontrer, c’était la colère qu’il pouvait m’inspirer. Enfin, il était peut-être fort dans sa violence, il n’en restait pas moins incompétent, à mes yeux, au poste qu’il occupait et il n’avait rien fait pour m’en démontrer le contraire. La manipulation n’était pas un critère de choix, je précise.
Je fronce les sourcils en le regardant, est-ce qu’il se foutait de ma gueule ? Le zoo, vraiment ? Son air était sérieux. Je pensais comprendre ce qui était sous-entendu par là. Il n’était clairement pas un bon professeur, enfin ce n’était pas comme s’il était de bonne volonté aussi. Pour je ne sais quelle raison, il répondait juste à mes questions. L’interprétation restait néanmoins à ma charge. Il ne fallait pas trop en demander avec un porc décérébré comme lui.
-J’espère que c’est une blague.
C’en était une, il ne pouvait pas me blairer, c’était réciproque. Même si son sadisme transformait cette aversion en plaisir. Je le laissais avoir trop d’ascendance sur moi… Mais comment pouvait-il en être autrement. Situation de merde, réalité chaotique. Comment tout ça a pu arriver. C’était impossible, impensable.
Je mémorise mentalement les informations qu’il me donne. Enfonce mes ongles dans mon bras. J’étais un monstre, un putain de monstre. L’argent, ca ne sortait pas d’un conte de fée ce genre de chose, non ? Et j’étais obligée de rester là, avec le plus grand sérieux, le plus grand calme. Sinon, il en serait trop satisfait, sinon j’allais fuir comme une greluche épouvantée par le noir. Sauf que le croquemitaine était à mes portes et manque de bol, il s’avérait que je faisais partie de la famille. Je m’en serais bien passée. J’avais l’impression de haïr tout et tout le monde, comme si la terre entière était responsable de mon état et qu’ils se moquaient bien de moi. Je ne sais pas si c’était vraiment le cas, mais Malcom, lui, il prenait son pied.
-Range ta langue, tu vas finir par baver.
Je me soustrais à sa main. Son contacte me laisse une sensation étrange sur l’épaule. J’ai envie de gratter, laver, nettoyer. C’était comme s’il m’avait souillé, une fois de plus, une fois de trop.
-Oui, on a fait le tour. Et pas de rencard, merci.
D’une petite impulsion, je me décolle du mur. Sans le regarder, je vais récupérer mes affaires. Seulement mon sac que j’avais replacé sur ma chaise avant que le monstre ne revienne. Je le sens, son regard sur moi, derrière mon dos. Même ça, ça m’énerve.
-Comme tu le dis, ce ne sont pas tes problèmes. Même si tu as pris un malin plaisir à me les refiler. Ne pas le remarquer aurait été de l’aveuglement. Et c’est ça qui aurais été dangereux avec ce genre de personne. Je te laisse à tes obligations. Vu le bordel, tu risque d’être occupé le reste de la journée.
Je me retiens de rajouter l’évidence. Il ne s’en occuperait pas, il déléguerait. Cependant, s’il le faisait, j’espérais bien que sa secrétaire lui ferait regretter ce geste. Ce que moi, j’étais présentement bien incapable de faire.
- Amuse-toi bien.
Alors que je franchis le pas de la porte, la boule revient, comprime ma gorge et fait battre mon cœur. Il fallait que je sorte d’ici et vite.
Spoiler:
Merciiiiiiiiii . Comme d'hab, c'était vraiment drôle d'écrire avec toi ^-^
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Gabriel Hudson
Le calme avant la tempête
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"Le hasard fait mal les choses." [Livre III - Terminé]